Alex Higgins

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Alex Higgins
Image illustrative de l’article Alex Higgins
Alex Higgins en 1968
Fiche d'identité
Nom complet Alexander Gordon Higgins
Nationalité Irlandaise
Date de naissance
Lieu de naissance Belfast
Date de décès (à 61 ans)
Lieu de décès Belfast
Professionnel 1971 - 1997
Meilleur classement 2e 1976/1977
et 1982/1983
Break le plus élevé 142
Victoires
Champion du monde 1972, 1982
Tournois classés 1
Tournois classés mineurs 1
Tournois non classés 21

Alexander Gordon « Alex » Higgins ([1]) était un joueur professionnel de snooker, originaire d’Irlande du Nord. Il fut par deux fois champion du monde (en 1972 et 1982) et deux fois finaliste. Higgins a également remporté les championnats du monde en double avec Jimmy White, et trois fois la coupe du monde avec l’équipe « All Ireland ». Higgins fut surnommé « Hurricane Higgins » (« L’Ouragan Higgins ») à cause de la vitesse de son jeu. Il fut également connu comme « The People’s Champion » (le « Champion du peuple »)[2] de par sa grande popularité au sein du public.

Higgins est souvent crédité pour avoir amené le snooker vers une audience plus large, et pour avoir contribué à son pic de popularité dans les années 1980[3].

Higgins avait la réputation d’être une personne au caractère difficile et imprévisible[4]. Grand fumeur[5], il avait également un grand penchant pour la boisson et les jeux de paris. Il admettra aussi avoir consommé de la cocaïne et de la marijuana[6].

Diagnostiqué d’un cancer à la gorge en 1998[7], Higgins est retrouvé sans vie dans sa maison de Belfast le [8].

Biographie

Jeunesse

Alex Higgins nait à Belfast[9], et a trois sœurs. Il commence à jouer au snooker à l’âge de 11 ans[10], principalement au Jampot Club, un petit pub situé dans son quartier natal de Sandy Row (en) (sud de Belfast), et plus tard au YMCA de Belfast. À 14 ans et pesant seulement 47,6 kg, il part pour l’Angleterre pour entamer une carrière de jockey. Cependant, il ne peut continuer dans cette voie, sa consommation de Guinness et de chocolat l’ayant rendu trop lourd pour espérer remporter des courses. Il retourne donc à Belfast, et se remet à jouer au snooker. En 1965, à 16 ans, il effectue son premier score maximum (147 points)[10]. En 1968, il remporte le « All-Ireland and Northern Ireland Amateur Snooker Championships » (le championnat de snooker amateur réunissant les joueurs d’Irlande et d’Irlande du Nord).

Titres mondiaux

Higgins passe professionnel à l’âge de 22 ans, et remporte le Championnat du monde à sa première participation en 1972, contre John Spencer (score final 37-32)[11]. Higgins devint dès lors le plus jeune vainqueur du championnat du monde, titre qu’il détiendra jusqu’en 1990, lorsque Stephen Hendry, alors 21 ans, lui subtilisera cet honneur[12].

En avril 1976, Higgins atteint de nouveau le stade de la finale, et affronte Ray Reardon. Higgins mène 11 manches à 9, mais Reardon parvient à réaliser 4 breaks de plus de 100 points, et six breaks de plus de 60 points, et remporte le cinquième titre de sa carrière sur le score de 27-16. Higgins sera de nouveau finaliste en 1980 face à Cliff Thorburn, finale qu’il perdra 18-16, après avoir mené 9-5.

En 1982, Higgins remporte son deuxième titre mondial en battant le même Reardon, sur le score de 18-15 (avec un break dans la dernière manche de 135 points). Ce fut à la fois une victoire professionnelle et personnelle pour lui. Il échoua lors de la saison 82/83 de devenir numéro 1 mondial, des sanctions disciplinaires prises à son encontre lui ayant retiré des points au classement final[13],[14].

Autres victoires

Tout au long de sa carrière, Higgins a remporté pas moins de 20 autres titres, le plus prestigieux d’entre eux est le titre obtenu lors du championnat britannique (« UK Championship ») en 1983. Lors de cette finale, il est mené 7-0 par Steve Davis, avant de produire une spectaculaire remontée pour gagner 16-15[15]. Il remporte deux fois l’édition des Masters, en 1978 et 1981, s’imposant respectivement face à Cliff Thorburn et Terry Griffiths[16]. 1989 verra son triomphe à l’Irish Masters, face au tout jeune Stephen Hendry.

Retraite

Après son retrait de la scène professionnelle, Higgins passe la plupart de son temps à jouer en Irlande du Nord pour de faibles sommes d’argent. Il fait deux apparitions en 2005 et 2006 au championnat professionnel d’Irlande, mais ne peut dépasser le stade du premier tour, respectivement battu par Garry Hardiman et Joe Delaney.

Le , Higgins est accusé d’avoir agressé un arbitre lors d’un match de charité dans le nord-est de l’Angleterre[17]. Il retrouvera cependant le milieu professionnel cette même année, en participant de nouveau au championnat professionnel d’Irlande, organisé au Spawell Club de Dublin. Mais il sera battu très sèchement 5 manches à 0 lors du premier tour face à Fergal O'Brien[18].

Higgins continue de jouer régulièrement, et aime « escroquer » pour un peu d’argent les joueurs occasionnels des clubs d’Irlande du Nord. En , il s’inscrit pour le championnat amateur d’Irlande du Nord, mais ne participera pas à son premier match[19].

Le , Higgins prend part à la tournée des légendes du snooker (« Snooker Legends Tour ») qui se déroule au théâtre du Crucible de Sheffield, et ce après avoir fait des analyses deux jours auparavant le déclarant atteint de pneumonie et de problèmes respiratoires[20]. Il apparait aux côtés d’anciennes gloires, comme John Parrott, Jimmy White, John Virgo et Cliff Thorburn[21].

On estime que Higgins a remporté entre 3 et 4 millions de livres sterling au cours de sa carrière professionnelle[22].

Style de jeu

Sa vitesse autour de la table, sa capacité à blouser des billes à un rythme soutenu ainsi que son style flamboyant ont permis à Higgins d’acquérir le surnom de Hurricane Higgins (« L’Ouragan Higgins »). Sa technique est très inhabituelle par rapport aux autres joueurs, en ce sens qu’elle inclut de nombreux mouvements de torsion du corps lors de la frappe et une posture généralement plus haute que la plupart des professionnels.

Le break de 69 points, réalisé sous pression face à Jimmy White dans l’avant-dernière manche de la demi-finale du championnat du monde 1982, résume à lui seul de l’ensemble son style. Higgins était mené 59 points à 0, mais il parvint à vider la table, obligé de produire des coups de haute technicité, principalement dû à un replacement pour le coup suivant approximatif. Interrogé sur ce break, l’ancien champion du monde Dennis Taylor considère que le coup en trois quarts sur la bille bleue pour l’empocher dans le trou de la verte était mémorable, non pas seulement par la difficulté technique du coup, mais également par le fait d’autoriser Higgins à continuer son break et à garder White hors jeu, l’empêchant ainsi de remporter la manche. En blousant la bleue, Higgins parvint à donner en même temps un effet extrême de côté sur la blanche, et grâce à l’intervention de la bande latérale, il put aisément se replacer dans la zone des billes rose et noire. Dennis Taylor admettra qu’il pourrait jouer ce coup cent fois sans jamais arriver à se repositionner de la même manière que Higgins.

Higgins avait l’habitude de boire de l’alcool et de fumer beaucoup pendant les tournois, comme le faisait d’ailleurs la plupart des joueurs de l’époque, des pratiques encouragées par les fabricants de cigarettes. Sa personnalité lunatique l’entraînait régulièrement dans des disputes, voire des combats, autour et en dehors de la table de snooker. Le plus sérieux de ces accrochages intervint lors qu’il donna un coup de tête à un arbitre lors du UK Championship en 1986. Il reçut une amende de 12 000 £ de la part de la fédération, en plus des 250 £ réclamés au tribunal, et fut suspendu pour cinq tournois[23].

Une autre frasque se déroula lors du championnat du monde en 1990. Après avoir été battu lors du premier tour par Steve James, il frappa à l’abdomen un organisateur du tournoi, Colin Randle, avant le début d’une conférence de presse à laquelle il devait annoncer sa retraite sportive. Ceci, ajouté aux menaces proférées à l’encontre de Dennis Taylor, lui valut d’être exclu pour l’ensemble de la saison[24].

En dehors du snooker

Lors de son triomphe au championnat du monde 1972, Higgins ne possédait pas de résidence permanente, et selon ses dires, aurait vécu à Blackburn dans une allée de maisons abandonnées en attente d’être démolies. En une semaine, il a changé cinq fois de maison, toutes dans la même rue, au fur et à mesure de l’avancement de la démolition[25].

L'année 1975 voit la naissance de son fils, Chris Delahunty. Higgins s’est marié une première fois avec Cara Hasler (d’origine australienne) en [26]. De cette union naquit une fille, Christel[27]. Cependant le mariage ne tient pas et le couple divorce peu de temps après. En 1980, Alex se marie une seconde fois avec Lynn Avison[28]. Ils auront une fille, Lauren (née en 1980)[29], et un garçon, Jordan (né en 1983)[30]. Ils divorcèrent en 1985. Dans la même année, Higgins débute sa relation avec Siobhan Kidd, qui se terminera en 1989, après qu’il a frappé cette dernière avec un sèche-cheveux[31].

Il eut une longue amitié avec Oliver Reed, et était très proche de Jimmy White, avec qui il jouait régulièrement lors de matches d’exhibition[32].

Bien que peu reconnu pour son aspect philanthropique, Higgins aida, en 1983, un de ses jeunes fans de la banlieue de Manchester, dans le coma depuis deux mois. Ses parents, désespérés face à la situation, décidèrent d’écrire au joueur. Ce dernier, en retour, enregistra un discours sur cassette lui souhaitant un prompt rétablissement, et l’envoya au garçon. Il lui rendit visite un peu plus tard directement à l’hôpital, et lui promit que dès qu’il se sentirait mieux, ils iraient jouer ensemble une partie de snooker. Tenant sa parole, quand l’enfant sortit de l’hôpital, le match eut lieu.

En 1996, Higgins fut accusé de l’agression d’un garçon de 14 ans[33]. En 1997, son amie du moment, Holly Haise, le poignarda à trois reprises lors d’une violente dispute.

En 2007 il publie son autobiographie, From the Eye of the Hurricane : My Story (« Dans l’œil du cyclone : mon histoire »)[34].

Maladie et décès

Pendant la majeure partie de sa vie adulte, Higgins fumait jusqu'à 60 cigarettes par jour[26]. En 1994 et 1996, des tumeurs cancéreuses lui furent retirées de la bouche. En juin 1998, les médecins lui annoncent qu’il est atteint d'un cancer à la gorge. Le de cette même année, il devra subir une opération chirurgicale[35].

Depuis 2009, Higgins vivait reclus dans une caravane. Et au printemps 2010, il fut atteint de pneumonie. En , ses amis décidèrent de créer une campagne de soutien pour récolter les quelque 20 000 £ nécessaires pour des implants dentaires, lui permettant ainsi de manger à nouveau correctement et de reprendre du poids. Higgins avait perdu la plupart de ses dents lors des séances intensives de chimiothérapies nécessaires au traitement de son cancer. Il se nourrissait exclusivement d’aliments liquides, et était devenu dépressif[36]. Cependant, malgré sa maladie, il continua de fumer et de boire jusqu’à la fin de sa vie[37].

À sa mort, Higgins ne pesait plus que 38 kg. Il fut trouvé sur son lit le , dans sa maison sur Donegall Road, à Belfast. La cause du décès est une combinaison de malnutrition, de pneumonie, de bronchite, et des suites de son cancer à la gorge.

Chronologie de sa carrière sportive

Tournois 1971/
72
1972/
73
1973/
74
1974/
75
1975/
76
1976/
77
1977/
78
1978/
79
1979/
80
1980/
81
1981/
82
1982/
83
1983/
84
1984/
85
1985/
86
1986/
87
1987/
88
1988/
89
1989/
90
1990/
91
1991/
92
1992/
93
1993/
94
1994/
95
1995/
96
1996/
97
1997/
98
UK Championship NT NT NT NT NT NT SF SF QF F QF F G F 2T SF 2T 1T 1T A DQ DQ DQ 2T DQ DQ DQ
The Masters NT NT NT QF QF SF G F F G SF 1T QF QF 1T F QF A TR A DQ DQ DQ A DQ A A
World Championship G SF QF SF F 1T 1T QF F 2T G SF 1T 2T 2T 2T 1T DQ 1T A DQ DQ 1T DQ DQ DQ A
Légende
DQ défaite lors des tours de qualification #T défaite dans les premiers tours du tournoi
(TR = Tour de Repêchage)
QF atteint les quarts de finale SF atteint les semi-finales
F finaliste G remporte le tournoi
NT le tournoi n'a pas eu lieu A n'a pas participé au tournoi

Notes et références

  1. (en) Simon Boyle, « Alex 'Hurricane' Higgins dies, aged 61 », The Telegraph, Londres,‎ (lire en ligne)
  2. (en) Bruce Weber, « Alex Higgins, the Bombastic ‘People’s Champion’ of Pro Snooker, Dies at 61 », New York Times,‎ (lire en ligne)
  3. (en) Bill Neenan, « Snooker's elite pay tribute to the inspiration of Alex Higgins », guardian.co.uk, Londres,‎ (lire en ligne)
  4. (en) « Hurricane Higgins used to live in Cuffley », Hertfordshire Mercury
  5. (en) « Where are they now? », BBC Sport,‎ (lire en ligne)
  6. (en) « Obituary: Alex Higgins », BBC,‎ (lire en ligne)
  7. (en) « Alex Higgins », Talk Snooker,
  8. (en) « Snooker star Alex Higgins found dead at Belfast home », Daily Express,
  9. (en) Nick Metcalfe, « Snooker legend Alex 'Hurricane' Higgins dies at the age of 61 », Mail Online, Londres,‎ (lire en ligne)
  10. a et b « Profil sur World Snooker », WPBSA
  11. « Where are they now? – Alex Higgins », johnvirgo.com
  12. (en) « 1990 – Cue Stephen Hendry », BBC Sport,‎ (lire en ligne)
  13. (en) Richard Osley et Sadie Gray, « Snooker legend Alex 'Hurricane' Higgins is dead », The Independent, Londres,‎ (lire en ligne)
  14. (en) « Alex Higgins: The genius », The Belfast Telegraph, Independent News & Media,‎ (lire en ligne)
  15. (en) « L'histoire de l'UK Championship », BBC Sport,‎ (lire en ligne)
  16. (en) Mike Burnett, « L'histoire des Masters », BBC Sport,‎ (lire en ligne)
  17. (en) « Higgins 'hits ref' at fund-raiser », BBC Sport,‎ (lire en ligne)
  18. « Nouvelles », Eurosport,
  19. (en) « Higgins goes back to his roots », BBC Sport,‎ (lire en ligne)
  20. (en) Christian Gyan, « Alex Higgins admitted to hospital », Daily Mail, Londres,‎ (lire en ligne)
  21. « Crucible 2010 », Snooker Legends Tour
  22. « http://archives.tcm.ie/irishexaminer/1999/05/10/fhead.htm »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )
  23. (en) « Bad Boys: Alex 'Hurricane' Higgins », BBC Sport,‎ (lire en ligne)
  24. (en) Phil Yates, « Top five controversial incidents », Times Online, Londres,‎ (lire en ligne)
  25. (en) Robert Byrne, Byrne's Advanced Technique in Pool and Billiards
  26. a et b (en) Leo McKinstry, « How the hurricane finally blew himself out », Mail Online, Londres,‎ (lire en ligne)
  27. « Hurricane warning », Irish Independent
  28. (en) Christopher Leake, « 'The finest ever snooker player' », Mail Online, Londres,‎ (lire en ligne)
  29. (en) Clive Everton, « Alex Higgins, snooker's anti-hero, dies aged 61 », guardian.co.uk, Londres,‎ (lire en ligne)
  30. (en) « Alex Higgins: Snooker legend who always found controversy off the table », Mail Online, Londres,‎ (lire en ligne)
  31. « Alex Hurricane Higgins' last interview », The Belfast Telegraph
  32. (en) « Eye of the hurricane », The Observer, Londres,‎ (lire en ligne)
  33. (en) Olga Craig, « Alex 'Hurricane' Higgins dies, aged 61 », The Daily Telegraph, Londres,‎ (lire en ligne)
  34. (en) Simon Hattenstone, « The people's grouch », The Guardian, Londres,‎ (lire en ligne)
  35. (en) Guy Hodgson, « Another fight for Higgins: this time it's for his life », The Independent, Londres,‎ (lire en ligne)
  36. « Alex Higgins ‘thought about suicide' », The Belfast Telegraph
  37. « Cancer-stricken snooker legend Alex 'Hurricane' Higgins fighting for life after contracting pneumonia », Daily Record

Liens externes