Pays Pourlet
Pays Pourlet | |
Administration | |
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Pays | France |
Création de la seigneurie Kemenet-Guégan | 1050 |
Capitale historique | Guémené-sur-Scorff |
Démographie | |
Langue(s) | Français - breton Pourlet |
Religion | Catholique |
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Le Pays Pourlet, dit anciennement Pays gwenedour, est un pays traditionnel de Bretagne. On écrit aussi parfois Pourleth et on prononce toujours [puʁˈlɛt]. L'origine de ce mot n'est pas clairement établie. On l'appelle aussi pays de Guémené-sur-Scorff ou Bro Mil Bouton (en référence au nom du costume traditionnel masculin local qui porte des rangées de boutons en profusion). Il se situe dans le pays vannetais.
Il correspond à la fois :
- à la zone où l'on portait traditionnellement le costume à la mode de Guémené-sur-Scorff ;
- à la zone où l'on parle un dialecte breton de type bas-vannetais, le breton Pourlet.
- à la zone d'influence du marché (foer Gemene) de Guémené-sur-Scorff ;
Limites géographiques
Le pays Pourlet occupe le Nord-Ouest du département du Morbihan ainsi qu'une petite portion des Côtes-d'Armor, et s'étend sur les communes suivantes : Guémené-sur-Scorff, Plouray, Mellionnec, Lescouët-Gouarec (partie sud), Silfiac, Saint-Tugdual, Priziac, Le Croisty, Saint-Caradec-Trégomel, Lignol, Kernascléden, Berné, Persquen, Meslan, Locmalo, Inguiniel, Bubry, Langoëlan, Séglien, Ploërdut[1]. La partie nord de Plouay et le quartier de Locmeltro en Guern peuvent aussi être considérés comme appartenant au Pays Pourlet[réf. souhaitée] car on y portait aussi le costume traditionnel local.
Histoire
Origine du nom
L'origine du nom est incertaine : selon le chanoine Villeneuve, un érudit local, le nom proviendrait d'habitants d'Aleth, près de Saint-Malo, qui se seraient réfugiés dans les forêts locales pour échapper aux Barbares. Mais le nom proviendrait plutôt de bourledenn, nom en breton du bourrelet de cheveux sur lequel les femmes fixent leurs coiffes[2].
De la seigneurie à la principauté
Les communes du Pays Pourlet appartenaient, pour une bonne part, à la seigneurie de Kemenet-Guegan, puis à la principauté de Guémené, ayant appartenu aux Rohan entre 1120 et 1843. Les communes les plus au sud (Meslan, Berné, Inguiniel et Bubry) appartenaient à la seigneurie de Kemenet-Héboé puis plus tard au Marquisat de Pontcallec et à la seigneurie de La Roche Moysan.
Chronologie
- 1120 : la seigneurie de Kemenet-Guégan passe sous le giron de la famille de Rohan-Guéméné
- 1570 : La seigneurie de Guémené est érigée en principauté.
- 1657 : La seigneurie de Pontcallec est érigée en marquisat.
- 1843 : disparition de la principauté[3].
Dialecte
Le breton Pourlet est un sous-dialecte du breton bas-vannetais. Ses principales particularités (partagées avec les autres dialectes bas-vannetais) sont :
- les pluriels prononcés /ɔw/ (ou /aw/ dans la partie ouest) : "uioù" s'entendent /ɥijɔw/ ou /ɥijaw/, taolioù s'entend /toljɔw/ ou /toljaw/, avaloù s'entend /avəlɔw/ ou /avəlaw/ (et variantes pour le début du mot) etc.
- le fait dˈajouter un "a" à la 3e personne du singulier de l'indicatif présent : eñv a zeba, eñv a eva, eñv a gana pour zebr, ev, gan…
- la tendance aux infinitifs en "o" (dans la zone ouest): debo, gouelo, troc'ho
- la tendance à prononcer k comme [tʃ] devant e, i, u, wi, we, là où la plupart des parlers KLT disent k : tchi du (ki du), tchenevo (kenavo) , tchemer (kemer)[4].
- le fait de prononcer les /β/ et /w/ historiques comme /ɥ/ dans la plupart des cas, comme en haut-vannetais, tandis qu'en bas-vannetais lorientais, on les prononce /w/ dans la plupart des mots: sevel /zəɥəl/ (contre /zəwəl/ en lorientais), etc. En fin de mot, très souvent en pays Pourlet les /β/ et /w/ historiques sont muets: liv /li/, piv /pi/, brav /bra/, tandis qu'ils se prononcent /liw/, /piw/ et /braw/ en bas-vannetais lorientais.
Bien que Bubry appartienne au Pays Pourlet, le breton qu'on y parle est plutôt un parler haut-vannetais, proche de celui de Quistinic, qui intègre quelques traits du breton pourlet. phrase à sourcer[réf. nécessaire]
Costume
La coiffe du pays Pourlet ainsi que les costumes sont particulièrement originaux : le costume masculin est surnommé mil bouton en raison de la profusion de boutons argentés et dorés (en fait en cuivre) sur les vestes.
La coiffe féminine est surnommée la brouette, en breton bourleden (bourlet au pluriel), ce qui a valu aux femmes le surnom d' ar garr'kell ("brouettes") en raison de ses ailes relevées. Sa taille n'a cessé de se réduire avec le temps, à l'opposé de celle du pays Bigouden. De taille très réduite au milieu du XXe siècle, elle est composée de quatre éléments : bonnet, ruban de satin, sous-coiffe avec brides se nouant sur la joue et la coiffe elle-même. Cette dernière a gardé ses ailes mais très fines. Le costume féminin est caractérisé par la multiplication des boutons sur la robe perlée. Le tablier à devantier richement brodé a un ruban noué à gauche, du même côté que le nœud de la coiffe[5].
Danse
Rattaché au pays de Vannes par la langue, le pays pourlet est cornouaillais par la danse, la gavotte pourlet[6], caractérisée par les sauts des hommes.
C'est une gavotte en chaîne mixte, qui serpente et peut se reformer un temps en ronde, avant de repartir en chaîne avec un autre meneur. Le pas est subdivisé en 3 et 4, avec parfois un paz dreon en guise de changement de pas. Dans les derniers temps de la tradition, la danse démarrait par un cérémonial assez compliqué au cours duquel une petite ronde de quatre danseurs se formait. C'est alors que les garçons sautaient aux temps 7 et 8, soutenus par leurs cavalières.
Mobilier
Le Pays Pourlet se caractérise aussi par ses meubles (gloestraoù mod Pourlet). On y trouve un mobilier unique en son genre ou les figures de marqueterie ou plutôt d'incrustation tiennent une place importante. Le bois de chêne ou de hêtre noirci dans l'eau alterne avec la clarté de l'if ou du buis pour réaliser des décors tels que : épis de blé, roses des vents, étoiles. Des clous ornent souvent les panneaux de bois en chêne ou en châtaignier pour former un décor ou couvrir les chevilles de bois.
Voir aussi
Bibliographie
- R.-Y. Creston (1974 et rééd. 1978), Le Costume breton, Paris : Tchou.
- R.-Y. Creston (2000), Le Costume breton, Paris : Champion, et Spézet : Coop Breizh.
- L. Cheveau (2007), Approche phonologique, morphologique et syntaxique du breton du Grand Lorient (bas-vannetais), thèse de doctorat de l'université de Rennes-2 (non publiée pour l'instant).
- M. Mc Kenna (1976), "The Breton of Guémené-sur-Scorff, part I", in Zeitschrift für celtische Philologie.
- M. Mc Kenna ((1988), A Handbook of Modern Spoken Breton, Tübingen: Max Niemeyer Verlag.
Liens externes
Références
- Mikael Bodlore-Penlaez, Divi Kervella, Atlas de Bretagne / Atlas Breizh, Coop Breizh, 2011 (ISBN 978-2843464966).
- Erwan Chartier-Le Floch, « Les tribus bretonnes : la tribu qui fait l'andouille », sur https://www.letelegramme.fr, (consulté le ).
- Jean-Paul Soubigou, « Le Léon dans la Bretagne des X e -XI e siècles (Kemenet et vicomté) », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, , p. 37-63 (lire en ligne)
- Revue Mil Bouton, numéro 2, octobre 1993.
- Michèle Bourret, Le patrimoine des communes du Morbihan, Flohic éditions, , p. 22
- https://www.breizh-music.bzh/gavotte-pourlet.php