Tua (Stradivarius)

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Tua (Stradivarius)

Facteur Antonio Stradivari
Instrument violon
Année de construction
Propriétaire actuel Musée de la musique (Cité de la musique)
Propriétaires
Teresina Tua

Le Stradivarius Tua est un violon fabriqué en par le luthier de Crémone Antonio Stradivari. L'instrument est considéré par les spécialistes comme très proche du Davidoff, un autre violon de . Son nom fait référence à l'une de ses propriétaires, la violoniste italienne Teresina Tua. L'instrument appartient à la collection du Musée de la musique de Paris.

Description[modifier | modifier le code]

Authenticité[modifier | modifier le code]

Le violon Tua a été fabriqué par le luthier crémonais Antonio Stradivari en [Note 1],[Cozio 1].

L'étiquette du Stradivarius Tua mentionne l'année de fabrication, le nom latinisé du luthier Antonio Stradivari ainsi que le monogramme « A. + S. »[1],[Cozio 1].

« Antonio Stradivarius Cremonensis, faciebat anno , A. + S. »

— Inscription sur l'étiquette du Stradivarius Tua[Cozio 1]

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Le Stradivarius Tua est un exemplaire typique de l'âge d'or d'Antonio Stradivari[SLC 2]. Fabriqué la même année que le Stradivarius Davidoff, le Tua est conçu avec les mêmes dimensions et moule ainsi que des bois identiques[Note 2],[2].

Au total, le Stradivarius Tua mesure 59,5 centimètres de long[1]. Les largeurs maximales du Tua sont d'environ 20,7 et 16,8 centimètres dans les parties larges de la caisse, au premier (niveau du cordier) et dernier tiers (vers la touche)[1],[Cozio 1]. La largeur minimale au second tiers (au niveau du chevalet) est d'environ 11,3 centimètres[1],[Cozio 1].

Le fond de l'instrument est constitué d'une seule pièce d'érable dont les ondes sont larges[1],[Cozio 1],[SLC 1] . Le fond mesure environ 36 centimètres[Note 3].

La table d'harmonie est constituée de deux pièces d'épicéa ou de sapin[1].

Les éclisses sont faites en érable ondé[Note 4],[1],[SLC 1]. Elles mesurent environ 3 centimètres de haut.

La touche et le cordier de l’instrument sont en ébène[1]. Les chevilles sont elles en palissandre.

Deux études dendrologiques ont établi que le bois le plus ancien du Tua date de et [Cozio 1].

Le vernis du Tua est de couleur dorée et orangée[1]. Une partie importante du vernis rouge clair d'origine a été conservé[SLC 1].

Qualité sonore[modifier | modifier le code]

Sur le plan sonore, une étude publiée en confirme la très grande proximité entre les Stradivarius Tua et Davidoff[3]. Les spectres sonores des éléments dépendants de la géométrie, notamment de la caisse de résonance, sont très proches et diffèrent significativement de celui d'une reproduction. En revanche, aucune similarité notable n'est relevée pour les spectres des tables d'harmonie et des fonds[Note 5].

Luthiers en charge de l'instrument[modifier | modifier le code]

Avant l'acquisition du Tua par Teresina Tua, le Stradivarius était conservé par la lutherie parisienne Gand & Bernardel[SLC 2]. En , des dégâts structurels sont constatés après que le violon ait été légèrement endommagé par des vers xylophages[SLC 3].

Histoire[modifier | modifier le code]

En , le Stradivarius Tua est en possession d'Alphone de Rivals-Mazières[1].

En , le Tua se trouve dans l'inventaire de la lutherie Gand & Bernardel[SLC 2]. La même année, il est présenté parmi d'autres violons de haute qualité à la violoniste Teresina Tua. Cette dernière décide d'acquérir l'instrument et commence à financer son achat[Note 6],[1]. Après deux versements, elle acquiert le Stradivarius Tua pour 8 000 francs au début de l'année [Note 7].

En , Teresina Tua donne l'instrument au Conservatoire de Paris[Note 8],[SLC 1].

Propriétaires[modifier | modifier le code]

Les propriétaires et musiciens attestés sont les suivants[1],[Cozio 1] :

Propriétaires
Propriétaire Depuis Jusqu'en En
Alphonse de Rivals-Mazières
Teresina Tua
Musée de la musique (Cité de la musique, Paris) Actuel

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Certaines sources évoquent une fabrication en , en contradiction avec la mention sur l'étiquette[SLC 1].
  2. L'étude dendrologique confirme l'origine identique des bois utilisés.
  3. Les archives Cozio mentionnent une longueur de 35,7 centimètres[Cozio 1].
  4. Les ondes des éclisses sont plus étroites que celles du fond.
  5. Pour expliquer ces différences, les auteurs émettent l'hypothèse que les opérations réalisées par les luthiers au cours des entretiens et modernisation des deux instruments mais surtout l'infection des vers xylophages ayant touché le Tua aient modifié les propriétés acoustiques des deux tables d'harmonie et fonds.
  6. Teresina Tua a remporté cette année un prix d'excellence d'une valeur de 500 francs. Cette somme est utilisée immédiatement en guise de premier paiement du Stradivarius Tua.
  7. Jean-Philippe Échard indique que ce prix est relativement bas pour l'époque, les stradivarius pouvant se vendre aux alentours de 30 000 francs. Ce prix s'explique par les dégâts détectés en et occasionnés à l'instrument par des vers xylophages[SLC 3].
  8. Teresina Tua fait ce don afin de rendre hommage à Lambert Massart, son ancien professeur au Conservatoire de Paris.

Références archives Cozio[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i (en) « Antonio Stradivari, Cremona, 1708, the 'Tua, Marie Soldat, Rivals Mazere de Toulouse' » Accès libre, Cozio Archive, sur tarisio.com.

Références[modifier | modifier le code]

  • Références tirées de Stradivarius et la lutherie de Crémone (abrégées SLC) :
  1. a b c d et e Échard (2022), p. 176.
  2. a b et c Échard (2022), p. 175.
  3. a et b Échard (2022), p. 175-176.
  • Références générales :
  1. a b c d e f g h i j k et l Musée de la musique, Philharmonie de Paris, « Violon dit le Tua » Accès libre, sur collectionsdumusee.philharmoniedeparis.fr.
  2. Le Conte (2012), p. 2744.
  3. Le Conte (2012), p. 2746.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Philippe Échard, Stradivarius et la lutherie de Crémone, Paris, Cité de la musique - Philharmonie de Paris, , 253 p. (ISBN 979-10-94642-48-1), p. 175-180. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Le Conte Sandie, Le Moyne Sylvie et Ollivier Francois, « Modal analysis comparison of two violins made by A. Stradivari » (Proceedings of the Acoustics 2012 Nantes Conference), Acoustics 2012, Nantes (France),‎ , p. 2743-2747 (lire en ligne Accès libre). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Fiche descriptive[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]