Libre accès (édition scientifique)

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Un des logos du libre accès, d'origine de PLoS.

Le libre accès (en anglais : open access) est la mise à disposition en ligne de contenus numériques, qui peuvent eux-mêmes être soit libres (Creative commonsetc.), soit sous un des régimes de propriété intellectuelle. Le libre accès est principalement utilisé pour les articles de revues de recherche universitaires sélectionnés par des pairs. On devrait, en réalité, distinguer le libre accès (libre = open access en anglais) et l'accès ouvert (gratis open access[1]), afin de distinguer plus nettement ce qui est « simplement » en accès gratuit pour l'internaute (accès ouvert) et ce qui est en accès gratuit et libre, parce que soumis à une licence d'utilisation dite libre (Creative commons, par exemple). Le libre accès peut, en théorie, inclure l'accès aux données afin de permettre l'exploration de données, mais ce n'est en général pas le cas.

Il existe deux types[2] de libre accès (à ne pas confondre avec l'accès libre) avec de nombreuses variations.

  • Dans la publication en libre accès[3], également connue comme la voie « dorée » du libre accès (Gold Open Access), les revues rendent leurs articles directement et immédiatement accessibles au public. Ces publications s'appellent des « revues en accès ouvert» (« Open access journals »). En 2014, 17 % des articles scientifiques (y compris de sciences humaines) publiés dans le monde l'étaient selon ce modèle (Gold OA) (la proportion n'était que de 14 % en 2012)[4]. Un exemple de publication en libre accès est la revue Public Library of Science[5], qui utilise le modèle de financement dit « auteur-payeur ».
  • En ce qui concerne le libre accès par auto-archivage[6], aussi appelée la voie « verte » du libre accès, les auteurs déposent des copies de leurs articles sur une archive ouverte[7]. Un des principaux partisans de la « voie verte » est Steven Harnad[8], et cela depuis 1994[9].

Le libre accès est actuellement à l'origine de beaucoup de discussions entre universitaires, bibliothécaires, administrateurs d'universités, éditeurs scientifiques et politiciens. Il existe un désaccord substantiel sur le concept de libre accès, avec un grand débat autour de sa rémunération économique.

En 2019, selon une étude, 31% des 71 millions d’articles publiés entre 1950 et octobre 2019 sont en libre accès. Les auteurs prédisent que 44% de tous les articles seront en OA en 2025[10].

Historique

Le mouvement moderne des archives ouvertes est né avec le potentiel dégagé par l'arrivée d'Internet. Le coût fixe de production de l'article peut alors être clairement séparé du coût marginal de distribution en ligne. Ces nouvelles possibilités ont émergé à un moment où le système traditionnel, basé sur l'impression papier des revues scientifiques, était en crise. De fait, le nombre de journaux et d'articles produits a augmenté à un taux dépassant celui de l'inflation alors que les budgets des bibliothèques universitaires ont stagné. Ainsi, aux États-Unis, et selon l'Association of Research Libraries (en), les dépenses en matière de périodiques ont augmenté de 402 % entre 1986 et 2011, contre 71 % pour les monographies[11].

Au moment même où la technologie rendait possible, pour la première fois, un accès presque illimité aux revues scientifiques, cet accès devait se voir limité au sein des universités pour des raisons budgétaires. Face à ce constat, les bibliothécaires ont joué un rôle important dans le mouvement des archives ouvertes, d'abord en alertant le corps enseignant et les administrateurs sur la crise provoquée par le coût croissant des abonnements aux revues savantes. En 1997, l'association des bibliothèques de recherche a créé la coalition SPARC qui regroupe des bibliothèques universitaires et de recherche ainsi que d'autres organismes pour faire face à la crise et développer des solutions de rechange, telles que le libre accès et les archives ouvertes.

