Aller au contenu

« Chagossiens » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
m v1.36 - Correction syntaxique (Caractères de contrôle - Numéro ISBN : syntaxe erronée - Référence en double - Orthographe et typographie - Balises <nowiki>)
Priyankee (discuter | contributions)
→‎1997-2008 : Réclamation du droit au retour et de nouvelles compensations : Développement des batailles juridiques : parc marin, cour suprême, cour européenne des droits de l'homme
Ligne 68 : Ligne 68 :
En 1972, le gouvernement britannique verse 650 000 livres sterling au gouvernement mauricien pour participer à l'installation des Chagossiens mais l'argent n'est pas redistribué. En 1977, des militants chagossiens, en particulier des femmes, organisent un mouvement de protestation pour exiger le versement de l'argent, ce qu'elles obtiennent l'année suivante puisque le fonds du gouvernement britannique est réparti entre 595 familles. Cependant, avec l'inflation, la somme est considérablement réduite et ne soulage pas vraiment les difficultés des Chagossiens<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />.
En 1972, le gouvernement britannique verse 650 000 livres sterling au gouvernement mauricien pour participer à l'installation des Chagossiens mais l'argent n'est pas redistribué. En 1977, des militants chagossiens, en particulier des femmes, organisent un mouvement de protestation pour exiger le versement de l'argent, ce qu'elles obtiennent l'année suivante puisque le fonds du gouvernement britannique est réparti entre 595 familles. Cependant, avec l'inflation, la somme est considérablement réduite et ne soulage pas vraiment les difficultés des Chagossiens<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />.


En parallèle, le Chagossien Michel Ventacassen lance une procédure judiciaire devant la Haute Cour de Londre à titre privé, déclarant avoir été victime de plusieurs préjudices pendant son exil. Son cas est jugé en 1982 et les gouvernements britanniques et mauriciens décident d'ouvrir un fonds d'aide aux Chagossiens : 1344 d'entre eux reçoivent 2 976 livres sterling chacun ainsi que quelques terres. En échange, les bénéficiaires doivent signer un document en anglais les engageant à plus se lancer dans de nouvelles poursuites judiciaires<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":27">{{Lien web|titre = The Story of the Chagos Islands and Its People|url = http://www.counterpunch.org/2014/09/18/the-story-of-the-chagos-islands-and-its-people/|site = www.counterpunch.org|consulté le = 2015-09-13|langue = anglais|auteur1 = Alyssa Rohricht|date = 18 septembre 2014}}</ref>. De nombreux signataires, analphabètes, ne parlant que le créole et dans le besoin, ne réalisent pas qu'ils abandonnent le droit à toute nouvelle compensation et au retour dans leur archipel<ref name=":27" />{{,}}<ref name=":0" />. Plusieurs familles refusent de recevoir la compensation et s'engagent dans des grèves de la faim pour protester contre la gestion de leur cas par les autorités britanniques<ref name=":27" />{{,}}<ref name=":28">{{Article|langue = anglais|auteur1 = Claire Grandison|titre = Stealing the Islands of Chagos: Another Forgotten Story of Colonial Injustice|périodique = Human Rights Brief|numéro = 20|jour = |mois = |année = 2013|issn = |lire en ligne = https://www.wcl.american.edu/hrbrief/20/3woo.pdf|pages = 37-43|auteur2 = Seema Niki Kadaba|auteur3 = Andy Woo}}</ref>. Aux Seychelles, les exilés chagossiens n'ont toujours rien reçu<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":28" />.
En parallèle, le Chagossien Michel Ventacassen lance une procédure judiciaire devant la [[Haute Cour de justice (Angleterre et pays de Galles)|Haute Cour de Londres]] à titre privé, déclarant avoir été victime de plusieurs préjudices pendant son exil. Son cas est jugé en 1982 et les gouvernements britanniques et mauriciens décident d'ouvrir un fonds d'aide aux Chagossiens : 1344 d'entre eux reçoivent 2 976 livres sterling chacun ainsi que quelques terres. En échange, les bénéficiaires doivent signer un document en anglais les engageant à plus se lancer dans de nouvelles poursuites judiciaires<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":27">{{Lien web|titre = The Story of the Chagos Islands and Its People|url = http://www.counterpunch.org/2014/09/18/the-story-of-the-chagos-islands-and-its-people/|site = www.counterpunch.org|consulté le = 2015-09-13|langue = anglais|auteur1 = Alyssa Rohricht|date = 18 septembre 2014}}</ref>. De nombreux signataires, analphabètes, ne parlant que le créole et dans le besoin, ne réalisent pas qu'ils abandonnent le droit à toute nouvelle compensation et au retour dans leur archipel<ref name=":27" />{{,}}<ref name=":0" />. Plusieurs familles refusent de recevoir la compensation et s'engagent dans des grèves de la faim pour protester contre la gestion de leur cas par les autorités britanniques<ref name=":27" />{{,}}<ref name=":28">{{Article|langue = anglais|auteur1 = Claire Grandison|titre = Stealing the Islands of Chagos: Another Forgotten Story of Colonial Injustice|périodique = Human Rights Brief|numéro = 20|jour = |mois = |année = 2013|issn = |lire en ligne = https://www.wcl.american.edu/hrbrief/20/3woo.pdf|pages = 37-43|auteur2 = Seema Niki Kadaba|auteur3 = Andy Woo}}</ref>. Aux Seychelles, les exilés chagossiens n'ont toujours rien reçu<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":28" />.


=== 1997-2008 : Réclamation du droit au retour et de nouvelles compensations ===
=== 1997-2015 : Recours devant la justice britannique ===
En 1997, les Chagossiens découvrent que toute personne née aux Chagos est un citoyen Territoires britanniques dépendants et peut, à ce titre porter plainte contre l'interdiction de visiter ou de s'installer sur le [[Territoire britannique de l'océan Indien]]<ref name=":10" />. Olivier Bancoult du GRC s'engage dans une affaire judiciaire. Son cas, ''R (Bancoult) v Foreign Secretary'', est jugé le 3 novembre 2000 et la cour de justice reconnait que la déportation des Chagossiens est contraire aux lois du Territoire britannique de l'océan Indien en annulant l'ordonnance de 1971 qui légitimait la dépopulation de l'Archipel. Le [[Secrétaire d'État|Secrétaire d'Etat]] [[Robin Cook (homme politique britannique)|Robin Cook]] annonce qu'il ne fera pas appel de la décision et le gouvernement britannique vote une nouvelle loi autorisant les Chagossiens à retourner dans l'archipel sans permis, à l'exception de l'île de Diego Garcia. Il s'engage aussi à lancer des études de faisabilité pour organiser le retour de la population dans l'Archipel<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />{{,}}<ref name="Nauvel intro" />{{,}}<ref name=":29">{{Lien web|titre = La Cour de Londres confirme le droit de retour aux Chagos|url = http://www.lexpress.mu/article/la-cour-de-londres-confirme-le-droit-de-retour-aux-chagos|consulté le = 2015-09-13|date = 24 mai 2007|site = www.lexpress.mu}}</ref>.
En 1997, les Chagossiens découvrent que toute personne née aux Chagos est un citoyen Territoires britanniques dépendants et peut, à ce titre porter plainte contre l'interdiction de visiter ou de s'installer sur le [[Territoire britannique de l'océan Indien]]<ref name=":10" />. Olivier Bancoult du GRC s'engage dans une affaire judiciaire. Son cas, ''R (Bancoult) v Foreign Secretary'', est jugé le 3 novembre 2000 et la cour de justice reconnait que la déportation des Chagossiens est contraire aux lois du Territoire britannique de l'océan Indien en annulant l'ordonnance de 1971 qui légitimait la dépopulation de l'Archipel. Le [[Secrétaire d'État|Secrétaire d'Etat]] [[Robin Cook (homme politique britannique)|Robin Cook]] annonce qu'il ne fera pas appel de la décision et le gouvernement britannique vote une nouvelle loi autorisant les Chagossiens à retourner dans l'archipel sans permis, à l'exception de l'île de Diego Garcia. Il s'engage aussi à lancer des études de faisabilité pour organiser le retour de la population dans l'Archipel<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />{{,}}<ref name="Nauvel intro" />{{,}}<ref name=":29">{{Lien web|titre = La Cour de Londres confirme le droit de retour aux Chagos|url = http://www.lexpress.mu/article/la-cour-de-londres-confirme-le-droit-de-retour-aux-chagos|consulté le = 2015-09-13|date = 24 mai 2007|site = www.lexpress.mu}}</ref>.


Ligne 81 : Ligne 81 :
Du 30 mars au 6 avril 2006, un groupe d'une centaine d'îlois reçoit l'autorisation d'embarquer à bord du [[Mauritius Trochetia]] pour visiter le [[Territoire britannique de l'océan Indien]] pour la première fois depuis quarante ans<ref>{{Article|titre = In pictures: Chagossians' visit|périodique = BBC|date = 2006-04-10|lire en ligne = http://news.bbc.co.uk/2/hi/in_pictures/4897046.stm|consulté le = 2015-09-14|langue = anglais}}</ref>{{,}}<ref name=":30">{{Lien web|titre = Les déracinés de l'archipel des Chagos retrouvent leur paradis perdu|url = http://www.courrierinternational.com/chronique/2006/04/05/les-deracines-de-l-archipel-des-chagos-retrouvent-leur-paradis-perdu|consulté le = 2015-09-14|auteur1 = Philippe Randrianarimanana|date = 5 avril 2006|site = Courrier International}}</ref>. 75 d'entre eux sont issus du Groupe Chagos Réfugiés, 15 du Comité Social des Chagossiens et 10 sont des Chagossiens établis aux Seychelles<ref>{{Lien web|titre = La visite aux Chagos sur fond de discorde|url = http://www.lexpress.mu/article/la-visite-aux-chagos-sur-fond-de-discorde|consulté le = 2015-09-14|date = 15 mars 2006|site = www.lexpress.mu}}</ref>{{,}}<ref name=":31">{{Lien web|titre = Faits et chiffres|url = http://www.lexpress.mu/article/faits-et-chiffres|consulté le = 2015-09-14|date = 2 avril 2006|site = www.lexpress.mu}}</ref>. Le voyage est organisé conjointement par les gouvernements britanniques et mauriciens<ref name=":32">{{Lien web|langue = |titre = MANSUÉTUDE BRITANNIQUE: Pèlerinage/hommage de Chagossiens-britanniques dans l'archipel occupé|url = http://www.lemauricien.com/article/mansu%C3%A9tude-britannique-p%C3%A8lerinagehommage-chagossiens-britanniques-larchipel-occup%C3%A9|site = www.lemauricien.com|date = 30 avril 2001|consulté le = 14 septembre 2015}}</ref> qui délèguent chacun un représentant pendant le voyage<ref name=":31" />. Le programme prévu par les voyageurs est de faire trois escales d'une journée sur les îles Salomon, Peros Banhos et Diego Garcia, de les nettoyer, de remettre en ordre les [[Lieu de mémoire|lieux de mémoire]] tels que le [[cimetière]] et d'ériger des monuments commémoratifs en pierre<ref name=":30" />{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Les Chagossiens de retour à Port-Louis|url = http://www.temoignages.re/international/pays-emergents/les-chagossiens-de-retour-a-port-louis,14464.html|consulté le = 2015-09-14|date = 12 avril 2006|site = www.temoignages.re}}</ref>. Les membres du Comité Social des Chagossiens refusent cependant de montrer un [[laissez-passer]] à l'arrivée dans l'Archipel, arguant que la République de Maurice est le pays souverain et non le Royaume-Uni<ref name=":32" />.
Du 30 mars au 6 avril 2006, un groupe d'une centaine d'îlois reçoit l'autorisation d'embarquer à bord du [[Mauritius Trochetia]] pour visiter le [[Territoire britannique de l'océan Indien]] pour la première fois depuis quarante ans<ref>{{Article|titre = In pictures: Chagossians' visit|périodique = BBC|date = 2006-04-10|lire en ligne = http://news.bbc.co.uk/2/hi/in_pictures/4897046.stm|consulté le = 2015-09-14|langue = anglais}}</ref>{{,}}<ref name=":30">{{Lien web|titre = Les déracinés de l'archipel des Chagos retrouvent leur paradis perdu|url = http://www.courrierinternational.com/chronique/2006/04/05/les-deracines-de-l-archipel-des-chagos-retrouvent-leur-paradis-perdu|consulté le = 2015-09-14|auteur1 = Philippe Randrianarimanana|date = 5 avril 2006|site = Courrier International}}</ref>. 75 d'entre eux sont issus du Groupe Chagos Réfugiés, 15 du Comité Social des Chagossiens et 10 sont des Chagossiens établis aux Seychelles<ref>{{Lien web|titre = La visite aux Chagos sur fond de discorde|url = http://www.lexpress.mu/article/la-visite-aux-chagos-sur-fond-de-discorde|consulté le = 2015-09-14|date = 15 mars 2006|site = www.lexpress.mu}}</ref>{{,}}<ref name=":31">{{Lien web|titre = Faits et chiffres|url = http://www.lexpress.mu/article/faits-et-chiffres|consulté le = 2015-09-14|date = 2 avril 2006|site = www.lexpress.mu}}</ref>. Le voyage est organisé conjointement par les gouvernements britanniques et mauriciens<ref name=":32">{{Lien web|langue = |titre = MANSUÉTUDE BRITANNIQUE: Pèlerinage/hommage de Chagossiens-britanniques dans l'archipel occupé|url = http://www.lemauricien.com/article/mansu%C3%A9tude-britannique-p%C3%A8lerinagehommage-chagossiens-britanniques-larchipel-occup%C3%A9|site = www.lemauricien.com|date = 30 avril 2001|consulté le = 14 septembre 2015}}</ref> qui délèguent chacun un représentant pendant le voyage<ref name=":31" />. Le programme prévu par les voyageurs est de faire trois escales d'une journée sur les îles Salomon, Peros Banhos et Diego Garcia, de les nettoyer, de remettre en ordre les [[Lieu de mémoire|lieux de mémoire]] tels que le [[cimetière]] et d'ériger des monuments commémoratifs en pierre<ref name=":30" />{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Les Chagossiens de retour à Port-Louis|url = http://www.temoignages.re/international/pays-emergents/les-chagossiens-de-retour-a-port-louis,14464.html|consulté le = 2015-09-14|date = 12 avril 2006|site = www.temoignages.re}}</ref>. Les membres du Comité Social des Chagossiens refusent cependant de montrer un [[laissez-passer]] à l'arrivée dans l'Archipel, arguant que la République de Maurice est le pays souverain et non le Royaume-Uni<ref name=":32" />.


Malgré le jugement en appel de mai 2007, le gouvernement britannique décide de porter le dossier devant la cour de recours de la [[Chambre des Lords]]<ref name=":33">{{Article|titre = Chagos exiles 'cannot return'|périodique = BBC|date = 2008-10-22|lire en ligne = http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk/7683726.stm|consulté le = 2015-09-15}}</ref>. Le 22 octobre 2008, les juges de la Chambre décident à la majorité de 3 contre 2 que le décret en conseil de la Reine de 2004 était légal, rationnel et ne violait pas les attentes de Chagossiens, annulant ainsi les précédents jugements<ref name=":34">{{Article|prénom1 = Jamie|nom1 = Trinidad|titre = A British Colony, a United States Military Base, and a People Dispossessed: Bancoult II in the House of Lords|date = 2010-05-01|lire en ligne = http://papers.ssrn.com/abstract=1999769|consulté le = 2015-09-15|périodique = East African Journal of Peace and Human Rights|volume = 16|langue = anglais}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = RFI - Les Chagossiens ne peuvent pas retourner sur leur île|url = http://www1.rfi.fr/actufr/articles/106/article_73851.asp|site = www.rfi.fr|consulté le = 2015-09-15|auteur1 = Muriel Delcroix|date = 23 octobre 2008}}</ref>. Ils se disent sensibles aux revendications des Chagossiens mais estiment que la décision de 2004 a été prise de "bonne foi" et reposait sur des arguments solides. Selon eux, un retour dans l'Archipel serait précaire et coûteux et présenterait un risque inacceptable pour une base militaire "de la plus haute importance", en particulier après les [[Attentat|attentats]] terroristes du [[Attentats du 11 septembre 2001|11 septembre 2001]] aux Etats-Unis<ref>{{Article|prénom1 = David|nom1 = Vine|titre = Decolonizing Britain in the 21st Century? Chagos Islanders Challenge the Crown, House of Lords, 30 June-3 July 2008|périodique = Anthropology Today|volume = 24|date = 2008-08-01|lire en ligne = http://www.jstor.org/stable/20179938|consulté le = 2015-09-15|pages = 26-28|langue = anglais}}</ref>. Le juge Lord Hoffmann souligne que les Chagossiens, bien que floués dans le passé, ont depuis reçu une compensation pour leur perte et qu'ils n'ont montré {{Citation|aucun désir de retourner vivre à la manière de Crusoe dans des conditions de vie misérables}}<ref name=":33" />. En revanche, le juge Lord Bingham déclare que la décision de 2004 était nulle et illégale et que le pouvoir de la Reine de légiférer sans l'accord du Parlement représente une {{Citation|survivance anachronique}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Duncan|nom1 = Campbell|prénom2 = Matthew|nom2 = Weaver|titre = Chagos islanders lose battle to return|url = http://www.theguardian.com/politics/2008/oct/22/chagos-islanders-lose|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 22 octobre 2008}}</ref> et se dit peu convaincue par les arguments américains sur la sécurité de la base de Diego Garcia<ref>{{Lien web|prénom1 = Duncan|nom1 = Campbell|titre = Evicted Chagos islanders have no right to return home, law lords rule|url = http://www.theguardian.com/politics/2008/oct/23/chagos-islands-human-rights|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 23 octobre 2008}}</ref>. Selon certains spécialistes du droit britannique, cette décision devant la Chambre des Lords est importante du point de vue du [[droit constitutionnel]]<ref name=":10" /> ainsi que de la reconnaissance des [[Libertés fondamentales|droits fondamentaux]] des peuples des anciennes colonies<ref name=":34" />.
Le 22 octobre 2008 la Haute cour des Recours [[chambre des Lords]] déboute les revendications des Chagossiens. Le dernier recours en appel dans le système judiciaire britannique entérine la situation et ne laisse aucune possibilité de retour pour les Chagossiens.

En juin 2015, le Groupe Réfugiés Chagos décide alors de porter son cas devant la [[Cour suprême du Royaume-Uni|Cour Suprême de Londres]] pour lui demander d'annuler le jugement de 2008. Leurs avocats argumentent que ce jugement était en partie basé sur une étude de faisabilité qui n'a pas été présentée aux juges et que cela aurait pu changer le verdict<ref>{{Lien web|titre = Ruling that dashed hopes of Chagos Islanders to return to homeland should be quashed, Supreme Court hears|url = http://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/ruling-that-dashed-hopes-of-chagos-islanders-to-return-to-homeland-should-be-quashed-supreme-court-hears-10337462.html|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 22 juin 2015|auteur1 = Cahal Milmo}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Owen|nom1 = Bowcott|titre = Chagos islanders ask supreme court to overturn House of Lords decision|url = http://www.theguardian.com/law/2015/jun/22/chagos-islanders-supreme-court-house-lords-decision|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 22 juin 2015}}</ref>. La présence de l'[[Avocat (métier)|avocate]] internationale [[Amal Clooney]] dans leur équipe de défense bénéficie au combat des Chagossiens puisque sa notoriété attire une couverture médiatique sans précédent de leurs procès, y compris par la [[presse people]]<ref>{{Lien web|titre = Bancoult : «Amal Clooney se bat avec tout son cœur» {{!}} 5-Plus Dimanche|url = http://www.5plus.mu/actualite/bancoult-amal-clooney-se-bat-avec-tout-son-coeur|site = www.5plus.mu|consulté le = 2015-09-15}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Océan Indien : Amal Clooney, un atout médiatique de poids pour défendre la cause des Chagossiens|url = http://www.ipreunion.com/photo-du-jour/reportage/2015/06/29/ocean-indien-amal-clooney-un-atout-mediatique-pour-defendre-la-cause-des-chagossiens,31413.html|consulté le = 2015-09-15}}</ref>.


Le bail américain sur Diego Garcia doit prendre fin en [[2016]].
Le bail américain sur Diego Garcia doit prendre fin en [[2016]].
Ligne 87 : Ligne 89 :
Des 450 familles déportées dans les [[années 1960]], il ne reste plus qu’une cinquantaine de personnes qui ont connu l’[[archipel des Chagos]] adultes, à présent âgées. Leurs descendants, soutenus par l’[[île Maurice]] qui revendique toujours la souveraineté de l’archipel, demandent à pouvoir retourner sur la terre de leurs ancêtres.
Des 450 familles déportées dans les [[années 1960]], il ne reste plus qu’une cinquantaine de personnes qui ont connu l’[[archipel des Chagos]] adultes, à présent âgées. Leurs descendants, soutenus par l’[[île Maurice]] qui revendique toujours la souveraineté de l’archipel, demandent à pouvoir retourner sur la terre de leurs ancêtres.


=== 2009-2015: La question du parc marin ===
=== 2010-2015: Question du parc marin et recours à la justice internationale ===
Le {{1er}} avril 2010, l’[[archipel]] des Chagos est déclaré zone marine protégée par le gouvernement britannique<ref name=":5"/>, à l'exception de l’[[atoll]] de [[Diego Garcia]]<ref>{{Lien web|titre = Chagos : damer le pion aux Anglais {{!}} Le Mauricien|url = http://www.lemauricien.com/blog/chagos-damer-le-pion-aux-anglais|site = www.lemauricien.com|consulté le = 2015-07-12|nom1 = Jean-Marc Poché|date = 21 décembre 2010}}</ref>. Les militants chagossiens et de leurs soutiens soupçonnent cette décision d'être motivée par le désir d'empêcher le réétablissement de la population sur l'archipel<ref>{{Lien web|prénom1 = |nom1 = Alain Dreneau|titre = La Cour Européenne des Droits de l’Homme est en vue|url = http://www.temoignages.re/la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-est-en-vue,40725|consulté le = 2015-07-06|site = www.temoignages.re|date = 22 décembre 2009}}</ref>. Les autorités britanniques assurent que ce n'est pas vrai<ref name=":5"/>{{,}}<ref name=":6">{{Lien web|prénom1 = Rob|nom1 = Evans|prénom2 = Richard|nom2 = Norton-Taylor|titre = WikiLeaks: Foreign Office accused of misleading public over Diego Garcia|url = http://www.theguardian.com/politics/2010/dec/03/wikileaks-cables-diego-garcia-uk|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-06|langue = anglais|date = 3 décembre 2010}}</ref>. Cependant, des câbles diplomatiques de 2009 publiés par [[Wikileaks]] l'année suivante<ref>{{Lien web|titre = US embassy cables: Foreign Office does not regret evicting Chagos islanders|url = http://www.theguardian.com/world/us-embassy-cables-documents/207149|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-06|date = 2 décembre 2010|langue = anglais}}</ref> dévoilent des discussions qui auraient eu lieu entre les Américains et les Britanniques et qui confirmeraient la thèse du parc marin comme obstacle pour les Chagossiens. L'un des officiels britanniques aurait même déclaré {{citation|Etablir une réserve marine pourrait bien, en effet, être la façon la plus efficace à long-terme d'empêcher les anciens habitants des Chagos ou leurs descendants de se réinstaller sur l'île}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Ludovic|nom1 = Grondin|titre = Wikileaks révèle les réelles intentions de la Grande-Bretagne et des USA pour les îles Chagos|url = http://www.zinfos974.com/Wikileaks-revele-les-reelles-intentions-de-la-Grande-Bretagne-et-des-USA-pour-les-iles-Chagos_a23618.html|consulté le = 2015-07-12|site = www.zinfos974.com|date = 2 décembre 2010}}</ref>{{,}}<ref name=":6"/>. Les autorités britanniques et américaines n'ont pas souhaité confirmé ou démentir les révélations de Wikileaks puisqu'il s'agirait d'une violation du secret diplomatique<ref name=":5"/>{{,}}<ref name=":6"/>.
Le {{1er}} avril 2010, l’[[archipel]] des Chagos est déclaré zone marine protégée par le gouvernement britannique<ref name=":5"/>, à l'exception de l’[[atoll]] de [[Diego Garcia]]<ref>{{Lien web|titre = Chagos : damer le pion aux Anglais {{!}} Le Mauricien|url = http://www.lemauricien.com/blog/chagos-damer-le-pion-aux-anglais|site = www.lemauricien.com|consulté le = 2015-07-12|nom1 = Jean-Marc Poché|date = 21 décembre 2010}}</ref>. Les militants chagossiens et de leurs soutiens soupçonnent cette décision d'être motivée par le désir d'empêcher le réétablissement de la population sur l'archipel<ref>{{Lien web|prénom1 = |nom1 = Alain Dreneau|titre = La Cour Européenne des Droits de l’Homme est en vue|url = http://www.temoignages.re/la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-est-en-vue,40725|consulté le = 2015-07-06|site = www.temoignages.re|date = 22 décembre 2009}}</ref>. Les autorités britanniques assurent que ce n'est pas vrai<ref name=":5"/>{{,}}<ref name=":6">{{Lien web|prénom1 = Rob|nom1 = Evans|prénom2 = Richard|nom2 = Norton-Taylor|titre = WikiLeaks: Foreign Office accused of misleading public over Diego Garcia|url = http://www.theguardian.com/politics/2010/dec/03/wikileaks-cables-diego-garcia-uk|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-06|langue = anglais|date = 3 décembre 2010}}</ref> et vantent une opportunité de créer une réserve naturelle unique au monde<ref name=":35">{{Lien web|titre = L’île de la discorde|url = http://www.courrierinternational.com/article/2010/03/31/l-ile-de-la-discorde|consulté le = 2015-09-15|site = Courrier International|auteur1 = Catherine Philip|date = 31 mars 2010}}</ref>. Cependant, des câbles diplomatiques de 2009 publiés par [[Wikileaks]] l'année suivante<ref>{{Lien web|titre = US embassy cables: Foreign Office does not regret evicting Chagos islanders|url = http://www.theguardian.com/world/us-embassy-cables-documents/207149|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-06|date = 2 décembre 2010|langue = anglais}}</ref> dévoilent des discussions qui auraient eu lieu entre les Américains et les Britanniques et qui confirmeraient la thèse du parc marin comme obstacle pour les Chagossiens. L'un des officiels britanniques aurait ainsi déclaré {{citation|Etablir une réserve marine pourrait bien, en effet, être la façon la plus efficace à long-terme d'empêcher les anciens habitants des Chagos ou leurs descendants de se réinstaller sur l'île}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Ludovic|nom1 = Grondin|titre = Wikileaks révèle les réelles intentions de la Grande-Bretagne et des USA pour les îles Chagos|url = http://www.zinfos974.com/Wikileaks-revele-les-reelles-intentions-de-la-Grande-Bretagne-et-des-USA-pour-les-iles-Chagos_a23618.html|consulté le = 2015-07-12|site = www.zinfos974.com|date = 2 décembre 2010}}</ref>{{,}}<ref name=":6"/>. Les autorités britanniques et américaines n'ont pas souhaité confirmé ou démentir les révélations de Wikileaks puisqu'il s'agirait d'une violation du secret diplomatique<ref name=":5"/>{{,}}<ref name=":6"/>. Le spécialiste de l'environnement Mike Spalding estime que la création d'un parc sans l'accord des Chagossiens serait une catastrophe<ref name=":35" />.

Pendant ce temps, les Chagossiens décident de porter leur cas devant la [[Cour européenne des droits de l'homme|Cour Européenne des Droits de l'Homme]]. Le 20 décembre 2012, celle-ci rejette leur plainte contre le gouvernement britannique. Selon elle, la plainte est irrecevable car en acceptant une compensation financière en 1982 lors de l'affaire Ventacassen, les Chagossiens ont renoncé à toute autre prétention<ref name=":36">{{Lien web|langue = |titre = CHAGOS: Sérieux revers devant la Cour européenne|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-serieux-revers-devant-la-cour-europeenne|site = www.lemauricien.com|date = 21 décembre 2012|consulté le = 15 septembre 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Rédaction de|nom1 = RadioPlus|titre = Les Chagossiens déboutés à la Cour européenne des droits de l'Homme|url = http://www.defimedia.info/live-news/item/23918-les-chagossiens-d%25C3%25A9bout%25C3%25A9s-%25C3%25A0-la-cour-europ%25C3%25A9enne-des-droits-de-lhomme.html|consulté le = 2015-09-15|date = 21 décembre 2012|site = www.defimedia.info}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = John|nom1 = Vidal|prénom2 = Owen|nom2 = Bowcott|titre = Chagos Islanders forced into exile left 'dumbstruck' by court ruling|url = http://www.theguardian.com/world/2012/dec/20/chagos-islands-court-ruling|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 20 décembre 2012}}</ref>. Elle souligne aussi que les Chagossiens n'ont plus de perspective de retourner s'établir dans les îles des Chagos, que leur combat et politique et ne s'inscrit donc pas dans le cadre de la [[Convention européenne des droits de l'homme|Convention Européenne des Droits de l'Homme]]<ref name=":36" />. Le gouvernement britannique déclare qu'il s'est excusé à plusieurs reprises pour le traitement des Chagossiens dans les années 60 mais qu'il était en droit de se défendre devant la cour et réexaminera la possibilité de réinstaller les Chagossiens dans l'archipel<ref>{{Lien web|titre = Chagos Islanders lose court bid - BBC News|url = http://www.bbc.com/news/uk-20801992|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 20 décembre 2012}}</ref>.


Olivier Bancoult retourne devant les cours britanniques sur la question du parc marin. Le 11 juin 2013, la Haute Cour de Londres déclare que celui-ci n'est pas incompatible avec le [[droit européen]], qu'il n'est pas illégal et qu'il a été créé non pas pour empêcher le retour des Chagossiens mais bien pour des motifs environnementaux, les documents de Wikileaks n'ayant pas été pris en compte comme preuves en raison du secret diplomatique<ref>{{Lien web|titre = Le procès en appel contre le Parc Marin|url = http://www.temoignages.re/social/droits-humains/le-proces-en-appel-contre-le-parc-marin,77668.html|consulté le = 2015-09-15|site = www.temoignages.re|date = 10 mai 2014}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Chagos marine park is lawful, High Court rules - BBC News|url = http://www.bbc.com/news/uk-22852375|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 11 juin 2013|site = BBC News}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = |titre = CHAGOS : Londres protégé des révélations de Wikileaks|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-londres-protege-des-revelations-wikileaks|site = www.lemauricien.com|date = 19 avril 2013|consulté le = 15 septembre 2015}}</ref>. Les Chagossiens font appel mais le jugement est confirmé le 23 mai 2014 et rappel que certains arguments des plaignants ne sont pas recevables, notamment le droit à la pêche puisque dans les faits, aucun Chagossien ne pêche plus dans les eaux de l'archipel depuis 1973. En revanche, la cour ouvre la possibilité de prendre en compte les câbles de Wikileaks pour un jugement<ref>{{Lien web|langue = |titre = DEVANT LA COUR D’APPEL DE LONDRES—CHAGOS: Londres obtient gain de cause sur le MPA|url = http://www.lemauricien.com/article/devant-la-cour-d-appel-londres-chagos-londres-obtient-gain-cause-sur-mpa|site = www.lemauricien.com|date = 24 mai 2014|consulté le = 15 septembre 2015}}</ref>.
Cependant, le 18 mars 2015, le [[Tribunal international du droit de la mer]] déclare la création du parc marin par le Royaume-Uni illégale. Il estime que {{Citation|le Royaume-Uni n'a pas été en mesure de fournir une explication satisfaisante pour l'urgence avec laquelle il a proclamé la zone marine protégée le {{1er}} avril 2010}}. Selon le jugement, l'Ile Maurice aurait dû être consultée et détient une souveraineté sur le territoire maritime des Chagos<ref>{{Lien web|prénom1 = Nilen|nom1 = Kattany|titre = Zone maritime des Chagos : la création du parc marin décrétée illégale|url = http://www.defimedia.info/live-news/item/69734-zone-maritime-des-chagos-la-creation-du-parc-marin-decretee-illegale.html|consulté le = 2015-07-12|site = www.defimedia.info|date = 20 mars 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = |nom1 = Sam Jones|titre = UN ruling raises hope of return for exiled Chagos islanders|url = http://www.theguardian.com/world/2015/mar/19/un-ruling-raises-hope-of-return-for-exiled-chagos-islanders|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-12|langue = anglais|auteur2 = Owen Bowcott|date = 19 mars 2015}}</ref>.


Le 18 mars 2015, le [[Tribunal international du droit de la mer]] saisi par le [[Premier ministre|Premier Ministre]] mauricien déclare la création du parc marin par le Royaume-Uni illégale. Il estime que {{Citation|le Royaume-Uni n'a pas été en mesure de fournir une explication satisfaisante pour l'urgence avec laquelle il a proclamé la zone marine protégée le {{1er}} avril 2010}}. Selon le jugement, l'Ile Maurice aurait dû être consultée et détient une souveraineté sur le territoire maritime des Chagos<ref>{{Lien web|prénom1 = Nilen|nom1 = Kattany|titre = Zone maritime des Chagos : la création du parc marin décrétée illégale|url = http://www.defimedia.info/live-news/item/69734-zone-maritime-des-chagos-la-creation-du-parc-marin-decretee-illegale.html|consulté le = 2015-07-12|site = www.defimedia.info|date = 20 mars 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = |nom1 = Sam Jones|titre = UN ruling raises hope of return for exiled Chagos islanders|url = http://www.theguardian.com/world/2015/mar/19/un-ruling-raises-hope-of-return-for-exiled-chagos-islanders|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-12|langue = anglais|auteur2 = Owen Bowcott|date = 19 mars 2015}}</ref>.
Une étude d’impact menée par le ''{{lang|en|Chagos Conservation Management Plan}}'' affirme qu’il n’est pas écologiquement souhaitable de sacrifier cette réserve naturelle unique<ref>Leurs maisons, les objets et les traces de leur habitation restent tels qu’ils ont été abandonnés subitement au moment de leur départ. Voir ''Il était une île, Diego Garcia'', Michel Daëron, [[documentaire]] diffusé le 21 janvier 2010 sur [[France 2]] ([http://programmes.france2.fr/documentaires/index-fr.php?page=infrarouge&id_rubrique=683 Documentaires - France 2]).</ref>. Une repeuplement humain, s’il impliquait l’aménagement de ce territoire selon des critères modernes et de développement touristique des plages et ainsi que la levée de l’interdiction de pêche commerciale côtière, serait préjudiciable à tout le biotope, selon ce même rapport, critiqué par ceux qui défendent le retour des Chagossiens<ref>{{Ouvrage|auteur=Thierry Ollivry|titre=Diego Garcia. Enjeux stratégiques, diplomatiques et humanitaires|éditeur=L’Harmattan|année=2008|isbn=9782296052765|pages totales=193}} (cf. [http://books.google.com/books?id=PgowkrKCS5cC&printsec=frontcover&dq=Diego+Garcia.+Enjeux+stratégiques,+diplomatiques+et+humanitaires.+Thierry+Ollivry&source=bl&ots=_t19xpMpr3&sig=1z7h7943hSpsd7L1oSDzh7CHumk&hl=fr&ei=XKZoS_aYKZDQjAee_625CQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CAcQ6AEwAA#v=onepage&q=&f=false Google books])</ref>.


== Aspects socio-culturels de la population chagossienne ==
== Aspects socio-culturels de la population chagossienne ==

Version du 15 septembre 2015 à 16:43

Chagossiens
Îlois
Description de cette image, également commentée ci-après
Chagossien avec une récolte de noix de coco en 1971.

Populations importantes par région
Autres
Régions d’origine Archipel des Chagos[1]
Langues Créole à base de français[réf. nécessaire]
Religions Catholicisme romain[réf. nécessaire]
Ethnies liées Créoles

Les Chagossiens ou Îlois sont un groupe ethnique créole, originaire de l'archipel des Chagos dans l'océan Indien. Métissage de population provenant de Madagascar, du Mozambique, d'Inde et de France, ils vécurent dans l'île de Diego Garcia et dans deux autres groupes d'îles de l'archipel des Chagos pendant près de deux siècles avant leur expulsion par le gouvernement britannique à la fin des années 1960 vers l'île Maurice et les Seychelles.

Histoire

Origines

Les Chagossiens seraient issus d'un mélange de peuples africains, indiens et français. Les premiers habitants arrivent peut-être en 1776 en provenance de la Réunion ou de l'île Maurice[réf. nécessaire].

À partir de 1784, l'archipel des Chagos jusque là officiellement inhabité commence à être occupé de façon permanente. Pierre Marie Le Normand, un planteur français spécialisé dans le sucre et la noix de coco et basé à l'Île de France, actuelle île Maurice, installe la première concession de noix de coco dans l'île de Diego Garcia[2]. Il emmène avec lui entre vingt-deux[3] et soixante-dix-neuf esclaves originaires de Madagascar et du Mozambique ainsi que quelques "libres de couleur"[2]. Plusieurs planteurs français de noix de coco venus de l'Ile-de-France le rejoignent ensuite avec leurs esclaves pour s'y implanter et exploiter l'huile de coco et le coprah : Monsieur Didier, les frères Cayeux et Monsieur Lapotaire[3],[2] qui débarque en 1793[4]. En 1808, les archives notent que Monsieur Lapotaire possédait à lui seul une centaine d'esclaves sur Diego Garcia et un nombre similaire pouvait être recensé en 1813 sur Peros Banhos[3],[2].

Entre 1780 et 1828, l'archipel est aussi utilisé par les Français et les Britanniques pour isoler et soigner les lépreux dans l'espoir que l'abondance de viande de tortues sera bénéfique à leur régime alimentaire[2],[5]. Certains spécialistes pensent que des esclaves lépreux ont pu y être envoyés avant l'arrivée des premières concessions de coprah[6]. En 1826, on comptait 375 esclaves, 9 blancs, 22 "libres de couleurs", and 42 lépreux dans l'archipel. Au total, les Chagos étaient peuplées à cette période par 448 habitants dont la moitié vivaient à Diego Garcia[2].

Après la prise de possession des Mascareignes par les Britanniques et l'abolition de l'esclavage en 1834, les anciens esclaves continuent à exercer leurs activités de pêcheurs, fermiers ou travailleurs pour les plantations de cocotiers. En parallèle, des engagés indiens sont amenés dans l'archipel pour augmenter la main d'œuvre disponible. Ils se mettent en ménage avec les autres travailleurs d'origine africaine et adoptent les rites locaux[2]. Par la suite, des travailleurs venus de l'île Maurice, des Seychelles, des îles Rodrigues et Agaléga sont arrivés régulièrement dans l'archipel et s'y sont installés de façon permanente avec un Chagossien[7].

Ruines d'une plantation sur Diego Garcia, en 1982.

La vie dans l’archipel des Chagos jusqu'en 1973

Ruine d'une église envahie par la végétation, sur l'île Boddam.

Après l'abolition de l'esclavage, les Chagossiens travaillent majoritairement dans les cocoteraies de l'archipel des Chagos[8],[9],[10]. Ils y récoltent les noix de coco qu'ils retraitent pour en tirer du coprah[11] et de l'huile de noix de coco[8],[9],[10]. Des activités économiques du guano et de miel sont aussi présentes sur l'île[12]. Tous les travailleurs n'ont pas un emploi fixe et nombre d'entre eux reçoivent des nouvelles tâches chaque matin, soit dans la cocoteraie ou pour l'entretien des infrastructures. Les travailleurs qui ont un emploi fixes sont employés domestiques pour les administrateurs de l'île, forgerons, infirmiers, charpentiers ou moniteurs. La journée de travail s'achève à midi mais les travailleurs peuvent augmenter leurs revenus en revenant travailler l'après-midi. Pendant ce temps, les enfants sont à l'école, dans une classe commune et les plus petits à la crèche[13]. Les compagnies qui les emploient, notamment la société locale Chagos Agalega Limited[14], leur versent un petit salaire ainsi que des rations de riz, d'huile, de farine, de sel et de lentilles que les habitants complètent par la pêche côtière, la culture vivrière ou l'élevage de volailles[11],[14],[12]. Les habitants reçoivent gratuitement des terres, des matériaux de construction, des soins médicaux, une retraite et une éducation pour leurs enfants en plus de transports gratuits vers l'île Maurice[12],[7]. Beaucoup ont des chiens ou des chats[7].

Durant leur temps libre, les habitants s'occupent de tâches quotidiennes : réparation des filets, tâches ménagères, jardinage, élevage. Ils passent leurs soirées entre voisins à se raconter des histoires et le samedi soir, un bal est organisé pour danser le séga. L'île est alimentée en électricité mais elle est réservée aux maisons des administrateurs et à l'hôpital[13]. La population vit donc en autarcie, selon un mode de vie ancien et avec assez peu de contacts extérieurs, un seul bateau venant deux fois par an de Port-Louis[11].

Des villages s'établissent dans quelques îles de l'archipel sous la forme de petites communautés comptant des habitations installées le long des routes, des commerces, des ateliers d'artisans, une église ou une chapelle, un cimetière, des espaces de récréation et le centre administratif de la plantation. L'eau est puisée dans des réservoirs. Au milieu du 20e siècle, des écoles et des crèches sont installées ainsi que des systèmes de gestion des ordures[7]. Certaines îles comptent des cocoteraies mais pas d'habitations ce qui oblige les Chagossiens à aller d'île en île pour leur travail.

Au milieu des années 1960, l'archipel reste peu peuplé. Sa population est estimée entre 1 500 et 2 000 personnes réparties en 450 à 500 familles[15] et regroupée sur trois îles ou groupe d'îles qui sont Diego Garcia, la plus peuplée, les îles Salomon (notamment l'Île Boddam) et Peros Banhos.

La présence des Chagossiens et de leurs ancêtres a duré quelques générations, soit la période relative à l'exploitation du coprah.

La déportation de la population vers Maurice et les Seychelles

En plein cœur de la Guerre Froide[16], les Américains s'inquiètent de leur absence dans l'océan Indien et répèrent l'île de Diego Garcia dont l'isolement constitue un avantage en cas d'attaque. Au début des années 1960, ils débutent des négociations avec le gouvernement britannique qu'ils convainquent de détacher l'Archipel des Chagos de l'ancienne colonie mauricienne pour le transformer en territoire britannique de l'océan Indien. Ainsi, les Chagos restent britanniques malgré l'indépendance de l'Ile Maurice. L'unique but de cette manœuvre est d'établir une base navale et aérienne de l'armée américaine. Pour y parvenir, les Américains demandent à ce que l'archipel soit "balayé" et "assaini", sous-entendant qu'il doit être vidé de sa population. L'accord secret est finalisé le 30 décembre 1966 et le gouvernement américain verse 14 millions de dollars pour organiser la déportation des Chagossiens[17],[18],[19].

Dans les années suivantes, de 1967 à 1973, les Chagossiens, environ 2 000 personnes, sont déportés[20] par le gouvernement britannique, par la force ou la ruse, d'abord sur l'île de Peros Banhos, puis en 1973, à Maurice et aux Seychelles. À partir de 1968, les habitants ayant quitté temporairement l'Archipel pour partir se soigner ou aller en vacances se voient interdire le retour sur leur île[21][18]. En parallèle, le gouvernement britannique commence à restreindre l'approvisionnement en nourriture pour encourager encore plus de Chagossiens à quitter leurs îles[18]. Parmi les autres techniques employées pour pousser les habitants à partir, les autorités britanniques et américaines s'en prennent aussi à leurs chiens. Après avoir essayé de tirer à balles réelles sur les animaux puis de les empoisonner, ils les attirent dans un hangar pour les tuer et les brûler, parfois vivants selon des témoignages[17],[22],[23].

À partir de 1971, les Américains commencent la construction de la base et exigent l'accélération de la procédure de déportation. Les Chagossiens encore présents sur l'île sont embarqués de force sur des cargos de 1971 à 1973[18] dans une ambiance de racisme du personnel britannique qui les désigne comme des "Tarzans" et "Hommes Vendredis"[24]. Le manque de considération envers la population se poursuit lors de leur traversée forcée. Les cargos destinés à leur transport, en particulier le Norveder[5], sont surpeuplés, le voyage dure cinq jours et les passagers doivent dormir dans la cale sur des cargaisons d'excréments d'oiseaux. À leur arrivée, l'urine, le vomis et les excréments recouvrent le sol et au moins une femme a fait une fausse couche. Par contraste, certains cargos transportaient aussi des chevaux de race qui ont été installés sur le pont[25]. Une fois au port, les Chagossiens sont laissés sur les quais, sans argent, sans travail et sans assistance pour trouver un logement[23],[26], ce qui pousse le Washington Post à affirmer dans un article de 1975 qu'ils vivent dans un état de "pauvreté abjecte". En 1976, un officier du gouvernement reconnait qu'ils vivent dans une "situation déplorable"[26].

À la fin des années 1990, le journaliste mauricien Henri Marimootoo consulte de nombreux documents britanniques déclassifiés et découvre que le gouvernement a volontairement menti à l'ONU afin d'empêcher les Chagossiens de pouvoir réclamer leurs droits. Les Britanniques racontent que les Chagossiens sont de simples travailleurs saisonniers et qu'ils ne sont pas originaires de l'archipel. En effet, en les présentant comme des ouvriers agricoles en transit, le gouvernement peut contourner le droit international qui exige qu'une population installée ne soit pas déplacée sans son accord. Entre mai et août 1997, Henri Marimootoo publie le résultat de ses recherches dans une série d'articles intitulé Diego Files parus dans l'hebdomadaire mauricien Weekend[24],[27],[28]. Le journaliste John Pilger décrit la déportation de la population chagossienne comme « un kidnapping de masse opéré dans le plus grand secret » et accuse les offiers des Affaires Etrangères britanniques d'avoir « conspiré au mensonge, s'encourageant les uns et les autres à maintenir et défendre la fiction selon laquelle les Chagossiens n'existaient qu'en tant que population flottante »[22], le mot "fiction" ayant été effectivement utilisé par les officiers[24]. Le déplacement d'une population entière n'avait encore jamais existé[16] et l'ancien Ministre des Affaires Etrangère britannique Robin Cook aurait même déclaré qu'il s'agissait de « l'épisode le plus sordide et le plus indéfendable que j'ai jamais connu. »[29]

La mobilisation des Chagossiens et les recours en justice

Dès leur arrivée à l'Ile Maurice, plusieurs Chagossiens, en particulier des femmes[30], se mobilisent pour défendre leurs droits. Parmi les figures marquantes du combat, on compte Lisette Talate, Charlesia Alexis ou Rita Elysée Bancoult qui organisent des grèves de la faim, des manifestations[16] et sont même arrêtées par les autorités mauriciennes. Au début des années 1980, Alexis, Talate et Olivier Bancoult, le fils de Rita Elysée Bancoult, fondent le Groupe Réfugiés Chagos (GRC) pour défendre leur cause en cour de justice[16]. En 1995, le Chagossien Fernand Mandarin fonde le Comité Social Chagossien (CSC)[24].

1972-1982 : Compensations

En 1972, le gouvernement britannique verse 650 000 livres sterling au gouvernement mauricien pour participer à l'installation des Chagossiens mais l'argent n'est pas redistribué. En 1977, des militants chagossiens, en particulier des femmes, organisent un mouvement de protestation pour exiger le versement de l'argent, ce qu'elles obtiennent l'année suivante puisque le fonds du gouvernement britannique est réparti entre 595 familles. Cependant, avec l'inflation, la somme est considérablement réduite et ne soulage pas vraiment les difficultés des Chagossiens[24],[31].

En parallèle, le Chagossien Michel Ventacassen lance une procédure judiciaire devant la Haute Cour de Londres à titre privé, déclarant avoir été victime de plusieurs préjudices pendant son exil. Son cas est jugé en 1982 et les gouvernements britanniques et mauriciens décident d'ouvrir un fonds d'aide aux Chagossiens : 1344 d'entre eux reçoivent 2 976 livres sterling chacun ainsi que quelques terres. En échange, les bénéficiaires doivent signer un document en anglais les engageant à plus se lancer dans de nouvelles poursuites judiciaires[31],[32]. De nombreux signataires, analphabètes, ne parlant que le créole et dans le besoin, ne réalisent pas qu'ils abandonnent le droit à toute nouvelle compensation et au retour dans leur archipel[32],[16]. Plusieurs familles refusent de recevoir la compensation et s'engagent dans des grèves de la faim pour protester contre la gestion de leur cas par les autorités britanniques[32],[33]. Aux Seychelles, les exilés chagossiens n'ont toujours rien reçu[24],[33].

1997-2015 : Recours devant la justice britannique

En 1997, les Chagossiens découvrent que toute personne née aux Chagos est un citoyen Territoires britanniques dépendants et peut, à ce titre porter plainte contre l'interdiction de visiter ou de s'installer sur le Territoire britannique de l'océan Indien[31]. Olivier Bancoult du GRC s'engage dans une affaire judiciaire. Son cas, R (Bancoult) v Foreign Secretary, est jugé le 3 novembre 2000 et la cour de justice reconnait que la déportation des Chagossiens est contraire aux lois du Territoire britannique de l'océan Indien en annulant l'ordonnance de 1971 qui légitimait la dépopulation de l'Archipel. Le Secrétaire d'Etat Robin Cook annonce qu'il ne fera pas appel de la décision et le gouvernement britannique vote une nouvelle loi autorisant les Chagossiens à retourner dans l'archipel sans permis, à l'exception de l'île de Diego Garcia. Il s'engage aussi à lancer des études de faisabilité pour organiser le retour de la population dans l'Archipel[24],[31],[19],[34].

En 2002, un groupe de Chagossiens menés par le GRC porte un nouveau cas devant la justice britannique pour demander de nouvelles compensations, notamment pour fraude et exil illégal. L'affaire Chagos Islanders v Attorney General and HM BIOT Commissioner est jugée en 2003 devant la Haute Cour de Londres. Le juge rejette les demandes des Chagossiens, rappelant qu'une majorité d'entre eux avait renoncé à toute nouvelle plainte en acceptant les compensations de 1982. La cour d'appel saisie par la suite confirme ce jugement car elle estime entre autre que l'illégalité de l'exil ne peut être démontrée et qu'il n'y aucune preuve que les autorités savaient que l'ordonnance de 1971 était illégale[24],[31],[19].

Le , le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw signa un document conférant la citoyenneté britannique aux Îlois, plus tard ajouté sous le nom de « Section 6: The Ilois: Citizenship » au British Overseas Territories Act 2002.

Le gouvernement britannique publie plusieurs études de faisabilité concernant le retour des Chagossiens. En juin 2004, il affirme que seule une installation à court-terme serait envisageable et qu'un réel projet de réinstallation de la population serait trop coûteux[31]. Le 10 juin 2004, un décret en conseil de la Reine d'Angleterre est promulgué. Dans des termes semblables à l'ordonnance de 1971, il décrète que toute visite du Territoire britannique de l'océan Indien est interdite sans autorisation spéciale[19],[31]. Les Chagossiens se mobilisent contre cette décision, soutenus par des personnalités politiques comme l'ancien président de la République de Maurice Cassam Uteem ou le député britannique Jeremy Corbyn[35]. Dans un débat au Parlement britannique en juillet 2004, le gouvernement déclare que ces mesures sont nécessaires pour honorer son traité avec les Etats-Unis. De son côté, le gouvernement américain insiste sur l'importance de la base de Diego Garcia dans sa guerre contre le terrorisme. Un retour des Chagossiens mettrait en péril la sécurité de la base et augmenterait les risques d'une infiltration terroriste selon le gouvernement britannique[31],[36],[37]. Olivier Bancoult décide de contester le décret en conseil et ouvre un nouveau recours en justice. Le cas R (Bancoult No 2) v Foreign Secretary est jugé par la Haute Cour de Londres le 11 mai 2006 qui renverse la décision royale[34]. Le gouvernement britannique fait appel mais la Cour d'Appel confirme le 23 mai 2007 que l'ordre royal de 2004 était un abus de pouvoir et qu'on ne peut déplacer une population entière autrement que pour son propre bien-être[33],[38],[34].

Du 30 mars au 6 avril 2006, un groupe d'une centaine d'îlois reçoit l'autorisation d'embarquer à bord du Mauritius Trochetia pour visiter le Territoire britannique de l'océan Indien pour la première fois depuis quarante ans[39],[40]. 75 d'entre eux sont issus du Groupe Chagos Réfugiés, 15 du Comité Social des Chagossiens et 10 sont des Chagossiens établis aux Seychelles[41],[42]. Le voyage est organisé conjointement par les gouvernements britanniques et mauriciens[43] qui délèguent chacun un représentant pendant le voyage[42]. Le programme prévu par les voyageurs est de faire trois escales d'une journée sur les îles Salomon, Peros Banhos et Diego Garcia, de les nettoyer, de remettre en ordre les lieux de mémoire tels que le cimetière et d'ériger des monuments commémoratifs en pierre[40],[44]. Les membres du Comité Social des Chagossiens refusent cependant de montrer un laissez-passer à l'arrivée dans l'Archipel, arguant que la République de Maurice est le pays souverain et non le Royaume-Uni[43].

Malgré le jugement en appel de mai 2007, le gouvernement britannique décide de porter le dossier devant la cour de recours de la Chambre des Lords[45]. Le 22 octobre 2008, les juges de la Chambre décident à la majorité de 3 contre 2 que le décret en conseil de la Reine de 2004 était légal, rationnel et ne violait pas les attentes de Chagossiens, annulant ainsi les précédents jugements[46],[47]. Ils se disent sensibles aux revendications des Chagossiens mais estiment que la décision de 2004 a été prise de "bonne foi" et reposait sur des arguments solides. Selon eux, un retour dans l'Archipel serait précaire et coûteux et présenterait un risque inacceptable pour une base militaire "de la plus haute importance", en particulier après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis[48]. Le juge Lord Hoffmann souligne que les Chagossiens, bien que floués dans le passé, ont depuis reçu une compensation pour leur perte et qu'ils n'ont montré « aucun désir de retourner vivre à la manière de Crusoe dans des conditions de vie misérables »[45]. En revanche, le juge Lord Bingham déclare que la décision de 2004 était nulle et illégale et que le pouvoir de la Reine de légiférer sans l'accord du Parlement représente une « survivance anachronique »[49] et se dit peu convaincue par les arguments américains sur la sécurité de la base de Diego Garcia[50]. Selon certains spécialistes du droit britannique, cette décision devant la Chambre des Lords est importante du point de vue du droit constitutionnel[31] ainsi que de la reconnaissance des droits fondamentaux des peuples des anciennes colonies[46].

En juin 2015, le Groupe Réfugiés Chagos décide alors de porter son cas devant la Cour Suprême de Londres pour lui demander d'annuler le jugement de 2008. Leurs avocats argumentent que ce jugement était en partie basé sur une étude de faisabilité qui n'a pas été présentée aux juges et que cela aurait pu changer le verdict[51],[52]. La présence de l'avocate internationale Amal Clooney dans leur équipe de défense bénéficie au combat des Chagossiens puisque sa notoriété attire une couverture médiatique sans précédent de leurs procès, y compris par la presse people[53],[54].

Le bail américain sur Diego Garcia doit prendre fin en 2016.

Des 450 familles déportées dans les années 1960, il ne reste plus qu’une cinquantaine de personnes qui ont connu l’archipel des Chagos adultes, à présent âgées. Leurs descendants, soutenus par l’île Maurice qui revendique toujours la souveraineté de l’archipel, demandent à pouvoir retourner sur la terre de leurs ancêtres.

2010-2015: Question du parc marin et recours à la justice internationale

Le 1er avril 2010, l’archipel des Chagos est déclaré zone marine protégée par le gouvernement britannique[25], à l'exception de l’atoll de Diego Garcia[55]. Les militants chagossiens et de leurs soutiens soupçonnent cette décision d'être motivée par le désir d'empêcher le réétablissement de la population sur l'archipel[56]. Les autorités britanniques assurent que ce n'est pas vrai[25],[57] et vantent une opportunité de créer une réserve naturelle unique au monde[58]. Cependant, des câbles diplomatiques de 2009 publiés par Wikileaks l'année suivante[59] dévoilent des discussions qui auraient eu lieu entre les Américains et les Britanniques et qui confirmeraient la thèse du parc marin comme obstacle pour les Chagossiens. L'un des officiels britanniques aurait ainsi déclaré « Etablir une réserve marine pourrait bien, en effet, être la façon la plus efficace à long-terme d'empêcher les anciens habitants des Chagos ou leurs descendants de se réinstaller sur l'île »[60],[57]. Les autorités britanniques et américaines n'ont pas souhaité confirmé ou démentir les révélations de Wikileaks puisqu'il s'agirait d'une violation du secret diplomatique[25],[57]. Le spécialiste de l'environnement Mike Spalding estime que la création d'un parc sans l'accord des Chagossiens serait une catastrophe[58].

Pendant ce temps, les Chagossiens décident de porter leur cas devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Le 20 décembre 2012, celle-ci rejette leur plainte contre le gouvernement britannique. Selon elle, la plainte est irrecevable car en acceptant une compensation financière en 1982 lors de l'affaire Ventacassen, les Chagossiens ont renoncé à toute autre prétention[61],[62],[63]. Elle souligne aussi que les Chagossiens n'ont plus de perspective de retourner s'établir dans les îles des Chagos, que leur combat et politique et ne s'inscrit donc pas dans le cadre de la Convention Européenne des Droits de l'Homme[61]. Le gouvernement britannique déclare qu'il s'est excusé à plusieurs reprises pour le traitement des Chagossiens dans les années 60 mais qu'il était en droit de se défendre devant la cour et réexaminera la possibilité de réinstaller les Chagossiens dans l'archipel[64].

Olivier Bancoult retourne devant les cours britanniques sur la question du parc marin. Le 11 juin 2013, la Haute Cour de Londres déclare que celui-ci n'est pas incompatible avec le droit européen, qu'il n'est pas illégal et qu'il a été créé non pas pour empêcher le retour des Chagossiens mais bien pour des motifs environnementaux, les documents de Wikileaks n'ayant pas été pris en compte comme preuves en raison du secret diplomatique[65],[66],[67]. Les Chagossiens font appel mais le jugement est confirmé le 23 mai 2014 et rappel que certains arguments des plaignants ne sont pas recevables, notamment le droit à la pêche puisque dans les faits, aucun Chagossien ne pêche plus dans les eaux de l'archipel depuis 1973. En revanche, la cour ouvre la possibilité de prendre en compte les câbles de Wikileaks pour un jugement[68].

Le 18 mars 2015, le Tribunal international du droit de la mer saisi par le Premier Ministre mauricien déclare la création du parc marin par le Royaume-Uni illégale. Il estime que « le Royaume-Uni n'a pas été en mesure de fournir une explication satisfaisante pour l'urgence avec laquelle il a proclamé la zone marine protégée le 1er avril 2010 ». Selon le jugement, l'Ile Maurice aurait dû être consultée et détient une souveraineté sur le territoire maritime des Chagos[69],[70].

Aspects socio-culturels de la population chagossienne

En raison de l'isolement de l'archipel et des conditions de vie particulières sur l'île, principalement rythmées par le travail dans les cocoteraies, une culture chagossienne distincte s'est progressivement développée, ainsi qu'un créole chagossien, proche des créoles mauriciens et seychellois[2]. L'accent et le vocabulaire du créole chagossien diffèrent cependant du créole des îles Maurices et Rodrigues[71],[72]. Le sentiment d'exil a poussé la communauté chagossienne à entretenir ses traditions et sa culture hors de son territoire d'origine, notamment pour cultiver le souvenir de ce qu'ils ont perdu[73],[71]. Ainsi, les Chagossiens continuent à vénérer leurs ancêtres et consomment toujours une cuisine à base de fruits de mer et de lait de coco[73]. Un autre élément culturel important est la pratique du séga chagossien, une musique et une danse traditionnelle que les autorités mauriciennes souhaitent proposer pour inscription à la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO[71],[74]. Le séga chagossien est chanté presque exclusivement par des femmes[75],[24], en créole chagossien[71] à l'aide d'instruments traditionnels comme le ravanne, un tambour à peau de chèvre utilisé exclusivement par les hommes, le maravanne, un bâton de pluie ou le triangle[24]. Les chants les plus anciens parlent de la vie dans la plantations tandis que les plus modernes décrivent l'exil, les conditions économiques difficiles et peuvent être utilisés à des fins militantes[24],[73],[76]. Parmi les représentants du séga chagossien on compte la militante Charlesia Alexis ou le groupe Tambour Chagos[24].

Les Chagossiens sont principalement catholiques romains[14],[77]. Cependant, l'Archipel des Chagos ne disposait pas d'une autorité religieuse permanente. Un prêtre itinérant venait de l'île Maurice pour les cérémonies importantes mais la messe du dimanche était célébrée par les administrateurs[77]. En conséquence, certaines pratiques comme celle du mariage diffèrent fortement des pratiques catholiques : l'union libre est traditionnellement privilégiée par les Chagossiens[77],[78]. Une femme peut ainsi facilement quitter un compagnon qui ne lui convient pas et possède une certaine indépendance et liberté sexuelle[73],[78]. Le rôle des femmes dans la structure sociale chagossienne est similaire à celui des femmes dans d'autres sociétés post-esclavage : elles représentent la tête du foyer et sont les premières responsables des besoins de la famille[77],[78],[73].

Après la déportation, les Chagossiens pâtissent d'une très forte pauvreté entrainée par plusieurs facteurs décrits par l'universitaire David Vine : une expulsion traumatique, le chômage, une discrimination ethnique, la privation d'éducation, une marginalisation économique et socio-psychologique, l'absence d'un domicile fixe, la perte de leurs terres et de l’accès à une propriété commune, la malnutrition et l'insécurité alimentaire, une morbidité et une mortalité grandissante et une fragmentation socio-culturelle[7],[79],[12]. Avant la déportation, les Chagossiens étaient majoritairement analphabètes et sont toujours touchés par ce phénomène aujourd'hui[14],[80].

Statut international

Statut juridique international du peuple chagossien

Le statut du peuple chagossien à la suite de son déplacement forcé et son interprétation par le droit international est un enjeu important qui peut lui permettre de légitimer certaines de ses revendications[81].

