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Maurice Loutreuil

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Maurice Loutreuil
Autoportrait du peintre, vers 1915-1920.
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Maurice Albert Loutreuil, né le à Montmirail (Sarthe) et mort le à Paris, est un peintre français.

Une jeunesse chaotique 1885-1909

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Fils d'un clerc de notaire, Maurice Loutreuil perd sa mère le . Il est confié jusqu'en 1889 à ses grands-parents à Chérancé. Il poursuit ses études au lycée du Mans et échoue au Bac à 15 ans. En 1901, il travaille comme clerc chez son père, notaire à Noyen-sur-Sarthe. Il devient clerc de notaire en 1904 et le restera jusqu'en 1909. Le , son père meurt. En 1904, il est réformé pour une tuberculose généralisée.

De 1906 à 1909, il fréquente les cours du soir de peinture de Jules Hervé-Mathé au Mans et présente de belles aptitudes. Les plus anciens témoignages de cette période sont des caricatures signées sous le pseudonyme de « Naresco ».

Un peintre maudit : 1909-1925

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La Bellevilloise au chapeau blanc, 1920.

En 1909, il quitte Le Mans pour Paris et suit les cours de Ferdinand Humbert. Pour subvenir à ses besoins, il devient caricaturiste pour Le Pêle-Mêle, Le Sourire, L'Indiscret, Le Charivari. Le , il est clerc chez maitre Dousset. En octobre, il est employé à la Société de Raffinerie de pétrole de Lille et Bonnières.

En , il reçoit une subvention annuelle de 500 francs du département de la Sarthe, renouvelable jusqu'en 1914.

En 1911, il échoue à entrer à l'École nationale supérieure des beaux-arts.

Il réalise en 1913 sa première commande, une fresque pour le pavillon français de l'exposition de Gand, avec Marcel Chotin, et propose des œuvres au Salon d'Automne.

Dès 1914, il rencontre André Masson à l'atelier de fresque de Paul Baudoüin. Grâce à une bourse d'études, ils partent ensemble en Italie. Lorsque la Première Guerre mondiale survient, Loutreuil écrit à Rodin le pour le voir « susciter un mouvement universel pour une action humanitaire. » Bien qu'exempté de tout service militaire, Loutreuil est déclaré apte au combat par le conseil de révision de Paris. Insoumis, il quitte la France pour l'Italie - il arrive à Rome le - et la Sardaigne - il y débarque le - où il travaille avec la conviction que son devoir est dans la peinture et non dans la guerre : « J'aime mon pays en le servant à ma façon. » Il arrive à Naples fin et, dénoncé comme déserteur et espion, il y est arrêté le , expulsé d'Italie, et livré à la police française le . Il est incarcéré à Marseille, au fort Saint-Nicolas. C'est au rapport du médecin qu'il devra son salut : il sera libéré en pour cause de « folie raisonnante à type social ».

Il partira pour la Tunisie le , puis à son retour en France le , il séjournera avec Masson à Cagnes, puis aux Martigues. De retour à Paris, il rencontre Suzanne Dinkespiller, peintre elle-aussi. Cette liaison entraîne un grand espoir vite déçu qui plonge Loutreuil dans des périodes de profond abattement. En 1919, accompagné d'André Masson, il rejoint Pinchus Krémègne à Céret.

Il retournera à Paris à la fin de l'année 1919, fréquentant Montparnasse, ses académies et ses cafés ; ses nombreux dessins d'Isadora Duncan montrent son goût pour le mouvement. Il se rapproche des milieux anarchistes. On le surnomme « le Russe » ; peut-être parce qu'il a l'œil bleu et qu'il est fataliste... sans doute surtout parce que parmi les artistes de l’École de Paris, ses amis sont souvent étrangers, et qui plus est, slaves.

Femme dans l'atelier, huile sur toile.

En 1921, il expose au premier et unique Salon de l'Œuvre anonyme dont il est l'initiateur avec André Deslignères, Émile Perrin et Charles Vildrac (nommé président) : cet événement, moqué par une certaine presse car aucune œuvre n'est signée ou identifiée par un kartel, réunit une centaine d'artistes à la galerie Devambez à Paris du 16 au . Loutreuil montre huit toiles, des aquarelles et des dessins. En mai et en juin suivant, il expose à la boutique du collectif artistique de l'Encrier, au 74 de la rue du Bac. Dans cette coopérative d'artistes initiée par Roger Dévigne, on trouvait Louis Jouvet, Bernard Marcotte, le poète Jacques Robertfrance, entre autres[2]. Un croquis de lui paraît dans le numéro 12 de la revue L'Encrier, organe du collectif.

En 1922, grâce à ce qui lui reste d'héritage, il achète une petite maison à Belleville, rue du Pré-Saint-Gervais.

Sa première exposition particulière a lieu en 1922 au siège de la revue Montparnasse. D'un séjour à Berlin, il ramènera des œuvres importantes qui figureront au Salon d'Automne de la même année.

Vendant trop peu, il décide de louer sa maison et de s'installer dans l'atelier de planches qu'il construit au fond du jardin.

En 1923, il se liera d'amitié avec le peintre Christian Caillard, neveu d'Henri Barbusse, avec Irène Champigny et Eugène Dabit. Toujours attiré par le voyage il part pour le Sénégal en « il peint dans le souci de lutter contre la couleur locale afin de ne pas rapporter des tableaux trop pompiers ! » De retour à Paris en mars, épuisé, il trouve joie et stabilité dans l'amitié intense mais brève qui le lie à Christian Caillard, Irène Champigny et Eugène Dabit. Mais alors que l'avenir semble enfin s'éclaircir, il meurt en 1925 à l'Hôpital Broussais à Paris des suites d'une hépatite virale contractée lors du séjour qu'il fit au Sénégal.

Il est inhumé au cimetière de Chérancé dans la Sarthe.

Maurice Albert Loutreuil laisse une œuvre puissante en couleur marquée par une touche vive structurée par une palette riche d'audacieux verts et bruns rehaussés de rouges et de bleus-gris très subtils. Loutreuil était particulièrement attiré par les jeux de lumière et de contre-jour. Son œuvre par sa qualité et son nombre de pièces est très rare : seulement 335 huiles ont été référencées par l'expert Jean-François Levantal.

Lieux d'exposition

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  • Galerie Durand-Ruel, Paris, 1960[3]
  • Galerie de Nevers, Paris, 1976, 1979
  • Musée d'Art et d'Histoire de la Ville de Saint-Denis, 1985
  • Musée de Tessé, Le Mans, 1986, 2006
  • Salon d'Automne au Grand Palais, Paris, 1988
  • Palais Carnolès, Menton, 1989
  • Musée Bourdelle, Paris, 1994
  • Musée d'Art moderne, Ceret, 2007
  • Galerie Odile Oms, Ceret
  • Galerie Malaquais, Paris
  • Galerie Ut Pictura, Paris/Perpignan

Notes et références

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  1. « http://archives.sarthe.fr/f/loutreuil/tableau/? » (consulté le )
  2. Revue L'Encrier[Où ?]
  3. C'est cette exposition de 71 œuvres de Maurice Loutreuil, au 37 avenue de Friedland, qui consacra la redécouverte du peintre, le livret de l'exposition est rédigé par Christian Caillard.

Bibliographie

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  • Jean-François Levantal, Loutreuil, J.F.L Édition, Paris, 1985. Catalogue raisonné de l'œuvre de Loutreuil qui fournit une riche bibliographie
  • Collectif, Loutreuil l'insoumis, Somology Éditions d'Art, Barcelone, 2006
  • Palais Carnolès, Menton, Loutreuil, peintre maudit de l'école de Paris, 1989

Liens externes

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