Massacre de Shanghai

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Combats de rue de Shanghai

Informations générales
Date 12 avril 1927
Lieu Shanghai, Chine
Issue Victoire du Kuomintang
Belligérants
Flag of the Kuomintang
Armée du Kuomintang (KMT) et triade de la Bande verte
Flag of the Communist Party of China
Parti communiste chinois (PCC)
Commandants
Bai Chongxi
Du Yuesheng
Chen Duxiu
Zhou Enlai
Forces en présence
Approximativement 5000 soldats de la 2e Division de la 26e armée de l'Armée nationale révolutionnaire ;
membres de différents gangs
Soldats mutinés de l'ARN et militants armés du PCC ; plusieurs milliers de grévistes
Pertes
Inconnues 300 à 400 tués ou exécutés ; 5 000 disparus

Guerre Civile Chinoise

Le Massacre de Shanghai est une attaque menée le 12 avril 1927 par des troupes de l’Armée nationale révolutionnaire et des membres des triades, contre des civils et des militants du PCC. Le Massacre de Shanghaï est l'un des principaux évènements qui signèrent en 1927 la rupture entre le Kuomintang et le Parti communiste chinois, et marquèrent le début de la Guerre civile chinoise. Par cette attaque contre ses alliés communistes, la faction du Kuomintang dirigée par Tchang Kaï-chek entendait purger le parti de ses éléments gauchistes et empêcher toute prise de pouvoir par les communistes en République de Chine[1]. Le Kuomintang désigne cet évènement sous le nom de « purge du parti » (清黨), tandis que le Parti communiste chinois tend à utiliser les appellations "coup de force réactionnaire du 12 avril" (四一二反革命政) ou "massacre du 12 avril" (四一二慘案).

Contexte

Dans les années précédant le massacre, le Kuomintang et le Parti communiste avaient été alliés contre les seigneurs de la guerre dans le cadre du premier front uni. À partir de 1923, le gouvernement de Sun Yat-sen, reconnu par l'Union soviétique, avait bénéficié de conseillers politiques du Komintern, comme Mikhaïl Borodine, lesquels avaient encouragé les membres du Parti communiste chinois (PCC) à adhérer au Kuomintang. Des membres du PCC comme Zhou Enlai, Ye Jianying ou Mao Zedong étaient devenus des cadres du Kuomintang. Sun Yat-sen mourut en mars 1925, laissant les rênes du gouvernement nationaliste à Wang Jingwei, chef de l'aile gauche du parti favorable au maintien de l'alliance avec les communistes. Tchang Kaï-chek, l'un des principaux chefs militaires du parti, affirmait cependant de plus en plus son autorité. En mars 1926, il décréta la loi martiale à Canton en évoquant un complot présumé contre lui, et imposa des restrictions quant à l'accès des communistes à des postes de responsabilité au sein du Kuomintang. En juillet 1926, Tchang Kaï-chek, ordonna à l'Armée nationale révolutionnaire de débuter l'expédition du Nord, destinée à vaincre les seigneurs de la guerre et à unifier la Chine sous la bannière du Kuomintang.

Les réformes agraires favorisées par les communistes et l'aile gauche du Kuomintang inquiétèrent certains propriétaires terriens, qui apportèrent leur soutien à Tchang. En janvier 1927, Wang Jingwei déplaça le gouvernement à Wuhan, pour lutter contre l'influence de Tchang Kaï-chek. En mars, dans le cadre de l'expédition du nord, Zhou Enlai organisa un soulèvement des ouvriers de Shanghai pour renverser les seigneurs de la guerre locaux. Les communistes et les syndicalistes chinois remportèrent la victoire et prirent le contrôle de la ville, à l'exception des concessions internationales. Les troupes régulières de Bai Chongxi, en route pour prendre la ville aux seigneurs de la guerre, n'arrivèrent qu'après-coup.

Déroulement

Au début avril, Tchang Kaï-chek, Bai Chongxi et Li Zongren organisèrent une réunion du comité du Kuomintang, et décidèrent d'agir pour empêcher les communistes de prendre le pouvoir. Des contacts furent pris avec les triades de Shanghai comme la bande Verte pour leur demander d'organiser des groupes armés chargés d'attaquer ouvriers et communistes[2]. Le 9 avril, le Kuomintang décréta l'état d'urgence. Le 11, un ordre secret fut envoyé à toutes les provinces sous le contrôle de Tchang Kaï-chek pour demander aux sections locales du Kuomintang d'organiser la purge du parti.

Au matin du 12 avril, les gangs des triades attaquèrent en masse les ouvriers de Shanghai. Les troupes du Kuomintang désarmèrent les milices ouvrières. Le 13, l'armée ouvrit le feu sur la foule qui était venue protester devant son quartier général local. Tchang Kaï-chek décréta la dissolution du gouvernement local de Shanghaï, ainsi que de tous les syndicats et organisations ouvrières sous contrôle communiste. Plus de 1 000 communistes furent arrêtés. Si les heurts se soldèrent officiellement par 300 morts, 5 000 personnes furent comptabilisées comme « disparues ».

Des arrestations et des massacres de communistes eurent également lieu dans le courant du mois d'avril, dans les grandes villes chinoises, comme Canton, Nankin ou Changsha. À Pékin, Zhang Zuolin fit tuer 20 communistes qui s'étaient réfugiés à l'ambassade d'URSS, dont Li Dazhao, cofondateur du PCC.

Conséquences

Des membres du Kuomintang, comme Song Qingling, veuve de Sun Yat-sen, dénoncèrent les actions de Tchang Kaï-chek. Mais ce dernier, dans le courant du mois, établit son gouvernement à Nankin, défiant le gouvernement de Wang Jingwei à Wuhan. Wang Jingwei rompit lui-même avec les communistes en juillet 1927 et finit par se rallier à Tchang. Après la prise de Pékin en juin 1928, Tchang contrôla la plus grande partie du territoire chinois. Chen Duxiu, chef du PCC, qui avait préconisé l'alliance avec le Kuomintang, fut discrédité dans les rangs communistes.

La guerre civile contre les communistes suivit immédiatement cette purge politique : le Kuomintang réprima des soulèvements communistes dans des villes comme Canton. En août 1927 eut lieu le soulèvement de Nanchang, mené par Zhou Enlai et Zhu De. En septembre, Mao Zedong déclencha le soulèvement de la récolte d’automne, transposant les luttes communistes dans les zones rurales. Ces événements marquèrent le début d'un long conflit, qui ne devait s'achever qu'en 1949 par la proclamation de la République populaire de Chine.

Bibliographie

Livres

Articles

Notes et références

  1. Patricia Stranahan, Underground: The Shanghai Communist Party and the Politics of Survival, 1927-1937, Rowman & Littlefield Publishers, 1998
  2. Brian G. Martin, The Shanghai Green Gang Politics and Organized Crime, 1919-1937, University of California Press, 1996