Francis Suttill

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Francis Suttill (17 mars 1910 à Mons-en-Barœul-mars 1945 à Sachsenhausen) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret britannique du Special Operations Executive, section F. À la tête du réseau action Prosper-PHYSICIAN (plus connu sous le nom de réseau Prosper), il mena d'octobre 1942 à juin 1943 des actions de soutien à la résistance en France, zone nord. Arrêté par les Allemands, déporté, il fut finalement exécuté le .

Identités

  • État civil : Francis Alfred Suttill
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Nom de guerre (field name) : « Prosper »
    • Nom de code opérationnel : PHYSICIAN (signifiant MÉDECIN en anglais)
    • Identité de couverture : François Desprée (ou Desprées)

Parcours militaire :

  • Armée britannique : officier de renseignements
  • SOE, section F ; grade : major (équivalent à commandant) ; matricule : 130049

Pour accéder à des photographies de Francis Suttill, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d'article.

Famille

  • Son père : William Francis Suttill, Britannique (famille originaire du Yorkshire), né à Manchester, directeur d'une usine textile à Lille.
  • Sa mère : Blanche Marie-Louise Degrave, française.
  • Sa femme : Margaret Joan Montrose ; mariage en 1935.
  • Ses enfants (2) : William Anthony (né le ) ; Francis John (né le ).

Biographie

1910. Naissance de Francis Suttill le 17 mars, à Mons-en-Barœul (près de Lille, France).

Éducation en Angleterre (Stonehurst College) jusqu'à 16 ans.

1926. Il est atteint de poliomyélite ; on lui affirme qu'il ne pourra plus marcher. Sa mère refuse cette idée, le garde à la maison et le soigne, si bien qu'il peut marcher à nouveau sans boiter, malgré une jambe plus courte de dix-huit millimètres.

Il revient en France, où il passe son bac, puis s'inscrit en droit à l'Université de Lille.

1931. Avec un certificat de nationalité britannique, il n'a pas à faire son service militaire en France. Il poursuit ses études de droit à l'Université de Londres.

1935. Mariage.

Suttill est avocat au Lincoln's Inn.

1939. En septembre, à la déclaration de guerre, il s'engage dans l'armée britannique, où il est officier de renseignement.

Plus tard, il est recruté par le SOE. Il est volontaire pour une mission en France.

1942.

  • Été. - Il reçoit l'entraînement.
  • Le SOE choisit Suttill pour établir un nouveau réseau en France, zone nord, autour de Paris. Son nom de guerre est « Prosper » et sa couverture François Desprées, représentant.
  • 24 septembre. Andrée Borrel « Denise », son courrier, est parachutée en France et prépare la voie pour Suttill.

Mission en France

1943. Pendant six mois, le réseau se développe considérablement, couvrant une grande partie de la zone Nord, impliquant un nombre croissant d'agents, avec création de nombreux sous-réseaux et groupes d'action.

  • 22 janvier. Henri Déricourt, un ancien pilote, retourne en France. Sa tâche principale est de trouver des terrains d'atterrissage qui conviennent et d'organiser la réception des agents envoyés par avion, principalement des agents du réseau Prosper. Pendant les quelques mois qui suivent, il organisera le transport par avion de plus de 67 agents.
  • Suttill et Agazarian s'interrogent de plus en plus sur la loyauté d'Henri Déricourt.

Une semaine à Londres

  • 13 mai. Suttill, rappelé à Londres, y reçoit de nouvelles instructions. Il fait part de ses craintes à Nicholas Bodington et à Maurice Buckmaster. Ceux-ci ne sont pas convaincus et refusent de rappeler Déricourt en Angleterre.
  • 20 mai. Suttill est parachuté à Romorantin.

Le dernier mois du réseau

Du 20 mai au 23 juin, l'activité du réseau augmente fortement.

Aux mains de l'ennemi

  • Le 23 juin à minuit, Andrée Borrel « Denise » et Gilbert Norman « Archambaud » sont arrêtés par la Gestapo, au domicile de ce dernier. Quelques heures plus tard, vers 10 h du matin, le 24, ce sera le cas également de Francis Suttill lui-même à son hôtel, près de la porte Saint-Denis. Des centaines d'agents sont arrêtés dans les jours qui suivent, fin juin et début juillet. C'est l'effondrement général du réseau Prosper[2].
  • Quand Noor Inayat Khan, qui est arrivée le 16 juin comme opérateur radio du réseau CINEMA-PHONO, découvre que Suttill a été arrêté, elle fait son rapport au SOE à Londres sur l'effondrement du réseau.
  • Suttill est amené au quartier général de la Gestapo, 84 avenue Foch. Il est torturé pendant plusieurs jours. Selon Ernst Vogt, Suttill convient avec les Allemands de fournir des informations sur les stocks d'armes contre leur promesse de ne pas tuer les résistants concernés. Cependant, selon un autre agent allemand, Joseph Kieffer, ce serait Gilbert Norman qui aurait pris l'initiative de ce « pacte d'honneur ».
  • Septembre. Le 3, il est mis en cellule d'isolement à la prison du camp de Sachsenhausen, situé au nord-ouest de Berlin.

1945. Le 23 mars[3], Francis Suttill est exécuté au camp de Sachsenhausen.

Reconnaissance

Distinction

  • Royaume-Uni : DSO

Monuments

Annexes

Sources et liens externes

  • (en) Des agents du SOE en France - fiche Francis Suttill, avec photographie
  • (en) Fiche Francis Suttill, avec photographies, sur le site Special Forces Roll of Honour.
  • "National Archives" britanniques. Accessible depuis le , le dossier personnel de Francis Suttill porte la référence HS 9/1430/6 : Description du contenu du dossier personnel, Conditions d'accès au dossier personnel.
  • Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945, Robert Laffont, 1976 ; éd. revue et complétée, Crémille & Famot, 1982.
  • Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit…, préface de Jacques Mallet, 5e édition française, Éditions Vario, 2004 (ISBN 2-913663-10-9)
  • Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 2, PHYSICIAN PROSPER CIRCUIT.
  • Anthony Cave Brown, La Guerre secrète, le rempart des mensonges, Pygmalion/Gérard Watelet, 1981.
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8), (EAN 9782847343298). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.
  • Richard Seiler, La Tragédie du Réseau Prosper, Pygmalion, 2003 (ISBN 2-85704-804.1[à vérifier : ISBN invalide]).
  • John Vader, Nous n'avons pas joué, l'effondrement du réseau Prosper 1943, Le Capucin, 2002. Ce livre est la traduction française du livre Prosper double-cross, Sunrise Press, 1977, traduction, notes et annexes de Charles Le Brun (ISBN 2-913493-41-6).
  • Jacques Bureau, Un soldat menteur, Robert Laffont, 1992. Témoignage direct d'un membre du réseau.
  • Jean Lartéguy et Bob Maloubier, Triple jeu, l'espion Déricourt, Robert Laffont, 1992.
  • Francis Suttill [Jr.], Le Réseau Prosper-PHYSICIAN et ses activités dans la région Centre, in « Résistances en Touraine et en région Centre », hors-série no 3, actes du colloque « Le SOE (Service secret britannique) - Les Réseaux Buckmaster en région Centre durant la Seconde Guerre mondiale » tenu à Tours le , association ÉRIL (Études sur la Résistance en Indre-et-Loire), juillet 2010 (ISBN 978-2-9536350-0-3).
  • Bob Maloubier, Les Secrets du Jour J : Opération Fortitude, Churchill mystifie Hitler, Les Éditions la Boétie, 2014, (ISBN 978-2-36865-033-2).
  • (en) Francis J. Suttill, Shadows in the Fog, the true story of Major Suttill and the Prosper French Resistance network, The History Press, 2014, (ISBN 978 0 7509 5591 1).

Notes

  1. Les sources diffèrent sur deux points :
  2. L'effondrement du réseau Prosper soulève de nombreuses questions. Cependant, les points suivants, en relation avec cet effondrement, semblent maintenant établis :
    • trois acteurs essentiels s'étaient personnellement connus avant la guerre à Paris : Henri Déricourt (agent SOE, organisateur des liaisons par Lysander), Nicholas Bodington (numéro 2 de la section F du SOE, ancien du MI 6) et Karl Bömelburg (chef de la Gestapo en France). Il est possible qu'Henri Déricourt ait joué un jeu multiple : jeu double, par la communication aux Allemands des dossiers (secrets ou personnels) qu'il était précisément chargé d'acheminer ; et peut-être jeu triple, en agissant de la sorte sous l'impulsion et le contrôle de l'Intelligence Service, à l'insu du SOE.
    • victime de certaines négligences en matière de sécurité de la part de ses propres agents (voir notamment le livre de M.R.D. Foot), le réseau Prosper a pu s'effondrer dans le cadre des plans britanniques de mystification, qui impliquaient une recrudescence d'activité des réseaux à ce moment-là. Selon le plan Cockade de la LCS, cette mystification devait faire croire aux Allemands à un débarquement dans le Pas-de-Calais pour le 9 septembre 1943 et leur faire ainsi relâcher, au moins temporairement leur pression militaire sur le front de l'est.
  3. 21 mars selon The National Archives ; 23 mars selon SFRoH et selon Libre Résistance (bulletin no 10)