Colonia Iulia Equestris
| Colonia Iulia Equestris Noviodunum | |||
Colonnes romaines à Nyon. | |||
| Localisation | |||
|---|---|---|---|
| Pays | |||
| Canton | Vaud | ||
| Commune | Lausanne | ||
| Protection | Bien culturel d'importance nationale | ||
| Coordonnées | 46° 22′ 57″ nord, 6° 14′ 20″ est | ||
| Géolocalisation sur la carte : Suisse
Géolocalisation sur la carte : canton de Vaud
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Colonia Iulia Equestris est une colonie romaine dont le centre urbain, le bourg helvète de Noviodunum, est situé sur le territoire de l'actuelle ville vaudoise de Nyon, en Suisse.
Histoire
[modifier | modifier le code]La colonie romaine fut fondée sous Jules César entre 46 et Elle couvrait alors un territoire allant du lac Léman au massif du Jura et du pays de Gex à l'Aubonne et fut habitée au départ par des cavaliers vétérans de l'armée recevant des terres à la fin de leur service. Cette implantation devait surveiller les Helvètes et verrouiller l'accès à la Gaule[1]. Aucun vestige d'occupation gauloise antérieure n'a été découvert et le mobilier archéologique le plus ancien (amphores, céramiques) date des années [2]. La désignation officielle de Colonia Julia Equestris est attestée par des inscriptions[3], mais elle prend la forme plus courante de Colonia Equestris dans d'autres inscriptions[4] et chez Pline l'Ancien[5],[6].
Sous le règne d'Auguste, la ville se développe sur la colline avec l'établisseement d'une trame urbaine orthogonale et la construction d'un forum dont seule la basilique est connue. Sous le règne de Tibère, le centre monumental est agrandi d'une aire sacrée, et des thermes sont construits. Sous Claude ou Néron est aménagé un marché (macellum), tandis que l'aire sacrée est entourée d'un portique soutenu par un cryptoportique. Le temple qu'il entourait sur trois côtés n'a pas été localisé. Entre 50 et 70, une nouvelle basilique est édifiée par-dessus l'ancienne, avec peut-être une curie dans une des deux absides[7]. Un amphithéâtre est bati au nord-est de la ville au début du IIe siècle[2]. Le plan de quatre domus été identifié, trois au nord du forum et une au sud[1]. Des villae sont progressivement construites dans la région[8].
Les archéologues n'ont pas découvert de vestiges d'un temple, mais des inscriptions honorifiques témoignent de la présence d'un flamen augusti[9] et d'une flaminica augustae[10], indication la célébration du culte impérial[1].
Avec les invasions alémanes, la cité est partiellement détruite à la fin du du IIIe siècle car des blocs architecturaux provenant de la basilique sont employés pour la construction de l'enceinte de Genève. Néanmoins, Colonia Equestris n'est pas abandonnée[6]. La continuité d'occupation de la cité jusqu'au haut Moyen Âge est constatée grâce au mobilier archéologique : monnaies du IVe siècle sur le site de l'amphithéâtre, céramiques paléochrétiennes des Ve siècle et VIe siècle, sépultures autour du forum datées entre le IVe siècle et VIIe siècle, nécropole burgonde de Clémenty au sud-ouest de la cité, active entre le Ve siècle et VIIe siècle[2]. La nouvelle appelation de la cité, Noviodunum, n'est attestée par des inscriptions qu'au début du VIe siècle[6].
Des blocs de pierre venant des bâtiments de celle-ci sont utilisés pour construire les anciennes fortifications de Genève et Lausanne. Une « pierre errante » est aussi découverte en 2012 à Carouge (près de Genève) en remploi dans les berges d'un ancien bras de l'Arve, porteuse d'une dédicace à Héliogabale datant de 218 par un habitant de la Colonia Iulia Esquestris[11],[12].
Fouilles et protection du site
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La ville moderne de Nyon recouvre entièrement le site antique, la majorité des vestiges repérés ont été recouverts après documentation par les archéologues[13].
Les premières découvertes archéologiques commencent au XVIIIe siècle, mais les trouvailles sont dispersées. Plus nombreuses à la fin du XIXe siècle, elles sont conservées dans un musée créé à cet effet. Une première synthèse relative au site rédigée par Johann Jakob Muller parait en 1875. Les fouilles se multiplient à partir de 1930[8].
En 1976, les vestiges de la basilique du forum sont mis au jour[8]. Elle abrite depuis 1979 le nouveau musée romain de Nyon qui présente de nombreux objets découverts pendant les fouilles du site. L'ensemble du site est inscrit comme bien culturel suisse d'importance nationale.
L'amphithéâtre est découvert fortuitement en 1996 adossé à la pente qui descend vers le lac Léman. Son arène mesure 50 × 36 mètres environ et est pourvue de deux carceres[2].
Références
[modifier | modifier le code]- Frei-Stolba 2004, p. 465.
- Paunier 1998, p. 237.
- ↑ AE 1978, 0567, CIL III, 11895.
- ↑ AE 1998, 00975, CIL XIII, 05011, CIL XIII, 05012.
- ↑ Pline l'Ancien, Histoires naturelles, IV, 31 (alias 106).
- Frei-Stolba 2004, p. 463.
- ↑ Frei-Stolba 2004, p. 464, plan de la zone du forum.
- Daniel Paunier, « Colonia Iulia Equestris » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du
- ↑ AE 1978, 0567.
- ↑ AE 1998, 0975.
- ↑ AE 2013, 1039.
- ↑ Benoît Rossignol, « Chroniques épigraphiques », Revue archéologique de Narbonnaise, t. 49, , p. 397, item 78 (lire en ligne).
- ↑ Le site archéologique, sur MRN.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pascale Bonnard, La Ville romaine de Nyon-Noviodunum, Bibliothèque historique vaudoise, coll. « Cahiers d'archéologie romande », (ISBN 9782880280444)
- Collectif, Colonia Iulia Equestris, Musée romain de Nyon, (ISBN 9782884742061)
- Monique Dondin-Payre, « Du nouveau dans un dossier original : la fusaïole inscrite de Mâcon (Saône et Loire) et la fusaïole inscrite de Nyon (Confédération helvétique) », L'antiquité classique, t. 75, , p. 143-154 (lire en ligne).
- Regula Frei-Stolba, « Nyon / Colonia Iulia Equestris - Nouiodunum (Suisse) », dans Capitales éphémères. Des Capitales de cités perdent leur statut dans l’Antiquité tardive, Actes du colloque Tours 6-8 mars 2003, Tours, Fédération pour l'édition de la Revue archéologique du Centre de la France, (lire en ligne), p. 463-466.
- Daniel Paunier, « Dix ans d'archéologie gallo-romaine en Suisse : esquisse d'un bilan (1998) », Revue du Nord,, t. 80, no 328, , p. 235-251 (lire en ligne).
- Véronique Rey-Vodoz, Pierre Hauser et Frédéric Rossi, Nyon: Colonia Iulia Equestris - Musée romain de Nyon, InFolio, coll. « Un site, un musée », (ISBN 9782884742061)
- Frédéric Rossi, Pierre Hauser et Pierre André, Nyon, une colonie romaine au bord du lac Léman, coll. « Les dossiers de l'Archéologie » (no 232), .
Lien externe
[modifier | modifier le code]- « Musée romain Nyon », sur site du musée romain (consulté le ).