La première archive scientifique disponible en ligne fut arXiv. Lancée en 1991, c'était au début un service de prépublication de documents de travail pour des physiciens[12]. L'existence antérieure d'une culture de diffusion des documents de travail, en physique des particules notamment, serait une des raisons principales pour expliquer la réussite d'arXiv. Aujourd'hui, l'auto-archivage est devenu la norme en physique, avec quelques sous-domaines de la physique, tels que la physique des particules, ayant un taux de 100 % d'auto-archivage[réf. nécessaire].

Une des premières déclarations internationales fondatrices sur le libre accès, qui inclut une définition, une information de fond et une liste de signataires, est la Budapest Open Access Initiative lancée le [13]. Ce rassemblement est reconnu comme le premier rassemblement historique fondateur du mouvement du libre accès. Cette déclaration a été mise à jour en , à l'occasion d'un second rassemblement, la BOAI 10[14].

La déclaration de Budapest est suivie, en 2003, par la publication de deux autres déclarations fondatrices, à savoir la Déclaration de Bethesda, lancée en , et la Déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance en sciences et sciences humaines, en [15]. La Déclaration de Berlin est construite et basée sur la définition issue de l’Open Access Initiative de Budapest.

En 2004, l'université du Minho, au Portugal, est la première université qui exige le dépôt des travaux de recherche[16]. L'université publie une politique de dépôt obligatoire, « ce qui entraîna immédiatement une croissance forte du dépôt institutionnel local »[16].

Certains sites web comme Sci-Hub créé en 2011 permettent un accès illégal à des documents couverts par un copyright par l'obtention des comptes d'étudiants, de scientifiques ou d'institutions ayant un accès libre à la plateforme de mise à disposition des articles[17].

Acteurs du libre accès

Auteurs et chercheurs

Pour les scientifiques, la principale motivation pour mettre ses articles en libre accès est l'impact (l'audience) de celui-ci[réf. nécessaire]. Outre la diffusion des connaissances[18], le facteur d'impact est en effet devenu un critère d'évaluation de la recherche et des chercheurs[19]. De plus en plus, les auteurs sont invités à rendre leurs travaux accessibles librement, aussi bien par les organismes financeurs de la recherche, tels que NIH[20], le FNS[21] et le WT[22], que par les universités[23]. De fait, près de 3 000 chercheurs en intelligence artificielle ont signé une pétition renonçant à publier leurs travaux dans Nature Machine Intelligence de l'éditeur scientifique Nature Research, dont l'accès aux publications est payant, préférant publier leurs articles sur le site d'ArXiv[24].

Les auteurs qui souhaitent rendre leur travail librement accessible ont un certain nombre de possibilités. Une des options est de publier dans une revue en libre accès (« gold OA » ou voie dorée)[25]. Pour trouver ces revues, il est possible d'utiliser le Directory of Open Access Journals[26] DOAJ. Le DOAJ est loin d'être complet à cause du temps nécessaire au processus de vérification de la qualité de la revue ; il recense néanmoins plus de 10 000 revues en 2015.

Selon les cas, la revue peut demander le paiement de frais de publication (en anglais, article processing charges) à l'auteur ou à son financeur - d'où le terme de « modèle auteur-payeur » parfois employé. Traditionnellement, beaucoup de revues universitaires facturent des frais aux auteurs pour la mise en page, l'ajout de graphiques, d'images en couleurs... ; les frais de publication pour la diffusion en libre accès viennent s'ajouter à ces frais pour les auteurs. Cette pratique de frais de publication ne toucherait que 26 à 29 % des revues en libre accès référencées par le DOAJ[27] ; elles seraient également moins taxées de frais d'auteurs que les titres traditionnels à abonnement[réf. nécessaire]. Quand les revues pratiquent des frais de traitement, c'est l'employeur (ou le bailleur de fonds) de l'auteur qui paye ces honoraires, et non pas l'auteur. De plus, des provisions sont constituées afin de couvrir les auteurs pour qui le fait de publier pourrait entraîner des difficultés financières.

