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Dalmates

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Le nom Dalmates peut désigner :

Les Dalmates semblent avoir initialement été une des nombreuses tribus illyriennes qui ont vécu sur la côte adriatique, à Delminium et à Salone, et sont à l'origine du nom « Dalmatie ». D'autres Illyriens côtiers furent les Ardiéens (ou Vardéens) en face de l'île de Pharos. La principale cité dalmate pourrait avoir été Delminium, à proximité de l'actuelle ville de Tomislavgrad, en Bosnie-Herzégovine. L'étymologie du nom est toujours discutée. Selon l'opinion des linguistes albanais protochronistes, « Dalmatie » viendrait d'un mot illyrien que l'on retrouverait aujourd'hui dans l'albanais delmë, signifiant « mouton », à supposer que l'albanais soit effectivement issu des dialectes illyriens. D'autres linguistes affirment que la romanisation des Illyriens, pendant la domination romaine (qui dure ici près de mille ans, de -219 jusqu'au VIIe siècle en comptant l'Empire romain d'Orient), a abouti à l'apparition du dalmate, une langue romane aujourd'hui disparue, tandis que l'albanais, lui, proviendrait du substrat thraco-dace, non romanisé et non illyrien, des langues paléo-balkaniques[1].

Les rivages adriatiques furent colonisés par des Grecs de Sicile avant d'être conquis par la République romaine : Delminium fut prise par Paul Émile en 219 av. J.-C.. Au IIe siècle av. J.-C., Gentius, roi de l'Illyrie, battu et pris en -168 se vit enlever par les Romains les provinces dalmates qu'il possédait ; Marcius Figulus (-156) et Nasica Corculum (-154) soumirent les Autariates et autres tribus illyriennes.

En -117 (ou -118), Metellus prit Salone ; en -79 la Dalmatie fut entièrement conquise. Elle se révolta à plusieurs reprises (notamment en l'an 9) et ne fut définitivement soumise qu'en l'an 23. Elle forma avec la Liburnie et la Japydie la province romaine d'Illyrie. La civilisation romaine y fit de rapides progrès. Au IIIe siècle, un des plus célèbres empereurs, Dioclétien, était un Dalmate. Les Dalmates latinisés parlaient une langue romane, le dalmate comprenant plusieurs dialectes, et qui s'est maintenue dans certaines îles jusqu'au XIXe siècle. Toutefois, au fil des siècles, ces « Morlaques » (comme on les a historiquement appelés) ont été absorbés par les Croates, des Slaves arrivés dans les Balkans au VIIe siècle.

Romanisation

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Ce ne sont pas seulement les Dalmates ou Illyriens de la côte adriatique, mais l'ensemble des Illyriens qui, durant la longue domination romaine (six siècles) ont été progressivement romanisés[2], et dans les principaux ports de la côte, le processus s'est poursuivi sous la tout aussi longue période vénitienne, qui a duré jusqu'à la fin du XVIIIe siècle[3].

Le dalmate comprenait plusieurs dialectes. Le dialecte ragusain de la région de Dubrovnik (anciennement Raguse, qui après avoir été vassale de Byzance, de Venise et de la Hongrie, devint indépendante au XVe siècle) a cessé d'être parlé au XVIe siècle, la ville passant à l'italien vénitien, et la région au croate. Le dialecte végliote est celui qui a survécu le plus longtemps : il était encore parlé dans l'île de Veglia, aujourd'hui Krk au XIXe siècle et a disparu le , à la mort de Tuone Udaina, dernier locuteur du dalmate[4]. L'arrivée des Slaves à partir du VIe siècle a fait, petit à petit et par assimilation, décliner la langue romane dalmate, et les dénominations de « Dalmates » ou « Morlaques » ont fini par désigner tous les habitants du pays, qu'ils soient locuteurs de langues romanes ou slaves méridionales (ici serbo-croate de dialectes tchakavien et chtokavien, dont les parlers ékaviens, iékaviens et ikaviens). De ce changement de sens du mot « dalmate » est née, à l'époque romantique de l'éveil des nationalismes slaves, du panslavisme et de l'austroslavisme, au XIXe siècle, la thèse protochroniste selon laquelle les Illyriens, dont les Dalmates, seraient en fait des Slaves, ancêtres directs des Croates habitant actuellement la région[5].

Hypothèses protochronistes

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Stanisław Siestrzeńcewicz-Bohusz, dans son livre Précis des recherches historiques sur l'origine des SlavesEsclavons et des Sarmates, et sur les époques de la conversion de ces Peuples au Christianisme, écrit en 1824 : « les Dalmates introduisirent partout la langue slavonne. La latine vint se mêler à elle par les colons pendant les conquêtes des Romains. Elle ne prit cependant pas racine à côté du dialecte national où ethnique des Slaves, qui le parlaient entre eux, et n'employaient qu'un latin corrompu, qu'ils n'apprenaient qu'autant que leurs relations avec le gouvernement l'exigeaient. Saint Jérôme de Stridon natif de Stridon en Dalmatie, parlait les deux langues ; le Slavon dialecte maternel, et un latin corrompu ; ce n'est qu'à Rome qu'il apprit cette langue, dans toute sa pureté. »

Dans le livre Chronique de Dalimil[6], écrit : « Dalimil cite la plaine Sennar, où Noé (patriarche) et les siens s’étaient arrêtés. Néanmoins, il n'est pas capable de situer précisément ce lieu. Puis il évoque la construction de la tour et la dispersion des peuples qui s'ensuivit, abordant alors l'origine des Slaves (Serbes dans son récit) qui s'y étaient établis, comme les Grecs, le long de la mer, et s'étendirent jusqu'à Rome. »

Dans la Chronique de Nestor[7], l'auteur signale la présence des Slaves sur le Danube et dans les Balkans dans l'antiquité tardive.

Selon Johann Kaspar Zeuss dans le livre Die Deutschen und die Nachbarstamme, les Vénètes de l'Illyrie, dont les Dalmates, seraient les ancêtres de tous les Slaves[5],[6].

Plus récemment, le russe Anatol A. Klyosov, dans son ouvrage DNA Genealogy[8], affirme que les Slaves seraient arrivés dans les Balkans il y a 9 000 ans, en se basant sur les études comparatives du gène Y-DNA du Haplogroupe R1a. En fait, sachant que les Slaves méridionaux ont slavisé à partir du VIe siècle les populations antérieures illyriennes, romanisées ou non, qui elles-mêmes avaient « indo-européanisé » à partir du XVIIe siècle av. J.-C. les peuples des Balkans globalement désignés par les auteurs grecs antiques comme « Pélasges », il n'y a rien d'étonnant à ce que des gènes présents dans des ossements vieux de 9 000 ans soient présents chez les balkaniques actuels, mais cela ne signifie pas que Pélasges ou Illyriens (ou même, pourquoi pas, les ancêtres préhistoriques du Néolithique) étaient Slaves[9],[10].

Références

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  1. Eqrem Çabej, Eric Hamp, Georgiev, Kortlandt, Walter Porzig, Sergent et d'autres linguistes considèrent, dans une perspective paléolinguistique ou phylogénétique, que le proto-albanais s'est formé sur un fond thraco-illyrien vers le VIe siècle, à l'intérieur des terres, subissant un début de romanisation encore sensible dans la langue moderne, tandis que les emprunts les plus anciens de l'albanais aux langues romanes proviennent du diasystème roman oriental et non de l'illyro-roman qui était la langue romane anciennement parlée en Illyrie après la disparition de l'illyrien (pendant l'occupation romaine, l'illyro-roman a remplacé l'illyrien à la manière du gallo-roman remplaçant le celtique en Gaule). Comme les lieux albanais ayant conservé leur appellation antique ont évolué selon des lois phonétiques propres aux langues slaves et que l'albanais a emprunté tout son vocabulaire maritime au latin et au grec, ces auteurs pensent que les ancêtres des Albanais ont vécu à l'est de l'actuelle Albanie et que des régions côtières de ce pays (thème du Dyrrhacheion) étaient initialement gréco-latines. De nos jours, l'existence en albanais de mots empruntés au roman oriental balkanique et en roumain de mots de substrat apparentés à des mots albanais corrobore cette manière de voir.
  2. (en) J. J. Wilkes, The Illyrians, Oxford, B. Blackwell, , 351 p. (ISBN 0-631-14671-7, 9780631146711 et 0631198075, OCLC 23689275, présentation en ligne).
  3. Jean-Claude Hocquet, Venise au Moyen Âge, « Guide Belles Lettres des Civilisations », Les Belles Lettres, Paris 2003.
  4. Tuone Udaina était un berger auprès duquel le linguiste italien Mateo Bartoli avait relevé et étudié le dalmate végliote.
  5. a et b Stanisław Siestrzeńcewicz-Bohusz, Précis des recherches historiques sur l'origine des Slaves ou Esclavons et des Sarmates, et sur les époques de la conversion de ces peuples au christianisme, l'Académie russe impériale, (lire en ligne)
  6. a et b Éloïse Adde-Vomáčka, « La Chronique de Dalimil, première chronique rédigée en tchèque : langue vernaculaire, identité et enjeux politiques dans la Bohême du XIVe siècle », Slavica bruxellensia. Revue polyphonique de littérature, culture et histoire slaves, no 10,‎ (ISSN 2031-7654, DOI 10.4000/slavica.1645, lire en ligne, consulté le )
  7. « Éditions Anacharsis | Chronique de Nestor », sur www.editions-anacharsis.com (consulté le )
  8. (en) Anatole A. Klyosov, DNA Genealogy, Scientific Research Publishing, Inc. USA, (ISBN 978-1-61896-619-3, lire en ligne)
  9. Voir aussi Jean-Simon Legascon : L'Europe face au défi nationaliste dans les Balkans in : Guerres mondiales et conflits contemporains no 217, janvier 2005, Presses universitaires de France.
  10. Dimitri Kitsikis, La Montée du national-bolchevisme dans les Balkans, Avatar, Paris 2008.