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Julien Terzics

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Julien Terzics
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Biographie
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 55 ans)
NantesVoir et modifier les données sur Wikidata
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Militant politique, musicien, patron de barVoir et modifier les données sur Wikidata
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Julien Terzics, est un musicien et activiste antifasciste français, né le et décédé le . Figure charismatique de l’antifascisme parisien, un des anciens leaders des Redskins de la capitale dans les années 80, notamment de la bande des Red Warriors. Il a ensuite fondé le groupe de streetpunk / oi ! Brigada Flores Magón, fer de lance de la scène redskin depuis la fin des années 1990. Depuis 2006, il tenait le café le Saint Sauveur, fief des antifascistes parisiens.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Il nait le 28 novembre 1968, à Paris[1]. Son père est hongrois et peintre en bâtiment, tandis que sa mère, juive hongroise, est femme au foyer.

Il adhère au Parti communiste français à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne). Il découvre la scène alternative, notamment à L’Usine, centre culturel autonome de Montreuil[1].

Red Warriors[modifier | modifier le code]

Chaussures de skinheads

Il fonde en décembre 1986[n 1] les Red Warriors, une bande de redskins antifasciste[n 2] actifs dans la région parisienne dans les années 1980[4]. La bande devient après les Ducky Boys[n 3], une des premières à s'opposer systématiquement et physiquement[n 4] aux « boneheads » d'extrême droite dans la région parisienne[7],[8], avec pour objectif de « ne pas laisser la rue aux mouvements néonazis »[n 5][10].

Composée d'un noyau dur de quatorze personnes, comprenant Julien Terzics (alias Ranx)[n 6], Rico (Blackskin), Jeff, Nano, Karim (rimka), Roy, Scan, Sambot, Anto, Nono, Franky, Arno tepa, Bobo (le driver), Pascal. Puis vinrent s'ajouter : Ado (le Grec), Bozo, Kim, Mickey, Alain, bb des bois[13]..

Symbole antifasciste

Se revendiquant communiste, par provocation, la bande était surtout antifasciste radicale. Ils assurent la sécurité dans des concerts urbains de punk et de rock alternatif[14], notamment ceux de Bérurier noir[n 7] ou de Laid Thénardier[7]. Son symbole était une faucille croisée d'une batte de baseball, détournement du symbole communiste de la faucille et du marteau. Ce symbole sera ensuite repris par le mouvement redskin français[16].

Les Red Warriors se séparent dans les années 1991-1992.

Militantisme, musique et boxe[modifier | modifier le code]

Drapeau de la CNT

Dans les années 90, il milite à la Confédération nationale du travail (CNT), syndicat de tendance anarchiste. Il rejoint notamment le syndicat de la Culture et du Spectacle de la CNT en région parisienne, où il organise et mène des grèves lors du conflit des intermittents du spectacle en 2003[17].

Il donne également des cours de boxe et de kick boxing[17].

Concert punk

Il est aussi batteur dans un groupe, le Brigada Flores Magon[18]. Ce groupe d'oi! et punk rock français notoirement connu pour ses textes politiques proches de la mouvance libertaire. Il est formé dans les années 1990 de la rencontre plus que probable entre différents individus issus de la scène alternative des années 1980 et de la mouvance redskin parisienne des années 1990. Le nom du groupe est basé sur celui de l'anarchiste mexicain Ricardo Flores Magón.

Il accompagne en tant que service d'ordre des Bérurier Noir lors de leur reformation entre 2003 et 2007[19].

Le Saint Sauveur[modifier | modifier le code]

En 2006, il devient patron du Saint Sauveur. Ce bar Le Saint-Sauveur est ouvert en 2006, au 11 rue des Panoyaux, au pied de la butte de Ménilmontant. Par son décorum et les musiques alternatives qui y sont diffusées, le bar cultive l'ambiance punk et rock 'n' roll qui le caractérise depuis l'origine[20]. Les militants et sympathisants de la gauche extraparlementaire en font rapidement leur « quartier général » parisien. Mais plus largement, le bar attire un public nombreux et pas nécessairement politisé, grâce à ses consommations bon marché et son dynamisme culturel : concerts, DJ sets, expos, rencontres avec des auteurs engagés, etc.

Symbole antifasciste

Selon le site StreetPress en 2015, le bar Le Saint-Sauveur est « Le bar antifa de Paris, aux murs tapissés de posters anti-capitaliste ou anti-répression policière, sans parler des stickers de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue. [...] Au Saint-Sauveur, on se revendique de l’antifascisme radical [...] les partis politiques ne sont clairement pas la tasse de thé de la faune libertaire du lieu »[21],[22],[23],[24].