La seconde option (« green OA » ou voie verte) est l'auto-archivage par l'auteur : celui-ci dépose une copie de son article dans une archive ouverte, qui peut être institutionnelle ou thématique. Pour vérifier si un éditeur a donné son accord à un auteur pour l'auto-archivage, l'auteur peut vérifier quelle est la politique de l'éditeur vis-à-vis de l'auto-archivage sur le site web SHERPA/RoMEO[28] mis en place par le JISC. En France, le projet Héloïse remplit la même fonction.

Il existe également d'importantes différences entre les travaux universitaires, scientifiques ou autres :

Le libre accès inclut l'accord général des auteurs de la libre distribution du travail et de la publication sur une infrastructure (technique) qui permet une telle distribution. En revanche, on présume souvent que l'idée du contenu libre (Open Content[29]) inclut la permission générale de modifier un travail donné. Or le libre accès se rapporte principalement à la disponibilité libre sans aucune autre implication. En effet, beaucoup de projets de libre accès sont concernés par la publication scientifique – un secteur où il est tout à fait raisonnable de maintenir un contenu de travail statique et de l'associer à un auteur déterminé.

L'attribution est très importante dans les travaux de recherche, tant pour des raisons de carrière que, dans certains cas, pour des raisons inhérentes au contenu de la science elle-même[30].

Tandis que le libre accès se concentre actuellement sur les articles de recherche, n'importe quel créateur qui souhaite travailler ainsi peut partager son travail et l'en décider les règles pour le rendre accessible à tous. Creative Commons fournit des moyens aux auteurs pour qu'ils indiquent facilement des autorisations et des permissions facilement lisibles et compréhensibles par des humains et/ou des machines dans le but de « libérer les sciences »[31].

Utilisateurs

Les principaux lecteurs des articles des recherches sont d'autres chercheurs. Le libre accès permet aux chercheurs et aux étudiants, en tant que lecteurs, d'accéder à des articles de revues auxquelles leurs bibliothèques ne se sont pas abonnées. Les grands bénéficiaires du libre accès sont d'abord les États, qui financent la recherche publique laquelle constitue souvent une grande part de la recherche totale, et doivent payer, en outre, les abonnements aux revues publiant des articles issus de travaux de recherche publics, mais également les pays en voie de développement, dans lesquels certaines universités n'ont pas d'abonnements à des revues scientifiques (et au-delà : en 2015, la Grèce a dû annuler ses abonnements via le Hellenic Academic Libraries Link en raison de la crise[32]). Cependant, tous les chercheurs en bénéficient car aucune bibliothèque ne peut s'offrir un abonnement à tous les périodiques scientifiques. La plupart d'entre elles ne sont abonnées qu'à une fraction d'entre eux[33]. Lee Van Orsdel et Kathleen Born ont résumé cet état actuel par ce que les bibliothèques appellent « la crise de la publication périodique »[34].

Le libre accès étend les résultats de la recherche au-delà de la communauté scientifique. Un article en libre accès peut être lu par quiconque, que ce soit un professionnel dans un domaine, un journaliste, un décideur politique, un fonctionnaire, un acteur associatif ou un amateur intéressé. Plusieurs études se sont intéressées aux usages extra-académiques qui pouvaient être faits des travaux scientifiques[35].

Ceux qui s'intéressent à la recherche scientifique peuvent consulter le Directory of open access journals[36]. On peut y trouver un certain nombre de revues obéissant au principe de la validation des articles par des pairs, entièrement accessibles, ou utiliser le moteur de recherche du site. Des articles peuvent également être trouvés par des recherches sur le Web, en utilisant n'importe quel moteur de recherche ou ceux spécialisés dans la littérature scientifique universitaire tels que OAister[37], Citebase[38], Citeseer[39], Scirus[40] et Google Scholar[41]. En utilisant cette technique, il est important de se rappeler que les résultats peuvent inclure des articles qui ne sont pas passés par le processus de contrôle de qualité des revues validées par des pairs. Il existe plusieurs sites avec guides d'accès libre aux publications scientifiques[42].

