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Le royaume de David et Salomon, ou royaume d’Israël, est fondé vers -1000 pendant la période archéologique du Fer II. Auparavant, l'on observe au Fer I (-1200 à -1000) la sédentarisation d'une population dont l'une des caractéristique est de ne pas consommer de porc et qui est appelée Israël sur la stèle de Merenptah en -1200. Avant cette sédentarisation, des populations nomades peuplent le territoire de Canaan au Bronze récent (c -1550 -1200). Il y a de nombreux débats sur l'origine de la population qui formera par la suite le royaume d'Israel.

La sédentarisation des premiers israélites au Fer I (environ -1200 à -1000)[modifier | modifier le code]

Premiers Israélites (hautes terres), Cananéens (vallées), Pelesets (côte)

La connaissance de cette période a fait un grand saut qualitatif avec les "regionals survey", une méthode archéologique consistant en une étude statistique régionale, non pas l'étude d'une seule ville. Elles ont permis de mettre en évidence la sédentarisation d'une nouvelle population entre la fin du 13e siècle et le 11e siècle av. J.-C. Leurs résultats sont exposé dans un livre qui a marqué son époque, "The Archaeology of the Israelite settlement", écrit en 1988 par Israel Finkelstein.[1] Deux études ont discuté ces découvertes "From Nomadism to Monarchy: Archaeological and Historical Aspects of Early Israel"[2] et " Aux origines d'Israël. Quand la Bible dit vrai", de William G. Dever[3]

Les prospections archéologiques menées depuis 1990 sur les hautes terres de Canaan montrent à partir de -1200, au début de l'âge du fer, la sédentarisation de petites communautés de nomades qui commencent probablement à cultiver des céréales.

Cette sédentarisation est marquée par l'apparition de petits villages en Transjordanie du nord et du centre, en Galilée, dans les collines de Samarie et d'Ephraïm, le territoire de la tribu de Benjamin et dans le nord du Néguev. Elle commence au début du XIIe siècle av. J.-C. principalement dans les collines centrales, mais aussi en Transjordanie et dans le Neguev. Au XIe siècle av. J.-C., elle se continue en Galilée (Hazor XII, Dan VI).

Dès le début, le développement est beaucoup plus rapide dans la moitié nord, plus arrosée et traversée par les voies de communication, que dans la moitié sud, sèche et peu accessible.

Pour la plupart d'entre eux, ces villages ne sont pas fortifiés. Certains sont organisés en ovale, à la manière des villages bédouins, témoignant d'une origine nomade (Izbet Sartah, Beer Sheba, Tel Esdar).

Cette population utilise de nombreux silos, des citernes et des terrassements agricoles font leur apparition.

Il est assez difficile d'évaluer avec précision le nombre de personnes sédentarisées à cette époque. Vers -1000, sur la base de 100 personnes par acre occupée, Israël Finkelstein les estime à 60 000 habitants.

Traits caractéristiques[modifier | modifier le code]

Maquette d'une maison à quatre pièces

De nombreux sites archéologiques présentent des traits caractéristique qui permettent de différencier cette population qui se sédentarise des autres.

L'utilisation de pilier dans les habitations devient assez répandue. Ainsi la maison à quatre pièces, habitation alors assez commune dans la région, deviendra typique des Israélites à l'époque de la monarchie. Celle-ci aussi témoigne d'une origine nomade de cette population.

Les potteries sont simplistes et très utilitariste et continuent le style de l'age du bronze. Un type de poterie est typiquement associé à ces sites, ce sont les jarres à colliers, ou pithoi.[4]

L'absence d'élevage et de consommation de porc reste le plus déterminant : contrairement à leurs voisins, les premiers Israélites n'élèvent pas de porc et ne mangent pas de viande de porc, ce qui permet à l'archéologie de les suivre à la trace, par l'analyse des déchets (os)[1].

Il n'y a pas de monuments, ni de bâtiments publics et peu de fortifications. Les sépultures sont très simples.

C'est une population sédentaire non urbaine répartie en petites communautés d'une douzaine de personnes formant une société égalitaire essayant de vivre dans les conditions difficiles des forêts montagnardes et des régions semi-arides. Pour Amihai Mazar, la structure socio-économique de cette population correspond à ce que décrivent les textes bibliques de la période des Juges[5].

Lieux de culte[modifier | modifier le code]

Plusieurs lieux de culte sont retrouvés pour cette population, dont certains étaient déjà utilisés par les populations nomade du bronze récent. Ainsi des lieux comme Silo, le Mont Ebal ou encore Béthel sont à la fois des places archéologiques et des lieux décrits dans la Bible. D'après l'archéologue I. Finkelstein, les références bibliques de Silo concordent avec l'archéologie et présentent de ce fait une trace de souvenirs anciens dans le texte biblique.[6]

Identification des premiers israélites[modifier | modifier le code]

Plusieurs points permettent d'associer cette population qui se sédentarise aux israélites. D'abord la stèle du pharaon Mérenptah (voir ci dessous) qui atteste de la présence d'un peuple nommé Israel en Canaan avant sa sédentarisation.

Ensuite, la culture de ce peuple, l’alimentation, l'absence de consommation de porc, qui la distingue nettement de ses voisins, et la religion (les lieux de cultes), sont des traits qui semblent fédérer cette population et évoquent les traditions biblique du futur royaume d'Israel.

D'autres traits culturels, comme l'habitat (la maison à quatre pièce), s'ils ne sont pas propres à cette population et se retrouvent ailleurs dans l'orient ancien, rentrent néanmoins dans les habitudes de ce peuple qui se les approprie par la suite.

La stèle de Merenptah[modifier | modifier le code]

Partie de la stèle mentionnant le terme ysr3r

La stèle du pharaon Mérenptah, datée de -1207, cite le pays de Canaan et la population nommée Israël parmi les vaincus. C'est la seule fois que ce nom apparaît en Égypte à cette époque. L'inscription précise, par le déterminatif, que cette population est un groupe nomade ou semi-nomade qui n'habite pas dans une ville[7].

Israël est donc reconnu et nommé comme un peuple distinct avant sa sédentarisation au début de l'âge du fer, la stèle de Merenptah indique une population nomade, tout d'une moins d'une population qui n'est pas lié à un état ou une cité-état, habitant la région environ un demi siècle avant la sédentarisation constatées[8].

Il y a donc une corrélation entre l'évidence archéologique d'une origine nomade des premiers israélites avec un texte de d'époque, la stèle de Merenptah, qui atteste d'une organisation tribale développée à la toute fin du Bronze Récent. Comme ces populations occupant les hautes terres du Fer I deviendront l'Israël du Xe siècle, il y a donc une continuité de population et il n'est pas utile de parler de proto-israélites comme le fait W. Dever[9].

Franck J. Yurco identifie le mur occidental de la cour de la cachette à Karnak avec la stèle de Merneptah. Le sceau attribuant l'ensemble mural à Ramses II semble avoir été une usupartation tardive.[10] Il identifie l'Israel de la stèle avec une fresque dont il ne reste qu'une partie montrant une bataille contre des cananéens dans des collines. Anson Rainey identifie plutôt israel avec une fresque montrant des prisonniers shasous.[11][12]

Évolution des méthodes archéologiques[modifier | modifier le code]

Israël Finkelstein a été le premier à effectuer des "regional surveys"[1], c’est-à-dire à pratiquer une méthode statistique qui a permis cette découverte : toute une équipe a effectué un ramassage de tous les débris de matériaux liés à la présence humaine, lors d’un ratissage systématique de toute la région des hautes terres, à partir de 1990. Chaque débris, daté, a fourni un point sur la carte correspondant à cette date. L’ensemble de toutes ces cartes a, par l’accumulation des résultats, permis de localiser petit à petit les premières présences humaines sur les hautes terres. Des fouilles locales ont, finalement, permis de mettre au jour les murs des enclos, les restes des habitations et des citernes creusées dans le roc, sur le site de Silo[13]. Vers -1000, la population sédentarisée est estimée à 40 000 habitants répartis sur 230 sites dans la moitié nord, pour 5 000 habitants répartis sur vingt sites dans la moitié sud. L’étude fine de la croissance de cette population au cours du temps montre que la sédentarisation est progressive et très régulière.

Cette méthode et ses premiers résultats ont été décrits en 1988 dans le Livre de Finkelstein, The Archaeology of the Israelite settlement, et ont été présentés dans un film[14].

Déclin de Canaan et tribus nomades au Bronze récent (environ -1550 à -1200)[modifier | modifier le code]

Les découvertes archéologiques décrivent la sédentarisation au Fer I (vers -1200) de groupes tribaux qui suivaient auparavant un mode de vie pastoral nomade ou semi-nomade.[2][3]

Du fait de ce nomadisme, il n'y a pas d'évidences purement archéologiques de cette population préalablement à sa sédentarisation. Les populations nomades laissent peu, voir pas du tout, de traces archéologiques[15], à moins d'être mentionnées dans des textes anciens.

Cette sédentarisation provient nécessairement des populations présentes au bronze récent (environ -1400 à -1200). Certains lieux de culte, comme Shilo et Beth-El sont à la fois utilisés par la population nomade des hautes terres et expressément mentionnés dans la Bible comme lieu de culte des Israélites.

Parmi elles on trouve la population nommée Israël par la stèle de Merenptah. D'autres populations nomades comme les Shasous et les Apirous ont souvent été évoquées, mais ce sont des termes qui détermine un rôle social plus que des ethnies.

Les différentes populations au Bronze Moyen[modifier | modifier le code]

Les Egyptiens[modifier | modifier le code]

EA 161, lettre d'Aziru, leader d'Amurru (défendant son cas devant le pharaon),une des Lettres d'Amarna, écrites sur des tablettes d'argiles

Les Égyptiens exercent une domination sur les citées-états de Canaan qui leur assure des ressources et un soutient logistique. Ils maintiennent des garnisons à Gaza, Jaffa et Beth-Shean. Ils sont plus ou moins présents selon les époques. Une partie de notre savoir sur le pays à cet époque provient de leur stèles racontant leurs exploits et surtout des archives diplomatiques retrouvées à El Amarna.

Après la campagne du pharaon Ahmosis (~-1550)contre les hyksos à Sharuhen, il y a pendant 80 ans peu d'incursions egyptiennes en Canaan.

C'est le pharaon Thutmoses III (-1425) qui rétablit l'influence égyptienne sur les cités états, notamment à la bataille de Megiddo dans laquelle il affronte une union de forces cananéennes. Il rétablit ainsi l'influence égyptienne sur canaan et sur le sud de la Syrie. Son successeur le pharaon Amenophis II mène deux campagnes en Canaan, le long de la voie Maris et dans le nord de la Galilée.

Les Lettres d'Amarna font états de nombreux troubles et du peu d'interventions de l'Egypte à cette periode. Elles donnent un bon aperçu des relations entre Canaan, Amurru et l'Egypte, ainsi que des différentes situations des villes cananéennes. Certaine fois elles semblent être a contrario de l'archéologie, ainsi les villes de Jérusalem et Lakish sont décrites commes des villes importantes dans les lettres d'El amarna alors que les fouilles archéologiques ne mettent pas en évidence une ville importante à cette époque. [16][17]

Puis les pharaons de la XIXe dynasties montreront à nouveau leur intérêt pour ce pays et la région plus au nord. Ils installeront un contrôle plus marqué de l’Égypte sur le pays, qui continuera avec la XXe dynastie. En effet la Palestine est pour eux le chemin obligatoire vers le nord. La stèle de Merenptah (vers -1210) atteste de la présence d'un peuple appelé Israël en Canaan.

Les Cananéens[modifier | modifier le code]

Vue aérienne de Hazor, "la tête de ces royaumes" qui est la principale ville cananéenne

La civilisation cananéenne voit son apogée au Bronze Moyen II (-2000 à -1550). Elle est alors composée de puissantes citées états, dont l'une des caractéristiques est d'être protégées de hauts remparts de terre. La plus importante de ces villes est indéniablement Hazor, mais l'on trouve aussi Acre,Megiddo,Jericho,Tel el-Ajjul. Cette civilisation est marquée par un effondrement systémique à la fin du Bronze Moyen, longtemps associée à l'expulsion des Hyksos par les egyptiens (voir ci-dessous), et au Bronze Récent (-1550 à -1200) elles occupent des surfaces plus réduites et ont perdu leurs remparts.

A Karnak, la liste des 119 citées-états battues par les égyptiens à Megiddo est la liste la plus détaillée que nous ayons de ces villes.

Cette époque est souvent une époque faste où les cités cananéenne vivent une grande prospérité, mais elle est aussi marquée par de nombreuses destructions.

Les Lettres d'Amarna, en , racontent les conflits entre les différentes cités états, ainsi que leurs problèmes récurrents avec les Apirous, plus ou moins présents selon les régions. La présence de poteries dites "late mycéennes IIIA" à El-Amarna en Egypte et en Canaan, permet de dater les sites archéologiques et de déterminer quels strates archéologiques correspondent avec cette période historique.

Vers la fin du Bronze récent (c -1200 -1150), les plus grandes cités subissent des destructions violentes, qui marqueront la fin de leur époque cananéeene. Cette destruction est toujours suivie d'une période sans occupation, où l'on retrouve seulement pendant 100 ou 200 ans des traces d'occupation nomade. Ainsi en est-il de Hazor, Lakish, Dan, Megiddo. Dans plusieurs villes, ces destructions sont attribuées aux israélites. Ces villes seront habitée plus tard par des israélites au Fer I.

Les populations shasous[modifier | modifier le code]

Shasu prisoner as described in Ramses III's reliefs at Madinat Habu

A partir du XVe siècle, le terme shasou apparait dans les documents egyptiens. Pour R. Givéon le seul évènement pouvant expliquer l'apparition des Shasous à cette date est l'expulsion des Hyksôs (autour de -1550)[18]. Ce terme signifie en égyptien "errer, traverser" et désigne des populations transhumante, à la manière du terme arabe bédouin.

La première occurence se trouve dans l'inscription biographique trouvée à El-Kab de l'amiral Ahmôsé[19] qui raconte avoir fait des prisonniers Shasou en servant le pharaon Âakhéperenrê Thoutmôsis II, vers -1490. Les Shasous se trouvaient sur son chemin alors qu'il menait une expédition punitive vers le nord.Ces populations sont trouvées majoritairement dans le sud de la Palestine, et prennent une certaine importance puisque à l'époque d'Amenhotep II, ils représentent un nombre signifiant de prisonniers, la moitié en nombre des cananéens.

Ce terme semble être associés à plusieurs peuples, les egyptiens semblant dénoter différents groupe de shasous, comme, entre autres les shasous de Séir (Edom), les shasous de Yhw (Yhwh)[20], les shasous de Maat. Donald Redford estime que nous avons affaire à un groupe qui adorait le dieu d'Israël, ce qui l'amène à parler d'Israël naissant à propos des Shasous[21]. De façon similaire Shmuel Ahituv parle des « adorateurs de Yahu, le dieu d'Israël[22] ».

L'utilisation de ce terme semble disparaitre vers le XIIe siècle.

L'effondrement systémique à la fin du bronze moyen (-1550)[modifier | modifier le code]

La civilisation cananéenne était particulièrement développée au Bronze Moyen, et formait un ensemble conséquent de cités états fortifiées.

De nombreuses villes, comme Hazor, la ville cananéenne la plus importante, Lakish, Jéricho, sont détruites à la fin du bronze moyen, dans ce qui est appelé un effondrement systémique, daté au carbonne 14 aux alentours de -1550. Ces cités sont rapidement reconstruite dès le début du Bronze Récent et connaitront pour la plupart une nouvelle prospérité. Cependant ces villes ne sont plus fortifiées au Bronze Récent.[23][24]

Dates de destructions généralement acceptées et telle que proposées par les personnes en charge des fouilles respectives des villes concernées :

L'explication pour cet effondrement a longtemps été l'expulsion des Hyksos d'Egypte circa -1550, et la guerre entre ces derniers et les premiers pharaons du nouvel empire. Cependant les documents égyptiens n'établisse la guerre contre Hyksos que jusqu'à Sharuhen, au sud de la palestine (vers l'actuel Gaza). Cet effondrement massif reste donc sans explication concluante.[25][23]

I. Finkelstein pense qu'il n'y a pas d'évidence que plusieurs sites furent détruit en même temps. Cependant, il remarque qu'il n'y a pas d'évidence d'un important peuple sémite en Egypte, à part les Hyksos, et que ceux-ci correspondraient bien aux israélites 5avaris, qui deviendra Pi Ramses, au coeur de la terre de Gooshen, les assertions de Manetho, ...) mis à part que ceux-ci sont des dirigeants et pas des esclaves, et qu'ils semblent avoir été poursuivis pour les chasser plutôt que pour les ramener. Il se pourrait selon lui que l'histoire de l'Ehypte évoque de vagues souvenirs de l'expulsion des Hyksos.[26]

Dates de destructions telles que présentées par Finkelstein et Silberman dans le livre "La Bible dévoilée" chez Bayard presse :

Principaux sites archéologiques[modifier | modifier le code]

Modèles décrivant les origines de cette population[modifier | modifier le code]

L'origine de la population qui se sédentarise au Fer I puis deviendra le royaume d'Israel au Fer II est un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre.

"La plupart des vues concernant l'emergence d'Israel en Canaan dans une des quatre approche suivante : conquête, infiltration, révolution sociale ou pastoralisme canaanéen".[27]

La multitude mélangée[modifier | modifier le code]

Ann E. Killebrew porpose en 2006 la théorie d'une multitude mélangée (mixed multitude)[27] en s'appuyant sur la reconnaissance par plusieurs auteurs, dont Stager, Finkelstein et Dever, du regroupement de plusieurs groupes différents dans l’Israël naissant. Cette théorie cherche à articuler les évidences contradictoire : la continuité culturelle, et l'introduction de nouveautés.

Ainsi tous les différents groupes habitant canaan au bronze moyen auraient pu se retrouver intégrés dans une entité nouvelle, que finira par former la monarchie au Fer II.

Resédentarisation[modifier | modifier le code]

Théorie de Yohanan Aharoni[réf. souhaitée], développée principalement par Israël Finkelstein et William G. Dever :

Le modèle repose sur l'idée que la population qui se sédentarise au Fer I est une population indigène, issue de la population cananéenne du Bronze récent. I. Finkelstein s'appuie sur la similarité de la culture et des modes de vies du Bronze récent avec ceux du Fer I, également sur le fait que les villes du Nord retrouvent une culture cananéenne au Xe siècle. La continuité des cultures montre que la population se sédentarisant était déjà présente en Palestine pendant le Bronze récent.[1]

Finkelstein s'appuie sur l'idée d'un changement cyclique au IIIe millénaires, les populations devenant tour à tour sédentaires ou nomades selon les aléas économique. C'est l'adaptation de c emodèle au II millénaire qu'il propose : suite à l'éffondrement de la société du Bronze Moyen, la population cananéenne serait devenue nomade au Bronze récent puis se serait resédentarisée au début de l'age du fer. En période de crise (bronze intermédiaire dans un cas, bronze récent dans l'autre) l'économie se tourne vers l'élevage de moutons et de chèvres et un mode de vie plus pastoral, tandis qu'en période stable (BM II, Fer I) il y aurait une tendance à l'agriculture irriguée et à l'élevage de bétail.[1]

Selon W. Dever, les premiers Israélites seraient issus de l'effondrement de la société cananéenne du bronze récent. Ils auraient migré des basses terres de Palestine vers les hautes terres où l'archéologie les retrouve. Pour Finkelstein, cela est impossible. Selon lui, les populations expulsées des villes cananéennes à la fin du bronze moyen seraient celles qui se sédentarisent au début du Fer I après avoir été nomades pendant le bronze récent : la culture cananéenne décline au cours du XVIe siècle, certains trouveraient alors refuge dans les régions montagneuse de Galilée. Plus tard, vers la fin du Bronze récent, un processus de resédentarisation commencerait et serait à l'origine de la population israélite. «Les habitants de ces villages n'étaient autres que les peuplades indigènes de Canaan, qui, petit à petit, ont fini par développer une identité ethnique que l'on peut qualifier d'israélite.»

D'après A. Mazar, les traditions cananéenne sont générales à toutes les populations du Fer I et ne pointent pas nécessairement vers l'origine cananéenne d'Israël. La Bible décrit également un mélange culturel, les Israélites adoptant les traditions de ceux qui les entourent. Cette théorie de la resédentarisation est liée à celle d'un Israël émergeant des groupes nomades du Bronze récent, comme les Apirous ou les Shasous. Or, certains shasous ont émigré en Égypte, comme le Jacob biblique. Dans un document égyptien, leur territoire est nommé Yahu[5].

Le modèle Albright - Wright de la conquête[modifier | modifier le code]

C'est le modèle issu de l'archéologie biblique du milieu du XXe siècle. Albright et Wright aux États-Unis et Y. Yadin en Israël représentent le fer de lance de l'archéologie biblique dans les années 1940-70. En se basant sur les fouilles d'Albright ainsi que sur la découverte par Wright d'une épaisse couche de cendre à Beitin, ils développent l'idée que la conquête de Canaan par les Israélites a eu lieu au XIIIe siècle av. J.-C. en liant les destructions de Beitin, Hazor, Lachish.

Ce modèle est devenu obsolète, il est totalement remis en cause car il représente une conquête rapide et totale de Canaan qui ne correspond ni à l'archéologie ni au texte biblique. Les destructions qui leur servaient d'exemple ont eu lieu à des moments trop espacés pour faire partie de la même campagne. En particulier la destruction de Jéricho est bien trop précoce pour ce modèle.

L’archéologue Pierre de Miroschedji un article dans la revue La Recherche, dans lequel il fait le point sur l’état des connaissances aujourd’hui et sur leur degré de fiabilité (consensus ou pas de la communauté des chercheurs sur le terrain). Il rappelle les mésaventures de ce qu’on a appelé l’"Archéologie biblique"[28] et, en particulier, la certitude, une par une, que les villes de la conquête militaire de Canaan n’ont jamais été conquises par les Hébreux[29]. Les destructions constatées signent ce qu’on appelle un “effondrement systémique”, celui d’ailleurs qui a conduit les premiers Israélites à se sédentariser sur la région la plus à l’écart de grandes perturbations qui l’ont accompagné. Pierre de Miroschedji écrit :

« D’une façon générale, aucun archéologue sérieux ne croit plus aujourd’hui que les événements rapportés dans le livre de Josué ont un fondement historique précis. Des prospections archéologiques, au début des années 1990, en particulier, ont révélé que la culture israélite a émergé dans les collines du centre du pays, en continuité avec la culture cananéenne de l’époque précédente[29]. »

Il souligne néanmoins que l’on peut tout à fait, en archéologie, se tourner vers le texte biblique et, après l’avoir soumis à la critique, voir quelle part d’information on peut en tirer.

Entrée en Canaan puis occupation tardive[modifier | modifier le code]

Ce modèle, proposé dans différentes variantes (conquête à différents moments du Bronze récent, entre le XVe et le XIIIe siècles) s'appuie sur une relecture des textes bibliques et les avancées de l'archéologie.

Le texte de Josué indique précisément que seules trois villes sont détruites pendant la conquête, sans toutefois être occupées par les Israélites par la suite : Jéricho, Ai et Hazor. Cette conquête aurait eu pour seul effet de tuer les chefs cananéens et une partie de la population. L'Ancien Testament raconte l'échec de cette conquête rapide et les difficultés des Israélites pour s'installer en Canaan.

Selon Kenneth Kitchen, les villes cités dans le livre de Josué correspondent effectivement à des villes existantes au XIIIe siècle av. J.-C., et certaines présentent des traces de destruction à ce moment[30]. Pour d'autres comme John J. Bimson, la conquête correspond à la destruction de certaines villes cananéennes qui marque la fin du Bronze Moyen, tandis que l'histoire des populations nomades et tribales correspond au Bronze Récent[31].

Infiltration[modifier | modifier le code]

Albrect Alt en 1925 propose une infiltration progressive des Israélites en Canaan, certains pouvant être passés par l'Égypte et ayant rapporté leur tradition particulière[32]. Ce sont des peuples nomades ou semi-nomades qui arrivent sur une période étendue. Martin Noth y ajoute l'idée d'une fédération de douze tribus liées par un dieu commun et un lieu de culte.

Révolte paysanne[modifier | modifier le code]

Georges Mendenhall propose ce modèle en 1962. Selon lui, l'apparition d'un mouvement religieux rendit possible la révolte des paysans cananéens contre les collecteurs de taxe venus des villes. Ce serait l'apparition d'un petit groupe d'esclaves venant d'Égypte qui aurait permis le soulèvement de tout un pays contre ses rois. C'est un constat sociologique et culturel qui l'amène à cette conclusion[33]. Cette idée est reprise par Norman Gottwald dans "The Tribes of Yahwe", qui, au grand dam de Medenhall inscrit cette théorie dans une version plus marxiste de l'histoire. Gottwald sera sévèrement critiqué par Lemche, qui reprend l'idée de Medenhall, proposant les Israélites comme descendant des Apirous, mais en fait une évolution progressive, d'abord vers une organisation tribale, puis vers une nation, identifiable en tant que telle sur la stèle de Merenpath. Il n'y aurait pas selon lui d'origine étrangère.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Margreet L. Steiner, Ann E. Killebrew, "The Oxford Handbook of the Archaeology of the Levant: C. 8000-332 BCE", Oxford University Press, 2014
  • Israel Finkelstein, Amihay Mazar, The Quest for the Historical Israel: Debating Archaeology and the History of Early Israel, Society of Biblical Lit, 24 oct. 2007
  • Ann E. Killebrew, Biblical Peoples and Ethnicity: An Archaeological Study of Egyptians, Canaanites, Philistines, and Early Israel, 1300–1100 B.C.E., Society of Biblical Lit, 2005
  • William G. Dever, Aux origines d'Israël. Quand la Bible dit vrai, Bayard, 2005
  • André Lemaire, La Naissance du monothéisme : Point de vue d'un historien, Bayard, 2003
  • La Bible dévoilée, The Bible unearthed : archaeology's new vision of ancient Israel and the origin of its sacred texts, New York, Free Press, 2001.
  • Stager, Lawrence E. (2001). "Forging an Identity: The Emergence of Ancient Israel". In Michael Coogan (Ed.), The Oxford History of the Biblical World, Oxford University Press.
  • Israel Finkelstein, The Archaeology of the Israelite settlement, Israel Exploration Society, 1988
  • Amihai Mazar, Archaeology of the land of the Bible, 10,000-586 BCE, 1990
  • Baruch Halpern, The Emergence of Israel in Canaan, SBL, 1983

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Israel Finkelstein, The Archaeology of the Israelite settlement, Israel Exploration Society, 1988"
  2. a et b From Nomadism to Monarchy: Archaeological and Historical Aspects of Early Israel, 1994, Israel Finkelstein, Nadav Na'Aman, Biblical Archaeology Society
  3. a et b Aux origines d'Israël. Quand la Bible dit vrai, William G. Dever, Bayard, 2005
  4. "The Collared-rim Jars and Settlement of the Tribe of the Dan", Avraham Biran, in Recent Excavations in Israel: Studies in Iron Age Archaeology, Seymour Gitin, William G. Dever, Eisenbrauns, 1989
  5. a et b Amihai Mazar, Archaeology of the land of the Bible, 10,000-586 BCE, 1990
  6. I. Finkelstein, Un archéologue au pays de la Bible, Bayard
  7. Jacques Briend, Institut Catholique de Paris, film La Bible dévoilée. Les révélations de l'Archéologie, chap. 2 de l'épisode 4
  8. Michael G. Hasel, « Israel in the Merneptah Stele », Bulletin of the American Schools of Oriental Research, no 296,‎ 1994, p. 45-61
  9. Robert d. Miller, Identifying Earliest Israel, BASOR, no 333, février 2004
  10. Yurco, Frank J. (1986). "Merenptah's Canaanite Campaign." Journal of the American Research Center in Egypt 23:189–215.
  11. Hasel, Michael (2008). "Merenptah's reference to Israel: critical issues for the origin of Israel". In Hess, Richard S.; Klingbeil, Gerald A.; Ray, Paul J. Critical Issues in Early Israelite History. Eisenbrauns.
  12. Laurence Stager, "Merenptah, Israel and Sea Peoples: New light on an old relief. Eretz-Israel
  13. Pierre de Miroschedji, revue “La Recherche” no 391, pages 32, 38 et 40
  14. Dans le film La Bible dévoilée. Les révélations de l'Archéologie, Thierry Ragobert montre de très belles vues aériennes de ces habitats (chap. 3 de l'épisode 4)
  15. Living on the Fringe: The Archaeology and History of the Negev, Sinai, and Neighbouring Regions in the Bronze and Iron Ages. monographs in mediterranean archaeology 6. sheffield: sheffield academic Press.
  16. "The Contribution of the Amarna Letters to the Debate on Jerusalem's Political Position in the Tenth Century B. C. E.", Nadav Naʾaman, Bulletin of the American Schools of Oriental Research,No. 304 (Nov., 1996)
  17. A Synopsis of the Stratigraphical, Chronological and Historical Issues (Chapter 3 in the Lachish final excavation report); D. Ussishkin, The Renewed Archaeological Excavations at Lachish (1973-1994), vol. 1, pp. 50-119
  18. R. Givéon, Les bédouins Shosou des documents égyptiens, Leyde,‎ 1971.
  19. James Bennett Pritchard, Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Testament, Princeton University Press, (ISBN 0-691-03503-2).
  20. Astour, Michael C. (1979). "Yahweh in Egyptian Topographic Lists." In Festschrift Elmar Edel, eds. M. Gorg & E. Pusch, Bamberg.
  21. Donald B. Redford, Egypt, Canaan and Israel In Ancient Times, Princeton, Princeton University Press, (ISBN 0-691-00086-7)
  22. S.Y. Ahituv, Canaanite Toponyms in Ancient Egyptian Documents, Magnes Press, (ISBN 965-223-564-4)
  23. a et b Manfred Bietak, “Egypt and Canaan During the Middle Bronze Age,” Bulletin of the American Schools of Oriental Research, 281,1991
  24. Amihai Mazar, Archaeology of the land of the Bible, 10,000-586 BCE, 1990
  25. REDFORD (D.B.), « A Gate Inscription from Karnak and Egyptian Involvement in Western Asia During the Early 18th Dynasty », JAOS 99
  26. Finkelstein, Israel, and Silberman, Neil Asher, The Bible Unearthed : Archaeology's New Vision of Ancient Israel and the Origin of Its Sacred Texts, Simon & Schuster, 2002. (ISBN 0-684-86912-8), p. 19
  27. a et b "The Emergence of Ancient Israel: The Social Boundaries of a “Mixed Multitude” in Canaan", Ann E. Killebrew_2006, Pages 555–572 in “I Will Speak the Riddles of Ancient Times”: Archaeological and Historical Studies in Honor of Amihai Mazar on the Occasion of His Sixtieth Birthday, Vol. 2, ed. A. M. Maeir and P. de Miroschedji. Winona Lake, IN: Eisenbrauns.
  28. L’"Archéologie biblique", c’était, selon l’expression consacrée, "une bible dans une main, une pioche dans l’autre"
  29. a et b p. 32
  30. A. Kitchen, On the reliability of the Old Testament, 2003
  31. J. Bimson, Redating the Exodus and Conquest. 2nd Ed. The Almond press. Sheffield. 1981
  32. Albrect Alt, "The Settlement of the Israelites in Palestine", 1925
  33. The Tenth Generation: The Origins of the Biblical Tradition Johns Hopkins, 1973

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]