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Jean-Baptiste Larrivé[modifier | modifier le code]

Jean-Baptiste Larrivé, né le 28 décembre 1875 à Lyon et mort dans la même ville le 20 mars 1928, est un sculpteur français, lauréat du prix de Rome en 1904.

Biographie[modifier | modifier le code]

Larrivé est élève de l’École des beaux-arts de Lyon de 1890 à 1896. En 1896-1897 il obtient le prix de Paris pour son œuvre Lycurgue présente l'héritier du trône aux Lacédémoniens. En 1897 il est admis à l'Ecole des beaux-arts de Paris. Il entre en loge en 1900, obtient en 1901 un premier second prix de Rome avant de remporter le premier grand prix de Rome en 1904 pour Saint Jean-Baptiste dans le désert[1]. Cette œuvre témoigne de l'ascendance d' Auguste Rodin sur les travaux de jeunesse de ce sculpteur. De 1905 à 1910, il séjourne à la Villa Médicis sous le directorat d'Eugène Guillaume.[2]

Entre 1918 et 1919, l’artiste modèle une importante suite de bas-reliefs pour l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, dont La Vaccination atypique et Le Soldat aveugle sous les lauriers, avant de mettre un temps sa finesse d’observation au service de la réfection des visages défigurés des Gueules cassées. Après sa démobilisation, Larrivé devient directeur de l’École des beaux-arts de Lyon, fonction qu’il assure jusqu’à sa mort en 1927.

Larrivé au long de sa carrière fait des projets en collaborations avec des architectes. En 1901, il conçoit avec le céramiste Alexandre Bigot le portail parisien du n° 29 avenue Rapp, dans le 7e arrondissement de Paris, pour l'architecte Jules Lavirotte. A son retour à Lyon, il travaille pour de nombreux projets avec l'architecte Tony Garnier. C'est notamment avec lui qu'il réalise de nombreux monuments aux morts.

Il reçoit également des commandes en collaboration avec l' architecte Louis Sainte Marie Perrin et son fils Antoine, notamment pour la basilique de Fourvière.

Larrivé impulse à ses figures poésie et sensualité, qu’il s’agisse du Derviche tournant (bronze) du Fellah, sa femme et l’âne (bronze), de la Vierge au châle (bronze, collection particulière) ou encore de Jeanne d’Arc sur le bûcher (pierre, collection particulière) dont il isole le seul visage afin de saisir l’extase de la sainte dont les chairs se consument. Parmi les œuvres conservées dans les collections du musée des beaux-arts de Lyon, on relève en particulier — outre le Jeune AthlèteLa Lutte de Jacob et de l’ange (plâtre, 1920), les marmousets des Galeries Lafayette (Brumaire, Frimaire, Nivôse, Vendémiaire, plâtre, 1928), Tête de jeune garçon (bronze) ainsi que l’énigmatique et sensuel Masque de femme (bronze) acquis à la vente posthume de l’artiste en 1928.

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en mai 1926[3].

Jean-Baptiste Larrivé est mort à Lyon le 20 mars 1928. Il est enterré au cimetière de Loyasse.

Une rue de Lyon, dans le 3e arrondissement, porte son nom[4].

Son œuvre[modifier | modifier le code]

Travail d'enseignant-directeur[5][modifier | modifier le code]

Larrivé succède à Nicolas Sicard et devient directeur de l'Ecole des beaux-arts après sa démobilisation. Il administre l'institution avec bienveillance et d'après Jules Armbruster, l'auteur des fresques "antiques" du patio de la Villa Garnier à Saint-Rambert, il est paternel avec les élèves. Larrivé descend d'une famille de carrier de Montalieu, ce qui fait qu'il s'initie tôt à la taille de la pierre, qu'il travaille tout au long de sa carrière avec souplesse. Dès sa nomination en tant que directeur, il obtient la création d'un cours de taille directe, ce qui permet de former "des artistes capables d'exécuter eux-même leurs travaux." Pour lui, "un sculpteur {se doit de} connaitre la mise au point au compas, qui permet d'apprendre par le volume"[6]

Ce cours de sculpture est créé par l'arrêté municipal du 16 juillet 1919. Larrivé écrit à Edouard Herriot, maire de la ville de Lyon de 1905 à 1940, que la création de ce cours est "absolument nécessaire, en même temps qu'elle permettra aux jeunes gens de se familiariser avec la partie technique de la profession qui présente le plus de difficultés, elle facilitera, à la sortie de l'Ecole, les moyens de gagner leur vie."[7]

Larrivé est soucieux de la formation donnée aux étudiants mais encore plus de leur insertion professionnelle. Etant conscient des bouleversements qui interviennent dans l'exercice des professions artistiques, Larrivé ouvre l'Ecole des beaux-arts au besoins de l'industrie et du commerce, notamment en matière d'arts appliqués afin de favoriser de futures collaborations entre différents artistes. Il fait créer un cours supérieur de décoration en 1921 afin de développer l'étude des arts décoratifs, notamment avec des applications pratiques. "Les élèves sont amenés progressivement à tenir compte des nécessités imposées par telle matière et de la destination des divers objets dont ils ont à composer les cartons"[8] Il fait venir également en 1925 le peintre Costin Petresco, professeur à l'Ecole des beaux-arts de Bucarest pour donner une suite de cours sur la fresque, ce qui permet de mettre "à disposition les moyens de reprendre cette tradition de la peinture murale qui peut donner lieux aux plus heureuses applications en un temps où le ciment est devenu la matière préférée de l'architecture"[9]

Ce souci de développer un enseignement artistique adapté aux réalités professionnelles plait puisque le conseil d'administration de l'Ecole mentionne dans un compte rendu en 1926 que "Monsieur Larrivé a rajeuni cet établissement par des méthodes libres et hardies, un sens plus profond des nécessités modernes."[10]

Un travail de collaboration artistique[modifier | modifier le code]

Larrivé travaille avec des architectes dans de nombreux projets. Le portail du 29 avenue Rapp, dans le 7e arrondissement de Paris, est la première collaboration qu'il conçoit avec un architecte de renom, Jules Lavirotte, pour Alexandre Bigot.

Les monuments aux morts[modifier | modifier le code][modifier | modifier le code]

Larrivé réalise de nombreuses parties sculptées pour des monuments aux morts, en collaboration avec des architectes. C'est le cas par exemple pour le Monument aux morts de Chabeuil : réalisé en collaboration avec les architectes Henri Joulie et Joseph Bissuel. Ce monument est inauguré en décembre 1921 et inséré dans une porte médiévale. Larrivé en exécute un autre exemplaire pour la commune de Montalieu-Vercieu en Isère6

En 1920, la municipalité de Lyon organise un concours en vue de la construction d'un monument aux morts pour honorer le sacrifice des morts pour la France durant la première guerre mondiale.. La seule contrainte imposée est de prévoir assez d'espace pour l'inscription de la liste des victimes. C'est le Monument aux morts de l'île du Souvenir proposé par Tony Garnier qui remporte le concours. Pour les sculptures, Larrivé travaille pour ce projet avec deux autres sculpteurs, Louis Bertola et Cl. Grande qui se chargent des bas-reliefs, tandis que Larrivé se concentre sur le cénotaphe. Le cénotaphe est constitué d'une pièce principale représentant six porteurs d'une dalle funéraire enveloppée d'un linceul, donnant ainsi tout son sens à cette sculpture en hommage aux 10 600 Lyonnais, morts au combat pour la France. À la suite du décès prématuré de Jean Larrivé, c’est son frère Auguste qui achève le monument et qui prend la direction des parties sculptées7.

Une relation majeure avec l'architecte Tony Garnier[modifier | modifier le code]

Tony Garnier insère de nombreuses œuvres de Larrivé dans sa production graphique, à l'exemple de la Beigneuse assise[11] qui fait l'objet d'un projet de fontaine dans Une cité industrielle (pl.82) et qui figure sur une vue de la façade principale de l'Hôtel de Ville de Boulogne-Billancourt.[12] Garnier possède les modèles des statues encadrant le buste d'Edouard Aynard : Apollon à la cithare et Pallas Athénée. En effet, ces deux œuvres sont prêtées par Garnier à l'exposition retrospective Jean Larrivé en 1929. Pour le buste Jeune romain (collection particulière), Garnier dessine le socle avec un équilibre formel d'une grande perfection, ce qui montre bien le lien fort entre Garnier et Larrivé.

L'Artiste se ceignant le front, qu'on retrouve dans le jardin du Musée des Beaux-Arts de Lyon, est identifiable sur plusieurs clichés photographiques et est plusieurs fois reproduit dans des dessins de l'architecte. L'œuvre originale en marbre, qui compte pour un des chefs-d'oeuvre du sculpteur est présentée à la Royal Scottish Academy d'Edimbourg en 1911 et est acquise par la suite par la Scottish National Gallery of Modern Art.  

Garnier commande à Larrivé une statue de sa femme, Baigneuse après le bain, (Lyon, collection particulière) qu'il place dans le patio de sa villa au dessus d'une fontaine, dans un dialogue avec l'Athlète se ceignant le front, situé à proximité immédiate. Larrivé modèle également d'autres sculptures pour la villa de l'architecte, comme le Fellah, sa femme et l'âne, Le Derviche tournant et l'Ephèbe proconsulaire, toutes trois de localisation inconnue. [13]

Art religieux[modifier | modifier le code]

Un art religieux[modifier | modifier le code][modifier | modifier le code]

Larrivé reçoit de nombreuses commandes notamment grâce à la collaboration avec les architectes Louis Sainte-Marie Pettin et son fils Antoine.

Larrivé se voit confier les décors de l'église du Saint-Sacrement à Lyon, et le retable de l'Annonciation de la basilique de Fourvière, qui ne sera exécuté qu'en 1922 par Louis Castex.

L'artiste sculpte deux groupes de sculptures pour la tour Nord, la tour de Force, qui sont mis en place en 1919, qui sont L'Ange du silence et la Lutte de Jacob et de l'Ange. Le Musée des Beaux-Arts de Lyon a une maquette de la Lutte de Jacob contre l'Ange. Cette maquette préparatoire a quelques différences avec l'original : on voit mieux la main de Jacob tenant le caillou mais moins les ailes, alors que dans celle de Fourvière, le pennage des ailes continue les courbes des végétaux et que l'aile gauche s'insère sous la tige du rinceau. 12

Larrivé réalise à Rome les bustes en marbre de Pie X et du cardinal Merry del Val, avant de se voir confier les décors de l’église du Saint-Sacrement de Lyon, et le retable de l’Annonciation de la basilique de Fourvière qui ne sera exécuté qu’en 1922 par Castex. Outre le retable de la Visitation[14] à Fourvière, Larrivé réserve ses meilleurs morceaux pour la tour de la Force de cette basilique, qu’il s’agisse de La Lutte de Jacob et de l’ange (1919) ou de L’Ange du silence (1920-1921). Il lui revient encore de signer la chaire de la basilique de Fourvière en 1924, achevée en 1933 par Bertola.

  1. Plâtre, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts.
  2. Claire Barbillon, Sculptures du XVIIe au XXe siècle : Musée des Beaux-Arts de Lyon, Paris, Somogy éditions d'art, 2017, p376
  3. « Cote LH/1487/23 » [archive], base Léonore, ministère français de la Culture.
  4. lesruesdelyon.hautetfort.com [archive].
  5. Philippe Dufieux, Sculpteurs et architectes à Lyon (1910-1960) de Tony Garnier à Louis Berola, Lyon, éditions mémoire active, (ISBN 2-908185-61-X), pp 30-32
  6. archives de l'Ecole des beaux-arts de Lyon, compte-rendu du conseil d'administration, 13 janvier 1919
  7. archives municipales de Lyon, 84 WP 19, lettre de Larrivé à Herriot, janvier 1919
  8. Administration municipale de la Ville de Lyon, Documents relatifs au projet de budget de 1910, rapport présenté au Conseil municipal par le maire de la ville de Lyon, Lyon, 1922, p.168
  9. Archives de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon, compte rendu du conseil d'administration, 9 février 1925
  10. Archives de l'Ecole des Beaux-Arts de Lyon, compte-rendu du conseil d'administration, 28 juin 1926
  11. marbre, vers 1913, Le Barcarès, Hôtel de Ville
  12. Tony Garnier, Projet pour l'hôtel de ville de Boulogne-Billancourt, encre et lavis sur papier, signé et daté en bas à droite, 28/02/1930, Lyon, Musée des Beaux-Arts (inv. 1952-45)
  13. Philippe Dufieux, Sculpteurs et architectes à Lyon (1910-1960). De Tony Garnier à Louis Bertola, Lyon, Mémoire active, 2008, 141 p.
  14. 1914, marbre, Lyon, basilique de Fourvière.