Chloroscombrus chrysurus

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Chloroscombrus chrysurus est une espèce de poissons marins et estuariens de la famille des Carangidae.

Description[modifier | modifier le code]

« Corps ovale avec profil ventral plus convexe que dorsal, profond et très comprimé. Museau court et émoussé ; œil petit (diamètre contenu 3,0 à 3,4 fois dans une tête courte), avec une légère paupière adipeuse. Bouche petite et oblique ; la mâchoire supérieure s'étend presque jusqu'au-dessous du bord antérieur de l'œil. Dents en bandes étroites sur les mâchoires (se regroupant en deux rangées irrégulières sur les côtés de la mâchoire inférieure). Les branchiospines sont au nombre de 9 à 12 pour la partie supérieure et de 30 à 37 pour la partie inférieure. Deux nageoires dorsales à peine séparées, la première avec 8 épines, la seconde avec une épine et 25 à 28 rayons mous ; nageoire anale avec deux épines suivies d'une épine et 25 à 28 rayons mous ; lobes des nageoires dorsale et anale légèrement allongés (le lobe dorsal contient environ 6,9 à 8,7 fois la longueur de la fourche) ; lobe supérieur de la nageoire caudale allongé (environ 1,2 fois plus long que le lobe inférieur). Écailles petites et cycloïdes (lisses au toucher) ; poitrine entièrement écailleuse ; ligne latérale avec un arc antérieur fort et court, partie postérieure (droite) avec environ 6 à 12 scutelles faibles, principalement sur le pédoncule caudal. Vertèbres 10 précaudales et 14 caudales ; pas d'hyperostose. Couleur : corps et tête sombres sur le dessus (bleu métallique) et argentés sur les côtés et le ventre ; une tache noire en forme de selle sur la partie supérieure du pédoncule caudal. »

— Librement traduit d'après Smith-Vaniz, W.F.[1]

Répartition[modifier | modifier le code]

Aire de répartition de C. chrysurus d'après l'UICN (2024).
Aire de répartition de C. chrysurus d'après l'UICN (2024).

Chloroscombrus chrysurus est largement répandu dans l'océan Atlantique (voir figure). Dans l'Atlantique Ouest, il est connu du Massachusetts au sud le long de la côte américaine, des Bermudes, dans tout le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes (à l'exception des îles Caïmans), et le long de la côte sud-américaine jusqu'à l'Uruguay. Dans l'Atlantique Est, il est connu de la Mauritanie à l'Angola, y compris les îles du Cap-Vert[2]. Il existe au moins un signalement (1997) en Méditerranée[3].

L'espèce est généralement observée aux profondeurs comprises entre 0 et 110 m[2].

Ce taxon se rencontre dans les pays suivants[2] : Angola, Anguilla, Antigua-et-Barbuda, Argentine, Aruba, Bahamas, Barbade, Belize, Bermudes, Brésil, Bénin, Cameroun, Cap-Vert, Colombie, Costa Rica, Cuba, Curaçao, Côte d'Ivoire, Dominique, Espagne, États-Unis, Gabon, Gambie, Ghana, Gibraltar, Grenade, Guadeloupe, Guatemala, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Guinée, Guyana, Guyane, Haïti, Honduras, Îles Caïmans, Îles Turques-et-Caïques, Îles Vierges britanniques, Îles Vierges des États-Unis, Jamaïque, Liberia, Maroc, Martinique, Mauritanie, Mexique, Montserrat, Nicaragua, Nigeria, Panama, Pays-Bas caribéens, Porto Rico, République arabe sahraouie démocratique, République dominicaine, République du Congo, République démocratique du Congo, Saint-Barthélemy, Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Martin, Saint-Martin, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Sainte-Lucie, Sao Tomé-et-Principe, Sierra Leone, Suriname, Sénégal, Togo, Trinité-et-Tobago, Uruguay et Venezuela.

Systématique[modifier | modifier le code]

Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Chloroscombrus chrysurus (Linnaeus, 1766)[4].

L'espèce a été initialement classée dans le genre Scomber sous le protonyme Scomber chrysurus Linnaeus, 1766[4].