Bailleurs de fonds de recherche et universités

Les bailleurs de fonds et les universités veulent s'assurer que les travaux de recherche qu'ils financent ou qu'ils soutiennent de différentes manières, ont l'impact le meilleur possible pour la recherche.

Certains bailleurs de fonds du monde de la recherche commencent à demander que les recherches qu'ils ont financées soient accessibles en libre accès. Par exemple, les deux plus grands bailleurs de fonds au monde dans le domaine de la recherche médicale, ont demandé à leurs chercheurs de diffuser en libre accès les résultats des travaux de recherche qu'ils ont financé. Ces politiques sont nouvelles, et s'appliquent aux nouveaux accords, ainsi les résultats apparaîtront lentement mais sûrement. Par exemple, le « U.S National Institute of Health's Public Access Policy »[43] a pris effet en . Les chercheurs qui souhaitent obtenir des subventions doivent se plier aux directives de leurs financeurs en matière de diffusion des résultats de recherche.

D'autres bailleurs de fonds se situent dans un processus de révision de leurs politiques, en vue de maximiser leur impact. Un des développements les plus notables dans ce secteur est la politique proposée au Royaume-Uni par le « Conseil de Recherche »[44] sur l'accès aux publications de recherche. Cela signifie qu'à terme, environ la moitié de la recherche produite dans les universités britanniques sera disponible en libre accès, par le biais des archives ouvertes institutionnelles. Ce qui est intéressant au sujet de cette initiative se situe dans le fait qu'elle couvre toutes les disciplines, et pas seulement la bio-médecine, contrairement aux agences de santé des États-Unis. Un autre exemple est le « Social Sciences and Humanities Research Council » au Canada[45]. Ce conseil a lancé une consultation sur tout le pays afin de transformer le conseil de sorte qu'il puisse soutenir davantage les chercheurs et s'assurer que les Canadiens bénéficient directement de leurs investissements dans la recherche et dans le savoir. Ceci marque un accent plus clair sur la valeur de la recherche au public, et n'est pas restreint à la communauté des chercheurs, tel qu'il est vu dans d'autres initiatives semblables.

Les universités commencent à adapter leurs politiques, en exigeant que leurs chercheurs rendent disponibles leurs publications en libre accès, et développent les archives ouvertes institutionnelles sur lesquelles ces publications peuvent être déposées. C'est le cas, par exemple, du CNRS via son projet HAL , porté par le centre pour la communication scientifique directe[46].

Public et recommandations

Le libre accès, dans le domaine de la recherche, est important pour le public, et cela pour plusieurs raisons :

  • Un des arguments qui plaide en faveur du libre accès à la littérature scientifique, est que la plupart de ces recherches sont financées par les contribuables. C'est une des raisons de la création de groupes de recommandations tels que « The Alliance for Taxpayer Access »[47].
  • Par ailleurs, l'accès à la littérature de recherche intéresse particulièrement certains groupes de publics : par exemple pour les patients atteints de maladies rares, pour lesquelles peu d'information est disponible, ou bien pour les amateurs éclairés, dans de nombreuses disciplines.

Même ceux qui ne lisent pas les articles scientifiques bénéficient indirectement des effets de l'Open Access : si on ne veut pas lire des journaux médicaux par exemple, il est préférable que votre docteur ou d'autres professionnels de la santé y aient accès. L'Open Access accélère la recherche, et fait progresser la productivité : dans le monde, chaque chercheur peut lire un article quel qu'il soit, et pas simplement ceux qui paraissent dans des journaux spécialisés (auxquels leur bibliothèque n'est pas obligatoirement abonnée). Plus les découvertes sont rapidement diffusées, plus ces dernières profitent à tout le monde.

