Jean Clémentin

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Jean Clémentin
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jean Philippe Joseph Raoul ClémentinVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Jean Manan, Pipa, Yves Chesnel, TintinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Jean Clémentin (dit Jean Manan) est un journaliste et écrivain français, né en 1924 à Douvres-la-Délivrande (Calvados). Il fut l'une des grandes plumes du Canard enchaîné. Il est révélé en février 2022 qu'il a également été espion pour les services secrets tchécoslovaques de 1957 à 1969, pendant la guerre froide.

Biographie

Fils d'agriculteur, il suit l'enseignement des jésuites avant de se lancer dans des études commerciales[1]. Il apprend aussi l'allemand.

Après la Seconde Guerre mondiale, il part en Indochine française, comme soldat (rapidement détaché au service d'information), puis comme journaliste pour le compte d'Associated Press. Ses collaborations pendant la période indochinoise, et après son retour en France, en 1950, le situent à gauche : Combat, Les Temps modernes, Les Cahiers internationaux, Regards, Libération (d'Emmanuel d'Astier).

Le Canard enchaîné

Il entre au Canard enchaîné à la fin des années 1950. Grâce à ses contacts dans les milieux militaires, il s'y illustre, pendant la guerre d'Algérie. Il y rédige chaque semaine les Carnets de route de l'ami Bidasse, reprenant une rubrique qu'avait créée André Guérin en 1939-1940. Au cours de cette période, il donne aussi une impulsion au journal dans le domaine de l'investigation[2], au point d'être considéré comme l'un des journalistes de France les mieux informés.

De fait, dans les années 1970, l'information du Canard enchaîné est organisée autour de Clémentin[3]. Son souhait explicite est de faire en sorte que le Canard enchaîné ne soit pas un journal partisan, mais « un journal sans exclusive politique, sans esprit partisan, dont la rédaction serait composée de gens de droite et de gauche » et permettrait donc de « couvrir tout l'échiquier politique ». En visant dépolitisation et recherche d'informations, il favorise notamment la collaboration au Canard enchaîné de journalistes-enquêteurs étiquetés à gauche et même à l'extrême gauche (dont Claude Angeli), mais aussi à droite ou au parti socialiste : Roland Jacquard et Jean Montaldo. Il se heurte à de farouches oppositions au sein du Canard enchaîné, oppositions qui finissent par faire partir ces journalistes-enquêteurs du journal.

Clémentin abandonne la corédaction en chef en 1976, et l'information au début des années 1980, pour prendre en charge la critique littéraire. « Fâché avec tout le monde » et désireux de se consacrer à l'écriture, il quitte le Canard enchaîné en 1989.

Espion pour les services secrets tchécoslovaques

En 2022, le journaliste Vincent Jauvert révèle dans L'Obs le passé d'espion de l’Est de Jean Clémentin qui a travaillé pour les services secrets tchécoslovaques (StB)[4]. Il aurait été recruté en 1957 par la police politique tchèque. D'après l’historien tchèque Jan Koura, entre 1957 et 1969, Clémentin aurait remis environ 300 notes, au cours de 270 rencontres en France et à l’étranger. Agent d'information comme agent d'influence, il publie alors dans Le Canard enchaîné de fausses informations dictées par les communistes du StB[5]. Il désinforme notamment dans l'affaire Ben Barka, qui était lui-même aussi un agent tchèque[6]. Sollicité par Vincent Jauvert, Jean Clémentin, alors âgé de 97 ans, refuse de répondre aux questions de l'hebdomadaire. Il évoque, par l'intermédiaire de son fils, une « vieille affaire des années 1960 n’intéressera[it] personne[4]. » Nicolas Brimo, directeur de l'hebdomadaire depuis 2017, dit ne pas avoir su et « être sidéré »[7].

Ouvrages

  • Les Mémoires de Bidasse, d'après les célèbres chroniques du Canard Enchaîné, Julliard,
  • L'Affaire Fomasi, Rencontre et Grasset,
  • Les Poupées de Kirchenbronn, Fayard, (ISBN 2-213-00060-3)
  • La France ce n'est pas ce qu'il y a de plus grand c'est ce qu'il y a de meilleur : sotie, Lattès,
  • Pinarque : sotie Ⅱ, Lattès,
  • Quasi, Stock, (ISBN 2-234-04303-4)

Émissions de radio

  • Un espion communiste au Canard Enchaîné ![6].

Notes et références

  1. Karl Laske et Laurent Valdiguié, Le vrai canard, Stock, (ISBN 978-2-234-06639-7, lire en ligne)
  2. « C'est en grande partie grâce à Jean Clémentin et aux journalistes et informateurs qui l'entouraient que Le Canard enchaîné devint en une dizaine d'années un journal réputé pour la qualité de ses informations et un pouvoir redouté des cercles dirigeants. » Laurent Martin, « Pourquoi lit-on Le Canard Enchaîné ? », Vingtième Siècle, 2000, n° 68, p. 51 sur Persée.fr
  3. Christian Delporte, Michael Palmer et Denis Ruellan, Presse à scandale, scandale de presse, L'Harmattan, (ISBN 978-2-7475-0895-7, lire en ligne)
  4. a et b « Il était journaliste et agent de l’Est : l’affaire Clémentin, l’espion qui venait du « Canard enchaîné » », sur L'Obs, (consulté le )
  5. « Un journaliste français du «Canard enchaîné» a été un espion du camp soviétique », sur leparisien.fr, (consulté le )
  6. a et b Sonia Devilliers, « Un espion communiste au "Canard Enchaîné" ! », sur France Inter, (consulté le ).
  7. « Un journaliste français du «Canard enchaîné» a été un espion soviétique. », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes