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Agriculture en Espagne

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L'agriculture de l'Espagne est l'une des plus importantes d'Europe de l'Ouest. Une large partie du climat de l'Espagne est semi-aride et continentale, avec des différentiels de températures et de pluviométries annuels importants.

Histoire

Depuis les années 1960, l'Espagne est touché par un important exode rural, ce qui a provoqué la fermeture de nombreuses exploitations agricoles. Le recensement agricole de 1982 a enregistré la disparition d'environ un demi million d'exploitations agricoles entre 1962 et 1982. De même, entre 1960 et 1973, 1,8 million de personnes ont émigré vers des zones urbaines. En 1960, 42 % de la population active travaillait encore dans l'agriculture, mais en 1986, seulement 15 % de la population y travaillait. Entre 1960 et 1983, le nombre de tracteurs est passé de 52 000 à 593 000 et le nombre de moissonneuses de 4 600 à 44 000. La productivité agricole sur une même surface augmentant en moyenne de 3,5 % entre 1960 et 1978. Si l'agriculture créait 23 % de la valeur ajoutée du pays en 1960, ce chiffre n'était plus que de 15 % en 1970, de 5 % en 1986 et de 4 % en 2000.

Dans les années 1980, environ 5 millions d'hectares ont été utilisés par l'agriculture permanente (vergers, les oliveraies, et vignes), 5 millions en jachères, 13,9 millions d'hectares étaient utilisés par la pâture et les prairies permanentes et 11,9 millions en zones forestières.

La superficie cultivée de l'Espagne était en 1998 de 14 285 000 hectares. La mécanisation de l'agriculture, ainsi que l'utilisation de fertilisants ont fortement augmenté, en 1998, le pays comptait 841 932 tracteurs, et 49 729 moissonneuses.

En 1999, la production de blé était de 5,084 millions de tonnes sur une superficie de 2 242 millions d'hectares, celles de l'orge de 7,399 millions de tonnes sur 3,119 millions d'hectares, celles du maïs de 3,777 millions de tonnes sur 399 000 d'hectares, celles du riz de 845 000 tonnes sur 112 000 hectares. Les haricots secs avaient une production de 24 000 tonnes sur 20 000 hectares, celle des betteraves à sucre était de 7,998 millions de tonnes sur 138 000 hectares, celle des tomates de 3,840 millions de tonnes sur 64 000 hectares, celle des pommes de terre de 3,312 millions de tonnes sur 135 000 hectares, celle du raisin 4,969 millions de tonnes sur 1,163 million d'hectares, celles des graines de tournesol de 556 000 tonnes sur 874 000 hectares et celles des pêches de 987 000 tonnes sur 23 000 hectares.

Les conditions de travail des travailleurs immigrés sont souvent déplorables : rémunération inférieure au salaire minimum et heures supplémentaires pas toujours payées, manque de protections sanitaires, logements surpeuplés, etc[1].

Le sud du pays subit une crise de stress hydrique aggravée par la culture de l'avocat. Il faut 800 litres d'eau pour obtenir un kilo d'avocat[2].

Structure agraire

Serre en Espagne

L'Espagne, sur un total de 50,5 millions d'hectares de terre, possède une surface exploitée de 20,6 millions d'hectares. Cependant une large partie des sols espagnols est considérée comme pauvre, seulement 10 % des terres sont ainsi considérées comme étant de bonne ou de très bonne qualité. Comparée aux autres pays d'Europe de l'Ouest, la proportion de terre dévolue à l'agriculture est relativement faible en Espagne.

Les principales formes d'exploitations agricoles en Espagne sont constituées des latifundia et des minifundia. Aux recensements agricoles de 1982, 50,9 % des terres espagnoles était possédées par des exploitations de plus de 200 hectares, alors que celles-ci ne représentaient que 1,1 % des exploitations en nombre. De l'autre côté, 61,8 % des exploitations espagnoles possédaient moins de 5 hectares de terres, sur 5,2 % des terres espagnoles. De plus, 25 % des exploitations agricoles possédaient moins de 1 hectare, et ne représentaient que 0,5 % des terres. Les minifundia sont surtout présents dans le nord et le nord-ouest du pays, alors que les latifundia sont concentrés dans le sud, dans les régions de Castille-La Manche, d'Estrémadure, de Valence, et d'Andalousie.

Seulement 17 % des surfaces cultivées espagnoles sont irriguées, mais ces surfaces produisent environ 40 à 45 % de la valeur ajoutée de la production agricole, et 50 % de la valeur des exportations. Plus de la moitié des surfaces irrigués sont cultivées avec du mais ou des cultures de maraichage. Les autres cultures présentes dans l'irrigation sont le coton, la betterave à sucre, le raisin, les pommes de terre, les oliveraies, les avocats, ....

Les vestiges de l'absolutisme sont persistants dans l'agriculture. Le roi, l’Église et les détenteurs de titres de noblesse demeurent les principaux propriétaires terriens du pays, et à ce titre bénéficient des aides européennes au développement des régions (1,85 million d'euros de subvention en 2003 pour la duchesse d'Albe)[3].

