Opération Artémis (2003)

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L’opération Artémis est une mission militaire menée, du au en Ituri (République démocratique du Congo), par l'Union européenne au titre de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD), sous l'autorité du Conseil de sécurité de l'ONU, selon sa résolution 1484 du [1],[2]. L’opération Artémis est considérée comme la première opération militaire dirigée par l’Union européenne, la première opération autonome de l’UE, première mission de réaction rapide de l’UE, première opération hors d’Europe, première opération appliquant le principe de la nation cadre et premier exemple d’opération « relais », menée en coopération entre l’UE et les Nations unies[3],[4].

Objectifs[modifier | modifier le code]

Le Conseil de sécurité de l'ONU « autorise le déploiement, jusqu’au , d’une force multinationale intérimaire d’urgence à Bunia, en coordination étroite avec la MONUC, en particulier son contingent déployé dans la ville, en vue de contribuer à y stabiliser les conditions de sécurité et à y améliorer la situation humanitaire, d’assurer la protection de l’aéroport et des personnes déplacées se trouvant dans les camps de Bunia et, si la situation l’exige, de contribuer à assurer la sécurité de la population civile et du personnel des Nations unies et des organisations humanitaires dans la ville »[5],[2].

Cette force avait en effet été déployée pour mettre fin dans l'immédiat aux combats du conflit d'Ituri et faire cesser les exactions à l'encontre des populations civiles dans la capitale de ce district de la république démocratique du Congo. Ainsi, les Nations unies disposaient du temps nécessaire à la mise en place d'une nouvelle « Brigade Ituri » des casques bleus de la MONUC.

Il s'agit de la première opération militaire « agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies » réalisée par l'Union européenne en dehors du périmètre du vieux continent et sans le recours aux accords dits de Berlin plus qui permettent aux européens de bénéficier de moyens de l'OTAN[6]. Les objectifs de cette opération et le contexte de son insertion par rapport à la problématique de la MONUC présentent des similitudes avec l'Opération Turquoise menée par la France en 1994 au Rwanda, alors que la MINUAR y était chargée du « maintien de la paix », comme la MONUC dans l'Est de la république démocratique du Congo.

Effectifs et organisation[modifier | modifier le code]

La France assumait la fonction de « nation cadre » de l'opération et fournissait le contingent le plus étoffé. Bien que 18 nations participassent à l'opération, environ 80 % des effectifs engagés émanaient des armées françaises[7]. Environ 2 200 personnes ont été mobilisées pour cette action. 2 060 étaient effectivement présentes sur le continent africain, tandis que les autres éléments étaient affectés au quartier général de niveau stratégique, installé à Paris et armé par l'état-major interarmées de force et d'entraînement (EMIA-FE) de Creil, chargé de la conduite de l'opération. 1 035 soldats étaient effectivement présents à Bunia au moment où la force a atteint sa plénitude opérationnelle. Le reste du contingent se répartissait entre la Base de Soutien à Vocation Inter Armées (BSVIA) de la mission — établie à Entebbe — et des aérodromes gabonais et tchadiens qui accueillaient les avions de combat destinés à protéger et appuyer la composante terrestre[8].

« Affaire Joseph »[modifier | modifier le code]

Joseph est le nom d'un jeune Congolais qui, selon le rapport établi en 2007 par Stefan Ryding-Berg, chef juriste du ministère suédois de la défense, aurait été torturé par des militaires français, au vu et au su des officiers français et suédois de l'opération[9]. Le colonel Christophe Rastouil, commandant le détachement français, avait apporté un démenti dans un courrier à la télévision suédoise[10]. À la suite de la diffusion d'un reportage de la télévision suédoise, le chef de l'opération suédoise a été suspendu[réf. nécessaire]. Une enquête de commandement a été menée par le ministère français de la défense nationale, qui a conclu en , avec son homologue suédois, que les allégations étaient « infondées »[11].

Sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Résolution 1484(2003) du Conseil des sécurité des Nations unies
  2. a et b Jocelyn Coulon, Dictionnaire mondial des opérations de paix : 1948-2011, Athéna Editions, , 313 p. (ISBN 978-2924142080), p. 118
  3. Türke 2008, p. 4.
  4. Türke 2016, p. 53 à 106.
  5. Article 1 de la résolution 1484 du conseil de sécurité des Nations unies
  6. France diplomatie
  7. Thonier 2004, p. 51.
  8. Thonier 2004, p. 53.
  9. Voir Prisonnier torturé par l'armée française au Congo : le scoop de la TV suédoise - Politis, Politis, et Le destin de Joseph résumé de l'histoire, qui reprend plusieurs articles - traduction de la télévision suédoise et article dans Libération. Voir aussi la transcription en français du reportage (doc)
  10. Lettre du colonel Rastouil
  11. Rapport d'enquête de l'IFODT concernant les faits du 13 juillet 2003 au camp Chem-Chem de Bunia en RDC

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Compléments[modifier | modifier le code]

Lectures approfondies[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]