Guatteria guianensis

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Guatteria guianensis
Description de cette image, également commentée ci-après
Guatteria guianensis par Aublet (1775)
Explication de la Planche deux cent quarante-cinquième : 1. Grouppe de fruits. - 2. Baie de nature ſèche ſéparée. - 3. Noyau. - 4. Amande.[1]
Classification Tropicos
Règne Plantae
Classe Equisetopsida
Sous-classe Magnoliidae
Super-ordre Magnolianae
Ordre Magnoliales
Famille Annonaceae
Genre Guatteria

Espèce

Guatteria guianensis
(Aublet) R.E.Fr., 1939

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Synonymes

Selon GBIF (13 février 2023)[2] :

  • Aberemoa guianensis Aubl. - Basionyme
  • Aberemoa guianensis subsp. guianensis Aubl.
  • Aberemoa guianensis var. glabrescens Sagot
  • Guatteria aberemoa Dunal
  • Guatteria aberemoa var. microcarpa DC.
  • Guatteria abremoa var. microcarpa DC.
  • Guatteria calophylla R.E.Fr.
  • Guatteria calophylla subsp. calophylla R.E.Fr.
  • Guatteria excellens R.E.Fr.
  • Guatteria excellens subsp. excellens R.E.Fr.
  • Guatteria multivenia Diels
  • Guatteria multivenia subsp. multivenia Diels
  • Guatteria robusta R.E.Fr.
  • Guatteria robusta subsp. robusta R.E.Fr.
  • Uvaria aberemoa F.Dietr.

Selon Tropicos (13 février 2023)[3] :

  • Aberemoa guianensis Aubl. - Basionyme
  • Guatteria aberemoa Dunal
  • Guatteria aberemoa var. microcarpa DC.
  • Guatteria calophylla R.E. Fr.
  • Guatteria excellens R.E. Fr.
  • Guatteria multivenia Diels
  • Guatteria robusta R.E. Fr.

Guatteria guianensis est une espèce de petit arbre appartenant à la famille des Annonaceae, connue en Guyane sous les noms de Apelemuɨ' (Wayãpi)[4], Pomme canelle (Créole), Mamanyaré (Nenge tongo) ou anciennement Abéremou (Galibi).
Ailleurs, on l'appelle Envira-da-mata, Invira au Brésil, Muecantokaroriká (Makuna), Pö-ö-ká-no (Gwanano), Pweé-ka-no (Tukano et Desano) en Colombie, Moncapatamo (Huaorani), Yaris (Shuar) en Équateur, Wáshi yéis, Wasri yais, Wuáshi yais (Shuar), Carahuasca, Espintana au Pérou[5].

Description[modifier | modifier le code]

Guatteria guianensis se caractérise par la combinaison de feuilles verruqueuses, souvent très grandes, avec une nervure marginale bien distincte, et à ses jeunes rameaux recouverts d'un indumentum velouté de poils bruns dressés, généralement frisés, lorsqu'ils sont jeunes, atteignant environ 0,5 mm de long.

Guatteria guianensis est un arbre haut de 3-25 m pour 4-25 cm de diamètre. Les jeunes rameaux et pétioles sont densément recouverts d'une couche veloutée de poils bruns dressés, souvent frisés, longs d'environ 0,5 mm, devenant glabre avec l'âge.

Les feuilles portent un pétiole long de 0-10 mm, pour 4-8 mm de diamètre. Le limbe mesure 20-63 x 6-21 cm (indice foliaire 2,6-4.5), est de forme étroitement elliptique à étroitement elliptique-obovale, de texture chartacée à finement coriace, de couleur brun ou verdâtre à brun grisâtre et souvent un peu brillant en dessus, brun en dessous, densément à assez densément verruqueux, glabre en dessus, assez densément à peu couvert de poils dressés à apprimés en dessous, à base atténuée, extrême base un lobule arrondi de chaque côté, à apex acuminé (acumen long de 5-30 mm se terminant par une pointe aiguë), La nervure primaire est imprimée au-dessus. On compte 20-35 paires de nervures secondaires, imprimées au-dessus, formant une nervure marginale, à une distance d'au moins 1-7 mm de la marge. Les nervures tertiaires sont plates à surélevées au-dessus, percurrentes.

L'inflorescence se compose de 1(-2) fleurs disposée à l'aisselle des feuilles ou sur des rameaux sans feuilles. Les pédicelles sont longs de 12-25 mm pour 2-3 mm de diamètre, atteignant jusqu'à environ 35 mm de long, pour 5 mm de diamètre lors de la fructification. Ils sont densément recouverts de poils dressés à apprimés, articulés à 0,3-0.5 de la base. Les bractées sont probablement rapidement caduques, celle supérieure de forme elliptique, est longue de 7-8 mm. Les boutons floraux sont largement ovoïdes, aigus. Les sépales sont presque libres, de forme largement ovale-triangulaire, mesurant 7-12 x 8-11 mm, étalés à réfléchis, densément couvert de poils dressés à apprimés sur la face extérieure. Les pétales sont verts, devenant crème, blancs ou jaunes, de forme elliptique, mesurant 20-35 x 12-17 mm, à face externe densément couverte de poils gris-brunâtre dressés à apprimés. Les étamines mesurent 2-3 mm, formant un bouclier conjonctif papilleux à glabre.

On compte 20-75 monocarpes, de couleur verte, devenant noir rougeâtre à noir (bruns au séchage), de forme ellipsoïde, mesurant 13-25 x 8-15 mm, assez densément à faiblement couverts de poils dressés à apprimés, à apex arrondi, apiculé à l'extrémité (apiculum long de 0,5-1 mm), au stipe mesurant 4-10 x 1,5-2 mm, et à paroi épaisse de 0,5-1 mm.

La graine mesure 15-25 x 6-9 mm, est de forme ellipsoïde, de couleur marron à marron-rougeâtre, à surface rugueuse, rainurée longitudinalement et transversalement, avec un raphé non distinct du reste de la graine[5].

Répartition[modifier | modifier le code]

Guatteria guianensis est présent en Colombie (Amazonas, Antioquia, Vaupés), en Guyane, en Équateur (Napo, Sucumbíos), au Pérou (Amazonas, Loreto, Madre de Dios, Pasco, San Martín) et au Brésil (Amapá, Amazonas, Pará, Rondônia)[5].

Écologie[modifier | modifier le code]

On rencontre Guatteria guianensis dans les forêts de terre ferme, sur des sols argileux à sableux autour de 0-800 m d'altitude. Il fleurit de mars à décembre et fructifie toute l'année[5].

Guatteria guianensis produit des phytolithes.[6]

Utilisations[modifier | modifier le code]

La pulpe du fruit mûr de Guatteria guianensis est comestible et sucrée. Son bois est employé au Pérou pour la construction des maisons[5].

La décoction amère de l'écorce utilisée chez les Wayãpi de Guyane comme remède de lavage externe pour la gale, et pour traiter les affections des organes génitaux masculins et féminins caractérisées par une douleur et avec accumulation de pus[7],[4].

Chimie[modifier | modifier le code]

Guatteria guianensis contient des alcaloïdes bisbenzylisoquinoléiques et biphényliques[8],[9],[10].

Protologue[modifier | modifier le code]

En 1775, le botaniste Aublet décrit cette plante pour la première fois et propose la diagnose suivante[1] :

« ABEREMOA Guianenſis. (Tabula 245.)

Frutex viginti-pedalis 5 caulis ramoſus. Folia alterna, ampla, ovata, oblonga, acuta, integerrima, ſupernè & infernè tomentoſa, obſcurè viridia, ſubſeſſilia. Flores ſolitarii, axillares.
Fructum ferebat Decembri.
Habitat in ſylvis remotis Sinémarienſibus.
Nomen Caribeum ABEREMOU.

[…]

L'ABÉRÉME de la Guiane.

Cet arbre ne s'élève pas fort haut. L'écorce du tronc eſt noirâtre; Son bois eſt blanc,dur. Les feuilles ſont alternes, épaiſſes, fermés chargées d'un léger duvet, ce qui les rend douces au toucher. Leur longueur eſt d'environ un pied & demi, ſur cinq pouces de large dans leur milieu. Elles ſont terminées par une longue pointe, & marquées de nervures fort ſaillantes en deſſous : leur couleur eſt d'un vert fonce. De l'aiſſelle des feuilles fort un pédoncule de deux ou trois pouces de longueur qui porte un grouppe de fruits entaſſes, dont chacun a un pédoncule long de trois lignes & plus. Ce fruit reſſemble a une baie, mais ſèche. Il n'étoit pas encore en maturité. Sous l'écorce eſt un noyau ride, oblong, fort dur, contenant une amande à deux lobes.
Le bois s'emploie pour faire des chevrons.
On trouvé cet arbre dans la terre ferme de la Guiane, dans les déſerts de Sinémari. Il eſt appelle ABÉRÉMOU par les Galibis. »

— Fusée-Aublet, 1775.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , pp. 610-611 (lire en ligne)
  2. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 13 février 2023
  3. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 13 février 2023
  4. a et b Pierre Grenand, Christian Moretti et Henri Jacquemin, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles, Palikur, Wayãpi, Paris, ORSTOM, , 569 p. (ISBN 2-7099-0803-4)
  5. a b c d et e (en) P.J.M. Maas, L.Y.T. Westra, S. Arias Guerrero, A.Q. Lobão, U. Scharf, N.A. Zamora et R.H.J. Erkens, « Confronting a morphological nightmare: revision of the Neotropical genus Guatteria (Annonaceae) », Blumea - Biodiversity, Evolution and Biogeography of Plants, vol. 60, nos 1-3,‎ , p. 1-219 (DOI 10.3767/000651915X690341)
  6. (en) Jennifer Watling et José Iriarte, « Phytoliths from the coastal savannas of French Guiana », Quaternary International, vol. 287,‎ , p. 162-180 (DOI 10.1016/j.quaint.2012.10.030)
  7. (en) Robert A. DEFILIPPS, Shirley L. MAINA et Juliette CREPIN, Medicinal Plants of the Guianas (Guyana, Surinam, French Guiana), Washington, DC, Department of Botany, National Museum of Natural History, Smithsonian Institution, , 477 p. (lire en ligne)
  8. (en) S. Berthou, A. Jossang, H. Guinaudeau, M. Lebceuf et A. Cavé, « Alcaloides bisbenzylisoquinoleiques biphenyliques de guatteria guianensis », Tetrahedron, vol. 44, no 8,‎ , p. 2193-2201 (DOI 10.1016/S0040-4020(01)81727-0)
  9. S. Berthou, M. Lebœuf, A. Cavé et H. Guinaudeau, « Alcaloides des Annonacées, 89: bisbenzylisoquinoléines de Guatteria guianensis », Journal of Natural Products, vol. 52, no 1,‎ , p. 95-98 (DOI 10.1021/np50061a012)
  10. S. Berthou, « Étude des alcaloi͏̈des de" Limacia oblonga"(Miers) Hook. F. Thoms (Ménispermacées) et de" Guatteria guianensis"(Aublet) RE Fries (Annonacées) : essais de N-déméthylation de bisbenzylisoquinoléines (Doctoral dissertation, Paris 11). », thèse de l'université Paris 11 , en partenariat avec Université de Paris-Sud,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  • « Guatteria guianensis », sur la chaussette rouge, (consulté le )