Le , le bar est la cible d'une descente armée revendiquée par le groupuscule d'extrême droite les « Zouaves »[25], fondé sur les ruines du GUD[26],[27]. Le groupe d'assaillants est très rapidement repoussé et s'enfuit[28],[29], après avoir provoqué un blessé[25] et des dégâts matériels. Cette attaque a eu lieu la veille de l'anniversaire de la mort de Clément Méric[28],[29]. En août 2020, Le Saint-Sauveur est fermé par la préfecture de police de Paris qui lui reproche, entre autres, l’incursion des militants d’extrême droite[30].

Décès, funérailles et hommages[modifier | modifier le code]

Il décède le à Nantes, suite à un cancer. Il est enterré le 11 juillet au cimetière du Père-Lachaise, à Paris[18]'[31].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

  • Renaud Leblond, Les skinheads voient rouge, L'Express, , [lire en ligne].
  • Collectif, SCALP, 1984-1992. Comme un Indien métropolitain : aux origines du mouvement antifasciste radical, Réseau No Pasaran, 2005, (OCLC 46411231), [lire en ligne].
  • Frédéric Frangeul, Les “antifa”, ces chasseurs de skinheads », Europe 1, , [lire en ligne].
  • Saïd Mahrane, L'incroyable histoire des skins, Le Point, , [lire en ligne].
  • Collectif, Red Warriors : Interview de Julien et Rico (2005), La Horde, , [lire en ligne].
  • Michel Fize, Les Bandes : De l'entre soi adolescent à l'autre ennemi, Desclée De Brouwer, 2017, page 117.
  • Jelena Prtoric, Les skinheads, anatomie d'un mouvement, Franceinfo, , [lire en ligne].
  • Julien Brigada, Red Warriors in Nyark Nyark ! Fragments de la scène punk et rock alternatif en France (1976-1989), Éditions zones, label FZM, 2007, [lire en ligne].

Audiovisuel[modifier | modifier le code]


Discographie avec Brigada Flores Magon[modifier | modifier le code]

  • 1997 : Hermanos de la Mente Furiosa
  • 1999 : Brigada Flores Magon
  • 2001 : Anges Gardiens
  • 2003 : ROCK or Die
  • 2007 : Tout pour Tous + DVD Un Bout de route
  • 2022 : Immortels

