Émile Frechon

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Émile Frechon
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Émile Frechon (né le à Blangy-sur-Bresle et mort le à Alger) est un journaliste et photographe français de l'École naturaliste.

Biographie[modifier | modifier le code]

Frère aîné du peintre Charles Frechon. Journaliste de formation, il s'installe à Boulogne-sur-Mer et y fonde en 1870 Le Pas de Calais. Spécialiste des questions cynégétiques et agricoles, il écrit notamment dans La Chasse illustrée. Il débute à l'âge de 37 ans dans la photographie comme adepte du naturalisme théorisé en Angleterre[Quoi ?] par Emerson. Il est bientôt surnommé par ses pairs « le Millet de la photographie ». Il se rend célèbre en photographiant les marins de Somme et les paysans de Picardie dont de nombreuses épreuves sont conservées à la Royal Photographic Society de Londres. Sutcliffe et Emerson lui accordent une médaille d'or après une première exposition à Londres en 1893 où Frechon expose des collotypes d'Algérie.

C'est en , sur l'invitation de Jules Gervais-Courtellemont, qu'il découvre l'Algérie et qu'il décide d'y passer les hivers, multipliant notamment les scènes à Biskra (reportage en 1890 et publication d'un tiré à part de l'Algérie artistique et pittoresque en 1892 ) et ses environs. Les tirages sont signés « Em Frechon, Biskra ». Ses reportages sur Barcelone et la Tunisie sont beaucoup moins connus. Des tirages attestent également d'un voyage en Palestine non daté mais antérieur à 1910. Il travaille notamment à contre-jour, ce qui fait sa renommée, cherchant en Algérie comme en France à fixer l'intemporalité des scènes de la vie quotidienne.

De 1895 à 1904, le naturalisme social qui caractérise son œuvre le place cependant en marge du mouvement pictorialiste qui le redécouvre grâce au Photo-club de Paris. Après Demachy, c'est alors le photographe pictorialiste le plus publié dans les revues de l'époque, notamment dans La Revue de photographie. Il obtient une nouvelle médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris en 1900 et, en 1903, La Revue de photographie lui décerne le 1er Prix de son deuxième concours (sur le thème de la Maternité). En 1905, trois de ses photographies sont reproduites en taille douce dans un numéro de la revue Épreuve photographique. Les revues Femina et Country Life diffusent d'autres clichés à un plus large public.

Les premiers tirages de Frechon sont sur papier albuminé, le plus souvent non signés, mais ce sont ses virages aux sels d'or, au platine ou au selenium sur papier type vergé qui sont aujourd'hui les tirages les plus recherchés par les collectionneurs. Avec leur dominante sanguine déclinée selon une gamme très variée, ils sont considérés à juste titre comme le sommet de l'art d'Émile Frechon. Des citrates peut-être plus tardifs rendent l'identification souvent difficile avec des équivalents d'Alexandre Bougault ou de Marius Maure (photographes-commerçants installés à Biskra). On a même longtemps cru que tous les tirages algériens signés « Bougault Éditeur » au tampon sec étaient des clichés de Frechon. La nature des relations entre Frechon et d'Alexandre Bougault (père et fils) reste encore non élucidée et l'attribution de certains clichés sans doute encore très incertaine, mais Bougault ne fut pas qu'un éditeur : son activité de photographe en Algérie était reconnue et fut primée lors de plusieurs expositions du vivant même de Frechon.

De nombreuses vues de désert et d'oasis rapprochent aussi Frechon de l'austro-hongrois Rudolf Lehnert. Contrairement à Lehnert, souvent plus narratif que lui, Frechon n'utilise cependant ni les tirages au bromure, ni la diffusion en héliogravure et semble ne pas avoir réalisé de photographies de nus, en tous cas sous la forme d'études académiques orientales. Sa discrétion commerciale le distingue aussi très nettement des Maure, Lehnert & Landrock et autres Bougault. Il ignore notamment les "variations" panoramiques des deux derniers.

