Picea

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Épicéa, Épinette

Épicéa commun (Picea abies), illustration de Koehler (1887).

L’épicéa (Europe), l'épinette (Québec) ou le prusse (Acadie) (genre Picea) est un conifère comprenant une cinquantaine d'espèces répandues dans l’hémisphère nord ; de l’Europe à l’Amérique, surtout dans les régions montagneuses tempérées et zones boréales. Il est souvent confondu avec les différentes espèces de sapins.

Étymologie

Le mot épicéa est un emprunt récent au latin, attesté seulement depuis le XVIIIe siècle. L'étymon latin picea, féminin de l'adjectif piceus qui sous-entend arbor, peut être traduit littéralement par «arbre à poix» (le terme piceus étant l'ablatif de pix, la «poix»). Le substantif picea désigne l'épicéa, la pesse[1] ou plus précisément, Picea abies, le taxon européen le plus courant[2]. Au Québec, l’arbre est appelé épinette.

Le terme pesse « espèce de sapin », attesté antérieurement à épicéa en français (XVIe siècle), est issu du francoprovençal pesse « épicéa commun », de même étymon latin. Les régions de parler franco-provençal sont justement les seules du territoire français où l'épicéa commun est indigène.

Le terme pesse a pour dérivé pessière (plantation ou forêt naturelle peuplée d'épicéas), construit avec le suffixe -ière, tout comme sapinière.

Généralités

Le genre Picea est un arbre à port conique (cime pointue par le phénomène de dominance apicale : inhibition des bourgeons latéraux), parfois large (en draperie) ou columnaire dans les régions froides de la taïga. Les aiguilles sont disposées tout autour du rameau orangé, plus ou moins bleutées selon les espèces.

Une clé de détermination efficace entre le genre Picea et le genre Abies consiste à détacher délicatement une aiguille du rameau : s'il y a un petit lambeau d'écorce à la base du pseudo-pétiole, alors il s'agit du genre Picea ; s'il y a une petite marque ronde sur le rameau (on parle abusivement d'ampoule), il s'agit alors du genre Abies[3]. Une autre différence concerne les cônes : pendants chez l'épicéa (à l'exception des cultivars employés pour orner les jardins), érigés chez le sapin.

Les espèces ont des tailles variables, dépassant rarement 40-50 mètres, mais pouvant atteindre plus de 90 mètres (épicéa de Sitka). Elles peuvent vivre jusqu’à 400 ans.

L’épicéa en France

Il n’existe qu’une seule espèce naturelle d’épicéa en France : l’épicéa commun (Picea abies), spontané dans les forêts montagnardes de l’est (Alpes, Jura, Vosges).

En raison de son bois blanc homogène de qualité, l'épicéa a été souvent massivement planté, notamment en basse altitude et dans les Pyrénées, le Massif Central et la Corse.

Ont été introduits surtout l’épinette de Sitka (P. sitchensis, en Bretagne et Massif Central), plus rarement l’épicéa bleu (P. pungens), l’épicéa d'Orient (P. orientalis) ou l’épicéa de Serbie (P. omorika), plus fréquent en parcs et jardins.

Le plus vieil arbre du monde

Le doyen des arbres sur Terre serait un épicéa commun découvert par des forestiers suédois en 2008 à 950 mètres d’altitude sur le flanc d’une colline culminant à 1 185 mètres. Il s'agit en fait d'un bosquet d'épicéa, mesurant à peine deux mètres de hauteur, et dont l'âge a été évalué au carbone 14. Le plus vieil épicéa aurait 7 890 ans, tandis que ses voisins ont plus de 5 000 ans[4].

Selon Leif Kullman, du Department of Ecology and Environmental Science de l’Université d'Umeå, le bosquet est resté de petite taille, jusqu'à l'élévation des températures due au réchauffement climatique[4].

Le record était détenu par l'arbre Mathusalem, un pin Bristlecone. La longévité de l'épicéa viendrait de son système de régénération végétative très actif : les tiges, dont certaines ont 600 ans, sont automatiquement remplacées lorsqu'elles meurent[5].

Utilisation

Les épicéas ont un bois élastique et résistant, utilisé comme bois d’œuvre (charpenterie, menuiserie, mâts) ou dans l’industrie (caisserie, papeterie…).

Dans le Jura, le bois d'épicéa est aussi traditionnellement utilisé pour réaliser les caisses des horloges comtoises, des boîtes mais aussi pour parfumer le fromage Mont d'Or.

Il est également très utilisé en lutherie pour les tables d'harmonie des guitares par exemple.

On utilise aussi l’épicéa comme sapin de Noël.

Liste des espèces

Epicéa commun
Épicéa bleu (Picea pungens)
Épinette noire (Picea mariana)

Dans le Manuel des Conifères[6], il est recensé 43 espèces (on trouve de nombreuses listes d’espèces sur le web, sans qu’aucune ne soit vraiment juste). Il existe probablement 16 à 18 espèces d’épicéas valides :

Et trois hybrides naturels :
  • Picea × fennica (hybride entre P. abies et P. obovata).
  • Picea × hurstii (probablement hybride entre P. pungens et P. engelmannii).
  • Picea × lutzii (hybride entre P. glauca et P. sitchensis).

Classification

  • Sous-genre PICEA
    • Section Omorikae
      • Espèces : Picea brachytyla, P. breweriana, P. omorika
    • Section Picea
      • Sous-section Marianae
      • Espèces : Picea glehnii, P. marianae, P. orientalis, P. rubens
      • Sous-section Picea
      • Espèces : Picea abies, P. asperata, P. glauca, P. smithiana
  • Sous-genre CASICTA
    • Section Sitchenses
      • Espèces : Picea jezoensis, P. purpurea, P. sitchensis
    • Section Pungentes
      • Espèces : Picea engelmannii, P. pungens

Bibliographie

  • François Couplan, Dictionnaire étymologique de botanique, Delachaux et Niestlé, coll. « Les références du naturaliste », , 238 p. (ISBN 978-2603014103)

Notes et références

  1. Étymologie d'épicéa, site du CNRTL
  2. Couplan 2006, p. 168
  3. Cours de M. Lemoine, École de Sylviculture de Crogny, 1987
  4. a et b « Le doyen des arbres : un épicéa vieux de près de 8 000 ans », sur http://www.futura-sciences.com, (consulté le )
  5. S.M., « Le doyen mondial des arbres est suédois », SCIENCE&VIE, no 1089,‎
  6. E.-F. Debazac, Manuel des Conifères, Gap, Imprimerie Louis-Jean,
  7. (en) Conifer Specialist Group 1998, Picea likiangensis, 2006 IUCN Red List of Threatened Species., consulté le 10 juillet 2007.

Voir aussi

Articles connexes

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