Institut universitaire de France
L'Institut universitaire de France, abrégé par le sigle IUF, est un service français du ministère chargé de l'Enseignement supérieur qui distingue chaque année un petit nombre d’enseignant-chercheurs pour l’excellence de leurs recherches, attestée par leur rayonnement international. Il a été créé pour devenir un « Collège de France » délocalisé.
Présentation
L'Institut est créé par décret le [1]. Il s'agit d'un organisme sans murs dont les membres restent dans leurs propres universités (deux tiers au moins des membres de l'IUF appartiennent à des universités en dehors de Paris).
Le but de l’IUF est de donner à ses lauréats pleine liberté pour se consacrer à leurs recherches et de leur donner les moyens de les diffuser. Il constitue un espace fort de l’excellence de la recherche française, comme en témoigne le rayonnement international de ses membres.
Environ 1% du total des enseignants-chercheurs français sont membres (actifs ou honoraires) de l'IUF.
Chaque année, un colloque réunit l'ensemble des membres de l'IUF afin de permettre des échanges au plus haut niveau de la recherche française.
L'IUF se compose de deux types de membres, tous enseignants-chercheurs, professeurs ou maîtres de conférences, en poste dans une université française :
- les membres seniors ;
- les membres juniors (âgés de moins de 40 ans).
De plus, environ dix professeurs étrangers peuvent être invités chaque année.
Les membres sont élus pour une durée de cinq ans (non renouvelable pour les juniors, renouvelable une fois pour les seniors).
- Ils sont placés en position de délégation auprès de l'IUF, mais demeurent dans leur université d'appartenance.
- Ils bénéficient d'un allégement des 2/3 de leur service statutaire d'enseignement.
- Des crédits de recherche spécifiques sont versés chaque année à leur équipe ou leur laboratoire. La somme est, depuis la promotion 2009, de 20 000 euros par an.
- Ils bénéficient automatiquement de la prime d'excellence scientifique (PES).
- Des moyens matériels (bureau et salles de réunion) sont mis à leur disposition au siège de l'IUF.
- Un rapport d'activité leur est demandé à mi-parcours et à l'issue des 5 ans de leur délégation.
- Les membres de l'IUF doivent contribuer au rayonnement scientifique local, national et international dans un souci délibéré d'interdisciplinarité.
Jurys de sélection
Les jurys de sélection sont partiellement renouvelés chaque année. Ils comportent de nombreux membres étrangers et ce caractère international est une des spécificités de l’IUF [2]. Le recours aux meilleurs experts mondiaux évite tout risque de cooptation et garantit la haute qualité des nominations à l'IUF.
Depuis 2009, le jury est officiellement composé pour plus de la moitié de personnalités scientifiques étrangères connues pour leur rayonnement international. Ce sont le Collège de France, l’Académie des sciences, Académie des sciences morales et politiques, l’Académie nationale de médecine, la Conférence des présidents d'université, la CP-CNU qui proposent les noms des personnalités pressenties pour composer le jury. Sa composition est ensuite rendue publique ainsi que le CV de ses membres. Le jury fait appel, pour l’évaluation des dossiers de candidatures, à des rapporteurs de haut niveau scientifique, au moins deux par candidat, pour disposer d’un avis disciplinaire éclairé. Si les CV déposés par les rapporteurs garantissent leur excellence scientifique, des déclarations d’intérêt garantissent leur indépendance vis-à-vis des dossiers dont ils ont la charge [3]. Les nouveaux membres de l’Institut, outre la décharge de service et la dotation dédiée à l’environnement scientifique de 15 000 euros (20 000 euros depuis 2009), bénéficient d’une prime de 10 000 euros ce qui représente le double de l’ancienne PEDR.
Ces évolutions sont en partie liées aux nominations à l'Institut Universitaire de France de qui ont provoqué une vive controverse. La polémique porte sur la nomination de membres supplémentaires, parmi lesquels Michel Maffesoli, dont l'économiste et président du jury Élie Cohen avait déclaré qu'il « n'aurait jamais été retenu par le jury même s'il y avait eu plus de places »[4],[5]. Certains membres des jurys senior et junior de l'Institut avaient protesté contre ces nominations en faisant circuler, le , une déclaration où ils s'indignaient « du manque de transparence et des nominations de 2008 »[6]. Cette contestation avait reçu le soutien de la Société de mathématiques appliquées et industrielles (SMAI)[7] et de l'Association française pour l'information scientifique (AFIS)[8].
Quelques membres actuels
- Dominique Rousseau, juriste
- Pierre Brunet, juriste
- Jérôme Bibette, physico-chimiste
- Thomas Ebbesen, physicien et chimiste
- Yves Bréchet, chimiste (chaire de physicochimie des matériaux de structure)
- Jocelyn Benoist, philosophe
- Yves Krumenacker, historien, membre senior 2008
- Jacqueline Lalouette, historienne
- Jackie Pigeaud, philologue
- Carlo Rovelli, physicien
- Claude Gauvard, historienne
- Élisabeth Charlaix, physicienne
- Nicole Bériou, historienne
- Sylvie Vauclair, Astrophysicienne
Quelques membres honoraires
- Claude Allègre, membre senior 1992
- Édouard Bard, membre senior 1994
- Alain Blanchard, membre junior 1995
- Christian Bréchot, membre junior 1991
- Edouard Brezin, membre senior 1991
- Pierre Chambon, membre senior 1991
- Bernard Cottret, membre senior 1998
- Bruno Étienne, membre senior 1996
- Mathias Fink, membre senior 1994
- Marc Fontecave, membre junior 1991
- Serge Haroche, membre senior 1991
- Sandra Laugier, membre junior 1999
- Michel Lazdunski, membre senior 1991
- Jean-Marc di Meglio, membre senior 1998
- Eric Millard, membre junior 1998
- Olivier Petré-Grenouilleau, membre junior 1999
- Michel Troper, membre sénior 1993
- Jean-Christophe Yoccoz, membre senior 1991
Notes et références
- Décret no 91-819 du 26 août 1991 relatif à l'Institut universitaire de France, JORF no 201 du 29 août 1991, p. 11335, NOR MENN9101644D, sur Légifrance.
- Modalités de sélection et composition des jurys
- Discours de Valérie Pécresse sur l’IUF
- Sylvestre Huet, « Mauvais thème astral à l'université », dans Libération, 6 octobre 2008.
- Sylvestre Huet, « Affaire Maffesoli et Institut universitaire de France, l'astrologie à l'origine », sur {sciences²}, 6 octobre 2008.
- « À propos des nominations 2008 à l'Institut universitaire de France... : Déclaration des membres des jurys IUF senior et junior 2008 », 24 septembre 2008.
- SMAI, « À propos des nominations 2008 à l'IUF... », octobre 2008.
- AFIS, « « Affaire Maffesoli », l'histoire se répète… », 14 octobre 2008.