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Louis Chesneau[modifier | modifier le code]

Louis Chesneau est un négociant et photographe amateur né le 25 septembre 1855 et mort le 3 octobre 1923 à Rouen. Il a participé à la création du Photo-Club Rouennais.

Louis Chesneau à Vichy, 1907. Arch. dép. de la Seine-Maritime.

Biographie[modifier | modifier le code]

Domicile de Louis Chesneau à Rouen, Arch. dép. de la Seine-Maritime.

Louis Chesneau est né le 25 septembre 1855, au 18 rue de la Savonnerie à Rouen, de parents négociants[1]. Il étudie à l’institut Join-Lambert de Rouen, avant de devenir entrepreneur à son tour. Suite à son mariage avec Berthe Lethuillier[2] le 1er mai 1884, elle-même fille de négociants, il se spécialise dans le négoce de produits coloniaux (huile, café…), sous l’appellation Chesneau-Lethuillier, d’abord rue de la Savonnerie, avant son déménagement au 2, quai Cavalier de la Salle en 1888[3]. Adepte de la photographie en amateur depuis 1874, il y installe son atelier photo, au dernier étage, équipé de verrières. [iv]

À partir de 1889, il tient des registres de prises de vue, permettant d’identifier avec précision les différents évènements et lieux photographiés. Amateur de voyages, il a parcouru la France et quelques pays frontaliers, souvent accompagné de son épouse.

De son union avec Berthe naissent 4 enfants, dont un seul, Jean, lui survivra, à sa mort le 3 octobre 1923.

Photo Club Rouennais[modifier | modifier le code]

Louis Chesneau est l’un des membres fondateurs du photo-club. Il fait partie de la commission artistique, de la commission scientifique et de celle des projections. Les procès-verbaux témoignent de son implication jusqu’à son décès en 1923.

Le Photo-Club Rouennais est créé le 9 septembre 1891 dans une salle du café Dumaine au 10 rue des Charrettes à Rouen. Ce sont alors 21 amateurs de photographie qui sont réunis sous la présidence d’Henri Gadeau de Kerville[4].

Le Photo Club va durant son existence immortaliser des moments de vies, de fêtes, des évènements locaux, des monuments… Au travers d’excursions, ses membres parcourent la Normandie et parfois d’autres régions, équipés d’appareils de plus en plus facilement transportables grâce aux progrès techniques de la fin du XIXe siècle. Le Photo Club dispose d’un local avec un atelier, situé rue de la République jusqu’en 1925. Là, les sociétaires effectuent des expériences, organisent des séances de projections et discutent des prochaines excursions. Ces réunions sont aussi l’occasion d’organiser des concours pour désigner les plus beaux clichés pris par les membres ou encore de donner leur avis sur le matériel envoyé gracieusement par des fabricants.

Le Photo-Club met également en place à partir de 1893 des cours sur la photographie, ouverts au public afin de partager ses connaissances.

Ces amateurs de photographie connaissent un certain succès populaire grâce à l’organisation de séances de projections publiques réunissant parfois jusqu’à 500 personnes.

Le Photo-Club créé en 1891 existe toujours à Rouen[5].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Technique[modifier | modifier le code]

Louis Chesneau est un adepte de l’instantanéité, il cherche lors de ses reportages photographiques à prendre ses clichés sur le vif, sans faire poser ses sujets. Cette pratique a été rendue possible par l’apparition vers 1880 de plaques de verre enduites d’une couche au gélatino-bromure d’argent.

Boîte de plaques de verre utilisée par Louis Chesneau, Arch. dép. de la Seine-Maritime.

L’avantage de cette émulsion par rapport au collodion précédemment utilisé c’est qu’elle peut se conserver plusieurs mois avant son utilisation mais aussi après son développement. De plus elle est beaucoup plus sensible à la lumière ce qui contribue à réduire le temps de pose à une fraction de seconde. Grâce à ces plaques extra rapides et à l’apparition d’appareils de prise de vue appelés « détectives » pouvant être transportés à la main, Chesneau peut lors de ses photo reportages saisir à la volée les scènes de rues, les moments de fêtes, les actualités rouennaises et ainsi capter « le moment décisif ».

Le cliché sur verre permet après traitement d’obtenir par contact une épreuve positive sur papier et par projection un agrandissement sur papier également ou une seconde plaque sur verre positive destinée à être projetée sur un mur à l’aide d’une lanterne de projection. Louis Chesneau utilise régulièrement ce type de matériel lors des séances du Photo-club.

Le témoin[modifier | modifier le code]

Troupes anglaises à Rouen, 1914, Arch. dép. de la Seine-Maritime.

Scènes de la vie quotidienne ou images de grands évènements, les photographies de Louis Chesneau présentent souvent un intérêt documentaire parfois même historique.  Elles restituent aussi de grands moments de la vie politique et culturelle locale mais aussi nationale et internationale, les visites officielles, les fêtes de rue, les expositions et les commémorations.  Les projections qu’il organise régulièrement dans le cadre du photo-club constituent pour certaines de véritables rétrospectives d’actualités comme leur titre le dévoile : « Faits-divers de l’année 1910 », « Rouen pendant la guerre ». C’est tout particulièrement durant cette dernière période que Louis Chesneau se consacre à cette activité de reporter et en photographiant régulièrement les diverses nationalités des troupes présentes dans la ville, les cérémonies de remises de décorations et les hôpitaux militaires.

Il est aussi connu pour ses photographies insolites des rues rouennaises, dans la même veine que le travail réalisé par Eugène Atget à Paris. Comme Atget, Louis Chesneau semble avoir conscience qu’il capte ce qui tend à disparaître : la marchande de lacets ou le rémouleur ; les mendiants ou « soleils » rouennais popularisés par l’ouvrage Rouen bizarre d’Amédée Fraigneau en 1888.

Mendiant handicapé devant la Poste, passants à Rouen,1909, Arch. dép. de la Seine-Maritime.

Cette représentation de la vie quotidienne se veut plus documentaire que nostalgique. Le photographe inscrit souvent sur la plaque de verre une légende et tient des carnets pour décrire ses clichés.

On perçoit également chez Louis Chesneau l’influence des excursions du photo-club rouennais sur son regard. Les séances de projection des plaques positives effectuées notamment par Chesneau se doivent d’être un moment de distraction destiné à un club de notables, avec une mise à distance de la pauvreté.

Cour de ferme à Préaux, 1900, Arch. dép. de la Seine-Maritime.

C’est aussi la ruralité que Louis Chesneau capture durant ses promenades à la campagne. En ces premières années du vingtième siècle, la banlieue rouennaise compte encore de nombreuses fermes et des paysages champêtres. Tout comme lors de ses visites familiales à Petit-Couronne ou à Préaux où il photographie les cours de fermes et les vaches à l’herbage, les excursions sur les bords de Seine ou dans le pays de Caux et ses voyages (Auvergne, Suisse …) sont pour lui autant d’occasion de collecter des images des travaux des champs. Les activités humaines (lavandières, gardeuses de volailles, cordier) sont autant de témoignages de la vie à la campagne autrefois. Son intérêt pour le patrimoine rural est alors peu commun et certains de ses clichés sont les seules images existantes des cours de fermes et tout particulièrement de quelques clos-masures cauchois à cette période.

Sur le vif ou posé[modifier | modifier le code]

Locomotive à Sotteville-lès-Rouen, 1910, Arch. dép. de la Seine-Maritime.

Louis Chesneau fait du mouvement et de la mobilité, l’un de ces thèmes de prédilection. Spectateur des innovations techniques du début du vingtième siècle, il photographie à de nombreuses reprises les moyens de transport : train, voiture, dirigeable…pris parfois en pleine vitesse. Il est l’un des pionniers de la photographie du mouvement et de « l’instantané ».

Il choisit cependant de mettre en scène certaines prises de vue. Simples situations posées ou montages avec expérimentation de divers trucages, certaines photographies nous plongent dans un univers théâtral. Les répertoires des clichés nous révèlent que les personnages représentés sont des membres de la famille ou des amis qui jouent de toute évidence un rôle, quelques objets sont ajoutés pour le décor. Certaines prises de vue se font en intérieur, Louis Chesneau reprend les techniques du portrait mais conçoit une composition où l’on retrouve sans peine son sens de l’humour.

Homme au balai, s.d., Arch. dép. de la Seine-Maritime.
Portrait d’une femme, s.d., Arch. dép. de la Seine-Maritime.

Louis Chesneau fait du portrait l’une de ses spécialités ; il animera d’ailleurs de nombreux ateliers sur le sujet au Photo Club rouennais. Avec l’invention de la photographie, l’usage du portrait se répand dans la bourgeoisie, sous le Second Empire, puis dans l’ensemble de la société à l’aube du XXe siècle. Chaque portrait demande une mise en scène soignée de la personne photographiée, tant dans son comportement que dans sa tenue vestimentaire (déguisement, vêtement d’apparat, tenue de « travail » …). La position est aussi très travaillée : souvent debout, et rarement photographié en dessous des genoux. Le modèle prend la pose, pendant plusieurs minutes, le regard rarement tourné vers l’objectif. Des éléments de décor peuvent être mis en œuvre : chaises, rideaux, toile de fonds, lumière…

Louis Chesneau effectuera également au cours de sa vie, 71 autoportraits.

« Le jeu de rideaux, les fonds, les écrans et réflecteurs sont disposés pour toutes sortes d’éclairage dont il est facile d’obtenir les effets variés. En terminant, notre collègue, M. Chesneau-Lethuillier qui donnait cette leçon, après avoir fourni quelques formules de développement pour le portrait […] ».[6]

L’artiste[modifier | modifier le code]

Dès les années 1850, la pratique artistique de la photographie est revendiquée par des peintres de formation tels Gustave Le Gray ou Henri Le Secq.

Vue de Rouen prise de la côte de Bonsecours, s.d., Arch. dép. de la Seine-Maritime.

Au sein du Photo-club rouennais, Louis Chesneau est considéré comme un partisan du courant de la « photographie instantanée », en opposition au courant « pictorialiste ».

Ponts photographiés par Louis Chesneau dans l'Orne. Arch. dép. de la Seine-Maritime.

Pourtant, nombre de ses clichés semblent avoir été réalisés sans autre but qu’artistique. Ses photographies énigmatiques de personnages de dos ne sont pas réalisées en souvenir. Les clichés de sites architecturaux ou paysagers n’adoptent pas le point de vue des cartes postales touristiques, négligeant même d’inclure les éléments de reconnaissance du lieu.

Il apprécie également les thèmes chers aux peintres impressionnistes contemporains : panorama de Rouen depuis Bonsecours, taches blanches du linge des lavandières ou des ombrelles des femmes…

Louis Chesneau montre également une tendance à l’épure, à l’abstraction et « compose » ses paysages : organisation en plusieurs plans, reflets dans l’eau, lignes géométriques. Ces ressorts modernes permettent d’affirmer qu’il a véritablement créé « une œuvre » au cours de ces cinquante années d’images.

Expositions[modifier | modifier le code]

-Louis Chesneau, amateur photographe, 1855-1923. Exposition proposée par le Centre photographique de Normandie rue de la Chaîne à Rouen du 18 avril au 1er juillet 1996. Commissaire Didier Mouchel.

-Plaisirs en Seine… Le regard de Louis Chesneau, 26 septembre 1997-30 mars 1998, Caudebec-en-Caux, Musée de la marine de Seine.

-Chambre noire, photographies de Louis Chesneau, 25 octobre-23 décembre 2022, Archives départementales de la Seine-Maritime, Pôle culturel Grammont, Rouen.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • 1996 : Plaisirs en Seine... Le regard de Louis Chesneau : exposition du centre photographique de Normandie du 26 septembre 1997 au 30 mars 1998... Caudebec-en-Caux, Musée de la marine de Seine, Cahiers du centre photographique de Normandie, n° 2, avril.
  • 1998 : La Seine-Maritime / photogr. de Louis Chesneau, Fréderic David, Didier Mouchel, A. Sutton (ISBN 2-84253-050-0).
  • 2002 : Louis Chesneau, un photographe amateur : Rouen : le voyage à Saint-Sever en 1899, Didier Mouchel, E. Point de Vues (ISBN 2-9516020-3-0).
  • 2002 : Archéologie du reportage photographique, une séance de projection de Louis Chesneau, Didier Mouchel, Études photographiques, mai.

Liens externes[modifier | modifier le code]