Louis Homet

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Louis Homet

Naissance 1691
Paris, France
Décès 27 ou
Paris, France
Activité principale Maître de musique, compositeur, chef de chœur, chef d'orchestre
Lieux d'activité Paris, Chartres, Paris, Évreux, Amiens ?, Orléans, Chambord, Paris

Louis Homet, né à Paris en 1691, où il meurt le 27 (ou 28) août 1767[1], est un chantre, maître de musique (maître de chapelle) et compositeur français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Paris, Chartres et Évreux[modifier | modifier le code]

Il fut tout d'abord formé à l'art musical, à partir de 1699, comme enfant de chœur (enfant chantant dans le chœur) de la Sainte-Chapelle, à Paris. Il y fut l'élève de Marc-Antoine Charpentier, mort en 1704, puis se perfectionna sous les ordres du nouveau maître de musique, Nicolas Bernier, compositeur également réputé. En 1710 Louis Homet fut accepté comme chantre (c'est-à-dire choriste) dans le chœur de la cathédrale Notre-Dame de Chartres (dont Bernier avait été maître de 1694 à 1698). Dès l'année suivante (1711) le jeune homme devint maître de musique (c'est-à-dire maître du chœur et maître des enfants) de l'église Saint-Jacques-la-Boucherie à Paris. De 1711 à 1714, dûment recruté lors d'un concours présidé par le célèbre théoricien et compositeur Sébastien de Brossard (août-), il remplit (en principe) cette même fonction de maître de musique à la cathédrale d'Évreux. Toutefois, l'historien de la maîtrise de Chartres, Jules-Alexandre Clerval, note qu'Homet était alors chantre à Amiens. Peut-être n'occupa-t-il jamais le poste pour lequel il avait été admis à Évreux ? Son Répons de saint Taurin, évêque d'Évreux, avait été composé lors du concours de 1711.

Orléans et Chambord[modifier | modifier le code]

De 1714 (réception du ) à 1731, il se fixa à Orléans. Il y exerça la fonction de maître de musique de la cathédrale Sainte-Croix, avant d'en être renvoyé le (les renvois étaient fréquents, tout comme les démissions). Il intenta un procès au chapitre pour tenter de conserver sa semi-prébende canoniale (source de revenus). Il resta au service du chapitre (en tant que marguillier clerc[2] à partir du , signe qu'à cette date il avait perdu son procès) puis fut réintégré en tant que choriste à partir du . Auparavant, il avait peut-être aussi enseigné l'écriture ou le latin à la maîtrise. Le , il postula (sans succès) pour le poste de maître des enfants de la cathédrale de Chartres. Le , après la maladie (sans doute) et la mort (survenue le 14) de Nicolas Grogniard (né à Meaux ?, vers 1680-85), compositeur lui aussi, il redevint maître de la psallette (maître du chœur et des enfants) de la cathédrale Sainte-Croix, jusqu'à son retour à Notre-Dame de Chartres en 1731. Homet se retira du chapitre d'Orléans le . Dès le , le compositeur angevin Louis Bachelier (1703-1782) fut élu à sa place maître de musique de la cathédrale d'Orléans. En 1729 et 1730 (et peut-être aussi de 1725 à 1733), Homet fut également au service de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne en exil au château de Chambord.

À Orléans, Homet avait su recréer une Académie de musique (dont la première et timide apparition remontait à 1670). Elle fonctionna de 1721-1722 jusqu'en 1730 et tomba faute de moyens financiers. C'était une organisation de concerts, souhaitée, à l'origine, par des interprètes amateurs. On y donnait aussi des cours et chacun pouvait y produire des œuvres de sa composition. On considère ces Académies provinciales comme des ancêtres des conservatoires.

Paris[modifier | modifier le code]

De 1734 à 1748, il occupa la fonction très en vue de maître du chœur à Notre-Dame de Paris. Il contribua ainsi à la formation du futur compositeur François Giroust, né à Paris en 1738. Lorsque Louis Homet mourut, en 1767, on ne le désigna plus que comme « Prêtre, ancien maître de musique de l'Eglise de Paris »[3].

