Centrale thermique de Lucy

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Centrale thermique de Lucy
Vue générale en 2010 depuis le lavoir des Chavannes.
Administration
Pays
Région
Département
Ville
Coordonnées
Propriétaire
GazelEnergie filiale d'EPH
Mise en service
1919-1929 (tranche 1)
1943 (tranche 2)
1968-1971 (tranche 3)
Mise à l’arrêt définitif
31 Mars 2014 (arrêt)
2015 (fermeture définitive)
Début de démantèlement
8 novembre 2023
Statut
Démantèlement en cours
Caractéristiques
Type d'installation
Thermique à flamme
Énergie utilisée
Type de turbine
Puissance installée
66 MW (tranche 1)
45 MW (tranche 2)
250 MW (tranche 3)
Production d’électricité
Production annuelle
543 GWh (2009)
Localisation sur la carte de Saône-et-Loire
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Localisation sur la carte de Bourgogne-Franche-Comté
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Localisation sur la carte de France
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La centrale thermique de Lucy est une ancienne centrale électrique fonctionnant au charbon[Note 1] de 1919 à 2014, située à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Elle est exploitée par les Houillères de Blanzy, puis par Charbonnages de France entre 1919 et 1995, la SNET (Société nationale d'électricité et de thermique[Note 2]) à partir de 1995 ; elle devient la propriété de l'allemand E.ON en 2010, après un bref passage dans le giron de l'espagnol Endesa.

C'est l'une des quatre centrales que possède la nouvelle entité avec Hornaing (Nord), Saint-Avold (Moselle) et Gardanne (Bouches-du-Rhône)[1].

Localisation[modifier | modifier le code]

La centrale s'étend le long du Quai Jules Chagot. La D119 et la D274 passent au sud de sa position à l'est de Montceau-les-Mines, dans le département français de Saône-et-Loire et la région Bourgogne-Franche-Comté.

Histoire[modifier | modifier le code]

XXe siècle[modifier | modifier le code]

Les installations de démarrage sont mises en service à l'issue de la Première Guerre mondiale, et ont pour objectif de subvenir aux besoins d'une grande partie du département. Elles exploitent pour ce faire le charbon local, disponible en grande quantité. D'une puissance de 30 MW, qui sera complétée d'une unité de 18 MW en 1929 et de deux unités de 5 MW, elles sont remplacées par une unité de 18 MW, ce qui porte la puissance d'ensemble à 66 MW.

Au milieu du second conflit mondial (1943), le site est réaménagé avec l'ouverture de nouvelles tranches de 45 MW, ce qui porte la puissance d'ensemble à 90 MW : c'est l'avènement de Lucy 2 qui est arrêtée en 1971[2].

Une troisième tranche remplace les deux précédentes en 1971, pour une capacité de 250 à 270 MW. Lucy arbore alors son aspect définitif.

En 1995, Charbonnages de France, jusque-là exploitant, constitue la SNET.

XXIe siècle[modifier | modifier le code]

En 2000, suite de l'arrêt définitif de l'extraction houillère sur le bassin montcellien, le combustible doit être importé[3].

Depuis 2008, conformément aux nouvelles directives environnementales pour ce type d'équipement, Lucy 3 est en fonctionnement restreint. Elle ne pourra plus produire au-delà de 2015, ce qui impose d'engager une réflexion sur le devenir du périmètre[4].

Des discussions furent engagées avec Endesa lorsque celui-ci était aux commandes, des annonces furent même faites au printemps 2007 : livraison d'une centrale à gaz d'une puissance de 430 MW pour 2013 (Lucy 4), pour un montant total de 300 millions d'[5],[6],[7].

À la suite de l'arrivée d'E.ON, l'incertitude demeure quant aux intentions du repreneur[8],[9]. Ce qui a entraîné au printemps 2010 et en 2012 un mouvement de grève du personnel, car E.ON compte fermer non seulement le site de Montceau, mais aussi les sites d'Hornaing et de Lacq (535 emplois concernés)[10].

Après un arrêt en 2014, elle ferme définitivement en 2015[11].

En novembre 2021, la salle des machines de Lucy 1 et 2 datant de 1920 est démolie par son propriétaire[12].


Le 8 novembre 2023, la tour réfrigérante et la cheminée, autrefois bâtiments emblématiques de Montceau-les-Mines, sont démolis à l'aide d'explosifs après une préparation minutieuse[13]. Certains habitants regrettent cette décision, car la ville perd deux points de repère emblématiques et une partie de l'héritage historique disparaît. D'autres accueillent cette démolition comme un signe de renouveau. Pour ces habitants, la ville continue sa transition énergétique en essayant de préserver la mémoire ouvrière par d'autres moyens.

Installations[modifier | modifier le code]

La technologie utilisée est dite à charbon pulvérisé.

Du charbon (produit par les houillères de Blanzy jusqu’en 1992 puis importé d’Australie, d’Afrique du Sud et de Russie par la suite) est acheminé du parc à charbon par une série de convoyeurs à bande jusqu’à des trémies de stockage.

Ensuite un Distributeur à Charbon Brut le transfère dans un broyeur rotatif possédant des boulets d'acier au tungstène qui le broient très finement afin d’obtenir la granulométrie souhaitée.

Le charbon pulvérisé est ensuite capté par un dépoussiéreur électrostatique et stocké dans des trémies à charbon pulvérisé.

Une série de distributeurs à charbon pulvérisé injectent le CP en chaudière.

Cette chambre de combustion est de type à flamme en double U et à cendres fondues, les cendres s'agglomèrent par gravité en une masse visqueuse et alvéolaire à la base de la chaudière (appelée la sole de la chaudière). Ces concrétions de lave arrivent en larmes et coulent dans des cendriers remplis d’eau et éclatent en morceaux de cendres vitrifiées par choc thermique.

Ces cendres sont éliminées périodiquement et collectées pour être évacuées par camions. Cela, pour une consommation horaire de 120 T à pleine charge.

La cheminée s'élève à 142 mètres et la tour refroidissement a une hauteur de 100 mètres[14].

Production[modifier | modifier le code]

En 2009, la production s'élève à 543 GWh[15].

Liste des propriétaires[modifier | modifier le code]

Drapeau de la France Houillères de Blanzy (1919-1946)

Drapeau de la France Charbonnages de France (1946-1995)

Drapeau de la France SNET (1995-2007)

Drapeau de l'Espagne Endesa (2007-2010)

Drapeau de l'Allemagne E.ON (2010-2016)

Drapeau de l'Allemagne Uniper (2016-2019)

Drapeau de la Tchéquie EPH (depuis 2019)

Impact paysager[modifier | modifier le code]

La centrale de Lucy impose sa présence dans le tissu urbain. Située à quelques hectomètres de la gare de Montceau et, par conséquent, le centre ville, elle se voit de loin[Note 3]. Sa cheminée, culminant à 142 m, est la plus haute construction de Saône-et-Loire (112 m pour la tour de refroidissement).

C'est le témoignage le plus flagrant du passé industriel de la cité, en compagnie de l'ancien lavoir des Chavannes au sud-ouest, aujourd'hui friche en attente d'affectation à proximité du Canal du Centre.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. À ce titre, on parle de « centrale à flamme ».
  2. 3e producteur français d'énergie, mais le potentiel total ne représente guère plus de 3 % de celui d'EDF.
  3. La RN70 qui contourne l'agglomération, en donne un saisissant aperçu.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « E.ON France », sur fournisseurs-electricite.com.
  2. Centrale thermique de Lucy II ; actuellement entrepôt industriel de la S.E.T.C.M. (activités liées au canal du Centre), sur bourgognefranchecomte.fr, consulté le 12 février 2018
  3. « Centrale de Lucy », sur fournisseurs-electricite.com.
  4. « Situation Géographique et descriptif », sur snet-electricite.fr.
  5. « Le patron d'Endesa France confirme sa construction », sur Montceau-News.
  6. « Construction de Lucy 4 » [archive du ], sur Montceau-News (consulté le ).
  7. « Le permis de construire a été signe ce matin » [archive du ], sur Montceau-News (consulté le ).
  8. « L'électricien français est propriétaire de la centrale de Luc », sur Montceau-News.
  9. « Il y a de l'eau dans le gaz », sur Montceau-News.
  10. « Mouvement de grève à la centrale de Lucy », sur Montceau-News.
  11. Véronique Le Billon, « Quinze tranches au charbon à fermer d'ici 2015 », sur Les Échos, .
  12. Tristan Aaubry, « La destruction de Lucy 2 bien lancée », sur Le Journal de Saône-et-Loire, (consulté le ).
  13. « Montceau-les-Mines. Démolition de Lucy : les temps forts de la journée où la centrale a explosé », sur www.lejsl.com (consulté le )
  14. « Six points de vue pour voir la destruction de Lucy », sur Le Journal de Saône-et-Loire, (consulté le ).
  15. « Production », sur eon-france.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]