Aller au contenu

Château de Hauteville (Haute-Savoie)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Château de Hauteville
Image illustrative de l’article Château de Hauteville (Haute-Savoie)
Église Saint-Nicolas, ferme et butte où se situent les ruines du château de Hauteville
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction début XIIe siècle
Destination actuelle Ruiné
Coordonnées 45° 54′ 09″ nord, 5° 58′ 31″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Région naturelle Pays de l'Albanais
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Hauteville-sur-Fier
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Hauteville
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Château de Hauteville

Le château de Hauteville, Alteville) est un ancien château comtal, du début du XIIe siècle, aujourd'hui disparu, qui se dressait sur la commune de Hauteville-sur-Fier dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Promontoire sur lequel se situent les ruines du château de Hauteville.

Le château Hauteville, situé en Albanais, était installé sur un promontoire (altitude de 385 mètres), dominant la rive droite du Fier[2],[3],[4]. Il permettait au comte de Genève de contrôler la route entre Annecy et Chambéry en comté de Savoie, via le château et le bourg fortifié de Rumilly[2],[4]. Il surveille ainsi le gué, puis un pont, permettant de franchir le torrent[2],[4]. La position permet également de contrôler la plaine s'étalant vers Rumilly, située à une lieue[4],[3].

Le bourg possède un second château, celui des seigneurs de Hauteville[3], un prieuré clunisien, dès 1135, et un hôpital, pour les voyageurs appartenant à l'ordre des Hospitaliers[2], installé vers 1227[5],[ReG 1].

Le château de Hauteville (castro de Alta villa[6] est mentionné dès 1178[4],[ReG 2],[7]. À cette date, le comte de Genève prête hommage pour le château à l'abbaye Saint-Maurice d'Agaune[2],[3],[ReG 2]. Il semble que l'autre moitié du domaine appartienne à la famille de Hauteville[2]. Des membres de cette famille obtiennent au XIIIe siècle la charge de vidomne de Genève[2]. Ils sont qualifiés de seigneurs de Hauteville en 1237[8].

En 1282, la région est en guerre, opposant le comte Philippe de Savoie à l'héritière du Faucigny, Béatrice de Faucigny, et dans laquelle le comte de Genève joue également un rôle majeur. Un traité est signé en juin 1282, à Versoix, entre la Dauphine Béatrice, dame de Faucigny, son fils Jean Dauphin, le comte Amédée II de Genève et Robert, évêque de Genève[ReG 3]. Par ce traité, la Grande Dauphine restitue au comte de Genève les châteaux que son père, Pierre de Savoie, avait reçu à titre de gagerie[Note 1]. Elle et son fils « concèdent tous leurs droits et fiefs sur les châteaux et mandements de Hauteville (de Alta villa) et de Cessens »[ReG 3], précisant pour Hauteville, in castro et burgo[3].

Le château, situé sur les marges du comté de Savoie et de Genève, est régulièrement un enjeu entre les deux grandes maisons de Savoie et de Genève. En 1297, les deux comtes signent un traité de paix et marient leurs enfants, Guillaume de Genève et Agnès de Savoie[10]. Par cet accord, le comte de Savoie donne « 10 000 livres tournois de dot et le château de La Corbière à charge d'hommage et sous condition que le comte de Genève empêchât toute attaque » et celui de Genève apporte « 4 000 livres et le pont devant le château à son fils, avec les châteaux de Rumilly en Abanais, Hauteville, Alby, Charousse comme garantie » ainsi que d'autres gages[10],[3],[ReG 4]. Le bailli du Chablais et de Genevois, Rodolphe de Montmayeur, inspecte dans sa tournée le château en 1303[11].

Au début du XIVe siècle, le comte Amédée II de Genève prévoit dans son testament que son épouse, Agnès de Châlons, reçoit l'usufruit des châteaux et châtellenies d'Annecy, Clermont, Chaumont, La Bâtie et La Balme de Sillingy, ainsi qu'une dot de 5 000 livres tournois, garantie par les possessions de Cruseilles et de Hauteville[3],[ReG 5],[12]. Lors du traité de paix, signé à Saint-Georges-d'Espéranche, entre le comte de Genève et le comte de Savoie, Guillaume III de Genève, reconnaît la suzeraineté du comte de Savoie pour le château[ReG 5],[8]. Le château est remis à Agnès de Châlons en 1311[8].

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, le château semble ruiné[2]. Au début des années 1950, l'archéologue suisse, Louis Blondel décrit le site comme « recouverts de lierre et envahies par les buissons »[3].

Description

[modifier | modifier le code]

Pour l'archéologue suisse, Louis Blondel, « il faut se représenter cette localité, non comme un vrai bourg avec franchises, mais comme un enclos ou plain-château comprenant deux châteaux, des maisons nobles avec dépendances et une église »[2],[13].

La chapelle du château (capella castri) est dédiée à saint Nicolas, tandis que celle de l'hôpital est dédiée à saint Chistrophe, tous deux patrons des voyageurs[2]. Ces patronages sont à mettre en lien avec le passage du Fier à cet endroit[2].

