Śmigus-dyngus
Śmigus-dyngus (appelé aussi lany poniedziałek, littéralement « lundi inondé », lany étant le participe passé du verbe lać, « verser ») est une tradition populaire observée en Pologne lors du lundi de Pâques. Elle consiste à asperger d’eau ses proches ou à les fouetter symboliquement avec des branches de saule. Associée à des rites de fertilité pré-chrétiens, cette pratique a été intégrée au folklore chrétien comme symbole de purification et de renouveau.
Histoire et signification
[modifier | modifier le code]Origines païennes et christianisation
[modifier | modifier le code]Le Śmigus-dyngus trouve ses racines dans les rites printaniers slaves liés au culte de l’eau et de la fertilité[1]. Les Slaves croyaient que l’eau, symbole de vie, éloignait les esprits malveillants et favorisait les récoltes[2]. Après la christianisation de la Pologne au Xe siècle, l’Église a associé ces pratiques à la célébration de Pâques, en les reliant au baptême et à la résurrection du Christ[3].
Symbolisme religieux
[modifier | modifier le code]L’eau utilisée pendant le Śmigus-dyngus est souvent bénite à l’église le samedi saint. Elle rappelle aux fidèles leur baptême et la promesse d’une « vie nouvelle » selon la théologie chrétienne[4]. Jusqu’au XIXe siècle, les paysans aspergeaient aussi leurs champs d’eau bénite pour invoquer une récolte abondante[5].
Pratiques contemporaines
[modifier | modifier le code]Le lundi de Pâques, les jeunes hommes parcourent les rues pour asperger les femmes célibataires d’eau (parfois parfumée) ou les fouetter légèrement avec des branches de saule décorées de rubans[6]. Cette coutume, autrefois ritualisée, est aujourd’hui ludique, bien que certaines régions rurales maintiennent des versions traditionnelles.
Variations régionales
[modifier | modifier le code]- À Cracovie, des défilés costumés accompagnent les aspersions.
- Dans les villages des Carpates, on utilise encore des récipients en bois sculpté pour verser l’eau[7].
Traditions similaires
[modifier | modifier le code]Le Śmigus-dyngus partage des similitudes avec d’autres rites slaves :
- Pomlázka (Tchéquie/Slovaquie) : Les hommes fouettent les femmes avec des branches tressées pour « assurer leur santé »[8].
- Oblewanka (Biélorussie) : Aspersions d’eau le lundi de Pâques.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Francis X. Weiser, The Easter Book,
- Sophie Hodorowicz Knab, Polish Customs, Traditions and Folklore,
Références
[modifier | modifier le code]- ↑ Aleksander Bruckner, Mitologia słowiańska i polska, Państwowe Wydawnictwo Naukowe, (ISBN 978-8-367-29548-2)
- ↑ Sophie Hodorowicz Knab, Polish Customs, Traditions and Folklore, Hippocrene Books, (ISBN 0781805155)
- ↑ Marysia Galbraith, « Ritual and Symbol in Polish Society », Journal of Folklore Research, vol. 37, no 1, , p. 33–55
- ↑ Francis X. Weiser, The Easter Book, Harcourt, Brace and Company, (ISBN 1640510559)
- ↑ Anna Zadrożyńska, Ritualia Polonorum: Ritualization of the Polish Culture, Wydawnictwo TRIO,
- ↑ « Śmigus-Dyngus: Poland’s Wet and Wild Easter Monday », sur Culture.pl,
- ↑ « Holy Week and Easter in Poland », sur Polish Tourism Board,
- ↑ Natalie Kononenko, Slavic Folklore: A Handbook, Greenwood Press, (ISBN 0313336105)