Utilisateur:Polysyndète/Pratiques locales de chamanisme

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Le chamanisme est une pratique spirituelle présente dans diverses cultures et religions à travers le monde. Le chamanisme revêt de nombreuses formes différentes pouvant qui varient considérablement varier en fonction des origines géographiques, culturelles et historiques de ses pratiquants.

Eurasie[modifier | modifier le code]

Chez les Hmong[modifier | modifier le code]

Les Hmong forment un groupe ethnique originaire du centre de la Chine, qui continue de maintenir et de pratiquer l'Ua Neeb. Chez les Hmong, le chamanisme est une vocation ; le rôle principal du chaman est d'apporter l'harmonie à l'individu, à sa famille et à sa communauté au sein de leur environnement en accomplissant des rituels, généralement par la transe .

Les Hmong croient que toute chose sur Terre a une âme (voire plusieurs âmes), chacune étant considérée comme égale et éventuellement interchangeable. Le sacrifice animal est au cœur de ces croyances, où il est considéré comme une demande nécessaire d'emprunter l'âme de l'animal pour guérir l'affliction d'une personne ou pour sauver son âme de la capture par un esprit sauvage pendant une période de douze mois. Lors du Nouvel An Hmong, le chaman accomplit un rituel spécial pour libérer l'âme de l'animal vers une dimension spirituelle. Dans le cadre de son service à l'humanité, l'âme de l'animal se réincarne en un « animal supérieur », devenant éventuellement un membre de la famille d'un dieu (ua Fuab Tais Ntuj tus tub, tus ntxhais) pour vivre une vie de luxe, libérée de souffrance en tant qu'animal. Ainsi, participer à cet échange en étant sacrifié constitue l’un des plus grands honneurs pour l’animal.

Le sacrifice animal fait partie de la pratique chamanique des Hmong depuis 5 000 ans. Après la guerre du Viêt nam, plus de 200 000 Hmong se sont installés aux États-Unis et le chamanisme fait toujours partie de leur culture. Avant le combat de coqs sacré, les Hmong du sud-est du Guizhou recouvrent un coq d'un morceau de tissu rouge puis le brandissent pour l'adorer et le sacrifier au Ciel et à la Terre[1]. Lors du procès en 2010 d'un Hmong de Sheboygan (Wisconsin), alors accusé d'avoir organisé un combat de coqs, la cour a jugé la détention de coqs « à la fois à des fins alimentaires et religieuses »[2] comme acceptable et l'affaire s'est conclue par un acquittement[2].

Outre la dimension spirituelle, les chamanes Hmong tentent de soigner de nombreuses maladies physiques en ayant recours au texte des paroles sacrées (khawv koob).

Au Japon[modifier | modifier le code]

Le chamanisme fait partie de la religion autochtone des Aïnous et du shintoïsme . Dès le début du Moyen Âge, le shintoïsme connaît l'influence et le syncrétisme avec le bouddhisme et d'autres éléments de la culture continentale de l'Est eurasien. Le livre de Percival Lowell intitulé : « Occult Japan: Shinto, Shamanism and the Way of the Gods[3] » approfondit les recherches sur le chamanisme lié à la culture nippone ou relevant du shintoïsme. Le livre Japan Through the Looking Glass: Shaman to Shinto[4] révèle les aspects extraordinaires des croyances japonaises[5].

En Corée[modifier | modifier le code]

Au nord comme au sud, le chamanisme est toujours pratiqué dans les deux Corée. Dans le sud, les femmes chamanes sont connues sous le nom de mudang, tandis que leurs homologues masculins sont appelés baksoo mudang. On peut devenir chaman grâce à un titre héréditaire ou bien une prédisposition naturelle. Dans la société contemporaine, les chamans sont consultés pour les décisions financières et matrimoniales[6],[7].

En Malaisie[modifier | modifier le code]

Bobohizan de Sabah, vers 1921.

Le chamanisme est également pratiqué au sein de la communauté malaise de la péninsule Malaise et des peuples autochtones du Sabah et du Sarawak . Les personnes qui pratiquent le chamanisme dans le pays sont généralement appelées bomoh, et de manière analogue pawang dans la péninsule. [8] [9] Au Sabah, le Bobohizan est le chaman en chef de la communauté autochtone des Kadazan-Dusun[10].

En Mongolie[modifier | modifier le code]

Mongolian Shaman performing fire rituals, 3rd March 2019. At Khovsogol lake worship
Chaman mongol effectuant des rituels, (le 3 mars 2019). Au culte du lac Khövsogol, lors de l'événement Blue Pearl en Mongolie

Des récits classiques mongols, tels que Histoire secrète des Mongols, fournissent des détails sur les chamanes, hommes et femmes, servant d'exorcistes, de guérisseurs, de faiseurs de pluie, d'oniromanciens, de devins et de fonctionnaires. Les pratiques chamaniques se poursuivent dans la culture mongole actuelle[11],[12],[13],[14],[15].

