Louis Chouard

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Louis Chouard
Louis Chouard

Naissance
Strasbourg
Décès (à 71 ans)
Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Origine Drapeau de la France France
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau de la France République française
Drapeau de l'Empire français Empire français
Royaume de France Royaume de France
Drapeau de l'Empire français pendant les Cent-Jours Empire français (Cent-Jours)
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Arme Cavalerie
Grade Général de brigade
Années de service 17891833
Commandement 2e régiment de cuirassiers
Conflits Guerres révolutionnaires
Guerres napoléoniennes
Faits d'armes bataille de la Moskowa
Distinctions Commandeur de la Légion d'honneur
Chevalier de Saint-Louis
Baron de l'Empire
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 12e colonne.

Louis Claude Chouard [1], né le à Strasbourg, mort le à Nancy (Meurthe-et-Moselle), est un général français du Premier Empire.

Il est fils de Bernard Chouard (1734-1786), régisseur des droits réunis pour la généralité d'Alsace, et d'Hélène Lohmeyer (1745-1781).

Activités militaires[modifier | modifier le code]

Guerres révolutionnaires[modifier | modifier le code]

Admis le , en qualité d'aspirant à l'École d'artillerie de Metz, il renonce à cette arme, et entre comme lieutenant de grenadiers le , dans le 1er bataillon de volontaires du Bas-Rhin. Sous-lieutenant au 9e régiment de cavalerie le , et lieutenant le , il fait les campagnes de ces deux années à l'armée du Rhin.

À l'affaire d'Alzey le , il reçoit un coup de sabre au bras gauche en chargeant un parti de hussards prussiens, et au combat du suivant, devant Landau, il est atteint de plusieurs coups de sabre. Capitaine le 29 brumaire an II, il se distingue de l'an II à l'an VI aux armées du Rhin, de Rhin-et-Moselle, de la Vendée et d'Allemagne, et passe le 15 brumaire an VI, aide de camp auprès du général Delmas.

Sa conduite à l'affaire de Magnano le , lui vaut le grade de chef d'escadron sur le champ de bataille. Le général Moreau l'attache à sa personne en qualité d'aide-de-camp le 22 floréal suivant. Un mois plus lard, devant Alexandrie, il a un cheval tué sous lui.

Lors de la prise de Landshut, le , accompagné de 2 officiers d'état-major, il prend 2 pièces de canon dont le feu incommodait la colonne d'attaque, et a un cheval tué sous lui. Placé à la suite du 1er régiment de carabiniers le , il sert comme adjoint à l'état-major général de l'armée du Rhin, et est admis dans ce corps comme titulaire le de la même année.

Guerres napoléoniennes[modifier | modifier le code]

Membre de la Légion d'honneur le , il combat à Austerlitz, et y est atteint de quatre coups de sabre et d'un coup de biscaïen ; il a encore un cheval tué sous lui. Colonel du 2e régiment de cuirassiers le , il se couvre de gloire à la tête de ce corps en Prusse (1806) et en Pologne (1807).

Officier de la Légion d'honneur le , il fait la guerre en Autriche en 1809, perd 2 chevaux à Ratisbonne, et 3 sur le champ de bataille de Wagram.

Promu général de brigade le , il part pour la Russie (1812), et se fait remarquer à la bataille de la Moskowa, où il commande la brigade de carabiniers.

Rentré en France le , il est attaché le à la 2e division de dragons, mais le délabrement de sa santé l'oblige de demander un congé afin d'aller prendre les eaux. Major des dragons de la Garde impériale le suivant, il est investi le , du commandement de la levée en masse du département du Bas-Rhin, et de celui de l'arrondissement de Huningue le .

Restauration et Cent-Jours[modifier | modifier le code]

Commandeur de la Légion d'honneur le , et chevalier de Saint-Louis le , il est en congé lors du retour de Napoléon de l'île d'Elbe. Le , il reçoit l'ordre de se rendre à Paris, d'où il repart le 23 pour commander une brigade de cavalerie de l'armée de la Moselle. Le , l'Empereur lui confie le commandement des 2 régiments de lanciers de gardes nationales actives formés dans le département du Haut-Rhin. Admis à la retraite le , il reste dans ses foyers pendant tout le temps de la Restauration.

Appelé le au commandement du département de la Marne, et placé le à la tête de 3 régiments de cavalerie à Lunéville, il reçoit en même temps le commandement intérimaire du département de la Meurthe, qu'il n'abandonne que le , pour prendre celui d'une brigade de cavalerie.

Il est réadmis a la retraite le 1er octobre suivant, et est mort à Nancy le . Napoléon lui a conféré le titre de baron de l'Empire.

Contrairement à ce que dit Révérend, N (Louis-Henri) Caillau-Chouard que le général Chouard a adopté et fait son héritier, n'était pas son neveu, mais le petit-fils de sa femme née Éléonore Lacombe.

Il existe une « rue du baron Chouard » à Monswiller (67) dans le quartier du Zornhoff où le général avait créé une manufacture après l'Empire, et une figurine de soldat de plomb à son effigie.

Activités civiles[modifier | modifier le code]

Les activités de Louis Chouard dans l'industrie sont beaucoup moins connues mais pas sans importance. Il s'est d'abord agi pour lui de placer les fonds reçus de l'héritage de son père. En 1800, il figure parmi les nouveaux actionnaires des Forges du Bas-Rhin, appartenant à la famille de Dietrich[2]. En 1818, il se lance dans l'industrie minière et ouvre une mine de plomb à Niedersteinbach, à la frontière avec la Bavière. Il y installe des ateliers de traitement de minerai et une fonderie qu'il maintiendra en activité jusqu'en 1829[3]. En 1822, il achète la propriété du Zornhoff à Monswiller près de Saverne, provenant du domaine du cardinal de Rohan[4]. Sur cette propriété où passe un canal de dérivation de la Zorn, sont établies plusieurs petites usines : scierie, moulin, foulon à chanvre et foulon à drap. Sur l'exemple de l'usine de Molsheim des Coulaux, le baron Chouard décide de lancer une usine d'outillage et de quincaillerie qui comprendra un martinet de forge à deux batteries et deux chaufferies, une forge de maréchal et deux fours de cémentation.

Il s'appuie sur une société du Zornhoff établie en 1824 dans laquelle entre son beau-frère Pierre Leclerc, non pas tant parce qu'il est conservateur des hypothèques de la ville voisine de Saverne mais parce qu'il a une expérience des affaires industrielles à travers ses participations dans les mines de Sainte-Marie, Saint-Hippolyte et Rodern, dans le Haut-Rhin. Avec Pierre Leclerc arrivent ses associés, le comte de Montmarie et Jacques Vallet, plus un marchand de fer de Strasbourg, Jean-Pierre Hasenclever, et Guillaume Goldenberg, un spécialiste venu avec toute une équipe du grand-duché de Berg, où les villes de Solingen et Remscheid ont une solide réputation en la matière. Malheureusement, Guillaume Goldenberg, qui travaille pour les Coulaux, n'aide pas comme il s'y était engagé le général Chouard. Autre contretemps, ses autorisations tardent beaucoup à arriver[5]. Il ne les obtient qu'en 1826, mais ne semble plus avoir alors les moyens de continuer.

C'est un nouvel acteur qui reprend l'affaire à la même époque : Antoine de Guaita, associé dans les Manufactures de glaces et verres de Saint-Quirin, Cirey et Monthermé[6], et proche de la famille Chouard. Il forme une société Antoine de Guaita et Cie au capital de 500.000 frs, dont il aura 60%, le reste allant à Louis Chouard et Pierre Leclerc[7]. Il poursuit les investissements (laminoir, martinet, aiguiserie)[7]. On note la présence comme directeur de Louis Gabriel Lacombe, neveu du général[7]. Et deux autres de ses neveux vont apparaître au capital après le rachat des parts de Pierre Leclerc : Charles Nicolas Guérin et François Sébastien Keller. Quelques récompenses sont accordées à la société à l'occasion des expositions des produits de l'industrie en 1827 (médaille de bronze pour les scies) et en 1834 (médaille d'argent dans la catégorie métaux)[8].

Le décès d'Antoine de Guaita en 1834 rebat les cartes : sa veuve avec des enfants mineurs cherche à vendre et des négociations sont entamées avec Gustave Goldenberg, fils de Guillaume, qui se montre intéressé. On finit par se mettre d'accord sur un prix de 700.000 frs. Tous les anciens associés, dont le général Chouard, se retirent[9]. L'ironie de l'histoire est que l'intuition du général était bonne : Gustave Goldenberg en fera une entreprise florissante qui, avec mille ouvriers, rivalisera avec les usines les plus performantes d'Allemagne.

Au cours de sa retraite, le général Chouard participe à un débat qui divise les élites presque autant que plus tard l'affaire Dreyfus : pour ou contre la construction des fortifications de Paris. Il publie en à Nancy une brochure dans laquelle il prend position contre ce projet qu'il juge inutile et dispendieux. Il soupçonne Thiers d'arrière-pensées de politique intérieure et ne croit pas à la protection qu'offrirait cette enceinte : On cherche à nous persuader que ces ridicules fortifications n'ont d'autre but que de garantir Paris d'une nouvelle occupation par l'étranger... Comme si une ville qui compte près d'un million d'habitants, en grande partie égoïstes, efféminés, sans moralité, énervés les uns par le luxe et toutes ses jouissances, les autres par la misère et tous les vices, toujours disposés à la sédition et à la révolte, pouvait soutenir un siège ou seulement un blocus de quelque durée, même sous la protection des forteresses plus ou moins nombreuses construites autour d'elle !... On conçoit aisément l'intérêt que peut avoir un gouvernement à la construction de deux ou trois citadelles qui domineraient et commanderaient une telle ville, puisqu'elles lui offriraient des moyens sûrs d'en contenir la population dans la soumission et l'obéissance, d'y maintenir la tranquillité et l'ordre, de prévenir les troubles... Mais alors, à quoi bon l'enceinte continue et bastionnée ?... De quelque manière qu'on veuille considérer ce système de défense, aussi faux que ridicule et ruineux, il est trop évident qu'il ne peut conduire à aucun des buts si pompeusement et si légèrement annoncés. Et ce funeste système trouve en France des militaires, des officiers du génie qui, éblouis par de grandes phrases et des sophismes d'avocat, le soutiennent et osent le défendre ![10] Un débat qui est à relier à bien d'autres, à commencer par celui sur la ligne Maginot...

Distinctions[modifier | modifier le code]

Armoiries[modifier | modifier le code]

Figure Blasonnement
Armes du baron Chouard et de l'Empire (décret du , lettres patentes du (Aranda de Duero))

Parti de sinople et de gueules, coupé d'azur ; le sinople au cheval gai galoppant d'or, surmonté de trois étoiles à cinq pointes d'argent ; le gueules au signe des barons militaires ; l'azur à la cuirasse d'argent frangée de gueules surmontée d'un casque aussi d'argent et traversée en barre et en bande de deux bannières d'or.[11]

Livrées : les couleurs de l'écu[11].

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Yves Bonnel et Robert Lutz, « Louis Chouard », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 6, p. 508
  • A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur : biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. 5, Bureau de l'administration, , 2e éd. (lire en ligne) ;
  • Dictionnaire biographique des généraux et amiraux de la Révolution et de l'Empire 1792-1814, de Georges Six.
  • op. coll., Zornhoff, étude historique d'un site industriel, Société d'histoire et d'archéologie de Saverne et environs, 1985 II
  • BNF, sous le nom de Louis Chouard : Sur les fortifications de Paris, 1841

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le prénom usuel est correctement indiqué dans sa notice NDBA
  2. Michel Hau, La Maison de Dietrich de 1684 à nos jours, éd. de 1998, p. 47
  3. Paul Leuilliot, L'Alsace au début du XIXe siècle, tome II, p. 289-290
  4. Zornhoff, étude historique d'un site industriel, p. 55
  5. Zornhoff, étude historique d'un site industriel, p. 56
  6. Gilles Arnoux, de Guaita et Chevandier de Valdrôme, ou le destin de deux familles de verriers, l'Essor de Schirmeck, décembre 2002
  7. a b et c Zornhoff, étude historique d'un site industriel, p. 60
  8. Zornhoff, étude historique d'un site industriel, p. 60-61
  9. pour le Zornhoff sous la direction de Gustave Goldenberg, voir Zornhoff, étude historique d'un site industriel, 1988, II-III
  10. Louis Chouard, Sur les fortifications de Paris, Nancy, 1841, p. 1-2
  11. a et b PLEADE (C.H.A.N. : Centre historique des Archives nationales (France)).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]