Bibliothèques

Les bibliothécaires sont souvent de fervents défenseurs du libre accès, parce que l'accès à l'information se situe au cœur même des préoccupations de cette profession. Beaucoup d'associations de bibliothèques ont signé des déclarations en faveur du libre accès. Par exemple, en , l'Association canadienne des bibliothèques a adopté une résolution en faveur du libre accès[48]. L'association des bibliothèques de recherches américaine est l'une des principales fondatrices de la coalition pour la publication de recherche : Scholarly Publishing and Academic Ressources Coalition (SPARC[49]).

En Amérique du Nord et en Europe, dans beaucoup d'universités, la bibliothèque est le centre des archives institutionnelles, où les auteurs déposent leurs articles, comme à Harvard[50], à l’Université de Liège[51] ou à Sorbonne Université[52]. Quelques bibliothèques sont à l'origine de revues telles que le Journal of Insect Science de la bibliothèque de l'université de l'Arizona, ou fournissent un support technique afin de créer des revues. Les bibliothèques de l'Université des Antilles assurent par exemple l'accompagnement à l'édition numérique de la revue en accès libre Études caribéennes, elles administrent l'archive institutionnelle HAL-UAG et pilotent la bibliothèque numérique Manioc.org, portail de valorisation du patrimoine et de la recherche de la zone Caraïbe- Amazonie-Plateau des Guyanes.

Éditeurs

Il existe beaucoup d'éditeurs différents (et de types d'éditeurs) au sein de la communauté scientifique. Les réactions des éditeurs de revues vis-à-vis du libre accès sont contrastées. Certains y voient de nouvelles opportunités économiques et mettent en place des programmes d'accès « hybride » à leurs publications : la revue est alors diffusée de façon traditionnelle sur abonnement, mais l'auteur d'un article peut également payer pour que celui-ci soit disponible en accès libre. L'éditeur est donc payé deux fois pour les articles diffusés selon ce modèle. D'autres font du lobbying actif contre les propositions du mouvement open access.

Des systèmes libres de publication sont disponibles pour ceux qui souhaitent diffuser leur revue scientifique en libre accès, par exemple Open Journal Systems (OJS)[53], développé grâce au « Public Knowledge Project »[54], et, « HyperJournal »[55], conçu par des volontaires. Lodel[56], Logiciel d'édition électronique créé par le portail OpenEdition Journals est également disponible (en français). Bien qu'ils soient conçus initialement pour de l'édition universitaire, OJS, Lodel et Hyperjournal peuvent être utilisés par tout le monde.

Les éditeurs des pays en voie de développement peuvent entrer en contact avec Bioline International[57] afin de recevoir une aide gratuite pour créer une publication électronique. La mission de Bioline International est de réduire le fossé de connaissance entre le Sud et le Nord, en aidant les éditeurs des pays en voie de développement à rendre leurs travaux plus accessibles grâce à l'électronique.

Le libre accès à l'international

En France

En France, plusieurs initiatives d'accès ouvert se sont développées, couvrant les stratégies dites « vertes » (dépôt par l'auteur) et « dorée » (mise en ligne en accès ouvert par l'éditeur). Le projet de loi pour une république numérique, porté en 2015-2016 par la secrétaire d’État Axelle Lemaire, doit étendre le libre accès. L'archive HAL est la plus importante, car elle regroupe, dans une optique nationale, de nombreux organismes et universités. Le tableau ci-dessous montre que HAL accueillait 234 942 documents en accès ouvert au début de l'année 2013, dont près de la moitié viennent d'articles publiés dans des revues avec comité de lecture, proportion toujours similaire à la fin de l'année 2016.

