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Pierre de Saxe-Cobourg-Gotha

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Pierre de Saxe-Cobourg-Gotha
(pt) Pedro Augusto de Sajonia-Coburgo y Braganza
Description de cette image, également commentée ci-après
Pierre de Saxe-Cobourg-Gotha à Cannes en 1888.
Biographie
Titulature Prince de Saxe-Cobourg
Dynastie Maison de Saxe-Cobourg
Nom de naissance Pedro Augusto Luis María Miguel Rafael Gonzaga de Sajonia-Coburgo y Braganza
Naissance
Rio de Janeiro, Empire du Brésil
Décès (à 68 ans)
Tulln an der Donau, Autriche
Sépulture Église Saint-Augustin de Cobourg
Père Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha
Mère Léopoldine du Brésil
Religion Catholicisme romain

Signature

Signature de Pierre de Saxe-Cobourg-Gotha (pt) Pedro Augusto de Sajonia-Coburgo y Braganza

Pierre Auguste Louis Marie Michel Raphaël Gonzague de Saxe-Cobourg-Gotha, prince de Saxe-Cobourg, connu également sous le nom de Pierre de Saxe-Cobourg-Kohary[N 1], est né à Rio de Janeiro, au Brésil, le , et il est mort à Tulln an der Donau, en Autriche, le .

Aîné des petits-enfants de l'empereur Pierre II du Brésil, il demeure son héritier présomptif de 1866, jusqu'à la naissance de son cousin, Pierre d'Orléans-Bragance, en 1875. Pierre n'admet pas d'être rétrogradé dans l'ordre de succession au trône. En 1888, il s'installe au palais Leopoldina qu'il rénove, tout en poursuivant ses projets monarchistes personnels.

En 1889, lors de la chute de la monarchie brésilienne, Pierre et sa famille reviennent en Europe. La mort de ses grands-parents en 1889 et 1891 bouleverse le prince qui tente de se donner la mort. Son état psychique requiert son internement à la fin de l'année 1892. Il ne recouvre jamais la raison et demeure, jusqu'à sa mort en 1934, interné en Autriche.

Diplômé de l'école polytechnique de Rio de Janeiro, et également membre honoraire de l'Institut d'Histoire et de Géographie du Brésil, le prince Pierre est l'auteur de plusieurs articles scientifiques de minéralogie et de numismatique.

Famille

Le prince Pierre, né en 1866, est le fils aîné du prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha (1845-1907) et de son épouse la princesse Léopoldine du Brésil (1847-1871), mariés le . Son prénom rend hommage à son grand-père maternel[1].

Par sa mère, le prince est donc le petit-fils de l'empereur Pierre II du Brésil (1825-1891) et de son épouse la princesse Thérèse-Christine des Deux-Siciles (1822-1889) tandis que, par son père, il descend du prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha (1818-1881) (1818-1881) et de son épouse la princesse Clémentine d'Orléans (1817-1907). Il est également un neveu de Ferdinand Ier de Bulgarie[1].

Biographie

Héritier en second au trône du Brésil

Photographie en noir et blanc d'un couple avec un bébé. Le père est debout et porte une veste foncée et un pantalon blanc, la mère est assise sur un petit divan et tient un bébé sur les genoux.
Pierre et ses parents Auguste et Léopoldine vers 1867.

Au Brésil, à l'été 1865, la naissance de Pierre est très attendue car son grand-père, l'empereur Pierre II a perdu ses deux fils morts en bas-âge en 1847 et en 1850 et n'a plus que deux filles : Isabelle et Léopoldine. Elles sont successibles au trône impérial, mais l'empereur considère que son successeur doit être de sexe masculin pour que la monarchie soit viable[2]. L'aînée, Isabelle, mariée à Gaston d'Orléans, n'a pas encore d'enfant, tandis que la cadette, Léopoldine a subi une fausse-couche lors de sa première grossesse[3].

Le Conseil des ministres, les parlementaires et les membres du Conseil diplomatique attendent impatiemment la délivrance de la princesse Léopoldine qui met au monde, au palais Leopoldina, le , le fils si désiré, appelé Pierre et aussitôt surnommé le Favori[4]. Sa naissance est annoncée par des feux d'artifice lancés depuis le palais de Saint-Christophe, suivis de salves de canon tirées depuis les forteresses et les navires amarrés[5]. Son baptême a lieu le suivant à la cathédrale Notre-Dame-du-Mont-Carmel de Rio de Janeiro. Le nouveau-né a pour parrain son grand-père Pierre II et pour marraine son arrière grand-tante la reine des Français Marie-Amélie (morte le précédent, ce que l'on ignorait outre-Atlantique, en raison de la lenteur des communications) représentée par l'impératrice du Brésil[6].

En vertu d'un accord conclu lors du mariage de ses parents Auguste et Léopoldine, ces derniers s'engagent à demeurer durant une partie de l'année au Brésil avec leurs fils jusqu'à ce que la succession de la princesse Isabelle soit assurée[7]. Pierre passe donc sa petite enfance entre l'Europe et le Brésil avec ses parents et ses frères cadets : Auguste (1867-1922), Joseph (1869-1888) et Louis (1870-1942)[8],[9].

Quelques mois après la naissance de son dernier fils, Léopoldine contracte une fièvre typhoïde et meurt, après trois semaines de maladie, le à Vienne[10]. Après la mort de leur mère, se tient un conseil de famille pour décider du devenir de ses enfants orphelins. Selon les vœux de ses grands-parents brésiliens, le petit Pierre, âgé de cinq ans, et son frère cadet Auguste doivent quitter leur père, Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha — qui choisit de rester en Autriche avec ses deux fils cadets — pour s’installer, en , auprès de leurs grands-parents, à Rio de Janeiro[11].

Aîné des descendants de l’empereur Pierre II du Brésil, le prince Pierre est l’héritier en second du trône brésilien, jusqu'à ses neuf ans. À la demande de l'empereur, Manuel Pacheco da Silva (1812-1889), médecin et éducateur, est désigné comme précepteur des princes Pierre et Auguste. Il constate que ses élèves parlent mal le portugais et ne s'expriment qu'en allemand. En 1874, Pierre est inscrit au Colégio Pedro II[12].

Rétrogradé dans l'ordre de succession

Photographie en noir et blanc d'un garçon en buste et de profil portant une veste foncée et une chemise claire. Il regarde vers sa droite.
Pierre de Saxe-Cobourg par Alberto Henschel en 1877.

Pierre reçoit donc une éducation très soignée qui vise à le préparer à son rôle de futur empereur. Cependant, en 1875, sa tante, la princesse impériale Isabelle, donne le jour à un premier fils, le prince Pierre d'Orléans-Bragance, aussitôt titré prince du Grão-Pará. Pierre est rétrogradé au troisième rang dans l'ordre de succession[13]. De surcroît, la naissance de son cousin Pierre est suivie par celles de ses deux frères : Louis d'Orléans-Bragance (en 1878) et Antoine d'Orléans-Bragance (en 1881). Ce changement de position dynastique affecte Pierre durant toute son adolescence. Il est sujet à des migraines, de l'insomnie, des tremblements et de l'arythmie cardiaque. Marqué par la fin prématurée de sa mère, il nourrit des peurs concernant sa propre mort, ce qui préoccupe son père et ses grands-parents[14].

En 1881, Pierre obtient, à quinze ans, un baccalauréat en sciences et lettres. Le jour où il devient bachelier, son oncle Gaston écrit : « Il a fière allure en queue de pie et cravate blanche qu'il porte pour la première fois. Il possède en fait toutes les qualités. Il est bien dommage que, fort de ses théories étranges, l'empereur ne souhaite pas en faire un soldat ; il aurait pu être très utile[12]. ». En dépit de cet éloge flatteur, la préférence que son grand-père témoigne à son petit-fils Pierre indispose la princesse impériale Isabelle et alimente les spéculations sur un éventuel changement de l'ordre de succession. La division familiale est relatée par la presse et la correspondance diplomatique : Isabelle apparaît comme dévote et son mari Gaston nourrirait des ambitions politiques[15].

