Marie Duhem

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Marie Duhem
Virginie Demont-Breton, Portrait de Marie Duhem peignant (1889), musée de la Chartreuse de Douai.
Naissance
Décès
(à 47 ans)
Douai (Nord)
Nom de naissance
Marie Sergeant
Nationalité
Activité
Maître
Mouvement
Conjoint
Enfant
Distinction
signature de Marie Duhem
Signature

Marie Duhem, née Marie Sergeant à Guemps le et morte à Douai le , est une artiste peintre française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Les parents de Marie Duhem dirigent une manufacture de dentelle. Dès son enfance, elle se familiarise au travail des dessinateurs de modèles. Elle devient l’élève du peintre Adrien Demont, époux de l’artiste peintre Virginie Demont-Breton. C’est dans leur atelier de Wissant qu’elle rencontre, en 1889, Henri Duhem, de 11 ans son aîné, avocat passionné de peinture[1]. Ils se marient en 1890 et, l'année suivante, elle donne naissance à un garçon, Rémy Duhem (1891-1915). C'est l'époque du groupe de Wissant (encore appelé École de Wissant) : autour des Demont-Breton, chaque été pendant plusieurs années, les Duhem, installés dans leur maison de campagne à Camiers, retrouvent tout un groupe d’amis venus peindre, sur le motif, la campagne du boulonnais et le littoral de la Côte d'Opale. Parmi les plus assidus, l’on compte Georges Maroniez, Francis Tattegrain, Fernand Stiévenart ou encore Félix Planquette[2].

Henri Duhem, Portrait de Marie Duhem peignant (1893), musée de la Chartreuse de Douai.

Marie Duhem forme avec son mari un couple d’artistes unis partageant quêtes esthétiques et passion pour la collection. Ils acquièrent ainsi un ensemble d’œuvres impressionnistes et postimpressionnistes de premier ordre[3], dont la Promenade près d'Argenteuil peinte en 1875 par Claude Monet, ou Bouquet de Fleurs peint en 1897 à Tahiti par Paul Gauguin. Nelly Sergeant-Duhem, fille adoptive des Duhem, donne cette collection en 1985 à l'Académie des beaux-arts : elle est conservée au musée Marmottan à Paris.

Exposant à l’étranger (Londres, Rome, Saint-Pétersbourg), Marie Duhem est une femme peintre impliquée dans la vie culturelle de son époque : tout comme son mari, elle entretient des liens amicaux avec Camille Pissarro, Auguste Rodin ou encore Henri Le Sidaner[4]. De ce dernier, elle réalise un portrait à l’huile (aujourd’hui conservé au musée des beaux-arts de Dunkerque) révélateur de l'intimisme dans lequel Henri Le Sidaner et les Duhem s’inscrivent.

Durant la Première Guerre mondiale, le couple perd son fils unique, Rémy Duhem, jeune peintre à l'avenir prometteur, tué à l’assaut des Éparges, le . Marie Duhem, très affectée par la mort prématurée de son fils, succombe d’une tumeur, dans la maison familiale de Douai, le , à l’âge de 47 ans. En 1922, Henri Duhem évoque le souvenir de son fils et de sa femme dans un récit intitulé La Mort du foyer[5]. Deux ans plus tard, le critique d’art Camille Mauclair, grand ami du couple, retrace l’œuvre dessinée et peinte des deux artistes défunts, dans un ouvrage à l’iconographie très documentée, intitulé Marie Duhem, Rémy Duhem : hommage, paru aux éditions Jacomet.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Son œuvre[modifier | modifier le code]

On retrouve dans la peinture de Marie Duhem — paysage campagnards, natures mortes ou sujets religieux — l’atmosphère sobre et de recueillement caractérisant l’œuvre de son mari. Certaines de ses œuvres, tel le Jardin à la campagne[6] — celui de sa maison à Camiers — témoignent, par leur facture néoimpressionniste et intimiste, de l’influence d'Henri Le Sidaner.

Marie Duhem est une femme peintre dont la carrière a un rayonnement national. Elle est nommée officier des Palmes académiques, puis reçoit une médaille à l’Exposition universelle de 1900. Une exposition personnelle lui est consacrée en 1906, à Paris, à la galerie Georges Petit. Cette même année, l’État acquiert une huile sur toile intitulée Renoncules blanches pour le musée du Luxembourg, maintenant conservée au musée d’Orsay, qui possède également ses Reines Marguerites dans un vase.