Ce taxon porte en français les noms vernaculaires ou normalisés suivants[5] :

  • Carangue (Togo) ;
  • Carangue grasse (Martinique) ;
  • Carangue médaille (Mauritanie) ;
  • Petit carangue (Togo) ;
  • Petite carangue (Sénégal) ;
  • Plat plat (Mauritanie, Togo) ;
  • Plateau (Caraïbes) ;
  • Pot pot (Haïti) ;
  • Sapater (France, Guadeloupe, Martinique) ;
  • Sapatere (Martinique).

Chloroscombrus chrysurus a pour synonymes[4] :

  • Chloroscombrus caribbaeus Girard, 1858
  • Chloroscombrus ectenurus Jordan & Osgood, 1897
  • Chloroscombrus hesperius Fowler, 1906
  • Micropterus chrysurus (Linnaeus, 1766)
  • Micropteryx chrysurus (Linnaeus, 1766)
  • Micropteryx cosmopolita (Cuvier, 1829)
  • Scomber chloris Bloch, 1793
  • Scomber chrysurus Linnaeus, 1766
  • Seriola cosmopolita Cuvier, 1829

Étymologie[modifier | modifier le code]

Son épithète spécifique, chrysurus, dérive du grec ancien χρυσός, khrusós, « or », οὐρά, ourá, « queue », et fait référence à la couleur jaune-doré de sa nageoire caudale[6].

Publication originale[modifier | modifier le code]

  • (la) C. Linnaeus, Systema naturae per regna tria naturae: secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Ed. 12. 1., Regnum Animale. 1 & 2. Holmiae, [Stockholm], Laurentii Salvii. pp. 1-532, [1766] pp. 533-1327 [1767] (lire en ligne).

Habitat[modifier | modifier le code]

C'est une espèce qui vit souvent en bancs que l'on trouve surtout dans les eaux peu profondes (marines et estuariennes) et dans les lagunes bordées de mangroves. Peut émettre des grognements lorsqu'elle est capturée. Elle se reproduit probablement au printemps et en été le long des côtes ; les jeunes peuvent être trouvés bien au large, associés à des méduses[7]. L'espèce est classée parmi les espèces « Marines Estuarienne »[a] (ME) dans la classification d'Albaret[8] pour les poissons des milieux estuariens et lagunaires d'Afrique de l'Ouest[9] et « Marine straggler »[b] dans celle de Whitfield[10].

Biologie[modifier | modifier le code]

La taille (longueur totale) à première maturité pour cette espèce est de 12,4 cm et sa longueur maximale observée est de 65,0 cm, la taille la plus commune étant autour de 25,0 cm[11].

Il a été montré que C. chrysurus consomme des copépodes et des crustacés larvaires, y compris des luciférides, et que leur position intermédiaire dans le réseau trophique peut affecter la disponibilité de certaines espèces commerciales avec lesquelles elles sont en compétition trophique en contrôlant l'abondance d'organismes de niveaux trophiques inférieurs et supérieurs[12].

Bien que C. chrysurus ait une ouverture buccale supère, il nage à presque toutes les profondeurs et il est cité comme une ressource de pêche démersale. Cette espèce présente d'ailleurs un régime alimentaire plus généraliste que d'autres espèces ayant une configuration de bouche similaire[13].

Pêche[modifier | modifier le code]

L'espèce est généralement capturée à l'aide de chaluts et de sennes, ainsi qu'à la ligne et à l'hameçon. Le long des côtes nord de l'Amérique du Sud elle est principalement capturée par des chalutiers commerciaux spécialisés dans la pêche à la crevette[14]. Bien qu'il n'y ait pas de pêche spécifique ni de statistiques de débarquements propres à cette espèce, elle est connue pour être commercialisée fraîche, salée et congelée, et elle est néanmoins considérée comme une prise de valeur[15].