Propriétaires

[modifier | modifier le code]

Possessions de l'abbaye Saint-Maurice d'Agaune, le château et la seigneurie deviennent une possession des comtes de Genève au début du XIIe siècle[2]. Ces derniers l'inféodent aux Hauteville[2]. En 1338, le mandement est inféodé à Nicod de Hauteville par le comte Amédée III de Genève[14], puis, en 1395, aux Dufrenoy (Du Fresnoy)[2], héritiers de Béatrice de Châtillon et de Humbert de Châtillon, coseigneurs de Hauteville[8]. Ils prêtent hommage pour le château en 1442 et le restent propriétaires jusqu'en 1467, où il passe aux Montluel, puis par mariage à François de Grolée, en 1570[2],[8]. La seigneurie est en partie vendue en 1602 aux d'Asnières, puis passe par mariage aux Gantelet[2],[8]. L'autre partie passe en 1609 aux Mouxy, puis aux Chabod dix ans plus tard[2],[8].

Au cours des siècles suivants, d'autres familles obtiennent le fief, les Montfalcon de Rogles, les Lambert de Soirier[2],[8].

Châtellenie de Hauteville

[modifier | modifier le code]

Le château de Hauteville est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum)[15]. Pour les auteurs de l'Histoire des communes savoyardes (1981), elle devait trouver « son origine d'un ancien domaine royal donné à l'abbaye Saint-Maurice d'Agaune au cours du haut Moyen Âge »[2],[3].

Elle entre en partie dans le domaine de la maison de Genève au début du XIIe siècle[2]. Il s’agit plus particulièrement d’une châtellenie comtale, relevant directement du comte de Genève, avant de ne devenir qu'une châtellenie seigneuriale au XIVe siècle[15], donnée à la famille de Hauteville[14]. Le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[16],[17]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[18].

Les châtelains connus sont :

  • 1288 : Rodolphe de Pontverre[ReG 6]

Références

[modifier | modifier le code]
  1. La gagerie est un procédé par lequel un seigneur met en gage son fief en place d'une forte somme d'argent. Le bien entre immédiatement dans les possessions du prêteur. Si ce seigneur rembourse son prêt, il récupère son bien sinon il passe définitivement entre les mains de l'autre seigneur[9].

Régeste genevois (1866)

[modifier | modifier le code]
  1. Enquête dirigée contre l'évêque Aymon de Grandson, en 1227 (REG 0/0/1/634).
  2. a et b Acte du (REG 0/0/1/407).
  3. a et b Traité de Versoix du (REG 0/0/1/1182).
  4. Conventions pour le futur mariage de Guillaume, fils d'Amédée, comte de Genevois, avec Agnès de Savoie, fille du comte Amédée, du (REG 0/0/1/1433).
  5. a et b Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 411, Notes : 1620, 1626 et 1677 » (lire en ligne, REG 0/0/1/1620 et REG 0/0/1/1677).
  6. Acte du (REG 0/0/1/1265).

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Histoire des communes savoyardes, 1981, p. 423
  3. a b c d e f g h et i Blondel, 1956, p. 130.
  4. a b c d et e Duparc, 1978, p. 545 (lire en ligne).
  5. Duparc, 1978, p. 547 (lire en ligne).
  6. Duparc, 1978, p. 129 (lire en ligne).
  7. Louis Gruffat, « La vieille route directe de Chambéry à Genève, dans la partie entre la coupure du Chéran et le Val des Usses », Revue savoisienne, no 1,‎ , p. 60 (lire en ligne).
  8. a b c d e f g et h Blondel, 1956, p. 131.
  9. André Perret, Les institutions dans l'ancienne Savoie : Du onzième au seizième siècle, Chambéry, Conseil départemental d'animation culturelle, , 87 p. (ASIN B0007AXLD6, lire en ligne [PDF]), p. 31, « La seigneurie et la gagerie ».
  10. a et b Duparc, 1978, p. 226 (lire en ligne).
  11. J. B. Chanard, Notice sur la famille et le château de la Corbière, Genève, , 108 p. (lire en ligne), p. 22.
  12. Duparc, 1978, p. 248 (lire en ligne).
  13. Blondel, 1956, p. 132.
  14. a et b Duparc, 1978, p. 422 (lire en ligne).
  15. a et b Duparc, 1978, p. 413 (lire en ligne).
  16. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  17. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  18. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du Moyen Âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et Lac d'Annecy (Tome III), Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 2-7171-0200-0), p. 423-426, « Hauteville-sur-Fier (Hauteville de Rumilly) ».
  • Pierre Duparc, Le comté de Genève, (IXe – XVe siècles), t. XXXIX, Genève, Société d’histoire et d’archéologie de Genève, coll. « Mémoires et documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 621 p..
  • Georges Chapier, Châteaux savoyards : Faucigny et Chablais, vol. 5, Grenoble, Éditions Revue Les Alpes, , 410 p.
  • Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. 7, Société d'histoire et d'archéologie de Genève (réimpr. 1978) (1re éd. 1956), 486 p., p. 130 et suivantes. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Comte Amédée de Foras, Armorial et nobiliaire de l'ancien duché de Savoie, vol. 3, Grenoble, Allier Frères, 1863-1910ù (lire en ligne), p. 196-201

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

  • « Château de Hauteville », sur Archinoë, portail d'indexation collaborative (consulté le 19 février 2019)
  • « Entrée du château », sur Archinoë, portail d'indexation collaborative (consulté le 19 février 2019)