Omar Bongo

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Modèle:Infobox Chef d'Etat

El Hadj Omar Bongo Ondimba (né Albert-Bernard Bongo, plus connu sous le nom d'Omar Bongo), né le à Lewaï et mort le à Barcelone[1], est le deuxième président de la République gabonaise, du à sa mort.

Biographie

Les débuts

Né sous le nom d'Albert-Bernard Bongo dans la province du Haut-Ogooué à Lewaï (depuis rebaptisée Bongoville), il est le benjamin d'une famille d'agriculteurs de douze enfants, issue des ethnies Batéké et Obamba. À sept ans, il perd son père. Il effectue ses études primaires et secondaires au Congo, puis après son service militaire, il rejoint d'abord les services secrets français, puis l'entourage de Léon Mba, futur président du Gabon tout en travaillant comme commis des postes. Il parvint par la suite à opposer à la stratégie commune une approche plus transversale mais non moins subversive (telle que déclamée dans une lettre ouverte aux représentants de l'ordre établi, datée du 15 mai 1970). En octobre 1959, il épouse Patience Dabany, une jeune chanteuse qui lui donnera trois enfants.

Au pouvoir

Après l'indépendance en 1960 il fut vice-président et bras-droit de Léon Mba, avant de lui succéder après sa mort en 1967. En 1968, il fonde le Parti démocratique gabonais, socle du monopartisme jusqu'en 1990. Franc-maçon depuis 1965[2], il se fait baptiser catholique pour obtenir une audience avec Paul VI[3], se convertit en 1973 à l'islam et devient El Hadj Omar Bongo. Pour certains, cette conversion n'est qu'un moyen de se faire bien voir des pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, en majorité musulmans, le Gabon étant producteur de pétrole. En 1990, Bongo est poussé à organiser une conférence nationale à l'issue de laquelle il accepte la restauration du multipartisme. Il ajoute le nom de son père au sien et devient donc en 2004 Omar Bongo Ondimba.

Omar Bongo Ondimba, durant toute sa présidence (42 ans), dirige le pays de façon très directe, monopartisme ou multipartisme important peu.

Omar Bongo Ondimba a été réélu le avec 79,18 % des suffrages selon les résultats officiels. L’opposition, avec à sa tête Pierre Mamboundou, a dénoncé des fraudes massives constatées lors du scrutin.

Le 14 mars 2009, Édith Sassou Nguesso, première dame du Gabon, épouse d'Omar Bongo Ondimba et fille aînée de Denis Sassou Nguesso, décède à Rabat au Maroc, à l'âge de 44 ans des suites d'une longue maladie. Elle n'était pas apparue au Gabon depuis près de trois ans. Mère de deux enfants (Omar Denis Junior Bongo Ondimba et Yacine Bongo Ondimba) et docteur-pédiatre de formation, elle était fortement impliquée dans la lutte contre le SIDA avec la création en 2003 de l'Organisation des Premières Dames d'Afrique contre le SIDA (OPDAS). Son décès rend Omar Bongo Ondimba veuf, à l'âge de 73 ans[4].

Décès

Depuis le 11 mai 2009, le président gabonais était hospitalisé dans un état grave mais stationnaire en Espagne, et non en France, sans doute du fait de l'affaire dite des biens mal acquis[5]. Omar Bongo faisait simplement un bilan de santé, selon la présidence gabonaise, mais il était atteint d'un cancer de la prostate selon un diplomate africain[1]. Le Conseil national de la Communication gabonais s'était alors indigné du traitement de l'information par les médias français « en diffusant des informations non officielles et alarmistes[6] », des démentis repris par le Premier ministre français François Fillon.

Le , le site Internet du magazine Le Point a annoncé son décès[7], mais le gouvernement gabonais avait alors démenti l'information[8], et convoqué l'ambassadeur de France Jean-Didier Roisin.

Le , sa mort est officiellement confirmée à 14 h 30 par le Premier ministre Jean Eyéghé Ndong dans une déclaration écrite[9].

Relations France-Afrique

Installé par Jacques Foccart, secrétaire général de l'Élysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974 il s'est lié d'amitié avec de nombreux dirigeants français, de tous bords, et a été reçu à l'Elysée par Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac[10]

Nicolas Sarkozy l'a rencontré à l'occasion de la campagne présidentielle, selon Omar Bongo afin de recueillir les bons conseils d'un homme d'expérience. Omar Bongo a aussi rencontré François Bayrou ainsi que Jean-Marie Le Pen

À peine élu, le 7 mai 2007, Nicolas Sarkozy l'a appelé pour le remercier de « ses bons conseils », puis l'a recu à l'Elysée[11] et a ordonné à tout son gouvernement de passer saluer le doyen[12] des « amis de la France ». Deux mois plus tard, l'amitié entre Nicolas Sarkozy et Omar Bongo[13] se confirme, puisque c'est Libreville que le président français choisit pour clore sa première tournée africaine, le 27 juillet 2007. Il n'arrive pas les mains vides, puisqu'il a obtenu, la semaine précédente, un accord jamais vu[14] du Club de Paris qui allège d'au moins 15% la dette gabonaise.

Le Gabon est militairement lié à la France par des accords de défense aux clauses secrètes ; cette dernière y stationne par ailleurs en permanence plusieurs centaines de soldats d'élite.

Pour Omar Bongo « L'Afrique sans la France, c'est la voiture sans le chauffeur. La France sans l'Afrique, c'est une voiture sans carburant[10]. »

Allégations de corruption

Au cours des années 1998-1999, le Sénat américain a enquêté sur les avoirs placés aux Etats-Unis par le président gabonais. Son rapport révèle que le montant des avoirs d'Omar Bongo, placés sur ses différents comptes bancaires à la Citibank, à New York, de 1985 à 1997, serait d'environ 130 millions de dollars. L'argent de ces comptes qui provenaient de revenus pétroliers aurait permis de financer la campagne électorale de 1993 du président Bongo, alors candidat à sa propre succession à la tête de l'Etat gabonais[15].

Selon un article du New York Times du , il aurait versé 9 millions de dollars US en 2003 sur le compte d'une compagnie de Jack Abramoff, un lobbyiste américain, afin que celui-ci lui arrange un entretien avec le président des États-Unis George W. Bush. Il déclara quelques jours plus tard que cela était un « mensonge grossier » et qu'il allait porter plainte. Cette déclaration n'a eu aucune suite[16].

En janvier 2008, le journal Le Monde révèle la liste des biens mal acquis supposés en France du président gabonais et de sa famille ... plus de 33 appartements et hôtels particuliers équivalent à plus de 150 millions d'euros. Ces informations sont issues de l'enquête de la police française qui faisait suite à la plainte déposée en mars 2007 par trois associations françaises (Survie, Sherpa et la Fédération des Congolais de la Diaspora) pour recel de détournements de fonds publics[17],[18].

Le 13 février 2009, Omar Bongo Ondimba voit certains des comptes bancaires qu'il détient en France saisis par la justice française, conformément à une décision de la cour d'appel de Bordeaux. Cette décision intervient suite à une affaire d'escroquerie aux dépens d'un chef d'entreprise français. Ce dernier, en différent commercial avec le président gabonais, a été emprisonné au Gabon en 1996, et sa famille a dû verser une somme de plus de 450 000 euros à M. Bongo pour le faire libérer, versement « indu et soumis à restitution » selon la justice française[19],[20]. Suite à cette affaire le gouvernement gabonais a accusé la France de mener une « campagne pour déstabiliser » le pays[21]. Bongo s'est en effet senti trahi car il a bénéficié en France, durant des décennies, d'une forme d'immunité[22].

Le 30 mars 2009, ouverture d'une enquête sur des comptes qui appartiendraient à Édith Bongo, épouse d'Omar Bongo et fille de Denis Sassou Nguesso, décédée le 14 mars 2009, soupçonnée d'avoir servi de prête-nom à Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso auprès de plusieurs établissements bancaires, afin de dissimuler des capitaux provenant de détournements de fonds publics à Monaco, enquête qui fait suite au courrier de l'association Sherpa au prince Albert II et au procureur de Monaco demandant l'ouverture d'une information judiciaire et le gel des avoirs financiers à Monaco d'Édith Bongo[23].

Le 5 mai 2009, la doyenne des juges du pôle financier de Paris, Françoise Desset, juge recevable la plainte déposée par Transparency International France et l'Association Sherpa visant Omar Bongo et deux autres chefs d'États africains Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale) soupçonnés de posséder en France des biens immobiliers financés par de l'argent public détourné. Cette décision est prise contre l'avis du parquet qui disposait de cinq jours pour faire appel[24], ce qu'il a effectivement fait[25].

Famille

Son fils, Ali Bongo Ondimba, est ministre de la Défense du Gabon depuis 1999. Sa fille, Pascaline, diplômée de l'École nationale d'administration française, est sa directrice de cabinet et épouse de Paul Toungui, ministre d’État chargé des Affaires étrangères.

Écrits

  • Gouverner le Gabon, 1968
  • Discours prononcé à l'occasion de la fête nationale du 17 août 1969, 1969
  • Dialogue et participation, 1973
  • Rénovation : pensées politiques, 1973?
  • Pensée et action sociales, 1974
  • Au service du Gabon, 1975
  • Le Dialogue des nations : L'Afrique dans le nouvel ordre politique et économique mondial, 1980
  • Le Réconciliateur : théâtre, 1977
  • Le dialogue des nations, 1978
  • Dix ans de pouvoir et de progrès, 1978
  • Gouverner, c'est prévoir, 1979
  • Réalités gabonaises : culture et développement, 1983
  • Les années qui viennent, 1985
  • El Hadj OMar Bongo par lui-même, 1986
  • Le Nouvel élan, 1993
  • Omar Bongo, les confidences d'un Africain (entretiens avec Christian Casteran), 1994
  • Les chances du Gabon pour l'an 2000, le chemin du futur, 1998
  • Blanc comme nègre (entretiens avec Airy Routier), 2001

Notes et références

  1. a et b « C'est officiel, Omar Bongo est mort », Le Nouvel Observateur,
  2. Stéphane Urbajtel, Vincent Hugeux, « Omar Bongo: le frère charento-africain », L'Express,
  3. Alain Barluet, « Omar Bongo, le doyen de la Françafrique », Le Figaro,
  4. http://www.romandie.com/ats/news/090314203826.9bqhox1p.asp
  5. Philippe Bernard, « Le Gabon suspendu à l'état de santé d'Omar Bongo », Le Monde,
  6. Romandie News, « Gabon/Bongo : médias français avertis, deux journaux gabonais suspendus »,
  7. Hervé Gattegno, « Après 41 ans au pouvoir. Le président gabonais Omar Bongo est mort », Le Point
  8. « Omar Bongo est mort », Le Figaro,
  9. « Gabon's Omar Bongo confirmed dead », BBC,
  10. a et b Zineb Dryef, « Bongo et la France : quarante ans de mauvais coups », Rue89,
  11. « Réception de Bongo : Sarkozy frappe fort », Cellule Francafrique,
  12. « Bongo rencontre Sarkozy et la moitié du gouvernement ! Juppé, Borloo, Kouchner, Hortefeux, Woerth, Bachelot et Morin ont été reçus par le président gabonais », Cellule Francafrique,
  13. « Sarko sur Bongo : « on a toujours besoin d'un plus petit que soi » », Cellule Françafrique
  14. « Allègement de la dette du Gabon annoncé ce matin par le Club de Paris : La France privilégie le régime corrompu d’Omar Bongo », Plate-forme Dette & Développement,
  15. (fr) Gilles Gaetner, « Les faramineux comptes secrets d'Omar Bongo », L'EXPRESS.fr, (consulté le )
  16. (en) Philip Shenon, « Lobbyist Sought $9 Million for Bush Meeting », The New York Times, (consulté le )
  17. (fr) Antoine Houphouët-Boigny, « Quand la France met fin à une enquête génante pour ses intérêts », Cellule Francafrique, (consulté le )
  18. (en) Charles Bremner, Sebastien Duval, « Fraud inquiry into leaders breaks ‘special protection’ », The Times, (consulté le )
  19. (fr) « Saisie de comptes bancaires français du président gabonais Bongo », AFP, (consulté le )
  20. (fr) « Les comptes français d'Omar Bongo saisis », LADEPECHE.fr, (consulté le )
  21. (en) « Gabon's Bongo dies after 41 years in power », Zimbio, (consulté le )
  22. (fr) Vincent Hugeux, « Omar Bongo, 1973-2009 », L'EXPRESS.fr, (consulté le )
  23. (fr) « Ouverture d'une enquête sur des comptes qui appartiendraient à Edith Bongo à Monaco », AFP, (consulté le )
  24. (fr) « Patrimoine de dirigeants africains: étape franchie vers une enquête française », AFP, (consulté le )
  25. (fr) « Le parquet fait appel », LEXPRESS.fr, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Danielle Ben Yahmed et Zyad Limam (dir.), Omar Bongo Ondimba : un destin africain, Les éditions du Jaguar, Paris, 2006, 191 p. (ISBN 2-86950-402-0)
  • Grégoire Biyogo, Omar Bongo Ondimba l'insoumis. Livre I, Le rêve d'un nouvel ordre international pacifique et consensuel, Éditions L'Harmattan, 2008, 424 p. (ISBN 9782296052802)
  • Philippe Decraene, Omar Bongo, Éditions J.A., Paris, 1986, 221 p.
  • Josué Koloko, El Hadj Omar Bongo ou l'art et la manière de gouverner le Gabon, J. K. Communication, Paris, 1998
  • Josué Koloko, El Hadj Omar Bongo Ondimba, un bilan inégalé, une histoire exemplaire (préface de Roland Dumas), J. K. Communication, Paris, 2005, 309 p.
  • Francis Michel Mbadinga, Le pasteur et le président : quand un homme d'Église et un homme d'État traitent un sujet d'actualité, L'Harmattan, Paris, 2008, 87 p. (ISBN 978-2-296-06394-5)
  • Guy Nzouba-Ndama, Une éthique du pouvoir : l'art politique d'Omar Bongo Ondimba, Éditions Raponda-Walker, Libreville (Gabon), 2008, 112 p. (ISBN 978-2-912776-73-0)
  • Paul Tedga, Omar Bongo tel que je le connais, AfriquÉducation, Paris, 2005, 206 p.

Liens externes

wikilien alternatif2

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Omar Bongo.


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