Théâtre antique du Haut-du-Verger
Théâtre antique du Haut-du-Verger | ||||
Plan restitué (2015). | ||||
Localisation | ||||
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Pays | France | |||
commune | Autun | |||
Département | Saône-et-Loire | |||
Région | Bourgogne-Franche-Comté | |||
Coordonnées | 46° 57′ 47″ nord, 4° 17′ 13″ est | |||
Altitude | 293 m | |||
Géolocalisation sur la carte : Autun
Géolocalisation sur la carte : Saône-et-Loire
Géolocalisation sur la carte : France
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Histoire | ||||
Époque | Ier au IIIe siècle | |||
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Le théâtre antique du Haut-du-Verger est un édifice gallo-romain de spectacles situé sur la commune française d'Autun, dans le département de Saône-et-Loire.
Il est construit au cours du Ier siècle, agrandi quelques décennies plus tard jusqu'à atteindre un diamètre de 116 m mais il semble déjà en ruine vers l'an 270. Découvert en 1976 grâce à la prospection aérienne — tous ses vestiges sont enfouis — et étudié de manière approfondie depuis 2012, il fait partie de la parure monumentale d'un vaste sanctuaire suburbain au nord-ouest de la ville antique d'Augustodunum. Il est, avec le théâtre romain d'Autun situé intra muros, le second édifice de spectacles du même type de la ville.
Localisation
[modifier | modifier le code]Dans le quartier moderne de la Genetoye au nord-ouest de la ville antique d'Augustodunum, un vaste complexe monumental, identifié comme un sanctuaire suburbain, se développe sur environ 45 hectares, au confluent de l'Arroux et du Ternin. Il est traversé par la voie antique qui, quittant Augustodunum par la porte d'Arroux, se dirige vers Orléans et Bourges[1].
Limité du nord à l'est et au sud par les deux rivières, et à l'ouest par un chenal daté du Ier siècle qui les relie[2], ce sanctuaire monumental est doté d'une trame structurée de voies. L'une d'entre elles passe devant le théâtre[3]. Il regroupe le théâtre du Haut-du-Verger au nord, le temple de Janus au centre, un quartier artisanal entre et autour de ces monuments ainsi qu'une nécropole à sa pointe sud[4].
L'existence de deux théâtres antiques — le théâtre romain d'Autun intra muros et le théâtre du Haut-du-Verger extra muros pour Augustodunum — n'est pas rare pour les villes ayant rang de capitale de civitas[5].
Découverte
[modifier | modifier le code]Même si l'existence de monuments antiques dans le quartier de la Genetoye est avérée de longue date, puisque le temple de Janus reste debout et que le mausolée de la Gironette, qui marquait au sud l'emplacement d'une nécropole, est connu grâce à un relevé réalisé au XIXe siècle par Jean Roidot-Déléage[6], la découverte du théâtre du Haut-du-Verger est récente. Elle est due aux prospections aériennes réalisées en 1976 par René Goguey : la sécheresse qui sévit alors révèle l'empreinte du théâtre dans le couvert végétal d'une petite butte[5],[7].
Aucune structure du monument n'émergeant à l'air libre, un premier sondage exploratoire est réalisé en 1977, mais cette découverte ne modifie que très tardivement la conception qu'ont les historiens de la ville antique d'Augustodunum[8] et aucune fouille d'envergure n'est menée jusqu'aux années 2010. C'est en 2012 qu'est lancé, sous la direction du service d'archéologie de la ville d'Autun, un programme pluriannuel de recherches qui s'intéresse à l'ensemble du quartier de la Genetoye, et pas seulement au théâtre. Ce programme associe les différentes disciplines archéologiques : fouilles de terrain, prospection géophysique, photographie aérienne et examen approfondi des sources écrites. Dès 2013, une première restitution du plan du théâtre du Haut-du-Verger peut être proposée, affinée au cours des années qui suivent[9],[10].
Description et chronologie
[modifier | modifier le code]Trois phases de construction avant l'abandon
[modifier | modifier le code]La chronologie de l'édifice est encore assez mal connue mais les récentes recherches permettent de l'entrevoir. Dans la seconde moitié du Ier siècle, un théâtre de dimensions réduites (70 à 80 m de diamètre). Quelques décennies plus tard, à la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle[11], il est agrandi et acquiert le caractère monumental que les vestiges révèlent[12]. Au début du IIIe siècle il est restructuré et encore embelli[11].
Pourtant, il est abandonné et peut-être ruiné dès les années 270. Il est possible qu'il ait été fortifié au moment ou après le siège d'Augustodunum par Victorin à l'hiver 269-270, mais cela reste une simple hypothèse non vérifiée, fondée sur les nombreuses pièces de militaria retrouvées sur le site[13]. Pendant la phase d'abandon du monument, tous les blocs de grand appareil sont récupérés ainsi que, sans doute, les revêtements des gradins et du sol de l'orchestra[14].
Au Moyen Âge un dispositif de franchissement du chenal qui délimitait le site antique semble être construit avec des blocs récupérés sur les ruines du théâtre[15].
Un monument s'éloignant des « canons » classiques
[modifier | modifier le code]La cavea du théâtre affecte une forme parfaitement semi-circulaire. Toutefois, certaines dispositions de ses gradins conduisent à exclure le théâtre du Haut-du-Verger du groupe des théâtres romains classiques, du point de vue architectural[16]. Le terme d'« édifice de spectacle de type gallo-romain » est d'ailleurs employé[17]. Ce type de monument, qui associe les caractéristiques d'un amphithéâtre romain à celles d'un théâtre et dont l'appellation (amphithéâtre ou théâtre) est toujours discutée, ne se rencontre qu'en Gaule, et principalement, comme ici à la Genetoye, dans des ensembles monumentaux ruraux ou suburbains[18].