Marin Dacos en 2014
Les types de documents dans HAL[58] 2013 2013 (%) 2016 2016 (%)
Articles dans des revues avec comité de lecture 109793 46,73 % 196584 45,09 %
Articles dans des revues sans comité de lecture 2191 0,93 % 4121 0,94 %
Conférences invitées 1778 0,76 %
Communications avec actes 37898 16,13 % 69588 15,96 %
Communications sans actes 6166 2,62 % 14400 3,30 %
Ouvrages scientifiques 648 0,28 % 1131 0,25 %
Chapitres d'ouvrages scientifiques 6377 2,71 % 13635 3,12 %
Directions d'ouvrages 44 0,02 % 342 0,07 %
Poster 1560 0,35 %
Autres publications 3757 1,60 % 5371 1,23 %
Thèses 31065 13,22 % 57349 13,15 %
HDR 1815 0,77 % 2939 0,67 %
Cours 589 0,25 % 834 0,19 %
Preprint, Working Paper, Document sans référence, etc. 21597 9,19 % 41100 9,42 %
Données de recherche 26997 6,19 %
Total 234942 435951

En 2018, le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche a lancé le Plan national pour la Science ouverte[59]. L'historien et créateur de la plateforme Open Edition, Marin Dacos, est devenu le conseiller Science ouverte de la ministre Frédérique Vidal. Il est à la tête du Comité pour la Science ouverte.

En Belgique

En Belgique francophone, la plupart des universités possède leur archive institutionnelle : l'Université de Liège a développé ORBi[60], l'Université catholique de Louvain et l'Université de Namur DIAL[61], l'Université libre de Bruxelles DI-fusion[62]. Ces systèmes sont souvent accompagnés d'un fort mandat d'incitation aux dépôts[63]. La clef de voûte de cette incitation au dépôt est que seuls les articles des chercheurs déposés par exemple dans l'archive ORBI ou DIAL sont pris en compte dans l'évaluation de l'activité de recherche (et parfois du financement institutionnel de celle-ci).

Au Canada

Le portail Érudit a été fondé en 1998 pour diffuser des revues savantes et déposer des articles, ouvrages électroniques et thèses. Il s'appuie sur un consortium interuniversitaire (Université de Montréal, Université Laval, Université du Québec à Montréal) et se présente comme « la plus importante plateforme de recherche francophone en Amérique du Nord »[64]. Il rassemble 150 éditeurs universitaires et culturels canadiens. Au printemps 2017, Érudit établit un partenariat avec le Public Knowledge Project pour former la Coalition Publi.ca, un partenariat stratégique « dédié à l'avancement de la diffusion de la recherche et de la publication savante en SHS et en arts et lettres, au Canada et dans le monde »[65], qui cherche à favoriser la diffusion en libre accès des savoirs produits par les revues scientifiques. Chaque université canadienne gère un dépôt institutionnel qui met en valeur la production scientifique de ses chercheurs et de ses étudiants.

En 2015, le gouvernement fédéral canadien lançait la « Politique des trois organismes sur le libre accès aux publications », qui s’appliquait aux travaux financés en totalité ou en partie par le CRSNG, le CRSH et les IRSC (remplaçant la politique déjà en place depuis 2008 dans ce dernier organisme). On peut y lire que « les titulaires d’une subvention doivent s’assurer que les articles découlant de la recherche financée par les organismes qu’ils publient dans une revue avec comité de lecture sont accessibles gratuitement dans les 12 mois qui suivent leur publication ». Pour ce faire, les titulaires d’une subvention peuvent avoir recours à un dépôt en ligne ou à une revue. La politique stipule que « ces moyens ne s’excluent pas mutuellement. Les chercheurs sont fortement encouragés à déposer dans un dépôt en ligne accessible, immédiatement après sa publication, une copie de leur manuscrit final et évalué par les pairs même s’il est librement accessible dans le site Web de la revue »[66].

Malgré cette politique, une étude de 2018 a révélé que les chercheurs canadiens se conforment mal aux exigences de diffusion en libre accès de leurs travaux. Afin de favoriser la publication en libre-accès, les trois organismes fédéraux ont expliqué avoir lancé un projet pilote visant à stimuler la participation à une base de données européenne regroupant la recherche en libre accès et le CRSH a réorienté ses critères de financement des revues savantes[67].