Intercession en faveur du créancier d'un négociant[modifier | modifier le code]

De Paris, en 1743, sur la recommandation de l'abbé de Brancas, il rédige deux lettres autographes ( et [4]) pour solliciter la protection du comte André-Louis de Brancas-Rochefort[5] en faveur du créancier d'un négociant d'Avignon et de Marseille (négociant également présent à la foire de Beaucaire). Louis Homet donne les détails de cette affaire et demande au destinataire de faire opposition à la levée des scellés[6].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Œuvres existantes[modifier | modifier le code]

  • Postquam magnificus Domini Taurinus amicus (Motet, 5 voix), . Répons de saint Taurin, évêque d’Evreux (une église de la ville porte son nom). Original à Paris BnF : Vm1 1178.
  • Exurge Deus (Grand motet, 5 voix et basse continue), . Même localisation
Édition moderne par le Centre de Musique Baroque de Versailles (Cahiers de musique, n° 101, 2003, 39 p.).
  • Taisez-vous, rossignols (Air, 1 voix et basse continue). [Orléans], 1716. Cf. Recueil d'airs sérieux et à boire. Paris : Jean-Baptiste Christophe Ballard, , p. 74–75.
  • Prose des Morts (Faux-bourdon, 4 voix), Orléans, 1722.
L'œuvre a connu une grande fortune. Elle fait alterner le motif musical, à une voix, du Dies iræ liturgique, sur les strophes impaires, avec un faux-bourdon à 4 voix (strophes paires), dû cette fois à l'auteur. Lors des funérailles solennelles de Jean-Philippe Rameau (Paris, Église Saint-Eustache, ), on l'entendit, doublée de parties instrumentales (pour l'adapter au goût du jour). Le matériel copié pour cette circonstance existe encore, conservé à Paris BnF : Rés. H 494 C (a-j). Elle a encore été citée et reprise (chantée et jouée) aux XIXe et XXe siècles[7].
Edition moderne : Paris : Schola Cantorum et Procure générale de musique, s. d., 4 p.
  • Messe de Requiem pour Soprano, Alto, Ténor et Basse / Chant au Ténor (messe en faux bourdon, Orléans, 1722 ?).
Copie datée de 1894, de la main du chanoine Marcel Laurent (Répertoire des chœurs de la cathédrale d'Orléans). Archives municipales d’Orléans : C 3364-3.
Cette Messe (non datée) inclut la Prose ci-dessus. Elles peuvent donc avoir été composées pour la même occasion. Cf. Brosset 1924 p. 26.
  • Missa pro defunctis (Messe, 4 voix : dessus, haute-contre, taille, basse). Paris BnF : L 18363 A et B (parties séparées, XIXe siècle. Deux parties de violons, une partie d’alto, et la basse continue - basse, basson, trombone - doublent les voix).
La partition oppose des passages à 4 ou à 3 voix. Contrepoint figuré alternant avec une écriture verticale, syllabique. Ce matériel manuscrit (44 cahiers pour les parties chantées, 17 pour les instruments) atteste que l'œuvre a été donnée à la chapelle des Tuileries, sous Napoléon Ier ou pendant la Restauration (1802-1830). Jean-François Le Sueur, maître depuis 1804, avait dirigé la musique de Notre-Dame avant la Révolution. C'est sans doute là qu'il avait eu connaissance de cette messe. Cf. Mongrédien 1986 p. 160 et 164.
  • Missa in anniversariis defunctis per Dominum Omet Magister Musice [orthographe admise pour la diphtongue : Musicæ] Ec[c]lesiæ Parisiensis, Livre de chœur manuscrit, in-fol., 69 p., 1803. (Messe, 4 voix). Localisation : Paris, Bibliothèque de la maîtrise de la cathédrale Notre-Dame.
François-Joseph Fétis affirmait posséder le manuscrit de cette pièce[8], mais il ne figure pas dans le catalogue de sa bibliothèque établi en 1995[9].

Œuvres perdues[modifier | modifier le code]

  • Idylle à la louange du Roy, qui sera chanté dans la sale de l'Academie de musique d’Orleans, le XIII. de décembre M. DCCXXII. S. l., s. n., [1722], 4 p. in-4°.
Livret seul. La musique est perdue. D'après la p. 4 : « Les paroles sont d’un Académicien. La Musique est de M. HOMET, Maître de Musique de l'Académie ».
L'Académicien est peut-être l'Orléanais Daniel Polluche. Incipit : « Bergers de cet heureux séjour, Redoublez pour LOUIS vos Concerts en ce jour ». Autre titre possible : Idylle sur la Paix, chantée à l’Académie de Musique. Livret conservé à Paris (Bibliothèque Mazarine : 4° 10918-111/20). Citée dans Le Mercure de France, , p. 136–137 (p. 403 du reprint). Mentionné dans Beauvais de Préau 1778 p. V.
  • Divertissement pour la Reine de Pologne. Représenté au Château Royal de Chambort (Chambord, ). Livret imprimé à Orléans : Rouzeau, 1730, 4°, 8 p.
« Mis en Musique par Mr. HOMET, Maître de Musique du Roi de Pologne, & de l'Eglise d'Orleans. » [sic].
La musique est perdue. Livret à Blois (Bibliothèque de l'Abbé Grégoire : LO 526). Personnages : « Une Nimphe, Apollon, Flore, Zephire, Mars. Chœur ». Incipit du Prologue : « Quels doux concerts font retentir ces lieux ». Incipit du Divertissement : « Venés tous dans mon Temple, & que chacun s'aprête » [sic]. Cité, sans localisation, dans Cuissard 1900 à l'article « Homet ».
  • Te Deum pour la naissance du dauphin (Grand motet, perdu), 1729. Cf. Le Mercure de France, (II), p. 3151–3152 (p. 440-441 du reprint).

Attribution incertaine[modifier | modifier le code]