Un prince scientifique

Adolescent, le prince accompagne à plusieurs reprises ses grands-parents dans leurs voyages au Brésil et à l'étranger. Le , Pierre est diplômé en génie civil de l'école polytechnique de Rio de Janeiro, bien que ses résultats aient apparemment été seulement satisfaisants. Il donne plusieurs conférences relatives à la minéralogie, dont il est féru, au Brésil et en Europe, notamment à Rio de Janeiro à l'école polytechnique[16] et à Paris à l'Académie des Sciences dont il devient correspondant pour le Brésil[17]. Nommé en 1884 membre de la société française de minéralogie et de cristallographie[18], il publie, par la suite, plusieurs articles scientifiques consacrés à la minéralogie qui démontrent, à l'instar de son grand-père Pierre II, de réelles capacités pour les sciences. Le , il est désigné membre honoraire de l'Institut historique et géographique du Brésil, grâce à ses publications scientifiques[19]. Selon l'historien Olivier Defrance, il aurait désiré embrasser une carrière militaire en qualité d'ingénieur[12]. Enfin, Pierre est reconnu dans les milieux numismatiques européens car il possède au Brésil son propre médaillier et permet aux chercheurs d'y accéder en vue de leurs publications[20]. Cette collaboration lui vaut d'être nommé membre d'honneur de la Société belge de numismatique le en faveur de laquelle il rédige quelques articles relatifs aux monnaies rares. Il est également l'auteur de plusieurs articles relatifs aux monnaies grecques dans la Revue française de numismatique[21].

Un jeune prince ambitieux

Le prince Pierre entouré de ses grands-parents, l'empereur Pierre II et l’impératrice Thérèse-Christine du Brésil en 1887.

N'ayant jamais été très proche de sa tante et de la famille de celle-ci, l'adolescent est constamment sous le contrôle de son grand-père l'empereur Pierre II. Ce dernier, sujet à des ennuis de santé, emmène l'impératrice et son petit-fils Pierre, qui vient juste de terminer ses études, en Europe et embarquent au Brésil le . Après un séjour au Portugal, puis à Paris et à Baden-Baden, les princes brésiliens se rendent en Belgique du 5 au [22]. Le prince Pierre visite Bruxelles avec ses grands-parents et se rendent à l'Exposition du Palais des Beaux-arts et au théâtre de la Monnaie. À Verviers, le prince Pierre demande à rencontrer le botaniste belge Célestin Alfred Cogniaux, également vice-consul du Brésil à Verviers, qui prépare, à la demande du gouvernement brésilien, un important travail au sujet de la flore du Brésil[23]. Ensuite, Pierre et ses grands-parents séjournent durant trois semaines au Grand Hôtel à Paris, et prévoient de se rendre ensuite à Alger, mais cette destination est abandonnée au profit des villes de l'Italie : Florence et Milan[24]. En , Pierre tombe malade à Cannes et il paraît submergé par des obsessions politiques concernant la succession impériale. Le militant Eduardo Paulo da Silva Prado est chargé de le guider et de promouvoir ses vertus alors que le prince est encore en Europe[25].

Photographie en noir et blanc d'un groupe posant sur un navire, trois personnages sont assis : une dame aux cheveux blancs, un homme à la longue barbe blanche et un jeune homme portant un chapeau et regardant l'horizon.
Le prince Pierre et ses grands-parents au départ pour l'Europe le .

En , alors qu'il séjourne à Milan et revient d'une excursion au lac de Côme, l'empereur est sujet à un accès de fièvre dû à une pleurésie. L'impératrice, sa dame d'honneur et Pierre ne quittent plus le chevet du souverain qui est la proie d'un violent délire passager. Le médecin impérial attitré appelle son confrère neurologue Charcot qui vient de Paris pour ausculter l'empereur et se montre rassurant quant au caractère isolé de cet accès de délire[26]. D'autre part, en dépit des soucis de santé de son grand-père, la tournée européenne prend des allures de triomphe pour le jeune prince qui est reçu fastueusement dans nombre de cours royales. Il excursionne en Italie, en Suisse, en France (à Aix-les-Bains, à Cannes, à Paris). En France, le président Sadi Carnot l'élève au rang de chevalier de la Légion d'Honneur[27].

