« Glissements de terrain de Storegga » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
→‎Datation : forme, et précision sourcée
wikification (dire "du Storegga" plutôt que "de Storegga", ajout de 2 illustrations (CC-BY-SA 4.0), et de compléments sourcés (type 'mise à jour'
Balise : Liens d’homonymie
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Fichier:StoreggaFLCommonsZone.jpg|vignette|redresse=1.7|Carte situant le glissement de terrain de ''Storegga'' et sa direction par rapport à la Norvège actuelle (en jaune) ; <br />L'essentiel des matériaux (environ {{formatnum:3500}} km³<ref>Bondevik, S., Mangerud, J., Dawson, S., Dawson, A., Lohne, Ø., 2003. ''[http://192.102.233.13/journals/eo/v084/i031/2003EO310001/2003EO310001_rga.pdf Record-breaking height for 8000-year-old tsunami in the North Atlantic]''. EOS 84, 289, 293. Voir résumé</ref>) a été transporté sur une distance atteignant {{unité|290|km}} de longueur, et jusqu'à environ {{unité|800|km}} pour les plus fins. À l'époque de ces effondrements, le [[niveau marin]] était bien plus bas.]]
[[Fichier:StoreggaFLCommonsZone.jpg|vignette|redresse=1.7|Carte situant le glissement de terrain de ''Storegga'' et sa direction par rapport à la Norvège actuelle (en jaune) ; <br />L'essentiel des matériaux (environ {{formatnum:3500}} km³<ref>Bondevik, S., Mangerud, J., Dawson, S., Dawson, A., Lohne, Ø., 2003. ''[http://192.102.233.13/journals/eo/v084/i031/2003EO310001/2003EO310001_rga.pdf Record-breaking height for 8000-year-old tsunami in the North Atlantic]''. EOS 84, 289, 293. Voir résumé</ref>) a été transporté sur une distance atteignant {{unité|290|km}} de longueur, et jusqu'à environ {{unité|800|km}} pour les plus fins. À l'époque de ces effondrements, le [[niveau marin]] était bien plus bas.]]


[[Fichier:StoreggaFLCommonsZone2OK.jpg|vignette|redresse=1.7|En jaune ; hauteur de la vague du tsunami créé par l'''effondrement de Storegga'', (selon la hauteur des [[tsunamite]]s) (perturbations et dépôts sédimentaires laissés au moment du retrait de la vague du tsunami)<ref>[http://www.sciencesnaturelles.be/active/sciencenews/archive2005/tsunami Un tsunami en Belgique ?]</ref>. À cause de la remontée du [[niveau de la mer]], si le même événement se produisait aujourd’hui, la configuration de la vague et sa hauteur seraient différentes.]]
[[Fichier:StoreggaFLCommonsZone2OK.jpg|vignette|redresse=1.7|En jaune ; hauteur de la vague du tsunami créé par l'''effondrement du Storegga'', (selon la hauteur des [[tsunamite]]s) (perturbations et dépôts sédimentaires laissés au moment du retrait de la vague du tsunami)<ref>[http://www.sciencesnaturelles.be/active/sciencenews/archive2005/tsunami Un tsunami en Belgique ?]</ref>. À cause de la remontée du [[niveau de la mer]], si le même événement se produisait aujourd’hui, la configuration de la vague et sa hauteur seraient différentes.]]


[[File:StoreggaDépotsTsunamiStoreggaData2020.png|thumb|redresse=1.7|Les points bleus indiquent, par rapport à l'emplacement du toboggan du Storegga les endroits où des dépôts de tsunamis contemporains ont été identifiés (près d'une trentaine en 2019). Les barres graduées (noir et blanc) donnent les valeurs approximatives de la hauteur du tsunami (calculs de Bondevik, Svendsen, Johnsen, Mangerud et Kaland (1997) in ''The Storegga tsunami along the Norwegian coast, its age and runup''. parus dans la revue Boreas (26, 29–53)<ref>{{Article |prénom1=STEIN |nom1=BONDEVIK |prénom2=JOHN INGE |nom2=SVENDSEN |prénom3=GEIR |nom3=JOHNSEN |prénom4=JAN |nom4=MANGERUD |titre=The Storegga tsunami along the Norwegian coast, its age and run up |périodique=Boreas |volume=26 |numéro=1 |date=2008-01-16 |issn=0300-9483 |doi=10.1111/j.1502-3885.1997.tb00649.x |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1111/j.1502-3885.1997.tb00649.x |consulté le=2022-02-18 |pages=29–53}}</ref>, cités par A & S Dawson en 2020 <ref name=Dawson2020/>]]
Les deux ou trois '''glissements de terrain de Storegga''' (mot signifiant en {{lang-no|« la grande bordure »}}) sont considérés comme ayant constitué les plus grands [[Glissement de terrain|glissements de terrain]] actuellement connus en Europe. Ils se sont produits en [[mer de Norvège]] à une centaine de kilomètres au nord-ouest de [[Molde]]. Ils ont causé au moins un [[tsunami]] qui, il y a environ {{nb|8150 ans}}, s'est propagé à des centaines de km<ref>Bondevik, S., Svendsen, J.I., Mangerud, J., 1997. ''[http://isec.nacse.org/workshop/2007_uw/downloads/recommendedreading/1997_Bondevik_tsunami_sed_facies_by_storegga.pdf Tsunami sedimentary facies deposited by the Storegga tsunami in shallow marine basins and coastal lakes, western Norway]''. Sedimentology 44, 1115–1131.</ref>. Le second tsunami, il y a environ {{nb|7000 ans}}, était de moindre importance, mais a quand même produit une vague remarquable<ref>Dawson, AG, Long, D. and Smith, DE (1988) The Storegga Slides:Evidence from eastern Scotland for a possible tsunami; Mar. Geol, 82, 271-276 ([http://isec.nacse.org/workshop/2007_uw/downloads/recommendedreading/1997_Bondevik_tsunami_sed_facies_by_storegga.pdf Cité par Bondevik], 1997)</ref>.

Les deux ou trois '''glissements de terrain du Storegga''' (mot signifiant en {{lang-no|« la grande bordure »}}) sont considérés comme ayant constitué les plus grands [[Glissement de terrain|glissements de terrain]] actuellement connus en Europe. Ils se sont produits en [[mer de Norvège]] à une centaine de kilomètres au nord-ouest de [[Molde]]. Ils ont causé au moins un [[tsunami]] qui, il y a environ {{nb|8150 ans}}, s'est propagé à des centaines de km<ref>Bondevik, S., Svendsen, J.I., Mangerud, J., 1997. ''[http://isec.nacse.org/workshop/2007_uw/downloads/recommendedreading/1997_Bondevik_tsunami_sed_facies_by_storegga.pdf Tsunami sedimentary facies deposited by the Storegga tsunami in shallow marine basins and coastal lakes, western Norway]''. Sedimentology 44, 1115–1131.</ref>. Le second tsunami, il y a environ {{nb|7000 ans}}, était de moindre importance, mais a quand même produit une vague remarquable<ref>Dawson, AG, Long, D. and Smith, DE (1988) The Storegga Slides:Evidence from eastern Scotland for a possible tsunami; Mar. Geol, 82, 271-276 ([http://isec.nacse.org/workshop/2007_uw/downloads/recommendedreading/1997_Bondevik_tsunami_sed_facies_by_storegga.pdf Cité par Bondevik], 1997)</ref>.


La partie orientale de cette zone, malgré une [[sismicité]] importante, est aujourd'hui exploitée par plusieurs [[plateformes pétrolières offshore]] ; elle constitue le [[champ gazier d'Ormen Lange]] (découvert en [[1997]] et exploité depuis septembre 2007)<ref name=NGI/>, qui est le second champ de gaz norvégien en importance, juste après le [[champ gazier de Troll]] également exploité<ref name=NGI/>. Non loin se trouve également le [[champ pétrolifère et gazier de Brent]]. [[Norsk Hydro]], opérateur sur ce champ gazier a fait étudier le risque d'un nouveau glissement de terrain dans la zone et cherche à comprendre les causes de cet effondrement. Il a dû adapter son design d'installations immergées (pipe-lines notamment) aux fonds marins déstructurés par les nombreuses terrasses successives d'effondrement et zones de fluxions ou de cônes d'éboulement<ref name=NGI/>.
La partie orientale de cette zone, malgré une [[sismicité]] importante, est aujourd'hui exploitée par plusieurs [[plateformes pétrolières offshore]] ; elle constitue le [[champ gazier d'Ormen Lange]] (découvert en [[1997]] et exploité depuis septembre 2007)<ref name=NGI/>, qui est le second champ de gaz norvégien en importance, juste après le [[champ gazier de Troll]] également exploité<ref name=NGI/>. Non loin se trouve également le [[champ pétrolifère et gazier de Brent]]. [[Norsk Hydro]], opérateur sur ce champ gazier a fait étudier le risque d'un nouveau glissement de terrain dans la zone et cherche à comprendre les causes de cet effondrement. Il a dû adapter son design d'installations immergées (pipe-lines notamment) aux fonds marins déstructurés par les nombreuses terrasses successives d'effondrement et zones de fluxions ou de cônes d'éboulement<ref name=NGI/>.


D'autres ''cicatrices'' d'effondrement de ce type sont connues autour de la mer de Norvège (dont deux autres de grande taille, plus au nord et en pleine mer), en Atlantique Nord-Est<ref name=Wallsten2012/>. Quelques autres zones d'effondrement et/ou riches en [[tsunamite]]s sont connues au bord du [[Groenland]] où existe une couche de {{unité|0.72|m}} de sable probablement apportée par la vague du tsunami de Storegga<ref>Wagner, Bernd, Ole Bennike, Martin Klug, and Holger Cremer (2007), ''First indication of Storegga tsunami deposits from East Greenland'', J Quaternary Sci, 22(4), 321.[http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jqs.1064/abstract;jsessionid=3EC975BA89586460A235A43E388A3E5C.d01t04 Résumé]</ref>, et en [[Écosse]]<ref name=Wallsten2012>[http://www.geoforskning.no/studenter/54-studerer-en-kvartaergeologisk-kjempe Studerer kvartær - geologisk kjempe ; Nordsjøvifta], présentation du travail universitaire de Karoline Wallsten (avec carte), 4 novembre 2011</ref>.
D'autres ''cicatrices'' d'effondrement de ce type sont connues autour de la mer de Norvège (dont deux autres de grande taille, plus au nord et en pleine mer), en Atlantique Nord-Est<ref name=Wallsten2012/>. Quelques autres zones d'effondrement et/ou riches en [[tsunamite]]s sont connues au bord du [[Groenland]] où existe une couche de {{unité|0.72|m}} de sable probablement apportée par la vague du tsunami du Storegga<ref>Wagner, Bernd, Ole Bennike, Martin Klug, and Holger Cremer (2007), ''First indication of Storegga tsunami deposits from East Greenland'', J Quaternary Sci, 22(4), 321.[http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jqs.1064/abstract;jsessionid=3EC975BA89586460A235A43E388A3E5C.d01t04 Résumé]</ref>, et en [[Écosse]]<ref name=Wallsten2012>[http://www.geoforskning.no/studenter/54-studerer-en-kvartaergeologisk-kjempe Studerer kvartær - geologisk kjempe ; Nordsjøvifta], présentation du travail universitaire de Karoline Wallsten (avec carte), 4 novembre 2011</ref>.


== Description du complexe d'effondrement de Storegga ==
== Description du complexe d'effondrement du Storegga ==
Le complexe d'effondrement de Storegga correspond à une zone de remobilisation brutale de plusieurs milliards de mètres cubes de roche et sédiments. Cet effondrement a peut-être été préparé ou causé par un ou plusieurs tremblements de terre, mais il est à ce jour impossible de le démontrer. Il semble résulter d'au moins deux effondrements majeurs de l'escarpement du [[Plateau_continental_(géophysique)|plateau continental]] qui ont causé chacun un tsunami dont la force et l'étendue font encore l'objet d'études et de modélisations.
Le complexe d'effondrement du Storegga correspond à une zone de remobilisation brutale de plusieurs milliards de mètres cubes de roche et sédiments. Cet effondrement a peut-être été préparé ou causé par un ou plusieurs tremblements de terre, mais il est à ce jour impossible de le démontrer. Il semble résulter d'au moins deux effondrements majeurs de l'escarpement du [[Plateau_continental_(géophysique)|plateau continental]] qui ont causé chacun un tsunami dont la force et l'étendue font encore l'objet d'études et de modélisations.
Cet effondrement s'est entièrement ou en grande partie produit sous l'eau, à l'époque [[mésolithique]], soit à la fin de la [[dernière glaciation]], alors que la calotte polaire nord fondait encore rapidement et que le [[niveau de la mer]] remontait, il y a environ {{unité|8200|ans}}, au nord-est de la [[mer du Nord]], en [[mer de Norvège]].
Cet effondrement s'est entièrement ou en grande partie produit sous l'eau, à l'époque [[mésolithique]], soit à la fin de la [[dernière glaciation]], alors que la calotte polaire nord fondait encore rapidement et que le [[niveau de la mer]] remontait, il y a environ {{unité|8200|ans}}, au nord-est de la [[mer du Nord]], en [[mer de Norvège]]. Son couloir d'affaissement sous-marin est orienté selon un axe nord-ouest/sud-est, et il est situé entre la côte norvégienne et un point se trouvant à environ {{unité|100|km}} au nord-ouest de la région de [[Comté de Møre og Romsdal|Møre]].

Le premier glissement est estimé s'être produit sur {{unité|290|km}} de large, pour un volume de débris emportés d'environ {{unité|3500|km|3}}. Selon une modélisations numérique du tsunami généré par le deuxième glissement du Storegga (publication 2008), ce tsunami a été déclenché à un glissement qui a été {{Citation|un événement majeur unique plutôt qu'un ensemble de glissements plus petits}}<ref name=BondevikAl2008/>.

Cette région est encore [[sismicité|sismiquement]] très active.

== Modélisations, simulations et traces fossiles ==
Aucun témoignage humain écrit, gravé ou peint relatant ce évènement n'est connu pour cette période préhistorique. Les scientifiques doivent donc le modéliser pour mieux le comprendre et en prévoir éventuellement d'autres, plus ou moins similaires.