  • La Pucelle d’Orléans. Cantate pour être chantée dans une Assemblée publique de l’Académie de Musique d’Orleans le 8. May, jour de la Delivrance de cette Ville [par Jeanne d'Arc], 1724, 3 p. Livret de Michel-Gabriel Perdoulx de la Perrière (Orléans BM : Rés. E 18181 [n° 1065 alias 25]). La musique est perdue.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Il est enterré le 28 août 1767.
  2. Les musiciens ou anciens musiciens du chapitre ont fréquemment occupé ces fonctions. Cf. Orléans BM : Ms. 836. Martirologium Insignis Ecclesiœ Aurelianensis, 1706 [en ajouté :] 1736 addit, f. 64r.
  3. Selon Clerval, il avait été tonsuré, en tant que simple clerc, à Chartres, en 1714. À son retour dans cette ville, en 1731, il était seulement sous-diacre. Il devint diacre puis prêtre à Paris, en 1732 et 1733. Cf. Clerval 1898, p. 95.
  4. 4 pages sur un bi-feuillet in-4.
  5. 1707-1748, comte de Rochefort, gouverneur de Beaucaire ; Correspondance au comte de Brancas-Rochefort. 1736-1740. Lot 301 (Fonds Louis Barthou) ; Vente Tajan, 18 septembre 2013.
  6. Vente Tajan. Vente aux enchères du mercredi 18 septembre 2013. Manuscrits et autographes. Fonds Louis Barthou. Lot 307. ; Aperçu du document, avec signature
  7. En 1849, Franz Liszt, dans sa Totentanz (Danse des morts) la fait jouer, à l'orchestre, l'opposant ainsi aux citations plus sombres du Dies irae liturgique. Le faux-bourdon de Homet appartenait au répertoire de l'Église de Paris. Peu après, Adrien de La Fage publia son Cours complet de plain-chant ou Nouveau traité méthodique & raisonné du chant liturgique de l’église latine à l’usage de tous les diocèses (Paris, Gaume, 1855-1856, 2 vol.) dans lequel il expose (vol. 2, p. 606–607) la prose de Homet en ajoutant qu'il la considère excellente. On peut relever aussi quelques exemples de diffusion plus tardifs : en 1928, le compositeur belge Fernand Le Borne la reprit dans son Requiem pour chœur, soli et orchestre. Plus tard encore en 1947, le plain-chantiste Félix Raugel l'intégra dans sa Messe des morts pour chœur mixte, signe que la prose de Homet conservait sa place dans les églises parisiennes. Elle était encore en 1921 au répertoire du chœur de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans.
  8. François-Joseph Fétis, "Homet (l'abbé)", dans Biographie universelle des musiciens, deuxième édition, Paris, Firmin Didot, 1860-1865, vol. 2, p. 850.
  9. Jean-Paul Montagnier, "Homet, Louis", dans Ludwig Finscher (éd.), Die Musik in Geschichte und Gegenwart [MGG], Kassel, Bärenreiter, 2003, vol. 9, col. 289-290. La version antérieure de cet article ne mentionnait pas la perte du manuscrit (Mary Hunter et Jean-Paul Montagnier, "Homet, Louis", dans Stanley Sadie (éd.), The New Grove Dictionary of Music and Musicians, deuxième édition, Londres, Macmillan Publishers Limited, 2001, vol. 11, p. 670). Voir également Anne François et Els Van Hoof, Bibliothèque royale Albert-Ier Bruxelles. Catalogue des manuscrits de la Collection de François-Joseph Fétis, Bruxelles, 1995. Aucune mention du manuscrit.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Turellier, « Louis Homet (1691-1767), maître de musique à Orléans et à Chambord (1714-1731) », Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, Nouvelle série, n° 140, 2e trimestre 2004, p. 5–13.
  • François Turellier, « Christophe Moyreau (1700-1774) : organiste, claveciniste et compositeur orléanais », Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais, Nouvelle série, n° 161, , p. 5–39 (Errata dans Idem, n° 163, 1er semestre 2010, p. 134).
  • Jean-François Détrée, « Louis Homet. Maître de musique de la cathédrale d'Evreux au début du XVIIIe siècle », in : Musiciens et musique en Normandie. Bulletin du Centre Normand d'Histoire musicale, 4e trimestre 1977, p. 19-26. Cet article nous entretient surtout du concours de 1711, qui avait été rapporté, à l'origine, par Sébastien de Brossard.
  • Jean-Paul Montagnier, "Homet, Louis", dans Ludwig Finscher (éd.), Die Musik in Geschichte und Gegenwart [MGG], Kassel, Bärenreiter, 2003, vol. 9, col. 289-290.
  • François-Joseph Fétis, "Homet (l'abbé)", dans Biographie universelle des musiciens, deuxième édition, Paris, Firmin Didot, 1860-1865, vol. 2, p. 850.
  • Jean-Jacques-François Pataud, Recherches historiques sur l’éducation nationale et les écoles publiques de l'orléanais. Orléans : Huet-Perdoux, 1808, 23 p. (Orléans BM : H 5377.6).
  • Jules-Alexandre Clerval, L’Ancienne Maîtrise de N.-D. de Chartres. Chartres : Selleret, 1898. Reprint : Genève, Minkoff, 1972.
  • Jules Brosset, Marcel-Étienne Laurent, chanoine de l’Eglise d’Orléans, Maître de Chapelle de la Cathédrale, Officier d’Académie (1860-1921). Orléans : Imprimerie moderne, 1924, 26 p.
  • Marie-Reine Renon (éd.). Musique d'église autour de N.[icolas] Pacotat maître de psallette (Bourges, vers 1696 - Poitiers, 1731) : actes du colloque de Poitiers, . Paris : Éditions Publibook Université, 2010, 235 p. (voir p. 63, note 9).
  • Jean Mongrédien, La musique en France des Lumières au Romantisme 1789-1830. Paris : Flammarion, 1986.
  • Charles Nicolas Beauvais de Préau, Essais historiques sur Orléans. Orléans : Couret de Villeneuve, 1778. XII-210 p.
  • Charles Cuissard, Biobibliographie du Loiret. Manuscrit, 1900.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]