Château de Chaumont (Haute-Savoie)

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Château de Chaumont
Image illustrative de l’article Château de Chaumont (Haute-Savoie)
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIIe siècle
Propriétaire initial Guillaume de Chaumont
Destination actuelle Ruiné
Coordonnées 46° 02′ 00″ nord, 5° 57′ 29″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Genevois
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Haute-Savoie
Commune Chaumont
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Château de Chaumont
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Château de Chaumont

Le château de Chaumont est un ancien château fort, du XIIe siècle, dont les ruines se dressent sur la commune de Chaumont dans le département de la Haute-Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Le château est le siège d’une châtellenie entre les XIVe et XVIe siècles.

Situation[modifier | modifier le code]

Les vestiges du château de Chaumont sont situés dans le département français de la Haute-Savoie sur la commune de Chaumont, à 636 mètres d'altitude sur un promontoire rocheux terminant le Vuache au sud-est au-dessus des gorges du Fornant[2].

Cette position permet de verrouiller le passage de « Malpas » (mauvais passage[3]) et protégeait le nord-ouest du comté de Genève. Avec une large vue panoramique, c'est un endroit de passage et de péage obligé de la route médiévale de Genève à Seyssel, l'une des principales voie du comté de Genève, établit sur une route secondaire romaine[2], qui conduisait de Chambéry par Rumilly et Frangy. À ses pieds, « sur le col, entre [le] promontoire et les contreforts du Vuache », s'est développé un bourg[2], lui-même fortifié, qui reçut le 18 mai 1310 ses franchises[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Au XIe siècle[5], le château de Chaumont faisait partie d'un fief relevant des comtes de Genève[2]. Les comtes de Genève auraient peut être reçu le château des rois de Bourgogne[réf. nécessaire]. Un Guillaume de Chaumont, vassal du comte Aymon Ier de Genève, est cité en 1124[6] comme témoin à l'accord de Seyssel[2],[7].

Au XIIe siècle[5], les sires de Chaumont[Note 1] en font hommage aux comtes de Genève. Le château est attesté pour la première fois dans les textes, en 1174[8], sous le terme castra. Il aurait été vendu au comte par les sires de Chaumont entre 1160 et 1178[9]

Le 25 août 1178, Guillaume Ier de Genève en rend hommage à son tour à l'abbé de Saint-Maurice d'Agaune[10]. Le médiéviste François Demotz donne pour la date l'année 1174 et précise « l'origine des droits de l'abbaye est inconnue mais que les domaines correspondants, fortifiés ou non, aient d'abord été la propriété de Saint-Maurice d'Agaune reste l'hypothèse la plus vraisemblable »[11].

Le chevalier Pierre de Bossy rend hommage pour ses possessions dans le château au comte Aymon II de Genève, durant l'année 1273[9]. Trois ans plus tard, le château est cédé avec celui de Sallenôves à Aymon de Sallenove[9]. Il devait posséder le fief ou « tout au moins une maison forte dans l'enceinte du château »[9]. Agnès de Châlons, dame de Chaumont et veuve d'Amédée II de Genève y réside en 1308[12].

Le fief de Chaumont passe à la maison de Savoie, à partir de 1355[9]. Il conserve son rôle de chef-lieu de châtellenie ou mandement, dont ont été conservés les comptes de châtellenie depuis 1356[9].

En 1536[5], lors de la 1re occupation françaises du duché de Savoie par les troupes de François Ier, le château est pris et démantelé. François Ier y dort après être passé à Seyssel. Reconstruit par le duc Emmanuel-Philibert, le château est attaqué en 1589 et 1590[5] par les troupes bernoises et genevoises ; il est défendu alors par le seigneur de Thiollaz (Chaumont).

En 1630[5], le château sera complètement rasé par les troupes de Louis XIII. En 1681[5], Marc-Louis Deschamps[Note 2], conseiller d'État, verra ses terres de Chaumont érigées en marquisat ; le château étant quant à lui en ruines.

En 1774[5], Chaumont est acquis, auprès de la famille Deschamps, par Joseph-Nicolas de La Grange qui devient ainsi marquis du Vuache (Vulbens) et de Chaumont[Note 3].

Description[modifier | modifier le code]

Une vue des ruines du château de Chaumont avec en arrière-plan la montagne de la Tournette.

Le château était composé de deux, voire trois, enceintes successives, enceinte basse et enceinte haute. On accédait à la première enceinte ou plain-château du côté ouest après avoir emprunté un chemin taillé à flanc de rocher partant du bourg et qui longeait la courtine de la première enceinte sur une vingtaine de mètres avant de pouvoir accéder à la porte. De là, un chemin taillé partiellement dans le rocher traversait cette première enceinte qui occupe une superficie de plus de 5 000 m2 et donnait accès à une autre porte percée dans la seconde enceinte de 2 500 m2 qui se dressait au nord de la butte et entourait le château.

Dans cette enceinte haute, face à la porte se dressait, dans l'angle sud une tour quadrangulaire. L'angle est a probablement été renforcé par une tour ronde dressée au XIIIe siècle et l'ensemble est dominé, dans l'angle nord, par une tour maitresse quadrangulaire romane de 11 × 9 mètres. De par sa petite taille, elle s'apparenterait aux Bergfrieden abondamment répandus en terre d'Empire et en France méridionale. Construite en petit appareil, elle est caractéristique des tours romanes dressées aux XIe et XIIe siècles. Cette dernière se dresse au point culminant du rocher contre l'enceinte, en surplomb sur le bourg, et un corps de logis lui était accolé. Quant au grand logis, il s'appuyait sur la courtine de l'autre côté de la cour. Les fouilles ont notamment permis d'établir que l'eau était amenée par des conduites en sapin[13].

La tour maîtresse a fait l'objet d'une restauration en 2009.

Châtellenie de Chaumont[modifier | modifier le code]

Le château de Chaumont est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum)[9],[14]. Il s’agit plus particulièrement d’une châtellenie comtale, relevant directement du comte de Genève[15]. Le mandement de Chaumont est un territoire s'étendant sur les deux versants de la montagne du Vuache, notamment la haute Semine[16], elle « remontait assez haut, au nord, le long de la pente orientale du Vuache, et s'étendait au couchant, dans la Semine, jusqu'au Rhône »[17].

Dans la seconde moitié du XVe siècle, elle comprend les communes situées de part et d'autre du torrent de Fornant, affluent des Usses, soit les communes de « Contamine, Marlioz, Chavannes, Minzier, Épagny, Jonzier, Savigny, Dingy-en-Vuache ; la paroisse de Musiège, toute plantée de vignes, au midi ;—au couchant : Chessenaz, Vanzy, Clarafond, peut-être Arcine et Éloise, et des deux côtés tous les hameaux gros et petits existant aujourd'hui [1891] dans le canton de Frangy »[17].

Au XVIIe siècle, les armes du mandement de Chaumont se blasonnaient ainsi : Trois truffes de gueules[18].

Dans le comté de Genève[19], puis le comté de Savoie à partir de 1355[9], le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[20],[21]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[22]. Le châtelain est parfois aidé par un receveur des comptes, qui rédige « au net [...] le rapport annuellement rendu par le châtelain ou son lieutenant »[23].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et Lac d'Annecy (Tome III), Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 2-7171-0200-0), p. 331-335 « Le canton de Frangy », pp. 344-350 « Chaumont »..
  • Georges Chapier, Châteaux savoyards : Faucigny et Chablais, vol. 5, Grenoble, Éditions Revue Les Alpes, , 410 p..
  • Georges Chapier, Châteaux Savoyards : Faucigny, Chablais, Tarentaise, Maurienne, Savoie propre, Genevois, Éditions La Découvrance, coll. « L'amateur Averti », , 410 p. (ISBN 978-2-84265-326-2).
  • François Mugnier, Comptes de la châtellenie de La Balme en Genevois et extraits de comptes des châtellenies de St-Genis, Seyssel et Chaumont, Chambéry, impr. de Ménard, , 104 p. (lire en ligne)
  • Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Cabédita, , 193 p. (ISBN 978-2-88295-117-5).
  • [PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263,‎ , p. 3.4. La châtellenie de Sallanches (lire en ligne).

Fonds d'archives[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

  • ...

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les seigneurs de Chaumont s'éteindront à la fin du XIIe siècle et donneront naissances aux Vidomne de Chaumont et aux Sallenove, dont sont issus les sires de Viry[2].
  2. Il est issu d'une famille originaire de Villefranche en Beaujolais, récemment installé en Savoie et dont l'un des fils, Joseph-Nicolas Deschamps de Chaumont, sera de 1741 à 1763, prince-évêque de Genève.
  3. Il avait acquis précédemment le marquisat du Vuache.
  4. Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[27].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  2. a b c d e et f Blondel 1956, p. 71.
  3. Henry Suter, « Malpas », sur le site d'Henry Suter, « Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs » - henrysuter.ch, 2000-2009 (mis à jour le 18 décembre 2009) (consulté en ).
  4. Antoine Dufournet, Seyssel-sur-le-Rhône et ses environs, Éditions du Champ Vallon, , 336 p., p. 317.
  5. a b c d e f et g Christian Regat - François Aubert 1999, p. 45-46.
  6. Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 317.
  7. Acte de l'année 1124 publié dans le Régeste genevois (1866), que l'on peut consulter en ligne dans le Répertoire chronologique des sources sur le site digi-archives.org de la Fondation des Archives historiques de l'Abbaye de Saint-Maurice (REG 0/0/1/267)
  8. Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève. Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe – XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, 2003, 647 p., p. 292.
  9. a b c d e f g et h Blondel 1956, p. 72.
  10. Acte du publié dans le Régeste genevois (REG 0/0/1/407).
  11. François Demotz, La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens (855-1056). Roi, pouvoirs et élites autour du Léman, Lausanne, Société d’histoire de la Suisse romande, , 764 p. (ISBN 978-2-940066-06-3), p. 669.
  12. Georges Chapier 2005, p. 357.
  13. Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 235.
  14. Payraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
  15. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 416.
  16. Jules Vuy, « Les franchises de Châtel en Genevois du 18 mars 1307 », Mémoires de l'Institut national genevois, Genève, Imprimerie et Lithographie Vaney, t. XI,‎ , p. 6 (lire en ligne).
  17. a et b Mugnier 1891, p. 67 (lire en ligne).
  18. J.-F. Gonthier, « Funérailles de Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours (1659) », Revue savoisienne, vol. XI, no série II,‎ , p. 249 (lire en ligne).
  19. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 413 et suivantes.
  20. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  21. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  22. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  23. Nicolas Carrier, « A travers les archives médiévales de la principauté savoyarde - Les comptes de châtellenies », sur le site de mutualisation des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org (consulté en ).
  24. ADS1.
  25. Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
  26. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècle », p. 936, « Chaumont ».
  27. Jean Nicolas, La Savoie au XVIIIe siècle, Noblesse et Bourgeoisie, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Le Champ régional », , 1242 p. (ISBN 978-2-84206-222-4, lire en ligne), p. 66.