Harbitz en [[1992]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=C.B. |nom1=Harbitz |titre=Model simulations of tsunamis generated by the Storegga Slides |périodique=Marine Geology |volume=105 |numéro=1-4 |date=1992-03 |doi=10.1016/0025-3227(92)90178-K |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/002532279290178K |consulté le=2022-02-17 |pages=1–21}}</ref>, Bondevik et al. en [[2005]]<ref>{{Article |prénom1=Stein |nom1=Bondevik |prénom2=Finn |nom2=Løvholt |prénom3=Carl |nom3=Harbitz |prénom4=Jan |nom4=Mangerud |titre=The Storegga Slide tsunami—comparing field observations with numerical simulations |périodique=Marine and Petroleum Geology |volume=22 |numéro=1-2 |date=2005-01 |issn=0264-8172 |doi=10.1016/j.marpetgeo.2004.10.003 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/j.marpetgeo.2004.10.003 |consulté le=2022-02-17 |pages=195–208}}</ref>, Løvholt et al. en [[2005]]<ref>{{Article |prénom1=Finn |nom1=Løvholt |prénom2=Carl B. |nom2=Harbitz |prénom3=Kjetil B. |nom3=Haugen |titre=A parametric study of tsunamis generated by submarine slides in the Ormen Lange/Storegga area off western Norway |périodique=Marine and Petroleum Geology |volume=22 |numéro=1-2 |date=2005-01 |issn=0264-8172 |doi=10.1016/j.marpetgeo.2004.10.017 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/j.marpetgeo.2004.10.017 |consulté le=2022-02-17 |pages=219–231}}</ref> et Hill et al. en [[2014]]<ref>{{Article |prénom1=Jon |nom1=Hill |prénom2=Gareth S. |nom2=Collins |prénom3=Alexandros |nom3=Avdis |prénom4=Stephan C. |nom4=Kramer |titre=How does multiscale modelling and inclusion of realistic palaeobathymetry affect numerical simulation of the Storegga Slide tsunami? |périodique=Ocean Modelling |volume=83 |date=2014-11 |issn=1463-5003 |doi=10.1016/j.ocemod.2014.08.007 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/j.ocemod.2014.08.007 |consulté le=2022-02-17 |pages=11–25}}</ref> ont d'abord construit des modèles simplifiés, considérant l'évènement comme s'il s'agissait de glissements de corps rigides, puis les progrès de l'informatique ont permis des simulations bien plus réalistes de l'écoulement des matériaux, et par suite de la génération du tsunami<ref name=Forsberg2019>{{Article |langue=en |prénom1=Jihwan |nom1=Kim |prénom2=Finn |nom2=Løvholt |prénom3=Dieter |nom3=Issler |prénom4=Carl Fredrik |nom4=Forsberg |titre=Landslide Material Control on Tsunami Genesis—The Storegga Slide and Tsunami (8,100 Years BP) |périodique=Journal of Geophysical Research: Oceans |volume=124 |numéro=6 |date=2019-06 |issn=2169-9275 |issn2=2169-9291 |doi=10.1029/2018JC014893 |lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1029/2018JC014893 |consulté le=2022-02-17 |pages=3607–3627}}</ref>.
En [[2005]], De Blasio et al. avaient utilisé le modèle numérique « BING » mis au point par Jasim Imran (modélisateur à l'[[Université de Caroline du Sud]])<ref>{{Lien web |titre= En savoir plus sur Jasim Imran via Google Scholar |url=https://scholar.google.com/citations?user=WCvNLAIAAAAJ&hl=en |site=scholar.google.com |consulté le=2022-02-18}}</ref> et ses collègues en [[2001]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Jasim |nom1=Imran |prénom2=Gary |nom2=Parker |prénom3=Jacques |nom3=Locat |prénom4=Homa |nom4=Lee |titre=1D Numerical Model of Muddy Subaqueous and Subaerial Debris Flows |périodique=Journal of Hydraulic Engineering |volume=127 |numéro=11 |date=2001-11 |issn=0733-9429 |issn2=1943-7900 |doi=10.1061/(ASCE)0733-9429(2001)127:11(959) |lire en ligne=http://ascelibrary.org/doi/10.1061/%28ASCE%290733-9429%282001%29127%3A11%28959%29 |consulté le=2022-02-17 |pages=959–968}}</ref> pour simuler les coulées visco-plastiques de débris, sur la base de la [[rhéologie]] Herschel-Bulkley afin de modéliser le ruissellement (au moins dans sa dimension horizontale (1HD), le long d'un transect bathymétrique)<ref name=Forsberg2019/>.

Pour expliquer la distance étonnamment longue du « toboggan » du Storegga ({{Citation|l'un des plus grands toboggans sous-marins au monde}})<ref name=Dawson2020>{{Lien web |langue=en |prénom=Alastair G. |nom=Dawson |prénom2=Sue |nom2=Dawson |titre=Reconciling Storegga tsunami sedimentation patterns with modelled wave heights: A discussion from the Shetland Isles field laboratory |url=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/sed.12643 |site=Sedimentology |date=2020-04 |issn=0037-0746 |doi=10.1111/sed.12643 |consulté le=2022-02-18 |page=1344–1353}}</ref>, De Blasio et ses collègues, en [[2005]], ont créé une extension de BING incluant l'« aquaplaning » (extension mise au point par Mohrig et ses collègues. en [[1998]]<ref>{{Article |prénom1=David |nom1=Mohrig |prénom2=Chris |nom2=Ellis |prénom3=Gary |nom3=Parker |prénom4=Kelin X. |nom4=Whipple |titre=Hydroplaning of subaqueous debris flows |périodique=Geological Society of America Bulletin |volume=110 |numéro=3 |date=1998-03 |issn=0016-7606 |doi=10.1130/0016-7606(1998)110<0387:hosdf>2.3.co;2 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1130/0016-7606(1998)110<0387:hosdf>2.3.co;2 |consulté le=2022-02-17 |pages=387–394}}</ref>, puis améliorée en [[1999]]<ref>{{Article |prénom1=David |nom1=Mohrig |prénom2=Anders |nom2=Elverhøi |prénom3=Gary |nom3=Parker |titre=Experiments on the relative mobility of muddy subaqueous and subaerial debris flows, and their capacity to remobilize antecedent deposits |périodique=Marine Geology |volume=154 |numéro=1-4 |date=1999-02 |issn=0025-3227 |doi=10.1016/s0025-3227(98)00107-8 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/s0025-3227(98)00107-8 |consulté le=2022-02-17 |pages=117–129}}</ref>) et le « remoulage ». Le modèle de De Blasio et al. (2005) étant limité à 1HD, il ne pouvait pas simuler la distribution spatiale détaillée du glissement, ni précisément simuler le tsunami<ref name=Forsberg2019/> (selon les modèles et données disponibles vers 2005, la vague du tsunami a pris une forme ovoïde ou arrondie<ref name=Jutland2008Cartes>Bernard Weninger, Rick Schulting, Marcel Bradtmöller, Lee Clare, Mark Collard, Kevan Edinborough, Johanna Hilpert, Olaf Jöris, Marcel Niekus, Eelco J. Rohling, Bernd Wagner, [http://arheologija.ff.uni-lj.si/documenta/pdf35/weninger35.pdf The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga Slide tsunami], UDK 550.344.4(261.26)"633 : Documenta Praehistorica XXXV (2008), PDF, 24 pages ; voir reconstitution des zones à l'époque et des zones touchée (voirfigures 4 et 5) et de l'onde (voire modélisation cartographiée page 15/24)</ref>, à la suite du glissement de terrain qui a charrié d'énormes quantités de pierres, graviers, galets, sable et argile (et peut-être de glace et d'hydrate de méthane). Les plus lourds de ces matériaux ont été déplacés dans un couloir de près de {{unité|300|km}} de large, et des études ont montré que certaines parties de la ''« cicatrice »'' du glissement de terrain s'étendent jusque dans les [[grands fonds marins]], jusqu'à environ {{unité|800|km}} du point de départ de l'affaissement<ref name=NGI/> pour les plus légers.

[[File:StoreggaTsunamiHauteurModèle Réel2005.png|thumb|redresse=1.7|Comparaison de la hauteur réelle (barre verticale), estimée d'après les preuves de dépôts ''[[in-situ]]'' du tsunami à "Maggie Kettles Loch" dans les îles Shetland comparée à deux modélisations de la hauteur de la crête de la vague du tsunami du Storrega sur les îles Shetland basé (et variation sur quelques heures). Les deux modélisations (trait plein noir, et pointillé) sont respectivement basées sur des vitesses de glissement de 20 m/s et 35 m/s (Source : Downson & al, en [[2019]]<ref name=Dawson2020/>, d'après Bondevik et al. en [[2005]])<ref>{{Article |prénom1=Stein |nom1=Bondevik |prénom2=Finn |nom2=Løvholt |prénom3=Carl |nom3=Harbitz |prénom4=Jan |nom4=Mangerud |titre=The Storegga Slide tsunami—comparing field observations with numerical simulations |éditeur=Elsevier |date=2005 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/b978-0-08-044694-3.50021-4 |consulté le=2022-02-18 |pages=195–208}}</ref>.]]
Concernant la hauteur atteinte par la vague en pleine mer et quand elle « escalade » le [[trait de côte]], par rapport au niveau de la paléo-mer. Il existe deux grands moyens de l'évaluer :
# la modélisation mathématique ; mais elle reste simplificatrice, et souffre du fait que de nombreux paramètres sont encore inconnus, dont le coefficient de la marée, le moment par rapport à la marée, l'état de la mer, la force et la direction du vent au moment de l'effondrement, la saison, et la manière précise dont l'effondrement s'est produit<ref name=Dawson2020/> ;
# les preuves sédimentaires ; ce sont les tsunamites et d'autres traces encore observable sur les terres émergées ayant été exposées à cette vague. Elles apportent des données précises, mais qui ne concernent que les zones échantillonnées et étudiées ; elles ne peuvent être extrapolées à la plupart du paléo-littoral ou des terres émergées encore non-échantillonnés<ref name=Dawson2020/>.
...{{Citation|la hauteur des vagues modélisées sur la côte étant considérablement inférieure aux estimations géologiques de l'élévation du tsunami}}<ref name=Dawson2020/>.

[[Image:Megatsunami-coast.jpg|thumb|Accroissement de la hauteur de la vague d'un tsunami à l'approche des côtes.]]
Cette différence est probablement due au fait que les modèles ne sont pas {{Citation|en mesure de reproduire l'amplification locale des vagues du tsunami lorsqu'elles pénètrent dans les eaux peu profondes de la côte. De plus, les modèles existants ne sont pas suffisamment puissants pour modéliser la [[diffraction]], la [[réfraction]], la [[Réflexion (physique)|réflexion]] et l'[[interférence]] des différentes ondes au sein du train d'ondes du tsunami à l'approche du [[Paléopaysage|paléolittoral]]}}<ref name=Dawson2020/>.


Par exemple, au niveau des [[Îles Shetland]] :
Selon les modèles et données disponibles, la vague du tsunami a pris une forme ovoïde ou arrondie<ref name=Jutland2008Cartes>Bernard Weninger, Rick Schulting, Marcel Bradtmöller, Lee Clare, Mark Collard, Kevan Edinborough, Johanna Hilpert, Olaf Jöris, Marcel Niekus, Eelco J. Rohling, Bernd Wagner, [http://arheologija.ff.uni-lj.si/documenta/pdf35/weninger35.pdf The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga Slide tsunami], UDK 550.344.4(261.26)"633 : Documenta Praehistorica XXXV (2008), PDF, 24 pages ; voir reconstitution des zones à l'époque et des zones touchée (voirfigures 4 et 5) et de l'onde (voire modélisation cartographiée page 15/24)</ref>, à la suite du glissement de terrain qui a charrié d'énormes quantités de pierres, graviers, galets, sable et argile (et peut-être de glace et d'hydrate de méthane). Les plus lourds de ces matériaux ont été déplacés dans un couloir de près de {{unité|300|km}} de large, et des études ont montré que certaines parties de la ''« cicatrice »'' du glissement de terrain s'étendent jusque dans les [[grands fonds marins]], jusqu'à environ {{unité|800|km}} du point de départ de l'affaissement<ref name=NGI/> pour les plus légers.
* les modèles numériques du tsunami pour les Shetland suggèrent que la hauteur des vagues n'a peut-être atteint qu'une altitude maximale de l'ordre de +13 m au-dessus du niveau de la mer le jour où le tsunami a eu lieu<ref name=Dawson2020/> ;
* mais au vu des traces laissées par le tsunami, la hauteur de la vague était d'environ 20 m au dessus de la marée haute le jour où le tsunami a frappé, {{Citation|il a été déduit que l'élévation du tsunami était au moins localement comprise entre 28,1 m (8,1m + 20 m) et 31,8 m (11,8 + 20 m)}}<ref name=Dawson2020/>.
Le couloir d'affaissement sous-marin est orienté selon un axe nord-ouest/sud-est, et il est situé entre la côte norvégienne et un point se trouvant à environ {{unité|100|km}} au nord-ouest de la région de [[Comté de Møre og Romsdal|Møre]]. Le premier glissement est estimé s'être produit sur {{unité|290|km}} de large, pour un volume de débris emportés d'environ {{unité|3500|km|3}}. Cette région est encore [[sismicité|sismiquement]] très active.