Hiérarchie ancestrale

Fondée sur les clans, la tradition spirituelle mongole propose une hiérarchisation des esprits complexe. Le groupe le plus élevé se compose de 99 tngri (dont 55 bienveillants dits « blancs », 44 terrifiants dits « noirs ») et 77 natigai ou « mères de la Terre ». Communs à tous les clans, les tngri ne sont invoqués que par les chefs et les grands chamans. Trois groupes d’esprits ancestraux dominent. Les « Esprits-Seigneurs » sont les âmes des chefs de clan à qui tout membre d'un clan peut faire appel pour obtenir une aide physique ou spirituelle. Les « Esprits-Protecteurs » comprennent les âmes des grands chamans (ĵigari) et grandes chamanes (abĵiya). Les « Esprits-Gardiens » sont constitués des âmes de chamans (böge) et chamanes (idugan) d'ordre mineur et associés à un lieu spécifique (y compris les montagnes, les rivières, etc.) sur le territoire du clan[16].

Néo-chamanisme

Les années 1990 voient apparaître une forme de néo-chamanisme mongol, adoptant une approche moderne du chamanisme. Parmi les Mongols bouriates, répartis entre la Mongolie et la Russie, la prolifération des chamans depuis 1990 est un aspect central d'une lutte plus vaste menée par les Bouriates pour rétablir leurs racines historiques et génétiques, comme l'a largement documenté Ippei Shimamura, anthropologue à l'Institut de recherche en Mongolie et en Russie. Université de la préfecture de Shiga au Japon[17]. Certains chamanes mongols font désormais de leur métier un business et ont même des bureaux dans les grandes villes. Dans ces entreprises, un chaman dirige généralement l’organisation et fournit des services tels que la guérison, la divination et la résolution de toutes sortes de problèmes[18]. Bien que l’enthousiasme initial pour la renaissance du chamanisme mongol dans l’ère post-communiste/post-1990 ait conduit à une ouverture à tous les visiteurs intéressés, la situation a changé parmi les Mongols cherchant à protéger la base ethnique ou nationale essentielle de leurs pratiques. Avec les années 2010, de nombreuses associations de chamans mongols ont appris à se méfier des chamans occidentaux dit « tradi », « néo- » ou « New Age » et ont restreint l'accès aux seuls Mongols et érudits occidentaux[19].

Aux Philippines[modifier | modifier le code]

Sibérie et Eurasie du Nord[modifier | modifier le code]

Sacrifice de l"ours chez les Aïnous. Peinture japonaise sur rouleau, vers 1870.
Chaman dans le sud de la Sibérie, 2014
Chaman oroqen, nord de la Chine

La Sibérie est considérée comme le chantre du chamanisme[20]. La région est habitée par de nombreux groupes ethniques différents et nombre de ses habitants observent des pratiques chamaniques, même à l'époque moderne. De nombreuses sources ethnographiques classiques du « chamanisme » ont été enregistrées parmi les peuples sibériens.

Le chamanisme mandchou fait partie des rares traditions chamanistes à avoir détenu un statut officiel jusqu'à l'ère moderne, en devenant l'un des cultes impériaux de la dynastie Qing de Chine (aux côtés dubouddhisme, du taoïsme et de la Bureaucratie céleste). Le Palais de la Tranquillité Terrestre, une des principales salles de la Cité interdite de Pékin, était en partie dédié aux rituels chamaniques. Le dispositif rituel est encore conservé in situ aujourd'hui[21].

Chez les Tchouktches sibériens, le chaman s'interprète comme une personne possédée par un esprit exigeant que quelqu'un assume le rôle chamanique pour son peuple. Chez les Bouriates, il existe un rituel connu sous le nom de shanar[22] par lequel un candidat est consacré chaman par un autre chaman déjà établi.

Parmi les différents peuples samoyèdes, le chamanisme demeure également une tradition vivante à l'époque moderne, en particulier au sein de groupes isolés (Nganassanes)[23]. Les dernières séances chamaniques notables chez les Nganassanes ont pu être enregistrées sur film dans les années 1970[24], [23].

Avec la création de la République populaire de Chine en 1949 et l'officialisation de sa frontière avec la Sibérie russe, les chamanistes de nombreux groupes nomades toungouses (dont les Evenkis) se retrouvent confinés en Mandchourie et en Mongolie-Intérieure. Le dernier chaman des Oroqens, Chuonnasuan (Meng Jinfu), est décédé en octobre 2000[25].

Néanmoins, chez Dans de nombreux autres cas, le déclin des pratiques chamaniques se constate dès le début du XXe siècle, comme par exemple chez les Roms[26].

Eurasie centrale[modifier | modifier le code]

Influences géographiques sur le chamanisme d'Eurasie centrale[modifier | modifier le code]

Les facteurs géographiques influencent fortement le caractère et le développement des religions, mythes, rituels et épopées en Eurasie centrale. À la différence d’autres parties du monde, où les rituels servent principalement à la prospérité des activités agricoles, les rituels en Eurasie centrale visent à assurer le succès de la chasse et de l’élevage du bétail. Les animaux font partie des éléments majeurs de la religion indigène en Eurasie centrale en raison du rôle important qu'ils jouent dans la survie des civilisations nomades des steppes ainsi que des populations sédentaires vivant sur des terres peu propices à l'agriculture. Selon les traditions locales, les chamans portent des peaux et des plumes d'animaux et se transforment en animaux au cours de voyages spirituels. De plus, les animaux servaient de guides aux humains, de sauveteurs, d'ancêtres, de totems et de victimes sacrificielles. [27] En tant que religion de la nature, le chamanisme dans toute l’Eurasie centrale vénérait particulièrement les relations entre le ciel, la terre et l’eau et croyait à l’importance mystique des arbres et des montagnes. Le chamanisme en Eurasie centrale met également fortement l’accent sur l’opposition entre l’été et l’hiver, correspondant aux énormes différences de température courantes dans la région. Les conditions difficiles et la pauvreté causées par les températures extrêmes ont poussé les nomades d’Eurasie centrale tout au long de l’histoire à poursuivre des objectifs militaristes contre leurs voisins sédentaires. Ce passé militaire se reflète dans le respect des chevaux et des guerriers au sein de nombreuses religions autochtones. [28] [[Catégorie:Guérison surnaturelle]] [[Catégorie:Chamanisme]] [[Catégorie:Anthropologie des religions]]

  1. (en) Southeast Guizhou Travel Tips – China Highlights, a division of CITS Guilin, a full-service China travel agency providing China Tours
  2. a et b (en) Midwest Communications Inc., « Day One of Cockfighting Trial Concludes », whbl (consulté le )
  3. (en) Percival Lowell, Occult Japan: Shinto, Shamanism and the Way of the Gods, Inner Traditions International (April 1990), Rochester Vt
  4. {en}Alan Mcfarlane, Japan Through the Looking Glass: Shaman to Shinto, Profile Books Ltd, Aug 2007, London England
  5. (en) « The Japan Times – News on Japan, Business News, Opinion, Sports, Entertainment and More », The Japan Times (consulté le )
  6. Tae-kon Kim, Korean Shamanism—Muism, Jimoondang Publishing Company, (ISBN 898809509X)
  7. Jung Young Lee, Korean Shamanistic Rituals, Mouton De Gruyter, (ISBN 9027933782)
  8. Graham Harvey et Robert J. Wallis, Historical Dictionary of Shamanism, Scarecrow Press, , 129– (ISBN 978-0-8108-6459-7, lire en ligne)
  9. Montague Summers, The Vampire: His Kith and Kin, University Books, , 221– (ISBN 978-1-60506-566-3, lire en ligne)
  10. (en) « Bobohizans: The shamans of Sabah teeter between old and new worlds », The Malay Mail,‎ (lire en ligne)
  11. (de) « Universiteit Leiden, Hanno E. Lecher » [archive du ] (consulté le )
  12. (en) « Local beliefs » [archive du ] (consulté le )
  13. Gros, Stéphane, « Aurélie Névot, Comme le sel, je suis le cours de l'eau: le chamanisme à écriture des Yi du Yunnan (Chine) (Like salt, I follow the current: The literate Shamanism of the Yi of Yunnan) », (consulté le )
  14. « ACLS: Collaborative Research Network » [archive du ] (consulté le )
  15. Hangartner, « The resurgence of Darhad shamanism: Legitimisation Strategies of Rural Practitioners in mongolia », Tsantsa, vol. 11,‎ , p. 111–14 (lire en ligne)Modèle {{Lien brisé}} : paramètres « url » et « titre » manquants. ,
  16. (en) Hesse, « On the History of Mongolian Shamanism in Anthropological Perspective », Anthropos, vol. 82, nos 4–6,‎ , p. 403–13 (JSTOR 40463470)
  17. (en) Ippei Shimamura, The Roots seekers: Shamanism and Ethnicity Among the Mongol Buryats, Kanagawa, Japan, (ISBN 978-4-86110-397-1)
  18. {en} Balogh, Matyas. "Contemporary Shamanisms in Mongolia." Asian Ethnicity 11.2 (2010): 229–38.
  19. Noll, « Mongol shamans summer solstice fire ritual 21 June 2017 », You Tube (consulté le )
  20. Hoppál 2005: 13
  21. (en) Evelyn Sakakida Rawski, The last emperors: a social history of Qing imperial institutions, University of California press, (ISBN 978-0-520-22837-5)
  22. (en) « S^anar [Buryat] » (consulté le )
  23. a et b Hoppál 2005: 92–93
  24. (hu) Mihály Hoppál, Sámánok, lelkek és jelképek, Budapest, Helikon Kiadó, (ISBN 978-963-208-298-1), p. 62
  25. (en) Noll, « The Last Shaman of the Orqen of Northeast China », Shaman: Journal of the International Society for Shamanistic Research,‎ (lire en ligne)
  26. (hu) Mihály Hoppál, Sámánok Eurázsiában, Budapest, Akadémiai Kiadó, (ISBN 978-963-05-8295-7), p. 94
  27. Julian Baldick, Animal and Shaman: Ancient Religions of Central Asia (New York: University Press, 2000), 3–35
  28. Marjorie Mandelstam Balzer, Shamanism: Soviet Studies of Traditional Religion in Siberia and Central Asia (New York: M.E. Sharpe, 1990), 113