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Arts martiaux vietnamiens : Histoire française.                                                    Eléments pour une Histoire de l’organisation des Arts Martiaux vietnamiens en France (1945 – 2020).                                           

Dans la multiplicité des noms portés par les associations d’écoles d’arts martiaux vietnamiens en France - Võ Vietnam , Viêt Võ Dao , AMV, Vovinam Việt Võ Đạo , FAMTV , Vo Co Truyen , .. Il est très difficile de s’y retrouver. C’est le résultat de près de 80 années d’histoire. Histoire reflétant des conflits, au début principalement idéologiques, sur lesquels se sont greffées la lutte économique, la concurrence ; le tout sur fond de développement de la société de consommation et de la mondialisation.

Dans ce cadre, l’appellation des associations, pratiquant les arts martiaux vietnamiens en France, reflète à la fois l’histoire, y compris les conflits passés, et constitue peut-être encore, sinon une arme de lutte, au moins un moyen, publicitaire et/ou de pouvoir.                                                            

Il faut retenir que l’usage, pour nommer un art martial au Viêt Nam , est d’associer Võ (martial, combat) à un nom (de village, de lieu, de région, de pagode,… plus récemment à celui d’une ‘’intention’’), l’exemple habituellement cité est celui du Võ Bình Định – L’art martial de  Bình Định (région du centre Viêt-Nam). Plus exceptionnellement Võ est associé à un nom de fondateur.

L’Indochine française, qui deviendra le Viêt Nam, s’est trouvée prise à la fin de la seconde guerre mondiale entre deux flux majeurs: celui de la volonté d’autodétermination des pays colonisés et celui de la guerre froide qui sépara, qui « distribua », les états en deux blocs ; lesquels trouvèrent leurs intérêts en attisant les contradictions. Au Viêt Nam, cela se traduira entre 1945 et 1975 par trois guerres – guerre d'Indochine puis les deux « Guerres du Viêt Nam ». Ce sera la cause d’une importante diaspora vietnamienne et en conséquence une importante diffusion des arts martiaux vietnamiens à travers le monde. C’est de cette diaspora vietnamienne en France qu’émergeront, par ordre de déclaration au Ministère de l’Intérieur, des organisations, d’abord le Võ Vietnam (1957) puis, le Viêt Võ Dao (1973), les A M V (1975), le Vovinam Việt Võ Đạo (1985), pour arriver aux fédérations de Vo Co Truyen (à partir de 1991, 2008 pour la FVCTVNF). Ces dernières amènent, au grand jour, les organisations sportives de la République Socialiste du Viêt Nam, comme partie et composante de la réorganisation des grandes associations d’écoles d’arts martiaux vietnamiens en France.

Origines

Écusson Vovinam-Viet Vodao 1963 - Viêt Nam. Cette silhouette du Viêt Nam servira de fond, en France, à de nombreuses écoles de Vietvodao

Parmi les associations, aspirant au rassemblement des pratiquants d’arts martiaux vietnamien en France, deux portent un nom qui à la fois renvoie à un style et à une organisation :                          

- Le style Vovinam (appelé depuis 1963 Vovinam Viêt Vo Dao) créé au Viêt Nam par Nguyên Lộc.

- Le style du Võ Vietnam (Sơn Long Quyền Thuật) transmis par Nguyen Duc Moc.

Viêt Vo Dao (1973) et Võ Cổ Truyền (après 2000, 2008 pour la FVCTVNF) sont des rassemblements d’écoles de styles différents, des fédérations d’écoles ou d’associations sportives, auxquelles il est possible de se référer simultanément. Ces deux appellations sont, en 2020, souvent interprétées comme synonymes, et désignent l’art martial vietnamien en général.

En France, ces quatre désignations, Vovinam (Vovinam Viêt Vo Dao), Vo Vietnam, Việt Võ Đạo et Vo Co Truyen , recouvrent en réalité une longue histoire, tumultueuse, souvent difficile à cerner et encore plus difficilement partagée. Ces désignations exigent, chaque fois qu’elles sont utilisées, de savoir s’il est question de fédération ou de style (en France  Vovinam et Võ Viêt Nam seuls pouvaient désigner un style). Parce que cette, nécessaire, rigueur est rarement appliquée, les occasions de « ne plus s’y retrouver » sont multiples.

Précurseurs

L’Art Martial Vietnamien a existé en France, métropolitaine, depuis 1918, pratiqué par des anciens combattants vietnamiens aux côtés des français pendant la guerre de 1914-1918. Le statut de colonie française du Viêt Nam n’a pas permis ensuite la popularisation de ce pan de la culture vietnamienne. Par contre l’important contingent de vietnamiens arrivés en France à l’occasion de la seconde guerre mondiale va tout changer.

Pour tenter de ne pas se perdre dans l’histoire de l’Art Martial Vietnamien en France deux pistes d’information semblent s’imposer :

-         Celle des premiers acteurs ouvrant au public la pratique des arts martiaux vietnamiens en France.

-         Celle des déclarations officielles des associations fédérant, en France, des écoles d’arts martiaux vietnamiens ; ainsi que les occurrences les concernant sur Internet.

1940 – 1945 Les premiers « maîtres »

1958 - Rosace Thanh Long Võ Duong symbole de l'école fondée par Nguyen Dan Phu

Écusson de la Fédération Du Võ Viêt Nam 1968 - France

 Militaires et travailleurs forcés, les « Cong Binh » ou « Linh Tho », et quelques volontaires viennent en France du fait de la deuxième guerre mondiale. « Avant l'embarquement, tous les volontaires parlant français furent nommés interprètes ou surveillants selon leur degré d'instruction. ». Ces hommes ont connus parfois des conditions de vie d’une extrême rudesse voire de violence. Parmi eux se trouvent des pratiquants expérimentés de l’art martial vietnamien, le Võ.

- Nguyễn Dân Phú (1911-1999) arrive à Marseille le 9 avril 1940. Engagé volontaire lors de la seconde guerre, recruté pour la fonction de Surveillant – en pratique interprète et chef d’équipe auprès de se compatriotes ‘’requis’’ en tant qu’ouvriers. Il sera très grièvement blessé à la gorge au début de la libération de Toulouse en août 1944. Malgré les séquelles Nguyen Dan Phu fonda une école en 1958, celle du "Dragon vert", « Thanh Long », sans jamais avoir cessé l’entraînement. L’enseignement dispensé par ses premiers élèves débute entre 1966 et 1968. 

-          Nguyen Duc Moc  (1921-2009) du fait de l’occupation de la France par l’Allemagne arrive (fin 1940 à Brazzaville?) au Liban à la fin de l’été 1941 et grossit les rangs des Forces Françaises libres (1^ère Division Française Libre ?) qui retrouvent le sol de  France mi-août 1944. Fin 1957 il fonde l’ « association technique et artistique du Vo Viet Nam » ou Hoi Võ Thuat Viet Nam. Il s’associe, en 1958, à Vu Ngoc Vinh  pour la création de la Fédération du Võ Viet (Nam Hoi Võ Thuat Viet Nam).    

-          Nguyên Trung Hòa, (1914-1975) arrive en France à l’occasion de la seconde guerre mondiale, également comme médiateur auprès de ses compatriotes. Dès les années 1950  il commence à enseigner les « Arts Pieds et Poings » tout en étant attentif au développement du Karaté en France et en Europe.

- Vu Ngoc Vinh (1915-1994). Vu Ngoc Vinh alias Vinh Vu, engagé volontaire arrivé en 1939 avec son régiment d’infanterie indochinois (ou colonial ?), est fait prisonnier en 1940, interné en Allemagne jusqu’en 1945. Très vite après avoir été libéré et rapatrié en France, il enseigne dans le cadre de l'association Olympique de ST Denis. Il est associé, en 1958, en tant que conseiller technique, à Nguyen Duc Moc dans la création de Fédération du Vo Viet Nam Hoi Vo Thuat Viet Nam et s’en éloignera à partir de 1970. Il fonde en 1992 l’école du tigre selon la méthode Vô Cô Truyen (Vo Co Truyen Son Lam Hak Ho).

De nombreux militaires et travailleurs étaient également des pratiquants avertis tels que Dao Quang Nham, Hoang Ba Vinh, Dao Van Phuc, … .              

Ne pas pleinement mesurer la noblesse, l’esprit de lutte et la persévérance, avec laquelle ces hommes ont passé les épreuves des 6 années de guerre, du mépris colonial, du racisme, fera manquer une grande part de l’esprit de leur enseignement.                                                                                                                                         

Tous ces hommes sont des patriotes, attachés à l’esprit d’indépendance, inspirés par le Đại Việt. Interrogé par Lê Hữu Khóa, alors étudiant, sur la définition de l'identité vietnamienne, le Professeur Hoàng Xuân Hãn répondit «de manière très naturelle et sincère que l'identité vietnamienne réside dans la dignité du peuple vietnamien, dignité qui conduit à dire non à toute soumission, et la lutte pour la souveraineté et l'indépendance nationale en est le squelette, le corps, la chair ».

« en 1950, cependant, tout changea parce qu'à partir de ce moment les conseillers chinois arrivèrent en grand nombre, et avec eux commença la transformation d'un mouvement jusque-là de style front populaire en mouvement communiste. »                                                              

L’existence de maîtres «sans école» est connue, traditionnelle peut-on dire. Le nom de certains demeure, tels que Dinh Tri Dung, Nguyen Van Nguyen, Huynh Ngoc An, Nam Anh, Diep Bao Sanh, Ho Buu, etc….

Il est probable qu’en France des pratiquants de haut niveau aient fait ce choix, garder leur expertise dans le cadre de leur famille et du cercle restreint des très proches.                     

En ce qui concerne la France, l’ampleur de cet usage n’est surement pas négligeable, le quantifier semble encore beaucoup plus difficile qu’évaluer le nombre réel de pratiquants d’art martial.

Néanmoins le début de la généralisation des arts martiaux vietnamiens en France, œuvre des hommes venant d’être évoqués, demeure jusque dans les années 60-65 une pratique transplantée destinée à faire vivre les « valeurs et la culture du pays ». L’entraînement est réservé aux personnes de confiance, l’exigence d’un parrainage pour y être admis est quasi générale.

Seconde vague de pionniers de l’enseignement du Võ, 1946- 1975

Ce sont  des étudiants venant pour des études supérieures, également des intellectuels, des familles, … ayant vécus en intérêts réciproques avec les autorités françaises. Ils redoutent l’évolution de la situation politique et après 1954 quittent le Viêt Nam, complétant ainsi les rangs de ceux qui se sont « rangés » aux côtés de l’armée et l’administration coloniale française. De 1965 à 1975 le gouvernement du Sud Vietnam autorise des étudiants à venir étudier en France, des bourses, ou des aides familiales, les soutiennent. Quelques privilégiés plus âgés accompagnent ce mouvement.

Hoang Nam arrive en France en 1950, Tran Van Ut  en 1951, Tran Luu Y, Le Châu, Nguyen Van Cho, … Nguyễn Văn Đinh (Jean Deprat) 1956, Jean Qui en 1961, Emile Jeannerose (Tran Minh Long) en 1962, , Tasteyre Trần Phước en 1964, Hoang Duc Phi (Phan  Hoang) en 1964, Trịnh Quang Thắng en 1964, Pham Xuân Tong en 1968, Trưởng Lương Trọng Mỹ charles en 1969, Jacques Tran Van Ba en 1971, Jean‐Michel Ly Sary 1973, Jean-Michel Sudoruslan 1977,  …

Jusqu’en 1969, en France, il n’existe qu’une fédération officielle d’arts martiaux, il s’agit de la FFJDA (judo). Devant le développement du karaté, la création d’une fédération de Karaté devient de plus en plus probable. La crainte de rester ‘’sous la coupe’’ des arts martiaux japonais se renforce dans une partie du milieu martial vietnamien.                                                                                                                

C’est à ce moment qu’émerge, dans le milieu des arts martiaux, au début de son développement, l’usage du sigle A.M.V. : Arts Martiaux Vietnamiens (Ou Art Martial Vietnamien).

Les premiers temps de la Structuration

Prémices d’organisation des arts martiaux vietnamiens

Au sein de cette « Diaspora » les nécessités de l’adaptation à la société française conduisent à s’organiser et s’unir pour ‘’exister’’ dans le monde associatif et auprès des autorités. Egalement au travers des associations, la communauté vietnamienne vit, transmet et défend sa culture et ses valeurs ; bref se fait connaître.

Un article de Vincent Ton Van dans Vo duong magazine, parle d'un rassemblement en 1957, la  «Võ Viêt Nam Hiep Viet Kieu », plusieurs maitres d'arts martiaux vietnamiens dont Nguyen Trung Hoa, Nguyen Duc Moc, Bac Thanh, Võ Biên, Hoang Nam en auraient été des membres. Il est dommage que les conditions dans lesquelles ce rassemblement aurait fait « long feu » n’aient pas été précisées car Nguyen Trung Hoa et Nguyen Duc Moc incarnaient des opinions et des options d’avenir très différentes. Juste « une idée dans l’air » de l’un d’eux ou réel projet ? Développée jusqu’à quel stade ?

Nguyen Dan Phu et Hoang Nam se contactent suite à une rencontre au premier championnat de France de Karaté de 1961. Cela souligne le rôle de ferment d’organisation qu’ont eu la fédération de Judo et, en son sein, l’équipe élaborant l’organisation indépendante du Karaté. Cela a été un des creusets pour la naissance d’une union des arts martiaux vietnamiens.

Selon Tran Van Ut, arrivé en France en 1951, …  en région parisienne, commencent à se regrouper des pratiquants vietnamiens d’arts martiaux. L’association de Nguyen Trung Hoa et Tran Van Ut permet la création, en 1965, du « club d’arts martiaux d’Extrême-Orient » - Võ DA Club. Après la création de la Fédération du Võ Viêt Nam, en 1958, c’est un des premiers collectif traduisant la volonté d’organisation des arts martiaux vietnamiens en France.                                        

Il faut bien avoir à l’esprit que dans la période allant de 1954, la France « quitte » le Viêt Nam, à fin octobre 1973, date  de fin des bombardements américains sur le Nord du Viêt Nam, envisager l’avenir est très difficile pour les Vietnamiens, quelles que soient leurs opinions. Ensuite, chacun savait, ‘’le temps passant’’, qu’à plus ou moins court terme ce seraient les partisans de Hô Chi Minh qui prendraient le pouvoir.

Les « premières » Fédérations

1958 – Fédération du Võ Viêt Nam :

 En 1954 lorsque la guerre d’Indochine cesse, le contexte change et les associations vietnamiennes s’ouvrent au renforcement de l’amitié franco-vietnamienne, la pratique du Võ de Nguyen Duc Moc est une excellente opportunité. Avec le soutien de l’Union des Vietnamiens pour toute la France, Nguyen Duc Moc fonde, fin 1957, l’ « association technique et artistique du Vo Viet Nam » ou Hoi Võ Thuat Viet Nam. Il s’associe, en 1958, à Vu Ngoc Vinh  pour la création de la Fédération du Võ Viet Nam Hoi Vo Thuat Viet Nam.

Le choix de Việt Nam dans « Võ Viêt Nam » n’est pas anodin : en 1957, date de dépôt des statuts de la fédération, ce qui désigne aujourd’hui le Viêt-Nam est le mot Indochine ou ceux désignant ses parties, Tonkin (tout au nord), Cochinchine (tout au sud) et l’Annam (au milieu).  Ce n’est qu’à partir de  1965 (début des bombardements américains sur le Nord) que Viêt-Nam entrera en usage courant et qu’il sera question en occident de guerre du Viêt-Nam.

Le Docteur Nguyễn Khắc Viện, président de l’Union des Vietnamiens pour toute la France (qui deviendra l’UGVF), semble avoir eu un rôle déterminant dans la conception et l’organisation de la fédération du Võ Viet Nam. « Il [Nguyen Duc Moc] participait à l’organisation technique de la sécurité, pour les déplacements de personnalités politiques, les rassemblements ou les démonstrations, se souvient un dirigeant de l’UGVF. Moc ne passait pas par les associations de la diaspora. Il était directement rattaché à l’ambassade» indique la journaliste Nadia Sweeny.

Vu Ngoc Vinh quittera la Fédération du Võ Viêt Nam en 1970 (officiellement en 1972) pour semble-t-il se démarquer aussi bien politiquement que socio économiquement.                                                                                                                                                                                   

• 15 novembre 1957 récépissé de déclaration d’association «  association technique et artistique du Vo Viet Nam  » ou Hoi Võ Thuat Viet Nam déposée par Ho Van Son.                                                                                                
• 13 décembre 1958 modification du nom de la fédération,  de Fédération du Vo Viet Nam Hoi Vo Thuat Viet Nam, elle devient Fédération du Vo Viet Nam Lien-Doan Vo-Thuat Viet Nam. J.O. 14/03/1964,  Publication de l’arrêté, au titre des associations étrangères, autorisant l’association Fédération de Võ Viêt Nam N° 64/254  ; (siège  : 9 cour des petites écuries Paris).Jusque dans les années 1980, les associations sous statuts de la loi de 1901 et ayant des dirigeants non Français, devaient obtenir une autorisation particulière du ministère de l’Intérieur. Association étrangère : loi  du 12  avril  1939 "sont réputées associations étrangères, quelle que soit la forme sous laquelle ils peuvent éventuellement se dissimuler,  les  groupements présentant  les  caractéristiques  d'une association,  qui  ont leur  siège  à l'étranger, ou qui, ayant leur siège en France, sont dirigées en fait par des étrangers, ou bien ont soit des administrateurs étrangers, soit un quart au moins de membres étrangers".

Le style, le vocabulaire, la qualité des premiers statuts ainsi que la connaissance des exigences administratives, à l’époque particulièrement contraignante pour les organisations considérées comme « étrangères » laisse penser à l’existence d’une aide expérimentée en matière d’organisation et de droits.

En 1972 « Nguyễn Thị Bình, l’une des têtes pensantes des Vietcongs, s’installe à Paris pour préparer la paix avec Washington, qui sera conclue cinq ans plus tard. Elle en profite, d’ailleurs, pour assister à une démonstration cour des Petites-Écuries. C’est Malek Larbi, un ouvrier algérien costaud, au sourire comme un soleil, qui s’y colle » est-il écrit dans Le Monde (M, magazine du Monde / 18.05.2018).

1973 la Fédération du Võ Viêt Nam ouvre des salles en Algérie, en Italie et en Suisse.                    

Fin 1974 – début 1975, les bombardements ont cessés sur le Viêt Nam, Nguyen Duc Moc, 35 années après avoir quitté son pays, y revient pour un premier séjour de deux mois et demi. Il renouera des contacts avec le milieu martial et les autorités sportives vietnamiennes pour envisager l’avenir dès que la paix sera rétablie. A l’occasion de ce voyage il rend visite au Docteur Nguyen Khắc Viện, visite qu’il ne manquera pas de renouveler lors des voyages suivants.                                                                                

Peut-être à mettre en relation avec ce témoignage, au retour d’un de ces voyages vers 1990 … « Depuis son retour du Vietnam, le discours du maître change imperceptiblement, il parle beaucoup de l'importance du travail sur la santé : Il faut beaucoup détendre, connaître à fond le corps, chaque petits détails, comment ça fonctionne. … »

Nguyen Duc Moc diffuse à partir de 1977, dans les salles de Võ Vietnam, Tâm Thê’ gymnastique vietnamienne psychocorporelle du Docteur Nguyễn Khắc Viện, éditeur Sudestasie.

A partir de 1980 les premières puis secondes générations de cadres formés vont ouvrir leurs propres écoles en revendiquant leur filiation ou quelque fois s’en cacher (notamment lorsqu’elles ont trouvé un « pied à terre »  et un ‘’père’’ de substitution au Viêt Nam.  Comme il se doit, chacune pense être la plus fidèle à l’héritage !

Parution  de ‘’Le VÕ Vietnam, en Algérie’’ par Larbi Ait Abdelmalek, 1983.  

Nguyễn Khắc Viện, écrit en 1985, Le Võ, article pour un livre de la Fédération du Võ Viêt Nam,  projet qui ne verra jamais le jour.                                                                                  

En1987, la Fédération Du Võ Viêt Nam devient Fédération Française De Võ Viêt Nam en même temps qu’est créé la Fédération Internationale de Võ Viêtnam (boxe vietnamienne). Journal Officiel du 1^er juillet 1987. (26) Pendant près de 30 années, le nom Fédération Du Võ Viêt Nam tout comme le programme technique enseigné étaient demeurés inchangés.

En 1988, Lors d’une démonstration de Võ Viet Nam, faite par l’Ecole Française de Vodantoc,  à l’Unesco (Paris), en l’honneur du nouvel ambassadeur du Viet Nam, un homme se présentant comme un ancien de la Fédération du Võ Viêt Nam, années 60, s’étonne auprès des responsables techniques « d’écoles filles » (Võ-Saolim, Võ en Algérie, ...) du style pratiqué : « Ce n’est plus le Võ de Moc que vous faites ». Selon les témoins ce commentaire serait de Dao Van Phuc.                                                                            

En 6 années, 1987-1993, l’ex-fédération du Võ Viêt Nam change 6 fois d’intitulé dans le registre des associations ‘’loi de 1901’’.

Octobre  1989 –Diffusion du rapport N° 12 : « Rapport N°12, éléments d’information sur le So’n Long Quyên Thuât, … Panorama des arts Martiaux du Viêt Nam … ».

Convention signée entre le Comité Olympique du Viêt Nam et la Fédération internationale de Võ Viêt Nam le 20/12/1991.

Le 06/11/1996, dissolution de la Fédération internationale de Võ Viêt Nam – Presqu’aussitôt une fraction de l’ancienne fédération recrée en Suisse, à Lausanne, sous une appellation similaire mais juridiction suisse Fédération internationale de Võ-Việt-Nam Sơn Long  Quyền Thuật. Pendant trente années, sous l’appellation de Fédération du Võ Viêt Nam, le style de Nguyen Duc Moc s’était fait connaître, puis en 7 années (1987-1993) , il y aura 6 changements de nom pour terminer avec un nom qui semble prétendre à un domaine si vaste qu’il peut, comme dans un bégaiement, ne plus avoir de signification : «Fédération Internationale de Võ Viêtnam Vo Co Truyen Vo Dan Toc Vo Thuat et disciplines affinitaires (F.IV.V.D.A.) ».

Fin 2000 Nguyen Duc Moc supervise l’enregistrement des 6 Thảo, traditionnels de l’école, exécutés par  Aït Abdel Malek Larbi, Philippe Bertec, René Bonneau, Damien Nguyen. Ces enregistrements visaient à établir une référence pour les pratiques et à définir les bases caractérisant l’enseignement du Sơn Long  Quyền Thuật  de Maître Nguyen Duc Moc.

Documents complétés par l’enregistrement de la conversation entre Nguyen Duc Moc et ses deux plus anciens élèves en activité, Aït Abdel Malek Larbi et René Bonneau. Ce qui tempère les revendications « d’héritage exclusif », en effet Nguyen Duc Moc jusqu’à son dernier souffle a reçu la visite de ses plus anciens disciples et s’est entretenu avec eux tant qu’il a pu.

Nguyen Duc Moc recevra, le 05/05/2002, des mains de Madame Nguyễn Thị Bình, l’Ordre de la Résistance de première classe sur décret du président de la République Socialiste du Viêt Nam.                                                                                                            

Il y a naturellement, comme dans tous les héritages martiaux, des prétentions à la légitimité exclusive entre les associations qui ont un lien ininterrompu avec le Viêt Nam et/ou la communauté vietnamienne de France depuis la fondation de la Fédération Du Võ Viêt Nam en 1958. Revendications brouillées par l’introduction de Thảo (Quyên) ne faisant pas partie du programme technique les 30 premières années, puis l’adoption de quyên introduits par des instructeurs venant du Viêt Nam à l’occasion de stages et ensuite dans le cadre de l’affiliation à la Fédération mondiale de vocotruyen - Liên đoàn Võ thuật Cổ truyền Việt Nam.

1973 Fédération du Việt Võ Đạo :

Autour du Võ Viêt Nam se sont regroupés, si l’on ose généraliser, des sympathisants du mouvement nationaliste vietnamien qui comptait dans ses rangs le Việt Minh.

Un autre rassemblement va se construire. Schématiquement également, il sera l’œuvre de pratiquants dont les opinions allaient de la réserve quant à l’action des sympathisants de Hô Chi Minh au soutien à  la République du Viêt Nam (ou Sud-Viêt Nam).

En 1957 Tran Van Ut (pratiquant de Thiêu Lâm, renommé Hau Quyen en 1989), et d’autres experts vietnamiens collaborent pour enseigner mutuellement, derrière la cathédrale Notre Dame de Paris ; une autre source présente cela un peu différemment : c’est autour de Nguyên Trung Hòa (1914-1975) (école Thiêu Lâm Kim Long), que se met en place une transmission qualifiée de collégiale. C’est la création en 1965 du Vo D.A. Club (Vo Dong A Club, « club d’arts martiaux d’Extrême-Orient ») « pour se sentir comme "là-bas, au Vietnam'' ». Parmi eux Tran Luu Y (docteur ès sciences et ancien ministre d’état de la santé du Sud-Viêtnam, style Han Baï, élève du célèbre Vũ Bá Oai), Le Châu (haut fonctionnaire du ministère de la coopération), Nguyen Van Cho (financier) … . Ce qui contribue peut-être à expliquer qu’en 2020 sur le site de la Fédération Française de Karaté subsiste ce point de vue : « au début des années 50, sous l’impulsion de Maîtres Vietnamiens …. issus de familles de lettrés » se développent les arts martiaux vietnamiens. Vision qui oublie les travailleurs forcés (ONS) et les militaires contraints qui, de toutes les conditions sociales et culturelles, ont apporté une grande variété de Võ (art martial) de villages « võ vườn » souvent sans se préoccuper de se fédérer et de sortir du cadre des proches.

L’activisme de la période 1965-1973 : genèse du rassemblement                                                                                 

Hoang Nam, dans les années 1970, prêtera sa salle pour finaliser la création de la Fédération de Vietvodao. En multipliant les prises de contacts et les mises en relation, il s’est montré très actif dans la vingtaine d’année précédant la création de la première fédération du Viêt Võ Dao

– 1955 co-président Fédération Française de Boxe Libre et de Karaté -  1957 il revendique l’animation d’un regroupement Võ Viêt Nam Hiep Viet Kieu et ouvre son école (Karaté, Kendo, Iaîdo, taijiquan) – 1962 fonde la Fédération vietnamienne de Karaté-Thieu-Lam (FVKTL). En 1972 à l’instigation de Hoang Nam, Nguyen Trung Hoa, Jean Qui, Pham Xuan Tong participent à la création de la fédération Kung Fu Kempo, 1^ère fédération regroupant plusieurs écoles d’art martial vietnamien, Kung Fu, Kempo, Karaté. -  1973 Hoang Nam fonde Fédération des associations françaises de Kung-fu Taiji et Bâton FAFKTB  et  regroupe le Kempo et le Kungfu dans une fédération – l'A.N.K.F.K.

A partir de 1964 un autre protagoniste,  venant juste d’arriver en France, va se révéler également très actif ; Hoang Duc Phi (Phan  Hoang), qui a 28 ans, d’une famille très cultivée originaire du nord puis réfugiée à Saigon en 1954. Il se fera connaître sous le nom Phan Hoang et semble venir pour poursuivre des études d’économie ; à peine arrivé, il commence à établir des contacts au sein du milieu martial vietnamien. Cela laisse penser à un bon carnet d’adresse et un réseau ayant permis l’établissement de relations au préalable de son arrivée.

Selon Hoang Duc Phi (Phan Hoang) qui juste arrive en France : « Le 15 août 1964, la première rencontre des maîtres vietnamiens en France a lieu au Havre ».  Pourtant il est question d’une autre ‘’première réunion’’ : Une réunion en 1969, à Massy-Palaiseau, chez le Bouddhiste Bui Van Thinh (Thiên Môn ou Zen vietnamien) aurait posé les bases de la future fédération.

Il n’est pas certain que Hoang Duc Phi (Phan  Hoang) eut le même rôle dans ces 2 ‘’réunions initiales’’ par nécessité de ménager et ne pas heurter les autres initiatives, celle de Hoang Nam et celles beaucoup moins ostensibles de Nguyen Trung Hoa et Nguyen Dan Phu. Il y a tout lieu de penser que Bui Van Thinh avait entrepris de réunir les experts qui comptaient et qu’il a vu Hoang Duc Phi (Phan Hoang) accoler sa démarche entreprise dès son arrivée sur la base des ‘’adresses ‘’ avec lesquelles il était venus et qui justifie sa conviction que le « … statut social était également un avantage … » dans son projet. Il lui aura fallu, avec l’aide de Hoang Nam, semble-t-il, 5 années pour entrer en contact avec Nguyễn Dân Phú.  (34)

La création du cercle des arts martiaux vietnamiens aurait suivi, puis le 11 novembre 1965, le groupe "Dai Nghia" se réunit à Paris et, devint l'institut Nghia Long et « proclama son existence à tous ces Maîtres ». Cette première ‘’étape’’ aurait été créatrice, sans plus de précision, de nombreux clubs dans les villes universitaires françaises. L'école Nghia Long Viet Vo Dao … puise ses origines dans le Vovinam Viet Vo Dao. Le programme du style NGHIA LONG est similaire à celui du Vovinam.                                                                

Selon l’association genevoise de Việt Võ Đạo, « Phan Hoang, à la demande de plusieurs de ses confrères au Vietnam, structura en France dès 1970, le mouvement Nghia Long, ancêtre de l’International Viet Vo Dao ». C’est à cette époque que Phan Hoang contacte Nguyễn Dân Phú, indique le site UFOLEP sur sa page Viet vo dao. … toujours selon Hoang Duc Phi (Phan Hoang), Tran Minh Long, Tasteyre Trần Phước etc ... ont accepté d'enseigner publiquement l'art martial vietnamien. Cela n’intervient que vers 1972, à la veille de la création de la fédération de Việt Võ Đạo . Consultez la photo du groupe en 1972.L’organisation d’un stage d'été par Phan Hoang à Vals Les Bains, entre 1967 et 1968, aurait contribué au développement de future fédération Viet Vo Dao « … En 1970 … Phan Hoang [a] obtenu de Nguyen Dan Phu … l'accord pour développer VVD … » -

Phan Hoang (Hoang Duc Phi) rencontre  Nguyen Dang Phu, à Clermont-Ferrand en 1970. «  … En 1970 Phan Hoang obtint de Nguyen Dan Phu, un des Maîtres les plus âgés et les plus prestigieux, l'accord de développer le Vietvodao à l'échelle européenne » Années 1970, Nguyễn Dân Phú ne participe plus aux pourparlers dans le cadre d’un projet de fédération avec le Karaté en raison de leur focalisation sur la compétition.                                                                                                                            

Dans une brochure diffusée en 1975, Hoang Duc Phi (Phan Hoang) écrit « ….Le 2 Août 1962 [M. Hoang Duc Phi (Phan Hoang)] quitta le Vietnam avec la mission d'étudier la situation des arts martiaux dans les pays étrangers, particulièrement les pays voisins du Vietnam et les pays d'europe. Après plus de dix ans de travail … a réussi à implanter le Vietvodao dans de nombreux pays et à réunir les Maîtres Vietnamiens enseignant … le Vietvodao authentique mais sous diverses appellations … Le Patriarche, Maître Le Sang, se trouve au plus haut niveau du Vietvodao. … ».

A ce moment, est-il question de Võvinam- Việt Võ Đạo ou d’un des styles qui se regroupera dans la Fédération de Việt Võ Đạo ?  Les premières réunions se font dans un dojo à Paris, « à cette époque […], on s’est rencontré chez … Hoang Nam […] Il avait l’endroit » dit Phan Hoang.                

La création de la Fédération de Việt Võ Đạo : son récit connaît plusieurs versions !                                                                  

À partir de 1972, ce groupe sera rejoint par Tran Minh Long (Emile Jeannerose, style Minh Long), Nguyên Tiên (style Nghia Long) et Trân Huu Hà (Hiep Khi Vo Dao).

Comme indiqué ci-dessus cette même année 1972, le 20 février, Hoang Nam, retrouve plusieurs membres de ce groupe dans la création – l'A.N.K.F.K.

Presque 1 année plus tard … ces maîtres vietnamiens ‘’abandonnent’’ Hoang Nam , pour participer l’année suivante à la création de la fédération française de Viet Vo Dao. La défection est ainsi  motivée … «  souvent confondu et assimilé à d’autres arts martiaux et ne pouvant pleinement exprimer l’identité du Viet Vo Dao ».

Cela permet, peut-être, de comprendre pourquoi la classique photo des Maîtres fondateurs est sous-titrée dans le livre de Hoang Nam, Kung Fu Traditionnel, « Les anciens experts de Kung Fu de l’A.N.K.F.K. » - Nguyên Dan Phu, Phan Hoàng, Bui Van Thin n’ont jamais participé à l’A.N.K.F.K. Dans son livre de 1986 pas une fois Việt Võ Đạo apparait. Sur le site actuel de l’école Hoang Nam se trouve une seule occurrence Việt Võ Đạo.

Selon Phan Hoang la naissance du Việt Võ Đạo  a pris son élan dans les deux réunions historiques à Limoges, en France, en 1972 et 1973:

Le Congrès de Limoges s’est tenu durant le week-end de Pâques,  du 1er au 2  du mois d’avril, sur le campus de l’Université de Limoges. L’année suivante, le weekend, du 31 mars au 1er avril 1973, la plus importante discussion fut celle du choix du nom de notre nouvelle discipline. Il y eut plusieurs propositions et finalement le terme Vietvodao fut choisi. Pour la France, à Limoges, le 1er avril 1973 fut proclamée la naissance de  la Fédération Française de Vietvodao. Plus exactement Vietvodao Quoc-Te. Quoc-Te signifie international.

Début 1973 le nom « Việt Võ Đạo  » aurait été retenu ; Pham Xuan Tong a paraît-il confié « ça sonnait bien [...] Dao, sonnait un peu comme le do en karaté ». Il ne faut pas oublier qu’en 1963, au Viêt Nam, le Vovinam a modifié sa dénomination en Vovinam - Việt Võ Đạo. Un autre témoignage situe ce choix à Saigon en août 1974 lors du voyage de Nguyen Dan Phu, avec parmi ses objectif, remplacer le terme « Vovinam » !?

Emblème de la République du Sud Vietnam, en usage de 1957 à 1963.

Le choix de l’emblème du Việt Võ Đạo, un bouquet de bambou, ne semble pas être évoqué dans la communication des écoles de Việt Võ Đạo, hormis la présentation classique de ses représentations : Le bambou symbolise la robustesse et la souplesse car s’il plie il ne ne rompt pas, il représente aussi la droiture, être droit dans les paroles et ses actes comme la droiture de la tige de bambou. Il symbolise également l’esprit de résistance.

Le Việt Võ Đạo choisit en fait un bouquet de bambou. Hazard ou ‘’message’’ ? Le bouquet de bambou a été l’emblème de la République du Vêt Nam de 1955 à 1963 et demeurera, sauf une brève interruption, sur la bannière du président de la République, jusqu’à la chute de Saigon le 30 avril 1975.

La communication sur l’autorisation de Le Sang, Patriarche du Vovinam-Việt Võ Đạo,  pour utiliser l’appellation Vietvodao est aussi réduite qu’imprécise. Était-ce la mission d’un homme, comme  Phan Hoang (Hoang Duc Phi), éventuellement, ou l’engagement d’un des groupes à l’initiative dans le projet fédérateur ? Par exemple, ceux partageant l’itinéraire de Nguyen Dan Phu ?                                                                                            

Le « 3 novembre 1973, à Limoges les statuts de la Fédération Française de Vietvodao sont déposés» en préfecture par Hoang Duc Phi, qui se fera plus connaitre sous le nom de Phan Hoang. Cela constitue la ratification des résolutions du Congrès de Limoges du 1er avril 1973.                                        

Près de cinquante années après cet évènement, la ‘’lucidité’’ avec laquelle il en est rendu compte rappelle les interférences qui y ont été associées. Même atténuées après un si long temps, elles demeurent encore et éclairent toujours les difficultés du développement qui s’ouvrait :

« … En 1973 Nguyen Dan Phu sera co-fondateur et patriarche de la première fédération française de Viet Vo Dao … 10ème Dang il sera le Maître le plus gradé d’Europe. … En France, c’est Lao Su, fondateur du Thanh Long, qui importera en premier le Viet Vo Dao » dit  l’école Thanh Long; et par ailleurs « Phan Hoang fondateur de la fédération française des Arts Martiaux Viet Vo Dao  »  et  «... il [Tran Minh Long] rejoint le mouvement d'unification des arts martiaux vietnamiens, qui débouche sur la création de la première Fédération Française de Viêt Vo Dao ».                                   

Aout 1974, lors du voyage à Saigon, Nguyen Dan Phu reçoit le sabre symbolique et la reconnaissance comme Doyen du conseil des Maîtres pour l’Europe devant les représentants de toutes les écoles vietnamiennes – Le choix de Viêt Võ Dao y aurait été entériné pour nommer l’ensemble des arts martiaux vietnamiens.

Même sous la pression, des conséquences redoutées de la fin de la guerre du Viêt Nam, Il a fallu presque 10 années de rencontres, d’échanges et de conciliations pour  que le rassemblement  parvienne à se faire, mais sans qu’un objectif commun ait clairement émergé. 

Les courants qui animeront, pour les 50 années suivantes,  l’organisation des associations d’arts martiaux vietnamiens prennent leur source à cette période, autour de : Nguyễn Dân Phú, Nguyên Trung Hòa, Pham Xuân Tong, et Tran Minh Long dans une position un peu marginale. Nguyen Duc Moc, à l’écart de ce projet du fait de son soutien inconditionnel à Hanoï, demeurera en marge de ce groupe plus d’une vingtaine d’années.                                              

Les cartes seront battues une nouvelle fois entre 1973 et 1975 par l’arrivée, en tant que mouvement structuré, du Vovinam - Việt Võ Đạo. Il comptera comme membre de la FFK et comme organisation affirmant son indépendance.

La Fédération Française de Vietvodao a été officiellement enregistrée sous le numéro 7878 à la Préfecture de la Haute Vienne et publiée au Journal Officiel du 20 Novembre 1973.                                                                                                                                         

Les premières années

Curieusement, en 2020, il existe, au moins, trois versions de la liste des membres fondateurs de la fédération de Việt Võ Đạo

La présentation la plus connue avec 8 fondateurs de la 1^re Fédération Française de  Việt Võ Đạo donne Phạm Xuân Tòng, Nguyễn Trung Hòa, Hoàng Nam, Nguyễn Dân Phú, Bùi Văn Thịnh, Phan Hoàng, Tasteyre Trần Phước et Trần Minh Long (Tran Minh Long absent de cette photo).                                                                                                                                

Phan Hoang en livre la version suivante : Nguyen Dan Phu , Đại-Việt Thanh-Long, 60 ans, Montluçon- Bui Van Thinh, Bắc-Việt Thăng-Long, 60 ans, Massy-Palaiseau - Nguyen Trung Hoa, Thai-Son-Lam, Nam-Chưởng Kim-Long, 59 ans, Saint-Maurice - Hoang Nam, Đại-Cồ Nam-Long, Kung-Fu, 40 ans, Paris - Phan Hoang, Việt-Hải Nghĩa-Long, Institut Nghia-Long, 36 ans, Limoges - Tran Phuoc Tasteyre , Nam Hải Ngọc-Long, Han-Bai, 29 ans, Massy - Pham Xuan Tong, Duyên-Hải Xuân-Long, Quan-Ky, 25 ans, La Seyne-sur-Mer.

Le suffixe Long, qui signifie Dragon, a été ajouté au nom de style, pour constituer  le groupe des 7 dragons fondateurs. Au cours des 2 années suivant 1973, ils furent rejoints par Nguyen Tien, Tran Minh-Long, Tran Huu Ha, Truong Van Manh, et Nguyen Ngoc My. 

A la différence du site mondial du Việt Võ Đạo, le site de la fédération de Vovinam-Viêt Võ Ðao France enlève Hoang Nam de la liste des fondateurs, ainsi réduite à 7 (?); comme le fait également  l’école N.T.Hoa Kim Long.

Une autre présentation, malicieuse peut-être, présente les styles fondateurs et ainsi écarte Hoang Nam et Hoang Duc Phi (Phan Hoang) qui ont en commun d’avoir beaucoup parlé et tenté beaucoup de ‘’médiations’’ en vue de ce rassemblement – manque également Buy Van Tinh, mais il ne représentait pas un style martial mais le bouddhisme Thiên et la dimension spirituelle – Est-ce à penser que c’est la qualité martiale des trois exclus qui est prise en compte, et qu’il est difficile de les relier à 1 style ?

La qualité de ‘’Bouddhiste’’ (Thiên Môn ou Zen vietnamien) de Buy Van Tinh est aujourd’hui en 2020 souvent absente des chroniques.

De nombreuses versions omettent, dans «The first Executive Committee», Hoang Nam, peut-être par ce qu’il enseigne « un Kungfu », mais plus probablement parce l’aventure l'a  quitté au moment où elle se concrétisait, alors qu’il y était dès le début et y avait largement contribué.

Les photographies existantes illustrent bien les « non-dits » de cette période fondatrice.                                                                                                                             

Création le premier décembre 1973 de la Fédération Internationale de Việt Võ Đạo, appelée couramment "International Vietvodao".

Le 15 Décembre 1973 … Phan Hoang effectue le premier pèlerinage au Viet Nam après douze ans d’absence. Devant la demeure éternelle de son Maître, Nguyen Loc, accompagné de son condisciple et ami, Tran Huy Phong (1938-1997, 3^ième Patriarche du Vovinam). Selon, Phan Hoang, il a renouvelé, son serment conformément à la tradition. Il présenta ensuite au Patriarche Le Sang le projet de développement de l'international du Việt Võ Đạo pour les dix ans à venir.

« Le 9 Août 1974 une délégation internationale conduite par Phan Hoang et Nguyen Dan Phu s’est rendue officiellement à Saigon. A la suite de ce voyage, l'international Vietvodao a obtenu du Vietvodao-Viet Nam [?] un envoi de dix-huit experts mis à la disposition de Phan Hoang en vue du développement du Vietvodao » indique la brochure L’univers  du vietvodao de Phan Hoang .

A la tête de ces experts, qui vont constituer l’équipe mobile de démonstration, Tran Nguyen Dao présente différemment son arrivée « J'ai effectivement été envoyé officiellement par les instances du Vovinam Việt Võ Đạo du Vietnam. Ma mission en Europe avait été fixée d'une façon bien précise : premièrement réussir mes études supérieures, deuxièmement contribuer au développement du Vovinam-VVD. »  Interview réalisée par Karaté Bushido, Paris, France, décembre 1998. (99)

L’état d’âme de beaucoup de saïgonais, à ce moment, a été partagé grâce aux chansons de Trịnh Công Sơn, magnifiées par l’interprétation de Khánh Ly. Cette expression du «  spleen de Saigon » contribuera à faire  de Khanh Ly la vedette vietnamienne la plus connue internationalement et aussi l’icone des exilés. En 1975 elle se réfugie en Californie ; son auteur fétiche Trinh Công Son choisit de demeurer au Viêt Nam, il sera interné 3 ans, puis libéré.

La démarche que Phan Hoang (Hoang Duc Phi), s’attribue fait penser à une opération de sauvetage du patrimoine avant la ‘’fermeture’’ annoncée du sud. Tout le monde  sait que la chute de Saigon n’est  alors plus qu’une question de jours. Dix-huit experts semblent avoir été mis en sécurité, au cas où, préservant ainsi l’avenir, apportant leurs compétences et leur très bonne organisation. Cette sauvegarde permettait en plus de promouvoir l’image de l’art martial vietnamien en Europe et celle du Vovinam-Việt Võ Đạo en particulier.

« On April 30, 1975, Saigon fell, and South Vietnam came under the rule of the Communist North Vietnam. Since early May 1975, seeing the fall of South Vietnam, Grand Master officially proposed the blueprint to bring Vovinam overseas because he feared that the 50-year achievement of Vovinam would be destroyed ».

Pour la Fédération vietnamienne de Vovinam-Việt Võ Đạo (Viêt Nam Vovinam Fédération) « des experts internationaux ainsi que des disciples migrent librement en France, en Italie, en Allemagne, en Suisse ... au début des années 70. La personne qui a construit le premier jalon pour développer VVN- VVĐ à l'étranger (1973) était le professeur Phan Hoang. » [Traduction]

Le statut de Phan Hoang

Sur la photo (08/1974) de la délégation française, emmenée par les Maîtres Nguyễn Dân Phú et Phan Hoang (Hoang Duc Phi), reçue par les ‘’officiels’’ du Việt Võ Đạo – Viêt Nam. Hoang Duc Phi est derrière debout, Nguyen Dan Phu est assis à une des 2 places centrales de la table !

Le professeur et tout frais Docteur en économie, Hoang Duc Phi, à cette époque, n'était pas un maître d'arts martiaux. Il se vit offrir le titre de maître honorifique par le maître Le Sang, pour son travail dans l'organisation de la fédération hors du Vietnam et est appelé Phan Hoang.

Le projet de la Fédération de Việt Võ Đạo, selon Phan Hoang, à ce moment est clairement exprimé dans un petit fascicule « L’Univers du Viêt Vo Dao ».   Mais en parlant du Việt Võ Đạo, plaide-t-il pour le Vovinam Việt Võ Đạo, comme il semble s’y être engagé ou rêve-t-il d’un grand syncrétisme dans lequel tous les styles se fondraient ?  Une ‘’extension’’ du Võvinam ?

« Le Viet Vo Dao est défini comme l’ensemble des arts martiaux vietnamiens » dit l’article 1 du Titre I des statuts de la Fédération Française de Viet Vo Dao enregistrés le 03 novembre 1973. Alors qu'en 1974, suivant les instructions du maître Le Sang, les professeurs et maîtres, se réunissant sous le vocable  Việt Võ Đạo et qui n'étaient pas originaire de l'art martial Vovinam-Việt Võ Đạo, s'engagèrent à l'apprendre et à le diffuser.

Phan Hoang, considère que ce Việt Võ Đạo « que nous créons est français », phrase qui fait raisonner autrement les paroles de Jacques Delcourt en 1976, « le Viet vo dao a été inventé de toute pièce».Peut-être généralise-t-il trop ? Et c’est bien parce que cette ambigüité existe en 1975, que le ‘’Karaté’, commercialement un concurrent, essaie de porter un coup à sa légitimité. Point de vue affiné et nuancé par Pham Xuan Tong « c’est un art chinois qui s’est implanté et qui a été adopté par notre peuple qui l’a transformé selon son tempérament propre.».

De ces déclarations il apparaît, en dehors du malaise que cela sous-entend, qu’il y a 2 perspectives : transmettre l’œuvre de Nguyen Loc, ‘’l’inventeur’’ du Vovinam Việt Võ Đạo ou aller ‘’plus loin’’ en complétant voire en constituant une nouvelle synthèse, vietnamienne, des arts martiaux.                         

A ce flou, s’ajoute la ‘’partie’’ que semble mener (pour son propre compte ?) Hoang Duc Phi, devenu « Maître Phan Hoang », le lancement du mouvement Nghia Long, conçu dès 1964, qui se confond avec celle de la Fédération Internationale de Việt Võ Đạo déclarée le 01/12/1973. Et qui techniquement à ce moment n’a pas de différence fondamentale avec le Vovinam-Việt Võ Đạo.

‘’Officiellement’’, en septembre 1981, Maître Phan Hoang souhaitant poursuivre ce développement au niveau international, « a confié la présidence de la fédération française à Maître Gérard ».

La Fédération de Việt Võ Đạo proposa un programme commun de 5 quyens, échos des styles fondateurs:Tien Mon Quyên (les portes de la méditation) communiqué par Tasteyre Trân Phuoc (1942-1971) Han Baï , Long Su Quyên (Le Dragon Suprême) communiqué par Tran Minh Long (1925-1977) Minh Long, Trung Hoa Quyên (harmonie) communiqué par Nguyen Trung Hoa (1914-1975) Thiêu Lâm Kim Long, Phuong Hoang Quyên (le phœnix céleste) communiqué par Nguyen Dan Phu (1911-1999) Than Long, Thap Tu Quyên (les dix lettres secrètes) communiqué par Tran Nguyen Dạo et/ou Ba Hien (?) Vovinam.    

                                                                         

Fragmentation du ‘’collectif’’ et multiplication des initiatives pour en restaurer un !

Alors que tous pensaient à l’existence d’un pacte d’entraide mutuel, le Vovinam- Việt Võ Đạo se sépare de la fédération de  Việt Võ Đạo en 1977, rejoint la Fédération de Karaté (FFKAMA). Autour de cette défection majeure, au moins symboliquement, vont se cristalliser les divergences et les questions sur la légitimité de la fédération de  Việt Võ Đạo (voir ci-dessous : Fédération du Vovinam-Việt Võ Đạo). Elle marquera également le départ de la confusion dans les appellations Việt Võ Đạo et Vovinam-Việt Võ Đạo.

Fin 1979 le président de la fédération de Viêt vo dao, Phan Hoang, accompagne sa lettre, à tous les « Vietvodao Sinh », du souhait que chacun d’entre eux adresse ses vœux aux Maîtres. Dans la liste des maîtres suggérés « Nguyen Dan  Phu, Tasteyre, Pham Xuan Tong,  Tran Huu Ha,  Nguyen Tien Jean »  s’ajoute par apport à 1973  Nguyen Gérard. Il n’est pas question de ceux s’étant ralliés après 1973 (Truong Van Manh, et Nguyen Ngoc My) ou d’autres ‘’nouveaux’’. Les ‘’disparus’’ Nguyen Trung Hoa (1975), Tran Minh Long (1977) ne semblent pas avoir de remplaçants alors qu’au moins pour le style Minh Long,  Louis Marion (Hoang Minh Duc) a été adoubé par Nguyen Dan  Phu.

Des regroupements, au sein de la Fédération de Viêt Võ Dao, s’effectuent sur la base des anciens compagnonnages, par exemple dans la lignée du « club d’arts martiaux d’Extrême-Orient », Vo D.A. Club, de Tran Van Ut, apparait vers 1980 le comité Quang Trung.

« En 1981, il [Pham Xuân Tong] décide d’être indépendant et crée, avec ses élèves, la World Union of Qwan Ki Do (Milan, Italie) et la Fédération Française de Qwan Ki Do dont le siège était à Sète». L’école Quan Ky devient une discipline à part entière : le  Qwan Ki Do – peut-on lire sur le site du Qwan Ki Do Metz.                                      

«…. Les choses changèrent avec le désir de Maître Pham Xuang Tong de rendre autonome sa voie (Qwan Ki Do) … pour moi, cela fut dommage car les rivalités, exemple aidant, purent aisément se former ensuite ….» écrit sur son blog Gérard Baudou-Platon

Dix années après la création des fédérations Française et Internationales de Viêtvodao, Phan Hoang se trouve au Canada pour l’épanouissement de sa carrière de professeur d’Université en économie. Il n'en reste pas moins que son action a été très influente sur l'organisation des arts martiaux vietnamiens de Fance à la suite de celle détrminante de Hoang Nam au tout début.

Tasteyre Tran Phuoc Philippe, style Han-Baï, un des piliers de la première Fédération de Việt Võ Đạo, en 1984, part pour l’Australie, ce qui a dû aussi affaiblir la volonté de rassemblement.

Après les différentes scissions et tentatives de regroupement, le Ministère de la jeunesse et des sports en 1986 confie la charge  des arts martiaux vietnamiens (AMV) à la Fédération française de karaté et arts martiaux affinitaires ; tutelle confirmée en 2007. Les AMV y sont structurés sous deux appellations d’une part arts martiaux vietnamiens traditionnels qui regroupe tous les styles ‘’vietnamiens’’ et d’autre part le Vovinam-vietvodao qui a su imposer sa singularité.

1987-1988 – Le constat d’irrégularités au sein de la direction de la Fédération Française de Viêt Võ Dao rend manifeste l’intensité des luttes de pouvoir.

1987 … «je me souviens d'une Réunion plénière à Paris qui fut déterminante pour la suite de notre Art. Pour ma part j'avais suggéré de présenter au Ministère de Sports de l'époque un document précis sur notre mode de formation et sur notre capacité à transmettre les connaissances nécessaires à tout professeur de sport dans notre pays (Sécurité, premiers secours, anatomie, principe d'hygiène, Psychologie, Pédagogie et j'en passe !!!) … en tant que fonctionnaire j'avais trouvé "jouable" un traitement spécifique à notre Art et la construction d'une voie supplémentaire aux cotés de la FFKAMA et de la FJDA … je fus … minoritaire !!! (l'Ecole Thanh Long ayant eu, elle, la majorité) » …

Selon le site Viêt Võ Dao Nghia Long de Vitré, à la veille de la création de l’Union européenne (07/02/1992) « la nécessité de créer une fédération européenne s'est fait sentir ». Celle-ci est née le  4 août 1988. Elle a pour Président Hoang Minh Duc (Louis Marion), disciple direct de Tran Minh Long.                                                                                                          

1988 – création de Fédération Européenne des Arts Martiaux Vietnamiens Viet Vo Dao et Sino-Vietnamiens qui en 1992 sera rebaptisée Union Nation Arts Martiaux Vietnamiens Viet Vodao.                            

Dissolution en 1996 pour permettre en  janvier 1999 : la « tenue des premières assises de ces Etats Généraux [organisée par FFJudo avec accord ministériel] et création de la « Fédération de Viet Vo Dao Arts Martiaux Vietnamiens ». ».

1989 Nguyen Dan Phu se rend à Antibes chez Hoang Nam.

1990 Hau Quyen Trung Dung Ðạo apparait «officiellement » et « pleinement au grand jour ». Conduit à l’époque par Safy Mohamed, successeur désigné par le fondateur Tran Van Ut.

1991 mise en place des 8 branches du Thanh Long dont Nguyen Dan Phu, de fait en devient le patriarche. Cela répond au risque d’interprétations conflictuelles de ‘’l’héritage’’  du Patriarche en offrant l’avantage de l’autonomie et de la liberté de recherche.

1993 Création de la Fédération Française de Việt Võ Đạo à  Chamalières  (63400).

En 1996, dans la perspective d’états généraux des Arts Martiaux Vietnamiens, le ministère de la jeunesse et des sports demande la dissolution des différents groupements, potentiellement parties prenantes. Demande qui sera respectées que par une partie des associations mais souvent qu’en apparence.

1997, fondation de l'Union Française de Võ, c’est une Fédération de Việt Võ Ðạo, Arts Martiaux Viêtnamiens. Selon elle, « c’est actuellement en France la plus ancienne fédération dédiée au Việt Võ Ðạo et composée en majorité de trois Ecoles ».                                                 

En 1998, N'guyen Tien se rapproche de Do Long de l'école Nghia Long. Une collaboration qui durera six années, Guy Hervé y créa une partie du programme technique.

Etc.  

                                                

Espoirs ?

L’époque des désaccords semblait pouvoir se terminer, en fixant une réunion au 17 Janvier 1999 sous l’égide du ministère des sports. Lors de cette restructuration, suivant la demande de 1996, sont jetées les bases de l’institut des arts martiaux vietnamiens – Việt Võ Đạo qui sera fondé en 2002 : Organisme défendant et soutenant la pratique traditionnelle, sans but compétitif, des pratiques énergétiques et des arts martiaux. Lignée de Nguyen Dang Phu.                                                                

Le 17 Janvier 1999  s’est donc tenue une assemblée générale fondatrice de la Fédération de Việt Võ Đạo – Arts Martiaux Vietnamiens, qui réunissait la quasi-totalité des mouvements et styles d’arts martiaux du Vietnam présents en France (tous les styles de la défunte fédération française, ceux de la FFKAMA, le Vovinam, la Qwan Ky Do, etc…).

2002 création de l’Institut des Arts Martiaux Vietnamiens - Viet Vo Dao                                                  

La Fédération de Việt Võ Đạo – Arts Martiaux Vietnamiens, créé en 1999 sera rebaptisée par la suite FAMTV (Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens). L’ère de discorde aurait dû alors trouvé son issue. « Une chance et une force sans précédent pour le développement des Arts Martiaux Vietnamiens de France qui comptait plus de 15000 licenciés ! ».

« En 2004, la FAMTV est désignée par le ministère des sports, de la jeunesse et de la vie associative pour regrouper l’ensemble des AMV ».                                                                                                        

Elle ne réussira pas en 2005 à conserver la Délégation du Ministère des Sports, suite à une mise en minorité du conseil d’administration qui se représentait. La FAMTV se disloquera ensuite.                                      

Les « perdants » créeront aussitôt la FRAMV, qui sollicite tout aussi vite, sans succès, l’agrément du ministère ; malgré l’intervention du Sénateur des Bouches du Rhône, Robert Bret, en novembre 2006.

Le rapport de la mission chargée « d’étudier si les arts martiaux vietnamiens nécessitent véritablement la création d’une fédération autonome et si oui, les conditions sont-elles réunies ? ». sera établi par Monsieur Jean-Richard Germont en avril 2007. Il justifiera l’attribution de la tutelle à la FFK (à l’époque FFKDA). L’arrêté sera publié en 2008.                                                                                    

Pas plus l’arrêté que le rapport de M.Germont feront l’unanimité en absence d’une réelle consultation des acteurs historiques du mouvement martial vietnamien en France.

Depuis 1996, voire 1980, le champ des forces organisatrices a peu changé, sont identifiables :

• celles, ‘’légitimistes’’, animant les AMV au sein de la Fédération Française de Karaté (FFK), fédération délégataire.
• celles soutenant le projet de la fédération vietnamienne des arts martiaux. 
• celles, ‘’autonomistes’’, ayant pris leurs distances avec les tentatives successives d’organisation autonome de l’art martial vietnamien en France et des luttes de pouvoir qui les ont accompagnées. Associations qui généralement prêchent pour un enseignement traditionnel et avec une relation « non compétitive » au combat.            

A cela, s’ajoutent des acteurs liés à plusieurs tendances à la fois, parmi elles  – FFK et Vocotruyen vietnam – Vovinam et ‘’autonomistes’’ – et enfin le cas du Vovinam ‘’officiel’’, celui reconnaissant toute l’autorité de la fédération vietnamienne de Vovinam, qui se trouve en France membre de la FFK (en ‘’rivalité’’ avec la FAMTV et la Fédération de Vo Co Truyen Viet Nam de France) et qui au Viêt Nam en étroite relation avec la Federation Mondiale De Vocotruyen Vietnam (Wfvv) a pour objectif international l’indépendance vis-à-vis des fédérations nationales et l’obtention du statut olympique.

Enfin parmi les ‘’autonomistes’’ de nombreuses écoles ont établi des relations étroites avec des homologues au Viêt Nam et certaines refusant d’adhérer aux organisations de France sont adhérentes de la Wfvv, Fédération Mondiale de Vocotruyen.

Fin 2014, création de la Fédération Européenne de Viet Vo Dao Traditionnel.    

                                              

1975 AMV au sein de la fédération française de Karaté et arts martiaux affinitaires:

Une autre voie de rassemblement se développera dans le sillage de la construction de la fédération de Karaté. Démarche qui s’appuyait sur des forces déjà existantes, un mouvement martial français s’organisant et qui tentait d’inscrire le projet, en se maintenant le plus en marge possible de l’expression d’opinions.

Des pratiquants ‘’vietnamiens’’ d’art martial, entretiennent, comme Hoang Nam, des relations étroites et anciennes, avec les organisations de Karaté depuis qu’elles sont apparues. Hoang Nam y a été un vice-président.

Dans la liste officielle des professeurs diplômés d’État ayant comme option principale le karaté, nous retrouvons ainsi plusieurs maîtres à l’œuvre dans la création de la Fédération française de Việt Võ Đạo comme Nguyễn Dân Phú, Hoang Nam, Nguyên Trung Hòa, Pham Xuân Tong, Philippe Tasteyre Trần Phước, Phan Hoang … Le Karaté favorisera l’entrée en relation des pratiquants vietnamiens entre eux dès les années 55-60.

Ly Sary s’envole pour le Vietnam à l’été 1974. Sa rencontre avec Trần Huy Phong (le second du patriarche Le Sang) est d'importance, puisque le président du de Việt Võ Đạo Mondial donne son accord de principe pour que Ly Sary participe au développement du Vovinam-Vietvodao en France. C’est le même été que Hoang Duc Phi et Nguyen Dang Phu se rendent  à Saigon, au siège du Vovinam-Việt Võ Đạo, et organisent la venue  de Tran Nguyen Dao emmenant une équipe de 18 enseignants expérimentés ; démarche effectuée pour le compte de la naissante fédération du Vietvodao. Il n’est pas imaginable que le patriarche Lê Sáng ne se soit pas concerté avec le second du Vovinam-Việt Võ Đạo.                                                                                                                                                                    

L’idée d’un jeu sur deux tableaux ne peut pas manquer de venir à l’esprit surtout quand on connaît l’organisation et la planification de développement qu’a su instaurer Tran Huy Phong.

A son retour Ly Sary travaille à la création d’une Commission Vovinam-Việt Võ Đạo au sein de la FFKAMA, pas encore officiellement née.

Jacques Tran Van Ba participa au travail de Ly Sary, avec Phan Toan Châu et d'autres, dans les années soixante-quinze, et suivantes, pour la mise en place des AMV et des commissions Việt Võ Đạo. Phan Toan Châu remplacera Ly Sary à la direction de la Commission VOVINAM-VVD/FFKAMA à partir de 1986. Elle prit fin en 1996, date à laquelle le Ministère de la Jeunesse et des Sports retire la délégation de pouvoir à la FFKAMA, et du coup ces commissions cessent toute activité officiellement.  Cela restera pourtant la base utilisée pour organiser les A.M.V. en commissions Việt Võ Đạo et Vovinam-Việt Võ Đạo lorsque la FFKAMA se verra réattribuer la délégation (2007).                                                                                                       En 1976,  Jean Michel Sudorruslan arrive en France et décide, au départ isolé, de développer à son tour le mouvement  Vovinam-Việt Võ Đạo . Son dévouement et sa philosophie vont contribuer au développement de cet Art en région Ile de France, au sein de la FFKAMA …                                                                                                                    

AMV au sein de la fédération française de Karaté délégataire.

Depuis 1986, confirmée en 2007, la ‘’tutelle’’ des arts martiaux vietnamiens (AMV) *  incombe à la Fédération française de karaté et arts martiaux affinitaires. Les AMV y sont structurés sous deux appellations d’une part arts martiaux vietnamiens traditionnels qui regroupe tous les styles ‘’vietnamiens’’ et d’autre part le Vovinam Việt Võ Đạo qui a su imposer sa singularité. Selon Karaté Magazine d’octobre 2010, le Vovinam représente 2 000 licenciés alors que l’ensemble des styles traditionnels rassemblés sous le Vo Co Truyen comptent 12 000 pratiquants au sein de la FFKDA. « La commission des Arts Martiaux Vietnamiens est sur la voie du dynamisme et elle se veut fédératrice afin que chaque pratiquant des AMV trouve sa place au sein de notre fédération qui possède une grande expérience de la structuration. ».

Le site de la FFK, ex FFKDA, ex FFKAMA, … à la page AMV (arts martiaux vietnamiens) fait remonter l’appellation Việt Võ Đạo aux années 50, alors que ce nom aurait été choisi par les fondateurs au printemps 1973 et confirmé en 1974 par le patriarche du Vovinam-Việt Võ Đạo en 19774 à Saigon. La terminologie ‘’ AMV ‘’, qu’utilise le site FFK, contourne cette question de date et d’histoire du développement de l’organisation des arts martiaux et appelle style, une expression générale désignant, un ensemble formé par un très grand nombre de styles.  Cette distorsion est comme un ‘’fossile’’ de batailles passées.

La section AMV (Arts Martiaux Vietnamien Traditionnels) de la FFKDA accueille une partie des écoles de l’ex Fédération Française de Việt Võ Đạo. Nombre d'écoles adhérentes de la FFKDA conservent l'appellation Việt Võ Đạo comme beaucoup de celles issues du Lam Son Vo Dao: "Il [Jacques Tran Van Ba] participa avec les maîtres Ly Sarry, Phan Toan Châu et d'autres, dans les années soixante-quinze à la création de la fédération Việt Võ Đạo au sein de la FFKAMA".

Il y a bien sûr dès lors un premier problème d’appellation puisqu’au sein de la FFKAMA les arts martiaux vietnamiens utilisent l’appellation déposée en 1973 par Phan Hoang pour la création de la fédération française de vietvodao.

Pour ce «vietvodao», celui au sein de la FFK « 1995 marquera un tournant encore plus important, celle de son rapprochement avec la terre de ses ancêtres, et le soutien sans faille qu’il décide d’apporter au mouvement Vo Co Truyên Vietnam, à la LDVCTVN et à l’université Hông Bang. La Lien Doan Vo Co Truyen Viet Nam le lui rend [hommage] en lui remettant le titre de Grand Maitre ».

En France depuis 2012 le Võ Cổ Truyền se développe au sein de la FFK qui travaille « en adéquation » avec la Fédération du Vietnam.

Bien que ce soit un type d'évènement inhérent à toute association se dévellopant notoirement, il faut relever que c'est entre autre au sein du Võ Cổ Truyền (ex-vietvodao) que s'expriment les réserves quand au fonctionnement de la FFK. 2015 Pétition de Vivian Lasjunies, adressée au ministre de la jeunesse de la Ville et des sports et au président de la Fédération Française de Karaté : « …  Depuis que nous sommes licenciés, les experts sont nommés, les commissions créées, les postes distribués sans que les principaux concernés n’aient le pouvoir de décider. …». Si elle recueille peu de signatures, si elle est une initiative personnelle, en émanant d’un cadre confirmé et extrêmement investi depuis 20 années en 2015, elle témoigne des difficultés à réunir, y compris dans la Fédération délégataire, et probablement, la plus structurée. « Les querelles de styles, les susceptibilités des uns et les intérêts personnels des autres ne doivent plus abimer la promotion de notre bel Art Martial Vietnamien. Pour que l’égo d’une minorité ne nuise plus à la majorité … ».    

                                                                                                        

‘’Fédération’’ de Vovinam-vietvodao, années 80.

« L'histoire du Vovinam est quelque peu spéciale, car on ne peut pas vraiment le considérer comme une école, car il a été conçu dès le départ comme un mouvement sportif » dit André Gazur.                                                                  

Le Vovinam-Việt Võ Đạo se présente comme un système faisant la synthèse et la codification des pratiques martiales se pratiquant en Indochine, entre la première et la seconde guerre mondiale. Comme toutes les pratiques elles n’ont pas échappé aux infléchissements de l’époque ou des personnalités. L’exemple du Taekwondo a semble-t-il inspiré les développeurs du Vovinam-Vietvodao.

Selon  la page, datée de 2018, de Vietnam Martial Art (Thieu Lam That Son) « le Vovinamvietvodao s'est principalement développé en dehors du Vietnam … le Vovinam ne représente en réalité qu'un faible pourcentage de personnes pratiquant l'art martial vietnamien (Việt Võ Đạo).

Au Vietnam, Vovinam n'est implanté qu'à Saigon et aux alentours, et en France, il ne représente que 10% des personnes pratiquant les arts martiaux vietnamiens ». Selon Võ Thuật, Arts Martiaux du Vietnam de Pascal Doucet, en 2019 au Viêt Nam, le Vovinam compterait 150 000 adhérents. Malheureusement il n’y a pas d’indication de sources pour ces chiffres, ni de recoupement de références.

‘’Tête de pont’’ du Vovinam-Việt Võ Đạo en Europe, l'Equipe Mobile créée en 1975 est composée des experts : Nguyen Thi Hue, Tran Nguyen Dao, Ba Hien, Ha Kim Khanh, Do Long, Phi Long, Nguyen The Truong. Cette Equipe (dont l'entraîneur technique est Tran Nguyen Dao), le premier noyau Vovinam Việt Võ Đạo  en France et en Europe.

  « En 1975, compte tenu des événements politiques au Vietnam, cette fédération perd le contact avec la source » est-il écrit jusqu’en 2007 sur le site de la fédération du Vovinam qui ajoute «  Des tensions se créent et cela aboutit, vers la fin des années 1975, à une séparation. Ainsi plusieurs écoles de Viet Vo Dao apparaissent : Vovinam, Than Long, Cuu Mon… » .

Si les tensions peuvent exister au sein du Voviman, relativement à la disparition de la République du Sud Viêt Nam, la coupure avec Saigon n’est pas totale, les relations familiales bien que difficiles ne sont pas totalement interrompues. Le changement de régime au  Sud Viêt Nam, les difficultés de communication avec le « cœur » du Vovinam, si elles ont permis la cristallisations de différents, semblent difficilement pouvoir être considérées comme cause essentielle. Par ailleurs les écoles citées au sujet de séparation ne pratiquent pas à proprement parler du Vovinam ce qui indique bien que les divisions reposent également sur les difficultés de concilier à la fois la structuration des arts martiaux vietnamiens et la montée en puissance du Vovinam lui-même déjà bien organisé.

L’idée que Vovinam ou vovinam-Việt Võ Đạo voire Việt Võ Đạo se réfèrent au seul style de synthèse  Việt Võ Đạo de Nguyên Lộc a peut-être constitué un piège à retardement. Si en France, cela a servi la promotion du vovinam dans les années 75, c’est ensuite devenu un labyrinthe dans lequel le prestige de chaque regroupement semblait vouloir perdre les autres – c’est également dans cette période qu’a commencé à se répandre, en France, l’idée que Vo Viêtnam se réduisait juste à signifier « art martial vietnamien » au mépris des 30 années d’enseignement par Nguyen Duc Moc, de ce que tous appelaient Võ Viêt Nam.                                                                                                                

Le Vovinam (devenu Vovinam Việt Võ Đạo en 1963-64), style de synthèse, par sa conception emprunte des éléments à d’autres styles qui viennent d’être rangés en 1973, en France, sous l’appellation Việt Võ Đạo : ce qui fait que le Vovinam peut être classé Việt Võ Đạo par contre dans le Việt Võ Đạo se trouvent bien d’autres styles que le Vovinam-Việt Võ Đạo.                                        

Dès le courant 1976, Tran Nguyen Dao, assisté de Nguyen Dien, Ha Kim Khanh et Phi, Long reprend les rênes et ‘’crée’’ la Fédération Vovinam-Việt Võ Đạo France. Les désaccords avec la fédération de Việt Võ Đạo vont apparaître et s’accroître rapidement et aboutir à la séparation en 1977. Ce divorce entre la fédération de Việt Võ Đạo présidée par Phan Hoang qui se présente comme un ami de Tran Huy Phong, patriarche du Vovinam-Việt Võ Đạo (Viêt Nam) et le Vovinam-Việt Võ Đạo en France sous la conduite de Tran Nguyen Dao (frère cadet de Tran Huy Phong) est inexplicable, sauf si les engagements passés avec le patriarche Le Sang n’avaient pas été tenus. C‘est indirectement un avantage pris par la FFKAMA voire une ‘’victoire’’.

Le contexte de développement de la Fédération de Vovinam Việt Võ Đạo

Le développement en France du vovinam-Việt Võ Đạo a été conditionné d’une part par la menace qui pesait sur lui au Viêt Nam et d’autre part en France par l’éclatement de la fédération de Việt Võ Đạo peu après sa création.

Au sud du Viêt Nam, en 1975, le Võ est à nouveau interdit; Maître Lê Sáng patriarche du vovinam-Việt Võ Đạo, en mai, est incarcéré pour 13 ans, jusqu’en 1988. Son ‘’adjoint’’,  Trần Huy Phong est emprisonné pour 5 années jusqu’en 1980. Selon l’école française de võ dân tộc, le võ réapparait publiquement en 1988 avec la création d’une nouvelle fédération, la Lien Doan Vo Dan Toc Viêt-Nam.                                                                          Au milieu de l’année 1976, la toute jeune fédération de Việt Võ Đạo n’est pas capable de surmonter ses contradictions, aussi les cadres du Vovinam font le choix de se retirer de cette coalition incertaine et conflictuelle pour amorcer un rapprochement avec la Fédération Française de Karaté et Arts Martiaux Affinitaires (FFKAMA). Le Vovinam, via Phan Hoang et Nguyen Dang Phu, a soutenu et prêté une partie de son nom en 1973 pour la création de la fédération Française de Việt Võ Đạo, puis de 1975 à 1977 la rupture avec la Fédération Française de Việt Võ Đạo se consomme.                                                          

Au Viêt Nam, après 5 années de ‘’rééducation’’ Tran Huy Phong est libéré en 1980, bien qu’assigné à résidence, il reprend dans la plus grande discrétion l’enseignement et la formation. Il « organisait discrètement le départ à l’étranger de centaines d’enseignants et maîtres pour la liberté et pour pouvoir développer l’art martial ».

Selon Vovinam World Map, en 1980 le maître « senior » Nguyen Van Nhan avec les maîtres de la commission d’enseignement préexistante prennent en charge la promotion du Vovinam en Europe et jettent les bases de la Fédération européenne de Việt Võ Đạo [en fait vovinam-Việt Võ Đạo].                               

La Fédération européenne vovinam-Việt Võ Đạo a été créée le 16 octobre 2010 à Paris.                                                                              

Le Vovinam-vietvodao se déclarera en association, loi de 1901 en 1985.

        

En 1990, un premier grand retour aux sources est organisé. Une délégation composée de Maîtres et 3ème dang s’envole pour le Vietnam. C’est pour eux l’occasion de rendre compte de la situation du Vovinam au Viêt Nam, de « découvrir que malgré un pays exsangue, le Vovinam a de beaux jours devant lui ».                                                        

Vu de Saigon l’enthousiasme est plus relatif :

[années suivant 1976] : « Cependant, au cours des années de développement local du Vovinam, M. Chieu s’est retrouvé, à plusieurs reprises entre le marteau et l’enclume du fait de soupçons et malentendus. Mais M. Chieu, s’est dit:

"Quand je ne fais rien contre ma conscience, je n'ai pas à me sentir coupable …". ».                                                                                                                             

L’annexe française

 

« Le Vovinam Viet Vo Dao apparaît officiellement en France en 1975 avec l'arrivée de Tran Nguyen Dao. … il est unanimement reconnu comme le fondateur, le leader historique et charismatique de l'Ecole Vovinam Viet Vo Dao en France ».

Associé pour une part depuis 1974, grâce à Ly Sary, au destin de la FFKAMA, puis complétement en 1977 avec le ralliement du Vovinam issu de la fédération Việt Võ Đạo, le Vovinam-Việt Võ Đạo se déclarera en association, loi de 1901, en 1985.

Fin 1980, Tran Huy Phong est libéré, mais demeure assigné à résidence à Saïgon.                                                                                

En 1986, débutera  Đổi mới , libéralisation qui favorisera les échanges internationaux.

Un terrain miné ?

Vers la fin des années 1975, « … plusieurs écoles de Viet Vo Dao apparaissent : Vovinam, Than Long, Cuu Mon… », lit-on sur le site Vovinam Family. C’est semble-t-il le reflet d’une des ambiguïtés qui a miné le projet de fédération de Viet Vo Dao, et qui a maintenu la confusion entre le « style Vovinam-Việt Võ Đạo » et la fédération de Việt Võ Đạo regroupant différents styles vietnamien parfois bien éloignés du Vovinam. Confusion qui a successivement servi puis desservi les associations formant les Fédérations de Việt Võ Đạo.

« … le Vietvodao authentique mais sous diverses appellations … » dit, avant 1975, Phan Hoang au sujet de ce qu’il pense avoir implanté en Europe.

« … le Viet Vo Dao n'a jamais été composé de plusieurs styles. Il n'y a qu'un seul Viet Vo Dao : le Vovinam Viet Vo Dao … » ;  Trần Nguyên Đao, 1998.

Les effets de la discorde

La question des affiliations sera, au sein du Vovinam, une des raisons (ou justifications) de division. Une première séparation existe dès 1974, Ly Sary et quelques pratiquants du Vovinam œuvrent au sein de l’Union Française de Karaté (UFK) toujours contrôlée par la FFJDA (judo) futur FFKAMA, alors que la majorité adhère à la fondation de la fédération de Vietvodao.                                                                                                    Puis en 1977 une grande partie des pratiquants du Vovinam sont enregistré à la FFKAMA, une autre partie constitue un ou des nouveaux sous-groupes.Après bien des vicissitudes et à défaut de consensus, en 2007, le ministère de la jeunesse et des sports abandonne l’idée d’une fédération spécifique [arts martiaux vietnamiens] et  décide de confier délégation à la Fédération française de karaté. « Si beaucoup de clubs ont décidé de se ranger sous la bannière de la FFK pour profiter des avantages d'une fédération délégataire (compétitions officielles, reconnaissance nationale des grades, accès aux diplômes d'état), certains ont choisi de rester indépendants ». Ce sera l’occasion de nouvelles fractions.                                                                                            « … Fin 80, le bruit des dissensions au sein de la FFVVD commençaient à se faire entendre et parvenaient jusqu'aux clubs. … » «… Si il y avait déjà des "tensions" à l'époque c'est clair que je ne peux pas te dire que ça s'est calmé avec le temps, peut-être même au contraire … ».  Même si ce sont des réactions individuelles, elles témoignent de la résonnance de ces ruptures et évoquent la sédimentation des désaccords sur  la couleur des « Võ phục » et le surcroit d’incompréhension apporté !   « … Cependant je n'aurais jamais imaginé que même la couleur du võ phục serait mise en cause pour marquer une différence d'opinion ».  « … Je sais que beaucoup de vietnamiens qui ont débarqué en Europe durant les années 80 enseignaient le viet vo dao en kimono noir …. » Une page, « Discussion: Vovinam Việt Võ Đạo » mise à jour le 30 juillet 2019, évoque les difficultés inhérentes à l’existence des différents courants du Võvinam-Việt Võ Đạo.                                                                                                             A la différence des choix d’affiliations qui ont pu séparer des écoles de la fédération du Việt Võ Đạo, le parti pris face au changement de régime au Viêt Nam a eu lui plus d’effet dans l’apparition de différents courants du Vovinam. Cela est peu exprimé, mais transparaît dans la manière de rendre compte du devenir du Vovinam et de ses maîtres, restés au pays, entre 1975 et 1990 (où les conséquences de la Đổi Mới commencent à se faire sentir).                                                                                                                                                 

L’évolution de la « Maison mère » au Viêt Nam, après la réunification du Viêt Nam en 1975, sous-tend vraisemblablement les choix du Việt Võ Đạo  de France sous la conduite de Trần Nguyên Đao, dont le frère aîné, Trần Huy Phong alors emprisonné, est à ce moment le numéro deux du Vovinam.                                                   

‘’L’écho’’ du Viêt Nam                                                             

Le retour au ‘’grand jour’’ sera graduel. « Décembre 1978 Nguyen Van Ky et Do Van Phuong obtiennent des autorités l’autorisation d’ouvrir une salle à Saigon après 3 années d’interdiction, cela marque le début des réouvertures de salles. … En juin 1980  ‘’le Vovinam’’ est invité à entrainer au centre de recherche en art martial de l’agence sud du ministère de l’intérieur.   …     Fin 1980 Trần Huy Phong sort de prison mais demeure assigné à résidence. En 1988 le grand Maître regagne Saigon après avoir été libéré du camp de travail. » … Pendant cette quinzaine d’année le Vovinam s’implante, se développe et s’organise, complète l’article de « the Vovinam World Map community! ». Traduction à partir de Vovinam History.                                    «En 1989 l’association de viet vo dao d’Ho Chi Minh ville (anciennement Saigon) est fondée, Nguyễn Văn Chiếu en est le président. Comme le Vovinam retrouve sa popularité, ses pratiquants sont autorisés en 1990 à participer au 3^ème tournoi technique de la 3^ème région ».                                                                                                                                                                                                                        

En 1990, le patriarche[Le Sang] charge Nguyen Dan (frère cadet du fondateur Nguyen Loc) et Ly Phuc Thai d'accueillir, en Californie, USA, la Conférence internationale Vovinam-Viet Vo Dao (30 juin-1er juillet)... Au cours de la conférence, fondation de la Fédération internationale Vovinam-Viet Vo Dao. le Comité exécutif se compose de : Nguyen Dan, Président, Ly Phuc Thai, directeur des affaires américaines, Le Cong Danh, directeur des affaires australiennes, Ha Kim Khanh, directeur des affaires européennes (en plus, le président de Vovinam Europe Duong Quang Viet, Nguyen Ngoc My, directeur des affaires africaines.

Pour accéder au récit de l’histoire du Võvinam telle qu’elle a été perçue par ceux pour qui  l’émigration s’est imposée, se reporter à Vovinam History, de la Liên Đoàn Võvinam-Việt Võ Đạo Tây Hoa Kỳ (Vovinam việt võ đạo western United States).

Depuis 1992, la branche des sports des provinces et l’Office Générale des Sports ont donné leur permission d’organiser des Championnats au niveau provincial et national. Les années suivantes, sont apparus des Championnats régionaux, des Championnats des Jeunes, des Pionniers, des Championnats du festival des sports des élèves, et des Championnats internationaux.                                                                                      

Avec les résultats obtenus au cours des 25 dernières années, le Võvinam-Việt Võ Đạo a été introduit officiellement par le Comité des sports du Vietnam, au contenu officiel des compétitions à l’occasion du 4e Festival National des Sports en 2002.

Le cours du développement n’a été simple ni au Viêt Nam ni hors du Viêt Nam !             « Le 29 avril 1994, le régime communiste vietnamien a établi la Commission Viet Vo Dao pour contrôler Vovinam et a nommé un fonctionnaire du gouvernement (qui n'est pas un disciple du Vovinam) comme commissaire. Pour cette raison, toutes les fédérations de Vovinam à l'étranger ont déclaré qu'elles ne se conformeraient pas à la commission fantoche Viet Vo Dao. Toujours en 1994, la Commission Viet-Vo-Dao a interdit tous les centres de formation Vovinam «non autorisés» au Vietnam, y compris les centres de formation de Maître Tran Huy Phong. Cela interdisait également à Maître Tran Huy Phong d'enseigner le vovinam ».                                 

En septembre 1995, répondant à l’appel de Trần Huy Phong, Phan Dương Bình (1929-2020) et les maîtres du Conseil intérimaire des maîtres du Vovinam-Việt Võ Đạo à l’étranger, déclarent créer officiellement le Conseil des Maîtres pour diriger le Vovinam.

En 1996, Maître Tran Huy Phong et un certain nombre de maîtres d'outre-mer ont créé le Conseil mondial des Maîtres et la Fédération mondiale du Vovinam Viet Vo Dao. En outre, il existe plusieurs autres clubs indépendants. Cependant, l'objectif commun de cette discipline est d'aider chacun.

Le 16 février 1997, le Conseil californien des maîtres et instructeurs a fondé la Fédération  Võvinam-Việt Võ Đạo de Californie avec Nguyen Van Dong comme président.

Retour à la ‘’normale’’

                                                              

2006, Viêt Nam, le Vovinam Việt võ đạo, a la possibilité de se constituer en fédé­ra­tion indépendamment de la Liên đoàn võ thuật cổ truyền Việt Nam.

La WVVF (World Vovinam Việt Võ Đạo  Federation) a été créée en 2009 avec le soutien du CIO. La Fédération mondiale a le mérite d'unir des nations du Vovinam issues de plusieurs courants. (mise à jour 2020). Il faut cependant noter qu’en 2011 lors de la seconde assemblée générale ne figurent pas, comme nation adhérente, les Etats Unis et le Canada pays où les communautés de pratiquants de  de Vovinam-Việt Võ Đạo sont parmi les plus importantes (sans parler des divisions au sein des nations représentées) !

2010 Mise en place du conseil des Maîtres du Vovinam Việt võ đạo. En octobre création à Paris de l’European Vovinam Việt Võ Đạo Federation.

A l’occasion du 7^ème  congrès mondial de vovinam à Paris, 31 mars 2012, Message de l’épouse de Nguyen Loc depuis les états unis, où elle est réfugiée avec sa famille, et le frère cadet de son défunt mari,  Nguyen Dan. Le congrès suivant était prévu pour mai 2020, depuis 1988 il s’est réuni tous les 4 ans.                                                                                                                                                      

En  août 2015, Tran Nguyen Dao entre au même rang, que les vice-présidents, dans le comité directeur exécutif de la fédération mondiale de Vocotruyen. Il assure la présidence de la commission ‘’conseil’’. Après l’autorisation en 2006 de la création d’une fédération vietnamienne de Vovinam Việt võ đạo, cette nomination est le signe d’une normalisation des relations entre les autorités sportives vietnamiennes et d’une atténuation du clivage Vovinam Việt võ đạo vietnamien - Vovinam Việt võ đạo d’outre mer.                         

La Fédération mondiale de Vovinam-Việt Võ Đạo sollicite l'appui de  l'Algérie pour en faire une discipline olympique - 20 Septembre 2017 : Alger- Le président de la Fédération mondiale … le Docteur Mai Huu Tin … pour faire de cet art martial "une discipline olympique", lors d'une réunion … avec le ministre de la Jeunesse et des Sport algérien, El Hadi Ould Ali ....

« … Près d'un an après la journée de l'unification du pays, Maître Nguyen Van Chieu a réuni des maîtres  … Après cela, Maître Tran Huy Phong a également rejoint. … Cependant, en raison de circonstances historiques, Vovinam a également plusieurs autres organisations. …» discours Maître Nguyen Hong Tam 22/12/2018      Discours pour le 80^ème anniversaire du Vovinam-Vietvodao.

Le Vovinam-Việt Võ Đạo de France est habité par cette même problématique, sans que cela compromette vraiment ses différentes voies de développement notamment celles au sein de sa propre fédération et au sein de la FFK.

La structuration, l’organisation et la recherche au sein de la communauté Vovinam-Việt Võ Đạo continue « Maître Trần Nguyên Đạo a pris la décision de se rendre à Hà Nội – Vietnam, en mai 2013 pour compléter et terminer sa formation sur le Khí Công avec maitre Phan Dương Bình ».                                                                                          

1980 – 2000 deux décennies de confusion

Fractures

1962, le ministère français de l’Intérieur décompte 6 853 ressortissants vietnamiens en France. « … Après l’offensive générale du « Têt Mâu Thân », (la veille du premier jour de l’année du Singe, fin janvier 1968), suivie des négociations de paix à Paris (1968-1973), un grand nombre de bourgeois saïgonnais sont venus s’établir en France. Il est arrivé que leurs enfants soient envoyés en précurseurs, évitant ainsi le service militaire … »                                                                                                                                                                                                                

1974 le nombre de Vietnamiens en France a presque doublé depuis 1962 [approximativement de 6000 -> à 12000].                                                 … A partir de 1975, une vague de réfugiés estimée à 150 000, essentiellement des boat-people, fuit le Viêt Nam en raison de facteurs historiques, politiques ou économiques (expulsion des Vietnamiens d'origine chinoise suite au conflit sino-vietnamien de 1979)   …                                                                                                                                                

Après 2000, les arrivées en France concernent des étudiants vietnamiens bénéficiant de bourses du gouvernement Français ou de l'Union Européenne, mais aussi des enfants des dirigeants vietnamiens actuels …  « Les Vietnamiens de France : Identité- Intégration et Education » Colloque ; 10 Décembre 2016.Le contexte vietnamien est à replacer dans l’environnement de la mondialisation : « Les années qui ont suivi les accords de Paix de Paris (1975) ont également correspondus à des transformations profondes de la société française, de la politique internationale, du rapport à la consommation comme celle de la relation au sport. Elles conduiront à une mutation dans la transmission des arts martiaux. C’est dans le même temps l’émergence de la mode du Kung Fu, la reconnaissance du développement  des arts martiaux vietnamiens » et les contaminations réciproques entre les styles.

Ces mutations ont fortement modifié la communauté vietnamienne, la relation au pays natal et le contexte socio-économique de l’enseignement des arts martiaux. Elles interviennent dans une France qui entre dans la « crise », où le chômage est grandissant, et où l’intérêt pour les arts martiaux en général vient de prendre de l’ampleur. Se trouvent donc réunis les conditions pour l’apparition d’offres en ‘’ tous genres’’, dont des perspectives de professionnelles.                                                                                      

L’importance que prend l’aspect économique conduit certains à ne plus faire la distinction entre l’expertise martiale et l’habileté commerciale. La relation au disciple n’est pas la relation au client, cette différence  a contribué à l’entretien de la confusion et y contribue encore en 2020 d’autant mieux que le milieu martial demeure un inextricable labyrinthe d’appellations. Ce chaos ne peut qu’être favorable aux impostures !

Déjà en 1975 : « Les arts martiaux en général et le karaté en particulier deviennent malgré les efforts louables de certains, un produit de consommation, avec tout ce que cela implique. Des « faisans en kimonos » prolifèrent, s’empressant d’exploiter « LA » bonne affaire. […] ».                           

En 1999 : « Les vietnamiens devraient ouvrir des restaurants au lieu d’enseigner les arts martiaux. Les vietnamiens sont des commerçants ».           En 2006 : « Les  ’’retour à la source’’ devinrent une mode, les dollars furent lancés aux Vo-su vietnamiens justes sortis d’une misère économique en échange de titres et de ceintures. ».                                                                                               

La confusion dépasse l’entendement

Jusqu’en 1975-1980, en France il n’y a aucune ambiguïté: les pratiquants, discrets, des styles vietnamiens (encore peu  connus, disposant d’un nombre de salles limité) utilisent les noms de leurs propres écoles [« Thanh Long» de Nguyen Dan Phu (1911-1999) ; Thieu Lam, Han Baï au « Vo D A» de Nguyen Trung Hòa (1914-1975), Minh Long de Tran Minh Long (1925-1977), ... ] … et les élèves de Nguyen Duc Moc (1921-2009) dans leur majorité disent pratiquer du « Võ Viêt Nam » et n’emploient que rarement le nom de l’école Sơn Long Quyền Thuật. Mis à part les pratiquants expérimentés, et ceux appartenant à la communauté vietnamienne, la connaissance des autres styles vietnamiens est généralement très faible.

Le ‘’péché originel’’ ?

Les initiateurs historiques du regroupement des arts martiaux vietnamiens en France Nguyễn Dân Phú, Nguyên Trung Hòa, Tasteyre Trần Phước, … ont donné une définition du mouvement Việt Võ Đạo qui est différente de celle utilisée par le mouvement Vovinam-Việt Võ Đạo.

Des ‘’ paroles ‘’ de premier plan dans cette histoire, Phan  Hoang et Tran Nguyen Dao semblent également se contredire :

« Le Viet Vo Dao est défini comme l’ensemble des arts martiaux vietnamiens et méthodes de culture du corps d’origine vietnamienne pratiqués dans un dessein éducatif aussi bien physique que moral». Statuts de la Fédération Française de Viet Vo Dao, 1973.

« le terme Viet Võ dao fut inventé pour regrouper les différents styles implantés en France … art martial composite typiquement franco-vietnamien ». Ecole le Roseau,  Cây Lau Võ Đạo. 1974.

« … le Viet Vo Dao n'a jamais été composé de plusieurs styles… ». Trần Nguyên Đao, 1998.

Le ‘’terme’’  Việt Võ Đạo se traduit littéralement par la voie des arts martiaux vietnamiens. « Ce terme générique désigne l’ensemble des arts martiaux vietnamiens, mais ne veut pas désigner un style ou une école ». Han Baï Duong, Sèvres. 2008.

Les appellations !

Le manque de rigueur dans les écrits fait qu’il est possible de lire des affirmations étonnantes, naturellement sans références : – « Littéralement Phai Long Hô Hôi et Vô Viêtnam signifient : la synthèse des techniques de différentes écoles de Viet Vo Dao ». – «  … Vovinam vietvodao ou autre Vo vietnam [sic !] du début du 20° siècle et codifié par le Maître N'guyen Lôc. … »  – « Vovinam (contraction de vo Viêt Nam = arts martiaux vietnamiens) ».                                                                                 

Et même, en France, sur la page d'accueil (Home) de Vovinam-Việt Võ Đạo il est écrit en février 2019 « vovinam et viet vo dao veulent dire la même chose: L'art martial Viêtnamien ». En France le développement des Arts Martiaux Vietnamiens s’est construit avec les noms Võ Viêt Nam, Việt Võ Đạo, puis Vovinam-Việt Võ Đạo (souvent réduite à Vovinam), qui recouvrent chacun des aventures singulières, une histoire. Cela semble compliqué de la respecter ! Si cela demeure, toutes les ambiguïtés et ignorances ne risquent-elles pas de subsister et prospérer ?                                                                                                                      

         

Les concurrences !

Cette incapacité à nommer correctement les associations, les écoles d’art martial vietnamien de France n’est vraiment apparue qu’après le début des années 1980. Si au départ ce put être mis sur le compte de l’ignorance, aujourd’hui cela peut-être pose la question d’une mauvaise désignation  intentionnelle soit  pour gagner quelques ‘’parts de marché’’ soit dans le cadre d’une logique de pouvoir ?                                                                           Quelle explication donner à la persistance de ce continuel mélange entre Việt Võ Đạo, et Vovinam-Việt Võ Đạo , entre styles d’AMV et celui du Vovinam-Việt Võ Đạo, … , alors que des observateurs avertis du développement de l’art martial en France ne glissent pas dans cette ornière?  La justification « au Viêt Nam ... [ou] en Vietnamien c’est ainsi » n’est pas recevable dans le cadre de l’histoire et de la société française. A moins que cela cache un implicite : les pratiquants de France n’auraient pas leur ‘’mot à dire’’ sur les pratiques martiales d’origines vietnamiennes et sur leur développement en France, devraient-ils effacer cette histoire de leur mémoire ?                                                                                     

Le site de la FFK, en 2020 encore, oublie Nguyen Duc Moc dans la liste des maîtres ayant initialement impulsé les AMV, les sites de Vo Co Truyen, en France, se présentant comme officiels ignorent la dénomination Võ Viêt Nam ? Les publications vietnamiennes, ‘’autorisées’’, sont sur la même longueur d’onde, incapables d’utiliser l’appellation historiquement utilisée en France « Võ Viêt Nam », elles remplacent systématiquement « Võ Viêt Nam » (de Nguyen Duc Moc) par l’indéfinie expression « Art Martial traditionnel » y compris lorsqu’il est question de l’histoire de la diffusion de l’art martial vietnamien en Europe (France, Algérie, Italie, Suisse, …  en particulier).

Le plus surprenant c’est peut-être, que c’est au « Võ Viêt Nam » que revient la palme de ‘’l’oubli’’. En 2007, le président de la FIVV- Sơn Long Quyền Thuật  (ex Fédération internationale de Võ Vietnam)  , sur le forum Kwoon, écrit étrangement: « Le mot Vo ne désigne pas les arts martiaux Vietnamiens mais tous les arts martiaux, c'est pourquoi on précise Vo Vietnam ou Vovinam (c'est pareil) ou art martial du Vietnam », en contradiction de ce qui était dit, presque jusqu’en 2000, à contresens des procédures, de revendication en propriété du nom « Võ Vietnam », entamées depuis 1997.

Il persiste et signe en 2010 dans sa réponse au représentant d’une des plus anciennes salles désirant garder l’appellation Fédération de Võ Viêt Nam : « le vrai nom de notre école est Sơn Long Quyền Thuật, Võ Vietnam étant un terme générique pour les vietnamiens [Sic !] … ».

Comme si il existait une volonté de bien embrouiller les pistes, après 30 années de Fédération du Võ Viêt Nam, l’appellation changera 5 fois en moins de 9 années. Ce ne sera pas son apanage, puisqu’avec moins de frénésie, le Việt Võ Đạo connaitra la même instabilité de nomination.

Dès 1998, la confusion était déjà devenue telle que même les pratiquants vietnamiens s’en alarmèrent. - 8 septembre : appel du maître Lê Sáng (dès la fin de son emprisonnement) de ne plus dissocier le terme Việt Võ Đạo qui appartient au Vovinam, donc l’appellation doit être Vovinam-Việt Võ Đạo.         Décembre, Tran Nguyen Dao (figure centrale de l’introduction du Vovinam en Europe, aujourd’hui vice-président de la fédération mondiale de Vo Co Truyen): « … le Viet Vo Dao n'a jamais été composé de plusieurs styles. Il n'y a qu'un seul Viet Vo Dao : le Vovinam Viet Vo Dao. … il n'y a qu'une seule exception à cette règle et c'est en France qu'elle se trouve. En France existent donc plusieurs "styles de Viet Vo Dao". En réalité ce ne sont pas plusieurs styles de Viet Vo Dao mais plutôt plusieurs styles d'art martial vietnamien». Tran Nguyen Dao interview dans la revue Karaté-Bushido N°263 – décembre 1998.                                                                                                                                                                                                                      « Je crois que l'exception française est le résultat d'une confusion indigne qui n'a que trop duré ».                                                                                         Quelle est la source de cette confusion indigne ? Qui n’a pas joué ‘’franc-jeu’’ ? Et pourquoi est-il encore si difficile de ne pas l’entretenir ? Il est étonnant  que Tran Nguyen Dao ignore à ce moment que Phan Hoang a tenu un discours apparemment contraire exact du sien dans « L’Univers du Viêt Vo Dao » publié en 1975 ? Plus étonnant encore qu’il ne se souvienne pas des statuts (1973) de la Fédération, à laquelle il se rallia et qui recueilli  le vovinam lorsqu’il était en danger au Viêt Nam en 1975 ?                                                                                                                                        Faut-il parler d’oublis, sachant qu’entre 1970  et bien après 1980, l’idée puis l’association Việt Võ Đạo, ont fait connaître, développer, et grandir les pratiques martiales vietnamiennes ? Il semble impossible d’ignorer cette page d’histoire qui en plus a accru la connaissance de la culture vietnamienne, contribué à la résilience de nombreux vietnamiens meurtris par la guerre et contribué à restaurer l’image du Viêt Nam (dont Tran Nguyen Dao, lui-même, a été un des artisans majeurs).                                                                                                                       

Que certains ‘’héritiers’’ du Việt Võ Đạo et du Vô Viêt Nam abandonnent leur appellation, liée à une histoire et à l’Histoire, pour une dénomination nouvelle interroge et cela d’autant plus que cela concerne les 2 organisations soutenant le plus ouvertement la fédération vietnamienne d’arts martiaux ? Cela fait également se demander pourquoi dans cette logique de ‘’renommination’’ le Vovinam demeure Vovinam-Việt Võ Đạo ? D’autant plus qu’en France un grand nombre d’écoles demeure attaché aux efforts mis en œuvre pour promouvoir l’art martial vietnamien, pendant près de 60 années dans le cas du Võ Viêt Nam et près de 45 années pour le Việt Võ Đạo. Par le fait de ce riche passé, l’usage de cette terminologie reste vivace :  

2020 « Désormais le terme « Vietvodao » est officiellement utilisé pour désigner l’Art enseigné par [les] Maîtres » (2020) - Maître Nguyen Dan Phu, Maître Nguyen Trung Hoa, Maître Pham Xuan Tong, Maître Trân Minh Long – ou ceux ayant été autorisés à le faire – Reprise de l’article 1 du Titre I des  statuts de  la Fédération Française de Viet Vo Dao de 1973.                                                                                                                      

Entre 2002 et 2007 les créations au nom du Võ Viêt Nam continuent : Janvier 2002, Confédération Internationale de Võ Vietnam (CIVV) ; Avril 2007, Ecole Suisse de Võ Viêt Nam ; Mars 2017, Fédération algérienne de Vo Vietnam ; …                                                                                                                                                                                                                                                                                             

L’émergence des Fédérations de Võ Cổ Truyên

Dans les années 1980, le gouvernement de Hanoï procède à une ouverture connue sous le nom de    « Đổi mới » (une certaine libéralisation de l'économie, l'apparition d'un néocapitalisme pour certains). Cette accalmie peut être vue comme un tournant de l’histoire où les conflits ne seront plus nourris par l’opposition idéologique entre l’est et l’ouest. Apparaît alors un petit mouvement de migration d'instructeurs vietnamiens venant enseigner l’art martial en occident où l’activité, pour les instructeurs très compétents, est beaucoup plus lucrative qu’au Viêt Nam. De quoi se perdre un peu plus dans l'apparition de nouveaux styles pouvant se tenir en marge des structures existantes.

Le contexte                   

Dans le temps de l’après-guerre du Viêt Nam, les autorités sportives de la  République Socialiste du Viêt Nam poursuivent leur projet, d’organisation des arts martiaux vietnamiens. Elles souhaitent ainsi faire connaître leur richesse culturelle encouragées par les exemples Japonais avec le Budō, Chinois avec le Wushu, Indien avec le Yoga et peut-être plus particulièrement Coréen avec le Taekwondo … .                                                       Les expatriés ( par la force des choses ou non) en cherchant de leur côté à raviver les liens avec la ‘’mère-patrie’’ au travers des arts martiaux nationaux auron contribuer au même projet ‘’culturel’’.                                                                                              

Autour de 1975 Phan Hoang, Nguyen Dan Phu, Nguyen Duc Moc … effectuent des voyages de retour. Pour de nombreux pratiquants, ils se multiplieront après 1980, à la faveur de «Đổi mới».  

1983, Deuxième voyage de Nguyen Duc Moc au Viet Nam, accompagné de membres de la Fédération du Võ Viêt Nam. Selon eux, « La délégation compte 23 personnes, qui effectuent 10 démonstrations. Il [Nguyen Duc Moc] mandate des personnes sur place pour retrouver et réunir les écoles de Võ dans tout le pays, c'est le début de la création de la fédération de Võ Co Truyen Viêt-nam ». Le voyage suivant se fera en 1989 et sera à partir de cette date régulièrement renouvelé.

1992, avril, selon l’école Than Long, première participation occidentale à une démonstration des écoles de Hà Nội.

Faire des arts martiaux vietnamien, un ambassadeur, une image de marque très positive du Viêt Nam, de sa culture  est un projet déjà existant dans le développement en France de la politique thoi co, le moment favorable, sous la conduite du Docteur Nguyễn Khắc Viện alors président de l’Union des Vietnamiens pour toute la France. Un des aspects de l’application de thời cô, au départ en région parisienne, fut la création de la Fédération du Võ Viêt Nam. A peine une petite trentaine d’ouvriers dont Nguyen Duc Moc et Vu Ngoc Vinh, d’étudiants, et un interne des Hôpitaux, tous vietnamiens,  d’entrée, fondent une fédération. Dans ce contexte, ces détails, les 16 articles très complets  des statuts et surtout la qualité des personnes contribuant à la fondation de la Fédération Du Võ Viêt Nam soulignent sa proximité avec les organisations de la communauté vietnamienne en France soutenant le Việt Minh. Ce projet, de fédération des arts martiaux, une « Vitrine » du Viêt Nam sera particulièrement considéré en 1974 lors de la préparation du premier retour de Nguyen Duc Moc au Viêt Nam depuis 1939. La Fédération du Võ Viêt Nam, Lien đoàn võ thuật Việt Nam, pouvait à cette époque, aux yeux des autorités sportives de Hanoï, faire figure de laboratoire et de future « base avancée » en Europe de ce qui deviendra la  Lien đoàn võ thuật cổ truyền Việt Nam.Võ Viêt Nam était une locution simple, rythmée, facilement mémorisable et explicite !

L'émergence du Việt vũ đạo

1975 création de l’école Việt vũ đạo par Nguyễn Công Tôt, 2 années après celle de la fédération du Viêtvõdao. La conjonction de dates, également celle de la fin de la guerre au Viêtnam, incite peut-être à la mettre en parallèle à la mobilisation autour du grand projet d’une fédération mondiale des arts martiaux vietnamiens, car au moment de la mise sur pied d’une fédération de võ cổ truyền (1992) Nguyen Cong Tôt en sera un des maîtres d’œuvre pour la France.

Le Việt vũ đạo est  basé sur la maîtrise de diverses formes d'arts martiaux, selon son fondateur. « … En 50 ans (janvier 2020), Việt vũ đạo est devenue l'une des cinq plus grandes sectes d'arts martiaux vietnamiens au monde, avec environ 3000 pratiquants rien qu'en Europe. … Bien que Việt vũ đạo soit développé en Europe ... , il n'a commencé au Vietnam que l'an dernier [2019]  grâce à Maître Dao Van Minh, membre de l'Association des arts martiaux de Hanoi. … ‘’ je suis allé en France pour m'entraîner ’’, a expliqué Minh à Việt-Nam-News. Việt vũ đạo a été lancé à Hanoi au début de l'année dernière. Il existe désormais neuf clubs à travers le pays: deux à Hanoi, un dans la province de Hung Yen, trois dans la province de Quang Binh et trois dans la ville de HCM … »

L’usage de l’appellation vocotruyen

Vo Co Truyen, qui signifie "art martial traditionnel", est un terme générique, désignant au Vietnam tous les styles ‘’anciens’’. Ils font partie du Vo Co Truyen Vietnam, union d’écoles, qui comme tous les arts martiaux reconnus au Viêt Nam est affiliée à la Lien Doan Vo Thuat Co Truyen Viet Nam (Fédération des Arts Martiaux).

Selon le vieux maîtres Nguyễn-Thông, « Dans les réalités sociales de nous jours actuels, pour raison politique de Gestion et d'Administration, l'on a uni toutes les Disciplines d'Arts Martiaux en une seule avec comme Nom extrinsèque « Arts Martiaux Traditionnels du Việt-Nam » (Võ-Thuật Cổ-Truyền Việt-Nam) dont la pédagogie intrinsèque des Arts Martiaux n'a rien de Traditionnelle (Cổ-Truyền)  ». Centre de Conservation et de Restauration des Etudes d'Arts Martiaux Traditionnels du Đại-Việt.

Les arts martiaux du Vietnam ont 3 composantes : le Dôv Quyên ou boxe vietnamienne, le Vât ou lutte vietnamienne, et le Vô, système de combat à mains nues et avec armes. … Vo Thuat, Vo Ta , Võ Cổ Truyền (ou Võ Thuat Cổ Truyền), Võ  Dân Tôc  sont des termes généraux pour désigner les arts martiaux vietnamiens auxquels on peut ajouter Các Môn Võ Việt Nam, Arts Martiaux Vietnamiens.

Au Viêt Nam, Việt Võ Đạo , "Voie des arts martiaux vietnamiens», est une construction hybride récente, probablement sous l’influence du vocable japonais Do. Le passage de l’appellation Vovinam à Vovinam-Việt Võ Đạo se fait officiellement en 1963, et popularise le terme.                                                    

Pour la France « Viêt Võ Dao » aurait été retenu, suivant les versions non contradictoires, en 1973 en France selon Pham Xuan Tong, ou à Saigon en août 1974 lors du voyage de Nguyen Dan Phu rendant visite au Patriarche du Võ Vinam-vietvodao. Cette singularité concerne également le Maghreb, et la majorité de l’Europe occidentale.

Võ Viêt Nam, littéralement, l’art martial du Viêt Nam ou de style vietnamien, devrait logiquement jouir de la même tolérante exception, dont bénéficie l’appellation à Vovinam-Việt Võ Đạo, puisqu’en France pendant 40 ans Võ Viêt Nam a été le nom de fédérations, a été le terme en usage pour indiquer le style enseigné par Nguyen Duc Moc. Son rôle dans la transmission de l’art martial, sous cette appellation, et plus généralement de la culture vietnamienne hors de son pays natal a été honoré, le 05/05/2002, par l’Ordre de la Résistance de première classe sur décret du président de la République Socialiste du Viêt Nam, remis par la prestigieuse Madame Nguyễn Thị Bình.                                                                                                                                                                                            

L’annonce, en août 1991,  par le Conseil des Ministres du Viêt Nam de l’accord pour la création de la Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens trouve écho en France. La reconnaissance de la Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens sera ratifiée par le gouvernement de la république socialiste du Vietnam Liên đoàn võ thuật cổ truyền Việt Nam l’année suivante, le 17 février.

1991 Au nom de la Fédération française de Việt Võ Đạo un protocole d’accord avec la Fédération d’Arts martiaux traditionnels du Việt Nam est signé par Nguyen Dan Phu ; «  Précurseur du mouvement mondial du Vo Co Truyen, il [Antoine Le Conte Vinh Long] avait à l’aube des années 90 tissé les premiers liens avec les organisations vietnamiennes » ; la Fédération internationale de Võ Viêt Nam signe une convention avec le Comité Olympique du Viêt Nam ; etc.

Il faudra attendre le congrès fondateur du 8 août 2015 pour que soit fondée la fédération mondiale  WFVV - Lien Doan The Gioi Vo co truyen Viet Nam. Entre ces deux dates beaucoup de remaniements se produiront au sein des associations d’arts martiaux vietnamiens de France.

Une fièvre réorganisatrice et créatrice ?

L’officialisation de l’organisation des arts martiaux en République Socialiste du Viêt Nam sera suivie en France par de nombreuses créations d’associations par des Vietnamien, des franco vietnamiens, et des occidentaux pratiquants du Võ depuis plusieurs dizaines d’années ; dans ce dernier cas ce sont souvent de nouveaux noms attribués à d’anciennes écoles.                                                               

Exemples parmi beaucoup autres :

• 1991. L’année où Nguyen duc Moc d’une part et Antoine Le Conte Vinh Long d’autre part signe des protocoles avec les organisations sportives de la République Socialiste du Viêt Nam, l’association Tinh Vo Nam Hai Dao est constituée par Nghiêm An Thạch en 1991 sous statut loi de 1901.
• 1991 Tam quyen dao, créé par  Marc Avallone
•  1991 Création du Võ-Quyen-Thuat, dans la lignée du Võ Dan Toc , lui-même issu du Võ Viêt Nam de Nguyen Duc Moc.
• 26 février 1993 modification du nom Fédération de Võ Viêtnam (boxe vietnamienne) F.F.V.V.    en Fédération de Võ Viêtnam Vo Co Truyen Vo Dan Toc Vo Thuat et disciplines affinitaires F.IV.V.D.A ..
• 1995 Ecole Internationale d’Arts Martiaux Vietnamiens Nam-Ho-Quyen (EIAMV-NHQ) créé par Dang-Van-Sung.
• 1995 Qwan Ki Do France éclate pour donner naissance à  :                                           l’Union Française des Associations Traditionnelles de Quan Khi Dao, une grosse moitié des pratiquants  suivant le fondateur Pham Xuân Tong                                                      l’Union Nationale de Quan Khi Dao suivie par un tiers de l’effectif (un autre petit tiers de l’effectif moins de 500 personnes va voir ailleurs).
• 1996 juillet, fin de la Fédération Européenne d’arts martiaux vietnamiens, remplacée par l’Union Nationale des Arts Martiaux vietnamiens.          
• 1996 fin août - Au nom de l'Association générale de Vo Dao Vietnam en France, Antoine Le Conte Vinh Long propose de devenir membre de la Fédération des arts martiaux traditionnels du Vietnam.
• Fondation en 1997, de l'Union Française de Võ, Fédération de Việt Võ Ðạo - Arts Martiaux Viêtnamiens.                                                              
• 1997 – 1998. «  Le 11 juillet 1997, le président de la fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens [? Lien đoàn võ thuật cổ truyền Việt Nam ?] reconnaît l’association Tinh Vo Nam Hai Dao inspirée par Nghiem An Thach (Confédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens à l’étranger). … Le 12 janvier 1998, le président de l’union des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens [en France ou au Viêt Nam?] prend la décision de reconnaître Maître Nghiêm An Thạch directeur technique de l’Union des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens à l’étranger ». ...                           La déclaration émane du Viet Vo Dao Namhai, elle est d’importance mais le lien avec les organisations françaises reconnues n’est pas mis en évidence.                    
• 17 janvier 1999 fondation de la «  Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens (FAMTV), comprenant entre autres les styles Kim Long, Minh Long, Qwan Ki Do, Than Long et Vovinam-Việt Võ Ðạo ...  Fédération rebaptisée par la suite FAMTV (Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens) qui s’est ensuite disloquée après 2005.
• 1999 André Gazur fonde l’école Cửu Môn Võ.  
• 2000 Décembre : Assemblée Générale de la Fédération de Viet Vo dao Arts Martiaux Vietnamiens qui modifie son intitulé et devient la « Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens  ».                                   
• 2002 création de la Confédération Internationale de Võ Vietnam.
• 2002 création de l'Institut des Arts Martiaux Vietnamiens -Viet Vo Dao, défendant et soutenant la pratique traditionnelle, sans but compétitif, des pratiques énergétiques et des arts martiaux.                                                                          

Selon l’Institut des Arts Martiaux Vietnamiens le paysage martial en 2003 est constitué par: l’Institut des Arts Martiaux Vietnamiens – Viet Vo Dao. ; Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens ;  Fédération des Arts Martiaux Vietnamiens ; Fédération Vovinam Viet Vo Dao ; Fédération Française de Viet Vu Dao ;  la section arts martiaux vietnamiens FFKAMA ; l’UFAT Qwan Ky Do ;  fédérations multisports telles que FFST, UFOLEP ou FSCF … accueillant des regroupements.  Sont omises les associations issues de l’enseignement de Nguyen Duc Moc (Fédérations et confédération de Võ Viêt Nam, Võ-Saolim, Võ Dan Toc, Võ Son Long, Fédération Algérienne de Vovietnam …).

• 2010, 17 mars, déclaration   du Vo Co Truyen de  France.  La fédération Lien Doan Vo Thuat Co Truyen Viet Nam possède une filiale en France.
• 2010 – 2011 fondation de l’école Hǔ Yǐng Dào par des « anciens » du Thanh Long, ils ont pratiqué près de 30 années, au départ le Viet Vo Dao Thanh Long de Nguyen Dan Phu, puis diverses disciplines chinoises et vietnamiennes. « une autre vision de la tradition » indique la page d’accueil du site.
• 2013 fondation du GPEAMV par Jean-Philippe Cazin, Laurence et Vincent Yette « afin de pouvoir étudier et pratiquer les Arts Martiaux Vietnamiens indépendamment des "guerres intestines" que se livre la diaspora des Arts Martiaux Vietnamiens en France. Indépendamment du carcan des fédérations, de clubs, d'écoles et de pseudo "maître" qui pourraient freiner, voir brider leur pratique. Nous sommes pour l'ouverture, le partage et non pour le culte du secret ».
• 2014 groupement international viet quyen anh cong phu et thai cuc quyen.             
• 2015 Fondation de la Fédération Européenne de Việt Võ Đạo Traditionnel - FEVVDT. Han Bai Duong, ESM Việt Võ Đạo, Farid Belkessa – Zhong Long Viet Vo Dao, Ecole Zhong Long, Alain Kerichard - Tam Long Vo Duong, Ecoles des 3 Dragons, Christian Nguyen - Cong Phu Tam Quyen Dao, Ecole Tám Quyền Đạo, Marc Avallone - Việt Võ Đạo Bên Chi, Guy Herve - Việt Võ Đạo Nghia Hô, Trang Lê Cao - Việt Võ Đạo Thiên Long, Jean Yvet - Ecole Phượng Long Võ Đạo, David Tintillier - Song Long Paris, Việt Võ Đạo Saint-Maur, Miloud Beneddra.
• 2015, la FAMTV réactivée.
• Etc.

Lors de l’émergence des associations de Vo Co Truyen les écoles affiliées à  la FFK, favorables au projet, s’exprimeront au travers de Vo Dao Vietnam.

Il est remarquable que parmi les nombreuses associations, déjà anciennement créées, par les plus expérimentés des élèves de Nguyen Dan Phu, Nguyen Duc Moc et dans une moindre mesure de Nguyen Trung Hoa, un grand nombre se tiennent à l’écart des projets de grandes fédérations, voire groupements d’arts martiaux vietnamiens en France !

Des Arts Martiaux Traditionnels au Võ Cổ Truyền  

Selon la FAMTV, en France, Võ Cổ Truyền est le nom choisi par les styles voulant avoir une reconnaissance au Viêt Nam en remplacement du terme  Việt Võ Đạo qui, bien que plus connu, était trop lié au seul style Vovinam. L'usage du terme Võ Cổ Truyền  se répand, en France, depuis 2000 environ ; date de l’assemblée Générale de la Fédération de Viet Vo dao Arts Martiaux Vietnamiens qui modifie son intitulé et devient la « Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens », traduction française de Lien đoàn võ thuật cổ truyền Việt Nam.

Cela simplifie en favorisant les relations et la communication des autorités vietnamiennes, mais cela tourne le dos à l’histoire des arts martiaux vietnamiens en France et à ceux qui tiennent à l’identité autonome que cette histoire leur confère.

2010, 1^er mai, le comité directeur de la fédération du Vo Co Truyen Viet Nam de France, se compose de quatre proches du Nam Ho Quyen (Dang Van Sung), 3 du Võ Thuật Văn Võ Đạo (Nguyen Van Trung), 2 du Hoà Long Võ Đạo (Nguyen Vinh Long alias Antoine Leconte Vinh Long), 2 du Song Long Quyền Thuật (Olivier Barbey, ex Võ Viêt Nam), 1 du Tiến Giang  Võ Thuật Đạo (?), 1 du Phượng Long Võ Đạo (David Tintillier), 1 du Tinh Võ Nam Hải Đạo (David Basset, représentant en France de Hô Hoa Huê de Saigon).

En août 2010, la fédération de Võ Viêt Nam- Son Long Quyen Thuat en France et disciplines associées se rallie au Vo co truyen de France (VCTF) sous la condition d’un lien indéfectible avec VCT Viêt Nam.

Unanimité discutée ou retour des vieux démons ?

En 2010, Selon le site ‘’Vietnam explore’’, « L'instructeur Sung » [Dang Van Sung] fait un pas de plus dans la promotion des arts martiaux vietnamiens « en créant une fédération d'arts martiaux traditionnels en France ».

André Loubier, vice-président du VCTVF, écrit  « Direction technique de Me [Nguyen An Tchach] représentant officiel en France du Vo CoTruyen ».

Erreurs de communication, signes d’une intention de piloter le võ cổ truyền Việt Nam de France, persistance de mauvaises habitudes, … ?  Nguyễn Công Tôt, Nghiêm An Thạch, Dang-Van-Sung, beaucoup de “vedettes” dans un même scénario ?                                                                                          

Attitudes ne faisant pas l’unanimité ou au moins ne semblant  pas avoir convaincu les anciennes réticences ?                                                     

« … . Alors pourquoi semble t’il y avoir une opposition entre les écoles dites « Viet Vo dao » et celles dites «Vo Co Truyen » … » ?  Incompréhension mutuelle ? Attachement aux systèmes mis en place par les organisations de Viet Vo Dao en France ? Incompréhensions de choix différents mais nullement opposés ? Questionne en 2011 l’école Nam-Ho-Quyen de Dang-Van-Sung.

2011 Octobre. « Le projet de la Fédération Vietnamienne des Arts Martiaux Vietnamiens Traditionnels [Lien Doan Vo Co Truyen Vietnam] est de réaliser la même chose que le Vovinam et de créer une fédération mondiale sous l'égide du comité olympique Vietnamien ». Les AMV traditionnels recherchent leur unité, la clé pourrait venir du Vo Co Truyen titre Karatémagazine – n° 44.

2012 création de la « Fédération de Viet Vo Dao, Vo Co Truyen et Disciplines Associées » (FVVDVCTDA).

Parce que a Fédération de Karaté et Disciplines Associées (FFKDA) a obtenu la délégation c’est elle qui organise depuis le rassemblement des « AMV » en France. (230) Pour cela elle considère qu’en France depuis 2012 le Võ Cổ Truyền se développe au sein de la FFK, travaillant en adéquation avec la Fédération du Vietnam.

2015 L’USM Vo Co Truyen, témoigne de la renaissance de la FAMTV, des écoles, « non satisfaites de la politique de développement de la FFKDA pour le Vo Co Truyen », se regroupent pour soutenir le projet des autorités vietnamiennes.

Toujours selon la même source la nouvelle FAMTV : « Fédération des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens - Liên đoàn Võ thuật cổ truyền taï phàp » est très vite reconnue et choisie par la WFVV : « Fédération Mondiale de Võ Cổ Truyền  – World Fédération of Vietnam Võ Cổ Truyền ».

Ce n’est pas si simple …

Le contexte économique vietnamien a de l’importance, dans le développement à l’international de la promotion et de la reconnaissance de l’Art Martial du Viêt Nam:                                                                    

Lorsque Hoàng Xuân Vinh décroche, en 2016, la première médaille d’or olympique du Viêt Nam (épreuve du pistolet à 10m), le premier ministre, Nguyễn Xuân Phúc, en le félicitant et le citant en exemple ajoute « … nous ne devrions pas permettre que les athlètes manquent de nourriture et aient des difficultés à s’entraîner … ».

2015, 8 août, congrès fondateur de la fédération mondiale WFVV - Lien Doan The Gioi Vo co truyen Viet Nam ... organisation sportive agréée par l'Etat Vietnamien, membre du Comité National Olympique Vietnamien, et du Comité Olympique Asiatique. Le Professeur Hoang Vinh Giang, Vice-Président du Comité Olympique Asiatique, Vice-Président Permanent du Comité National Olympique Vietnamien, et Président de la fédération Vietnamienne des Arts martiaux traditionnels du Vietnam (LDVTCTVN) a été, à l’unanimité, élu Président de la fédération Mondiale WFVV pour l’exercice 2015-2020.

A cette occasion, Nguyễn Công Tôt, Vice-Président WFVV, est mandaté pour représenter le Président  Hoàng Vĩnh Giang à l’international. 2015 – 2020.

Egalement vice président, de la fédération mondiale WFVV, Tran Nguyen Dao. Président de la commission conseil de la WFvv. En seconde position dans l’organigramme de la WFvv derrière le président Hoàng Vĩnh Giang et il y est rappelé « Représentant mondial, bien connu, du Vovinam-Vietvodao ».

Même jour, même date, création de la 10/08/2015 World federation of Vietnamese martial arts :   “The World Federation of Vietnamese Martial Arts (WFVMA) announced its establishment on August 8 in Hanoi, serving as an official and legal organisation and a common house for those with a love for Vietnamese martial arts around the world.”. Deux appellations pour la même institution et le même président – Fédération Mondiale des arts martiaux Vietnamiens et  fédération mondiale des Arts martiaux traditionnels du Vietnam.                                                                                  

Le Courrier du Viêt Nam le 30 août 2015 avance des éléments de réponses à la question posée par le Nam-Ho-Quyen en 2011 – sur « … opposition entre les écoles dites « Viet Vo dao » et celles dites «Vo Co Truyen » … » – ?   : « Une fédération internationale a été créée à cette occasion pour regrouper la plupart des écoles et clubs de vo cô truyên en activité de par le monde, dont une trentaine en France » … « Nous sommes donc en présence de deux structures bien distinctes : le vovinam et le vo cô truyên. Pas si net qu’on le croit. … Depuis la création du programme commun qui est aussi celui des examens nationaux et des championnats internationaux, les pratiquants de ce sport ont l’impression d’autres alternatives : leur discipline propre et des morceaux choisis du trésor des arts martiaux vietnamiens. … À force d’imposer ce programme commun à tous les tournois, beaucoup de pratiquants délaissent l’enseignement de leur école pour se concentrer sur les sujets qui peuvent rapporter des trophées. Le Qwan ki do, en France, a vu le danger arriver et refuse ce programme commun, préférant enseigner son propre courant. … Alors que la Fédération internationale de vo cô truyên vient de voir le jour, plusieurs grands maîtres souhaitent que la nouvelle structure suive fidèlement le noble but de fédérer afin de régénérer les «mille fleurs», au lieu d’uniformiser pour ne conserver qu’un seul bouquet, lequel, à la longue, risque de devenir une nature morte ». Huynh Chieu Duong.

persistance de «cicatrices» ?

Ces interrogations résonnent alors dans le milieu de l’art martial vietnamien de France au printemps 2017 !

« La FAMTV (fédération des arts martiaux traditionnels vietnamien-France), doit être la Fédération qui réunira la Grande Famille des Arts Martiaux Traditionnels Vietnamiens [AMTV Vo Co Truyen] dans le respect de l’histoire de chacun d’entre nous » écrit Frédéric Marion au printemps 2017.

Le Secrétaire Général de la FAMTV sous-entend l’existence de réticences : « Faut-il rester impassible ou être acteur dans les AMV dans une structure plutôt vietnamienne. … Seule structure reconnue par la WFVV, composée de bonnes volontés et qui œuvre pour une réelle fédération où tout le monde est le bienvenu dans la mesure où il ne gangrène pas la structure par des allégations contre-productives. … si cette aventure ne vous sied pas et ne correspond pas à vos critères, vos attentes, vos espoirs, ne venez pas et n’adhérez pas. … ».

En 2018, sur le site FAMTV disparaissent également les indications comparables à « Seule structure reconnue par la WFVV », utilisée dans le texte du communiqué en 2017. En effet elle n’est pas la seule à entretenir des liens avec la Fédération mondiale des arts martiaux vietnamiens (WFVV) et des associations martiales au Viêt Nam !

Dans un processus comparable à celui du Võ Vinam-Việt Võ Đạo, des ‘’freins’’ liés à l’existence de plusieurs organisations préoccupent la Fédération Mondiale de Võ Cổ Truyền.  « Il faut pardonner à ceux qui critiquent sans raison, moquent, et insultent même parfois: il leur faut le temps de recevoir toutes les informations, toutes les vérités dont celles qu'ils n'ont pas encore eu l'occasion de connaître. Il faut également compatir vis à vis de certains. Il faut éviter de juger, et souvent de méjuger, des gens qui, un autre jour, demain, ou juste après-demain, se reconnaîtront parmi nos frères ».  Président WFVV Hoàng Vĩnh Giang, 17/02/2018.

Un effort d'unification ou d'affranchissement ?

2019 - lancement du Viet Vu Dao Dao à Hanoï « bien qu’il ait été développé en Europe depuis 50 ans » [fondé à Marseille en 1975 !] ; Dao Van Minh, membre de l'Association des arts martiaux de Hanoi où il y est inscrit en tant que maître, dit « je suis allé en France pour m'entraîner » [au Viet Vu Dao Dao]. Grâce à Dao Van Minh, en 2020, Il existe neuf clubs au Viêt Nam.

2019, mai : coupe du monde des arts martiaux vietnamiens « L’Equipe de France des arts martiaux compte, elle, un peu moins de 70 membres, dont 50 Marseillais, défilant sous la bannière de la Fédération mondiale des arts martiaux traditionnels vietnamiens (FAMTV) ». - FAMTV est une fédération française - ! » rapporte le site d’information Made in Marseille :« En présence de  Hoàng Vĩnh Giang Président de la Fédération mondiale des arts martiaux vietnamiens [WFVV],  Nguyễn Công Tốt, vice-président de la fédération mondiale des arts martiaux traditionnels vietnamiens à Marseille capitale mondiale du Vo Co Truyen Vietnam (terme utilisé pour désigner l’ensemble des arts martiaux vietnamiens traditionnels) ».             Sans oublier que WFVV signifie World Federation of Vietnam Vocotruyen ou en vietnamien Lien Doan The Gioi Vo Co Truyen Viet Nam (LDTGVCTVN). Il est difficile de comprendre  qu’il y a une fédération, française, d’arts martiaux traditionnels vietnamiens (FAMTV), qu’il y a une fédération de Vo Co Truyen Viet Nam de France F.V.C.T.V.N.F. qui est également une fédération française et qu’enfin il y a une fédération mondiale domiciliée au Viet Nam, la WFVV, World Federation of Vietnam Vocotruyen (Lien Doan The Gioi Vo Co Truyen Viet Nam, LDTGVCTVN).

En 2020, «  A l’heure où de profondes modifications interviennent sur le paysage des fédérations sportives délégataires et agréées, le statut de  discipline olympique de plus en plus, e[s]t de loin, préférable à une ‘’reconnaissance’’ nationale des plus contraignantes ».   Il est tentant de se laisser aller à comparer ce projet Vocotruyenet/ou Vovinam avec le parcours ‘’diplomatique’’ réalisé par le Taekwondo.                                         Cela renvoie également à la démarche du Vovinam, le 20 Septembre 2017 à Alger, recherchant l’appui de l’Algérie, pour devenir « discipline olympique ». La question des stratégies est posée, si ressemblantes qu’elles pourraient être les mêmes. Est-il possible que La Fédération Mondiale du Vovinam et la Fédération Mondiale du Vocotruyen, dépendant du même ministère vietnamien, poursuivent chacune séparément le même objectif du statut Olympique ? Sans oublier que Hoàng Vĩnh Giang (né en 1946) est vice-président du Comité olympique asiatique, vice-président et secrétaire général du Comité olympique du Vietnam, Président de la fédération Vietnamienne des Arts martiaux traditionnels du Vietnam (LDVTCTVN) et Président de la fédération Mondiale WFVV. Il est difficilement imaginable que cela révèle de divergences au sein des plus hautes autorités sportives vietnamiennes ?                          

Devant 18 ambassadeurs et consuls, l’Ambassadeur du Viêt Nam en France, Nguyen Thiep a remis à Nguyen Cong Tot l’arrêté ministériel signé par Phan Binh Minh, ministre des affaires étrangères du Viêt Nam permettant l’ouverture d’un consulat à Marseille. Grand honneur pour le Võ Thuat Cổ Truyền Viêt Nam qui voit un de ses vice-présidents accéder à de hautes fonctions diplomatiques -  ce serait une première. « … Le Vo Co Truyen a attendu au moins depuis le début des années 90 … Hoang Vinh Giang [président WFVV] a comblé, en 4 ans, quasiment tout le retard que nous avions par rapport aux disciplines japonaises, coréennes ou chinoises. ».                                                                                

La WFVV dispose dorénavant de relations engagées au plus haut niveau des états pour renforcer les actions de développement du Võ  Cổ Truyền parallèlement à celui de la culture du Viêt Nam à travers les 5 continents.

                                                                         

le réel de la « réalité » en 2020.

                                                           

En France, « Võ Cổ Truyền » tend à devenir un synonyme de « Việt Võ Đạo ». Cette appellation, lorsqu’elle qualifie une fédération, semble concrétiser l’adhésion au projet des autorités vietnamiennes : fédérer l’ensemble des pratiques martiales vietnamiennes. Cela implique une adhésion des styles regroupés jusque-là sous le terme Việt Võ Đạo, adhésion qui est loin d’être généralisée début 2020.                                                                                   La confusion des dénominations très défavorable à une saine visibilité de l’Art Martial du Viêt Nam, fleuron de la culture vietnamienne, ne risque-t-il pas d’être sinon accrue, au moins entretenue. Il faut remarquer que les dégâts engendrés par les changements de dénomination à répétition ont été limités par la constance et la permanence de la structure Vovinam et par l’attribution de la délégation ministérielle à une fédération (FFK) dont la stabilité était éprouvée depuis 20 années.                                                                                                                                  

En 2020 il y a 3 pôles d’attraction pour les arts martiaux vietnamiens de France souhaitant se fédérer.

Arts Martiaux Vietnamiens au sein de la FFK (fédération Française de Karaté), dispose de l’avantage d’être  fédération délégataire qui lui attribue des ‘’monopoles’’ en plus de la reconnaissance officielle.

La FAMTV et le VO CO TRUYEN VIET NAM DE FRANCE souhaitent s’affranchir de cette tutelle et disposer d’une pleine autonomie et se référer  à la Fédération Mondiale de Vo Co Truyen Viêt nam (WFVV = Federation Mondiale De Vocotruyen Vietnam ).  Naturellement il ne faut pas oublier l’existence de l’importante constellation d’écoles « sans affiliation » ayant fait le choix de se tenir en dehors de la problématique des « organisations en place » sous juridiction française. Un certain nombre d’entre-elles s’associent en Institut, groupement, union, école internationale, …  

En France les ‘’forces’’ en présence et leurs rapports ont peu changé depuis les années 2000 par contre la volonté d’affranchissement des contraintes nationales est affirmée pour les fédérations du Viêt Nam. Les associations, qui en Europe et au Maghreb soutiennent cette perspective, en font état ; de leur point de vue cela leur rend peut-être une légitimité que les fédérations délégataires, accordaient insuffisamment.

Au sein des organisations françaises se retrouvent tous les courants du Việt Võ Đạo de la première heure et ceux nés du « Võ Viêt Nam » de Nguyen Duc Moc. Se retrouvent également les différentes parties du Vovinam ayant optées soit pour FAMTV-Vocotruyen soit pour AMV de la FFK.

La FAMTV et le Vocotruyen Viêt Nam de France, pour lesquels il n’est pas évident, hormis pour des raisons identitaires et historiques, de discerner les raisons de l’existence de deux fédérations distinctes. S’y retrouvent, les ‘’héritiers’’, se réclamant légitimes, des styles  Minh Long et Son Long Quyen Thuat et Vovinam, avec des ‘’associés’’ s’étant manifestés beaucoup plus récemment dans la structuration des arts martiaux vietnamiens en France. Ils œuvrent parallèlement pour un ralliement à la fédération mondiale de Võ Cổ Truyền (WFVV).

Le Vovinam-Việt Võ Đạo de France occupe une position singulière puisque partagé entre A M V - Fédération Française de Karaté et FAMTV - Vo Co Truyen Viet Nam de France qui s’emploient chacune à travailler indépendamment avec la WFVV - Federation Mondiale De Vocotruyen Vietnam.                                     

Au Viêt Nam l’organisation des arts martiaux distingue sur le papier Vo Co Truyen et Vovinam, qui ont l’objectif commun d’obtenir un statut olympique. A l’intérieur du comité directeur de la WFVV on retrouve Tran Nguyen Dao figure incontournable de l’expansion en Europe du Vovinam ! La FFK entretient des liens directs et d’association avec  la WFVV alors qu’un autre de ses vice-présidents déclare (2020) « le statut de discipline olympique de plus en plus, est de loin, préférable à une ‘’reconnaissance’’ nationale des plus contraignantes ».

Que faut-il comprendre: unir les pratiquants d'arts martiaus vietnamiens de France ? S'affranchir de leurs organisations françaises ? D'autre part dans l'éventualité de l'obtention d'un statut olympique, en l'état actuel ce serait la FFK délégataire pour les arts martiaux vietnamiens qui aurait la charge des préparations et sélections d'une équipe de France ? Ce serait alors un ''asservissement'' à la FFK; y aurait-il dans l'éventualité d'un statut olympique le secret espoir de parvenir à l'établissement d'une délégation ministérielle attribuée à une des fédérations d'arts martiaux vietnamiens ou à un regroupement de ces dernières ?

Un quatrième ‘’acteur’’ : Adhérents et leur durée de pratique !

‘’L’Art Martial’’ a des écoles, des fédérations d’écoles, des fédérations de fédérations, mais il ne peut pas vivre sans élèves. De l’équilibre élèves-enseignant-école dépend la survie d’un style, à long terme l’adhésion assidue constituera l’énergie des écoles adhérentes ou non d’une ou des fédérations nationales ou internationales. Aussi modeste numériquement, aussi discrète, que soit une école elle ne peut survivre sans une histoire et une communauté. Elles sont également concernées.

Ces écoles ‘’sans affiliations’’ sont nombreuses, cela mériterait d’en faire un sérieux recensement qui semble-t-il montrerait que leurs effectifs sont peut-être plus que comparables à ceux des fédérations qui se sont fait connaître tout au long des tentatives d’organisation des arts martiaux vietnamiens depuis 1955. Et en plus dans ces organisations « autonomes » il y a beaucoup de pratiquants ayant plus de 40 années d’expérience. Sans oublier que des organisations, affiliées aux « organisations en place », ne participent pas forcément activement à la gestion de la FFK et adhèrent par commodité réglementaires.                                                                                                               

Un grand nombre de pratiquants qui restent présents une ou deux années, ne signifie pas la même chose qu’un ‘’pool’’ étoffé de cadres comptant dans ses rangs des experts chevronnés dont quelques « séniors » très expérimentés – l’exemple de l’équipe mobile de démonstration du Võvinam-Việt Võ Đạo dans les années 1975 en a été une un belle illustration !

Effectifs

Pour envisager l’avenir, une dernière inconnue subsiste: pour la France, celle des effectifs.

Selon Gérard Baudou et Louis Marion, il y a, en 1982, 2622 pratiquants à la fédération de Vietvodao répartis dans une trentaine de club, y compris la France d’outremer.

Selon Karaté Magazine n° 39 d’octobre 2010, le Vovinam représente 2 000 licenciés alors que l’ensemble des styles traditionnels rassemblés sous le Vo Co Truyen comptent 12 000 pratiquants au sein de la FFKDA.

« … Le style Thanh Long est pratiqué dans un peu plus de 70 clubs qui représentent quelque 1 500 licenciés dont 170 ceintures vertes … ». 2010 Karaté Magazine, n° 45, 12/2011.

En 2018 selon la FAMTV il y aurait 5000 pratiquants de Võ Cổ Truyền.

Près de 12 000 personnes pratiquent les Arts Martiaux Vietnamiens au sein de la Fédération Française de Karaté.

Il y aurait donc en 2020 autour de 20000, chiffre relativement proche de celui de « ... 2006, [où] la direction des sports estimait à 19 000 le nombre de pratiquants d’arts martiaux vietnamiens en France, toute fédérations et toutes écoles confondues ».

L’engouement pour les Arts Martiaux des années 80 s’étant tassé, suivi par la ‘’mode’’ des diverses formes de ‘’combat libre’’, l’estimation doit s’approcher de la réalité.

Beaucoup de chiffres approximatifs, voire fantaisistes sont avancés.

Octobre 2018 « Introduit en Algérie dans les années 1970, Son Long Quyen Thuat et Thanh Long Vo Dao comptent actuellement plus de 12.000 pratiquants dans plus de 20  villes et provinces algériennes ». – VNA octobre 04, 2018. L’année suivante :  « La délégation des athlètes de la Fédération algérienne de jujitsu Son Long Quyen Thuat s’est classée 3ème lors de cet événement [Coupe du monde des arts martiaux vietnamiens], ... À cette occasion, il [Ait Medjber Rabie] a annoncé que sa Fédération avait admis les sectes Viet Vu Dao, Binh Dinh Gia, Thanh Long Vo Dao et Vo duong Tran Hung Dao dans ses activités. ... La Fédération algérienne de jujitsu Son Long Quyen Thuat compte actuellement environ 15.000 pratiquants dans plus de 20  villes et provinces algériennes ». –VNA vendredi, juillet 05, 2019. Toujours selon la même agence vietnamienne d'information (AVI). Son Long Quyen Thuat, « compte actuellement 15.000 pratiquants dans la plupart des villes et provinces algériennes. La secte Vovinam (art martial vietnamien) attire également beaucoup de personnes, avec plus de 20.000 pratiquants » ! –VNA 2020.

A noter que la confusion et le mélange dans la terminologie, utilisée pour nommer les styles, incite à recevoir ces informations avec une grande prudence.Est-ce aussi l’expression de la compréhension de la position de la fédération Vietnamienne des Arts martiaux : « tous les styles reviendraient au même » ? 

Les chiffres avancés, par «L'Histoire des arts martiaux du Vietnam», constituent un ‘’cas d’école’’. Page 307 à 319, concernant les pratiquants en Europe, certains acteurs historiques du développement des arts martiaux viêtnamiens hors du Viêt Nam sont ignorés. Pour la France, pages 310 et 313, la fédération vietnamienne de Võ Cổ Truyền (Lien Doan Vo Thuat Co Truyen)  s’appuie, dans son projet de rassemblement, sur des écoles aux effectifs semble-t-il modestes telle que le l’Association Viêt Vo Dao «Bên Chi»  par exemple ; où page 310, sont avancés des chiffres sans justification ni sources : « 20 branches [filiales de la fédération hors de France] … 60000 disciples … 400 maîtres et entraîneurs » pour « la plus représentative … La ‘’Fédération Internationale des Arts Martiaux Traditionnels du Viêt Nam en France'' … fondée par le vieux Maître Nguyen Duc Moc … ». Cela représente au mieux et de façon très optimiste, l’ensemble des bénéficiaires de l’enseignement du Võ Viêt Nam de Maître Moc entre 1945 et 2015 !  En plus, la Fédération Internationale des Arts Martiaux Traditionnels du Viêt Nam en France n’a jamais été le nom d’une association initiée par Nguyen Duc Moc et n’a jamais existé administrativement ! ...                                                    

Cet écart, entre ce qui est écrit au Viêt Nam et ce qui s’écrit en France, souligne le non-dit pesant sur ces projets.                                                                                                                                                                                                                                                        

D’apparentes contradictions demeurent

« Il faut pardonner à ceux qui critiquent sans raison, moquent, et insultent même parfois: il leur faut le temps de recevoir toutes les informations, toutes les vérités dont celles qu'ils n'ont pas encore eu l'occasion de connaître. Il faut également compatir vis à vis de certains. Il faut éviter de juger, et souvent de méjuger, des gens qui, un autre jour, demain, ou juste après-demain, se reconnaîtront parmi nos frères ». (Extrait des vœux du Président Hoàng Vĩnh Giang  transmis par Nguyễn Công Tốt.).                                                                                                                            

« … Près d'un an après la journée de l'unification du pays, Maître Nguyen Van Chieu a réuni des maîtres  … Après cela, Maître Tran Huy Phong a également rejoint. … Cependant, en raison de circonstances historiques, Vovinam a également plusieurs autres organisations. En 1996, Maître Tran Huy Phong et un certain nombre de maîtres d'outre-mer ont créé le Conseil mondial des Maîtres et la Fédération mondiale du Vovinam Viet Vo Dao. En outre, il existe plusieurs autres clubs indépendants. …». discours Maître Nguyen Hong Tam.                                                                                                    

Ces constats de divergences persistantes soulignent probablement la difficulté de rassembler des projets aux objectifs différents, à la limite antinomiques, qui n’ont en commun qu’une profonde affection, empathie pour le peuple vietnamien et l’esprit que fait souffler son histoire.

Ces déplorations masquent peut-être en fait des visions très différentes pouvant aller du projet de mouvement sportif de masse à une communauté incorporant l’objectif d’itinéraire spirituel, en passant par des pratiques psychocorporelles exceptionnelles encore trop souvent vulgarisées, sans y accorder le temps, l’assiduité et la rigueur exigés.

C’est justement « en prenant le temps » que le travail approfondi s’accomplit et ouvre la possibilité de voir ces trois ‘’visions’’ constituer les 3 manifestations et/ou étapes (?) de l’enseignement traditionnel du Viêt Nam. Faut-il encore que les choix de chacun s’expriment et soient respectés. Jusqu’à présent les intentions et choix des organisations et de leurs dirigeants ne semblent pas l’avoir rendu possible. Est-ce par manque de précision, de rigueur, dans la définition des objectifs ?                                                 

Il demeure que le « temps » a accordé aux Arts Martiaux vietnamiens une pérennité et une vitalité florissante qui ne peut que donner confiance et permettre à l’Art  de perpétuer cette exceptionnelle source de fraternité et de communion.

La question de la qualification, de l’expertise, ne relève pas de cette étude historique. Elle ne semble pas être « soluble » dans les diplômes. Les dernières décennies ont porté à notre connaissance une multiplicité de grades, « Dan », « Duan », « Cap », « Dai », « ceinture (belt) » ou diverses variétés de « Dang », ..., sans vraiment que cela contienne la floraison d’une large gamme de « prétentions » allant de la fantaisie à l’imposture. Ce foisonnement est peut-être le signe d’une implantation de l’art martial, en France, encore immature. Reste que la qualité de la transmission et la confiance en ceux qui la prennent en charge (268 nouvelle note) sont des facteurs importants, voire déterminants pour l’avenir, le respect et la permanence de la transmission.                                                        

Le temps, au travers de l’audience et de la lucidité des pratiquants de toute façon se chargera de la « décantation et de la régulation ».

Point, non final !   

« Tout est changement, non pour  ne plus être mais pour devenir » affirme l’aphorisme attribué au philosophe grec Épictète (50-125 ?) et rapporté par Arrien (85-146 ?).                

Tout dans l'univers change constamment, tout est impermanent, la seule permanence est le changement observe également, 1000 ans plus tôt, le Kinh Dịch, Le Livre des transformations, qui imprègne les systèmes de pensée Est-Asiatiques.

Dans l’histoire des organisations d‘art martiaux vietnamien en France, non seulement les contraires ne semblent avoir trouvé leur équilibre, mais semblent s’engendrer mutuellement sans que la permanence puisse laisser advenir le principe commun de l’art martial vietnamien.

Dans cette impossibilité, les configurations de dualité se sont succédées et répliquées :

Politiquement, au départ Indochine et la France coloniale ; division qui va engendrer les mouvements indépendantistes sur lesquels se grefferont les idéologies menant le monde à ce moment. Du point de vue des arts martiaux les dualités apparaissant successivement seront – Judo et Karaté dont des pratiquants vietnamiens – Võ Viêt Nam et école martiales vietnamiennes associées aux structures naissantes du Karaté – Võ Vietnam et Viêt Võ Dao – Fédération de Việt Võ Đạo (dont le Vovinam Việt Võ Đạo ) et Việt Võ Đạo (AMV) au sein de la FFK – Vovinam-Việt Võ Đạo au sein de la FFK et Vovinam-Việt Võ Đạo hors de la FFK.                                                                                                              

A partir de 1990, suite à l’officialisation de la structuration des arts martiaux au Viêt Nam, les ‘’dualités’’ précédentes se recombinent mais sans vraiment provoquer de mutation. Le dessein de la fédération vietnamienne de võ cổ truyền, la  Liên đoàn võ thuật cổ truyền Việt Nam, et de ses relais en France semble avoir été insuffisamment précisé. Les acquis de 50 années d’expérience française de l’art martial vietnamien y trouvent-t-ils vraiment leur juste espace ? Ne parvenant pas à convaincre de la pureté des intentions au service de l’unification des arts martiaux vietnamiens de France, les ressorts anciens des oppositions demeurent actifs, ce qui achève de lasser un grand nombre d’animateurs d’écoles.

En 2020, la « scène » des Arts Martiaux Vietnamiens de France s’articule autour de 4 ensembles regroupant chacun plusieurs projets à visée unificatrice : Việt Võ Đạo, AMV au sein de la fédération de Karaté, võ cổ truyền et un important groupe ‘’d’indépendants’’ qui généralement n’espèrent plus rien d’une ‘’unification’’.  Dans ces ensembles se retrouvent tous les styles vietnamiens, et particulièrement les premiers transmis, Lam Son, Minh Long, Han Baï, Hau Quyen, Ho Hac Trao,  Tay Son, Thanh long, Võ Viêt Nam, Vovinam - Việt Võ Đạo.                                                                                Le ministère français chargé des sports ayant attribué délégation pour les arts martiaux vietnamiens à la FFK, cette dernière assure l’unité administrative c’est-à-dire tout l’environnement (sélections, arbitres, …) entourant l’organisation des compétitions attribuant des titres nationaux (champion de France !). Ce qui la place dans une position séparatrice puisque bon nombre de maîtres d’arts martiaux sont hostiles à l’idée de compétition codifiée, voire hostiles philosophiquement à toute forme de compétition. Ce qui pose la question de la nature de la transmission des arts martiaux – tradition de la lignée de maître à disciple unique ? – mouvement de masse (pouvant adopter les principes d’organisation du sport) ?

Le projet de la  Liên đoàn võ thuật cổ truyền Việt Nam, ne semble pas envisager ce possible obstacle au rassemblement des arts martiaux vietnamiens de France, d’autant plus qu’elle aimerait s’affranchir d’une ‘’reconnaissance’’ nationale des plus contraignantes ».                                                                                                                                  

Le « rêve » initial était la reconnaissance de l’identité « art martial vietnamien ». Mais l’interjection faisant immédiatement surgir une image claire, même chez les personnes les plus ignorantes de l’art martial, n’est pas parvenue à se forger comme l’a réussi, ‘’Karaté’’, devenu un nom commun, connu de tous, bien que concernant au moins 25 styles ! La succession d’appellations, changeantes dans le sillage des luttes de pouvoir, n’a pas encore permis que l’art martial vietnamien se singularise et s’identifie bien par son nom.

Cela n’a pas empêché que des ‘’ennemis jurés’’ il y a 50 années, aujourd’hui toujours d’opinions différentes, au gré de la pratique commune et de la recherche collective, partagent non seulement une amitié profonde basée sur les valeurs de la vie mais aussi une connaissance de la dynamique corporelle qu’ils transmettent pour la santé psychologique et physiologique, indissociables des vertus martiales. Si cela a pu arriver aux plus anciens et plus expérimentés des « artistes martiaux » pourquoi cela ne pourrait-il pas se généraliser ? Les différentes approches de l’art martial doivent pouvoir s’épanouir, coexister, se tolérer et ne peuvent que s’enrichir par l’échange.

Épilogue

Les voix/voies de sagesse pour aboutir à une communauté aussi unie que tolérante se sont déjà exprimées :

« Quelque chose que l’on nomme pas, n’existe pas », Boualem Sansal. Romancier et essayiste algérien.

« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde ».  Albert Camus. Prix Nobel de littérature.

                                                           

« Plus je vieillis, plus je suis persuadée que le but des arts martiaux n’est pas de combattre les adversaires, mais d’acquérir la conscience de soi-même pour déchirer le voile de l’ignorance ». dit Pham Cô Gia. Maître de la Phạm Gia võ phái.

Quatres années après l’officialisation de la Liên đoàn võ thuật cổ truyền Việt Nam,  « Répondant à l'attente de l'Association générale de Vo Dao Vietnam, les vieux maîtres Huynh Khanh Hôi (102 ans), Tran Tien (86 ans), Mai Van Phat (79 ans) et Pham Co Gia (96 ans) représentants du milieu des arts martiaux traditionnels du Vietnam ont exprimé leur joie de voir les maîtres vietnamiens d'Outre-mer "retourner aux sources ‘’. Ils ont souligné que le Vietnam avait été plongé très longtemps dans la guerre … Aujourd'hui, le pays est indépendant, la paix et la réunification constituent les meilleures conditions pour les maîtres vivant à l'intérieur et à l'extérieur du pays de s'unir, de s'entraider pour développer tant en envergure qu'en profondeur les arts martiaux traditionnels du Vietnam ». août 1996.

« … régénérer les «mille fleurs», au lieu d’uniformiser pour ne conserver qu’un seul bouquet, … . Laissez couler le long fleuve tranquille des arts martiaux vietnamiens à l’étranger, et le Vietnam s’en sortira avec honneur». Huynh Chieu Duong, Le Courrier du Viêt Nam le 30 août 2015.

«…tant que la réalité historique ne sera pas rétablie, que l’on ne pourra explorer à haute voix les faits réels, … toute tentative de trouver une voie pour l’avenir ne pourra être qu’illusion ». Liu Xiaobo, 21 01 2006, écrivain, prix Nobel de la Paix, colloque littérature et mémoire, Pékin.

Références et notes