== Contexte géo-climatique ==
== Contexte géo-climatique ==
Sept « méga-glissements » (''megaslides'') pré-[[Holocène]] ayant eu lieu sur la marge continentale médio-norvégienne, entre 62 et 67°N, sont connus en mer du Nord et étudiés. Tous ont en commun de
Sept « méga-glissements » (''megaslides'') pré-[[Holocène]] sont connus comme ayant eu lieu en mer du Nord sur la marge continentale médio-norvégienne, entre 62 et 67°N. Tous ont en commun de :
* concerner des dépôts hémipélagiques à grains fins stratifiés sismiquement, généralement développés sous forme de dérives de [[contourite]] ;
* concerner des dépôts hémipélagiques à grains fins stratifiés sismiquement, généralement développés sous forme de dérives de [[contourite]] ;
* être situés (sauf un) dans la zone du glissement Holocène de Storegga ;
* être situés (sauf un) dans la zone du glissement Holocène du Storegga ;
* survenir à la fin d'une glaciation, ou peu après (d'après la [[stratigraphie sismique]] selon PetterBryn et ses collègues géologues [[Norsk Hydro]] ou au Norwegian Geotechnical Institute d'Oslo)<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Petter |nom1=Bryn |prénom2=Kjell |nom2=Berg |prénom3=Carl F. |nom3=Forsberg |prénom4=Anders |nom4=Solheim |titre=Explaining the Storegga Slide |périodique=Marine and Petroleum Geology |volume=22 |numéro=1-2 |date=2005-01 |doi=10.1016/j.marpetgeo.2004.12.003 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0264817204001771 |consulté le=2022-02-17 |pages=11–19}}</ref>.
* survenir à la fin d'une glaciation, ou peu après (d'après la [[stratigraphie sismique]] selon PetterBryn et ses collègues géologues [[Norsk Hydro]] ou au Norwegian Geotechnical Institute d'Oslo)<ref name=HypotheseTremblBryn2005>{{Article |langue=en |prénom1=Petter |nom1=Bryn |prénom2=Kjell |nom2=Berg |prénom3=Carl F. |nom3=Forsberg |prénom4=Anders |nom4=Solheim |titre=Explaining the Storegga Slide |périodique=Marine and Petroleum Geology |volume=22 |numéro=1-2 |date=2005-01 |doi=10.1016/j.marpetgeo.2004.12.003 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0264817204001771 |consulté le=2022-02-17 |pages=11–19}}</ref>.


Plusieurs de ces « méga-glissements » sont relativement comparables en importance à celui du Storegga <ref name=SolheimAl2005/>. La zone du complexe de glissements de Storegga présente un risque particulier de glissements de par sa structure géologique et la forte présence de dépôts de dérive à grain fin<ref name=SolheimAl2005>{{Article |langue=en |prénom1=A. |nom1=Solheim |prénom2=K. |nom2=Berg |prénom3=C.F |nom3=Forsberg |prénom4=P. |nom4=Bryn |titre=The Storegga Slide complex: repetitive large scale sliding with similar cause and development |périodique=Marine and Petroleum Geology |volume=22 |numéro=1-2 |date=2005-01 |doi=10.1016/j.marpetgeo.2004.10.013 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0264817204001813 |consulté le=2022-02-17 |pages=97–107}}</ref>.
Plusieurs de ces « méga-glissements » sont relativement comparables en importance à celui du Storegga <ref name=SolheimAl2005/>. La zone du complexe de glissements du Storegga présente un risque particulier de glissements de par sa structure géologique et la forte présence de dépôts de dérive à grain fin<ref name=SolheimAl2005>{{Article |langue=en |prénom1=A. |nom1=Solheim |prénom2=K. |nom2=Berg |prénom3=C.F |nom3=Forsberg |prénom4=P. |nom4=Bryn |titre=The Storegga Slide complex: repetitive large scale sliding with similar cause and development |périodique=Marine and Petroleum Geology |volume=22 |numéro=1-2 |date=2005-01 |doi=10.1016/j.marpetgeo.2004.10.013 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0264817204001813 |consulté le=2022-02-17 |pages=97–107}}</ref>.

Les traces de plusieurs très grands glissements de terrain de ce type existent aussi au large de la côte est des États-Unis, notamment étudiés par Chaytor et al. (2009)<ref>{{Article |prénom1=Jason D. |nom1=Chaytor |prénom2=Uri S. |nom2=ten Brink |prénom3=Andrew R. |nom3=Solow |prénom4=Brian D. |nom4=Andrews |titre=Size distribution of submarine landslides along the U.S. Atlantic margin |périodique=Marine Geology |volume=264 |numéro=1-2 |date=2009-08 |issn=0025-3227 |doi=10.1016/j.margeo.2008.08.007 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/j.margeo.2008.08.007 |consulté le=2022-02-17 |pages=16–27}}</ref>, par Hill et al. (2017)<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Jenna C. |nom1=Hill |prénom2=Daniel S. |nom2=Brothers |prénom3=Bradley K. |nom3=Craig |prénom4=Uri S. |nom4=ten Brink |titre=Geologic controls on submarine slope failure along the central U.S. Atlantic margin: Insights from the Currituck Slide Complex |périodique=Marine Geology |volume=385 |date=2017-03 |doi=10.1016/j.margeo.2016.10.007 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0025322716302584 |consulté le=2022-02-17 |pages=114–130}}</ref> ou encore Lee en 2009<ref>{{Article |prénom1=Homa J. |nom1=Lee |titre=Timing of occurrence of large submarine landslides on the Atlantic Ocean margin |périodique=Marine Geology |volume=264 |numéro=1-2 |date=2009-08 |issn=0025-3227 |doi=10.1016/j.margeo.2008.09.009 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1016/j.margeo.2008.09.009 |consulté le=2022-02-17 |pages=53–64}}</ref>.


== Datation ==
== Datation ==
Ligne 30 : Ligne 55 :
Au vu des échantillons de [[matière organique]] végétale récupérés dans des sédiments déposés par le tsunami, le glissement de terrain le plus important est actuellement daté (au [[carbone 14]]) à environ {{date-|-6100}} av. J.C <ref>Bondevik, S; Lovholt, F; Harbitz, C; Stormo, S; Skjerdal, G (2006). "''The Storegga Slide Tsunami - Deposits, Run-up Heights and Radiocarbon Dating of the 8000-Year-Old Tsunami in the North Atlantic''" ; American Geophysical Union meeting.</ref>.
Au vu des échantillons de [[matière organique]] végétale récupérés dans des sédiments déposés par le tsunami, le glissement de terrain le plus important est actuellement daté (au [[carbone 14]]) à environ {{date-|-6100}} av. J.C <ref>Bondevik, S; Lovholt, F; Harbitz, C; Stormo, S; Skjerdal, G (2006). "''The Storegga Slide Tsunami - Deposits, Run-up Heights and Radiocarbon Dating of the 8000-Year-Old Tsunami in the North Atlantic''" ; American Geophysical Union meeting.</ref>.


== Traces et preuves fossiles des tsunamis de Storegga ==
== Traces et preuves fossiles des tsunamis du Storegga ==
[[Fichier:Storegga tsunami deposits, Montrose basin (Maryton).jpg|vignette|Dépôts laissés par le tsunami du Storegga (couche supérieure grise, entre deux couches de tourbe), près de la baie de [[Montrose (Écosse)|Montrose]] au Nord-Est de l'[[Écosse]].]]
[[Fichier:Storegga tsunami deposits, Montrose basin (Maryton).jpg|vignette|Dépôts laissés par le tsunami du Storegga (couche supérieure grise, entre deux couches de tourbe), près de la baie de [[Montrose (Écosse)|Montrose]] au Nord-Est de l'[[Écosse]].]]


Les traces sont surtout sous-marines, mais aussi parfois terrestres :
Les traces sont surtout sous-marines, mais en [[Écosse]], des traces [[sédimentaire]]s d'un ou plusieurs tsunamis importants sont encore observables sur certains littoraux et îles, mais aussi jusqu'à plus de {{unité|80|km}} à l'intérieur des terres dans le [[Firth of Forth]], à plus de {{unité|4|mètres}} du niveau moyen actuel des marées. Ceci signifie que si l'on tient compte du fait qu'au moment du tsunami, le niveau marin était beaucoup plus bas, on peut estimer que quand la vague a déferlé dans l'estuaire de [[South Esk River]] aux pieds de la partie orientale des [[monts Grampians]] dans l'[[Angus_(Écosse)|Angus]] (Est de l’Écosse, entre [[Dundee]] et d'[[Aberdeen]]), elle mesurait environ {{unité|21|m}} de hauteur (à comparer au maximum de {{unité|39|m}} du [[Séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku#Tsunami|tsunami de 2011 au Japon]]).
* en Norvège, alors que la vague initiale du mégatsunami a directionnellement été propulsée vers l'Amérique du Nord, à [[Lynden]], des [[sédiments marins]] se sont mélangés à des [[tourbe]]s, formant des des dépôts dits « de [[gyttja]] » jusqu'à au moins environ 6 m au dessus du niveau marin de l'époque (où l'on a notamment retrouvé un [[oursin]])<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Henrik |nom1=Rasmussen |prénom2=Stein |nom2=Bondevik |prénom3=Geoffrey D. |nom3=Corner |titre=Holocene relative sea level history and Storegga tsunami run-up in Lyngen, northern Norway : Storegga tsunami run-up, Northern Norway |périodique=Journal of Quaternary Science |volume=33 |numéro=4 |date=2018-05 |doi=10.1002/jqs.3021 |lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jqs.3021 |consulté le=2022-02-17 |pages=393–408}}</ref> ;
: le long de la côte ouest de la Norvège, les sédiments de tous les petits lacs côtiers situés de 0 à 11 m au-dessus du niveau du rivage tel qu'il était il y a environ 7000 ans, contienne une couche particulière contenant des sables gradué ou massif, un «conglomérat organique» d'origine marine et des fossiles marins (coquilles, oursins...)<ref name=BondevikAl2022>{{Article |langue=en |prénom1=Stein |nom1=Bondevik |prénom2=John |nom2=Inge Svendsen |prénom3=Jan |nom3=Mangerud |titre=Tsunami sedimentary facies deposited by the Storegga tsunami in shallow marine basins and coastal lakes, western Norway |périodique=Sedimentology |volume=44 |numéro=6 |date=1997-11 |issn=0037-0746 |issn2=1365-3091 |doi=10.1046/j.1365-3091.1997.d01-63.x |lire en ligne=http://doi.wiley.com/10.1046/j.1365-3091.1997.d01-63.x |consulté le=2022-02-17 |pages=1115–1131}}</ref>. 25 lacs ont été étudiés et tous présente ce phénomène<ref name=BondevikAl2008>{{Article |langue=en |prénom1=Stein |nom1=Bondevik |prénom2=John Inge |nom2=Svendsen |prénom3=Geir |nom3=Johnsen |prénom4=Jan |nom4=Mangerud |titre=The Storegga tsunami along the Norwegian coast, its age and run up |périodique=Boreas |volume=26 |numéro=1 |date=2008-01-16 |doi=10.1111/j.1502-3885.1997.tb00649.x |lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1502-3885.1997.tb00649.x |consulté le=2022-02-17 |pages=29–53}}</ref>. La granulométrie de ce sable diminue vers l'intérieur des terres et avec la hauteur<ref name=BondevikAl2022/>. Les dépôts situés à 6 à 11m au dessus de l'ancien rivage présentent un lit de sable, alors que dans les dépressions plus proches de l'ancien rivage, on y trouve plusieurs lits de sable séparés par des détritus organiques, qui {{Citation|peuvent refléter des vagues répétées d'eau de mer entrant dans les lacs}}<ref name=BondevikAl2022/>. Dans la plupart des lacs étudiés, l'épaisseur de ces dépôts varie de 20 à 100 cm<ref name=BondevikAl2022/> ;
* en [[Écosse]], des traces [[sédimentaire]]s d'un ou plusieurs tsunamis importants sont encore observables sur certains littoraux et îles, mais aussi jusqu'à plus de {{unité|80|km}} à l'intérieur des terres dans le [[Firth of Forth]], à plus de {{unité|4|mètres}} du niveau moyen actuel des marées. Ceci signifie que si l'on tient compte du fait qu'au moment du tsunami, le niveau marin était beaucoup plus bas, on peut estimer que quand la vague a déferlé dans l'estuaire de [[South Esk River]] aux pieds de la partie orientale des [[monts Grampians]] dans l'[[Angus_(Écosse)|Angus]] (Est de l’Écosse, entre [[Dundee]] et d'[[Aberdeen]]), elle mesurait encore environ {{unité|21|m}} de hauteur (à comparer au maximum de {{unité|39|m}} du [[Séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku#Tsunami|tsunami de 2011 au Japon]]).


La [[Modèle_mathématique|modélisation]] ou reconstitution [[Cartographie|cartographiée]] du comportement et des impacts des tsunamis post-glaciaires sont rendues délicates en raison du fait que le niveau de la mer a considérablement augmenté depuis ces événements majeurs. De plus, comme le rappelle Fisher en 2004, les rééquilibrages isostatiques ont été très actifs après la fonte rapide de la [[calotte polaire]], mais selon un schéma et un rythme encore mal compris.
La [[Modèle_mathématique|modélisation]] ou reconstitution [[Cartographie|cartographiée]] du comportement et des impacts des tsunamis post-glaciaires sont rendues délicates en raison du fait que le niveau de la mer a considérablement augmenté depuis ces événements majeurs. De plus, comme le rappelle Fisher en 2004, les rééquilibrages isostatiques ont été très actifs après la fonte rapide de la [[calotte polaire]], mais selon un schéma et un rythme encore mal compris.
Ligne 40 : Ligne 68 :


== Impacts sur les populations humaines ==
== Impacts sur les populations humaines ==
Ces impacts sont mal connus, faute de témoignages écrits, et parce qu'une partie des communautés humaines vivaient alors sur des zones qui ont été depuis immergées par la [[montée du niveau marin|remontée du niveau marin]]. Les progrès de l'[[archéologie sous-marine]] ont néanmoins montré que les populations néolithiques européennes exploitaient abondamment et avec un certain savoir-faire les [[ressources halieutiques]]. La plupart des sites encore aujourd’hui connus pour leur richesse en poissons étaient occupés par des communautés de pêcheurs<ref>Anders Fischer, ''[http://www.kalmus.dk/fiskerstenalder/Coastal%20fishing%20in%20Stone%20Age%20DK%202007.pdf Coastal fishing in Stone Age Denmark – evidence from below and above the present sea level and from human bones ]'' ; Excerpt from N. Milner, G. Bailey & O. Craig (eds.) ''Shell middens and coastal resources along the Atlantic facade''. Oxford. Oxbow. 2007.</ref>. Cet événement a peut-être tué un grand nombre d'humains près des régions côtières ou à tout le moins les a amené à se déplacer vers l'Ouest et le Sud.
Ces impacts sont mal connus, faute de témoignages écrits, parce qu'une partie des communautés humaines vivaient alors sur des zones qui ont été depuis immergées par la [[montée du niveau marin|remontée du niveau marin]] et parce que, en 2020, {{Citation|l'archéologie des catastrophes naturelles est un domaine émergent}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=A.J. |nom1=Faas |prénom2=Roberto E. |nom2=Barrios |titre=Applied Anthropology of Risk, Hazards, and Disasters |périodique=Human Organization |volume=74 |numéro=4 |date=2015-01-01 |issn=1938-3525 |issn2=0018-7259 |doi=10.17730/0018-7259-74.4.287 |lire en ligne=https://meridian.allenpress.com/human-organization/article/74/4/287/72884/Applied-Anthropology-of-Risk-Hazards-and-Disasters |consulté le=2022-02-18 |pages=287–295}}</ref>. Les progrès de l'[[archéologie sous-marine]] ont néanmoins montré que les populations néolithiques européennes exploitaient abondamment et avec un certain savoir-faire les [[ressources halieutiques]]. La plupart des sites encore aujourd’hui connus pour leur richesse en poissons étaient occupés par des communautés de pêcheurs<ref>Anders Fischer, ''[http://www.kalmus.dk/fiskerstenalder/Coastal%20fishing%20in%20Stone%20Age%20DK%202007.pdf Coastal fishing in Stone Age Denmark – evidence from below and above the present sea level and from human bones ]'' ; Excerpt from N. Milner, G. Bailey & O. Craig (eds.) ''Shell middens and coastal resources along the Atlantic facade''. Oxford. Oxbow. 2007.</ref>. Cet événement a peut-être tué un grand nombre d'humains près des régions côtières ou à tout le moins les a amené à se déplacer vers l'Ouest et le Sud.


L'effondrement et ses effets sous forme de tsunami se sont indiscutablement fait ressentir sur :
L'effondrement et ses effets sous forme de tsunami se sont indiscutablement fait ressentir sur :
* le [[Doggerland]] : cette région basse (alors habitée) située entre le Danemark et l'Angleterre et maintenant engloutie par la mer du Nord a été balayée par le tsunami induit par cet effondrement<ref name=NGI/>{{,}}<ref>"[http://www.sogaer.ex.ac.uk/archaeology/research/rdoggerland.shtml Doggerland Project]", University of Exeter Department of Archaeology</ref> ;
* le [[Doggerland]] : cette région basse (alors habitée) située entre le Danemark et l'Angleterre et maintenant engloutie par la mer du Nord a été balayée par le tsunami induit par cet effondrement<ref name=NGI/>{{,}}<ref>"[http://www.sogaer.ex.ac.uk/archaeology/research/rdoggerland.shtml Doggerland Project]", University of Exeter Department of Archaeology</ref>. La première preuve du passage du tsunami dans le Doggerland au sud de l'actuelle mer du Nord a été publiée fin [[2020]] et selon les auteurs de l'article, elle suggère que les effets de ce tsunami dans le Doggerland sont à nuancer ou repenser en intégrant dans les modèles les variations de la topographie locale telle qu'elle existait alors<ref name=WalkerAl2020>{{Article |langue=en |prénom1=James |nom1=Walker |prénom2=Vincent |nom2=Gaffney |prénom3=Simon |nom3=Fitch |prénom4=Merle |nom4=Muru |titre=A great wave: the Storegga tsunami and the end of Doggerland? |périodique=Antiquity |volume=94 |numéro=378 |date=2020-12 |issn=0003-598X |issn2=1745-1744 |doi=10.15184/aqy.2020.49 |lire en ligne=https://www.cambridge.org/core/product/identifier/S0003598X20000496/type/journal_article |consulté le=2022-02-18 |pages=1409–1425}}</ref>. Cela permettrait de mieux intégrer cet évènement dans les études de peuplement préhistorique de la région<ref name=WalkerAl2020/> ;
* les [[îles Féroé]] : elles étaient alors occupées, et les populations humaines y ont aussi été probablement anéanties. On y trouve encore les preuves du passage du tsunami<ref>Grauert et al., 2001 M. Grauert, S. Björck and S. Bondevik, ''Storegga tsunami deposits in a coastal lake on Suderøy, the Faroe Islands'', Boreas 30 (2001), {{p.|263–271}}.</ref>, en particulier dans un [[lac]] côtier aujourd'hui situé à {{unité|4|m}} d'altitude sur l'[[île de Suðuroy]] dont les profils [[lithostratigraphique]]s ont conservé les traces d'un premier tsunami, dévastateur, et d'un second un peu moins puissant, mais qui a érodé une partie des [[tsunamite]]s laissés par le premier. Dans les couches perturbées, des fragments de coquilles marines et de [[foraminifère]]s y sont mélangés avec des fragments de [[bois]] et des couches de sable fin. L'événement tsunami a été daté entre 7300 et 6400 BP au carbone 14<ref> Marianne Grauert, Svante Björk, Stein Bondevik, ''Storegga tsunami deposits in a coastal lake on Suðuroy, the Faroe Islands'' ; En ligne 28 juin 2008 DOI: 10.1111/j.1502-3885.2001.tb01045.x Issue Boreas Boreas Volume 30, Issue 4, pages 263–271, December 2001 ([http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1502-3885.2001.tb01045.x/abstract Résumé])</ref> ;
* les [[îles Féroé]] : elles étaient alors occupées, et les populations humaines y ont aussi été probablement anéanties. On y trouve encore les preuves du passage du tsunami<ref>Grauert et al., 2001 M. Grauert, S. Björck and S. Bondevik, ''Storegga tsunami deposits in a coastal lake on Suderøy, the Faroe Islands'', Boreas 30 (2001), {{p.|263–271}}.</ref>, en particulier dans un [[lac]] côtier aujourd'hui situé à {{unité|4|m}} d'altitude sur l'[[île de Suðuroy]] dont les profils [[lithostratigraphique]]s ont conservé les traces d'un premier tsunami, dévastateur, et d'un second un peu moins puissant, mais qui a érodé une partie des [[tsunamite]]s laissés par le premier. Dans les couches perturbées, des fragments de coquilles marines et de [[foraminifère]]s y sont mélangés avec des fragments de [[bois]] et des couches de sable fin. L'événement tsunami a été daté entre 7300 et 6400 BP au carbone 14<ref> Marianne Grauert, Svante Björk, Stein Bondevik, ''Storegga tsunami deposits in a coastal lake on Suðuroy, the Faroe Islands'' ; En ligne 28 juin 2008 DOI: 10.1111/j.1502-3885.2001.tb01045.x Issue Boreas Boreas Volume 30, Issue 4, pages 263–271, December 2001 ([http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1502-3885.2001.tb01045.x/abstract Résumé])</ref> ;
* l'[[Islande]] ;
* l'[[Islande]] ;
Ligne 51 : Ligne 79 :
* le [[Jutland]] : les chercheurs y ont récemment retrouvé des traces d'effets ''{{Citation|étonnamment élevés (...) dans les régions de l'ouest du Jutland}}''<ref name=Jutland2008>Bernard Weninger, Rick Schulting, Marcel Bradtmöller, Lee Clare, Mark Collard, Kevan Edinborough, Johanna Hilpert, Olaf Jöris, Marcel Niekus, Eelco J. Rohling, Bernd Wagner, [http://arheologija.ff.uni-lj.si/documenta/pdf35/weninger35.pdf The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga Slide tsunami], UDK 550.344.4(261.26)"633 : Documenta Praehistorica XXXV (2008), PDF, 24 pages</ref>.
* le [[Jutland]] : les chercheurs y ont récemment retrouvé des traces d'effets ''{{Citation|étonnamment élevés (...) dans les régions de l'ouest du Jutland}}''<ref name=Jutland2008>Bernard Weninger, Rick Schulting, Marcel Bradtmöller, Lee Clare, Mark Collard, Kevan Edinborough, Johanna Hilpert, Olaf Jöris, Marcel Niekus, Eelco J. Rohling, Bernd Wagner, [http://arheologija.ff.uni-lj.si/documenta/pdf35/weninger35.pdf The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga Slide tsunami], UDK 550.344.4(261.26)"633 : Documenta Praehistorica XXXV (2008), PDF, 24 pages</ref>.


Si un tel événement devait se reproduire, ses conséquences sur les réseaux de pipelines, de câbles et sur les installations offshore et littorales (ports, industries, tourisme…) seraient aujourd'hui catastrophiques. C'est une des raisons qui motivent les études rétrospectives le concernant<ref name=NGI>NGI (Norges Geotekniske Institutt ; Institut norvégien de géotechnique; qui est un institut privé, nommé "Centre d'excellence" par le [[Conseil de l'Europe]] en 2002, dirige l'ICG ; "International Centre for Geohazards" ou « Centre international pour les géorisques" (ICG), [http://www.ngi.no/en/Contentboxes-and-structures/Reference-Projects/Reference-projects/Ormen-Lange-and-Storegga/ Ormen Lange and the Storegga slide (Le gisement gazier d'Ormen Lange et l'effondrement sous-marin de Storegga], consulté 2012-06-12</ref>.
Si un tel événement devait se reproduire, ses conséquences sur les réseaux de pipelines, de câbles et sur les installations offshore et littorales (ports, industries, tourisme…) seraient aujourd'hui catastrophiques. C'est une des raisons qui motivent les études rétrospectives le concernant<ref name=NGI>NGI (Norges Geotekniske Institutt ; Institut norvégien de géotechnique; qui est un institut privé, nommé "Centre d'excellence" par le [[Conseil de l'Europe]] en 2002, dirige l'ICG ; "International Centre for Geohazards" ou « Centre international pour les géorisques" (ICG), [http://www.ngi.no/en/Contentboxes-and-structures/Reference-Projects/Reference-projects/Ormen-Lange-and-Storegga/ Ormen Lange and the Storegga slide (Le gisement gazier d'Ormen Lange et l'effondrement sous-marin du Storegga], consulté 2012-06-12</ref>.


== Causes ==
== Causes ==
Ligne 61 : Ligne 89 :
Plusieurs hypothèses explicatives des affaissements ou glissements prédominent, ne s'excluant pas nécessairement. Elles peuvent au contraire se compléter, traduisant un phénomène [[synergique]] :
Plusieurs hypothèses explicatives des affaissements ou glissements prédominent, ne s'excluant pas nécessairement. Elles peuvent au contraire se compléter, traduisant un phénomène [[synergique]] :
# un effondrement brutal et spontané est plausible (en un ou plusieurs épisodes étalés sur quelques heures ou tout au plus quelques jours selon l'Institut norvégien de géotechnique ''NGI''<ref name=NGI/>), à partir de grandes quantités de sédiments trop rapidement déposés sur la pente du plateau continental pour pouvoir se stabiliser<ref name=Wallsten2012/> (phénomène de [[solifluxion]] sous marine au-delà d'un certain seuil d'épaisseur/pression/pente…) ;
# un effondrement brutal et spontané est plausible (en un ou plusieurs épisodes étalés sur quelques heures ou tout au plus quelques jours selon l'Institut norvégien de géotechnique ''NGI''<ref name=NGI/>), à partir de grandes quantités de sédiments trop rapidement déposés sur la pente du plateau continental pour pouvoir se stabiliser<ref name=Wallsten2012/> (phénomène de [[solifluxion]] sous marine au-delà d'un certain seuil d'épaisseur/pression/pente…) ;
# un [[séisme]] ou une suite de séismes pourraient avoir déclenché l'effondrement, mais il est également possible que l'instabilité sédimentaire était telle qu'un séisme n'ait pas même été nécessaire ; l'hypothèse d'un séisme déclencheur reste néanmoins crédible, cette zone précise étant encore actuellement celle où les sismographes enregistrent le plus grand nombre de tremblement de terre en Europe du Nord et en mer du Nord (dont des [[séismes induits]] ?) ;
# un [[séisme]] ou une suite de séismes pourraient avoir déclenché l'effondrement, mais il est également possible que l'instabilité sédimentaire était telle qu'un séisme n'ait pas même été nécessaire ; l'hypothèse d'un séisme déclencheur reste néanmoins crédible, cette zone précise étant encore actuellement celle où les sismographes enregistrent le plus grand nombre de tremblement de terre en Europe du Nord et en mer du Nord (dont des [[séismes induits]] ?). Une hypothèse est qu'un fort tremblement de terre (épicentre probablement situé à 150 km en aval de l'actuel champ gazier d'Ormen Lange) a causé ce méga-glissement régressif<ref name=HypotheseTremblBryn2005/>.
# une ''« fuite »'' massive et brutale de [[gaz naturel]] (« ''Méthane Blast'' ») à partir d'un gisement sous-jacent et/ou un phénomène de [[solifluxion]] pourrait avoir été déclenchée par la dissociation chimique d'[[hydrate de méthane]]<ref name=Mienert2008/> ; c'est une hypothèse plus récente, en cours d'étude.
# une ''« fuite »'' massive et brutale de [[gaz naturel]] (« ''Méthane Blast'' ») à partir d'un gisement sous-jacent et/ou un phénomène de [[solifluxion]] pourrait avoir été déclenchée par la dissociation chimique d'[[hydrate de méthane]]<ref name=Mienert2008/> ; c'est une hypothèse plus récente, en cours d'étude.


Ligne 75 : Ligne 103 :
[[Fichier:Brent oilfield.jpg|vignette|[[Champ pétrolifère et gazier de Brent]].]]
[[Fichier:Brent oilfield.jpg|vignette|[[Champ pétrolifère et gazier de Brent]].]]


Outre des enjeux de [[connaissance]] scientifique (archéopaléontologique, géologique, historique, etc.), il est utile de bien comprendre ce qui s'est passé là il y a environ 8000 ans, afin de mieux anticiper les impacts d'un éventuel nouveau tsunami, ou d'autres effondrements de ce type, même de moindre importance.
Outre des [[enjeu]]x de [[connaissance]] scientifique (archéopaléontologique, géologique, historique, etc.), il est utile de bien comprendre ce qui s'est passé là il y a environ 8000 ans, afin de mieux anticiper les impacts d'un éventuel nouveau tsunami, ou d'autres effondrements de ce type, même de moindre importance.
La gestion du risque tsunami implique de comprendre leur dynamique et vélocité<ref>De Blasio et al., 2003 F.V. De Blasio, D. Issler, A. Elverhøi, C.B. Harbitz, T. Ilstad, P. Bryn, R. Lien and F. Løvholt, ''Dynamics, velocity and run-out of the giant Storegga slide''. In: J. Locat and J. Mienert, Editors, ''Submarine Mass Movements and their Consequences. Advances in Natural and Technological Hazards Research Series'', Kluwer Academic Publishers, Dordrecht (2003).</ref> afin de prévoir comment la sécurité maritime, les ports, les populations littorales et l'environnement pourraient gravement pâtir d'un événement de ce type, même plus modeste.
La gestion du risque tsunami implique de comprendre leur dynamique et vélocité<ref>De Blasio et al., 2003 F.V. De Blasio, D. Issler, A. Elverhøi, C.B. Harbitz, T. Ilstad, P. Bryn, R. Lien and F. Løvholt, ''Dynamics, velocity and run-out of the giant Storegga slide''. In: J. Locat and J. Mienert, Editors, ''Submarine Mass Movements and their Consequences. Advances in Natural and Technological Hazards Research Series'', Kluwer Academic Publishers, Dordrecht (2003).</ref> afin de prévoir comment la [[sécurité maritime]], les ports, les populations littorales et l'environnement pourraient gravement pâtir d'un événement de ce type, même plus modeste.
Dix ans de surveillance sismique du nord de la mer du Nord et du sud de la mer de Norvège ont clairement montré que cette zone est encore sismiquement très active<ref name=SeismeMerNordHSE>PC Marrow, [http://mail.hsebooks.com/research/othpdf/200-399/oth323.pdf Seismic monitoring of the north sea, Rapport OTH 90 323, préparé par le "Global seismology for Health and safety executive (HSE)], Offshore technology, report, PDF, 59 pages, 1991, {{ISBN|0-11-885999-4}}</ref>. Or elle fait l'objet d'une exploitation gazière intense.
Dix ans de surveillance sismique du nord de la mer du Nord et du sud de la mer de Norvège ont clairement montré que cette zone est encore sismiquement très active<ref name=SeismeMerNordHSE>PC Marrow, [http://mail.hsebooks.com/research/othpdf/200-399/oth323.pdf Seismic monitoring of the north sea, Rapport OTH 90 323, préparé par le "Global seismology for Health and safety executive (HSE)], Offshore technology, report, PDF, 59 pages, 1991, {{ISBN|0-11-885999-4}}</ref>. Or elle fait l'objet d'une exploitation pétro-gazière intense.


De plus, une étude de 1999-2000<ref name=FaultReactivation2000>David Wiprut et Mark D. Zoback, ''Fault reactivation and fluid flow along a previously dormant normal fault in the northern North Sea'' ; ([[université Stanford]]), doi: 10.1130/0091-7613(2000) ; 28<595:FRAFFA> ; 2.0.CO;2 v. 28 no. 7 {{p.|595-598}} ; [http://geology.gsapubs.org/content/28/7/595.short Résumé]</ref> qui a porté sur une « [[faille inverse]] » située dans le nord de la mer du Nord (faille normale et restée longtemps inactive) en combinant des images sismiques à des mesures (''in situ'') de pression et de contraintes a conclu que cette faille était en cours de réactivation. Trois raisons semblent pouvoir expliquer cette réactivation, raisons qui additionnent leurs effets :
De plus, une étude de [[1999]]-[[2000]]<ref name=FaultReactivation2000>David Wiprut et Mark D. Zoback, ''Fault reactivation and fluid flow along a previously dormant normal fault in the northern North Sea'' ; ([[université Stanford]]), doi: 10.1130/0091-7613(2000) ; 28<595:FRAFFA> ; 2.0.CO;2 v. 28 no. 7 {{p.|595-598}} ; [http://geology.gsapubs.org/content/28/7/595.short Résumé]</ref> qui a porté sur une « [[faille inverse]] » située dans le nord de la mer du Nord (faille normale et restée longtemps inactive) en combinant des images sismiques à des mesures (''in situ'') de pression et de contraintes a conclu que cette faille était en cours de réactivation. Trois raisons semblent pouvoir expliquer cette réactivation, raisons qui additionnent leurs effets :
# une augmentation récente de la contrainte de compression dans la zone, associée à un « ''[[rebond post-glaciaire]]'' »,
# une augmentation récente de la contrainte de compression dans la zone, associée à un « ''[[rebond post-glaciaire]]'' »,
# une pression interstitielle localement élevée dans la roche, en raison de la présence de [[gaz naturel]] dans un réservoir d'[[hydrocarbure]]s situé sur le côté d’une des parois de la faille,
# une pression interstitielle localement élevée dans la roche, en raison de la présence de [[gaz naturel]] dans un réservoir d'[[hydrocarbure]]s situé sur le côté d’une des parois de la faille,
# une orientation de [[faille]] presque optimale pour le glissement (dans le contexte du champ de contrainte actuelle).
# une orientation de [[faille]] presque optimale pour le glissement (dans le contexte du champ de contrainte actuelle).
Dans ce cas précis, la combinaison de ces trois facteurs induit d'une part une reprise du glissement le long de la faille, et d’autre part une fuite de gaz le long de la section de faille, qui délimitait la faille et assurait l’étanchéité du réservoir.
Dans ce cas précis, la combinaison de ces trois facteurs induit d'une part une reprise du glissement le long de la faille, et d’autre part une fuite de gaz le long de la section de faille, qui délimitait la faille et assurait l’étanchéité du réservoir.

Les auteurs de cette étude affirment que l'accumulation de colonnes de gaz ({{fchim|CO|2}} par exemple) dans le voisinage de failles tectoniques peut contribuer à remettre ce type de faille en mouvement<ref name=FaultReactivation2000/>. Or la zone de naissance de l'affaissement de Storegga et le plateau continental, très court (par rapport à ce qu'il est en mer du Nord) dans cette région sont outre sismiquement actif, une zone très riche en ressource en gaz, et il y a maintenant de nombreuses plateformes offshore opérant en mer du Nord et mer de Norvège, ainsi que des centaines de kilomètres de câblages, [[Canalisation|pipelines]] et de [[gazoduc]]s qui sont conçus pour résister aux petits et moyens séismes, mais non à des phénomènes tels que celui de « ''Storegga ''».


Les auteurs de cette étude affirment que l'accumulation de colonnes de gaz ({{fchim|CO|2}} par exemple) dans le voisinage de failles tectoniques peut contribuer à remettre ce type de faille en mouvement<ref name=FaultReactivation2000/>. Or la zone de naissance de l'affaissement du Storegga et le plateau continental, très court (par rapport à ce qu'il est en mer du Nord) dans cette région sont outre sismiquement actif, une zone très riche en ressource en gaz, et il y a maintenant de nombreuses plateformes offshore opérant en mer du Nord et mer de Norvège, ainsi que des centaines de kilomètres de câblages, [[Canalisation|pipelines]] et de [[gazoduc]]s qui sont conçus pour résister aux petits et moyens séismes, mais non à des phénomènes tels que celui de « ''Storegga ''».
Tout comme les [[activités minières]] ou les grands [[barrages hydroélectriques]], l'exploitation (notamment offshore) d'hydrocarbures peut [[Séisme induit|induire de petits séismes]].


Ceci se fait suite aux décompressions induites par les prélèvements pétroliers ou gaziers et/ou à la suite des remises en pression ou en surpression (par exemple quand il y a injections souterraines de fluides liquides ou gazeux pour décolmater un gisement, le réactiver ou y stocker du {{fchim|CO|2}} ou du soufre récupérés à partir du traitement primaire du gaz).
Tout comme les [[activités minières]] ou les grands [[barrages hydroélectriques]], l'exploitation (notamment offshore) d'hydrocarbures peut [[Séisme induit|induire de petits séismes]]. Ceci se fait suite aux décompressions induites par les prélèvements pétroliers ou gaziers et/ou à la suite des remises en pression ou en surpression (par exemple quand il y a injections souterraines de fluides liquides ou gazeux pour décolmater un gisement, le réactiver ou y stocker du {{fchim|CO|2}} ou du soufre récupérés à partir du traitement primaire du gaz).


C'est aussi en bordure de plateau continental qu'ont été faits certains dépôts de munition immergées.
C'est aussi en bordure de plateau continental qu'ont été faits certains dépôts de [[munitions immergées]].


Les installations gazières ont été précédées d'études sur les géorisques liés à la cicatrice de l'effondrement de Storegga<ref> A. Solheim, P. Bryn, H.P. Sejrup, J. Mienert, K. Berg, ''Ormen Lange - an integrated study for the safe development of a deep-water gas field within the Storegga Slide Complex, NE Atlantic continental margin'' Marine and Petroleum Geology Volume 22, Issues 1–2, January–February 2005, Pages 1–9 ([Résumé])</ref>.
Les installations gazières ont été précédées d'études sur les géorisques liés à la cicatrice de l'effondrement du Storegga<ref> A. Solheim, P. Bryn, H.P. Sejrup, J. Mienert, K. Berg, ''Ormen Lange - an integrated study for the safe development of a deep-water gas field within the Storegga Slide Complex, NE Atlantic continental margin'' Marine and Petroleum Geology Volume 22, Issues 1–2, January–February 2005, Pages 1–9 ([Résumé])</ref> ; en 2005, Bryn et ses collègues considéraient que {{Citation|les sédiments instables de la région ont disparu avec le glissement il y a 8200 ans. Une nouvelle période glaciaire avec un remplissage de sédiments glaciaires au-dessus des argiles marines dans la cicatrice de glissement serait nécessaire pour créer une nouvelle situation instable à [[Ormen Lange (gisement de gaz)|Ormen Lange]]}}<ref name=HypotheseTremblBryn2005/>.


== Références ==
== Références ==

Version du 18 février 2022 à 21:55

Carte situant le glissement de terrain de Storegga et sa direction par rapport à la Norvège actuelle (en jaune) ;
L'essentiel des matériaux (environ 3 500 km³[1]) a été transporté sur une distance atteignant 290 km de longueur, et jusqu'à environ 800 km pour les plus fins. À l'époque de ces effondrements, le niveau marin était bien plus bas.
En jaune ; hauteur de la vague du tsunami créé par l'effondrement du Storegga, (selon la hauteur des tsunamites) (perturbations et dépôts sédimentaires laissés au moment du retrait de la vague du tsunami)[2]. À cause de la remontée du niveau de la mer, si le même événement se produisait aujourd’hui, la configuration de la vague et sa hauteur seraient différentes.
Les points bleus indiquent, par rapport à l'emplacement du toboggan du Storegga les endroits où des dépôts de tsunamis contemporains ont été identifiés (près d'une trentaine en 2019). Les barres graduées (noir et blanc) donnent les valeurs approximatives de la hauteur du tsunami (calculs de Bondevik, Svendsen, Johnsen, Mangerud et Kaland (1997) in The Storegga tsunami along the Norwegian coast, its age and runup. parus dans la revue Boreas (26, 29–53)[3], cités par A & S Dawson en 2020 [4]

Les deux ou trois glissements de terrain du Storegga (mot signifiant en norvégien : « la grande bordure ») sont considérés comme ayant constitué les plus grands glissements de terrain actuellement connus en Europe. Ils se sont produits en mer de Norvège à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Molde. Ils ont causé au moins un tsunami qui, il y a environ 8 150 ans, s'est propagé à des centaines de km[5]. Le second tsunami, il y a environ 7 000 ans, était de moindre importance, mais a quand même produit une vague remarquable[6].

La partie orientale de cette zone, malgré une sismicité importante, est aujourd'hui exploitée par plusieurs plateformes pétrolières offshore ; elle constitue le champ gazier d'Ormen Lange (découvert en 1997 et exploité depuis septembre 2007)[7], qui est le second champ de gaz norvégien en importance, juste après le champ gazier de Troll également exploité[7]. Non loin se trouve également le champ pétrolifère et gazier de Brent. Norsk Hydro, opérateur sur ce champ gazier a fait étudier le risque d'un nouveau glissement de terrain dans la zone et cherche à comprendre les causes de cet effondrement. Il a dû adapter son design d'installations immergées (pipe-lines notamment) aux fonds marins déstructurés par les nombreuses terrasses successives d'effondrement et zones de fluxions ou de cônes d'éboulement[7].

D'autres cicatrices d'effondrement de ce type sont connues autour de la mer de Norvège (dont deux autres de grande taille, plus au nord et en pleine mer), en Atlantique Nord-Est[8]. Quelques autres zones d'effondrement et/ou riches en tsunamites sont connues au bord du Groenland où existe une couche de 0,72 m de sable probablement apportée par la vague du tsunami du Storegga[9], et en Écosse[8].

Description du complexe d'effondrement du Storegga

Le complexe d'effondrement du Storegga correspond à une zone de remobilisation brutale de plusieurs milliards de mètres cubes de roche et sédiments. Cet effondrement a peut-être été préparé ou causé par un ou plusieurs tremblements de terre, mais il est à ce jour impossible de le démontrer. Il semble résulter d'au moins deux effondrements majeurs de l'escarpement du plateau continental qui ont causé chacun un tsunami dont la force et l'étendue font encore l'objet d'études et de modélisations.

Cet effondrement s'est entièrement ou en grande partie produit sous l'eau, à l'époque mésolithique, soit à la fin de la dernière glaciation, alors que la calotte polaire nord fondait encore rapidement et que le niveau de la mer remontait, il y a environ 8 200 ans, au nord-est de la mer du Nord, en mer de Norvège. Son couloir d'affaissement sous-marin est orienté selon un axe nord-ouest/sud-est, et il est situé entre la côte norvégienne et un point se trouvant à environ 100 km au nord-ouest de la région de Møre.

Le premier glissement est estimé s'être produit sur 290 km de large, pour un volume de débris emportés d'environ 3 500 km3. Selon une modélisations numérique du tsunami généré par le deuxième glissement du Storegga (publication 2008), ce tsunami a été déclenché à un glissement qui a été « un événement majeur unique plutôt qu'un ensemble de glissements plus petits »[10].

Cette région est encore sismiquement très active.

Modélisations, simulations et traces fossiles

Aucun témoignage humain écrit, gravé ou peint relatant ce évènement n'est connu pour cette période préhistorique. Les scientifiques doivent donc le modéliser pour mieux le comprendre et en prévoir éventuellement d'autres, plus ou moins similaires.

Harbitz en 1992[11], Bondevik et al. en 2005[12], Løvholt et al. en 2005[13] et Hill et al. en 2014[14] ont d'abord construit des modèles simplifiés, considérant l'évènement comme s'il s'agissait de glissements de corps rigides, puis les progrès de l'informatique ont permis des simulations bien plus réalistes de l'écoulement des matériaux, et par suite de la génération du tsunami[15]. En 2005, De Blasio et al. avaient utilisé le modèle numérique « BING » mis au point par Jasim Imran (modélisateur à l'Université de Caroline du Sud)[16] et ses collègues en 2001[17] pour simuler les coulées visco-plastiques de débris, sur la base de la rhéologie Herschel-Bulkley afin de modéliser le ruissellement (au moins dans sa dimension horizontale (1HD), le long d'un transect bathymétrique)[15].

Pour expliquer la distance étonnamment longue du « toboggan » du Storegga (« l'un des plus grands toboggans sous-marins au monde »)[4], De Blasio et ses collègues, en 2005, ont créé une extension de BING incluant l'« aquaplaning » (extension mise au point par Mohrig et ses collègues. en 1998[18], puis améliorée en 1999[19]) et le « remoulage ». Le modèle de De Blasio et al. (2005) étant limité à 1HD, il ne pouvait pas simuler la distribution spatiale détaillée du glissement, ni précisément simuler le tsunami[15] (selon les modèles et données disponibles vers 2005, la vague du tsunami a pris une forme ovoïde ou arrondie[20], à la suite du glissement de terrain qui a charrié d'énormes quantités de pierres, graviers, galets, sable et argile (et peut-être de glace et d'hydrate de méthane). Les plus lourds de ces matériaux ont été déplacés dans un couloir de près de 300 km de large, et des études ont montré que certaines parties de la « cicatrice » du glissement de terrain s'étendent jusque dans les grands fonds marins, jusqu'à environ 800 km du point de départ de l'affaissement[7] pour les plus légers.

Comparaison de la hauteur réelle (barre verticale), estimée d'après les preuves de dépôts in-situ du tsunami à "Maggie Kettles Loch" dans les îles Shetland comparée à deux modélisations de la hauteur de la crête de la vague du tsunami du Storrega sur les îles Shetland basé (et variation sur quelques heures). Les deux modélisations (trait plein noir, et pointillé) sont respectivement basées sur des vitesses de glissement de 20 m/s et 35 m/s (Source : Downson & al, en 2019[4], d'après Bondevik et al. en 2005)[21].

Concernant la hauteur atteinte par la vague en pleine mer et quand elle « escalade » le trait de côte, par rapport au niveau de la paléo-mer. Il existe deux grands moyens de l'évaluer :

  1. la modélisation mathématique ; mais elle reste simplificatrice, et souffre du fait que de nombreux paramètres sont encore inconnus, dont le coefficient de la marée, le moment par rapport à la marée, l'état de la mer, la force et la direction du vent au moment de l'effondrement, la saison, et la manière précise dont l'effondrement s'est produit[4] ;
  2. les preuves sédimentaires ; ce sont les tsunamites et d'autres traces encore observable sur les terres émergées ayant été exposées à cette vague. Elles apportent des données précises, mais qui ne concernent que les zones échantillonnées et étudiées ; elles ne peuvent être extrapolées à la plupart du paléo-littoral ou des terres émergées encore non-échantillonnés[4].

...« la hauteur des vagues modélisées sur la côte étant considérablement inférieure aux estimations géologiques de l'élévation du tsunami »[4].

Accroissement de la hauteur de la vague d'un tsunami à l'approche des côtes.

Cette différence est probablement due au fait que les modèles ne sont pas « en mesure de reproduire l'amplification locale des vagues du tsunami lorsqu'elles pénètrent dans les eaux peu profondes de la côte. De plus, les modèles existants ne sont pas suffisamment puissants pour modéliser la diffraction, la réfraction, la réflexion et l'interférence des différentes ondes au sein du train d'ondes du tsunami à l'approche du paléolittoral »[4].

Par exemple, au niveau des Îles Shetland :

  • les modèles numériques du tsunami pour les Shetland suggèrent que la hauteur des vagues n'a peut-être atteint qu'une altitude maximale de l'ordre de +13 m au-dessus du niveau de la mer le jour où le tsunami a eu lieu[4] ;
  • mais au vu des traces laissées par le tsunami, la hauteur de la vague était d'environ 20 m au dessus de la marée haute le jour où le tsunami a frappé, « il a été déduit que l'élévation du tsunami était au moins localement comprise entre 28,1 m (8,1m + 20 m) et 31,8 m (11,8 + 20 m) »[4].

Contexte géo-climatique

Sept « méga-glissements » (megaslides) pré-Holocène sont connus comme ayant eu lieu en mer du Nord sur la marge continentale médio-norvégienne, entre 62 et 67°N. Tous ont en commun de :

  • concerner des dépôts hémipélagiques à grains fins stratifiés sismiquement, généralement développés sous forme de dérives de contourite ;
  • être situés (sauf un) dans la zone du glissement Holocène du Storegga ;
  • survenir à la fin d'une glaciation, ou peu après (d'après la stratigraphie sismique selon PetterBryn et ses collègues géologues Norsk Hydro ou au Norwegian Geotechnical Institute d'Oslo)[22].

Plusieurs de ces « méga-glissements » sont relativement comparables en importance à celui du Storegga [23]. La zone du complexe de glissements du Storegga présente un risque particulier de glissements de par sa structure géologique et la forte présence de dépôts de dérive à grain fin[23].

Les traces de plusieurs très grands glissements de terrain de ce type existent aussi au large de la côte est des États-Unis, notamment étudiés par Chaytor et al. (2009)[24], par Hill et al. (2017)[25] ou encore Lee en 2009[26].

Datation

Sur ces sept grands effondrements connus, six sont survenus après le début des glaciations du plateau continental à 0,5 Ma. La chronostratigraphie de la région est encore imprécise, mais il semble qu'« au moins un grand glissement se produit apparemment tous les 100 000 ans, au rythme des cycles glaciaire-interglaciaire »[23]. Au vu des échantillons de matière organique végétale récupérés dans des sédiments déposés par le tsunami, le glissement de terrain le plus important est actuellement daté (au carbone 14) à environ av. J.C [27].

Traces et preuves fossiles des tsunamis du Storegga

Dépôts laissés par le tsunami du Storegga (couche supérieure grise, entre deux couches de tourbe), près de la baie de Montrose au Nord-Est de l'Écosse.

Les traces sont surtout sous-marines, mais aussi parfois terrestres :

  • en Norvège, alors que la vague initiale du mégatsunami a directionnellement été propulsée vers l'Amérique du Nord, à Lynden, des sédiments marins se sont mélangés à des tourbes, formant des des dépôts dits « de gyttja » jusqu'à au moins environ 6 m au dessus du niveau marin de l'époque (où l'on a notamment retrouvé un oursin)[28] ;
le long de la côte ouest de la Norvège, les sédiments de tous les petits lacs côtiers situés de 0 à 11 m au-dessus du niveau du rivage tel qu'il était il y a environ 7000 ans, contienne une couche particulière contenant des sables gradué ou massif, un «conglomérat organique» d'origine marine et des fossiles marins (coquilles, oursins...)[29]. 25 lacs ont été étudiés et tous présente ce phénomène[10]. La granulométrie de ce sable diminue vers l'intérieur des terres et avec la hauteur[29]. Les dépôts situés à 6 à 11m au dessus de l'ancien rivage présentent un lit de sable, alors que dans les dépressions plus proches de l'ancien rivage, on y trouve plusieurs lits de sable séparés par des détritus organiques, qui « peuvent refléter des vagues répétées d'eau de mer entrant dans les lacs »[29]. Dans la plupart des lacs étudiés, l'épaisseur de ces dépôts varie de 20 à 100 cm[29] ;
  • en Écosse, des traces sédimentaires d'un ou plusieurs tsunamis importants sont encore observables sur certains littoraux et îles, mais aussi jusqu'à plus de 80 km à l'intérieur des terres dans le Firth of Forth, à plus de 4 mètres du niveau moyen actuel des marées. Ceci signifie que si l'on tient compte du fait qu'au moment du tsunami, le niveau marin était beaucoup plus bas, on peut estimer que quand la vague a déferlé dans l'estuaire de South Esk River aux pieds de la partie orientale des monts Grampians dans l'Angus (Est de l’Écosse, entre Dundee et d'Aberdeen), elle mesurait encore environ 21 m de hauteur (à comparer au maximum de 39 m du tsunami de 2011 au Japon).

La modélisation ou reconstitution cartographiée du comportement et des impacts des tsunamis post-glaciaires sont rendues délicates en raison du fait que le niveau de la mer a considérablement augmenté depuis ces événements majeurs. De plus, comme le rappelle Fisher en 2004, les rééquilibrages isostatiques ont été très actifs après la fonte rapide de la calotte polaire, mais selon un schéma et un rythme encore mal compris.

La hauteur des tsunamites, dans certaines régions (Jutland, Baltique) doit être corrigée quand le sol ou le fond marin ont depuis 8 000 à 10 000 ans eux-mêmes subi une élévation ou un enfoncement significatif (ce qui semble être le cas pour le Jutland par exemple). De plus, les premières datations au carbone 14 de sédiments et dépôts susceptibles d'être des tsunamites n'étaient pas toujours précises. Des études sont encore nécessaires pour mieux reconstituer et dater rétrospectivement l'« événement Storegga ».

Impacts sur les populations humaines

Ces impacts sont mal connus, faute de témoignages écrits, parce qu'une partie des communautés humaines vivaient alors sur des zones qui ont été depuis immergées par la remontée du niveau marin et parce que, en 2020, « l'archéologie des catastrophes naturelles est un domaine émergent »[30]. Les progrès de l'archéologie sous-marine ont néanmoins montré que les populations néolithiques européennes exploitaient abondamment et avec un certain savoir-faire les ressources halieutiques. La plupart des sites encore aujourd’hui connus pour leur richesse en poissons étaient occupés par des communautés de pêcheurs[31]. Cet événement a peut-être tué un grand nombre d'humains près des régions côtières ou à tout le moins les a amené à se déplacer vers l'Ouest et le Sud.

L'effondrement et ses effets sous forme de tsunami se sont indiscutablement fait ressentir sur :

  • le Doggerland : cette région basse (alors habitée) située entre le Danemark et l'Angleterre et maintenant engloutie par la mer du Nord a été balayée par le tsunami induit par cet effondrement[7],[32]. La première preuve du passage du tsunami dans le Doggerland au sud de l'actuelle mer du Nord a été publiée fin 2020 et selon les auteurs de l'article, elle suggère que les effets de ce tsunami dans le Doggerland sont à nuancer ou repenser en intégrant dans les modèles les variations de la topographie locale telle qu'elle existait alors[33]. Cela permettrait de mieux intégrer cet évènement dans les études de peuplement préhistorique de la région[33] ;
  • les îles Féroé : elles étaient alors occupées, et les populations humaines y ont aussi été probablement anéanties. On y trouve encore les preuves du passage du tsunami[34], en particulier dans un lac côtier aujourd'hui situé à 4 m d'altitude sur l'île de Suðuroy dont les profils lithostratigraphiques ont conservé les traces d'un premier tsunami, dévastateur, et d'un second un peu moins puissant, mais qui a érodé une partie des tsunamites laissés par le premier. Dans les couches perturbées, des fragments de coquilles marines et de foraminifères y sont mélangés avec des fragments de bois et des couches de sable fin. L'événement tsunami a été daté entre 7300 et 6400 BP au carbone 14[35] ;
  • l'Islande ;
  • les îles Shetland, constituant les sommets d'un vaste territoire habité[36], en conservent également les traces[37] ;
  • une grande partie de la Grande-Bretagne et de l'Europe continentale actuelle portent encore des traces d'un tsunami[7] ;
  • la Norvège occidentale : des communautés de l'âge de la pierre y vivaient ; certaines ont été dévastées par au moins un tsunami (de 10 à 15 m de haut)[7] ;
  • le Jutland : les chercheurs y ont récemment retrouvé des traces d'effets « étonnamment élevés (...) dans les régions de l'ouest du Jutland »[38].

Si un tel événement devait se reproduire, ses conséquences sur les réseaux de pipelines, de câbles et sur les installations offshore et littorales (ports, industries, tourisme…) seraient aujourd'hui catastrophiques. C'est une des raisons qui motivent les études rétrospectives le concernant[7].

Causes

Les causes de ces glissements de terrain semblent liée à l'histoire paléoclimatique et géologique de la mer du Nord et à celle de la mer de Norvège (en particulier concernant les hydrates de méthane, l'isostasie et les rééquilibrages liés aux cycles de glaciations et déglaciations…). Elles font encore l'objet d'études[8] visant notamment à mieux comprendre la géologie et l'évolution récente du Moho ou des réservoirs d'hydrocarbures de cette zone :

  • les études géologiques le permettant n'ont pu vraiment commencer que de 1999 à 2006 avec des investigations sismiques et géotechniques (tests in situ, analyse d'échantillons de fond et de carottes de forage prélevées jusqu'à 200 m, bien que le champ s'étende sur une profondeur de 250 à 1 600 m ;
  • plus récemment, NGI a développé un dispositif de mesure de la pression dans les pores de la roche, dispositif qui pourrait être placé au fond des tubes de forage jusqu'à à 1 100 m au-dessous du niveau de la mer[7] ;
  • l'étude du contexte paléoclimatique et géographique a montré qu'il était celui d'une fonte rapide de la calotte glaciaire, associée à une remontée, également rapide, du niveau marin (qui était 120 à 130 m plus bas qu’aujourd’hui à l'apogée de la glaciation, il y a environ 18 000 ans) : Alors que l'océan remontait (en pesant sur le fond marin), la fonte des glaces apportait sur le plateau continental des quantités considérables de sédiments, pierres, graviers et sables provenant des parties émergées de la Scandinavie, via les fleuves à régime torrentiel, mais aussi via les mouvements d'icebergs et de glaciers. À la hauteur de la Norvège, des torrents ou coulées minérales de roches et graviers s'écoulaient vers la mer, ce mouvement se poursuivant sous la mer. Leurs traces fossiles sont aujourd’hui étudiés via les études sismiques qui montrent de nombreuses coulées de 15 à 50 m d'épaisseur[8]) et pouvant s'étaler sur une largeur de 2 à 40 km[8]. D'immenses dépôts morainiques pouvaient aussi être périodiquement remodelés par les glaciers, les flux d'eau, la cryoturbation ou des ruptures de barrages naturels, toujours en interaction avec les courants marins de l'époque, et la montée de la mer dans le « ventilateur de la mer du Nord » (« Nordsjøvifta »). La sismique a révélé de très importants apports macrosédimentaires noyés dans des sédiments plus fins (alors susceptibles de « lubrifier » d'éventuels effondrements). Ces dépôts atteignent 150 à 200 mètres d'épaisseur sur la pente continentale. Les glissements de terrain qui y sont intervenus ont des largeurs qui atteignent 200 à 300 km[8].

Plusieurs hypothèses explicatives des affaissements ou glissements prédominent, ne s'excluant pas nécessairement. Elles peuvent au contraire se compléter, traduisant un phénomène synergique :

  1. un effondrement brutal et spontané est plausible (en un ou plusieurs épisodes étalés sur quelques heures ou tout au plus quelques jours selon l'Institut norvégien de géotechnique NGI[7]), à partir de grandes quantités de sédiments trop rapidement déposés sur la pente du plateau continental pour pouvoir se stabiliser[8] (phénomène de solifluxion sous marine au-delà d'un certain seuil d'épaisseur/pression/pente…) ;
  2. un séisme ou une suite de séismes pourraient avoir déclenché l'effondrement, mais il est également possible que l'instabilité sédimentaire était telle qu'un séisme n'ait pas même été nécessaire ; l'hypothèse d'un séisme déclencheur reste néanmoins crédible, cette zone précise étant encore actuellement celle où les sismographes enregistrent le plus grand nombre de tremblement de terre en Europe du Nord et en mer du Nord (dont des séismes induits ?). Une hypothèse est qu'un fort tremblement de terre (épicentre probablement situé à 150 km en aval de l'actuel champ gazier d'Ormen Lange) a causé ce méga-glissement régressif[22].
  3. une « fuite » massive et brutale de gaz naturel (« Méthane Blast ») à partir d'un gisement sous-jacent et/ou un phénomène de solifluxion pourrait avoir été déclenchée par la dissociation chimique d'hydrate de méthane[39] ; c'est une hypothèse plus récente, en cours d'étude.

L'étude bathymétrique et par la sismique de réflexion des marges et pentes continentales de l'Atlantique, du Pacifique, de l'océan Indien et de la Mer Noire a révélé d'autres importantes cicatrices d'anciens affaissements tsunamigènes sur des zones recouvrant des dépôts d'hydrates de gaz[39]. Ces dépôts sont très nombreux et importants sur les bordures de plateaux continentaux[40]. Ils ont été à l'origine de transfert massifs et brutaux d'énormes quantités de matériaux et sédiments vers l'océan profond. La durée de chaque « événement » se compte généralement en heures ou en années[39]. Selon J. Mienert, professeur en géologie marine arctique et en géophysique appliquée à l'université de Tromsø, Norvège, une libération massive et rapide de gaz et/ou d'eau de décompositions d'hydrate de méthane peut déclencher une instabilité majeure en bordure de marge continentale[39]. La stabilité des clathrates piégés dans le sédiment dépend de la température de l'eau et du contexte géothermique, mais aussi de la pression (qui varie là où la mer monte et sous les calottes qui fondent)[41],[39]. La solubilité du méthane dans l'eau varie également selon des paramètres proches. De plus, chaque affaissement majeur de ce type est aussi source d'un important relargage de méthane (puissant gaz à effet de serre) dans l'eau et l'atmosphère[39], un puissant gaz à effet de serre qui peut accélérer le réchauffement.

Il est encore difficile de quantifier l’importance relative de ce facteur parmi les autres causes (à échelle régionale ou mondiale).

La modélisation thermodynamique de ces processus doit être couplée à des outils de monitoring de la pression dans les pores de la roche et au suivi des phénomènes de « dissipation » dans les zones présentant des signes d'évolution en présence d'hydrates de méthane[39]. Alors l'évaluation du risque actuel et futur en sera améliorée (dans un contexte de réchauffement et de montée de la mer). J. Mienert estime que des progrès viendront de l'étude combminée ou couplée des hydrates de méthane océaniques, des glissements de terrain sous-marins, et du climat, à partir des enregistrements du méthane dans les bulles de la glace.

On sait déjà que l'exploitation active de gaz naturel et/ou de pétrole déclenchent de nombreux petits tremblements de terre induits, tout comme le font les grandes retenues d'eau. On a récemment montré que la remontée vers la surface de méthane sous pression dans des failles (actives ou devenues inactives) peut les réactiver[42]. Or il existe des réservoirs d'hydrocarbures très importants sous cette zone (dont le champ gazier d'Ormen Lange, en exploitation depuis peu). Des tremblements de terre induits ou facilités par une brutale remontée de gaz sont possibles. De telles remontées auraient pu être induites par des phénomènes de mouvements du sous-sol (compensation isostatique : la terre remonte à certains endroits quand le poids de la calotte glaciaire diminue). Dans une zone hautement instable comme l'était le Storegga il y a 8000-9000 ans, un effondrement tsunamigène peut s'ensuivre. C'est une hypothèse qui n'est pas à ce jour confirmée par les études de Norsk Hydro, qui a par ailleurs jugé le risque de renouvellement d'un tel effondrement aujourd'hui peu probable « au large ouest de la Norvège »[39]. La modélisation numérique calée sur les analyses de données de terrain se poursuit. Selon les modèles, deux paramètres influent sur le potentiel tsunamigène d'un effondrement de ce type. Ce sont d'une part le volume de matériau qui s'effondre, et d'autre part sa vitesse initiale (qui dépend de la pente et profondeur et de la décohérence du substrat). Le produit de l'accélération initiale et du volume du glissement est la quantité la mieux corrélée avec l'élévation et la surface[39].

Enjeux contemporains

Champ pétrolifère et gazier de Brent.

Outre des enjeux de connaissance scientifique (archéopaléontologique, géologique, historique, etc.), il est utile de bien comprendre ce qui s'est passé là il y a environ 8000 ans, afin de mieux anticiper les impacts d'un éventuel nouveau tsunami, ou d'autres effondrements de ce type, même de moindre importance. La gestion du risque tsunami implique de comprendre leur dynamique et vélocité[43] afin de prévoir comment la sécurité maritime, les ports, les populations littorales et l'environnement pourraient gravement pâtir d'un événement de ce type, même plus modeste.

Dix ans de surveillance sismique du nord de la mer du Nord et du sud de la mer de Norvège ont clairement montré que cette zone est encore sismiquement très active[44]. Or elle fait l'objet d'une exploitation pétro-gazière intense.

De plus, une étude de 1999-2000[42] qui a porté sur une « faille inverse » située dans le nord de la mer du Nord (faille normale et restée longtemps inactive) en combinant des images sismiques à des mesures (in situ) de pression et de contraintes a conclu que cette faille était en cours de réactivation. Trois raisons semblent pouvoir expliquer cette réactivation, raisons qui additionnent leurs effets :

  1. une augmentation récente de la contrainte de compression dans la zone, associée à un « rebond post-glaciaire »,
  2. une pression interstitielle localement élevée dans la roche, en raison de la présence de gaz naturel dans un réservoir d'hydrocarbures situé sur le côté d’une des parois de la faille,
  3. une orientation de faille presque optimale pour le glissement (dans le contexte du champ de contrainte actuelle).

Dans ce cas précis, la combinaison de ces trois facteurs induit d'une part une reprise du glissement le long de la faille, et d’autre part une fuite de gaz le long de la section de faille, qui délimitait la faille et assurait l’étanchéité du réservoir.

Les auteurs de cette étude affirment que l'accumulation de colonnes de gaz (CO2 par exemple) dans le voisinage de failles tectoniques peut contribuer à remettre ce type de faille en mouvement[42]. Or la zone de naissance de l'affaissement du Storegga et le plateau continental, très court (par rapport à ce qu'il est en mer du Nord) dans cette région sont outre sismiquement actif, une zone très riche en ressource en gaz, et il y a maintenant de nombreuses plateformes offshore opérant en mer du Nord et mer de Norvège, ainsi que des centaines de kilomètres de câblages, pipelines et de gazoducs qui sont conçus pour résister aux petits et moyens séismes, mais non à des phénomènes tels que celui de « Storegga ».

Tout comme les activités minières ou les grands barrages hydroélectriques, l'exploitation (notamment offshore) d'hydrocarbures peut induire de petits séismes. Ceci se fait suite aux décompressions induites par les prélèvements pétroliers ou gaziers et/ou à la suite des remises en pression ou en surpression (par exemple quand il y a injections souterraines de fluides liquides ou gazeux pour décolmater un gisement, le réactiver ou y stocker du CO2 ou du soufre récupérés à partir du traitement primaire du gaz).

C'est aussi en bordure de plateau continental qu'ont été faits certains dépôts de munitions immergées.

Les installations gazières ont été précédées d'études sur les géorisques liés à la cicatrice de l'effondrement du Storegga[45] ; en 2005, Bryn et ses collègues considéraient que « les sédiments instables de la région ont disparu avec le glissement il y a 8200 ans. Une nouvelle période glaciaire avec un remplissage de sédiments glaciaires au-dessus des argiles marines dans la cicatrice de glissement serait nécessaire pour créer une nouvelle situation instable à Ormen Lange »[22].

Références

  1. Bondevik, S., Mangerud, J., Dawson, S., Dawson, A., Lohne, Ø., 2003. Record-breaking height for 8000-year-old tsunami in the North Atlantic. EOS 84, 289, 293. Voir résumé
  2. Un tsunami en Belgique ?
  3. STEIN BONDEVIK, JOHN INGE SVENDSEN, GEIR JOHNSEN et JAN MANGERUD, « The Storegga tsunami along the Norwegian coast, its age and run up », Boreas, vol. 26, no 1,‎ , p. 29–53 (ISSN 0300-9483, DOI 10.1111/j.1502-3885.1997.tb00649.x, lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e f g h et i (en) Alastair G. Dawson et Sue Dawson, « Reconciling Storegga tsunami sedimentation patterns with modelled wave heights: A discussion from the Shetland Isles field laboratory », sur Sedimentology, (ISSN 0037-0746, DOI 10.1111/sed.12643, consulté le ), p. 1344–1353
  5. Bondevik, S., Svendsen, J.I., Mangerud, J., 1997. Tsunami sedimentary facies deposited by the Storegga tsunami in shallow marine basins and coastal lakes, western Norway. Sedimentology 44, 1115–1131.
  6. Dawson, AG, Long, D. and Smith, DE (1988) The Storegga Slides:Evidence from eastern Scotland for a possible tsunami; Mar. Geol, 82, 271-276 (Cité par Bondevik, 1997)
  7. a b c d e f g h i et j NGI (Norges Geotekniske Institutt ; Institut norvégien de géotechnique; qui est un institut privé, nommé "Centre d'excellence" par le Conseil de l'Europe en 2002, dirige l'ICG ; "International Centre for Geohazards" ou « Centre international pour les géorisques" (ICG), Ormen Lange and the Storegga slide (Le gisement gazier d'Ormen Lange et l'effondrement sous-marin du Storegga, consulté 2012-06-12
  8. a b c d e f et g Studerer kvartær - geologisk kjempe ; Nordsjøvifta, présentation du travail universitaire de Karoline Wallsten (avec carte), 4 novembre 2011
  9. Wagner, Bernd, Ole Bennike, Martin Klug, and Holger Cremer (2007), First indication of Storegga tsunami deposits from East Greenland, J Quaternary Sci, 22(4), 321.Résumé
  10. a et b (en) Stein Bondevik, John Inge Svendsen, Geir Johnsen et Jan Mangerud, « The Storegga tsunami along the Norwegian coast, its age and run up », Boreas, vol. 26, no 1,‎ , p. 29–53 (DOI 10.1111/j.1502-3885.1997.tb00649.x, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) C.B. Harbitz, « Model simulations of tsunamis generated by the Storegga Slides », Marine Geology, vol. 105, nos 1-4,‎ , p. 1–21 (DOI 10.1016/0025-3227(92)90178-K, lire en ligne, consulté le )
  12. Stein Bondevik, Finn Løvholt, Carl Harbitz et Jan Mangerud, « The Storegga Slide tsunami—comparing field observations with numerical simulations », Marine and Petroleum Geology, vol. 22, nos 1-2,‎ , p. 195–208 (ISSN 0264-8172, DOI 10.1016/j.marpetgeo.2004.10.003, lire en ligne, consulté le )
  13. Finn Løvholt, Carl B. Harbitz et Kjetil B. Haugen, « A parametric study of tsunamis generated by submarine slides in the Ormen Lange/Storegga area off western Norway », Marine and Petroleum Geology, vol. 22, nos 1-2,‎ , p. 219–231 (ISSN 0264-8172, DOI 10.1016/j.marpetgeo.2004.10.017, lire en ligne, consulté le )
  14. Jon Hill, Gareth S. Collins, Alexandros Avdis et Stephan C. Kramer, « How does multiscale modelling and inclusion of realistic palaeobathymetry affect numerical simulation of the Storegga Slide tsunami? », Ocean Modelling, vol. 83,‎ , p. 11–25 (ISSN 1463-5003, DOI 10.1016/j.ocemod.2014.08.007, lire en ligne, consulté le )
  15. a b et c (en) Jihwan Kim, Finn Løvholt, Dieter Issler et Carl Fredrik Forsberg, « Landslide Material Control on Tsunami Genesis—The Storegga Slide and Tsunami (8,100 Years BP) », Journal of Geophysical Research: Oceans, vol. 124, no 6,‎ , p. 3607–3627 (ISSN 2169-9275 et 2169-9291, DOI 10.1029/2018JC014893, lire en ligne, consulté le )
  16. « En savoir plus sur Jasim Imran via Google Scholar », sur scholar.google.com (consulté le )
  17. (en) Jasim Imran, Gary Parker, Jacques Locat et Homa Lee, « 1D Numerical Model of Muddy Subaqueous and Subaerial Debris Flows », Journal of Hydraulic Engineering, vol. 127, no 11,‎ , p. 959–968 (ISSN 0733-9429 et 1943-7900, DOI 10.1061/(ASCE)0733-9429(2001)127:11(959), lire en ligne, consulté le )
  18. David Mohrig, Chris Ellis, Gary Parker et Kelin X. Whipple, « Hydroplaning of subaqueous debris flows », Geological Society of America Bulletin, vol. 110, no 3,‎ , p. 387–394 (ISSN 0016-7606, DOI 10.1130/0016-7606(1998)110<0387:hosdf>2.3.co;2, <0387:hosdf>2.3.co;2 lire en ligne, consulté le )
  19. David Mohrig, Anders Elverhøi et Gary Parker, « Experiments on the relative mobility of muddy subaqueous and subaerial debris flows, and their capacity to remobilize antecedent deposits », Marine Geology, vol. 154, nos 1-4,‎ , p. 117–129 (ISSN 0025-3227, DOI 10.1016/s0025-3227(98)00107-8, lire en ligne, consulté le )
  20. Bernard Weninger, Rick Schulting, Marcel Bradtmöller, Lee Clare, Mark Collard, Kevan Edinborough, Johanna Hilpert, Olaf Jöris, Marcel Niekus, Eelco J. Rohling, Bernd Wagner, The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga Slide tsunami, UDK 550.344.4(261.26)"633 : Documenta Praehistorica XXXV (2008), PDF, 24 pages ; voir reconstitution des zones à l'époque et des zones touchée (voirfigures 4 et 5) et de l'onde (voire modélisation cartographiée page 15/24)
  21. Stein Bondevik, Finn Løvholt, Carl Harbitz et Jan Mangerud, « The Storegga Slide tsunami—comparing field observations with numerical simulations », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant, Elsevier,‎ , p. 195–208 (lire en ligne, consulté le )
  22. a b et c (en) Petter Bryn, Kjell Berg, Carl F. Forsberg et Anders Solheim, « Explaining the Storegga Slide », Marine and Petroleum Geology, vol. 22, nos 1-2,‎ , p. 11–19 (DOI 10.1016/j.marpetgeo.2004.12.003, lire en ligne, consulté le )
  23. a b et c (en) A. Solheim, K. Berg, C.F Forsberg et P. Bryn, « The Storegga Slide complex: repetitive large scale sliding with similar cause and development », Marine and Petroleum Geology, vol. 22, nos 1-2,‎ , p. 97–107 (DOI 10.1016/j.marpetgeo.2004.10.013, lire en ligne, consulté le )
  24. Jason D. Chaytor, Uri S. ten Brink, Andrew R. Solow et Brian D. Andrews, « Size distribution of submarine landslides along the U.S. Atlantic margin », Marine Geology, vol. 264, nos 1-2,‎ , p. 16–27 (ISSN 0025-3227, DOI 10.1016/j.margeo.2008.08.007, lire en ligne, consulté le )
  25. (en) Jenna C. Hill, Daniel S. Brothers, Bradley K. Craig et Uri S. ten Brink, « Geologic controls on submarine slope failure along the central U.S. Atlantic margin: Insights from the Currituck Slide Complex », Marine Geology, vol. 385,‎ , p. 114–130 (DOI 10.1016/j.margeo.2016.10.007, lire en ligne, consulté le )
  26. Homa J. Lee, « Timing of occurrence of large submarine landslides on the Atlantic Ocean margin », Marine Geology, vol. 264, nos 1-2,‎ , p. 53–64 (ISSN 0025-3227, DOI 10.1016/j.margeo.2008.09.009, lire en ligne, consulté le )
  27. Bondevik, S; Lovholt, F; Harbitz, C; Stormo, S; Skjerdal, G (2006). "The Storegga Slide Tsunami - Deposits, Run-up Heights and Radiocarbon Dating of the 8000-Year-Old Tsunami in the North Atlantic" ; American Geophysical Union meeting.
  28. (en) Henrik Rasmussen, Stein Bondevik et Geoffrey D. Corner, « Holocene relative sea level history and Storegga tsunami run-up in Lyngen, northern Norway : Storegga tsunami run-up, Northern Norway », Journal of Quaternary Science, vol. 33, no 4,‎ , p. 393–408 (DOI 10.1002/jqs.3021, lire en ligne, consulté le )
  29. a b c et d (en) Stein Bondevik, John Inge Svendsen et Jan Mangerud, « Tsunami sedimentary facies deposited by the Storegga tsunami in shallow marine basins and coastal lakes, western Norway », Sedimentology, vol. 44, no 6,‎ , p. 1115–1131 (ISSN 0037-0746 et 1365-3091, DOI 10.1046/j.1365-3091.1997.d01-63.x, lire en ligne, consulté le )
  30. (en) A.J. Faas et Roberto E. Barrios, « Applied Anthropology of Risk, Hazards, and Disasters », Human Organization, vol. 74, no 4,‎ , p. 287–295 (ISSN 1938-3525 et 0018-7259, DOI 10.17730/0018-7259-74.4.287, lire en ligne, consulté le )
  31. Anders Fischer, Coastal fishing in Stone Age Denmark – evidence from below and above the present sea level and from human bones  ; Excerpt from N. Milner, G. Bailey & O. Craig (eds.) Shell middens and coastal resources along the Atlantic facade. Oxford. Oxbow. 2007.
  32. "Doggerland Project", University of Exeter Department of Archaeology
  33. a et b (en) James Walker, Vincent Gaffney, Simon Fitch et Merle Muru, « A great wave: the Storegga tsunami and the end of Doggerland? », Antiquity, vol. 94, no 378,‎ , p. 1409–1425 (ISSN 0003-598X et 1745-1744, DOI 10.15184/aqy.2020.49, lire en ligne, consulté le )
  34. Grauert et al., 2001 M. Grauert, S. Björck and S. Bondevik, Storegga tsunami deposits in a coastal lake on Suderøy, the Faroe Islands, Boreas 30 (2001), p. 263–271.
  35. Marianne Grauert, Svante Björk, Stein Bondevik, Storegga tsunami deposits in a coastal lake on Suðuroy, the Faroe Islands ; En ligne 28 juin 2008 DOI: 10.1111/j.1502-3885.2001.tb01045.x Issue Boreas Boreas Volume 30, Issue 4, pages 263–271, December 2001 (Résumé)
  36. Bennett et al., 1992 K.D. Bennett, S. Boreham, M.J. Sharp and V.R. Switsur, Holocene history of environment, vegetation and human settlement on Catta Ness, Lunnasting, Shetland, Ecology 80 (1992), p. 241–273.Birnie, 1981 Birnie, J., 1981. Environmental changes on Shetland since the end of the last glaciation. Ph. D. Thesis, University of Aberdeen (542pp).
  37. Stein Bondevik, Jan Mangerud, Sue Dawson, Alastair Dawson et Øystein Lohne, Evidence for three North Sea tsunamis at the Shetland Islands between 8000 and 1500 years ago
  38. Bernard Weninger, Rick Schulting, Marcel Bradtmöller, Lee Clare, Mark Collard, Kevan Edinborough, Johanna Hilpert, Olaf Jöris, Marcel Niekus, Eelco J. Rohling, Bernd Wagner, The catastrophic final flooding of Doggerland by the Storegga Slide tsunami, UDK 550.344.4(261.26)"633 : Documenta Praehistorica XXXV (2008), PDF, 24 pages
  39. a b c d e f g h et i J. Mienert, Methane Hydrate and Submarine Slides ; Encyclopedia of Ocean Sciences (Second Édition) ; Pages 790–798 ; En ligne: 2008-12-02 (Résumé)
  40. Keith A. Kvenvolden, Methane hydrate — A major reservoir of carbon in the shallow geosphere ? (les hydrates de méthane, un important réservoir de carbone dans la géosphère peu profonde ? ) ; Chemical Geology, Volume 71, Issues 1–3, 1988-12-15, Pages 41-51
  41. Kayen RE and Lee HJ (1991) Pleistocene slope instability of gas-hydrate laden sediment on the Beaufort Sea margin. Marine Technology 10: 32–40
  42. a b et c David Wiprut et Mark D. Zoback, Fault reactivation and fluid flow along a previously dormant normal fault in the northern North Sea ; (université Stanford), doi: 10.1130/0091-7613(2000) ; 28<595:FRAFFA> ; 2.0.CO;2 v. 28 no. 7 p. 595-598 ; Résumé
  43. De Blasio et al., 2003 F.V. De Blasio, D. Issler, A. Elverhøi, C.B. Harbitz, T. Ilstad, P. Bryn, R. Lien and F. Løvholt, Dynamics, velocity and run-out of the giant Storegga slide. In: J. Locat and J. Mienert, Editors, Submarine Mass Movements and their Consequences. Advances in Natural and Technological Hazards Research Series, Kluwer Academic Publishers, Dordrecht (2003).
  44. PC Marrow, Seismic monitoring of the north sea, Rapport OTH 90 323, préparé par le "Global seismology for Health and safety executive (HSE), Offshore technology, report, PDF, 59 pages, 1991, (ISBN 0-11-885999-4)
  45. A. Solheim, P. Bryn, H.P. Sejrup, J. Mienert, K. Berg, Ormen Lange - an integrated study for the safe development of a deep-water gas field within the Storegga Slide Complex, NE Atlantic continental margin Marine and Petroleum Geology Volume 22, Issues 1–2, January–February 2005, Pages 1–9 ([Résumé])

Voir aussi

Bibliographie

  • (no) Isstrømmer formet sokkelens øverste lag (Nordsjøvifta) GEO octobre 2006, pages 16 à 22.
  • (en) Stein Bondevik, Finn Løvholt, Carl Harbitz, Jan Mangerud, Alastair Dawson, John Inge Svendsen The Storegga slide tsunami—comparing field observations with numerical simulations ; Marine and Petroleum Geology 22 (2005) 195–208, 2005, 14p, - Elsevier
  • (en) Bondevik, S., 2003. Storegga tsunami sand in peat below the Tapes beach ridge at Harøy, western Norway, and its possible relation to an early Stone Age settlement. Boreas 32, 476–483.
  • (en) Bondevik, S., Svendsen, J.I., Johnsen, G., Mangerud, J., Kaland, P.E., 1997a. The Storegga tsunami along the Norwegian coast, its age and run-up. Boreas 26, 29–53.
  • (en) Bondevik, S., Svendsen, J.I., Mangerud, J., 1997. Tsunami sedimentary facies deposited by the Storegga tsunami in shallow marine basins and coastal lakes, western Norway. Sedimentology 44, 1115–1131.
  • (en) Bondevik, S., Svendsen, J.I., Mangerud, J., 1998. Distinction between the Storegga tsunami and the Holocene marine transgression in coastal basin deposits of western Norway. Journal of Quaternary Science 13, 529–537.
  • (en) Bondevik, S., Mangerud, J., Dawson, S., Dawson, A., Lohne, Ø., 2003. Record-breaking height for 8000-year-old tsunami in the North Atlantic. EOS 84, 289, 293.
  • (en) Bondevik, S., Mangerud, J., Dawson, S., Dawson, A., Lohne, Ø. Evidence for three north sea tsunamis at the Shetland Islands between 8000 and 1500 years ago. Quaternary Science Reviews, .
  • (en) Dawson, S., 1999. Flandrian relative sea level changes in northern Scotland. Unpublished PhD Thesis, Coventry University, 360pp.
  • (en) Dawson, A.G., Shi, S., 2000. Tsunami deposits. Pure and Applied Geophysics 157, 875–897.
  • (en) Dawson, S., Smith, D.E., 2000. The sedimentology of mid-Holocene tsunami facies in northern Scotland. Marine Geology 170, 69–79.
  • (en) Dawson, A.G., Long, D., Smith, D.E., 1988. The Storegga Slides: evidence from eastern Scotland for a possible tsunami. Marine Geology 82, 271–276.
  • (en) De Blasio, F., Elverhøi, A., Issler, D., Harbitz, C.B., Bryn, P., Lien, R., 2005. On the dynamics of subaqueous clay rich gravity mass flows—the giant Storegga Slide, Norway. Marine and Petroleum Geology, this issue, doi: 10.1016/j.marpetgeo.2004.10.008.
  • (en) Forsberg, C.F., 2002. Reconstruction of the pre-Storegga slide stratigaphy, Norsk Hydro Report 37-00NH-X15-00040.
  • (en) Grauert, M., Bjo¨rck, S., Bondevik, S., 2001. Storegga tsunami deposits in a coastal lake on Suderøy, the Faroe Islands. Boreas 30, 263–271.
  • (en) Haflidason, H., Lien, R., Sejrup, H.P., Forsberg, C.F., Bryn, P., 2005. The dating and morphometry of the Storegga Slide. Marine and Petroleum Geology (lien payant).
  • (en) Harbitz, C.B., 1992. Model simulation of tsunamis generated by the Storegga Slides. Marine Geology 105, 1–21.
  • (en) Haugen, K.B., Løvholt, F., Harbitz, C.B., 2005. Fundamental mechanisms for tsunami generation by submarine mass flows in idealised geometries. Marine and Petroleum Geology, this issue, doi:10.1016/j.marpetgeo.2004.10.016.
  • (en) Kvalstad, T.J. Andresen, L., Forsberg, C.F., Berg, K., Bryn, P., Wangen, M., 2005. The Storegga Slide: evaluation of triggering sources and slide mechanics. Marine and Petroleum Geology, this issue, doi: 10.1016/j.marpetgeo.2004.10.019.
  • (en) Lambeck, K., 1993. Glacial rebound of the British Isles-I. Preliminary model results. Geophysical Journal International 115, 941–959.
  • (en) Long, D., Smith, D.E., Dawson, A.G., 1989. A Holocene tsunami deposit in eastern Scotland. Journal of Quaternary Science 4, 61–66.
  • (en) Løvholt, F., Harbitz, C.B., Braaten-Haugen, K., 2005. A parametric study of tsunamis generated by submarine slides in theOrmen Lange/Storegga area off western Norway. Marine and Petroleum Geology, this issue, doi: 10.1016/j.marpetgeo.2004.10.017.

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes