Homo habilis

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Homo habilis (littéralement « homme habile ») est une espèce du genre Homo qui vivait il y a approximativement 2,5 à 1,5 million d’années en Afrique orientale et australe.

La diagnose de cette espèce fut faite par Louis Leakey, Phillip Tobias et John Napier en 1964[1], suite à la découverte en 1960 de fossiles en Tanzanie.

Découvertes

Des spécimens d'Homo habilis ont été découverts en Afrique orientale, notamment sur les sites d'Olduvai en Tanzanie à partir de 1959, de Koobi Fora à l'est du Lac Turkana au Kenya, à partir de 1972, de Chemeron également au Kenya, de l'Omo et de la région d'Hadar en Éthiopie. Les gisements les plus australs où des restes d'individus d'H. habilis ont été trouvés sont ceux d'Afrique du Sud, à Swartkrans, Sterkfontein et Drimolen, sites du « berceau de l'humanité »[2],[3].

OH 7

Mandibule d'OH 7.

OH 7 (Olduvai Hominid 7) est le spécimen-type d'Homo habilis, découvert en 1960 dans les gorges d'Olduvai en Tanzanie par Jonathan et Mary Leakey. Les restes fossiles de cet individu sont constitués de fragments d'une mandibule inférieure, d'une molaire maxillaire isolée, de deux pariétaux, de doigts et d'os de la main et du poignet[4]. La main d'OH 7 est large, avec un grand pouce et des doigts larges, semblables à ceux des humains. Cependant, contrairement à l'homme moderne les doigts sont relativement longs et présentent une courbure semblable à celle des chimpanzés. En outre, l'orientation du pouce par rapport aux autres doigts ressemble à l'anatomie des grands singes[5]. Une capacité crânienne de 363 cm3 de l'hominidé a été déduite de la taille des os pariétaux, en compte du fait que les fossiles appartenaient à un individu mâle de 12 ou 13 ans. Cette valeur a été extrapolée par Phillip Tobias à 674 cm3 si cet individu avait été adulte[6]. Toutefois, d'autres scientifiques ont estimé la capacité crânienne de 590 cm3[7] à 710 cm3[8]. La découverte et la description de ce spécimen comme une nouvelle espèce d'Homo a été publiée en 1964 par Louis Leakey, Phillip Tobias et John Napier[1].

OH 24

Réplique du crâne OH 24.

OH 24, surnommé « Twiggy », est un crâne déformé daté d'environ 1,8 million d'années découvert en octobre 1968 par Peter Nzube dans les gorges d'Olduvai. Le volume du cerveau est d'un peu moins de 600 cm3. Une réduction de l'avancement de la face (prognathisme) est présente par rapport à celle de membres d'australopithèques plus primitifs[9],[10].

KNM ER 1805

Réplique de KNM ER 1805.

KNM ER 1805 a été mis au jour par Paul Abell en 1973 à Koobi Fora, au Kenya. Les restes fossiles de cet individu adulte sont constitués d'un crâne, d'un maxillaire et d'une mandibule et sont âgés de 1,7 millions d'années environ. La capacité crânienne est de 582 cm3[3].

KNM ER 1813

KNM ER 1813 est un crâne relativement complet d'un individu adulte et daté de 1,9 million d'années. Il a été découvert à Koobi Fora, au Kenya par Kamoya Kimeu en 1973. La capacité crânienne est de 510 cm3, plus faible que celle des autres H. habilis[3], en-dessous de la limite de 600 cm3 communément admise pour le genre Homo[11], ce qui a conduit certains auteurs à classer ces restes fossiles comme ceux d'Australopithecus africanus, bien que la morphologie du crâne soit différente de celle de cette dernière espèce[3].

AL 666-1

Le maxillaire AL 666-1 provient d'Hadar en Éthiopie et son âge a été estimé à 2,33 millions d'années. Son appartenance au genre Homo est reconnue, mais si ce fossile présente des affinités avec H. habilis (Homo aff. habilis), et notamment aux spécimens OH 16 et OH 19 d'Olduvai, il est pas toutefois formellement attribué à cette espèce[12],[13].

Homo habilis et la bipédie

L’Homo habilis maîtrisait parfaitement la bipédie permanente, même si celle-ci n'apparaît pas avec lui. Elle est déjà présente chez Australopithecus. En revanche, ses membres postérieurs courts n’en faisaient pas un aussi grand marcheur que l’Homo ergaster, apparu ultérieurement. Son aspect restait très archaïque.

L’espèce présentait un fort dimorphisme sexuel, les femelles étant beaucoup plus petites que les mâles.

Homo habilis, inventeur de l'outil ?

Galet aménagé oldowayen, - 1,7 million d'années - Melka Kunture, Éthiopie

Homo habilis est contemporain des plus anciennes industries de pierre taillée, nommées oldowayennes. Celles-ci comportent des objets simples taillés généralement sur une seule face pour confectionner un outil (galet aménagé) ou pour obtenir des éclats tranchants.

Ces outils devaient lui permettre de découper des morceaux de viande ou de casser des os. Mais Homo habilis a coexisté avec certaines formes robustes d'Australopithèques, les Paranthropes. Certains scientifiques envisagent que ceux-ci étaient également capables de fabriquer des outils de pierre taillée.

Une capacité crânienne très développée

L’Homo habilis a une capacité crânienne comprise entre 550 et 800 cm3. Il mesure environ 1,20 à 1,50 m et pèse de 30 à 40 kg. L'étude de sa denture montre des canines réduites et des incisives développées ce qui démontre que l’Homo habilis était omnivore, il est probable qu'il ait été charognard et non chasseur. Son crâne est un peu plus volumineux que celui d'un chimpanzé.

Galerie dents

Modèle:Message galerie

Paléopathologie

L'étude des restes d'un Homo habilis datant de 1,8 million d'années a montré qu'il souffrait d'arthrose et de rhumatismes.

Notes et références

  1. a et b (en) L.S.B. Leakey, P.V. Tobias et J.R. Napier, « A New Species of the Genus Homo from Olduvai Gorge », Nature, vol. 202, no 4927,‎ , p. 7-9 (PMID 14166722, DOI 10.1038/202007a0, lire en ligne)
  2. Sandrine Prat, « Homo rudolfensis et Homo habilis », sur CNRS (consulté le ).
  3. a b c et d (en) Bernard Wood, Wiley-Blackwell Encyclopedia of Human Evolution, Wiley-Blackwell, (ISBN 9781118650998, DOI 10.1002/9781444342499).
  4. (en) Daniel E. Lieberman, Bernard A. Wood et David R. Pilbeam, « Homoplasy and early Homo: an analysis of the evolutionary relationships of H. habilis sensu stricto and H. rudolfensis », Journal of Human Evolution, vol. 30,‎ , p. 4–6.
  5. (en) Gary J. Sawyer, Viktor Deak, Esteban Sarmiento et Richard Milner, The Last Human: A Guide to Twenty-Two Species of Extinct Humans, New Haven, Yale University Press, , 256 p. (ISBN 978-0-300-10047-1)
  6. (en) Phillip V Tobias, « The Brain in Hominid Evolution », American Journal of Physical Anthropology, vol. 39, no 1,‎ , p. 137–139 (DOI 10.1002/ajpa.1330390115).
  7. (en) Milford H. Wolpoff, Paleoanthropology (2nd ed.), Boston, MA, McGraw-Hill, (ISBN 0-07-071676-5).
  8. (en) Ralph L. Holloway, « Cranial capacity of the Olduvai Bed I hominine », Nature, vol. 210, no 5041,‎ , p. 1108–1109 (DOI 10.1038/2101108a0).
  9. (en) Donald Johanson et Edgar Blake, From Lucy to Language, Simon and Schuster Editions, (ISBN 0-684-81023-9), p. 172
  10. (en) Patricia J. Ash et Davod J. Robinson, The Emergence of Humans: An Exploration of the Evolutionary Timeline, Wiley-Blackwell, (ISBN 978-1-119-96424-7).
  11. (en) David R. Begun, A Companion to Paleoanthropologie, Wiley-Blackwell, , 648 p. (ISBN 9781444331165, DOI 10.1002/9781118332344).
  12. (en) Matt Cartmill et Fred H. Smith, The Human Lineage, Wiley-Blackwell, , 624 p..
  13. (en) W. H. Kimbel, R. C. Walter, D. C. Johanson et al., « Late Pliocene Homo and Oldowan tools from the Hadar formation (Kada Hadar Member), Ethiopia », Journal of Human Evolution, vol. 31,‎ , p. 549–561.
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