Œuvres dans les collections publiques[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Iconographie[modifier | modifier le code]

Philatélie[modifier | modifier le code]

Un timbre postal français, représentant les Reines marguerites dans un vase (huile sur toile, Paris, musée d’Orsay), a été édité à 5 millions d'exemplaires et mis en circulation le . Il intègre le carnet de 12 timbres intitulé Bouquets de fleurs proposant des reproductions de peintures de bouquets de fleurs réalisées par des peintres des XIXe et XXe siècles[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La rencontre de Henri et Marie Duhem l'été 1889 est racontée par Adrien Demont, dans son ouvrage Souvenances, page 314 et suivantes (éditions de la Nouvelle Société Anonyme du Pas-de-Calais, 1927). Ainsi, selon Adrien Demont : « Ce fut par une après-midi d'été que Mademoiselle Marie Sergeant arriva. Nous étions tous en train de peindre sur la route de Marquise quand passa le petit omnibus de Duval qui l'amenait accompagnée de Madame Sergeant, sa mère. Nous leur fîmes un salut amical de la main et ce rapide instant suffit à Henri Duhem pour être frappé de la beauté et du charme de Mademoiselle Marie ».
  2. Ce groupe de Wissant est évoqué par Adrien Demont, dans son ouvrage Souvenances, au chapitre XVI intitulé « Wissant - La mer - Le Typhonium » (page 310 et suivantes).
  3. On retrouve un catalogue précis des œuvres collectionnées par les Duhem dans l'ouvrage de Marianne Delafond, La Donation Duhem ; Musée Marmottan ; Paris, éditions du Musée Marmottan, Paris, 1987.
  4. Ces amitiés sont préciséments évoquées par Jacqueline Chœur, à travers la correspondance de Henri Duhem conservée aux Archives Duhem du musée de la Chartreuse de Douai, dans son article intitulé « Les correspondants des Duhem », in les Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts de Douai, 1992-1995, 5e série (1996), p. 81 à 86.
  5. Éditions Figuière.
  6. Huile sur toile conservée au musée du Touquet-Paris-Plage.
  7. Paysage, Musenor.
  8. a et b Notice sur le site du musée d'Orsay.
  9. Photographie reproduite dans l'ouvrage de Camille Mauclair, Marie Duhem, Rémy Duhem : hommage, paru aux Éditions Jacomet en 1924.
  10. Une épreuve de cette photographie est conservée aux archives municipales de Douai sous la cote Fi 1579.
  11. Se trouvent ainsi notamment reproduits des bouquets de Paul Gauguin, de Vincent Van Gogh, de Paul Cezanne, d'Auguste Renoir, d'Edouard Manet ou encore d'Henri Fantin-Latour.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Duhem, La Mort du foyer, Éditions Figuière, 1922.
  • Camille Mauclair, Marie Duhem, Rémy Duhem, Éditions Jacomet, 1924.
  • Adrien Demont, Souvenances, Éditions de la Nouvelle Société Anonyme du Pas-de-Calais, 1927.
  • Henri Duhem, Ève ou l'épicier, Éditions de la Flandre, 1935.
  • Marianne Delafond, La Donation Duhem ; Musée Marmottan ; Paris, Éditions du musée Marmottan de Paris, 1987.
  • Jacqueline Chœur, « La Maison Duhem », in la revue Les Amis de Douai, 1986, p. 57 à 61
  • Jacqueline Chœur, « Rencontre avec les Duhem », in Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Douai, 1992-1995, 5e série, 1996, p. 71 à 79
  • Jacqueline Chœur, « Les correspondants des Duhem », in Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Douai, 1992-1995, 5e série, 1996, p. 81 à 86.
  • Sylvie Carlier, « Le couple Henri et Marie Duhem à Douai au 10 rue d'Arras », in Les Amis de Douai, 2001, p. 22 à 24.
  • Sylvie Carlier, « Henri Le Sidaner - Henri Duhem : témoignage d'une amitié à travers leur correspondance », in Henri Le Sidaner en son jardin de Gerberoy 1901-1939 [ouvrage collectif], Éditions Monelle Hayot, 2001, p. 27 à 35.
  • Collectif, Les Peintres et le Pas-de-Calais, Éditions Sogemo, 1995.
  • Collectif, 60 figures douaisiennes du XXe siècle, Éditions des Archives communales de Douai, 2006.
  • Gérald Schurr et Pierre Cabanne, Dictionnaire des Petits Maîtres de la Peinture : 1820-1920, Les Éditions de l’Amateur, 2008.
  • Jean-Marie Ball, Annette Bourrut Lacouture et Philippe Gallois, L'École de Wissant et ses peintres, Association Art et Histoire de Wissant, 2012.
  • Collectif, Visages de Terre et de Mer - Regards de peintres à Wissant à la fin du 19e siècle, Michèle Moyne-Charlet, Anne Esnault, Annette Bourrut Lacouture, Yann Gobert-Sergent, Jean-Marie Ball, Philippe Gallois, Brigitte Potiez-Soth, Édition du Pas-de-Calais, Silvana Editoriale, , 135 p. (ISBN 9788836629299).
  • Collectif, Intimité(s) : les peintres de la Côte d’Opale, Anne Moitel, Yann Gobert-Sergent, Éditions Invenit, 2020, 96 pages.
  • Julien Deloffre, « De la souffrance au renouveau : Douai vu par le peintre Henri Duhem au sortir de la Grande Guerre », in Les Amis de Douai, juin 2021, p. 12 à 19.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :