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Utilisateur:Marina Struillou/Brouillon

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Les parchemins étaient trempés dans du lait pendant toute une nuit, pour être ensuite effacés à la pierre ponce et blanchi à la craie[1].

Certains manuscrits pouvaient être entièrement palimpseste (Vatican, Regina Latin 2077[2]), et d'autres juste complétés avec des feuillets palimpsestes. La plupart du temps les feuillets venaient d'un seul et même ouvrage ancien. Au XIVe et au XVe siècle des parchemins palimpsestes pouvaient aussi être utilisé pour consolider la couture des codex[3].

Les parchemins palimpsestes étaient utilisés de différentes façons[4] :

  • en conservant le format d'origine, en réécrivant par-dessus en parallèle (parfois à l'envers)
  • en le transformant en bi-folio, en réécrivant par-dessus à la perpendiculaire.
    Réécriture à la perpendiculaire
Réécriture en parallèle

Parfois les palimpsestes mélangeaient plusieurs langues : du latin pouvait recouvrir un texte non-latin ou l'inverse.

Il faut néanmoins relativiser le nombre de palimpsestes au Moyen-Âge, ils ne représentaient qu'un faible pourcentage de la production de manuscrit. On peut découper trois périodes différentes entre le VIe et le XVe siècle[5] :

  • Du VIe au Xe siècle on recense environs quatre-vingt manuscrits palimpsestes. Ce chiffre relativement élevé correspond à une pénurie de parchemin. La plupart des feuillets effacés provenaient de textes bibliques ou patristiques, mais aussi d'auteurs classiques de l'Antiquité.
  • Du XIe au XIIIe siècle la production de parchemin et le besoin en nouveaux manuscrits s'équilibre. On compte à peu près 50 fragments palimpsestes provenant principalement de textes bibliques et médiévaux.
  • La période du XIVe au XVe siècle est marquée par un déséquilibre entre la production et la demande, surtout en Italie. Celui-ci est causé par l'arrivé du courant Humaniste, marqué par un fort engouement pour les auteurs classiques et le développement des universités. Le nombre d'étudiants et de bibliophiles augmentent considérablement, et le parchemin neuf reste un produit de luxe. Pour étudier, le palimpseste est la solution la plus économique. La plupart des feuillets récupérés à cette époque provenaient de documents d'archives plus anciens (ce qui permet une datation assez précises des manuscrits d'origine).

Conséquences

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Et en effet beaucoup d'ouvrages anciens nous sont parvenus uniquement sous la forme de palimpsestes[6], grâce à ces techniques.

Techniques de restauration

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Les plus anciens procédés pour révéler les écritures cachés datent du début du XIXe siècle. Étant essentiellement d'origine chimique, ces méthodes étaient très nocives pour les parchemins fragiles. Certains documents ont été durcis, teintés, et même parfois rendus illisible. Parmi les utilisés ont peut citer la teinture de galle et le bisulfite d'ammonium.

En 1903 Robert William Wood invente la lampe de Wood, une lampe électrique qui émet des radiations ultra-violettes. Cet outil permet encore aujourd'hui aux chercheurs de pouvoir déchiffrer des textes invisibles à la lumière naturelle, sans endommager les documents. Les innovations technologiques autour de la numérisation sont aussi très précieuses pour déchiffrer les palimpsestes. Par exemple l'utilisation de capteur multispectral, qui surexpose les photographies dans différent spectres lumineux, permet d'augmenter les contrastes de l'encre effacée, invisible à l’œil nu. Cette technique a notamment été utilisée par les chercheurs du Rochester Institute of Technology et de la John Hopkins University pour déchiffrer à près de 80% le Palimpseste d'Archimède.

Le palimpseste dans d'autres domaines

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Architecture

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Parchemins avec les plusieurs phases du projet de Bramante pour La Basilique Saint-Pierre

Le principe de palimpseste peut s'appliquer à l'architecture, de part les modifications que le temps peut apporter aux bâtiments. Ils peuvent changer de fonction, d'usage, de style au fil des années. La Basilique Saint-Pierre du Vatican en est un des meilleurs exemple. Elle a été construite entre 1506 et 1626 sur les ruines d'une ancienne basilique constantinienne, et se caractérise par les changements profonds et radicaux apportés par les différents architectes en charge du projet tout au long de la construction.

Archéologie

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En archéologie un palimpseste correspond a un dépôt qui présente un mélange de strates, empêchant les archéologues de savoir quelles sont les couches supérieures et inférieures.

En géologie, le palimpseste est une structure géologique qui a été modifiée soudainement (par rapport au temps géologique) et qui est se superpose clairement au modèle d'origine.

Archéologie égyptienne

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Palimpseste des cartouches de Séthi Ier et Ramsès II

En 2016 une équipe archéologique allemande a découvert des blocs d'un ancien temple égyptien comportant des traces de représentation grattées de la reine Hatchepsout[7]. Faisant partie des rares femmes a avoir atteint le rang de pharaon, on ne connaît malheureusement que peu de choses de son règne. En effet la quasi-totalité de ses cartouches ont été détruits et les représentations de son visage remplacées par celui de son mari décédé. L'analyse du palimpseste en archéologie égyptienne peut donc révéler beaucoup d'informations.

Cette pratique a aussi entretenu certaines théories ufologues, notamment le cas des Hiéroglyphes d'Abydos, dans le temple de Séthi Ier à Abydos. Les palimpsestes des cartouches de Séthi Ier et de son fils Ramsès II ressemblent par paréidolie à un hélicoptère, un char d'assaut et à des aéronefs[8].

Liens externes

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Bibliographie

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  1. Pascal Fulacher, Six siècles d'art du livre - De l'incunable au livre d'artiste, Éditions Citadelles et Mazenod,
  2. Jean Glenisson, Le livre au Moyen-Âge, Éditions Brepolo,
  3. Jean Glenisson, Le livre au Moyen-Âge, Éditions Brepolo,
  4. Jean Glenisson, Le livre au Moyen-Âge, Éditions Brepolo,
  5. Jean Glenisson, Le livre au Moyen-Âge, Éditions Brepolo,
  6. The most accessible overviews of the transmission of texts through the cultural bottleneck are Leighton D. Reynolds (editor), in Texts and Transmission: A Survey of the Latin Classics, where the texts that survived, fortuitously, only in palimpsest may be enumerated, and in his general introduction to textual transmission, Scribes and Scholars: A Guide to the Transmission of Greek and Latin Literature (with N.G. Wilson).
  7. « Des archéologues découvrent des traces rares d'Hatchepsout, première femme pharaon d'Egypte »
  8. « Etonnants glyphes d’Abydos »
  9. (en) « Petroglyphs of Arpa-Uzen », sur whc.unesco.org