Aux Pays-Bas

En 2014, la Vereniging van Samenwerkende Nederlandse Universiteiten (VSNU) a annoncé avoir reconduit son abonnement à un package de 2 000 revues publiées par Springer, en incluant dans le contrat des conditions selon lesquelles tout article publié par un chercheur membre d'une université néerlandaise devait être mis en libre accès sans frais supplémentaires. Peu avant Noël 2015, VSNU annonça un accord analogue passé avec Elsevier après avoir menacé ce dernier d'un boycott s'il n'acceptait pas ces conditions. D'ici à 2018, 30 % des articles écrit par des chercheurs travaillant dans des universités néerlandaises et publiés dans des revues Elsevier devraient être en libre accès[68].

Au Royaume-Uni

Jisc (en), qui représente les institutions d'enseignement supérieur au Royaume-Uni, a négocié en un contrat analogue à ceux passés par les Pays-Bas, conduisant à mettre en libre accès les articles publiés dans 1 600 revues de Springer lorsque ceux-ci sont rédigés par des chercheurs membres d'institutions britanniques[68].

En Suisse

En 2024, l'accessibilité gratuite devra être donnée pour toutes les publications financées en Suisse par des fonds publics[69].

Dans la Communauté européenne

L'engagement de la Communauté européenne avec le libre accès à la science se manifeste avec le document « Guidelines on Open Access to Scientific Publications and Research Data in Horizon 2020 » ()[70], et le financement de projets comme OpenAIRE[71], EUDAT[72], FOSTER[73] et RDA-Europe[74] entre autres. En , le Conseil européen de la recherche ainsi que 12 agences nationales ont lancé le Plan S, une initiative qui vise à ce que les travaux financés par des fonds publics soient en libre accès d'ici à 2020.

À l'UNESCO

L'UNESCO adopte, lors de la 191e session du Conseil Exécutif, une politique de libre accès de tous ses résultats et réalisations. Cela s'applique en particulier à toutes ses publications parues depuis le [75].

Le document Principes directeurs pour le développement et la promotion du libre accès, par Alma Swan (avec relecture entre autres de Jean-Claude Guédon), a pour objectif de promouvoir le libre accès dans les États membres de l'UNESCO[76].

La voie diamant

La voie diamant, aussi appelée « voie platine », est présentée comme une variante de la voie dorée où des organisations et associations non-commerciales et sans but lucratif publient du matériel rendu disponible en ligne et en format digital, gratuit autant pour l'auteur que pour le lecteur et qui ne permet pas une réutilisation commerciale ou pour le profit[77]. Les auteurs conservent donc leurs droits d'auteurs, et le matériel publié est diffusé par défaut en licence libre Creative Commons. Les revues appliquant le modèle diamant peuvent être subventionnées, directement ou indirectement, par des institutions reliées à la production des savoirs, ou générer leur revenu par des services auxiliaires ou de la publicité. Elles s'appuient sur le fait que l'essentiel du travail intellectuel qu'implique une publication scientifique est réalisée bénévolement par les chercheurs, quel que soit le modèle[78]. Ce modèle est soutenu par Science Europe[79].

Critiques

Dans le quotidien québécois Le Devoir en 2013, le vice-recteur et professeur de l'époque, Pierre Noreau signale ses inquiétudes quant à la publication massive de la recherche en langue anglaise au détriment du français[80].

En effet une enquête présentée par Jennifer Dion, Le défi de former une relève scientifique d’expression française : l’usage du français et de l’anglais dans la formation universitaire aux cycles supérieurs au Québec, évoque l'hégémonie de la langue anglaise dans les publications scientifiques notamment dans les secteurs du génie, de l'administration et des sciences de la santé[81].

Pierre Noreau explique que dans les domaines des sciences sociales l'utilisation de la langue implique des enjeux différents[80] : « on n’a pas de langage universel, comme en mathématique, par exemple. Par conséquent, le fait d’écrire dans une langue ou dans une autre, ça a un impact direct sur le contenu même. Il y a une plus grande compénétration des dimensions linguistiques et des modes d’expression de la pensée. Dans ces secteurs-là, on ne peut tenir compte de la production scientifique sans tenir compte du caractère linguistique »[80].

Pierre Noreau évoque également la problématique de l’accessibilité et de la diffusion des publications scientifiques en langue française : « le milieu francophone de la recherche ne bénéficie pas d’un système d’indexation systématique des publications scientifiques »[80], contrairement au milieu anglo-saxon.

Il souligne en terminant que la solution pourrait résider dans la publications des recherches avec l'aide des éditions numériques contrairement aux éditeurs traditionnels, qui selon lui, sont moins sensibles à la problématique[80].

Notes et références

  1. http://legacy.earlham.edu/~peters/fos/newsletter/08-02-08.htm
  2. Nature : La voie verte et la voie en or du libre accès
  3. Directory of Open Access Journals (DOAJ)
  4. Universities UK, Open Access factsheet series: Monitoring the Transition to Open Access, 16 septembre 2015, 4 p.
  5. Public Library of Science
  6. L'auto-archivage
  7. Fedora Digital Repository System
  8. Page personnelle de Steven Harnad
  9. Ten Years After par Steven Harnad
  10. (en) Heather Piwowar, Jason Priem et Richard Orr, « The Future of OA: A large-scale analysis projecting Open Access publication and readership », Biorxiv (Preprint server), Scientific Communication and Education,‎ (DOI 10.1101/795310, lire en ligne, consulté le )
  11. Monographs & serial costs, Association of Research Libraries (en), cité par Philippe Minard, in « Les revues à l’âge numérique : au péril de l’idéologie », Revue d'histoire moderne et contemporaine, 5/2015 (n° 62-4 bis) , p. 8-21, [lire en ligne]
  12. Jacquesson, Alain., Bibliothèques et documents numériques : concepts, composantes, techniques et enjeux, Editions du Cercle de la librairie, (ISBN 9782765409151, OCLC 65194606, lire en ligne)
  13. Hélène Bosc, La Budapest Open Access Initiative (BOAI) pour un libre accès aux résultats de la recherche, L'Harmattan, (lire en ligne), pp.45-52
  14. « Budapest Open Access Initiative | French Translation », sur www.budapestopenaccessinitiative.org (consulté le )
  15. Suber, Peter,, Open access, MIT Press, (ISBN 9780262301732 et 0262301733, OCLC 795846161, lire en ligne)
  16. a et b Pratiques de l'édition numérique, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2014 p. (ISBN 9782760632028, OCLC 934269322, lire en ligne), p. 111-126
  17. Didier Houssin, Soignons la Science !, Odile Jacob, , p. 79.
  18. Nathalie Reymonet, « L’open access (OA) dans la production des connaissances. Texte et schema », HAL,‎ (lire en ligne)
  19. Maximising the Return on the UK's Public Investment in Research
  20. National Institutes of Health américain
  21. « Open Access », sur www.snf.ch (consulté le )
  22. Wellcome Trust
  23. Registry of Open Access Repository Material Archiving Policies
  24. « Actus science : De l’intelligence artificielle aux morsures de serpent », L'Actualité, Valérie Borde, 17 mai 2018, (consulté le 18 mai 2018)
  25. Mathieu Andro, Odile Hologne, Annaïg Mahé (2014), Estimation des dépenses de publication de l'Inra dans un modèle théorique « gold open acces », Documentaliste, Sciences de l'Information, 51(4) : 70-79
  26. Directory of Open Access Journals
  27. « Walt at Random » Blog Archive » 72% and 41%: A Gold OA 2011-2014 preview » (consulté le )
  28. SHERPA
  29. Open Content
  30. L'attribution d'un texte à un auteur plutôt qu'un autre peut, parfois, changer le sens de celui-ci ou en tout cas sa lecture a posteriori, d'autant plus s'il est lu dans une perspective sociologique ou historique
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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie