Quatre poèmes, op. 8 (Roussel)

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Quatre poèmes
op. 8 (L 9)
page de la partition
Première page d'Adieux, op. 8 no 1 (éd. Rouart-Lerolle, Douze mélodies, 1921).

Genre Mélodies
Musique Albert Roussel
Texte Henri de Régnier
Langue originale français
Effectif chant et piano
Durée approximative 13 min
Dates de composition février à juillet 1907
Dédicataire M. Paul Poujaud (no 1)
Mme Jane Bathori (no 2)
M. Émile Engel (no 3)
Mme Octave Maus (no 4)
Création
Société nationale de musique,
Paris (Drapeau de la France France)
Interprètes Jane Bathori (soprano),
Albert Roussel (piano).

Quatre poèmes, op. 8, est le second recueil de mélodies pour chant et piano d'Albert Roussel, composé en 1907 sur des poèmes d'Henri de Régnier.

Présentation[modifier | modifier le code]

Textes[modifier | modifier le code]

Les textes des quatre mélodies sont d'Henri de Régnier : Roussel avait déjà puisé dans sa poésie la matière des Quatre poèmes, op. 3 et mettra en musique La Menace, op. 9 pour chant et orchestre[1].

Les poèmes sont extraits de plusieurs recueils publiés au Mercure de France : Les Médailles d'argile (1900) pour la première mélodie, La Sandale ailée (1906) pour la deuxième, et Les Jeux rustiques et divins (1897) pour les deux dernières[2].

Mélodies[modifier | modifier le code]

Albert Roussel compose ses Quatre poèmes de février à juillet 1907[1] :

  1. « Adieux » — Modéré, à quatre temps () — dédié à M. Paul Poujaud ;
  2. « Invocation » — Assez lent (noire = 104) à
     — dédié à Mme Jane Bathori ;
  3. « Nuit d'Automne » — Lent et sonore, à quatre temps () — dédié à M. Émile Engel[note 1] ;
  4. « Odelette » — Modérément animé, à
     — dédié à Mme Octave Maus.

La partition est publiée par Rouart-Lerolle en 1908[2].

Création[modifier | modifier le code]

Les Quatre poèmes sont créés par Jane Bathori, accompagnée par le compositeur au piano, lors d'un concert de la Société nationale de musique, le [1],[3], salle Érard[2].

Analyse[modifier | modifier le code]

Les mélodies portent le numéro d'opus 8 et, dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par la musicologue Nicole Labelle, le numéro L 9[4].

Guy Sacre ne considère pas les Quatre poèmes, op. 3 et op. 8, comme des cycles de mélodies mais « des recueils, à peine unis par la poésie de Régnier. À peine, car il n'est pas de poète plus versatile, dans le fond comme dans la forme[5] ». Comme le recueil précédent, « ce cahier s'ouvre sur un poème du départ et de la séparation[6] ».

Adieux[modifier | modifier le code]

Les Adieux du poème sont ceux « des amants d'une heure, du marin au soir d'un grand départ, ceux à la vie au seuil de la mort[7] », « dont le feutre régulier des triolets de croches n'apaise en rien le désespoir[8] ».

Gilles Cantagrel souligne dans cette mélodie « la prosodie de caractère debussyste, dans le trouble d'une mesure toujours différente de celle du piano[7] ».

Invocation[modifier | modifier le code]

L'Invocation est celle « à la nuit et au silence, et à la beauté de l'aimée seule capable de les animer[7] ».

Dans cette deuxième mélodie du cahier, les « fausses strophes [...] sont accompagnées d'accords extatiques légèrement mouvants, et la ritournelle qui les sépare soutient, variée, la dernière strophe[7] ».

Nuit d'automne[modifier | modifier le code]

Le troisième pièce, Nuit d'automne, est selon Cantagrel « le pendant du Jardin mouillé, paysage doré d'un soir tiède dont s'éteint la lumière[7] ».

La mélodie s'écoule sur un « doux mouvement rythmique et [de] délicates modulations sous une sorte de mélopée debussyste[7] ».

Odelette[modifier | modifier le code]

Pour Guy Sacre, plus que Nuit d'automne, c'est la dernière mélodie, Odelette, qui est « le pendant du Jardin mouillé de l'op. 3[9] ».

Gilles Cantagrel considère que c'est « l'une des plus lyriques mélodies de Roussel ». Musicalement, les incertitudes du cœur sont figurées par de brusques modulations et une « rythmique constamment hésitante (syncopes, triolets, trois-pour-deux)[9] ».

La durée moyenne d'exécution de l'ensemble du cahier est de quinze minutes environ[10].

Discographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages généraux[modifier | modifier le code]

Monographies[modifier | modifier le code]

  • Caroline Bouju, « Catalogue des œuvres », dans École normale de musique de Paris, Jean Austin (dir.), Albert Roussel, Paris, Actes Sud, , 125 p. (ISBN 2-86943-102-3), p. 46–95.
  • Nicole Labelle, Catalogue raisonné de l'œuvre d'Albert Roussel, Louvain-la-Neuve, Département d'archéologie et d'histoire de l'art, Collège Érasme, coll. « Publications d'histoire de l'art et d'archéologie de l'Université catholique de Louvain » (no 78), , 159 p..
  • Damien Top, Albert Roussel : Un marin musicien, Biarritz, Séguier, coll. « Carré Musique », , 170 p. (ISBN 2-84049-194-X).
  • Damien Top, Albert Roussel, Paris, Bleu nuit éditeur, coll. « Horizons » (no 53), , 176 p. (ISBN 978-2-35884-062-0).

Notes discographiques[modifier | modifier le code]

  • (fr + en) Guy Sacre, « Le musicien des adieux », p. 4-13, Luxembourg, Timpani 2C2064, 2001.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Chanteur belge, professeur au Conservatoire de Paris, époux de Jane Bathori.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Bouju 1987, p. 71.
  2. a b et c Labelle 1992, p. 16.
  3. Top 2000, p. 50.
  4. Labelle 1992, p. 14.
  5. Sacre 2001, p. 6.
  6. Sacre 2001, p. 7.
  7. a b c d e et f Cantagrel 1994, p. 573.
  8. Top 2016, p. 41.
  9. a et b Sacre 2001, p. 8.
  10. (en) Adrian Corleonis, « Poèmes (4), for voice & piano,… | Details », sur AllMusic (consulté le )
  11. Pierre Jean Tribot, « Albert Roussel, le coffret aux trésors », sur Crescendo Magazine, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]