Gasshō

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Moine s'inclinant en faisant gasshō.

Gasshō (合掌?, paumes de mains réunies, jointes)[1] ») est une mudrā utilisée dans le bouddhisme japonais qui regroupe douze variations de la position des mains, onze fois tenues verticalement et une fois horizontalement[2]. La posture la plus courante est le nebina gasshō, dans lequel les paumes sont jointes sans espace entre elles, et qui sert à saluer et à rendre hommage. Cette mudrā dérive de l'anjali-mudra qui a donné en Inde la salutation namasté.

D'autre part, les différentes variantes de gasshō ont connu de nombreuses applications dans la sculpture et l'art japonais.

Généralités[modifier | modifier le code]

Gasshô (ou sa forme complète gasshō-in) est l'équivalent de l'expression sanskrite anjali mudra[3],[4],[Note 1], et en tant que tel, il s'agit d'un geste de salutation et de vénération.

Outre qu'il est le signe de la prière, ce geste est pratiqué par les divinités bouddhiques, et il est le signe de leur action et de leurs pouvoirs. C'est aussi une mudrā de salutation et de vénération, et il correspond alors à l'anjali mudra (sanskrit)[5].

Bouddhisme zen[modifier | modifier le code]

Le maître de Thiền (zen vietnamien) Thich Thien-An (en) faisant gasshō.

Dans le bouddhisme zen, gasshō est utilisé pour saluer. Il s'agit d'un geste de révérence dans lequel les mains sont pressées l'une contre l'autre à la hauteur de la poitrine, les bras étant souvent à l'horizontale.

Le gasshō (traduction japonaise du terme sanskrit, anjāli) est en fait une mudrā qui exprime le salut, la gratitude, la vénération ou encore la supplique, et qui, à ce titre, est fort répandu en Asie[6]. Pour le zen, ce geste marque aussi la non-dualité, l'unité de tous les phénomènes. En tant que tel, il exprime l'ainséité, c'est-à-dire la nature véritable de la réalité[3]. Si les mudrâ sont fréquents dans le bouddhisme ésotérique (par exemple les écoles tendai ou le shingon), ils sont guère utilisés dans le zen[7].

Dans le zen, il est communément utilisé comme signe de salutation entre les membres de la communauté monastique (sangha), et aussi pour rendre hommage à une représentation de bouddha[7].

Cependant, le chercheur Dale Saunders relève que cette forme avec les paumes pressées l'une contre l'autre verticalement, sans laisser d'espace entre elles (contrairement à d'autres formes de gasshō où on laisse un espace entre les mains) est aussi appelée nebina gasshō[2]. Elle reçoit encore le nom de kenjisshin, soit la « mudrâ du cœur ferme et sincère »[2],[7]. Selon Hermann Smidt, cité par Saunders[8], ce gasshō est celui de la secte zen: les mains serrées l'une contre l'autre, on peut se concentrer sur la méditation intérieure, ce qui exprime bien, toujours selon Smidt, le précepte zen « devenir Bouddha », ce qui commence par la connaissance de sa propre âme qui permet de percevoir la nature originelle de l'âme humaine.

Le gasshō dans l'art japonais[modifier | modifier le code]

Dans l'iconographie bouddhiste, c'est aussi une des principales mudra du bodhisattva Avalokiteshvara (ou Kannon), qui tient souvent un joyau qui réalise les vœux entre ses paumes réunies et placées devant son cœur. On la trouve aussi fréquemment dans les représentations de donateurs ou de mécènes religieux religieux[3].

La mudrā gasshō est aussi une des trente-trois formes que prend Kannon : la bodhisattva est debout, les mains jointes; dans cette posture, on l'appelle Gasshō Kannon[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. In est la traduction japonaise de mudrâ (Saunders, 1985, p. 199, note 1).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Kurt Friedrichs, Ingrid Fischer-Schreiber, Franz-Karl Erhard, Michael . Diener, Dictionnaire de la sagesse orientale. Bouddhisme - Hindouisme - Taoïsme - Zen (trad. de l'allemand par Monique Thiollet), Paris, Laffont, coll. « Bouquins », 1989, 752 p. (ISBN 978-2-221-05611-0), p. 186
  2. a b et c Saunders 1985, p. 40-42.
  3. a b et c (en) Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr., The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton and Oxford, Princeton University Press, , 1265 p. (ISBN 978-0-691-15786-3, lire en ligne), p. 48, sub verbo "anjāli".
  4. Christine Shimizu, L'art Japonais, Paris, Flammarion, , 495 p. (ISBN 2-080-12251-7), p. 480
  5. a et b Louis Frédéric, Le Japon. Dictionnaire et civilisation, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », (1re éd. 1996), 1419 p. (ISBN 978-2-221-06764-2), p. 275
  6. (en) Ingrid Fischer-Schreiber, Franz-Karl Ehrhard et Michael S. Diener, A Concise Dictionary Buddhism and Zen, Boston, Shambala, 2010 [1991], 280 p. (ISBN 978-1-59030-808-0), p. 76, sub verbo "Gassho".
  7. a b et c (en) Helen J. Baroni, The Illustrated Encyclopedia of Zen Buddhism, New York, The Rosen Publishing Group, 2002, 425 p. (ISBN 978-0-823-92240-6), p. 107; 228
  8. Saunders 1985, p. 213, n. 36. La suite de la phrase est une paraphrase de cette citation..

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) E. Dale Saunders, Mudrâ. A Study of Symbolic Gestures in Japanese Buddhist Sculptures, Princeton, Princeton University Press, coll. « Bollingen Series LVIII », (1re éd. 1960), xxiii, 296 (ISBN 978-0-691-01866-9). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]