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Château de Saint-Pierre-Église

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Château de Saint-Pierre-Église
Vue méridionale.
Présentation
Type
Fondation
XVIIIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Style
Architecte
Propriétaire initial
Bon-Hervé Castel
Patrimonialité
Inscrit MH (château en , partie en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Localisation
Localisation
Coordonnées
Carte

Le château de Saint-Pierre-Église est une demeure, du XVIIIe siècle, qui se dresse sur la commune française de Saint-Pierre-Église dans le département de la Manche, en région Normandie. Il est aujourd'hui la propriété du marquis Gérard de Blangy et sa femme qui louent les salons et les extérieurs du château pour des réceptions[1].

Le château fait l’objet d’une inscription partielle au titre des monuments historiques[2].

Localisation

Le château est situé sur une petite hauteur à 400 mètres à l'ouest de l'église Saint-Pierre de Saint-Pierre-Église, dans le département français de la Manche.

Historique

Au début du XVIe siècle[3], Jean de Clamorgan[note 1] est en possession d'une « forte maison à pont-levis close à eaux » enjambant des douves « face au portail de l'église »[note 2]. Les Clamorgan, qui seraient d'origine saxonne, étaient seigneurs de Saint-Pierre-Église.

En 1575[3],[5], le château est acquis par Richard Castel, seigneur de Rauville. En 1594[3], lors des guerres de Religion, le château[note 3], alors en possession de son fils Nicolas Castel, partisan d'Henri IV, est incendié par son voisin Jean de Raffoville, lieutenant du seigneur du Tourps, ligueur acharné. Nicolas après avoir saisi le Parlement de Normandie, à la suite d'un arrêt prononcé en 1597, reçoit la somme de 6 000 écus d'or de la part de l'incendiaire à titre de dommages et intérêts. Il s'empresse avec Jeanne de Couvert de Sottevast[note 4], qu'il vient d'épouser (), de reconstruire un manoir Renaissance, dans la pièce nommée la Cour des Acacias, ainsi que la ferme et les communs du château actuel[6].

Charles Castel[note 5], fils de Nicolas, seigneur du lieu, verra, en 1644[3], ses terres érigées en baronnie par Anne d'Autriche. Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, l'un de ses cinq fils, connu aussi sous le nom d'« abbé de Saint-Pierre », sera célèbre, notamment par la publication de son Projet de paix perpétuelle, et séjournera de nombreuses fois au château.

Bon Hervé Castel[note 6], neveu de l'abbé de Saint-Pierre et second marquis de Saint-Pierre-Église, rase une partie du manoir Renaissance, englobé dans les communs actuels[note 7], et entreprend la construction du château actuel, entre 1730 et 1758[3], sur les plans de Jacques-François Blondel, architecte du roi. Les travaux durent une vingtaine d'années, et le château est achevé en 1756[9].

En 1766[10], au décès de Bon Hervé Castel[note 8], son petit-neveu, le marquis Bon Paul Jacques Érard de Belisle ( 1805) hérite du château[8]. Bien qu'ayant contribué à la rédaction des cahiers de doléances de la noblesse du Val de Saire, et souhaité le maintien de la royauté, ce dernier reçoit néanmoins le commandement de la Garde nationale. Ses ennuis et ceux de sa femme, Françoise Constance Simon de Carneville, débutent lorsque son fils aîné, Bon Hervé Érard de Belisle ( 1820), émigre. Les armoiries ornant le fronton du château sont alors recouvertes de plâtre. Au mois d', il est déclaré suspect et incarcéré à Cherbourg. Le , son épouse échange le château contre la terre de Carquebut et un corps de logis à Valognes situé rue Poterie avec Augustin Leviconte de Blangy[note 9], le frère de Pierre Henri Marie Leviconte de Blangy de Fontenay, et avec Mme Marie-Charlotte-Françoise-Sophie de Hennot, son épouse, et entre ainsi en possession de Saint-Pierre[11],[note 10].

Lors de la Première Guerre mondiale le château est transformé en hôpital militaire[12].

Durant la Seconde Guerre mondiale, le château est occupé par les Allemands, qui truffent le parc de nombreux blockhaus, qu'ils détruisirent à la dynamite lors de leur départ, causant de graves dégâts au château et au parc. À l'occasion, ils s'emparèrent de deux grands tableaux qui ornaient le grand salon et qui manquent toujours à l'appel. Lors de la Libération, les Américains s'installent dans le château et y logent 450 dockers qui travaillent sur le port de Cherbourg. Après un an d'« occupation », ils le laissent dans un état très dégradé. Il faudra 15 ans à Hubert de Blangy pour restaurer le château. Il était en 2018 la possession du marquis Gérard de Blangy et sa femme[9].

Description

Il ne subsiste aucune traces de l'ancien édifice du XVIe siècle, dont les derniers vestiges furent enlevés pour régulariser la pièce d'eau[13].

Dès 1730-1731, comme le laisse suggérer les dates gravées sur deux portes, le parc de 55 hectares, est clos de murs percés de quatre portes corespondant aux quatre points cardinaux[note 11], avec de larges avenues dont les huit principales convergent vers une étoile, et on plante des chênes et des hêtres[note 12], et on bâti le château actuel à partir de 1750 et qui sera achevé en 1758[14],[note 13].

La grille d'entrée principale et les deux pilastres cannelés qui la soutiennent furent mis en place par M. Auguste Pierre Henri Leviconte de Blangy[13]. Ils proviennent du château d'Écausseville et furent ramenés après guerre afin de remplacer les piliers de style Empire qui avaient été détruits[4]. Une grande allée, avec ses deux pavillons, autrefois bordée d'une triple rangée de chênes, mène à la cour d'honneur précédent le château[15].

Le château, long de 46 mètres sur 26 mètres de largeur, bâti sur un sous-sol voûté servant de caves, de cuisines et d'offices, se présente sous la forme d'un long bâtiment sans décoration d'un étage sur rez-de-chaussée avec sur chaque façade un avant-corps central à bossages surmonté d'un fronton sculpté avec une toiture qualifiée ultérieurement de style Louis XVI. Deux pavillons en légères saillies prolongent le corps de logis à gauche et à droite et s'éclairent par quatre fenêtres symétriques. Les murs sont en moellons enduits et les angles, les encadrements des ouvertures, les cordons ainsi que les corniches sont en pierre de taille sans aucun ornement.

Le rez-de-chaussée, séparé du premier étage par un linéament de pierre, s'éclaire par de hautes baies vitrées surmontées d'un linteau cintré. Seules les baies percées au rez-de-chaussée des avant-corps centraux sont surmontées d'un linteau en plein cintre. Une série de lucarnes, alignées sur les fenêtres du logis, habillent le toit à deux pans couvert d'ardoises[16].

Sur le fronton de la façade nord, la façade arrière, on peut voir un écu rond, surmonté d'une couronne de comte, arborant les armes de la famille Leviconte de Blangy, « d'azur à trois coquilles d'or ». Sur le fronton de la façade sud, se sont celles de la famille de Choiseul Daillecourt qui sont gravées, « d'azur à la croix d'or cantonnée de 18 billettes de même, 5 dans chaque canton du chef et 4 dans chaque canton de la pointe ». Ces armoiries furent notamment portées par Félix comte de Choiseul-Daillecourt ( 1840), époux d'Athénaïs-Blanche de Blangy, morte en 1884[17]. Les trois pans coupés au centre de la façade correspondent à l'emplacement du grand salon de forme polygonale garni de miroirs et d'où l'on voit la mer distante d'à peine 3 kilomètres[18]. Il est décoré sobrement avec des boiseries Régence et une cheminée en marbre dont la plaque de fond figurant Vénus a été refaite[16].

À l'intérieur on peut notamment voir dans le hall d'entré, l'escalier d'honneur avec sa rampe en fer forgé et à son pied un groupe sculpté en terre cuite de Ganymède et de l'aigle. En haut de l'escalier la galerie arbore une disposition assez rare. Les pièces, éclairées par de grandes fenêtres et dotées de haut plafonds, sont en enfilade à la mode du XVIIe siècle. Quant aux pièces de réception certaines ont conservées leurs anciennes décorations, d'autres ont dû être refaites après les dégradations survenues pendant la Seconde Guerre mondiale. Le mobilier ayant été détruits, les pièces ne comportent que peu de meubles du XVIIIe siècle qu'ils a fallu retrouvé. Certains panneaux peints au-dessus des portes figurant des scènes de chasse datent de la construction d'origine comme voulu par les Leviconte de Blangy. D'autres sont peints dans le goût des marines anglaises du XVIIIe siècle[16].

La façade nord est bordée d'une terrasse qui surplombe les jardins à l'origine dessinés à la française[16].

Un tunnel aurait relié le château de Saint-Pierre aux caves de la cour d'Inthéville[19], à Fermanville.

Protection

Est inscrit par arrêté du [2] :

  • le château.

Sont inscrits par arrêté du [2] :

  • le portail d'entrée ;
  • les façades et toitures des deux pavillons d'entrée ;
  • la cour d'honneur ;
  • le parterre et perspective Ouest ;
  • le parterre Est.

Liste des possesseurs successifs de la terre et du château

Liste non exhaustive.

  • Raoul Lesage (1417- 1438)
  • Famille Clamorgan (1438-1575)
  • Thomas V de Clamorgan (1438-1468), cousin du précédent
  • Jean de Clamorgan (1515), petit-fils du précédent
  • Jean de Clamorgan, fils du précédent
  • Jacqueline de Clamorgan (jusqu'en 1575)
  • Famille Castel
  • Richard Castel (1575- 1592)
  • Nicolas Castel (1592- 1634), fils du précédent
  • Pierre Castel (1634- 1640), fils du précédent
  • Charles Castel (1644- 1676), frère du précédent
  • Bon-Thomas Castel ( 1712)
  • Bon Hervé Castel (1712- 1766)
  • Bon Paul Jacques Érard de Belisle (1766-1802)
  • Famille Leviconte de Blangy
  • Auguste Pierre Henri Leviconte de Blangy (1802-1828)
  • Mme de Blangy née Marie-Charlotte-Françoise-Sophie de Hennot (1828-1852), épouse du précédent
  • Gaston Leviconte de Blangy (1852-1856), fils des précédents
  • Athénaïs Blanche Rose Marie Laetitia Leviconte de Blangy (1856-), sœur du précédent
  • Charles de Choiseul-Daillecourt ( ), fils de la précédente
  • Marie Octavie Victorine Alix de Choiseul-Daillecourt ( 1897), sœur du précédent
  • Famille de Blangy
  • Auguste de Blangy
  • Emmanuel de Blangy ( 1942), neveu du précédent
  • Hubert de Blangy ( 1962), fils du précédent
  • Gérard de Blangy, fils du précédent

Visite

Le parc et le château sont accessibles à la visite pour les groupes[1].

Notes et références

Notes

  1. Il obtiendra de François Ier le droit de créer un marché sur la place du village. Jean de Clamorgan est l'auteur d'un Traité sur la chasse aux loups, livre fondateur de la louveterie française.
  2. À l'emplacement de la pièce d'eau dite de l'église[4].
  3. Ce premier château se situait presque en face du portail de l'église, à l'emplacement actuel d'une pièce d'eau.
  4. Elle portait : d'hermines à la fasces de gueules, chargée de trois fermeaux d'or.
  5. En 1649, il comptait parti les gentilshommes fidèles au roi, assiégés dans le château de Valognes par le frondeur, François de Matignon[7].
  6. Il a pour cousin Charles Louis Auguste Fouquet de Belle-Isle, et ils ont servi tous deux sous les ordres du maréchal de Villars. Le marquis de Castel deviendra le Maistre de camp de cavalerie du maréchal[8].
  7. On peut voir encore, à côté des communs, le quadrilatère ou s'élevait le manoir du XVIIe siècle.
  8. Il fut inhumé sans l'église Saint-Malo.
  9. Les Blangy sont issus d'une branche de la famille Castel.
  10. C'est dans le chartrier du château, en 1886, que Louis Drouet, greffier à Saint-Pierre-Église, trouve une partie du journal de Gilles de Gouberville écrite de 1549 à 1552. Le comte Auguste de Blangy en assurera l’édition dans les mémoires de la Société des antiquaires de Normandie (1894, vol. XXXII).
  11. Leurs longueurs est de 4,75 kilomètres.
  12. D'après Maurice Lecœur, le parc éclipse ceux des châteaux de Flamanville ou Balleroy.
  13. La date de 1758 figure sur un des écoinçons de la charpente.

Références

  1. a et b Site officiel du château de Saint-Pierre-Église.
  2. a b et c « Château », notice no PA00110598, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. a b c d et e Hébert et Gervaise 2003, p. 155.
  4. a et b Bavay - Les seigneurs de Saint-Pierre-Église, Vikland n° 6, p. 69.
  5. « Secrets de châteaux et manoirs - Cotentin - Saint-Lô - Coutances », La Presse de la Manche, no Hors-série,‎ , p. 28 (ISBN 979-1-0937-0115-8).
  6. Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-9139-2038-5), p. 17.
  7. Girard et Lecœur 2005, p. 19.
  8. a et b Girard et Lecœur 2005, p. 24.
  9. a et b Secrets de châteaux et manoirs, 2008, p. 29.
  10. Bavay - Les seigneurs de Saint-Pierre-Église, Vikland n° 6, p. 68.
  11. Girard et Lecœur 2005, p. 29.
  12. Bavay - Les seigneurs de Saint-Pierre-Église, Vikland n° 6, p. 71.
  13. a et b Blasons du Clos du Cotentin, 1996, p. 152.
  14. Girard et Lecœur 2005, p. 241.
  15. Bavay - Les seigneurs de Saint-Pierre-Église, Vikland n° 6, p. 70.
  16. a b c et d Bavay - Les seigneurs de Saint-Pierre-Église, Vikland n° 6, p. 74.
  17. Collectif, Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 151.
  18. Cette disposition rare dans la Manche est une typique d'une architecture « parisienne » classique..
  19. Claude Pithois, Le Val de Saire, Coutances, Arnaud-Bellée, (lire en ligne), p. 70.

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes