L'Incrédulité de saint Thomas (Le Caravage)
Artiste | |
---|---|
Date |
vers 1603 |
Type | |
Technique |
Huile sur toile |
Dimensions (H × L) |
107 × 146 cm |
Mouvement | |
Localisation |
L'Incrédulité de saint Thomas (en italien Incredulità di San Tommaso) est un tableau de Caravage peint vers 1603[1] et conservé au Palais de Sanssouci de Potsdam.
Historique
[modifier | modifier le code]Ce tableau est une commande du marquis Vincenzo Giustiniani (avec Saint Matthieu et l'Ange dans sa première version) effectuée pendant la période romaine du peintre, après qu'il a quitté le Palazzo Madama et la protection du cardinal del Monte[2].
Le tableau est présent dans les collections royales de Prusse. Maintenu à Potsdam, il est resté intact après la Seconde Guerre mondiale.
C'est le tableau le plus copié de Caravage : vingt-deux exemplaires sont connus du XVIIe siècle[3].
Thème
[modifier | modifier le code]Selon les textes (Évangile selon Jean[4]) et l'iconographie chrétienne, Thomas, le seul apôtre n'ayant pas assisté au premier retour du Christ ressuscité, doutant que l'homme en face de lui soit Jésus crucifié et meurtri par les Cinq-Plaies, sur l'injonction de celui-ci (« Mets ici ton doigt, et regarde mes mains ; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté »), touche de ses doigts sa plaie béante au côté.
Description
[modifier | modifier le code]Sur un fond sombre propre au style de Caravage, trois personnages habillés de rouge à droite sont vus partiellement penchés vers le Christ : au premier plan, saint Thomas, fortement penché le bras gauche appuyé sur la hanche ne laisse voir que son torse, un autre apôtre derrière lui sa tête seule et le haut du bras et de l'épaule, le troisième n'apparaît que par le haut de son visage, le crâne éclairé par la lumière venant de la gauche du tableau à droite. Le Christ, à gauche est vu en buste aux trois quarts dévoilant la plaie à son côté droit, en ouvrant son habit clair. Saint Thomas, l'index dans la plaie même, a sa main tenue fermement par le Christ. Les autres stigmates sont également visibles au centre des mains.
Analyse
[modifier | modifier le code]Le contraste est appuyé picturalement entre un Jésus ressuscité en blanc à gauche vu en buste des trois quarts (suivant les canons de la peinture des Flandres et de Venise et arrivant alors à Rome[5]) et les trois apôtres, à droite, en rouge, émergeant de l'obscurité. Les trois apôtres sont marqués par leur vie[6] : leurs visages barbus sont burinés et portent des rides et l'habit de Thomas laisse voir un haut de manche décousu.
L'écrivain Glenn W. Most[7] a fait une analyse philologique, textuelle et artistique de l'œuvre : [ici] saint Thomas touche avec le doigt la plaie du côté du Christ. Or l'Évangile de saint Jean XX/27[8] dit « mets ton doigt dans le trou de ma main, mets ta main dans mon côté » ; et saint Thomas répond de suite « mon seigneur et mon Dieu », et il ne touche donc pas[9] et croit en ayant simplement vu comme les autres disciples une semaine auparavant. C'est l'annonce de la Foi de ceux qui croiront sans toucher.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Ebert-Schifferer 2009, p. 292.
- Salvy 2008, p. 194.
- Notice de Web Gallery of Art
- chapitre 20, versets 24-31 de l'Évangile selon Jean
- Salvy 2008, p. 117.
- Longhi 2004, p. ?.
- Glenn W. Most (trad. de l'anglais par Isabelle Wienand), Thomas l'Incrédule, Paris, éd. du Félin, , 304 p. (ISBN 978-2-86645-665-8).
- Sacy : « Il dit ensuite à Thomas : Portez ici votre doigt, et considérez mes mains ; approchez aussi votre main, et mettez-la dans mon côté ; et ne soyez point incrédule, mais fidèle. »
- comme dans L’incrédulité de saint Thomas de Rembrandt
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]Article
[modifier | modifier le code]- (de) Astrid Nettling, « Der „Ungläubige Thomas“ von Caravaggio : „Er sah und berührte lebendiges Fleisch“ », sur Deutschlandfunk, .
Ouvrages
[modifier | modifier le code]- Sybille Ebert-Schifferer (trad. de l'allemand par Virginie de Bermond et Jean-Léon Muller), Caravage, Paris, éditions Hazan, , 319 p., 32 cm (ISBN 978-2-7541-0399-2).
- Roberto Longhi (trad. de l'italien par Gérard-Julien Salvy), Le Caravage, éditions du Regard, (1re éd. 1927), 231 p. (ISBN 2-84105-169-2).
- Gérard-Julien Salvy, Le Caravage, Paris, Gallimard, coll. « Folio biographies » (no 38), , 316 p., 18 cm (ISBN 978-2-07-034131-3).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- [vidéo] Un chef-d’œuvre du Caravage à Berlin : la critique d’art d’Hector Obalk, 2017, 8 minutes 13.