De retour d'Europe en , Pierre apprend la mort inopinée de son frère Joseph qui a succombé en quelques jours à une pneumonie en Autriche, à l'âge de 17 ans à Wiener Neustadt, le précédent[28]. Au Brésil, Pierre obtient l'autorisation de s'installer indépendamment au palais Leopoldina, ancienne résidence de ses parents. Il entreprend la rénovation des lieux et les décore avec des souvenirs ramenés d'Europe[29]. Au Brésil, certains monarchistes constatant le déclin de la santé de l'empereur Pierre II, s'inquiètent de sa succession et chercheraient à évincer sa fille Isabelle au profit de Pierre, devenu très populaire dans l'empire. Au palais Leopoldina, Pierre favorise les réceptions et les banquets, formant autour de lui une cour informelle avec laquelle il se montre d'une grande générosité. Les sommes d'argent qu'il demande à son père augmentent considérablement[30]. Ambitieux, le « prince conspirateur » comme l'appellent maintenant certains parlementaires, ne dissimule pas son désir de ceindre la couronne impériale, au détriment de sa tante Isabelle qu'il qualifie publiquement de « bigote, étroite d'esprit et pas nationaliste pour un sou, subissant l'influence de son époux[31]. » Ces paroles sont répétées et amplifiées, engendrant des tensions entre l'empereur et son gendre le comte d'Eu. De retour au Brésil, Pierre commence à user d'intrigues et de manipulations, tirant un plaisir de son rôle d'intrigant[32]. Il est d'abord soutenu dans ses projets monarchiques par Adalberto Gastão de Sousa Dias, ancien président du Conseil des ministres[33]. Pierre bénéficie progressivement de nouveaux soutiens politiques de renom, tels le baron de Maia Montero, le comte de Figueirido, ou le marquis de Paranaguá, et compte également sa grand-mère l'impératrice parmi ses appuis. En revanche, son frère Auguste le met en garde contre trop d'enthousiasme[34].

La chute de la monarchie au Brésil

Photo en noir et blanc de deux hommes en habit et redingote, dont l'un est assis sur un fauteuil sur l'accoudoir duquel le second est assis.
Pierre (assis) et son frère Auguste à Cannes le .

En dépit de ses succès, son comportement, parfois étrange, inquiète ses proches. Victime d'idées fixes, il prétend que son oncle et sa tante veulent l'empoisonner ou ne forcent l'empereur à abdiquer. Tandis que Pierre serait envoyé en Europe afin de l'y marier et d'empêcher son retour outre-Atlantique[32]. Cependant, les idées de persécution se réalisent en partie, lorsque le , un coup d'État républicain renverse le régime impérial, mettant ainsi fin aux projets de Pierre et l'obligeant à partir en exil en Europe avec sa famille. La famille impériale, à l'exception du jeune Auguste alors en mer, embarque aux premières heures du matin le , à bord du bateau à vapeur Alagoas escorté par un cuirassé jusqu'à la limite des eaux territoriales brésiliennes, à destination de Lisbonne[35]. Durant la traversée de l'Atlantique qui ramène la famille impériale brésilienne en Europe, Pierre adopte un comportement psychotique, tentant d'étrangler le capitaine de l'Alagoas, l'accusant de comploter contre sa famille. Il est dès lors confiné dans sa cabine[36]. Il présente de nouveau des troubles psychiques qui le mettent dans un état parfois léthargique, parfois d'excitation. Il est sujet à des idées de persécution, refusant de se nourrir et ne dormant presque pas. Craignant que le navire soit bombardé, il porte une bouée de sauvetage et envoie des messages d'alerte dans des bouteilles[37].

L'un des messages est retrouvé sur la plage de Maragogi, sur la côte d'Alagoas :

« Bodo do Alagoas, , à 11 heures. La famille impériale a fait confiance aux engagements du gouvernement provisoire et a été contrainte de partir, sous prétexte de sécurité, le 17 [novembre], à 3 heures du matin, sur le croiseur Parnaíba, où nous avons écrit plusieurs lettres, et qui les a emmenés à la crique d'Abraão où ils ont rapidement embarqué. Ce paquebot est piloté par Riachuelo, disant qu'ils allaient à Lisbonne. La famille est, ainsi que son entourage, dans une position critique et certainement, à mon avis, ils sont tous condamnés à une mort violente. Le danger est grand. Dans les eaux de Pernambuco, errant au hasard. Mon Dieu ! D. Pedro Augusto de Cobourg et Bragance »

— Del Priore, [37].

.

Gravure en noir et blanc représentant plusieurs embarcations à l'approche d'un port.
Le débarquement de Dom Pedro II et de sa famille, à Lisbonne, lorsque le canot impérial aborde à l'Arsenal de la Marine par Auguste Gérardin, dans Le Monde Illustré du .

Son état s'améliore lorsque les militaires chargés de sa surveillance abandonnent cette tâche. Le , quand la famille impériale débarque à Lisbonne pour être prise en charge par les souverains portugais, Pierre est emmené à Graz afin d'y suivre un traitement psychiatrique. L'impératrice Thérèse-Christine, grand-mère de Pierre et son seul soutien familial dans ses projets monarchiques, meurt à Porto le [38]. Pierre est rejoint par son frère Auguste et s'installe à Cannes. Là, Pierre mène une vie assez ennuyeuse et, n'acceptant pas son exil, il envoie des missives à quelques hommes politiques restés à Rio de Janeiro. Ses lettres expriment des plans insensés, dans lesquels il imagine revenir au Brésil pour restaurer l'empire qu'il dirigerait, mais avertis de ses troubles psychiques, ses partisans se détournent bientôt de lui[39]. En outre, son comportement devient très agressif envers sa famille et l'entourage impérial. Il semble que ce soit lui qui, au sein de sa famille, ait le plus mal vécu la chute de la monarchie[38].

Une mélancolie incurable

L'éloignement de ses derniers partisans conspirateurs, en raison de l'état psychique de leur favori, aggrave les troubles de Pierre. Examiné par le neurologue Jean-Martin Charcot, ce dernier l'adresse à Sigmund Freud. Le psychanalyste ne constate « aucun symptôme monomane ou d'excitation incontrôlée chez [le prince] qui est sujet à une profonde dépression et est épuisé ». Il conseille donc du repos afin d'améliorer l'état du jeune homme[40]. Bien qu'il retrouve temporairement la raison, ses soutiens brésiliens choisissent son frère Auguste comme prétendant au trône déchu[41]. Le , la mort à Paris de son grand-père l'empereur exilé bouleverse son petit-fils qui perd le contact avec la réalité et l'entraîne jusqu'à la folie. Sa mélancolie et ses manies de persécution l'atteignent de nouveau. Il accuse son oncle Gaston et sa tante Isabelle de répandre des rumeurs sur sa santé mentale et prétend que des journalistes doutent de sa virilité[42]. Au début d', Pierre tente de se donner la mort par défenestration depuis sa chambre au palais Cobourg où il était retenu[43].

Internement et mort

Photo en couleurs d'un sarcophage en marbre blanc portant un blason en bronze sur la face principale.
La sépulture de Pierre de Saxe-Cobourg à l'église Saint-Augustin de Cobourg.

Par décision de son père, Pierre est dès lors interné dans la maison de santé de Tulln an der Donau, en Basse-Autriche, car il souffre des mêmes troubles psychiques que sa cousine Charlotte de Belgique, jadis impératrice du Mexique ou que son cousin Siegfried en Bavière[44]. Il doit être nourri de force et tente de mettre le feu à sa chambre. Optimistes au début de son internement, les médecins ne constatent, au fil des ans, aucune amélioration. Sa grand-mère paternelle, Clémentine d'Orléans, souhaite lui rendre une visite en , mais les médecins défendent qu'elle se rende auprès de son petit-fils[45]. Le , tous ses effets personnels sont mis en vente aux enchères à Vienne[46].

Pierre meurt finalement à l'âge de 68 ans, le , à Tulln an der Donau où il était interné depuis 42 ans[N 2]. Il est inhumé à l'église Saint-Augustin de Cobourg[48].

