Paul B. Preciado

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Beatriz Preciado
Naissance (53 ans)
Burgos, Drapeau de l'Espagne Espagne
Activité principale
Distinctions
Finaliste du Prix Anagrama (2010)
Auteur
Langue d’écriture Castillan
Genres

Beatriz Preciado, née le à Burgos en Espagne, est une philosophe féministe espagnole.

Biographie

Féministe, Beatriz Preciado est proche des mouvements queer, transgenre et pro-sexe.

Elle a soutenu une thèse à Princeton et est chercheuse associée au centre de recherche sur la danse de l'université Paris-VIII[1].

Beatriz Preciado a été la compagne de l'écrivaine Virginie Despentes[2] jusqu'à leur séparation en 2014[3].

En décembre 2013, elle s'oppose aux limitations de l'avortement promulguées par le gouvernement de Mariano Rajoy. Dans un texte intitulé « déclarer la grève des utérus », elle appelle les femmes à « [s'affirmer] en tant que citoyens entiers et non plus comme utérus reproductifs. Par l’abstinence et par l’homosexualité, mais aussi par la masturbation, la sodomie, le fétichisme, la coprophagie, la zoophilie... et l’avortement » et à « [ne pas laisser] pénétrer dans nos vagins une seule goutte de sperme national catholique[4]. »

Thèmes

L'œuvre de Beatriz Preciado questionne les nouvelles technologies du corps (hormones, chirurgie plastique…), leurs usages médicaux disciplinaires (comme la réassignation d'un sexe aux intersexuel-le-s) et leur potentiel de subversion du système de genre par de nouveaux codages corporels.

Manifeste contra-sexuel

Dans son manifeste contra-sexuel paru en 2000, Beatriz Preciado tente de définir une contre-alternative à l'hétérosexualité en développant de nouvelles formes de sexualité. Pour ce faire, elle décentre la connotation sexuelle traditionnellement liée au pénis et au vagin pour constituer et proclamer une sexualité dans laquelle l'anus et le godemichet (chaque partie du corps pouvant être ou devenir un godemichet) sont au centre du comportement sexuel.

Le manifeste de Preciado esquisse l'ébauche d'un système sociétal qui se défait des normes de genre et de la distribution traditionnelle des rôles afin de créer une société nouvelle. La contra-sexualité est une réflexion critique sur le « contrat social hétérocentriste[5] » qui fait de l'hétérosexualité une norme et refuse toute forme de déviance. Elle parle de « performances normatives, qui viennent s'imposer dans le corps comme des vérités biologiques[5] ». Tout comme Judith Butler, elle dénonce un conditionnement des êtres humains. Selon elle, la nature de l'homme et de la femme est déterminé par la culture et projeté automatiquement sur l'individu. Preciado souhaite rompre avec le « contrat social hétérosexuel » et le remplacer par un « contrat social contra-sexuel », ce qui passe par une « déconstruction systématique de la naturalisation des pratiques sexuelles et de l'ordre sociétal[5] ». Tout comme Butler, Preciado emploie le concept de « performance ». Selon elle, le « système hétérosexuel » fonctionne au travers de codes culturels, c'est-à-dire un cercle fait de performance, d'imitation, de production et de reproduction, grâce auquel émergent des stéréotypes de genre présentés comme naturels.

Preciado définit la contra-sexualité comme « une théorie du corps, qui se trouve en dehors de l'opposition entre masculin et féminin, entre mâle et femelle, entre hétérosexuel et homosexuel. Elle définit la sexualité comme une technologie et considère les différents éléments du système de sexe et de genre (...) tout comme ses pratiques et ses identités sexuelles[6] ». Elle oppose à ce système l'idée que la sexualité définit l'individu dans une société, et vise à libérer cet individu grâce à sa société alternative contra-sexuelle. Celle-ci se base sur un contrat contra-sexuel adopté par deux ou plusieurs individus. Ce contrat règle le comportement sexuel des signataires jusqu'aux moindres détails. Il est constitué de principes formulés par écrits avec lesquels les membres de la société se déclarent en accord. Les signataires renoncent d'abord à toute forme d'identité sexuelle dans la mesure où ils renoncent à la conception naturaliste de la féminité et de la masculinité et donc aux privilèges et aux devoirs qui y sont liés. Ensuite, la relation interpersonnelle est définie plus précisément. Le contrat n'est ni l'équivalent d'un mariage, ni celui d'une communauté de vie. La reproduction n'est pas contenue dans le contrat et ne peut se produire que si les deux partenaires sont d'accord. Le contrat lui-même ne se rapporte qu'à l'acte sexuel. Dans le cadre de l'abolition des stéréotypes de genre, l'anus devient le nouveau « centre universel contra-sexuel[7] ». En effet, l'anus n'est pas discriminant et ne crée pas de catégories car tant les hommes et que les femmes en possèdent un. L'anus devient donc une métaphore pour l'absence de normes de genre.

Œuvres

Notes et références

  1. Paris 8 Dans
  2. Entretien de Virginie Despentes accordé à l'émission A première vue, Radio Suisse Romande, 27 septembre 2010
  3. Preciado, Beatriz, « La statistique, plus forte que l'amour », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. Beatriz Preciado, « Déclarer la grève des utérus », sur liberation.fr, (consulté le )
  5. a b et c Beatriz Preciado, Was ist Kontrasexualität (S.9-32), et Kontrasexuelle Leseübung (Deleuze), in : diess : Kontrasexuelles Manifest. Berlin : b_books, 2003, 10.
  6. Preciado (2003), 11.
  7. Preciado (2003), 25.