Une grande partie du pays est menacée par la désertification en raison de certaines pratiques de l'agriculture intensive et du réchauffement climatique. Environ 20 % des sols d’Espagne sont déjà dégradés, héritage des siècles passés, dont principalement la déforestation. En décembre 2019, le conseiller spécial pour l’action climatique du Haut Commissariat des Nations unies, Andrew Harper, a averti que la désertification rendrait non viables des localités espagnoles entières, forçant leur résidents à chercher un nouveau lieu où vivre[4].

Production

La production de porc a doublé de 1986 à 2014, alors que le nombre d'exploitations est passé de 200 000 à 80 000[5]. L'Espagne produit par ailleurs, en 2014, 900 000 tonnes de lait[6].

L'Espagne a produit, en 2018:

  • 9,8 millions de tonnes de olives (premier producteur mondial);
  • 9,1 millions de tonnes de orge (5e producteur mondial);
  • 7,9 millions de tonnes de blé (19e producteur mondial);
  • 6,6 millions de tonnes de raisin (4ème producteur mondial, derrière la Chine, l'Italie et les USA);
  • 4,7 millions de tonnes de tomate (8e producteur mondial);
  • 3,8 millions de tonnes de maïs;
  • 3,6 millions de tonnes orange (6e producteur mondial);
  • 2,8 millions de tonnes de betterave à sucre, qui est utilisée pour produire sucre et éthanol;
  • 2 millions de tonnes de pomme de terre;
  • 1,9 million de tonnes de mandarine (2e producteur mondial, seulement derrière la Chine);
  • 1,4 million de tonnes de avoine (3e producteur mondial, seulement derrière la Russie et le Canada);
  • 1,2 million de tonnes oignon (17e producteur mondial);
  • 1,2 million de tonnes de piment (5e producteur mondial);
  • 1,1 million de tonnes de pastèque (14e producteur mondial);
  • 1 million de tonnes de citron (7e producteur mondial);
  • 950 000 tonnes de graines de tournesol (11e producteur mondial);
  • 934 000 tonnes de laitue et chicorée;
  • 903 000 tonnes de pêche (4ème producteur mondial, seulement derrière la Chine, l'Italie et la Grèce);
  • 818 000 tonnes de riz;
  • 725 000 tonnes de chou-fleur et brocoli;
  • 717 000 tonnes de citrouille;
  • 664 000 tonnes de melon;
  • 649 000 tonnes de triticale;
  • 562 000 tonnes de pomme;
  • 492 000 tonnes de kaki (2e producteur mondial, seulement derrière la Chine);
  • 388 000 tonnes de seigle (8e producteur mondial);
  • 386 000 tonnes de banane;
  • 382 000 tonnes de carottes;
  • 344 000 tonnes de fraise (6e producteur mondial);
  • 339 000 tonnes de amande (2e producteur mondial, seulement derrière les USA);
  • 332 000 tonnes de poire;
  • 273 000 tonnes de ail;
  • 262 000 tonnes de pois secs;
  • 238 000 tonnes aubergine;
  • 213 000 tonnes de chou;
  • 208 000 tonnes artichaut (3e producteur mondial, derrière l'Italie et l'Égypte);
  • 176 000 tonnes de abricot (6e producteur mondial);

En plus de petites productions d'autres produits agricoles. [7]

Travailleurs migrants

La crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 en 2020 a mis en évidence les conditions de vie déplorables des travailleurs migrants, à l'origine de nombreux clusters. Ces travailleurs « dorment entassés par dizaines dans des chambres minuscules, chez des compatriotes qui leur louent un lit, dans la promiscuité de baraques de chantier mises à disposition par les agriculteurs ou dans des bidonvilles surpeuplés. Certains occupent des usines abandonnées ou des entrepôts désaffectés, sans accès à des conditions d’hygiène minimales. D’autres finissent sur des cartons, dans la rue… » La ministre du Travail, la communiste Yolanda Diaz, a renforcé les inspections, provoquant la colère du patronat agricole. Le ministre de l’Agriculture, le socialiste Luis Planas, a présenté en aout un guide de prévention pour éviter de nouveaux clusters liés aux vendanges[8].

Notes et références

  1. « En Andalousie, le calvaire des ramasseuses de fraises marocaines », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie,
  2. « La culture de l’avocat épuise les ressources en eau du sud de l’Espagne », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « La crise catalane est née à Madrid », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « On va avoir un paysage lunaire ! » L’Espagne affronte la désertification, Rémy Bourdillon, Reporterre, 8 février 2020
  5. « La filière française du porc doit se réformer », Courrier international (La Region), no 1295,‎ , p. 39
  6. Nils Klawitter, « L'Europe se noie dans le lait », Courrier international (Der Spiegel), no 1295,‎ , p. 39
  7. Production espagnole en 2018, par la FAO
  8. « En Espagne, le Covid-19 révèle les conditions de vie inhumaines des travailleurs migrants », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)

Articles connexes

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