Video nasty

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Video nasty (pl. Video nasties) est un terme anglais familier popularisé[1] par l'Association nationale des téléspectateurs et des auditeurs (NVALA[2]) au Royaume-Uni pour désigner un certain nombre de films, généralement des films d'épouvante ou d'exploitation à petit budget, distribués sur cassette vidéo et critiqués pour leur contenu violent par les critiques, les éditorialistes et diverses organisations religieuses au début des années 1980. Ces vidéos n'ont pas été soumises au British Board of Film Classification (BBFC) en raison d'une lacune dans les lois sur la classification des films qui permettait aux vidéos de contourner le processus d'examen. Les sorties vidéo non censurées qui en ont résulté ont donné lieu à un débat public sur la disponibilité de ces films pour les enfants en raison de la nature non réglementée du marché[3].

À la suite d'une campagne menée par Mary Whitehouse et la NVALA, des poursuites ont été engagées contre des personnes impliquées dans des commerces exploitant des vidéos prétendument obscènes. Pour aider les autorités locales à identifier les films obscènes, le directeur des poursuites publiques a publié une liste de 72 films qui, selon lui, violaient la loi de 1959 sur les publications obscènes (Obscene Publications Act). Cette liste comprenait des films qui avaient déjà été acquittés pour obscénité ou qui avaient déjà été certifiés par le BBFC. En outre, une deuxième liste a été publiée, qui contenait 82 titres supplémentaires qui n'étaient pas censés conduire à des condamnations pour obscénité, mais qui pouvaient néanmoins être confisqués en vertu des lois sur la confiscation prévues par la loi. La confusion qui en a résulté quant à la définition du matériel obscène a conduit le Parlement à adopter la loi de 1984 sur les enregistrements vidéo (Video Recordings Act 1984), qui exige la certification des sorties vidéo par le BBFC[1],[3].

Filmographie[modifier | modifier le code]

La liste du directeur du parquet (DPP[4]) est divisée en deux sections : Section 1 et Section 2.

Section 1[modifier | modifier le code]

La section 1 comporte en tout 39 films. Tout titre saisi en vertu de la section 1 rend le revendeur ou le distributeur passible de poursuites pour diffusion de matériel obscène. Les revendeurs peuvent être condamnés à une amende ou à une peine d'emprisonnement et le film lui-même est déclaré obscène si les poursuites aboutissent, ce qui signifie qu'il ne peut être distribué ou vendu au Royaume-Uni tant que l'obscénité n'a pas été annulée. 39 des films de la section 1 ont été poursuivis avec succès et sont restés interdits. 33 des films de la section 1 ont fait l'objet de poursuites infructueuses et ont été retirés de la liste et placés dans la section 2[5].

Section 2[modifier | modifier le code]

La section 2 comporte en tout 32 films. Les titres de la section 2 étaient susceptibles d'être confisqués sous le chef d'accusation « moins obscène », ce qui permettait à la police de saisir un film qu'elle considérait comme obscène et, tant que le revendeur coopérait, il admettait légalement que les articles étaient obscènes et échappait ainsi à toute poursuite personnelle. Les 33 films qui ne pouvaient pas être poursuivis en vertu de la section 1 devenaient automatiquement des titres de la section 2 et étaient toujours saisis par la police. La principale différence entre la section 1 et la section 2 est que les revendeurs ou distributeurs de vidéos peuvent être personnellement poursuivis en justice pour avoir détenu le film en vertu de la section 1, mais pas en vertu de la section 2, où l'obscénité est admise par la confiscation du matériel.

Section 3[modifier | modifier le code]

La section 3 comporte en tout 82 films. Une liste supplémentaire a été divulguée en même temps que la liste officielle, intitulée Section 3 Video Nasties. Les titres figurant sur la liste de la section 3 ne pouvaient pas être poursuivis pour obscénité, mais pouvaient être saisis et confisqués sous un chef d'accusation « moins obscène ». Les cassettes saisies en vertu de l'article 3 pouvaient être détruites après leur confiscation par les distributeurs ou les commerçants.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Video Nasties » [archive du ], sur BBFC, (consulté le )
  2. National Viewers' and Listeners' Association (en)
  3. a et b « Cannibal Holocaust », sur BBFC, (consulté le )
  4. Director of Public Prosecutions (en)
  5. (en) Julian Petley, Film and Video Censorship in Modern Britain, Edinburgh University Press, (ISBN 978-0748625383, DOI 10.3366/edinburgh/9780748625383.001.0001), p. 213

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christophe Triollet, Yohann Chanoir, David Didelot, Stéphane Erbisti, Bernard Gensane, Sébastien Lecocq, Didier Lefevre, Quentin Meignant, Augustin Meunier, Albert Montagne, Gilles Penso, Eric Peretti, Fred Pizzoferrato, Michel Tabbal, Darkness, censure et cinéma (4. Video Nasties), LettMotif, (ISBN 9782367162584)
  • (en) Martin Barker, The Video Nasties: Freedom and Censorship in the Media, Pluto Press, (ISBN 978-0-8610-4667-6)
  • (en) Kate Egan, Residual Media, University of Minnesota Press, , 200–222 p. (ISBN 978-0-8166-4471-1), « The Celebration of a 'Proper Product': Exploring the Residual Collectible through the 'Video Nasty' »
  • (en) Kate Egan, Trash or Treasure? The Changing Meaning of the Video Nasties, Manchester University Press, (ISBN 978-0-7190-7233-8)
  • (en) « Something Nasty This Way Comes... », The Dark Side, Stray Cat Publishing Ltd, no 20,‎ , p. 13–32
  • (en) John Martin, « The Official 'Video Nasties' and How They Got That Way... », The Dark Side, Stray Cat Publishing Ltd, no 58,‎ , p. 48–62

Liens externes[modifier | modifier le code]