Microtus arvalis

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Campagnol des champs, Campagnol commun, Campagnol vulgaire, Campagnol ordinaire

Le Campagnol des champs (Microtus arvalis), appelé aussi Campagnol commun, vulgaire ou ordinaire en français, est une espèce de petits rongeurs, de la famille des Muridés. Ce campagnol fréquente des milieux ouverts, prairiaux ou des « lisières » forestières.

Sa dynamique de population est naturellement très fluctuante, alternant entre des pullulations cycliquement entrecoupées de période de réduction des populations. Il est toutefois constaté en Europe, que pour des raisons encore incomprise, il y a un lissage de cette dynamique de populations, ce qui pourrait modifier certains équilibres écologiques construits depuis longtemps (comme dans le cas des Lemmings) au tour de ce rytme (que Thomas Cornulier & al. qui ont étudié ce phénomène compare à un battement de cœur[1]).

En phase de pullulation, cette espèce peut poser problème dans les cultures ou les prairies et propageant des maladies. Dans les écosystèmes nordiques, les phases de pullulations sont rapidement accompagnées suivies (voire précédées) de phases d'augmentation des populations de leurs prédateurs naturels, dans le cadre d'une relation prédateurs-proies et de processus de sélection naturelle encore incomplètement compris[2]. Cette relation se modifie, semble-il sous l'influence du dérèglement climatique (les hivers de plus en plus doux affaiblissent les interaction entre campagnols et leurs prédateurs subnivaux spécialisés[3].

En Écosse, le campagnol des Orcades forme des populations insulaires qui sont probablement des sous-espèces distinctes.

Dénominations

Description

Noter la taille de la queue, bien plus petite que celle de la souris
Campagnol dans une main

Le campagnol des champs a un corps trapu et arrondi. Sa queue est plus courte ou égale à la longueur de son corps. À l'age adulte, la longueur de la tête et du corps varie entre 9 à 13 cm, la queue de 3 à 4,5 cm pour un poids de 18 à 50 g.

Reproduction

Les effectifs suivent un cycle annuel auquel se superpose parfois un cycle de pullulation. Le cycle est minimal après l'hiver, croissant rapidement en mai-juin, et maximal en septembre-octobre. Un démarrage précoce de la reproduction au printemps et un niveau de population relativement élevé en fin d'hiver annoncent une pullulation.

Le cycle de pullulation se décompose en 4 phases :

  • basse densité (2 à 3 ans ; 0 à 10 individus/ha)
  • croissance (1 à 2 ans)
  • forte densité (1 à 4 ans ; 1 200 individus/ha)
  • déclin (1 à 2 ans).

La durée de vie est de 6 mois et peut atteindre jusqu'à 16 mois en nature.

Le taux de reproduction est élevé : 3 à 6 portées annuelles de 4 à 5 jeunes par femelle.

Habitat

Le campagnol des champs vit dans des terriers. Il creuse des galeries avec de nombreuses ouvertures béantes reliées en surface par des coulées où il dépose ses crottes.

Alimentation

Entrée de terrier d'un Campagnol des champs non loin d'un arbre dont la base du tronc a été rongée.

Il se nourrit de plantes herbacées ou de graines prélevées à la surface du sol, ce qui en fait un ravageur de plantes cultivées. Les plantes attaquées sont principalement les céréales, l'artichaut, l'endive, la laitue et la chicorée. Il consomme les parties aériennes des céréales, luzernières, cultures porte-graines, prairies.

En vergers, la base des troncs est rongée. Il est vecteur potentiel de maladies à incidence humaine ou animale telles que l'échinococcose, la leptospirose ou le virus de Hanta. Il est recommandé de porter des gants pour toucher tout animal vivant ou mort.

Évolution de l'espèce

Campagnol des Orcades (Microtus arvalis orcadensis) au muséum d'histoire naturelle de Tring

Le campagnol des Orcades forme une population distincte que l'on trouve uniquement dans l'archipel des Orcades, au large de la côte nord de l'Écosse. Il est plus grand que les autres campagnols communs et ressemble au Campagnol agreste (Microtus agrestris), en plus court et avec une fourrure plus pâle.

Certains auteurs distinguent cinq sous-espèces différentes de campagnols des Orcades, selon l'île où on les trouve dans cet archipel[11] :

  • Orcades (principale île) : Microtus arvalis orcadensis
  • Sanday : Microtus arvalis sandayensis
  • Westray: Microtus arvalis westraensis
  • Rousay : Microtus arvalis rousaiensis
  • South Ronaldsay : Microtus arvalis ronaldshaiensis

On ne trouve pas ces populations sur l'île principale de Grande-Bretagne où dans d'autres îles britanniques. Le plus vieux fossile trouvé sur l'île date de 4 600 ans. Ce campagnol pourrait provenir à l'origine de France ou d'Espagne et il est probable qu'il a été introduit dans l'archipel par l'homme à l'époque néolithique[11].

Interaction écologique

C'est une espèce qui localement est hôte et "réservoir" d'un ver cestode, parasite (Echinococcus multilocularis), qui peut contaminer l'Homme. Ses principaux prédateurs sont les mustélidés, le renard et les rapaces.

Les chiens et chats peuvent les chasser, les manger et devenir vecteurs pour l'homme de l'échinococcose alvéolaire.

Limitation des populations

Les tourteaux de ricin peuvent être utilisés en traitement répulsif à répandre à l'automne.

Il existe également des pièges[12]. Certains arboriculteurs enfouissent directement du soufre dans le sol autour des arbres, les campagnols et mulots n'aiment pas son odeur et délaissent la zone.

Notes et références

  1. Thomas Cornulier & al (2013) Europe-Wide Dampening of Population Cycles in Keystone Herbivores ; Science 5 vpril 2013: Vol. 340 no. 6128 pp. 63-66 DOI: 10.1126/science.1228992 (résumé)
  2. Ines Klemme, Carl D. Soulsbury, Heikki Henttonen(2014) Contrasting effects of large density changes on relative testes size in fluctuating populations of sympatric vole species ; Proc R Soc B ; 7 Octobre 2014: 20141291 (http://rspb.royalsocietypublishing.org/content/281/1792/20141291.abstract résumé])
  3. Katri Korpela, Pekka Helle, Heikki Henttonen, Erkki Korpimäki, Esa Koskela, Otso Ovaskainen, Hannu Pietiäinen, Janne Sundell, Jari Valkama, Otso Huitu (2014) Predator-vole interactions in northern Europe: the role of small mustelids revised ; Proc R Soc B 22 Décembre 2014: 20142119.
  4. Voir cette espèce sur le site Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)
  5. Voir cette espèce sur le site idRef
  6. a et b Nom vernaculaire français d'après Dictionary of Common (Vernacular) Names sur Nomen.at
  7. a b c et d Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  8. a b c d et e (en) Murray Wrobel, Elsevier's Dictionary of Mammals : in Latin, English, German, French and Italian, Amsterdam, Elsevier, , 857 p. (ISBN 978-0-444-51877-4, lire en ligne)
  9. Nom recommandé en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
  10. Mulot ou campagnol des champs
  11. a et b (en) S. Haynes, M. Jaarola & J. B. Searle, « Phylogeography of the common vole (Microtus arvalis) with particular emphasis on the colonization of the Orkney archipelago », Molecular Ecology, vol. 12,‎ , p. 951–956 (DOI 10.1046/j.1365-294X.2003.01795.x, lire en ligne [abstract page])
  12. « Pièges à campagnol »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )

Liens externes

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Sites de référence taxinomiques :

Autres sites :

Bibliographie

  • Katri Korpela, Pekka Helle, Heikki Henttonen, Erkki Korpimäki, Esa Koskela, Otso Ovaskainen, Hannu Pietiäinen, Janne Sundell, Jari Valkama, Otso Huitu (2014) Predator-vole interactions in northern Europe: the role of small mustelids revised ; Proc R Soc B 22 Décembre 2014: 20142119.
  • Ines Klemme, Carl D. Soulsbury, Heikki Henttonen(2014) Contrasting effects of large density changes on relative testes size in fluctuating populations of sympatric vole species ; Proc R Soc B ; 7 Octobre 2014: 20141291 (http://rspb.royalsocietypublishing.org/content/281/1792/20141291.abstract résumé]).