Noir et blanc

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Photo en noir et blanc, monochrome, ou monochromatique ?

L'expression noir et blanc désigne des genres techniques en photographie, au cinéma, à la télévision (en peinture on parle de grisaille). Cela désigne également des types de représentations esthétiques.

L'expression noir et blanc peut signifier :

  • une œuvre comportant outre le noir et le blanc, tous les gris intermédiaires (on dit par exemple une photographie en niveau de gris) ;
  • une œuvre ne comportant que le noir utilisé comme encre sur le papier blanc. Dans ce cas les gris intermédiaires peuvent être simulés à l'aide d'une trame (cas des photographies de journal, par exemple).

Colorimétrie

Le noir et le blanc sont considérés ou non comme des « couleurs » selon la discipline qui en parle : imprimerie, photographie, physique, peinture, théorie de la perception.

  • Un blanc, en synthèse additive, est constitué par la réunion dans une proportion particulière de toutes les longueurs d'ondes du visible ; il existe autant de blancs que de températures de ce corps, le blanc « solaire » étant celui à 6 300 K. On nomme par extension blanc tout panachage de longueurs d'onde que l'œil ne peut distinguer d'un vrai blanc d'une température quelconque : l'œil n'est en effet sensible qu'à trois pics de longueur d'onde à partir desquelles il donne à la conscience une information de couleur).
  • On nomme « noir » (également en synthèse additive) l'absence de couleur, soit de tout rayonnement visible reçu par l'œil.
  • On nomme « gris » les « couleurs » jugées comme intermédiaires. Il y a en fait un très grand nombre de gris de même luminosité et de teinte distincte selon la température de couleur considérée pour le blanc de référence.

Représentation

On parle généralement de « noir et blanc » pour des reproductions de couleurs qui ne sont pas connectées à un service de colorimétrie (maxilum en latin)[réf. souhaitée].

Symbolique

Le Yin et le Yang.
Fresque illusionniste d'Andrea del Sarto au Cloître du Scalzo, Florence.

L'exemple de la conception classique du retable illustre la valeur symbolique du noir et blanc, en tant que renoncement à la couleur. Le retable est normalement fermé ; ses portes sont extérieurement décorées en grisaille. Lorsqu'on l'ouvre, à l'occasion du culte, l'intérieur forme un triptyque peint en couleurs.

Dans le concept et symbole le plus connu du noir et du blanc, le Yin et le Yang sont deux couleurs utilisées ensemble pour symboliser une complétude femme/homme, un absolu, une dualité totale etc.[réf. nécessaire]

Le symbole est utilisé dans tous les aspects de la vie et de l'univers, principalement, dans la poésie et la littérature, mais surtout dans la fantasy comme principe fatidique et inévitable de l'âme sœur.

Le symbole est aussi représenté dans le tao, les pièces du jeu d'échecs, les pierres du jeu de go etc.[réf. nécessaire]

Peinture

En peinture contemporaine, le noir et le blanc permettent de donner l'impression de lumière, de créer les contrastes et peuvent représenter un temps passé, bien que les monochromes l'utilisent.

Pendant la Renaissance les grisailles permettaient d'ébaucher les structures peintes avant leur colorisation (pour le vitrail en dessin préalable ombré, en peinture vénitienne avant l'application des glacis). Certains peintres comme Andrea del Sarto utilisaient des peintures en teintes oscillant entre le blanc et le noir pour simuler la sculpture par le trompe-l'œil.

Photographie

Augusto De Luca, Rome 1996.

La photographie noir et blanc a précédé l'apparition des pellicules en couleurs.

Aujourd'hui, le noir et blanc est une technique photographique souvent utilisée pour faire ressortir un fort contraste ce qui peut accentuer certains détails ou certaines parties que le photographe voudrait mettre en valeur.

L'emploi du noir et blanc est courant pour le portrait, le photographe Nadar ayant montré son aptitude à rendre le caractère d'un visage à une époque où la photographie en couleurs n'existait pas encore vraiment. Un autre photographe, Simon Marsden, est spécialisé dans les photos de lieux « hantés », il a donc adopté la photographie en noir et blanc pour rendre ses photos plus « surnaturelles ».

Les appareils photo numériques permettent souvent de prendre des photos en noir et blanc. Ce mode donne parfois de meilleurs résultats qu'une photo couleur transformée en post-traitement sur ordinateur, car le processeur d'image optimise alors les caractéristiques de la prise de vue (meilleur rendu des bords de silhouette en particulier).

Cinéma

Le noir et blanc est un format de film que l’on peut voir souvent abrégé « n/b » ou « N&B » dans la littérature spécialisée. De l’invention du cinéma aux années 1930 à 1950, les films étaient tournés en noir et blanc, bien que la technologie couleurs existât déjà (mais trop chère), et le changement d’un mode à l’autre s’est opéré progressivement. Les films en noir et blanc tournés actuellement, très minoritaires, sont le fruit d’une approche esthétique et graphique.