De nombreux militants Chagossiens s'identifient comme peuple autochtone. Des organisations chagossiennes ont participé au Groupe de travail des Nations Unies sur les populations autochtones, ayant été reconnu comme peuple autochtone par ce groupe de travail en 1996[24],[31]. Le statut de peuple autochtone permettrait au Chagossiens de bénéficier du droit à l'autodermination comme garantit dans la Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations Unies[81]. Le gouvernement et plusieurs personnalités politiques mauriciennes s'opposent à ce statut car il est perçu comme une menace à sa revendication de souveraineté sur l'Archipel des Chagos[82],[83]. Selon lui, les Chagossiens constituent une minorité nationale au sein du peuple mauricien et non un peuple autochtone puisque le peuple mauricien dans son ensemble s'est formé par les migrations et les déplacements de population. D'après les universitaires Laura Jeffery et David Vine, reconnaitre ce statut pourrait être un précédent dommageable au "mythe national mauricien"[83]. L'universitaire Stephen Allen souligne cependant qu'il s'agit d'une mauvaise interprétation du critère de précédence requis pour être considéré comme autochtone : le peuple en question doit avoir été le plus ancien peuple à habiter un territoire donné, peu importe sa date et son mode d'arrivée. Dans le cas des Chagos, les registres historiques tendent à montrer que les premiers habitants étaient français, retirant la précédence aux Chagossiens. Cependant, ces derniers étant le seul peuple avec un lien établi sur plusieurs générations sur le territoire de l'Archipel et ayant développé une culture distinctive, il satisfait d'autres critères lui permettant d'accéder au statut de peuple autochtone[31],[81].

Le statut de réfugié a aussi été évoqué, l'une des organisations militantes chagossiennes la plus importante ayant choisi pour nom le Groupe Réfugiés Chagos[81]. Une fois encore, ce statut pourrait contrarier les revendications de souveraineté mauricienne sur les Chagos puisque cela impliquerait que les Chagossiens viennent d'une terre étrangère et n'appartenant pas à l'État qui les a accueilli[83]. D'autre part, les Chagossiens déplacé aux Seychelles ou à l'île Maurice ayant reçu la nationalité de leur pays d'accueil peuvent difficilement répondre aux critères définissant le statut de réfugié qui exigent de vivre hors de son propre pays[81].

Citoyenneté des Chagossiens

Puisque l'Archipel des Chagos appartenait à l'empire britannique avant la déportation des Chagossiens et l'indépendance des îles voisines, plusieurs problèmes juridiques relatif à la nationalité des Chagossiens se sont posés au cours des décennies. Ceux qui ont été envoyés à l'île Maurice ont reçu la citoyenneté mauricienne à l'indépendance du pays[84], dans de nombreux cas sans qu'ils en aient connaissance ou y aient consenti[81]. En 2015, le premier ministre Sir Anerood Jugnauth a confirmé que le gouvernement mauricien considérant qu'il détient la souveraineté de l'Archipel des Chagos, toute personne née aux Chagos avant ou après 1965 est de nationalité mauricienne[85]. Les Chagossiens déplacés aux Seychelles ont connu une situation plus compliquée, leur pays d'accueil ne leur ayant pas occtroyé la nationalité seychelloise automatiquement. Pendant plusieurs décennies, les Chagossiens des Seychelles ont donc été de fait apatrides. Beaucoup ont dû acheter la citoyenneté seychelloise à un prix élevé, parfois prohibitif[84],[86].

Selon la loi de 1981 portant sur la citoyenneté britannique, tous les Chagossiens nés dans l'Archipel étaient éligibles à recevoir un statut de citoyen des Territoires britanniques d'outre-mer. Cela leur donnait la possibilité de visiter les territoires du Royaume-Uni mais pas de s'y installer. Pour des raisons de coûts et de manque d'accès à l'information, peu de Chagossiens ont demandé ce statut[77]. En 2002, la loi sur la citoyenneté des territoires d'outre-mer est modifiée, donnant aux habitants de ces territoires un accès à la nationalité britannique de plein droit. Cependant, le citoyen d'outre-mer ne pouvait initialement transmettre sa nationalité britannique que si ses enfants étaient aussi nés dans le territoire d'outre-mer, excluant ainsi les enfants des Chagossiens nés en exil aux Seychelles ou à l'île Maurice. Après une campagne du Chagos Refugees Group, le gouvernement britannique accepte d'étendre l'occtroi de citoyenneté aux enfants de Chagossiens nés en exil entre le 26 avril 1969 et le 1er janvier 1983 mais pas à leurs descendants[77],[87]. Ainsi, la loi exclut toujours les Chagossiens nés en exil avant avril 1969 et après 1983 de la nationalité britannique, même si le déplacement de population a commencé avant 1969. D'autre part, selon les dispositions de la loi de 1981, la nationalité britannique d'outre-mer ne peut qu'être transmise par un père à un enfant né dans le cadre du mariage, alors même que le mariage n'était pas une pratique courante et accessible dans l'Archipel des Chagos[77],[87],[88]. Malgré tout, on suppose aujourd'hui qu'environ 1000[89] à 1400 Chagossiens[90] auraient demandé la citoyenneté britannique et que tous les Chagossiens nés avant la déportation possèdent une double nationalité britannique et mauricienne ou britannique et seychelloise[81].

Répartition géographique

Avant leur déplacement, les Chagossiens vivaient sur quelques îles de l'archipel des Chagos et notamment Diego Garcia[10],[8],[9]. Entre 1966 et 1973, ils ont été entièrement déportés à Maurice et aux Seychelles où ils vivent aujourd'hui en majorité[10],[19]. En 2013, l'île Maurice évaluait sa communauté chagossienne, descendants compris, à 8674 individus dont 482 natifs[80]. Ils vivent principalement à Port-Louis, notamment dans les quartiers de Roche-Bois et Cassis[73]. Sur 2000 déportés, 250[89] à 500 personnes[90] ont été envoyées aux Seychelles. En 2014, on estimait à 350 le nombre de Chagossiens et de leurs descendants qui vivaient à Mahé, l'île principale[91]. Une partie des Chagossiens a aussi émigré au Royaume-Uni[92], en particulier après la loi de 2002 leur accordant la nationalité britannique. La grande majorité des Chagossiens du Royaume-Uni ont choisi de s'installer dans la ville de Crawley dans le Sussex de l'Ouest[23],[77],[93], et une minorité s'est établie à différents endroits du territoire comme Haywards Heath dans le Sussex de l'Ouest, Horley dans le Surrey, la périphérie londonienne, notamment les quartiers de Croydon et Purley, ou encore la région de Manchester[77].

Annexes

Sources et bibliographie

Bibliographie
Articles de presse
Filmographie
  • Diego l’interdite, David Constantin, 52ʹ, Maurice, 2002, Résumé du film p. 7, « D’encre et d’exil » 9e rencontres internationales des écritures de l’exil. Insulaires, du 27 au 29 novembre 2009, centre Pompidou
  • Diego Garcia, « Le dessous des cartes », Alain Jomier, Lépac-Arte, décembre 2003, diffusé sur Arte le 3 mars 2004. Site web
  • (en) Stealing a Nation, John Pilger, 2004, récompensé par la Royal Television Society (2004) et le Chris Award du Columbus International Film and Video Festival (2004-2005). Voir le site du journaliste-réalisateur
  • Les sentinelles écologiques, « Le dessous des cartes », Didier Ozil, Lépac-Arte, diffusé sur Arte le 1er novembre 2008. Site web
  • Il était une île, Diego Garcia, documentaire, réalisé par Michel Daëron, diffusé le 21 janvier 2010 sur France 2. Site de la chaîne

Liens externes

Notes et références

  1. Populations africaines, indiennes et françaises[réf. nécessaire] amenées dans l'archipel.
  2. a b c d e f g et h (en) « Origins & History of the Chagossians », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  3. a b et c (en) Sandra Evers et Marry Kooy, Eviction from the Chagos Islands: Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers, vol. 1 : African History, Brill, , 293 p. (ISBN 9004202609), « A History of Chagos and the Chagossians »
  4. Joanna Seenayen, « Il était une fois les Chagos | Business Magazine », sur www.businessmag.mu, (consulté le )
  5. a et b Olivier Péguy, « RFI - Les « Palestiniens de l'océan Indien » », sur www.rfi.fr (consulté le )
  6. « On ne peut se mettre à dos la G.-B », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  7. a b c d et e (en) David Vine, City University of New York (Thèse de Doctorat), Empire's Footprint: Expulsion and the United States Military Base on Diego Garcia, New York, ProQuest, , 382 p. (ISBN 0542851008)
  8. a b et c (en) « Commander Navy Installations Command - History », sur https://www.cnic.navy.mil/DiegoGarcia/index.htm (consulté le )
  9. a b et c (en) The Chagos Archipelago: its Nature and the Future, The Chagos Conservation Trust, , 25 p. (lire en ligne), p. 15
  10. a b c et d (en) « The World Factbook - British Indian Ocean Territory », sur https://www.cia.gov/ (consulté le )
  11. a b et c Emmanuel Grégoire, « Des îles britanniques de l’océan Indien disputées : Diégo Garcia et l’archipel des Chagos », Hérodote, no 137,‎ , p. 185-193 (ISSN 9782707164537[à vérifier : ISSN invalide], lire en ligne)
  12. a b c et d « Chagos : chronique d'un drame humanitaire annoncé », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  13. a et b « CHAGOS : Une journée dans les îles », sur www.lemauricien.com, (consulté le )
  14. a b c et d André Oraison, « Diego Garcia : enjeux de la présence américaine dans l'océan Indien », Afrique contemporaine, no 207,‎ , p. 115-132 (ISSN 10.3917/afco.207.0115[à vérifier : ISSN invalide], lire en ligne)
  15. Rapport Prosser, 1976
  16. a b c d et e (en) Dr Sean Carey, « The European Court of Human Rights urgently needs to decide on the Chagossians’ right to return | | Independent Notebook Blogs », (consulté le )
  17. a et b (en) David Vine, « The truth about Diego Garcia », sur Le Monde Diplomatique, (consulté le )
  18. a b c et d (en-US) David Vine, « Island Of Injustice », The Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )
  19. a b c d et e (en) Christian Nauvel, A Return from Exile in Sight? The Chagossians and their Struggle', vol. 5, Northwestern Journal of International Human Rights, , 31 p. (lire en ligne)
  20. Le terme employé diffère entre « rapatriement » et « déportation » en fonction des sources[Lesquelles ?].
  21. Laurent Decloitre, « L'île de la relégation pour les Chagossiens », sur Libération, (consulté le )
  22. a et b (en) John Pilger, « John Pilger on the plight of Chagos' "unpeople" », sur NewStateman, (consulté le ) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « :Pilger1 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  23. a b et c (en) Katie McQue, « The UK's Abuse of the Chagossian People », sur The Huffington Post UK, (consulté le )
  24. a b c d e f g h i j k l et m (en) Laura Jeffery, Chagos Islanders in Mauritius and the UK: Forced Displacement and Onward Migration, Manchester, Manchester University Press, , 224 p. (ISBN 184779789X)
  25. a b c et d (en) David Vine, « Forty Years of Heartbreak: Let the People of Diego Garcia Return to their Homeland », sur The Huffington Post, (consulté le )
  26. a et b (en) David Vine, « The Impoverishment of Displacement: Models for Documenting Human Rights Abuses and the People of Diego Garcia », Human Rights Brief 13, no 2,‎ , p. 21-24 (lire en ligne)
  27. (en-GB) Sarah Tisseyre et Le Monde, « Return to Diego Garcia », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  28. Hakim Malaisé, « Exil forcé loin de Diego Garcia (Le Monde diplomatique) », sur www.monde-diplomatique.fr, (consulté le )
  29. (en) John Pilger, Freedom Next Time, Random House, , 496 p. (ISBN 1407083864), p. 81
  30. (en) Sandra Evers et Marry Kooy, Eviction from the Chagos Islands: Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers, vol. 1 : African History, Brill, , 293 p. (ISBN 9004202609), p. 81-82
  31. a b c d e f g h i j et k (en) Stephen Allen, The Chagos Islanders and International Law, Londres, Bloomsbury Publishing, , 272 p. (ISBN 1782254749)
  32. a b et c (en) Alyssa Rohricht, « The Story of the Chagos Islands and Its People », sur www.counterpunch.org, (consulté le )
  33. a b et c (en) Claire Grandison, Seema Niki Kadaba et Andy Woo, « Stealing the Islands of Chagos: Another Forgotten Story of Colonial Injustice », Human Rights Brief, no 20,‎ , p. 37-43 (lire en ligne)
  34. a b et c « La Cour de Londres confirme le droit de retour aux Chagos », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  35. « Les Chagossiens mettent la pression », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  36. (en) « Court victory for Chagos families », sur BBC News, (consulté le )
  37. Abdoollah Earally, « RFI - Océan indien - Nouvelle victoire des Chagossiens contre les Britanniques », sur www.rfi.fr, (consulté le )
  38. Nicolas Wehmeier, « Oxford University Press | Online Resource Centre | Notes on key cases », sur global.oup.com (consulté le )
  39. (en) « In pictures: Chagossians' visit », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  40. a et b Philippe Randrianarimanana, « Les déracinés de l'archipel des Chagos retrouvent leur paradis perdu », sur Courrier International, (consulté le )
  41. « La visite aux Chagos sur fond de discorde », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  42. a et b « Faits et chiffres », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  43. a et b « MANSUÉTUDE BRITANNIQUE: Pèlerinage/hommage de Chagossiens-britanniques dans l'archipel occupé », sur www.lemauricien.com, (consulté le )
  44. « Les Chagossiens de retour à Port-Louis », sur www.temoignages.re, (consulté le )
  45. a et b « Chagos exiles 'cannot return' », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le )
  46. a et b (en) Jamie Trinidad, « A British Colony, a United States Military Base, and a People Dispossessed: Bancoult II in the House of Lords », East African Journal of Peace and Human Rights, vol. 16,‎ (lire en ligne, consulté le )
  47. Muriel Delcroix, « RFI - Les Chagossiens ne peuvent pas retourner sur leur île », sur www.rfi.fr, (consulté le )
  48. (en) David Vine, « Decolonizing Britain in the 21st Century? Chagos Islanders Challenge the Crown, House of Lords, 30 June-3 July 2008 », Anthropology Today, vol. 24,‎ , p. 26-28 (lire en ligne, consulté le )
  49. (en) Duncan Campbell et Matthew Weaver, « Chagos islanders lose battle to return », sur the Guardian, (consulté le )
  50. (en) Duncan Campbell, « Evicted Chagos islanders have no right to return home, law lords rule », sur the Guardian, (consulté le )
  51. (en) Cahal Milmo, « Ruling that dashed hopes of Chagos Islanders to return to homeland should be quashed, Supreme Court hears », (consulté le )
  52. (en) Owen Bowcott, « Chagos islanders ask supreme court to overturn House of Lords decision », sur the Guardian, (consulté le )
  53. « Bancoult : «Amal Clooney se bat avec tout son cœur» | 5-Plus Dimanche », sur www.5plus.mu (consulté le )
  54. « Océan Indien : Amal Clooney, un atout médiatique de poids pour défendre la cause des Chagossiens » (consulté le )
  55. Jean-Marc Poché, « Chagos : damer le pion aux Anglais | Le Mauricien », sur www.lemauricien.com, (consulté le )
  56. Alain Dreneau, « La Cour Européenne des Droits de l’Homme est en vue », sur www.temoignages.re, (consulté le )
  57. a b et c (en) Rob Evans et Richard Norton-Taylor, « WikiLeaks: Foreign Office accused of misleading public over Diego Garcia », sur The Guardian, (consulté le )
  58. a et b Catherine Philip, « L’île de la discorde », sur Courrier International, (consulté le )
  59. (en) « US embassy cables: Foreign Office does not regret evicting Chagos islanders », sur The Guardian, (consulté le )
  60. Ludovic Grondin, « Wikileaks révèle les réelles intentions de la Grande-Bretagne et des USA pour les îles Chagos », sur www.zinfos974.com, (consulté le )
  61. a et b « CHAGOS: Sérieux revers devant la Cour européenne », sur www.lemauricien.com, (consulté le )
  62. Rédaction de RadioPlus, « Les Chagossiens déboutés à la Cour européenne des droits de l'Homme », sur www.defimedia.info, (consulté le )
  63. (en) John Vidal et Owen Bowcott, « Chagos Islanders forced into exile left 'dumbstruck' by court ruling », sur the Guardian, (consulté le )
  64. (en) « Chagos Islanders lose court bid - BBC News », (consulté le )
  65. « Le procès en appel contre le Parc Marin », sur www.temoignages.re, (consulté le )
  66. (en) « Chagos marine park is lawful, High Court rules - BBC News », sur BBC News, (consulté le )
  67. « CHAGOS : Londres protégé des révélations de Wikileaks », sur www.lemauricien.com, (consulté le )
  68. « DEVANT LA COUR D’APPEL DE LONDRES—CHAGOS: Londres obtient gain de cause sur le MPA », sur www.lemauricien.com, (consulté le )
  69. Nilen Kattany, « Zone maritime des Chagos : la création du parc marin décrétée illégale », sur www.defimedia.info, (consulté le )
  70. (en) Sam Jones et Owen Bowcott, « UN ruling raises hope of return for exiled Chagos islanders », sur The Guardian, (consulté le )
  71. a b c et d « NATIONAL HERITAGE FUND: Quatre éléments discutés pour être envoyés à l’UNESCO », sur www.lemauricien.com, (consulté le )
  72. (en) David Vine, Island of Shame: The Secret History of the U.S. Military Base on Diego Garcia, Princeton University Press, , 288 p. (ISBN 1400838509)
  73. a b c d e et f (en) Rosabelle Boswell, Le Malaise Créole: Ethnic Identity in Mauritius, Berghahn Books, coll. « New directions in anthropology », , 236 p. (ISBN 1845450752), p.52-55
  74. « Patrimoine mondial: trois musiques locales en lice après le séga typique », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  75. Laurence Aloir, « 1. Le séga chagossien - RFI », sur www.rfi.fr, (consulté le )
  76. « Tambour Chagos : au rythme de la déportation », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  77. a b c d e f g h et i (en) Sandra Evers et Marry Kooy, Eviction from the Chagos Islands: Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers, vol. 1 : African History, Brill, , 293 p. (ISBN 9004202609), « 'A Lost People?': Chagossians onward migration and echoes of marginalisation in Crawley »
  78. a b et c « Françoise Botte décrit l'Iloise », sur www.lexpress.mu, (consulté le )
  79. « Les blessures à vif des Chagossiens », sur www.temoignages.re, (consulté le )
  80. a et b « Le Comité pour l'Élimination de la discrimination raciale examine le rapport de la Maurice », sur www.ohchr.org, (consulté le )
  81. a b c d e f et g (en) Maureen Tong (Thèse de Doctorat), Le droit à l'autodétermination et à restitution : L'affaire du peuple de l'archipel des Chagos (territoire britannique de l'océan Indien), Strasboug, Université de Strasbourg, , 296 p. (lire en ligne)
  82. Joël Toussaint, « ANALYSE: La souveraineté territoriale et l’auto-détermination des peuples… », sur www.lemauricien.com, (consulté le )
  83. a b et c (en) Catherine Lutz (dir.), Cynthia Enloe (dir.), David Vine et Laura Jeffery, The Bases of Empire: The Global Struggle against U.S. Military Posts, New York University Press, , 378 p. (ISBN 0814752969), « Give us Back Diego Garcia: Unity and Division Among Activists in the Indian Ocean », p. 281-217
  84. a et b (en) Sandra Evers et Marry Kooy, Eviction from the Chagos Islands: Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers, vol. 1 : African History, Brill, , 293 p. (ISBN 9004202609), « Chagossians twice forgotten: Exile in Seychelles », p. 105-124
  85. « CHAGOS : Le comité présidé par SAJ se rencontrera la semaine prochaine », sur www.lemauricien.com, (consulté le )
  86. « Convention relative aux droits de l’enfant: Cinquante - huitième session, Compte rendu analytique de la 1654 e séance », sur Nations Unies, (consulté le )
  87. a et b (en) Gina Clayton et Caroline Sawyer, Textbook on Immigration and Asylum Law, OUP Oxford, , 688 p. (ISBN 0199699437), p. 77-80
  88. (en) Laura Jeffery, « ‘Unusual immigrants’, or Chagos islanders and their confrontations with British citizenship », Anthropology in Action, no 18,‎ , p. 34-44 (lire en ligne)
  89. a et b Hajira Hamla et Sandra Barbier, « Les chagossiens des Seychelles se demandent, quel sera leur avenir après la décision du tribunal d’Arbitrage », sur Seychelles News Agency, (consulté le )
  90. a et b Hajira Hamla et John Lablache, « Rouvrir de vieilles blessures: les Chagossiens des Seychelles racontent leur récent voyage sur leurs îles natales. », sur Seychelles News Agency, (consulté le )
  91. Rassin Vannier et Joanna Nicette, « Les Chagossiens des Seychelles réfléchissent à la possibilité de retour dans leurs îles », sur Seychelles News Agency, (consulté le )
  92. (en) House of Commons Library, The Chagos Islanders, 23 p. (lire en ligne)
  93. (en) Katie McQue, « The Chagossians: The Indian Ocean islanders exiled from their home and struggling to make ends meet in Britain », sur The Independent, (consulté le )