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Espèces marines ayant une large répartition spatio-temporelle en estuaire et lagune, en raison de leurs capacités osmorégulatrices. Elles sont représentées par des populations permanentes et abondantes qui utilisent en général les estuaires et lagunes comme une zone de nurserie.
  2. « Marin errant ». Espèces de poissons marins qui se reproduisent en mer et dont seule une petite partie de la population globale pénètre dans les estuaires ou les utilise. Elles sont en général confinées dans les estuaires inférieurs, où elles sont peu nombreuses.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) K. E. Carpenter, The living marine resources of the Western Central Atlantic. Bony fishes part 2 (Opistognathidae to Molidae), sea turtles and marine mammals, vol. 3, FAO and American Society of Ichthyologists and Herpetologists, (ISBN 92-5-104825-8, lire en ligne)
  2. a b et c UICN, consulté le 19 mars 2024
  3. (en) L. Peña Rivas, E. Azzurro et D. Lloris, « First record of the Atlantic bumper Chloroscombrus chrysurus (Teleostei: Carangidae) in the Mediterranean Sea », Journal of Fish Biology, vol. 82, no 3,‎ , p. 1064–1067 (ISSN 0022-1112 et 1095-8649, DOI 10.1111/jfb.12041, lire en ligne, consulté le )
  4. a b et c World Register of Marine Species, consulté le 1er février 2024
  5. FishBase, consulté le 1er février 2024
  6. Etyfish - Carangiformes, consulté le 1er février 2024
  7. (en) Carpenter, K.E., & De Angelis, N. (dir.) et Smith-Vaniz, W.F., The living marine resources of the Eastern Central Atlantic. Volume 4: Bony fishes part 2 (Perciformes), vol. 4, Rome, FAO, (lire en ligne), p. 2483
  8. Albaret, J. J., Les peuplements des estuaires et des lagunes, Paris, IRD Editions, , 512 p. (ISBN 978-2-7099-2042-1, lire en ligne), « Les poissons des eaux continentales africaines: diversité, écologie, utilisation par l’homme », p. 325‑349
  9. Albaret, J. J., Simier, M., Sadio, O., Suivi biologique des peuplements de poissons d’une aire protégée en zone de mangrove : le bolon de Bamboung (Sine Saloum, Sénégal) - Rapport final 2005, Dakar, Sénégal, IRD Dakar, , 80 p. (lire en ligne), p. 21
  10. (en) Whitfield, A. K., « Preliminary documentation and assessment of fish diversity in sub-Saharan African estuaries », African Journal of Marine Science, vol. 27, no 1,‎ , p. 307‑324 (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  11. (en) « Chloroscombrus chrysurus, Atlantic bumper : fisheries », sur fishbase.mnhn.fr (consulté le )
  12. (en) Julia Petroski Olher et Maria A. Gasalla, « On the trophic role of pelagic fishes and fishery landings shifts in the South Brazil Bight », Ocean and Coastal Research, vol. 71,‎ , e23020 (ISSN 2675-2824, DOI 10.1590/2675-2824071.22104jpo, lire en ligne Accès libre, consulté le )
  13. (en) Fabricio dos Anjos Santa Rosa, Maria A. Gasalla, Anna Karolina Oliveira de Queiroz et Talita Fernanda Augusto Ribas, « Molecular analyses of carangid fish diets reveal inter‐predation, dietary overlap, and the importance of early life stages in trophic ecology », Ecology and Evolution, vol. 14, no 1,‎ (ISSN 2045-7758 et 2045-7758, PMID 38187922, PMCID PMC10766566, DOI 10.1002/ece3.10817, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) F. Cervigón, R. Cipriani, W. Fischer, L. Garibaldi, M. Hendrickx, A. J. Lemus, R. Márquez, J. M. Poutiers, G. Robaina et B. Rodriquez, Field Guide to the Commercial Marine and Brackish-water Resources of the Northern Coast of South America [« Guía de Campo de las Especies Comerciales Marinas y de Aguas Salobres de la Costa Septentrional de Sur America »], Rome, Italie, FAO, , 513 p. (lire en ligne), p. 286
  15. (en) Kent E. Carpenter, Living marine resources of the Western Central Atlantic, Food and agriculture organization of the United Nations, coll. « FAO Species Identification Guides for fishery purposes », (ISBN 978-92-5-104825-2, 978-92-5-104826-9 et 978-92-5-104827-6)