Le premier « vrai » film en couleur en prise de vues réelles (des films d’animation en couleur avaient été réalisés et on connaissait la colorisation cinématographique) sera Becky Sharp (1935). Le Magicien d’Oz (1939) illustre le passage du noir et blanc (coloré en sépia) au Technicolor et a émerveillé le public de l’époque. Toutefois, un film en couleur fut réalisé dès 1913 lorsque fut filmé le mariage de Victoria-Louise, fille de Guillaume II, Empereur d'Allemagne[1].

Au cinéma, le noir et blanc évoque aujourd’hui une atmosphère du passé, vieillotte et d’autrefois et sert à montrer le passage du temps, le temps révolu.

Alfred Hitchcock a choisi le noir et blanc pour filmer Psychose (1960), car il pensait que la couleur aurait un rendu trop « gore »[2],[3], de plus le studio ne lui avait alloué qu’un budget modeste, aucune vedette et une équipe technique restreinte. Le noir et blanc correspondait à l’atmosphère mystérieuse et effrayante qu’il cherchait à créer dans le film : la musique du film est décrite en ces termes par son compositeur, Bernard Herrmann : « une musique en noir et blanc pour accompagner un film en noir et blanc racontant une histoire noire et blanche »[4].

Le film de David Lynch, Elephant Man, a été tourné en noir et blanc en 1980 afin de se rapprocher le plus possible d'une facture classique, accentuant l'aspect dramatique du sujet tout en créant une atmosphère réaliste relativement à l'époque du scénario.

Steven Spielberg a déclaré qu’il était impossible de montrer l’horreur de l’Holocauste en couleur, car tout ce qu’il en avait vu, comme document d’archive, était toujours en noir et blanc : voilà pourquoi il a choisi de tourner La Liste de Schindler (1993) en noir et blanc.

Tim Burton a opté pour le noir et blanc pour réaliser le biopic Ed Wood, mais son producteur n'y étant pas favorable, il a été contraint d'en changer.

Sin City (2005) est en noir et blanc pour des raisons esthétiques et artistiques et parce que le film rend hommage aux bandes dessinées en noir et blanc dont il est tiré. Quelques touches de couleur sont toutefois présentes, comme le rouge (le symbole du sang, de l’amour, de la passion et de l’érotisme), le vert (symbole du hasard et de la liberté), et le jaune (représentant la trahison, la richesse et la haine).

The Artist (2011), film français, muet et en noir et blanc, obtient plus de 100 récompenses, remportant notamment trois Golden Globes, sept BAFTAs, six César, un Goya et cinq Oscars.

En 2013, Alexander Payne choisit le noir et blanc comme vecteur de son film Nebraska. Ce choix purement esthétique est justifié par le producteur Albert Berger qui le qualifie d'« emblématique »[5]. Il existe du reste une version en couleur, exigée par le distributeur Paramount Vantage pour des sorties postérieures, au sujet de laquelle le cinéaste a émis le souhait qu'elle ne soit « jamais vue par personne »[6].

Télévision

Comme pour la photographie et pour les mêmes raisons (technique et maîtrise de rendus) le noir et blanc en télévision précéda, du début des années 1950 au milieu des années 1960, la technologie couleur. On considérait alors comme un défaut l’incapacité du médium à diffuser la couleur. La technologie électronique ne permettait en effet pas alors la transmission d’un signal aussi chargé d’informations. Le kinéscope était le seul moyen de retenir le signal à sa sortie des caméras et de la console de mixage, signal envoyé directement à l’émetteur.

Le magnétoscope fait son apparition dans le dernier tiers du noir et blanc. Peu de documents nous sont parvenus de cette époque et les cinégrammes et bandes magnétoscopiques larges qui restent se détériorent vite en raison de la détérioration des polymères utilisés comme support. C’est un des défis de la numérisation pour la plupart des administrateurs de fonds d’archives qui tentent de sauver ces témoins de cette période. On utilise encore aujourd’hui le noir et blanc en vidéographie, en vidéo d’auteur ou d’amateur notamment et comme effet télévisuel.

Vision en noir et blanc

Deux femmes, une habillée en noir, l'autre en blanc, au temple du clan Chen à Canton.

Les personnes atteintes d'achromatopsie n'ont aucune vision des couleurs. Leur vision provient essentiellement des bâtonnets, alors que les cônes ne fonctionnent pas. Leur vision est donc en nuances de gris. Les photographies en noir et blanc ou le cinéma en noir et blanc donnent une bonne approximation de leur vision.

Notes et références

  1. Victoria Luise 1913 - experimental color movie
  2. (en) ‘Psycho’ Voted Best Movie Death - CBS News, 20 mai 2004.
  3. (en) Getting Hitched - Alfred Hitchcock films released on digital video disks - USA Today, juillet 2001.
  4. Dominique Auzel, Alfred Hitchcock, Toulouse, Éditions Milan, 1997, p. 47.
  5. Article "Nebraska" filming attracts local actors, gawkers, de Jaci Webb. Billings Gazette, nov. 2012.
  6. (en) « Alexander Payne Hopes No One Ever Sees Nebraska in Color » – Maane Khatchatourian, Variety, nov. 2013

Annexes

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