Dans sa configuration monumentale, le théâtre mesure 116,54 m de diamètre pour une profondeur de 70,56 m, soit sensiblement la taille du théâtre antique de Vienne dont la capacité est estimée à 13 000 places. La largeur de son orchestra est de 24,55 m[19] mais l'architecture de sa scène est très mal connue[11].
Image externe | |
les vestiges en cours de fouille sur Le Journal du Centre. |
La conception des murs pose encore question : il est possible que des piliers de grand appareil supportent tout le poids des structures supérieures, leur intervalle étant constitué de cloisons plus légères, à l'image du théâtre de Marcellus à Rome. Le mur de façade du théâtre, qui fait le tour de la cavea, épais d'environ 3 m, est peut-être orné d'une série d'arcades[20]. Les gradins inférieurs de sa cavea font l'objet d'une décoration spéciale : ils sont manifestement réservés aux notables de la ville. Un aménagement tardif, à l'angle sud du théâtre, facilite l'accueil du public venant du temple de Janus[21]. Les eaux pluviales s'écoulant dans le théâtre sont recueillies, canalisées et évacuées[22] : un couloir semi-circulaire, creusé d'un caniveau, sépare la cavea aux deux tiers de sa hauteur[21] ; un autre caniveau traverse l'aire située au bas des gradins[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Labaune 2014, p. 92.
- Stéphane Alix, « Extension et organisation du complexe antique d'Autun-la Genetoye : sondages sur le canal et l’ouest du secteur artisanal », Journée d'actualité archéologique en territoire éduen, Service archéologique de la ville d'Autun « Actes de la journée du 20 mars 2019 », , p. 17 (ISSN 2494-2677).
- Stéphane Alix et Sylvie Mouton-Venault, « Extension et organisation du complexe antique de la Genetoye : sondages sur l’ouest du secteur artisanal », Journée d'actualité archéologique en territoire éduen, Service archéologique de la ville d'Autun « Actes de la journée du 30 mars 2018 », , p. 37 (ISSN 2494-2677, lire en ligne [PDF]).
- Labaune 2014, p. 95-98.
- Marie Soyeux, « À Autun, un second théâtre gallo-romain sort de terre », La Croix, (lire en ligne).
- Paul-Marie Duval et Pierre Quoniam, « Relevés inédits des monuments antiques d'Autun (Saône-et-Loire) », Gallia, t. XXI, no 1, , p. 185-186 (DOI 10.3406/galia.1963.2385).
- Rebourg 1998, p. 145.
- Rebourg 1998, p. 148.
- Labaune 2014, p. 92-93.
- Bossuet 2015, al. 3 et 4.
- Labaune 2014, p. 97.
- Labaune 2016, Objets du programme.
- Laure Cassagnes, « Une collection de militaria de la seconde moitié du IIIe siècle à Augustodunum », Journée d'actualité archéologique en territoire éduen, Service archéologique de la ville d'Autun « Actes de la journée du 17 avril 2017 », , p. 42 (ISSN 2494-2677, lire en ligne [PDF]).
- Ferreira 2018, p. 23.
- Labaune 2014, p. 95.
- Bossuet 2015, Données récentes, al. 3.
- Rebourg 1998, p. 245.
- Jean-Claude Golvin, L'amphithéâtre romain et les jeux du cirque dans le monde antique, Archéologie Nouvelle, , 160 p. (ISBN 978-2-9533973-5-2 et 2-9533973-5-3), p. 152.
- Bossuet 2015, fig. 18.
- Bossuet 2015, Données récentes, al. 5.
- Ferreira 2018, p. 21.
- Labaune 2016, Les découvertes de 2016.
Pour en savoir plus
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Gilles Bossuet et al., « Le sanctuaire suburbain d’Augustodunum de la Genetoye à Autun (Saône-et-Loire) : apport de l’approche combinée de données spatialisées à la restitution du théâtre antique du Haut du Verger », Gallia, t. LXXII, no 2 (Varia), , p. 205-223 (DOI 10.4000/gallia.812).
- Jean-Bernard Devauges, « Circonscription de Bourgogne », Gallia, t. XXXVII, no 2, , p. 437-468 (lire en ligne).
- Filipe Ferreira, « Le théâtre du Haut-du-Verger. Résultats de la campagne 2016 », Journée d'actualité archéologique en territoire éduen, Service archéologique de la ville d'Autun « Actes de la journée du 17 avril 2017 », , p. 21-24 (ISSN 2494-2677, lire en ligne [PDF]).
- Yannick Labaune (dir.), Autun antique, Paris, Éditions du patrimoine, coll. « Guides archéologiques de la France », , 128 p. (ISBN 978-2-7577-0331-1).
- Yannick Labaune (coord.), « Le complexe monumental antique de La Genetoye (Autun, Saône-et-Loire) : principaux résultats de la campagne de fouilles 2016 », sur le site de l'UMR ARTEHIS (consulté le ).
- Alain Rebourg, « L'urbanisme d'Augustodunum (Autun, Saône-et-Loire) », Gallia, t. LV, , p. 141-236 (DOI 10.3406/galia.1998.3002).
Article connexe
[modifier | modifier le code]Lien externe
[modifier | modifier le code]- Ressource relative à l'architecture :