Communion

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La communion désigne l'acte de recevoir le pain et le vin en mémoire du dernier repas du Christ avec ses disciples, la veille de sa Passion. Le fait de communier signifie concrètement que le communiant reçoit une hostie de la part du prêtre (chez les catholiques et les orthodoxes) ou de la part du pasteur (chez les protestants).

Le rite par lequel on célèbre cet évènement s'appelle la messe chez les catholiques et chez les orthodoxes. Il est appelé la Cène chez les protestants (ou Sainte Cène).

L'interprétation théologique de la communion varie selon les Églises chrétiennes. Les catholiques et les orthodoxes croient en la transsubstantiation, les luthériens en la consubstantiation tandis que pour d'autres protestants tiennent la communion pour un acte purement symbolique.

Origine du terme

La cène est relatée dans les évangiles (du grec evangelios, qui signifie Bonne Nouvelle en grec ancien), par chacun des quatre Évangélistes :

Jean, qui était le plus jeune des quatre Évangélistes, se trouvait à la gauche de Jésus lors du repas pascal[réf. nécessaire]. Dans l’évangile selon saint Jean au début du chapitre 13 le repas pascal est décrit, en revanche, le partage du pain et l’échange de la coupe n’est pas mentionné. De façon symbolique, ce rituel traditionnel du Séder juif est remplacé par le lavement des pieds[1]. Les paroles rituelles de la consécration du rite romain ne sont pas tirées des évangiles, mais de la première épitre de saint Paul aux Corinthiens[2]. C’est de là que vient la tradition de certains clercs d’appeler cette épître le cinquième évangile.[réf. nécessaire]

Le repas pascal

Selon le Catéchisme de l'Église catholique (cf. nos 1382 à 1401), le banquet pascal est un autre terme que l'on pourrait employer au sujet de la communion. Communion est en fait un terme que l'on a quelquefois coutume d'employer dans le sens de la commémoration du repas (Cène, ou banquet) que Jésus a partagé avec ses disciples à Pâques. Pour l'Église catholique, c'est au cours de ce repas que Jésus a institué le sacrement de l'eucharistie qui commémore sa mort et sa Résurrection.

Dans le déroulement de la messe :

  • Temps de l'accueil, ou rite d'ouverture, incluant le rite pénitentiel,
  • Temps de la parole,
  • Temps du repas ou liturgie eucharistique,
  • Temps du départ ou rite d'envoi,

La communion correspond au temps du repas, plus particulièrement au moment où l'on partage le pain (ou le pain et le vin selon les habitudes).

Dans les cultes protestants, où le plus important est la liturgie de la parole, la Cène se situe à la toute fin de l'office, comme un moment explétif. La célébration du culte ne comprend pas systématiquement la célébration de la Cène.

Façons de recevoir la communion

Sous les deux espèces

En Orient, la communion sous les deux espèces pour les fidèles a toujours eu lieu (on parle « d’Espèces eucharistiques » pour désigner le pain et le vin, en utilisant une catégorie philosophique médiévale). Cette communion au sang du Christ a disparu peu à peu en Occident pendant le Moyen Âge et fut finalement interdite par le Concile de Constance en 1415 (en réaction contre le mouvement hussite qui la pratiquait et la revendiquait énergiquement).

Par la suite, les protestants ayant adopté cette communion au pain et au vin[3], elle ne fut plus pratiquée dans l’Église catholique et la question ne fut plus vraiment discutée dans l’Église catholique jusqu’au Concile Vatican II (qui l’encourage dans certains cas, cf. Sacrosanctum Concilium no 55). Les toutes dernières normes liturgiques n’indiquent plus aucune restriction dogmatique pour cette communion sous les deux espèces. Les raisons d'une communion sous la seule espèce du pain sont essentiellement d’ordre pratique. Notamment la distribution sous les deux espèces nécessite un plus grand nombre d’acolytes ou d’auxiliaires de la communion.

Du point de vue officiel romain, les choses à observer et à éviter concernant l'Eucharistie ont été récapitulées dans l'instruction Redemptionis Sacramentum (19 mars 2004). Les conférences épiscopales et les évêques de chaque Église particulière ont une grande latitude dans l'application de ces règles.

Pour donner la communion sous les deux espèces, le prêtre peut donner la communion, soit en faisant boire le fidèle directement au calice, soit en trempant l’hostie consacré dans le calice et en la donnant au fidèle. Ce deuxième geste est désigné sous le nom d'intinction. L'usage courant pour la communion par intinction est que le fidèle trempe lui-même l'hostie, ce qui a des inconvénients pratiques si le geste est mal fait. L'instruction Redemptionis Sacramentum rejette cette manière de faire (§ 104). Un troisième geste est possible mais non pratiqué en Occident, la communion à l'aide d'un « chalumeau » eucharistique (petit tuyau en métal faisant office de paille, parfois en or ou argent) ou d'une cuiller.

Sous une seule espèce

L'usage ancien est certainement celui d'une distribution de pain consacré, distribution faite par le prêtre ou le diacre, à l'image d'un repas. Les bribes d'informations rassemblées vont dans ce sens jusqu'au troisième siècle.

À partir de la paix de l'Église (313), la liturgie devient plus publique et regroupe des assemblées plus larges. Le texte toujours cité à propos de la communion est celui de Cyrille de Jérusalem (315-386). Le but du propos est la valorisation de l'acte de communier et la dignité du pain et du vin consacrés.

« Lorsque tu t'avances, ne t'approche pas les mains grandes ouvertes, ni les doigts écartés ; mais avec ta main gauche, fais un trône pour la droite qui va recevoir le Roi. Reçois le corps du Christ dans le creux de ta main et réponds « amen ».

Avec soin, sanctifie alors les yeux par le contact du corps sacré. Prends-le, veille à n'en rien perdre. En effet si tu en perdais une parcelle, ce serait comme si tu perdais l'un de tes membres ! Dis-moi, si on te donnait des paillettes d'or, est-ce que tu ne les garderais pas avec le plus grand soin, en veillant bien à ne pas en perdre, pour ne pas subir de dommage ! Ne dois-tu pas être plus attentif encore à ce qui est bien plus précieux que l'or et les pierres précieuses pour ne pas en laisser tomber une miette ?

Puis après avoir communié au corps du Christ, approche-toi aussi de la coupe de son sang. Ne tends pas les mains, mais incline toi en attitude d'adoration et de respect et dis « amen ». Sanctifie-toi aussi par la participation au sang du Christ. Et tandis que tes lèvres sont encore humide, effleure-les de tes doigts et sanctifie tes yeux, ton front et tes autres sens. Puis, en entendant la prière, rends grâce à Dieu qui t'a jugé digne de si grands mystères. »

On peut se poser la question de l'histoire de la communion. En effet, à la même époque, Basile de Césarée (330-379) dit qu'il est interdit de recevoir la communion dans la main, sauf en temps de persécution ou, comme dans le cas des moines au désert, lorsqu'il n'y a ni prêtre ni diacre pour la distribuer. Cela se comprend facilement car durant les périodes de persécutions anti-chrétienne, les prêtres ne pouvaient pas se déplacer pour donner la communion à tout le monde.

Dès le Ve siècle, on suppose que la communion se donnait aussi directement dans la bouche, sans pour autant attester d'une exclusivité. Les mentions du type "recevoir dans la bouche" comme dans une homélie de saint Léon ne permettent pas d'en déduire un usage concret[réf. nécessaire].

La sacralisation de la liturgie au haut Moyen Âge et sous les Carolingiens aboutit à une communion en recevant directement l'hostie dans la bouche, usage en vigueur strictement depuis le Xe siècle dans l'Église catholique jusqu'en 1969, après le Concile Vatican II (1963-65).

Cette pratique est devenue alors sujet de conflits et d'interprétations divergentes entre catholiques. Elle est emblématique dans plusieurs traités et discours traditionalistes, comme en témoigne la diversité de propos dans cet article.

Dans le Magistère romain récent, on peut citer Redemptionis Sacramentum, « tout fidèle a toujours le droit de recevoir, selon son choix, la sainte communion dans la bouche. Si un communiant désire recevoir le Sacrement dans la main, dans les régions où la Conférence des Évêques le permet, avec la confirmation du Siège apostolique, on peut lui donner la sainte hostie ».

Quelle que soit la manière de communier, il est essentiel de le faire dignement et de dire sa foi par le amen. Ainsi le disait-on dans l'Église antique : « Tu entends : ‘Le corps du Christ’, et tu réponds : ‘Amen’. Sois un membre du corps du Christ afin que ton ‘Amen’ soit vrai. » saint Augustin (IVe-Ve siècle)

La communion dans les différentes églises chrétiennes

Communion à genoux chez les luthériens

Les différentes branches du christianisme s'entendent sur le principe du sacrement de l'Eucharistie, mais n'y accordent pas exactement la même signification.

Les nuances d'interprétation des textes bibliques dans l'Histoire ont fait que la communion, au sens du sacrement de l'Eucharistie, s'effectue différemment selon les confessions chrétiennes.

Si le sacrement de l'Eucharistie est mutuellement reconnu entre catholiques et orthodoxes, il demeure une question difficile dans le christianisme occidental, en raison de divisions théologiques profondes entre les diverses églises .

En effets lors des premiers siècles du christianisme, les pères de l'Église demeuraient divisés sur la nature de l'Eucharistie[4]. Certains, comme Ambroise de Milan, soutenaient sa dimension symbolique. Certains considéraient que l'Eucharistie impliquait la transformation de l'essence des offrandes (mais pas de leur apparence), ceux-ci se divisant entre tenants d'une forme ou d'une autre de double essence (par exemple Faute de Riez dans son homélie sur le corps et le sang du Christ) ou tenants d'une complète transformation l'essence des offrandes (Cyrille de Jérusalem, Athanase). Ces différentes positions se rapprochaient néanmoins dans leur vision de l'Eucharistie comme un « mystère ».

Si encore aujourd'hui, les théologiens des Églises orientales se rapprochent de celle d'Athanase, dans les Églises d'Occident, les positions se radicalisèrent et devinrent irréconciliables lors des différentes Réformes (Magistériales, Contre-Reforme catholique romaine et radicale).

En effet, après l'exposé fait par Martin Luther de la théorie de la consubstantation (transformation sacramentelle des offrandes avec coexistence de deux essences) les catholiques romains reafirment dans les textes du concile de Trente la théorie de la transsubstantiation (transformation complète de l'essence des offrandes) issue du 4e concile de Latran (1215)[5]. Enfin à la suite de Zwingli, de nombreuses églises protestantes, notamment baptistes, adoptèrent pour leur part, la théorie de l'Eucharistie uniquement symbolique et mémorielle, s'opposant ainsi aux deux positions précédentes.

Ces divers mouvements théologiques et leurs différences aboutirent à des scissions au sein du christianisme occidental, et notamment à l'anathème dirigé contre les Luthériens (voir notamment Décret sur la Justification du Concile de Trente, chap. 16, § 60) par l'Église romaine. Si des mouvements de rapprochement ont été menés par de nombreux chrétiens depuis le XIXe siècle pour revenir vers des positions théologiques unies (évangile), notamment dans des travaux de traduction bibliques tels que Traduction œcuménique de la Bible, les différences théologiques demeurent aujourd'hui encore sur la nature de l'eucharistie.

Ainsi, le partage du sacrement Eucharistique entre catholiques et protestants a récemment été vigoureusement désavoué (en 2000 dans sa déclaration Dominus Iesus, et une nouvelle fois en 2002 et en 2003 dans son ouvrage In Dio Vicino ["Un Dieu intime"]) par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi[6] et qui fut par après le pape Benoît XVI.

Depuis la période des Reformes (Réforme magistériale ou radicale et la Contre-Réforme (concile de Trente) ), Vatican II est le premier concile de l'Église catholique romaine qui cherche à faire aboutir les efforts de réconciliation des chrétiens, à travers un processus appelé œcuménisme, il existe ainsi une communion de prière entre les chrétiens, en particulier pendant la semaine de l'Unité.

Notes et références

  1. Jean Chapitre 13 versets 2 à 18
  2. Première épitre de Saint Paul aux corinthiens chapitre 11 versets 24 à 25
  3. Pour la polémique autour de la communion sous les deux espèces à l'époque de la Réforme, lire Bossuet, Le Traité de la communion sous les deux espèces, 1682
  4. The Oxford dictionary of world religion,Oxford University Press,1997
  5. The Oxford dictionary of world religion,Oxford University Press, 1997
  6. L'ancienne Inquisition

Bibliographie

  • Traduction œcuménique de la Bible, texte intégral, livre de poche, 1979.
  • Instruction Memoriale Domini
  • Instruction Redemptionis Sacramentum

Articles connexes

Liens externes