À la fin de la vie de Frechon, sur commande du Gouvernorat Général de l'Algérie, le photographe Jean Geiser édite une série médiocre de cartes postales à partir de tirages qui ne sont pas crédités au photographe. Des clichés Frechon non crédités se retrouvent surtout dans les années 1920 en héliogravures éditées par la société Adia-Nice, dans une série où on retrouve aussi des portraits par Jean Geiser. D'autres sont encore diffusés en Algérie en cartes postales par les éditeurs Sirecky et Jomone jusqu'à l'indépendance en 1962. On note également une série de cartes postales en similigravure imprimées à Boulogne dans les années 1900 avec de belles scènes de marins de Somme et la mention « Cliché Em Frechon ».

Une très grande partie de l'œuvre de Frechon a été détruite lors du bombardement de la maison de ses sœurs cadettes à la fin de la Seconde Guerre mondiale. À la fin des années 1990, plusieurs expositions organisées par la galerie parisienne « À l'image du grenier sur l'Eau » ont fait redécouvrir ses clichés algériens tandis que les photographies de la Royal Photographic Society (Somme et Picardie) étaient présentées en Angleterre lors d'une exposition en 1988 : Emile Frechon, the real France. La Société française de photographie et les Archives nationales d'outre-mer conservent aussi quelques tirages algériens.

Repères[modifier | modifier le code]

  • 1848 : naissance à Blangy-sur-Bresle
  • 1870 : installation à Boulogne-sur-Mer et fondation du journal Le Pas de Calais
  • 1881 : début dans la photographie
  • 1887 : premier voyage en Algérie à l'invitation de Jules Gervais-Courtellemont
  • 1892 : tiré à part sur Biskra dans l'Algérie artistique et pittoresque de Gervais-Courtellemont
  • 1893 : médaille d'or à l'exposition annuelle de la Photographic Society of Great Britain (collotypes avec vues d'Algérie)
  • 1894 : nouvelle participation à l'exposition de la Photographic Society avec des vues d'Algérie
  • 1894 et 1895 : participations à l'Exposition d'Art photographique du Photo-club de Paris
  • Il partage sa vie sur deux continents, l'hiver à Biskra (Algérie et les autres saisons à Étaples (Pas-de-Calais) et en Angleterre
  • 1900 : médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris
  • 1921 : Mort subite à Alger

Collections et expositions[modifier | modifier le code]

Fonds déposé en 2018 au Victoria & Albert Museum, Londres

Galerie[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Pointers, setters, petits épagneuls, études sur les chiens d'arrêt de race anglaise, ed Deyrolle 1881
  • « Biskra », in L'Algérie artistique et pittoresque, texte et photographies de Frechon, Gervais-Courtellemont, Alger, 1892
  • Femina n°43, , Scène de la Toussaint en couverture
  • Femina, n°62, , Moissonneuse en couverture et 5 photographies en off-set illustrant un article sur Les moissonneuses.
  • Femina n°76, , 4 photographies en off-set illustrant un article sur La tapisserie en Algérie
  • Country Life, revue anglaise, publication régulière de photographies de 1901 à 1910
  • L’Épreuve Photographique, 2e série, 1905, 3 photographies gravées en taille douce
  • Fermes et châteaux, le Country Life français, articles et photographies, 1905-1915

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Cédric de Veigy, Émile Fréchon (1848-1921), plaquette de l'exposition organisée au Salon Paris-Photo du 20 au par la Galerie « À l'Image du Grenier sur l'Eau » (aujourd'hui « L'Île aux images »), Paris
  • Le salon de Photographie, les écoles pictorialistes en Europe et aux États-Unis vers 1900, catalogue d'exposition du Musée Rodin, Paris, 1993
  • Photographes en Algérie au XIXe siècle, Musée-Galerie de la Seita, Paris, 1999
  • Ken Jacobson, Odalisques and Arabesques, Quaritch, Londres, 2007
  • Michel Mégnin, notice biographique dans Le dictionnaire des orientalistes de langue française, 3e édition, Pars, Khartala, 2012
  • Michel Mégnin, "Emile Frechon et Le Pittoresque dans la vie rurale, présentation et lecture commentée de l'article de Georges de Cavilly paru dans La Revue de Photographie en mars 1904", in Iconosud, plate-forme virtuelle Hypotheses (https://iconosud.hypotheses.org/), 14, 19 et 20 juillet 2021
  • "Emile Frechon", in Sebastien Quéquet (sld) : Histoires de Photographies, Musée des Arts Décoratifs, Paris, 2021

Références[modifier | modifier le code]


Liens externes[modifier | modifier le code]