Ascendance

Honneurs

Pierre de Saxe-Cobourg est titulaire des ordres suivants[49] :

Honneurs nationaux

Honneurs étrangers

Publications scientifiques

Pierre de Saxe-Cobourg est l'auteur de plusieurs publications au sujet de la minéralogie :

  • (pt) D. Pedro Augusto de Saxe Coburgo Gotha, Apotamentos sobre mineraes do Brazil : Ensaio de estatistica e geographia mineralogica, Rio de Janeiro, G. Leuzinger & Filhos, , 28 p. (lire en ligne).
  • (pt) D. Pedro Augusto de Saxe Coburgo Gotha, Algumas palavras sobre quartzo no Brazil, Rio de Janeiro, G. Leuzinger & Filhos, , 21 p. (lire en ligne).
  • (pt) D. Pedro Augusto de Saxe Coburgo Gotha, Quadro synoptico da classificação dos feldspathos, organisado de conformidade com as theorias modernas, Rio de Janeiro, G. Leuzinger & Filhos, , 3 p..

Notes et références

Notes

  1. Ce nom ne fait pas l'unanimité auprès des historiens et nombreux sont ceux qui, comme Olivier Defrance, considèrent que la famille d'Auguste n'a jamais adjoint le nom de Kohary à celui de Saxe-Cobourg. De fait, la correspondance de la reine Victoria montre qu'elle-même doutait qu'une telle modification ait été faite à l'occasion du mariage des grands-parents paternels d'Auguste. Malgré tout, le nom de Saxe-Cobourg-Kohary est largement utilisé dans la littérature consacrée à la famille (Defrance 2007, p. 68).
  2. Le lieu de décès de Pierre de Saxe-Cobourg est sujet à caution. Maintes publications indiquent Vienne : L'Allemagne dynastique[8], Les Manuscrits du CEDRE[19], La descendance de Marie-Thérèse d'Autriche[47]. Cependant, sachant qu'il a été interné à Tulln an der Donau jusqu'à sa mort, il est logique que son lieu de décès soit Tulln an der Donau, à environ 40 km de Vienne, ainsi que l'indique l'Almanach de Gotha (édition de 1936). En revanche, les quatre publications précitées s'accordent sur le jour de sa mort (le et non le 7 comme l'indiquent certains articles sur le web), confirmant l'inscription gravée sur sa sépulture à Cobourg.

Références

  1. a et b Defrance 2007, p. 213.
  2. (en) Roderick J. Barman, Citizen emperor : Pedro II and the making of Brazil 1825-91, Stanford, Stanford University Press, , 515 p. (ISBN 978-0-8047-3510-0), p. 129-130.
  3. Del Priore 2007, p. 30.
  4. Del Priore 2007, p. 31-32.
  5. Del Priore 2007, p. 17.
  6. Carlos Tasso de Saxe-Coburgo e Bragança 2008, p. 286.
  7. Carlos Tasso de Saxe-Coburgo e Bragança 1959, p. 75.
  8. a et b Huberty et Giraud 1976, p. 541.
  9. Defrance 2007, p. 216-217.
  10. Defrance 2007, p. 232-233.
  11. Defrance 2007, p. 233-234.
  12. a b et c Defrance 2007, p. 300.
  13. Defrance 2007, p. 299.
  14. Del Priore 2007, p. 63.
  15. Del Priore 2007, p. 67-69.
  16. (pt) D. Pedro Augusto de Saxe Coburgo Gotha, Apotamentos sobre mineraes do Brazil : Ensaio de estatistica e geographia mineralogica, Rio de Janeiro, G. Leuzinger & Filhos, , 28 p. (lire en ligne).
  17. D. Pedro Augusto de Saxe-Cobourg-Gotha, « Fer oligiste spéculaire cristallisé de Bom Jesus dos Meiras, province de Bahia, Brésil », Bulletin de l'Académie des Sciences de Paris, vol. 108,‎ , p. 1069-1070.
  18. M. Frossard, « Compte rendu de la séance du 11 décembre 1884 », Bulletin de la Société minéralogique de France, no 9,‎ , p. 459 (lire en ligne, consulté le ).
  19. a et b Tourtchine 1987, p. 67.
  20. « Mélanges », Revue belge de numismatique, vol. 46,‎ , p. 144.
  21. « Communications », Revue belge de numismatique, vol. 48,‎ , p. 499-642.
  22. « La ville », L'Indépendance Belge, no 281,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  23. « LL. MM. Brésiliennes à Bruxelles », Journal de Bruxelles, vol. 67, no 280,‎ , p. 2 (lire en ligne, consulté le ).
  24. « LL. MM. Brésiliennes à Bruxelles », L'Émancipation, vol. 58, no 282,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le ).
  25. Del Priore 2007, p. 102.
  26. « La maladie de l'empereur du Brésil », Le Figaro, no 197,‎ , p. 2-3 (lire en ligne, consulté le ).
  27. Del Priore 2007, p. 124.
  28. Defrance 2007, p. 298-299.
  29. Defrance 2007, p. 301.
  30. Del Priore 2007, p. 70.
  31. Defrance 2007, p. 301-302.
  32. a et b Defrance 2007, p. 302.
  33. Del Priore 2007, p. 73.
  34. Del Priore 2007, p. 132-150.
  35. Del Priore 2007, p. 218-219.
  36. Del Priore 2007, p. 220.
  37. a et b Del Priore 2007, p. 219-220.
  38. a et b Defrance 2007, p. 303.
  39. Del Priore 2007, p. 240-243.
  40. Del Priore 2007, p. 245.
  41. Del Priore 2007, p. 246-247.
  42. Del Priore 2007, p. 246-252.
  43. Del Priore 2007, p. 257-258.
  44. Bilteryst, Defrance et van Loon 2022, p. 26.
  45. Defrance 2007, p. 305.
  46. Carlos Tasso de Saxe-Coburgo e Bragança 2004, p. 205.
  47. Enache 1999, p. 694.
  48. Del Priore 2007, p. 259.
  49. Énache 1999, p. 694.

