Ignace Joseph Pleyel

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 3 février 2020 à 02:28 et modifiée en dernier par Eymery (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Ignace Joseph Pleyel
Description de cette image, également commentée ci-après
Ignaz Pleyel.
Nom de naissance Ignaz Josef Pleyl
Naissance
Ruppersthal (Aujourd'hui dans Großweikersdorf)
Drapeau de l'Autriche Archiduché d'Autriche
Décès (à 74 ans)
Paris, Royaume de France
Activité principale Compositeur, éditeur de musique et fabricant de pianos
Activités annexes éditeur de musique
Lieux d'activité Paris
Années d'activité Éditeur : 1797—1834
Facteur de pianos : 1807~
Maîtres Joseph Haydn, Jean-Baptiste Vanhal

Ignace Joseph Pleyel ([plɛjɛl], né à Ruppersthal (de) (aujourd'hui dans Großweikersdorf) près de Vienne le — mort à Paris le ) est un compositeur, éditeur de musique et fabricant de pianos d'origine autrichienne naturalisé français.

Biographie

Tombe au cimetière du Père-Lachaise.

Il naît Ignaz Pleyl (pron. allemande [ˈplaɪ̯.l̩], sans le « e ») de Martin Pleyl, maître d'école, organiste et sacristain en une seule personne[1]. Son fils Ignaz compte parmi ses élèves et il lui donne sa première éducation musicale. Ignaz montrant un certain talent musical, ses parents l'envoient en formation à Vienne. À douze ans il s'y perfectionne auprès du compositeur Jean-Baptiste Vanhal. C'est le comte Ladislas (1746–1786), membre de la célèbre famille Erdődy, qui lui procure les fonds nécessaires pour étudier auprès de Joseph Haydn à Eisenstadt.

En 1777, Pleyel est nommé directeur de la musique de cour de son mécène, le comte Erdődy, et publie en 1782 un premier quatuor à cordes. Plusieurs sources supposent qu'il effectue à cette époque des séjours de perfectionnement en Italie[2]. En 1783, une place est libre à la cathédrale de Strasbourg[1]. Il est nommé en 1784 directeur de la musique de la cathédrale, sous les ordres de François-Xavier Richter ; il lui succède à sa mort en 1789 comme maître de chapelle. Entre-temps, il a obtenu la nationalité française et a adopté le nom d'Ignace Pleyel. Cela ne l'empêche pas d'être suspect aux yeux des révolutionnaires. Il doit composer un « Hymne à la Liberté » pour une fête révolutionnaire[1]. Il perd son poste à la cathédrale.

À Londres, en 1791, son ancien professeur et ami Joseph Haydn a beaucoup de succès aux Concerts Salomon. Le concurrent de Salomon (le Professional Concert) fait venir Pleyel pour tenir l'affiche contre Haydn ; le succès de Pleyel est lui-même « prodigieux »[3] et le retentissement du duel maître — élève dépasse les frontières de l'Angleterre.

De retour à Strasbourg, il achète le château d'Ittenwiller à Saint-Pierre. Sous la Terreur, il comparaît pas moins de sept fois devant le Comité de salut public. Il compose alors des pièces révolutionnaires : La Prise de Toulon, Hymne de Pleyel chanté au Temple de la Raison, Hymne à l'Être Suprême et La Révolution du ou le Tocsin allégorique, toutes en l'an II. Cette dernière œuvre, pour l'anniversaire de la Journée du 10 août 1792, est composée en quelque sorte le fusil sur la tempe après un travail de sept jours et sept nuits, avec deux gendarmes à la porte et le librettiste lui donnant ses instructions[4]. Les Républicains enthousiastes l'inscrivent au tableau d'honneur des artistes révolutionnaires[1]. Il a probablement contribué à la musique de La Marseillaise[1], bien que la paternité exacte de la mélodie de l'hymne national français reste toujours discutée[5].

Après 1795, on le retrouve à Paris. Sa musique, point trop technique ou difficile, est célèbre. Il ouvre son premier commerce de musique et une maison d'édition musicale. Les éditions de la "Maison Pleyel", fondée en 1797, publieront durant leurs 39 ans de vie environ 4 000 compositions, dont une édition complète des quatuors à cordes de Haydn (1801) et des œuvres d'Adam, Boccherini, Beethoven, Clementi, Cramer, Dussek, Hummel et Onslow.

La fabrique Pleyel à Saint-Denis, avant 1903.

Désirant adapter les instruments aux exigences des compositeurs et interprètes, il conçoit en 1802 son premier piano muni d'un échappement simple où les cordes sont frappées par un marteau et non plus pincées (comme pour le clavecin). (Le mérite de l'« échappement double », qui permet la répétition rapide d'une note, reviendra à Érard en 1821). Pleyel dépose son brevet en 1807.

Pleyel revient à Vienne pour affaires en 1805, délaissant de plus en plus la composition ; il y revoit son vieux maître Haydn et entend jouer Beethoven, autre élève de Haydn. Il fonde en 1809 la manufacture de pianos qui porte son nom. Les affaires prennent davantage d'importance dans sa vie et sa production musicale en souffre, Pleyel composant encore quelques duos pour violon et alto en 1812. Aucune autre œuvre ne semble avoir été composée après cette date.

En 1788, Pleyel a épousé Françoise-Gabrielle Lefebvre, la fille d'un tisserand strasbourgeois. Le couple a eu quatre enfants, l'aîné étant leur fils Camille. Marie Moke (1811-1875), l'épouse de Camille, était une des pianistes les plus accomplis de son temps.

Vers la fin de sa vie, il se retire loin de Paris, à Saint-Prix, et s'y livre au jardinage. Il y meurt en 1831. La tombe familiale se trouve au cimetière du Père-Lachaise.

Son fils Camille continuera son travail à la tête de la fabrique de pianos. Il sera à l'origine de la salle Pleyel, aujourd'hui encore un des hauts lieux de la vie musicale à Paris.

Pleyel est cité comme compositeur maçonnique[6].

Œuvres

photo : piano Pleyel
Piano Camille Pleyel de Chopin à Valldemossa.

Pleyel est un exemple de ces compositeurs qui furent célébrissimes en leur temps (sa musique s'était fait un chemin jusque dans la Sacred Harp des États-Unis) mais sont aujourd'hui presque tombés dans l'oubli.

Œuvres orchestrales

Pleyel a laissé de nombreuses compositions, dont les plus connues sont instrumentales :

  • 41 symphonies composées entre 1778 et 1805
  • 6 symphonies concertantes
    • Ben111 : pour violon, alto, violoncelle et hautbois, en mi-bémol majeur (1786)
    • Ben112 : pour violon et alto, en si majeur (1791)
    • Ben113 : pour deux violons, alto, violoncelle, flûte, hautbois et basson, en fa majeur (1792)
    • Ben114 : pour deux violons (ou piano et violon), en la majeur (1792)
    • Ben115 : pour flûte, hautbois, cor et basson (ou violon), en fa majeur (1805)
    • Ben115a : pour flûte, hautbois, cor et basson (ou violon), en fa majeur (1805)
    • Ben116 : pour piano et violon, en fa majeur (?)
  • 9 concertos (dont un perdu)
    • Ben101 : pour violoncelle, en ut majeur (1782-84)
    • Ben102 : pour violoncelle, en majeur (1782-84, perdu)
    • Ben103 : pour violon, en majeur (1785-87)
    • Ben103a : pour violon, en majeur (1788)
    • Ben104 : pour violoncelle, en ut majeur (1788-89)
    • Ben105 : pour alto ou violoncelle, en majeur (1790)
    • Ben106 : pour clarinette ou flûte ou violoncelle, en ut majeur (1797)
    • Ben107 : pour basson en si-bémol majeur (?)
    • Ben108 : pour violoncelle en ut majeur (?)

Musique vocale

Musique de chambre

  • 17 quintettes
  • 85 quatuors, dont 70 quatuors à cordes :
    • Op. 1 : Ben301 à 306 (1782-83), dédiés au Comte Erdődy et admirés par Mozart dans une lettre adressée à son père Leopold le .
    • Op. 2 : Ben307 à 312 (1784), dédiés à Joseph Haydn.
    • Op. 3 : Ben313 à 318 (1785)
    • Op. 4 : Ben319 à 324 (1786)
    • Op. 5 : Ben325 à 326 (1786? Probablement avant 1782)
    • Ben327 à 330 (1786?)
    • Ben331 à 342 (1786), dédiés à Frédéric-Guillaume II de Prusse.
    • Ben343 à 345 (1788)
    • Ben346 à 351 (1788), dédiés au Prince de Galles, futur George IV.
    • Ben352 (1788)
    • Ben353 à 358 (1791), dédiés à Ferdinand Ier.
    • Ben359 à 364 (1792)
    • Ben365 à 367 (1803), dédiés à Luigi Boccherini.
    • Ben368 à 370 (1810)
  • 48 trios
  • 64 duos

Écrits

Bibliographie

  • François-Joseph Fétis, « Pleyel (Ignace) », Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, Paris, Firmin-Didot, vol. 7,‎ 1866-1868, p. 75–79 (lire en ligne)
  • Geneviève Honegger, « Pleyel à Strasbourg durant la Terreur », dans Revue de musicologie 73, no 1 (1987), p. 113-119.
  • (en) Rita Benton et Jeanne Halley, Pleyel as music publisher : a documentary sourcebook of early 19th-century music, Stuyvesant, Pendragon Press, coll. « Annotated reference tools in music » (no 3), , xxviii-398 (OCLC 679035883)
  • Marion Arnaud, Pleyel, une histoire tournée vers l’avenir, La Martinière, (ISBN 2-7324-3338-1)
  • Jean Jude, Pleyel 1757-1857 La passion d'un siècle, Imprimerie du Centre Loire, , 346 p. (ISBN 978-2-9531198-0-0)

Notes et références

  1. a b c d et e (de) « Né à Ruppersthal ». Ignaz Pleyel - Kompositeur und Klavierfabrikant Chopins, Dietmar Griesers, Die Presse, 4/5 mars 2000.
  2. (en) Benton, Rita, « Ignace Joseph Pleyel », dans Grove Music Online, Oxford University Press, Inscription nécessaire
  3. Fétis 1868, p. 75 écrit : « Le succès de la musique de Pleyel fut prodigieux. Il s'était surpassé et s'était montré digne de lutter avec son illustre maître. » Contrairement à ce que dit Fétis, les œuvres londoniennes de Pleyel n'ont pas été perdues : David M. Guion, The trombone: its history and music, 1697—1811, p. 270.
  4. Fétis 1868, p. 75 : écrit que lors de la première exécution, le premier son, donné par des cloches rapportées de partout suspendues à la coupole de la cathédrale, fut un accord parfait « qui produisit un effet si extraordinaire, que Pleyel s'évanouit ».
  5. Xavier Maugendre, L'Europe des hymnes dans leur contexte historique et musical, 1996, p. 11–50.
  6. Liste de musiciens maçonnique sur le site du Groupe de Recherches Maçonniques Interobédientiel
  7. Genre pour lequel Haydn lui-même a écrit.

Liens contextuels

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Pleyel, le nom de la manufacture de piano

Liens externes