Plateau de Mouthoumet

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Plateau de Mouthoumet
Le massif de Mouthoumet (no 8), carte de 1897.
Le massif de Mouthoumet (no 8), carte de 1897.
Géographie
Altitude 924 m, Sans nom[1]
Massif Massif des Corbières
Longueur 45 km
Largeur 12 km
Superficie 418 km2
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Département Aude
Géologie
Âge Ordovicien (~485 Ma) à Carbonifère (~299 Ma)
Roches Schistes, calcaires, dolomie

Le plateau de Mouthoumet est un massif paléozoïque situé au centre du massif des Corbières, dans le département de l'Aude.

Géographie[modifier | modifier le code]

Situation, limites[modifier | modifier le code]

Le massif de Mouthoumet encadre le village. Vue depuis l'ouest.

Le Mouthoumet est à mi-distance de la montagne Noire au nord et de la zone axiale des Pyrénées au sud[2].

Il s'allonge dans le sens est-ouest, mais il est divisé vers l'ouest en deux longues branches (l'ensemble formant comme une pince de crabe)[3],[4] qui se séparent au village de Mouthoumet[5]. La branche nord (dite aussi branche d'Alet[6]) va jusqu'à l'Aude vers Alet-les-Bains ; la branche sud (dite aussi branche de Cardou[6]) va jusqu'à Montferrand, 1,2 km au nord-est de Rennes-les-Bains[3],[5],[n 1]. Les villages de Peyrolles, Serres, Arques et Albières ne participent pas du Mouthoumet mais se trouvent entre ses deux grandes branches vers l'ouest ; des parties de leurs communes sont cependant incluses dans le massif[5].

À l'est, le Mouthoumet s'étend jusqu'à Saint-Jean-de-Barrou. Sa plus grande longueur est d'environ 45 km[3],[5],[n 2].

Son point le plus au nord est entre Caunette-sur-Lauquet et Belcastel-et-Buc. Son point le plus au sud est approximativement au col de Recoulade (commune d'Auriac). Sa largeur moyenne approximative est de 12 km[5].

Sa surface totale avoisine les 418 km2[5],[6].

Topographie[modifier | modifier le code]

Le point culminant est à 924 m d'altitude au bois d'Ournes, sur la commune de Valmigère à 2,4 km à l'est-nord-est du bourg[1].

Hydrographie[modifier | modifier le code]

L'Orbieu, affluent du fleuve Aude en rive droite, prend source sur la commune de Fourtou et s'écoule vers le nord pour son parcours dans le massif ; les gorges de l'Orbieu traversent la branche nord. Le Sou, affluent de l'Orbieu, a creusé les gorges de Terminet au nord de Termes près de la limite nord du massif[5].

Le massif du Mouthoumet comprend trois principales sorties d'eau : les sources ou groupe de sources du système d'Alet, du système de Montjoi et du système de Termes[6].

Deux ensembles de travertin permettent l'existence de deux sources thermales : les sources captées de l'Adoux à Termes et de Montjoi[7].

Au sud-est et à l'est, le chevauchement de la nappe mésozoïque des Corbières forme une limite étanche ; de même le front nord pyrénéen au sud[6].

Géologie[modifier | modifier le code]

Le massif de Mouthoumet s'est formé lors de l'orogénèse varisque au Namuro-Westphalien (~325 Ma à 298,9 ± 0,15 Ma), deux subdivisions du Carbonifère (la 5e des 6 périodes du Paléozoïque, ou ère primaire)[2]. Le massif hercynien du Paléozoïque est érodé il y a environ 245 Ma, ne laissant que son socle fait de granites et roches métamorphiques. Ce socle est recouvert au Mésozoïque (ou ère secondaire, environ −245 à −65 Ma) au niveau des Pyrénées par la mer, qui y dépose des couches épaisses de sédiments calcaires, marneux et argileux pendant plus de 100 Ma[8]. Au Crétacé supérieur (fin du Mésozoïque), la limite sud du massif de Mouthoumet forme le littoral de l'océan[9].

En arrière-plan, les Pyrénées vues depuis Mouthoumet.

Puis les Pyrénées s'élèvent et se plissent à l'ère tertiaire (−65 à −1,65 Ma), rehaussant ainsi le socle tout en le fracturant. En altitude, la couverture sédimentaire est érodée et les blocs granitiques sont remis au jour. Plus bas, sur le plateau de Sault et les Corbières, les sédiments subsistent[8].

Mais le massif de Mouthoumet, massif paléozoïque au centre de la nappe des Corbières, est une anomalie : il fait partie du socle de la zone sous-pyrénéenne[10] et fait apparaître en surface les calcaires, dolomies et schistes du massif ancien[8].

Il fait partie des zones externes méridionales de l'orogénèse varisque d'Europe occidentale, comme démontré par ses successions lithologiques allant de l'Ordovicien au Carbonifère ; et participe donc du même principe de formation que le flanc sud de la montagne Noire (la pointe sud du Massif central), et que les unités des Pyrénées orientales (massif de l'Agly et zone axiale à l'est de l'Aube)[2].

Sa structure est découpée par des failles relativement récentes. La moitié est du massif est formée d'un allochtone[n 3] découpé en plusieurs nappes ; sa moitié ouest est composée d'un autochtone[n 3] relatif[2].

À l'ouest, la branche d'Alet et celle de Cardou sont séparées par le synclinal de Couiza-Arques, au substrat méso-cénozoïque (Crétacé supérieur, Paléocène et Éocène inférieur) ; les formations du Carbonifère et du Dévonien du Mouthoumet sont recouvertes par ces substrats du Tertiaire.

Au sud-ouest, le Paléozoïque est recouvert de couches constituées principalement au Crétacé supérieur, et au Trias en plus faible proportion[6].

La limite est et sud-est est marquée par le chevauchement de la nappe mésozoïque des Corbières[6], continuation du front du chevauchement frontal nord-pyrénéen[n 4] qui forme la limite nord du massif Fanges - Roc Paradet plus au sud-ouest[3],[5].

La grande faille qui marque la limite nord du Mouthoumet le sépare du synclinorium de Carcassonne avec son remplissage paléocène-éocène. C'est la « faille de Villerouge » ou « faille Nord-Mouthoumet »[5],[11].

Climat[modifier | modifier le code]

Le massif a un climat méditerranéen sec en été, mais sa partie ouest est marquée par une influence océanique. Le pic de Bugarach au sud et le Milobre de Bouisse au nord influent considérablement sur le climat local et notamment sur la pluviométrie : cette dernière est nettement plus élevée dans la zone entre ces deux hauteurs alors qu'elle diminue vers l'est et vers l'ouest. Ainsi la pluviométrie à Bouisse dépasse une moyenne de 1 200 mm et Bugarach reçoit plus de 1 000 mm ; mais à Alet elle n’atteint qu’un peu plus de 650 mm[6].

Flore[modifier | modifier le code]

Les schistes retiennent mieux l'humidité que les calcaires et permettent l'installation de maquis à la végétation plus luxuriante que les garrigues des sols calcaires[8].

Démographie[modifier | modifier le code]

La population est peu nombreuse et très dispersée[6].

Voies de communication[modifier | modifier le code]

Aucun grand axe de communication ne traverse le territoire[6]. On peut mentionner :

la D611 qui relie Tuchan, Villeneuve-les-Corbières et Durban-Corbières ; la D205 qui relie Villeneuve-les-Corbières, Embres-et-Castelmaure et Saint-Jean-de-Barrou ; et la D27 qui relie Saint-Jean-de-Barrou et Durban-Corbières[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

Économie[modifier | modifier le code]

Selon l'agence Eaufrance - Rhone-Méditerranée, l'agriculture est dominée à l'ouest par l'élevage extensif et l'exploitation forestière, et à l'est par la viticulture[6], mais la forêt tient malgré tout la plus large part dans la partie est du massif[5].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Aunay et al. 2002] B. Aunay, P. Le Strat, J.-P. Aguilar, H. Camus, G. Clauzon et N. Dörfliger, « Introduction à la géologie du karst des Corbières » [PDF], étude réalisée dans le cadre du projet Corbières et du module de projet de recherche 02EAUR01 « Structure et fonctionnement des systèmes karstiques » (rapport BRGM/ RP-51595-FR), 80 p., sur infoterre.brgm.fr, BRGM, (consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Berger et al. 1997] G.M. Berger, B. Alabouvette, G. Bessière, M. Bilotte, B. Crochet, M. Dubar, J.P. Marchal, Y. Tambareau, J. Villatte et P. Viallard, Notice explicative de la carte géologique à 1/50000, feuille Tuchan (1078), Orléans, éd. du BRGM, , 115 p. (ISBN 2-7159-2078-4, lire en ligne [PDF] sur ficheinfoterre.brgm.fr). Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les deux branches côté ouest :
    • à partir de Mouthoumet, la branche nord s'étend jusqu'à l'Aude vers Alet-les-Bains en suivant à peu près le ruisseau de Pancrasse sur quelque 3 km, passe au col du Ramier, Fougadous, la Buffatière, le Rec d'Aze, Roubetou, la Frau Haute, Terroles et Véraza. Le côté nord de cette pointe est marqué par une longue faille et commence vers la Métairie Blanche (2,3 km au nord d'Alet) ; vers l'est, cette faille passe par le village d'Arce (de l'ancienne commune de Vendémies), la ferme de Belcastel (sur Belcastel-et-Buc), Crabides, borde l'ouest et le nord de la Serre de la Mourrude, passe à la Caunette Basse, la Caunette Haute, col de la Louviero, Lairière, Moulin de Laurede, la Bordette, et rejoint l'Orbieu vers Castillatou (commune de Vignevieille)[3],[5].
    Outre les lieux déjà cités, cette branche nord inclut les communes de Missègre, Villardebelle, Valmigère, Bouisse, Caunette-sur-Lauquet, Montjoi, Lanet et Salza[5] ;
    • quant à la branche sud, sa bordure suit une faille qui part du sud de Mouthoumet pour rejoindre Auriac, puis se dirige vers Bonaparte, Saint-Just, Cachigné (hameaux au sud-ouest d'Albières) et Barthès (lieu-dit de la même commune), et la Serre Guilhem (722 m d'alt., sur Arques et Rennes-les-Bains) ; cette branche continue vers l'ouest en incluant les flancs sud du Berco Petito (768 m d'alt.) et du Berco Grando (761 m d'alt.), le pic de Bidobre (705 m d'alt.), le col dal Pastre (662 m d'alt.) et le quart sud-est du Pech Cardou (795 m d'alt., sud-est de Serres). Elle va jusqu'au hameau de Montferrand, 1,2 km au nord-est de Rennes-les-Bains. Puis elle repart vers l'est par le col d'al Bouich, le Plégadou (3 km de Rennes-les-Bains), les Bernous (nord-est de Sougraigne), Mandrau, la Brugo (900 m nord de Fourtou), le col de Redoulade (sud d'Auriac), le col des Lus (sud-est de Massac).
    Outre les lieux déjà cités, cette branche sud inclut aussi le sud-ouest de la commune de Laroque-de-Fa[3],[5].
  2. Partie est du Mouthoumet :
    Au nord-est, le Mouthoumet va jusqu'au château de Durfort (sur Vignevieille) et, à partir de Creuille (2,2 km nord-est de Termes) sa bordure suit une longue ligne de failles passant sur le côté nord des gorges de Terminet, du Pech Sec et du Pech Touliza (au nord de Villerouge-Termenès), longe la Serre de Trébiac, suit la D40 de la Serre de l'Argentière (en partie sur Talairan) jusqu'au chemin des Chats (non inclus, 3 km à l'est d'Albas), passe sur les flancs nord du Bouichas et de la Roque Miquel puis à 500 m au sud d'Albas, traverse le nord de la commune de Cascastel-des-Corbières, ensuite à 1 km au sud-ouest de Durban-Corbières et rejoint Saint-Jean-de-Barrou. Une pointe descend au sud-est par Embres-et-Castelmaure jusqu'à Tuchan. Sa limite sud remonte jusqu'au Pech de la Lloufe (sur Palairac) pour contourner la montagne du Tauch par le nord, puis redescend vers le sud-ouest jusqu'au Torgan (rivière) sur Dernacueillette pour inclure le roc de l'Escriban (sur Maisons) et le Sarrat du Bosc (sur Dernacueillette). Le Torgan marque la limite sud jusqu'à sa source au col des Lus sur Massac.
    Outre les lieux déjà cités, cette partie est du Mouthoumet inclut Villeneuve-les-Corbières, Quintillan, Félines-Termenès, Davejan et Laroque-de-Fa[3],[5].
  3. a et b En géologie, allochtone qualifie des terrains qui ont été charriés et qui en recouvrent d'autres pouvant être plus récents, dits autochtones.
  4. Le chevauchement nord-pyrénéen est marqué sur la carte géologique par une ligne discontinue de tirets portant chacun un triangle, avec les triangles orientés vers le sud.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Hauteur de 924 m d'altitude au bois d'Ournes » sur Géoportail.
  2. a b c et d Aunay et al. 2002, p. 13.
  3. a b c d e f et g Bernard Ournie, « Présentation spéléologique du massif des Fanges et du chaînon du Roc Paradet (Fenouillèdes, Aude et Pyrénées Orientales) », Karstologia, no 10 « La table ronde franco-polonaise (1-8 juin 1987) »,‎ , p. 1-6 (lire en ligne [sur persee.fr], consulté le ), carte p. 1 indiquant l'étendue du massif de Mouthoumet.
  4. Berger et al. 1997, Carte géologique générale du massif du Mouthoumet p. 76.
  5. a b c d e f g h i j k l m n et o « Le Mouthoumet, carte géologique interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes géologiques » et « Cartes IGN » activées.
  6. a b c d e f g h i j et k Calcaires dévoniens, formations carbonifères et schistes du massif du Mouthoumet.
  7. Aunay et al. 2002, p. 35.
  8. a b c et d « Les paysages et la géologie » [PDF], Les fondements des paysages de l'Aude, sur paysages.languedoc-roussillon.developpement-durable.gouv.fr, Dreal Languedoc-Roussillon et Agence Folléa-Gautier (paysagistes-urbanistes) (consulté le ).
  9. Michel Bilotte, « Le massif de Mouthoumet au Crétacé supérieur : de la plateforme externe au talus de resédimentation » [PDF], Permanence, au Crétacé supérieur, de la position de la limite plate-forme/bassin dans la zone sous-pyrénéenne orientale (Aude, France). Implications géodynamiques, sur sesa-aude.fr, (consulté le ). Voir aussi la page de présentation.
  10. Berger et al. 1997, p. 22.
  11. M. Durand-Delga et A. Charrière, « Tectonique tangentielle fini-crétacée au front NE du massif de Mouthoumet (Pinède de Durban - Serre de Ginoufré, Corbières, Aude) », Géologie de la France, no 2,‎ , p. 25-48 (résumé, lire en ligne [PDF] sur geolfrance.brgm.fr, consulté le ), p. 26.