Drapeau et armoiries du canton de Genève

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Drapeau du canton de Genève
Les couleurs cantonales sont le jaune et le rouge[1]
Les couleurs cantonales sont le jaune et le rouge[1]
Utilisation Symbole décrivant l'usage, explicité ci-après Symbole décrivant l'usage, explicité ci-après
Caractéristiques
Création [2]
Proportions 1:1
Éléments Une demi-aigle noire couronnée sur fond jaune et une clé jaune sur fond rouge

Armoiries du canton de Genève
Image illustrative de l'article Drapeau et armoiries du canton de Genève
Détails
Adoption 19 mai 1815
Usage Autorités cantonales

Le drapeau et les armoiries genevoises sont des emblèmes officiels du canton de Genève et de la ville de Genève.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'héraldiste Adolphe Gauthier rapporte dans son ouvrage qu'au XIIIe siècle, Genève portait déjà ses propres armoiries[3]. Toutefois, aucune archive n'en atteste[2]. L'héraldiste Jean-Daniel Blavignac, dans son livre publié en 1849 et dédié aux armoiries genevoises, rapporte que le premier sceaux de Genève était un soleil païen[4] et que c'est pendant le XIIe siècle que l'aigle fut ajoutée à ce symbole en devenant ville impériale.

Drapeau du Saint-Empire romain germanique

En 1342, Jacques de Faucigny, troisième personnage le plus important après l'Évêque et son représentant, détenait déjà des armoiries. Ces dernières étaient parties au 1 à deux clés en sautoir, au 2 à la demi-aigle ; un style très proche des armoiries actuelles. Les plus anciennes armoiries genevoises archivées datent de 1446 et apparaissent dans le « Livre des lépreux ». Une enluminure de 1451 représentant un ange offrant les armoiries de Genève à Saint Pierre et Saint Paul représente des armoiries identiques aux armoiries genevoises actuelles[2].

Les couleurs du canton ne furent pas toujours le jaune et le rouge. Avant le XIIe siècle, elles étaient noires et grises, le gris fut changé au XIIe siècle pour du violet, parfois accompagné du rouge. Ce n'est qu'en 1699 que le Conseil des Deux-Cents décida d'harmoniser les couleurs cantonales avec celles de l'écu en optant pour du jaune et du rouge[3].

À partir de 1792, la révolution genevoise a adopté successivement d'innombrables versions d’écussons, dont en général « l’extrême malfaçon est remarquable », où par exemple la « tête de l’aigle est tout à fait semblable à celle d’un âne » ou encore « l’aigle entière a la forme d’un poulet »[5]. Le drapeau révolutionnaire (1794) a été un rectangle comportant deux bandes rouge et jaune séparées par un large liseré noir[3]. Le liseré noir provenait de la cocarde entièrement noire portée par les milices[2]. Les révolutionnaires maintinrent les armoiries mais remplacèrent la couronne de l'aigle par un bonnet phrygien[2]. La mode des drapeaux tricolores révolutionnaires un peu partout en Suisse tire bien évidemment son origine des révolutionnaires français[6].

Lorsque Napoléon Ier s'empara de Genève en 1798, il supprima les armoiries cantonales, mais autorisa des armoiries municipales soigneusement modifiées par ses soins: ces dernières contenaient toujours la demi-aigle ayant perdu sa couronne, et un champ d'azur remplaça le gueules du 2 du parti (le rouge fut remplacé par du bleu). Napoléon ajouta le chef de gueules chargé de trois abeilles d'or des bonnes villes de l’Empire[3]. Les maires de ces bonnes villes avaient le privilège d’assister au couronnement de l’empereur.

Entre 1798 et 1813, c'est le drapeau français qui flotta à Genève puisque la République genevoise ne fut pas incorporée à la République helvétique mais fut transformée en département du Léman avec Genève pour chef-lieu.

Les anciennes armoiries furent réintroduite le , au départ des Français.

Lorsque la République de Genève devint un canton suisse le , les couleurs jaune et rouge et le drapeau avec la demi-aigle et la clé furent confirmés par le Grand Conseil de la République et canton de Genève.

Ce n'est que le [1] que le Gouvernement genevois fixa la forme des armoiries et du drapeau avec le soleil naissant et l'inscription IH∑.

Signification[modifier | modifier le code]

Saint Pierre avec les clefs du Paradis, par Pierre-Étienne Monnot, archibasilique Saint-Jean-de-Latran de Rome.

L'aigle, éployée et couronnée, symbolise le pouvoir impérial de l'évêque de Genève. Il fait référence à l'aigle bicéphale des armoiries du Saint-Empire romain germanique. La clé est un attribut de l’apôtre saint Pierre, patron de l'Église de Genève et de la cathédrale de la ville[7].

Une description constitutionnelle héraldique qui n'est pas héraldique[modifier | modifier le code]

Lors des travaux portant sur la nouvelle Constitution genevoise de 2012, les discussions sur l'article constitutionnel relatif aux armoiries fut un exemple concret d'incompétence vexillologique et d'héraldique en la matière. Si l'Assemblée constituante décida de maintenir la référence chrétienne au travers du cimier des armoiries[8], les faibles connaissances en héraldique et vexillologie des constituants déboucha sur deux erreurs dans le texte, partiellement rectifiées lors des travaux de la Constituante.

Le premier document de travail concernant la partie héraldique parlait d'«un»[9] aigle et non d'« une » aigle. L'aigle héraldique étant toujours de nature féminine, l'animal aurait été le premier animal héraldique transsexuel figurant sur des armoiries, illustration d'une parfaite genevoiserie. Cela fut rectifié dans le texte soumis au vote.

En revanche, le terme «demi-aigle» fut initialement remplacé par « aigle », ce qui modifie en héraldique les armoiries (et le drapeau également) en remplaçant la demi-aigle par une aigle avec deux ailes[10]. Toutefois, si la Constitution genevoise a été votée telle quelle par le peuple en octobre 2012, le texte accompagné d'un dessin ne laisse prétendument[10] pas d'interprétation possible.

Ainsi, alors que l'Article 7 de la Constitution définit spécifiquement les armoiries, ce dernier ne fait aucune réelle référence héraldique dans le texte[11].

Descriptions[modifier | modifier le code]

Description vexillologique[modifier | modifier le code]

La description vexillologique du drapeau genevois est « Parti, à la hampe, de jaune à la demi-aigle éployée noire, couronnée, becquée, membrée et armée de rouge et, au secteur flottant, de rouge à la clé d'or en pal contournée, le panneton tourné à senestre »[2]. Ainsi, l'aigle doit toujours être hissée proche de la hampe.

Description héraldique[modifier | modifier le code]

La description héraldique des armoiries genevoises est « Parti, en 1, d'or, à une demi aigle bicéphale de sable, armée, languée et couronnée de gueules mouvant de la partition et en 2, de gueules, à la clé d'or, posée en pal ». Les armoiries utilisées par les autorités cantonales ont en plus un cimier constitué d'un soleil naissant d'or portant en cœur le trigramme « IHΣ » de sable. La devise est « Post tenebras lux » (« Après les ténèbres, la lumière ») et fait référence à la Réforme protestante.

Description ironique[modifier | modifier le code]

Les Genevois décrivent parfois ironiquement leurs armoiries comme la représentation d'un demi-poulet et de la clé de la cave. Cette plaisanterie semble assez ancienne, comme le montre une conversation entre deux Genevois juste après la Restauration de 1814, attribuée à un docteur M anonyme et reproduite par Jean Humbert dans son Glossaire genevois : « Et moi, quante j’ai revu en n’haut des affiches la clef de la cave avec notre moitié de poulet, si je n’étais pas pour faire des cupesses au beau milieu de la rue »[12].

Autre représentation vexillologique et héraldique[modifier | modifier le code]

Le drapeau est également décliné sous forme d'oriflamme, soit en queue de pie, soit en base plate. L'oriflamme des cantons reprenant le drapeau cantonal dans sa partie supérieure et les couleurs cantonales dans la partie inférieure est appelée un drapeau « complet ».

Les armoiries complète représente le blason surmonté d'un cimier constitué d'un soleil naissant d'or portant en cœur le trigramme « IHΣ » de sable et, en-dessous, la devise de « Post tenebras lux ».

Utilisation et mention[modifier | modifier le code]

Le drapeau et les armoiries sont identiques. La demi-aigle est toujours du côté de la hampe du drapeau, et sur les armoiries à la droite héraldique[14].

Les armoiries se retrouvent sur les plaques d'immatriculation arrières de véhicules enregistrés dans le canton de Genève.


Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Usage des drapeaux,étendards et fanions (Règlement sur les drapeaux) - Règlement 51.340 f, Armée suisse, p. 76, consulté le 30 juillet 2017
  2. a b c d e et f Louis Mühlemann, Armories et drapeaux de la Suisse : 700 Jahre/ans/anni/onns Confoederation Helvetica, Éditions Bühler AG, , 162 p., p. 150-155
  3. a b c et d Adolphe Gauthier, Les armoiries et les couleurs de la Confédération et des cantons suisses, Genève: H. Georg, , 158 p. (lire en ligne), p. 119-131
  4. Jean-Daniel Blavignac, Armorial genevois : Essai historique sur les armoiries, les sceaux, les bannières et les monnaies de Genève, depuis l'époque la plus ancienne jusqu'à nos jours, , 521 p. (lire en ligne)
  5. J.-D. Blavignac, Armorial Genevois, Genève 1849, p. 60-62 et planche XIV
  6. Pourquoi le drapeau genevois est-il rouge et jaune?, ville-geneve.ch, consulté le 30 juillet 2017
  7. Willy Boder, « La Ville de Berne chassera-t-elle l'ours de ses documents officiels? - Genève: Pierre et l'Empire », Le Temps,‎ , p. 11
  8. Le drapeau genevois gardera ses références religieuses, Le Courrier, consulté le 30 juillet 2017
  9. Assemblée constituante: Sessions plénières no 9, 10 et 11, ge.ch/constituante, consulté le 30 juillet 2017
  10. a et b Une erreur dans la constitution modifierait les armoiries genevoises, Radio télévision suisse, consulté le 30 juillet 2017
  11. Constitution de la République et canton de Genève, ge.ch, consulté le 30 juillet 2017
  12. Jean Humbert, Nouveau glossaire genevois, tome second, Julien Genève 1852, p. 267.
  13. Communiqué de la chancellerie d'État du 5 mars 2020, consulté le 5 août 2020.
  14. Armée suisse, Usage des drapeaux , étendards et fanions (Règlement sur les drapeaux), Berne (BE), Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), , 94 p., p. 80

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Daniel Blavignac, Armorial genevois. Essai historique sur les armoiries, les sceaux, les milices et les sociétés militaires, les uniformes et les bannières, les médailles et les monnaies de Genève, depuis l'époque la plus ancienne jusqu'à nos jours, Genève, , 2 parties en 1 vol. (lire en ligne sur Gallica ; [PDF] sur doc.rero.ch).
  • Eugène-Louis Dumont, André Lecomte, Armorial genevois, Genève, Édition Atar, , 453 p..
  • François Rappard, Heraldica Helvetica : Armorial général Suisse (2 volumes), Genève, .

Articles connexes[modifier | modifier le code]