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages

Blason des Saxe-Cobourg brésiliens.

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Olivier Defrance, La Médicis des Cobourg : Clémentine d’Orléans, Bruxelles, Racine, , 368 p. (ISBN 978-2-87386-486-6 et 2-87386-486-9, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Nicolas Énache, La descendance de Marie-Thérèse de Habsburg, Paris, Éditions L'intermédiaire des chercheurs et curieux, , 795 p. (ISBN 978-2-908003-04-8). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Michel Huberty et Alain Giraud, L'Allemagne dynastique : Hesse - Reuss - Saxe, t. I, Le Perreux-sur-Marne, , 597 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean-Fred Tourtchine, Les Manuscrits du CEDRE : Le Royaume de Portugal - L'Empire du Brésil, vol. III, t. I, Clamecy, Imprimerie Laballery, , 192 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (pt) Mary Del Priore, O Principe Maldito : Traição e loucura na família imperial, Rio de Janeiro, Objetiva, , 307 p. (ISBN 978-8-57302-867-6). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (de) Moritz Schanz, Das heutige Brasilien Land, leute und wirthschaftliche Verhaeltnisse, Hambourg, Inktank Publishing, , 376 p. (ISBN 978-3-75015-401-8).

Articles

  • (pt) Carlos Tasso de Saxe-Coburgo e Bragança, « A Princesa Leopoldina », Revista do Instituto Histórico e Geográfico Brasileiro, vol. 243,‎ , p. 70-93 (ISSN 0101-4366).
  • (pt) Carlos Tasso de Saxe-Coburgo e Bragança, « Palácio Leopoldina », Revista do Instituto Histórico e Geográfico Brasileiro, vol. 438,‎ , p. 281-300 (ISSN 0101-4366).
  • (pt) Carlos Tasso de Saxe-Coburgo e Bragança, « Príncipe Dom Pedro Augusto de Saxe-Coburgo e Bragança e o "Leilão em Viena" », Revista do Instituto Histórico e Geográfico Brasileiro, vol. 422,‎ , p. 205-259 (ISSN 0101-4366).
  • Damien Bilteryst, Olivier Defrance et Joseph van Loon, « Les Biederstein, cousins oubliés de la reine Élisabeth, années 1875-1906 », Museum Dynasticum, vol. XXXIV, no 1,‎ , p. 2-26 (ISSN 0777-0936).

Articles connexes

Liens externes