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Ressource relative à la musiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « La mort de Julien Terzics, ancienne figure de proue des antifas parisiens », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Karim Hammou, Une histoire du rap en France, La Découverte, 2014, p. 123.
  3. María Elósegui, Cristina Hermida, Racial Justice, Policies and Courts' Legal Reasoning in Europe, Springer, 2017, p. 143.
  4. Tiphaine Le Liboux, « Les nazillons sont désinhibés », Libération, .
  5. Aude Konan, « http://www.okayafrica.com/black-punk-black-dragons-france/ Black Dragons: The Black Punk Gang Who Fought Racism & Skinheads in 1980s France] », OkayAfrica, .
  6. Hubert Artus, Pop corner. La grande histoire de la pop culture 1920 - 2020, Don Quichotte, 2017, p. 76.
  7. a et b Renaud Leblond, Les skinheads voient rouge, L'Express, , [lire en ligne].
  8. Samuel Laurent, « Les agressions entre “skins” et “antifa”, résurgence des années 1980 », Le Monde, .
  9. Frédéric Frangeul, « Les “antifa”, ces chasseurs de skinheads », Europe 1, .
  10. Jean-Christophe Féraud et Noa Jacquet, « Le pionnier de la lutte antifa Julien Terzics a rejoint l’armée des ombres », sur Libération (consulté le )
  11. Renaud Leblond, Les skinheads voient rouge, L'Express, , [lire en ligne].
  12. Photographié par Yan Morvan, Skins contre "antifas" : aux origines de la guerre, L'Obs, , [lire en ligne].
  13. [vidéo] Marc-Aurèle Vecchione, Antifa, chasseurs de skins, Résistance films, 2008, voir en ligne.
  14. Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog, Vivre libre ou mourir: punk et rock alternatif en France, 1981-1989, Glénat, coll. « 1000 feuilles », (ISBN 978-2-344-05563-2)
  15. Peter Culshaw, Clandestino. À la recherche de Manu Chao, Le Castor Astral éditeur, 2016, p. 37.
  16. « Les skinheads voient rouge », sur archive.vn, (consulté le ).
  17. a et b CNT-f, « “La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans.” Adieu Julien ! », sur Confédération nationale du travail : un syndicat de lutte des classes, autogestionnaire et sans permanent, (consulté le )
  18. a et b « Hommage à Julien Terzics, le mythique « chasseur de nazis » », sur StreetPress (consulté le )
  19. « RIP Julien (1968-2024) – FanXoa », sur fanxoa.archivesdelazonemondiale.fr (consulté le )
  20. « Bar Le Saint Sauveur Paris », sur Bar Le Saint Sauveur Paris (consulté le )
  21. Nima Kargar, Edouard de La Rochefordière, « La carte de la gauche alternative à Paris », sur StreetPress, .
  22. Tiphaine Le Liboux, « Les nazillons sont désinhibés », Libération, , lire en ligne.
  23. Abel Mestre, « Le Saint-Sauveur, bar emblématique des « antifas » de Paris, en sursis », Le Monde, (consulté le ).
  24. « Manches de pioches et lacrymos : un bar « antifa » attaqué par des militants d'extrême droite à Paris », Marianne, lire en ligne.
  25. a et b Cécile Beaulieu, « Paris : le procès des assaillants d’un bar antifascistes renvoyé », sur Le Parisien, (consulté le ).
  26. Pierre Plottu, « Les «Zouaves», nouveaux petits soldats de l’extrême droite radicale », sur libération.fr, (consulté le ).
  27. Thierry Vincent, « Ces "Zouaves" d’extrême droite qui multiplient les rixes dans les rues de Paris », Marianne, (consulté le ).
  28. a et b AFP, « Paris : un bar « antifa » attaqué par des militants d'extrême droite », sur Le Point, (consulté le ).
  29. a et b AFP, « Un bar « antifa » du 20e attaqué par des militants d'extrême droite », sur 20minutes.fr (consulté le ).
  30. Cécile Beaulieu, « Le bar antifa contraint de baisser le rideau à Paris », sur Le Parisien, .
  31. « Tristesse infinie, Julien Terzics s'en est allé », sur Ménil Info, (consulté le )
  1. « les Red Warriors (officiellement fondés en 1986), sont d'inspiration communiste ou anarchiste »[2]
  2. « The first bands to appear in Paris such as Lenine Killers, Red Ants, Red Boys, Ducky Boys and Red Warriors had violent and radical antifascist ideas. »[3].
  3. « Unable to get any type of protection from the police, groups of anti-fascist vigilantes appeared, like the Ducky Boys and, later, the Red Warriors. They chased down skinhead groups armed with baseball bats, knuckle-dusters and tear gas. The rise and fall of these groups is featured in Marc Aurèle Vecchione’s documentary Antifa: chasseur de skins. »[5]
  4. « Les plus fameuses bandes de « chasseurs de skins » des années quatre-vingt furent les Red Warriors, les Ruddy Fox et les Ducky Boys, engagés dans une confrontation directe pour reprendre la rue à ces skinheads nationalistes qui voulaient effrayer Paris et occuper les esprits »[6]
  5. « À l'époque, et plus encore dans les années 80, la radicalisation vers l’extrême droite des mouvements skinheads avait conduit à la création de différents groupes antifascistes, regroupés autour de bandes telles que les Red Warriors, les Ducky boys ou Ruddy Fox. Ces groupes avaient, les premiers, initié des mouvements de "chasse aux skinheads" dans les rues. Avec un objectif : "ne pas laisser la rue aux mouvements neonazis", comme l’explique Julien un des anciens membres des Red Warriors, dans le documentaire Antifa, sorti en 2008 et retraçant l’histoire de ce mouvement. »[9]
  6. « Julien a 20 ans. Il est en terminale. Mais il est aussi l'une des grandes « figures » des Red Warriors, la bande modèle pour tous les redskins en herbe. Ancien punk, Julien est aujourd'hui un espoir... du full-contact (karaté où l'on porte ses coups) : champion de France 1988 ! Autour de lui, une quinzaine de jeunes - dont plusieurs immigrés - tout aussi aguerris aux techniques du combat de rue. Mission sacrée ! « Réduire à néant, physiquement et intellectuellement, tout ce qui respire l'extrême droite. » Intellectuellement : ça, il y tient, Julien. « Car la violence, dit-il, n'est qu'une parade face aux incessantes agressions des skinheads. Des skinheads qui déclarent haut et fort qu'enlever la violence à un skin, c'est lui enlever son âme ! » Et de rappeler que les reds participent tous activement au développement du mouvement alternatif ; notamment au sein des SCALP, les Sections carrément anti-Le Pen (mot d'ordre : « Scalpons-les » ; journal : Geronimo). »[11],[12]
  7. « Les Bérurier noir, avec leur cri de ralliement, « La jeunesse emmerde le Front national », utilisaient souvent les Red Warriors pour assurer la sécurité. »[15]