Elmina

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Elmina
Elmina
Le centre-ville.
Administration
Pays Drapeau du Ghana Ghana
Région Région Centre
District Komenda-Edina-Eguafo-Abirem
Démographie
Population 33 576 hab. (2013)
Géographie
Coordonnées 5° 05′ 00″ nord, 1° 21′ 00″ ouest
Divers
Fondation 1482
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Ghana
Voir sur la carte administrative du Ghana
Elmina

Elmina est une ville située sur la côte du Ghana.

Elle est issue du premier comptoir européen fondé sur le golfe de Guinée par les Portugais, devenu ensuite un des grands centres de la traite des esclaves. C'est aujourd'hui un port de pêche de 20 000 habitants.

Le fort Saint-Georges-de-la-Mine, construit par les Portugais au XVe siècle, rappelle l'ancienneté de l'implantation européenne à cet endroit.

Histoire

Une incursion française (1380-1381)

En 1380-1381, des navigateurs dieppois, à la recherche d'épices et d'ivoire, fondent La Mine sur la Côte de l'Or (actuel Ghana) avant que la guerre de Cent Ans n'interrompe les expéditions normandes[1].

L'implantation portugaise

En 1433, les Portugais s’emparent du Castel de La Mine, alors abandonné, pour le rebaptiser S. George del Mina qui deviendra plus simplement Elmina[1].

Le premier comptoir, dit « de la Mine » en raison de la grande quantité d'or qu'ils y trouvèrent à acheter, est officiellement fondé en 1471 par Jean de Santerem et Pedro Escobar de retour de Sao Tomé. Le fort Saint-Georges, São Jorge da Mina, est construit en 1482 par une décision du roi du Portugal, Jean II, prise l'année précédente. Une expédition est menée à cet effet par Diogo de Azambuja[2].

Le lieu devient la tête de pont du Portugal en Afrique de l'Ouest. Mais le fort São Jorge da Mina était davantage conçu pour contrer des attaques venant de la mer que pour celles venant de la terre[2].

Les Portugais n'avaient que trois ou quatre forts de taille modeste, principalement sur le littoral[3], mais celui bâti à l'intérieur des terres vers 1623[3], Fort Duma retenait l'attention[3]. Avec d'autres Européens, ils convoitent en particulier « l'accès aux gisements d'or mêmes » d'une colline « à quelques kilomètres à l'Ouest d'Elmina »[4]. Un peu plus tard, ils tentent de remonter les rivières jusqu'à « la confluence de l'Ankobra et de la Duma, à une vingtaine de kilomètres au Nord du fort » Saint-Antoine d'Axim via un petit fort du pays d'Iguira[4].

Cette position sera abandonnée par les Portugais selon « une carte anonyme hollandaise de 1629 » à cause de la concurrence hollandaise et parce qu'ils trouvaient de l'argent au lieu d'or[4], d'après l'historien hollandais Albert van Dantzig.

Selon l'historien Jean-Michel Deveau, en 1623, les riverains de l’Ankobra attaquent une autre expédition portugaise remontant vers le nord pour ouvrir une mine à Aboasi[5], où le Fort Duma venait d'être érigé[5] encore plus au nord d'Axim, toujours sur les rives de l'Ankobra[6] pour y extraire de l'or[7]. Pour atteindre le Fort Duma, il fallait remonter sur 35 km le fleuve Ankobra, la mine étant située encore plus au Nord [3]. Les populations africaines du littoral contrôlaient fermement son acheminement jusqu'à la côte[3], malgré la distance et un accès favorisé par la rivière sur la moitié du trajet.

C'est en 1636 qu'un séisme va abîmer cette mine mais aussi le Fort Duma, amenant les Portugais à l'abandonner.

La période hollandaise (1637-1872) et la traite des noirs

La marine des Provinces-Unies prend le contrôle d'Elmina grâce à une conquête difficile, de 1625 à 1641.

Les Hollandais font construire un deuxième fort, le fort Saint-Jacques ou Saint-Jago entre 1666 et 1671, sur une colline qui surplombe le fort São Jorge da Mina, au nord de la péninsule[2]. Le village d'Elmina, qui côtoie le fort, gagne en autonomie[2].

De la fin du XVIIe siècle au début du XIXe siècle, la traite des esclaves fait la fortune de cette cité. C'est seulement dans le dernier quart du XVIIe siècle, lors d'un essor plus général de la traite des esclaves, que la Côte de l'or « n'en sera plus exclue »[8], causant une période d’immenses changements politiques dans la région, via des mécanismes qui sont sujet de controverse parmi les historiens[8], certains soulignant qu' "il n’y avait pas de classe servile simplement en attente d’être expédié"[8].

À la fin du XVIIe siècle, à 400 km plus à l'Est, sur la côte des esclaves, Ouidah pû « produire » plus de 1 000 esclaves par mois, sur fond d'« augmentation soudaine de l’approvisionnement en armes à feu » sur la Côte de l'Or[8], « justifiée aux yeux des Européens par le déclin prononcé de l’approvisionnement en or »[8] et de la « concentration croissante du pouvoir dans quelques États, en particulier ceux qui ont un gros enjeu dans la traite des esclaves : Fanti, Akwamu et Ouidah »[8], tandis que les « Fanti et Akwamu avaient augmenté le commerce de l’or plutôt que sa production, en manifestant l’agressivité des intermédiaires désireux de contrôler le marché »[8].

La cession au Royaume-Uni (1872)

En 1872, les Néerlandais cèdent aux Britanniques leurs possessions sur la Côte-de-l'Or.

La communauté locale d'Elmina refuse de reconnaître dans un premier temps ces nouveaux colonisateurs. La cité est bombardée par les Britanniques et détruite[2].

Elle resurgit, sur un site toujours au bord de la mer et du Golfe de Guinée, mais un peu plus au nord-est, durant les décennies suivantes[2].

Elmina aujourd'hui

Son lagon est désormais un port de pêche actif.

Le littoral subit un phénomène d'érosion[9].

Elmina au cinéma

Elmina a servi de cadre au réalisateur Werner Herzog pour son film Cobra Verde, avec Klaus Kinski dans le rôle principal.

Galerie

Notes et références

  1. a et b Le commerce dieppois au Sénégal et en Guinée (1626-1679), Groupe de recherche d'histoire, Université de Rouen
  2. a b c d e et f Gérard Chouin, « Elmina, du comptoir portugais à la ville africaine », dans François-Xavier Fauvelle et Isabelle Surun (dir.), Atlas historique de l'Afrique, Autrement, , p. 36-37
  3. a b c d et e "Gradual Creolization: Studies celebrating Jacques Arends" par Rachel Selbach, Hugo C. Cardoso, et Margot van den Berg [1]
  4. a b et c "La « Juridiction » du Fort Saint-Antoine d'Axim" par Albert van Dantzig dans la revue d'histoire Outre-Mers en 1979 [2]
  5. a et b "Traite, esclavage et fortifications dans l’Ouest africain (XVe – XVIIe siècle)" par Jean-Michel Deveau, dans la revue EchoGéo en 2007 [3]
  6. "L’État de Benyinli et la naissance du peuple nzema : du royaume Aduvolé, XVe siècle- XIXe siècle, Thèse de 3e cycle, Histoire, Université Nationale de Côte d’Ivoire, par René Allou Kouamé, en 1988 [4]
  7. "Ghanaian Pidgin English in its West African Context: A sociohistorical and structural analysis" par Magnus Huber, aux Editions John Benjamins Publishing, en 1999
  8. a b c d e f et g (en) L'historien Albert Van Dantzig, « Effects of the Atlantic Slave Trade on Some West African Societies », Outre-Mers, .
  9. Marine Jeannin, « “Il suffit d’un coup de volant et on se retrouve dans l’eau” : au Ghana, le littoral menacé par l’érosion », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Ato Ashun, Elmina, the castle and the slave trade, Ato Ashun, , 61 p..
  • (en) Christopher R. DeCorse, An archaeology of Elmina : Africans and Europeans on the Gold Coast, 1400-1900, Washington, D.C., Smithsonian Institution Press, , 286 p. (ISBN 1-560-98971-8).
  • (en) Harvey M. Feinberg, Africans and Europeans in West Africa : Elminans and Dutchmen on the Gold Coast during the eighteenth century, Philadelphie, The American philosophical society, , 186 p. (ISBN 0-87169-797-1) .
  • Joseph Bato'ora Ballong-Wen-Mewuda (2 vol.), São Jorge da Mina, 1482-1637 : la vie d'un comptoir portugais en Afrique occidentale (texte remanié d'une thèse de 3e cycle), Lisbonne, Paris, Fondation Calouste Gulbenkian, Centre culturel portugais; J. Touzot, (ISBN 972-958713-2).

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